Au moment où leurs lèvres touchèrent le liquide, un grand bruit, semblable à un coup de canon, résonna dans la salle et une épaisse fumée blanche envahit la pièce. Les élèves, surpris, plongèrent sous leurs tables et Rogue se protégea de ses bras en reculant prestement au fond de son fauteuil. Quand la fumée se fut légèrement dissipée, Rogue baissa les bras et quelques têtes émergèrent de sous les tables, un peu sonnées.
Certains élèves secouaient la tête pour retrouver l'usage de leurs oreilles que le bruit avait momentanément bouchées puis soudain Neville s'écria :
— Harry ! Hermione !
Rogue, un auriculaire dans l'oreille droite, baissa les yeux sur les deux corps allongés sur le sol, de part et d'autre d'un chaudron renversé qui répandait son contenu blanchâtre sur le sol.
— Quels idiots, marmonna-t-il en regardant Harry et Hermione, inconscients mais apparemment en un seul morceau. Finnigan ! Weasley ! Emmenez-les à l'infirmerie !
Ron et Seamus ne se le firent pas dire deux fois et, prenant chacun Hermione et Harry par un bras, ils les conduisirent à l'infirmerie avant de revenir prestement dans les cachots pour la fin du cours.
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— Merlin, Merlin, Merlin, marmonna Pomfresh en tournant autour des lits de Harry et Hermione. Ces potions expérimentales, quelle idiotie ! Et dire que Dumbledore les cautionne !
Elle continua de marmonner en déshabillant les deux Gryffondors puis en leur enfilant magiquement pyjama et chemise de nuit avant de retourner dans son bureau après s'être assurée que les deux élèves n'avaient rien de grave. Pas mesure de précaution, elle leur avait fait un lavage d'estomac, aussi.
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Hermione et Harry ne reprirent connaissance qu'à la tombée de la nuit et ce fut Harry qui se réveilla en premier. Il ouvrit les yeux et cligna des paupières sous la lumière des lampes de l'infirmerie. Il avait mal à la tête et il se sentait bizarre. Une douleur sourde, comme des coups de marteau le poussèrent à porter ses mains à son visage et, à ce moment là, il remarqua que ses mains étaient plus fines et dotées de longs ongles recouverts d'un vernis incolore. Il remarqua également qu'il n'avait aucun problème pour voir ces mains qui, il en était certain, ne lui appartenaient pas.
Clignant une nouvelle fois des yeux, il se risqua à poser un doigt sur son bout du nez, se faisant loucher, et il en conclut que c'était bien ses mains. Encore dans le brouillard, il baissa les mains et, alors qu'il pensait les poser sur son torse, il se figea quand il sentit deux protubérances molles positionnées en haut de son torse.
Alors ça, c'est pas normal ! pensa Harry en tâtant allégrement la paire de seins dont il était doté.
Prudemment, il tira sur le col du pyjama et baissa le nez, mais il ne compris ce qui lui arrivait que lorsque que sa propre voix résonna à sa droite...
— Oh... ma tête... s'entendit-il gémir.
Surpris, le Gryffondor se tourna prudemment vers le lit de droite et il crut alors que son cœur allait s'arrêter de battre : son corps, son propre corps, se trouvait dans le lit voisin !
Harry se regarda alors lever les mains et les poser sur son visages avant que son propriétaire, qui n'était autre qu'Hermione, ne pousse un cri de stupeur et ne se tourne vers Harry, ayant compris bien plus vite que Harry la situation.
— Harry ? demanda Hermione en regardant son propre corps assit dans le lit voisin. C'est bien toi ?
— Hermione ? répondit Harry. C'est toi ?
— Mais qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda Hermione en s'asseyant. Je vois flou...
— Mets les lunettes, suggéra Harry en regardant la table de nuit.
Hermione baissa les yeux sur le petit meuble puis elle prit la paire de lunette et la posa sur son nez. Elle cligna des yeux et se regarda alors, allongée dans le lit voisin, en train de la regarder fixement. Elle poussa une nouvelle exclamation de surprise.
