Auteur: Kaory/Johanna

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Origine: Gundam Wings

Genre : AU, yaoi, OOC

Disclamer : Ils ne sont pas à moi… Dommage.

Couples : 1x2

Remarque : Merci pour vos messages d'encouragement ! Les réponses viendront aux fils des chapitres. Patience et désolée du retard.

Bonne lecture !

LES FEUX DU DESIR

9/42

Odin ouvrit la porte de la cabine pour laisser passer les deux valets qui portaient la malle du prince.

-Attention. Posez-la doucement. Très bien. Vous pouvez partir.

Il fit quelques pas vers la malle verrouillée. La clé était dans sa poche mais il ne se sentait pas prêt à prendre le risque de libérer maintenant le garçon. Le bateau n'appareillait que dans une heure. Mieux valait être prudent et le laisser enfermé jusqu'à ce qu'ils aient pris la mer. Alors, Duo ne pourrait plus s'échapper.

Des coups sourds retentirent de l'intérieur de la malle. Des coups de pied sans doute. Loin de compatir, il sourit. Il manquait de confort ? Tant pis pour lui. Cet arrogant ne méritait pas d'autre traitement.

Duo n'aurait sans doute pas été d'accord avec ce raisonnement. Il avait désormais une dent de plus contre ces Russes. Etre ainsi ligoté « encore » et enfermé dans une malle était absolument intolérable.

Mais à quoi s'attendre d'autre ?

Duo avait été assez idiot pour prévenir le Prince de ses intentions.

Mais il avait quand même une excuse.

Comment garder les idées claires quand vous êtes nu devant un homme qui vous contemple avec un désir si manifeste ?

Pas de doute, c'était Heero le responsable de tout cela. Duo commençait de s'habiller, après le départ du prince, lorsque Odin avait pénétré dans la chambre, accompagné d'un autre individu en livrée noir et or, tout aussi imposant. Sans un mot et avant que Duo ait eu le temps d'esquisser le moindre geste de défense, le laquais l'avait bâillonné et lui avait lié poignets et chevilles. Puis, le soulevant comme si il ne pesait rien, il avait rapidement descendu les escaliers. Duo pensait qu'ils allaient sortir de la maison. Mais non. Il entra dans une pièce du second étage et le déposa dans une malle dont il ferma rapidement le couvercle. Duo tenta d'appeler à l'aide.

Sa position était des plus inconfortables.

Il était complètement replié, ses genoux remontés contre son torse et les mains écrasées par son propre poids.

Une position horriblement inconfortable et douloureuse.

Le bâillon étouffait ses cris. Alors, il essaya de donner des coups de pied contre la paroi de la malle mais il se trouvait si serré que ses efforts furent vains. Il ne lui restait plus qu'à se résigner.

De toute évidence, on ne le délivrerait pas tant qu'ils n'auraient pas quitté la maison.

Où était-il maintenant ?

Une voiture l'avait emmené en cahotant vers une destination inconnue. Puis, la malle avait été transportée et posée sur sol. Aucun son ne lui parvenait plus. Duo n'entendait que son propre souffle haletant. L'air commençait à manquer. Si on ne le délivrait pas rapidement, il finirait par étouffer. Allons, il fallait essayer de ne pas céder à la panique. Si il réussissait à garder son calme, le peu d'oxygène qui s'infiltrait par les fentes du couvercle pourrait suffire à le maintenir en vie.

L'attente se prolongeait interminablement et Duo dut admettre que ses ravisseurs avaient peut-être décidé de l'oublier là afin d'en finir définitivement avec lui. Une façon comme une autre de l'empêcher de mettre ses menaces à exécution. S'ils redoutaient se vengeance, ils ne pouvaient lui rendre sa liberté.

Cette malle serait donc son cercueil ?

Le prince Heero agirait après… Après… ?

Non, c'était impossible. Mais ce monstre de Odin, lui, était tout à fait capable d'une telle infamie.