— Mon dieu, dit alors Harry en comprenant.
— On a échangé nos corps ! dit Hermione en levant ses nouvelles mains au niveau de ses yeux.
Elle eut soudain un sursauta et, levant le drap au-dessus de sa tête, elle entreprit de regarder si ce qu'elle avançait était bien la vérité.
— Hey ! s'exclama Harry. Sors de la tout de suite !
Hermione baissa rapidement le drap et resta immobile un moment.
— C'est la potion, j'en suis certaine... dit-elle finalement.
— Mais ? dit Harry. On ne s'est pas trompés pourtant, si ?
— Je ne sais pas, répondit Hermione. On a peut-être oublié quelque chose ou rajouté un autre truc, j'en sais rien... Et malheureusement, on ne le saura jamais.
Harry se gratta la tête et il fit une drôle de tête en sentant l'épaisse tignasse qu'il avait à présent sur le crâne.
— Qu'est-ce qu'on va faire ? demanda-t-il alors. On n'a pas la même vie, on... T'es une fille et moi je...
Hermione ouvrit la bouche pour lui répondre, mais elle fut coupée par Pomfresh qui vint vers eux avec une brassée de potions dans les bras.
— Ah enfin, vous vous réveillez ! Non mais franchement, quelle idée de tester des potions expérimentales sur ses élèves ! Je vous jure !
Harry ne put s'empêcher de sourire puis soudain, il perdit son sourire qui se transforma en une grimace. Pomfresh les ausculta rapidement une dernière fois puis, constatant qu'ils allaient tous les deux parfaitement bien, elle ne remarqua pas l'échange de personnalités, elle les autorisa à se rhabiller et à retourner en cours.
Alors qu'ils se rhabillaient, chacun derrière un paravent, Harry fut soudain prit d'une peur sans précédent. Hermione ignorait tout de sa relation avec Rogue ! Et comme ils avaient échangé de corps, elle allait forcément y être confrontée un moment donné !
— Hermione, quand on sortira d'ici, il faut que je dise quelque chose de très, très important... dit le brun, horrifié. J'ai... quelques secrets à te révéler.
— Je crois que moi aussi, répondit Hermione. A mon avis, on va rester un bon moment dans le corps de l'autre alors autant tout nous dire pour qu'on se comporte le mieux possible...
— Ouais.
Harry grogna légèrement quand il du attacher le soutien-gorge dans son dos puis, après avoir laborieusement réussit à l'agrafer, il enfila la jupe grise, le chemisier blanc, la longue robe de sorcier noire puis les hautes chaussettes blanches et enfin les mocassins noirs.
— T'es prêt ? demanda Hermione de l'autre côté du paravent. Tu veux un coup de main ?
— Nan, grogna Harry. Pas la peine... Je m'en sors.
D'un geste fébrile, il tenta d'aplatir l'épaisse broussaille de cheveux bruns, mais la manœuvre fut un échec et il sortit de derrière le paravent en tirant sur les mèches frisotées.
— Essaie pas, tu n'y arriveras pas, sourit Hermione. Il n'y a qu'avec la magie que j'arrive à en faire quelque chose...
Harry grogna puis les deux Gryffondors sortirent de l'infirmerie et se dirigèrent, non pas vers la Tour de Gryffondor mais vers la Salle du Demande. Ils avaient beaucoup de choses à se dire, alors autant le faire tout de suite.
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— Allons-y, dit Hermione en s'asseyant dans un moelleux fauteuil de velours. Je commence ?
— Comme tu veux.
— Très bien.
Elle marqua une pause, inspira puis posa ses mains sur ses genoux. Cela fit très bizarre à Harry de se voir agir comme une fille. Pendant une seconde, il eut un aperçu de ce que son image renverrait s'il était un peu plus efféminé et cela lui fila la chair de poule.
— Voilà, dit alors Hermione. Puisqu'on a visiblement échangé de corps à cause de cette foutue potion et que nous avons pas encore d'antidote, il va falloir...