A l'office, Odin avançait une main vers les petites tourtes à la viande que sa femme cuisinait à la perfection. D'une légère tape sur le poignet, Sally interrompit son geste à quelques centimètres de l'objet de sa convoitise.

-Ce plat est pour les princes, gronda-t-elle. Si tu en veux, il faudra me demander de t'en préparer.

A côté de Odin, le cuisinier du bateau s'esclaffa.

-Tu devras te contenter de ma cuisine pour ce soir, comme les autres.

Il ajouta tout bas :

-Que se passe-t-il ? Elle est en colère contre toi ? Elle n'a pas l'air commode.

Odin jeta un regard noir au cuisinier qui retourna à ses casseroles. En effet, Sally semblait de méchante humeur. Quand il lui avait dit que le prince avait décidé d'emmener le jeune anglais en Russie, elle avait froncé les sourcils et décrétée que c'était mal de le traiter de la sorte. Et comme il faisait remarquer que l'idée de la malle était de Heero, elle avait répliqué que la dureté du prince à l'égard de ce pauvre jeune homme ne s'expliquait pas. Mais c'était contre lui, Odin, qu'elle était fâchée.

-Dort-il encore ? Demanda Sally.

-Oui. Rien ne presse pour le dîner.

-Inutile de t'inquiéter. Tout sera prêt en temps voulu. Qu'as-tu fait de l'Anglais ? Demanda-t-elle avec une brusque inquiétude.

-Sa malle est avec les autres dans le cabine, répliqua-t-il d'un ton sec avec toute la rancoeur dont il était capable. Il faudra que je lui installe un hamac.

-Qu'a-t-il dit ?

-Il m'a semblé préférable d'attendre qu'on ait quitté Londres pour le libérer.

-Alors ?

-Je ne m'en suis pas encore occupé.

-Tu as fait des trous d'aération au moins dans cette malle ? Tu sais que les bagages du prince sont particulièrement étanches.

Odin blêmit.

Des trous d'aération ?

Cela ne lui était pas venu à l'idée. Normal, il n'avait encore jamais enfermé quelqu'un dans une malle.

Sally interpréta justement sa pâleur soudaine.

-Es-tu fou ? S'écria-t-elle. Dépêche-toi et prie pour qu'il ne soit pas trop tard. Vite !

Il quitta la cuisine sans attendre la fin de se phrase. Les ordres du prince lui revenaient à l'esprit. Pas de brutalités, pas la moindre meurtrissure.

S'il était menacé de l'enfer pour un malheureux bleu, quel ne serait pas son châtiment s'il avait stupidement provoqué la mort du jeune homme ?

Mieux valait n'y pas songer.

Sally courut sur ses talons. Ils dévalèrent dans la coursive avec une telle hâte qu'au moment où ils passèrent devant la cabine du prince, cinq domestiques et plusieurs membres de l'équipage leur avaient emboîté le pas, par curiosité.

Heero, qui venait de se réveiller, envoya Treize, son valet, voir quelle était la cause de ce tapage. En sortant dans le couloir, ce dernier aperçut le petit groupe qui se précipitait dans une cabine, quelques portes plus loin.

Ils sont dans la réserve aux bagages, Votre Grandeur.

Le prince voyageant avec de nombreux malles, il lui fallait une cabine supplémentaire pour loger ses effets personnels. Sana doute une malle s'était-elle renversée.

-Je vais voir, ajouta le valet.

-Attends ! Ordonna Heero, comprenant soudain que Duo était probablement responsable de cette agitation. Ce doit être l'Anglais. Amène-le-moi.

Treize acquiesça de la tête. L'idée de demander qui était ce mystérieux Anglais ne lui traversa pas l'esprit. Il n'était pas dans le secret des aventures amoureuses du prince, et devait attendre que Sally, qui était incapable de tenir sa langue, les lui raconte. Il ne lui serait jamais venu à l'idée d'interroger Heero en personne. On ne posait pas de questions au prince.

Odin avait déverrouillé la malle et soulevé le couvercle, trop bouleversé pour remarquer l'attroupement qui s'était formé.

Duo avait les yeux clos. Il demeura immobile, sans la moindre réaction à l'irruption soudaine de la lumière. Odin sentit la panique le gagner. Puis il vit la poitrine du jeune homme se soulever tandis qu'il emplissait profondément ses poumons d'air frais.

Il n'était pas mort. Odin sentit un profond sentiment de reconnaissance l'envahir pendant quelques instants. Puis il aperçut la lueur meurtrière qui assombrissait les yeux améthyste du jeune homme. Il eut envie de refermer le couvercle de la malle mais Sally, d'un coup de coude dans les côtes, le rappela à l'ordre. Avec un grognement, il se pencha pour sortir Duo de la malle. Il le mit debout mais Duo s'effondre aussitôt contre lui.

-Voilà ce qui arrive quand on ne réfléchit pas ! Il doit être complètement engourdi.

Sally rabattit le couvercle de la malle.

-Assieds-le ici et aide-moi à enlever ces cordes.

Tous les membres de Duo étaient endoloris et ses genoux s'entrechoquaient. Duo se laissa asseoir sans protester, incapable d'opposer la moindre résistance. A demi conscient, il percevait dans une sorte de brume ses bourreaux qui s'agitaient autour de lui.

Odin délia ses poignets tandis que Sally libérait ses chevilles. Duo était pieds nus. Il n'avait pas encore mis ses chaussures quand Odin était entré dans la chambre. Il n'avait pas eu le temps de se coiffer non plus et ses cheveux tombaient en désordre sur ses épaules. Mais le plus gênant, c'était que sa chemise était à moitié déboutonnée et qu'il n'avait pas eu non plus le temps de mettre un pantalon. Sous le regard scrutateur et… Appréciateur ?!... Des inconnus qui se pressaient sur le seuil de la cabine, ses joues s'empourprèrent. On ne l'avait jamais jusqu'à présent surpris dans cette tenue et voilà que six personnes se trouvaient avec lui dans cette pièce minuscule.

Qui étaient ces gens ?

Et où était-il ?

Il perçut alors le roulis du bateau. Il l'avait senti dans la malle mais il avait espéré se tromper. Des brides de mots lui parvinrent, du russe. Il comprit qu'il était sur un navire russe.

Avec un gémissement, il ramena ses bras libérés devant lui, remua prudemment les épaules et plia les coudes. Odin tentait de dénouer le bâillon. Duo le sentit hésiter : cet imbécile savait parfaitement ce qui l'attendait lorsqu'il pourrait parler. Il lui assènerait quelques vérités bien senties ; il ne perdait rien pour attendre. Il hésitait toujours mais Duo n'avait pas encore récupéré suffisamment d'agilité dans ses doigts pour enlever lui-même le bâillon.

Quelques mots russes dispersèrent les domestiques, qui étaient restés attroupés à la porte. Le bâillon tomba mais Duo avait la bouche tellement sèche, qu'il ne put que péniblement articuler :

-De l'eau…

Sally alla en chercher et Odin se mit à masser les chevilles de Duo. Duo l'aurait volontiers envoyé promener d'un coup de pied mais ses jambes lui semblaient de plomb.

-Je te dois des excuses, lâcha Odin de mauvaise grâce, sans le regarder. J'aurai dû faire des trous d'aération dans la malle, mais cela ne m'est pas venu à l'idée.

Duo n'en croyait pas ses oreilles. Et le fait de l'avoir bouclé dans une malle comme un tas de chiffons ?

C'était normal, cela ?

-Ce n'est pas ta seule faute, tu… Tu…

Duo renonça à achever sa phrase. Parler était trop difficile et, de toute façon, il ne voulait rien comprendre. Le sang se remettait lentement à circuler dans ses membres engourdis. Tout son corps était douloureux. Duo serra les dents. Mince ! C'était douloureux ! Il n'avait jamais ressenti une souffrance pareille.