— Abrège, dit Harry en s'installant confortablement dans le fauteuil, les jambes étalées et les bras posés nonchalamment sur les accoudoirs.
— Bon, pour commencer, dit Hermione. Redresse-toi.
Harry obtempéra en grognant.
— Je croise souvent les jambes l'une sur l'autre, et je garde les bras le long du corps ou alors je ne m'appuie que sur un seul des accoudoirs. Tu es une fille, Harry, tu dois te comporter aussi... fémininement que possible, en toutes circonstances, mais n'exagère pas trop quand même.
Harry s'efforça alors d'adopter la bonne position puis, quand Hermione fut satisfaite, elle reprit :
— Bien, maintenant, passons aux choses sérieuses : ma relation avec Malefoy.
Harry passa par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel quand il comprit ce que ce changement d'identités allait l'obliger à faire. Depuis des années, il soupirait après le Serpentard, mais celui-ci le haïssait de toute son âme...
— Au vu de tes penchants, dit alors Hermione. Tu n'auras pas trop de mal à répondre à ses avances... On se retrouve quand on en ressent le besoin, on n'a pas de jour, d'heure ni rien du tout, ok ? Si... Si j'en ai envie, je le lui fait savoir, et c'est tout.
Harry baissa le nez.
—Je ne savais pas que toi et lui vous...
—On est pas ensemble, répondit la brunette. C'est physique, c'est tout, et on couche pas ensemble à chaque fois. Parfois, j'aime bien rester dans ses bras, comme ça, sans rien faire...
Harry hocha lentement la tête.
—A ton tour, dit alors Hermione. Quel sombre secret cache-tu ? Un petit-copain que Ron et moi ignorons ?
— Précisément, dit Harry, chassant qu'il mettait le pied sur une pente glissante.
— Intéressant, on le connait ? Allez, on n'a pas toute la nuit... le pressa Hermione.
— Oui, oui... Je, c'est juste un peu compliqué à avouer, c'est... Promet-moi que tu ne te moquera pas quand je te le dirais... Et que tu ne hurleras pas non plus.
— Promis, dit Hermione en levant la main droite. C'est qui ?
— C'est Rogue.
Le silence se fit épais dans la pièce, et Hermione ouvrit les yeux et la bouche en grand sous la surprise. Elle remua les mâchoires sans qu'aucun son ne sorte de sa bouche, puis se frotta le visage, passant ses doigts sous les lunettes, avant de regarda à nouveau son meilleur ami.
— Qu-Quoi ? croassa-t-elle. Qu'est-ce que tu viens de dire ? Rogue ? Mais... ?
— C'est la vérité, dit alors Harry en baissant la tête. Rogue et moi sommes amants depuis la rentrée... Ça va faire deux mois et...
— Merlin tout puissant, je... dit Hermione. Je m'étais attendue à tout sauf à ça ! Rogue... ! Tu te rends compte de... Vous risquez d'être renvoyés, licenciés, de tout perdre si...
Elle se prit alors la tête à deux mains, comme si elle était en surcharge, et Harry ouvrit la bouche pour parler, mais Hermione lui coupa la parole en levant les mains.
— Très bien, dit-elle. Rogue. Okay, bon, je vais faire avec, je...
— Hein ?
— J'ai dit très bien, Harry. Ok, tu couches avec Rogue et moi avec Malefoy. On a plus grave à gérer pour l'instant. Vu que nous avons échangé nos corps, il va falloir également échanger nos comportements devant les autres. Ça sera dur mais je vais essayer de faire en sorte que Rogue ne voit pas la différence... Quelque chose de particulier à me dire ou... ?
— Tu es sûre ? Si tu veux, on peut tout lui dire... Je lui fais confiance, Mione...
— Non, non, dit la brunette en secouant la tête. On ne va rien dire pour l'instant. Je vais me comporter comme toi et, toi comme moi et, entre les cours et la nuit, on cherchera un moyen de trouver un antidote à cette foutue potion... On devrait s'en sortir rapidement. Du moins je l'espère...
Elle se tut une seconde, regarda le feu et pinça les lèvres.
— C'est un bon coup, sinon ? demanda-t-elle alors.
Harry ronfla bruyamment puis se mit à rire en hochant la tête.
— Tu ne seras pas déçue, crois-moi ! dit-il. Je n'avais jamais osé imaginer ça, mais ouais, c'est super d'être avec lui, il... Il est pas du tout comme la journée quand on est tous les deux et... c'est super perturbant.
— Tu m'étonnes... Bon, toi au moins, tu as de la chance dans notre malheur, tu vas pouvoir t'amuser avec le garçon qui te fais baver depuis des années...
Harry sourit et ramena ses jambes contre sa poitrine, l'air soudain rêveur. Hermione, elle se renfrogna légèrement. Jamais elle n'avait fantasmé sur le sombre professeur de Potions, quand bien même il avait une sorte de charme magnétique qui semblait attirer toutes les filles de Serpentard...
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Hermione soupira profondément et s'étira. Ses épaules craquèrent et Harry se redressa en inspirant.
— Il est quelle heure ? demanda alors la brunette.
— Neuf heures... répondit Harry. Le dîner est terminé et Ron va aller nous voir à l'infirmerie... Personne ne sait que nous sommes sortis...
— Il faut qu'on rentre à Gryffondor... dit Hermione. Non ! Attends, j'ai mieux. On va tester nos nouvelles apparences dès ce soir.
— Quoi ?! s'étrangla Harry. Mais Mione ! Non, c'est pas possible, je ne...
— Pas de commentaires, dit Hermione en se levant. A quelle heure rejoint-tu Rogue le soir ?
— Après le dîner, dans sa salle de classe... Il travaille toujours très tard et je passe toujours un moment avec lui le soir... Parfois, j'y reste la nuit, parfois non, ça dépend de son humeur, c'est lui qui décide, en fait...
Hermione hocha la tête.
— Très bien, dit-elle. Ce soir, j'avais envie de voir Malefoy... Tu sauras te débrouiller ?
— Heu... Je dois faire quelque chose... en particulier ? demanda le Gryffondor.
Hermione secoua la tête.
— Fait comme tu le sens, dit-elle. Il aime beaucoup être surpris, mais vas-y mollo quand même, j'ai pas envie de le retrouver en mode sadomaso...
Harry grimaça puis ils quittèrent la Salle sur Demande, tous les deux un peu inquiets quant à la suite des évènements.
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Avant qu'ils ne se séparent en se souhaitant bonne chance, Hermione avait indiqué à Harry qu'elle retrouvait Malefoy le plus souvent à sa chambre de Préfet-en-Chef, qu'il suffisait qu'il toque contre la porte et prononce le mot de passe.
Il était vingt-et-une heures trente et le Gryffondor était devant la porte, les mains moites et le palpitant tout affolé. Dans quelques minutes, il allait passer la nuit avec le garçon qui le faisait fantasmer depuis près de trois ans, tout en le détestant cordialement, et il n'avait aucune idée de comment il allait gérer ça, surtout qu'il était dans le corps d'une fille ! En fait, non, pas une fille, mais sa meilleure amie ! C'était sans doute encore pire !
Prenant son courage à deux mains, il prononça alors le mot de passe. La porte se déverrouilla et le Gryffondor pénétra dans « l'Antre du Serpentard » par excellence. Un silence pesant régnait dans la petite pièce. C'était bien loin d'un dortoir traditionnel, ça avait plutôt l'air un petit studio, avec un lit au fond de la pièce, et à droite et à gauche de l'entrée, un minuscule salon avec une cheminée, et une table entourée de quatre chaises.
Fronçant le nez à la vue de tout ce vert et argent, Harry n'entendit pas Malefoy s'approcher de lui et il sursauta quand deux bras l'entourèrent et le retournèrent. Avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, une bouche se pressa contre la sienne et, oubliant alors qu'il était dans le corps d'une jeune femme, il s'abandonna totalement au Serpentard qui sembla apprécier, à en juger par l'intensité de ses caresses...