Sally revint avec de l'eau et Duo but avidement, renversant une partie du contenu de la tasse sur lui-même. Il ne se souciait guère, en ce moment, de ce que la bonne éducation imposait. Sa soif, au moins, était soulagée. En revanche, des milliers d'aiguilles déchiraient ses jambes et ses mains. La douleur devenait insupportable. Une plainte s'échappa de ses lèvres.

-Tape des pieds, ça t'aidera.

Sally prononça ces mots avec douceur mais Duo n'avait cure de sa compassion.

-Je… Oh, sois maudit Odin ! On n'écartèle plus les gens de nos jours mais je veillerai à ce que ce supplice soit rétabli ou je le ferrai moi-même avec un plaisir.

Odin accueillit cet éclat de colère avec une totale indifférence, bien qu'au font il ne doutait pas que Duo serait capable de le lui faire. Sally, qui lui massait les mains, se mit à rire.

-Eh bien, Il a l'esprit toujours aussi vif !

-On joue de malchance, grommela Odin.

Ils s'étaient exprimés en russe, ce qui ulcéra Duo. Une grossièreté de plus !

-Je parle cinq langues, mais pas le russe. Je vous prie de parler au moins le français ou l'anglais en ma présence. Et je tiens à vous dire que la Royal Navy poursuivra ce bateau jusqu'en Russie si c'est nécessaire.

-Cesse de dire des bêtises, répliqua Odin avec un mépris évident. Bientôt, tu vas nous apprendre que tu as l'oreille de la reine.

-Tu ne crois pas si bien dire, répartit-il. J'ai également son amitié car j'ai été pendant un an à la cour. D'ailleurs, quand bien même je n'aurai pas son appui, l'influence du comte de Gundam suffirait à ce que l'on me rende justice.

-Ton employeur ?

-Ne dis de sottises, Sally, intervint Odin. Un comte anglais ne se soucie pas d'un domestique. Il ne lui appartient pas comme nous appartenons à notre maître.

Le dédain avec lequel il avait prononcé ces mots sidéra Duo.

Ce primitif était fier d'être considéré comme un objet !

C'était incroyable… Mais le pire, c'était qu'il ne croyait pas un traître mot de ce qu'il venait de dire.

-Vous avez commis l'erreur de me prendre pour un domestique et je n'ai pas voulu vous détromper, car je ne tenais pas à révéler mon identité. Mais cela suffit maintenant. Vous avez dépassé les bornes. Le comte de Gundam est mon père, pas mon employeur. Je suis Duo Maxwell, lord Duo maxwell.

Odin et Sally échangèrent un rapide coup d'œil. L'expression de la femme échappa à Duo. Sally semblait dire : « tu vois ? Tout s'explique maintenant, son arrogance, ses allures hautaines, son ton impérieux… » Odin, en revanche, resta de marbre.

-Qui que tu sois, tu perds ton temps à te mettre en colère contre moi, dit-il avec le plus grand calme. Je n'ai pas agi sur ma propre initiative, cette fois. Je n'ai fait qu'obéir à un ordre en t'enfermant dans cette malle. Mon seul tort consiste à ne pas avoir pratiqué de trous d'aération dans le couvercle. Car il ne fallait pas te maltraiter. Et peut-être aurais-je dû te libérer plus tôt…

-Peut-être ? interrompit Duo, au comble de l'exaspération.

Il ne put en dire davantage. La douleur qu'il ressentait dans les jambes devenait trop insupportable pour le laisser poursuivre. Il réglerait ses comptes plus tard. Il se pencha en avant pour se masser les jambes sans se rendre compte qu'il exposait la moitié de ses fesses à Treize qui observait la scène sur le pas de la porte.

-Le prince veut voir le jeune anglais, dit-il enfin, remplissant la mission dont on l'avait chargé.

Odin jeta un regard inquiet par-dessus son épaule, saisi de crainte à l'idée de devoir affronter son maître.

-Il n'est pas en état de…

-Il a dit maintenant, Odin.