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Cependant, dans l'antre du maître des Potions, Hermione était très mal à l'aise. En échange du mot de passe de Malefoy, Harry lui avait indiqué comme frapper à la porte de Rogue pour qu'il lui ouvre sans craintes.
En entrant dans les appartements de celui-ci, elle l'avait trouvé assis dans un fauteuil, occupé à lire la Gazette du Sorcier et quand elle s'était approchée, il avait immédiatement changé de figure. Hermione en était figée sur place. Ce n'était plus le même Rogue qu'elle avait devant elle, là, mais un homme qui semblait bien plus détendu, bien plus humain que jamais.
— Tu es en retard ce soir... lâcha alors le sombre professeur sans quitter des yeux son journal.
Incapable de bouger, la jeune femme sursauta quand Rogue plia le journal.
— Ça va ? lui demanda-t-il.
— Je... Non, je suis un peu... bizarre, ce soir, répondit-elle avec la voix de Harry.
— Je vois ça... Qu'est-ce que Pomfresh a dit pour la potion ?
Hermione soupira et s'assit sur le canapé.
— On a rien eut, répondit-elle. Elle a nous a fait un lavage d'estomac et nous a demandé de nous reposer jusqu'à demain, mais normalement, on n'aura aucune séquelles.
Tu parles ! songea la jeune femme en plissant le nez.
— Tant mieux, dit alors Rogue. Tu peux rentrer à Gryffondor, si tu veux, je ne t'en voudrais pas... Je ne suis pas d'humeur, ce soir, de toute façon.
— Ah, je... Tu es sûr ?
Hermione eut un peu de mal à ne pas vouvoyer l'homme, mais Harry lui avait expliqué que leur relation était maintenant bien établie, même si elle était jeune et qu'elle devait donc se comporter, au mieux, comme un amant amoureux.
Hermione promena son regard dans l'appartement décoré avec goût et, elle sursauta quand de Rogue quitta son fauteuil.
— Allons nous coucher, dit-il alors. Tu viens ?
Légèrement tremblante, Hermione se leva dans un état second en hochant la tête. Rogue s'éloigna alors et disparut dans un couloir sombre. Elle le suivit et découvrit trois portes dont une ouverte. Elle s'approcha et trouva Rogue occupé à se défaire devant un grand miroir en pieds.
— Je crois que je vais rentrer... dit alors la jeun femme. Je ne me sens pas bien...
— Mieux vaut que tu restes ici, dans ce cas, répondit Rogue en déboutonnant sa chemise. Avec cette satanée lettre, je n'ai pas envie d'un câlin, alors tu pourras dormir et je veillerais sur toi.
Hermione se mordit la lèvre. Elle observa Rogue comme jamais elle ne l'avait fait jusqu'à maintenant et réalisa rapidement que la relation que Harry avait avec lui dépassait le cadre d'une simple coucherie entre deux amants. Non, ils étaient réellement ensemble et visiblement, c'était parfaitement normal...
— Va ta changer, dit alors Rogue en indiquant la salle de bains.
— Oui, je... D'accord, tu...
Hermione soupira et passa ses mains sur son visage. Elle se détourna et entra dans la salle de bains, de l'autre côté du couloir. Elle s'appuya sur le lavabo et s'observa dans le miroir, mais ce fut Harry qui la regarda, et elle serra les mâchoires.
Je ne peux pas... songea-t-elle. Je ne peux pas... C'est... Non, je ne peux pas faire ça, je...
— Tout va bien ? demanda alors Rogue depuis la chambre.
— Oui, j'arrive...
Allez, Hermione, t'es plus forte que ça ! s'exclama alors la Gryffondor en retirant ses lunettes. Tu peux passer la nuit avec ton professeur de Potions, tu peux le faire... !
La jeune femme se passa de l'eau sur le visage puis elle soupira profondément et se donna un coup de fouet.
— Allez, dit-elle en se déshabillant. Ça va le faire...
Elle avisa le pyjama en satin rouge accroché à une patère et hésita. Elle enfila le bas et se regarda dans le miroir. C'était bien la première fois qu'elle restait plus de quelques secondes torse-nu, et c'était une sensation vraiment bizarre...
Après s'être regardé dans le miroir un moment, elle rejoignit Rogue et le trouva déjà au lit, en train de lire. Il était torse-nu, et Hermione sentit un étrange frisson s'emparer de son bas-ventre quand elle le regarda. Elle baissa les yeux et souleva les couvertures vertes en se glissant dessous.
— Les effets de la potion de ce matin se font encore sentir, n'est-ce pas ? demanda alors Rogue en se redressant.
Il ferma son livre et attira celui qu'il pensait être son amant. Hermione hésita une seconde puis décida d'abandonner et se serra contre lui. Il lui caressa l'épaule puis le dos et la jeune femme ferma les yeux.
— Je crois que je suis choqué, dit Hermione en soupirant. Je... C'est la première qu'une potion que je fais explose et...
Rogue hocha lentement la tête. Il repoussa alors son amant et s'invita au-dessus de lui. Hermione posa ses mains sur ses bras, surprise.
— Je croyais que tu n'étais pas d'humeur, dit-elle avec un petit sourire qu'elle ne parvint pas à ranger.
— Non, c'est vrai, mais toi tu as besoin de te changer les idées...
Il disparut alors et Hermione se crispa violemment en comprenant où il comptait aller... Elle ne put s'empêcher de pousser un cri de surprise quand l'homme entreprit de fourrager entre ses cuisses, et elle sentit immédiatement le sexe dont elle avait hérité se durcir. Elle serra alors les dents et se demanda comment faisaient les garçons pour supporter une telle douleur, une telle tension pendant tout le temps d'un coït.
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Malgré son expérience avec Malefoy qui avait une sainte horreur qu'elle parte avant lui, elle ne résista pas longtemps aux mains et à la bouche du sombre professeur. Accrochée à la tête de lit, le dos cambré, elle éprouvait un million de sensations en même temps et plus jamais elle ne verrait l'orgasme masculin du même œil !
— Severus... ! lâcha-t-elle soudain.
La tension de ses reins se volatilisa alors et elle poussa un cri de plaisir à peine contenu. Le souffle court, elle baissa les bras et son amant s'avança sur elle en l'embrassant sur le ventre et le torse. Il s'allongea ensuite sur elle et elle l'entoura de ses bras, à la fois choquée et terriblement soulagée.
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Quand Hermione se réveilla, elle ne reconnu tout d'abord pas l'endroit où elle se trouvait, puis la mémoire lui revint et elle rougit violemment. Allongée sur le ventre, elle se souvint de la veille, et se redressa sur un bras. Dans son dos, Rogue dormait profondément, tourné dos à elle. La jeune femme se mordit la lèvre puis elle quitta le lit et s'habilla rapidement. Il était cinq heures du matin et elle remonta aussitôt dans la Tour Gryffondor.
Harry lui avait expliqué que lorsqu'il passait la nuit avec Rogue, il partait toujours avant qu'il ne se réveille, sauf le dimanche. Il ne fallait absolument pas que quelqu'un le crois dans le cachots à cette heure, sinon ils auraient tous les deux de très gros problèmes.
N'oubliant pas qu'elle était à présent un garçon, elle monta dans le dortoir de ceux-ci et se glissa discrètement dans la douche après avoir jeté un coup d'œil à Ron qui dormait profondément, affalé en travers de son lit, une jambe dépassant de sous les couvertures et la bouche grande ouverte. Il ronflait bruyamment, et Neville, Dean et Seamus n'étaient pas en reste non plus.
Après une rapide douche, la jeune femme se glissa dans le lit de Harry et entreprit de se rendormir, mais elle avait encore en tête les caresses de Rogue et, pendant une seconde, elle imagina brièvement ce que cela ferait si elle... Non. Rogue était à Harry, elle n'avait pas le droit de faire ça. Elle décida d'oublier ces pensées et se tourna sur le ventre dans le vain espoir de se rendormir.
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