La Vengeance de Spectre
Une semaine. Il s'était passé une semaine depuis 'l'accident Spectre'.
Durant toute cette semaines, Locke avait attendu, à la fois curieux et terrifié. Spectre n'allait PAS les laisser s'en tirer comme ça. Après avoir fracassé sa télé… Le scientifique frissonna en y pensant. Mais tout de même, une semaine entière sans donner signe de vie…
L'ancien echidna était connu pour sa patience ; il concoctait sûrement un coup fumant pour se venger. Seules se posaient les questions : quand ? et comment ?
Ça, Locke aurait voulu ne jamais le découvrir !
Sifflotant seul comme il le faisait toujours, Athair flottait dans les couloirs. Les yeux fermés, il dépassa joyeusement un Sojourner perturbé, qui lâcha un soupir exaspéré en lui décochant un regard méprisant. L'echidna marron continua son vol, pas du tout offensé.
Sojourner secoua la tête, agacé. Vous parlez d'un second fils…
L'echidna rouge ouvrit une porte ; sa chambre aussi nue qu'un os fraîchement rongé par un chien affamé. Aucune photo nulle part, pas de bureau recouvert de papiers. Juste un lit, une table de chevet et un placard. Sojourner n'était pas du genre à s'encombrer de matériel qu'il jugeait inutile.
Baillant, il s'étira et retira sa veste. Le tissu vert caressa la fourrure rouge, puis il laissa tomber le vêtement au bout du lit. Il s'assit ensuit sur le matelas, essayant d'enlever ses chaussures.
Mais quelque chose n'allait pas. D'habitude, il pouvait les enlever sans même devoir se servir de ses mains, mais ce n'était pas le cas ce jour-là. Fronçant les sourcils, il se pencha et attrapa une botte. Elle ne bougea même pas ! Comme si elle était collée à son pied !
« Chaos… » grogna-t-il entre ses dents serrées. « Mais qu'est-ce qu'il y a ?! »
Après quelques minutes durant lesquelles il tira inutilement sur ses bottes, il marqua une pause et essuya la sueur perlant à son front d'un revers de bras. Cette saleté ne voulait pas se dégager ! Il émit un grognement vaincu ; il avait besoin d'aide…
Soupirant, il se leva et se dirigea vers la porte. Il essaya d'inventer des excuses, mais aucune ne pouvait vraiment expliquer sa situation… Il décida de dire la vérité. Salut, Locke, se dit-il, sarcastique. Je te réveille en plein milieu de la nuit parce que ma chaussure est coincée. Ouais, bien sûr…
Jurant à voix basse, il arriva finalement devant la chambre de Locke. Le jeune devait dormir… il était minuit passé. Refoulant, un autre grognement, Sojourner ouvrit la porte de la pièce plongée dans l'obscurité.
Ne perdant pas de temps, il s'approcha du lit et secoua Locke par l'épaule.
« Locke ? » appela-t-il. « Allez, réveille-toi ! Locke ! »
« Non… ce n'était pas moi, Grand Père… » murmura l'autre dans son sommeil. « Je ne suis même pas sorti d'Haven… »
« Pour l'amour de l'Emeraude, Locke, réveille-toi ! » cria Sojourner, à présent désespéré.
« Euh, quoi ? » bailla Locke, se réveillant. « Quatrième père ? Que fais-tu ici ? »
« Je… » commença Sojourner, avant de se taire et de lâcher un gros soupir.
Il n'aimait vraiment pas devoir faire ça, mais les circonstances l'obligeait…
« J'ai besoin de ton aide. »
« Pour de bon ? Ce serait la première fois… »
Sojourner roula les yeux et serra les dents de nouveau. Il n'avait pas de temps à perdre avec son sarcasme et ses remarques ironiques.
« Ce n'est pas le moment. » lâcha-t-il. « Tu vas m'aider, ou non ? »
« Hmm, ça dépend. » fit Locke en s'asseyant. « Quel est ton problème ? » Même si je sais que tu n'en as pas qu'un seul…
Soudain, Sojourner réalisa la complète absurdité de sa présence ici. Une botte coincée, et après ? Au mieux, Locke éclaterait de rire et le renverrai se coucher. Au pire, le scientifique froncerait les sourcils et lui conseillerait de rester loin d'Athair pendant un moment. De chaque façon, il ne recevrait aucune aide, et aurait l'air ridicule…
« Alors ? »
La voix de Locke le ramena brutalement sur Terre ; baissant les yeux, il marmonna :
« Mrblbmrpmbmbl. »
« Pardon, c'était quoi ça ? »
Sojourner inspira profondément ; Locke ne rendait pas les choses plus simples…
« Mon pied est coincé dans ma botte. » dit-il clairement.
Un grand silence suivit cette phrase. Locke cligna des yeux une fois. Deux fois. Il regardait son ancêtre avec un air ahuri, comme s'il venait de voir Sabre déambuler habillé d'une robe.
Puis il fit simplement :
« Tu plaisantes ? »
« Quoi ? »
Un sourire souleva les coins de la bouche de Locke, et il rit doucement. Un autre regard sur le visage incrédule de Sojourner, et il éclata de rire. Essuyant une larme de son œil, il se retourna vers son quatrième père.
« Excellent, quatrième père ! Je ne savais pas que tu savais comment faire une blague… »
« Une blague ?! » s'insurgea Sojourner. « Tu penses vraiment que je cracherais sur ma fierté et sacrifierais mon amour-propre que j'ai gagné durement à travers les années, juste pour faire une stupide blague !? »
Impressionné, Locke se tu. La situation n'avais plus rien de drôle ; n'importe qui regardant Sojourner aurait pu deviner que ce n'était pas le moment de l'embêter. Rouge de colère, il montrait les dents, enragé. Mais il se calma tout aussi vite qu'il s'était énervé : après tout, Locke n'était en rien responsable de son problème…
« Alors… » risqua le jeune. « Tu… ne plaisantes pas ? »
« Non. Tu peux m'aider ou pas ? »
« Mais… tu ne peux pas l'enlever seul ? » demanda-t-il.
« J'ai essayé ! Mais rien ne marche ! C'est comme si elle était collée à mon pied ou quelque chose comme ça ! Toi, tu dois savoir comment m'en débarrasser ! »
« Oui, je pense… Mais il me faudrait de l'aide. Tu pourrais aller chercher quelqu'un ? »
« D'accord. » accepta Sojourner.
« Bien. Rendez-vous toute à l'heure au labo. » déclara le scientifique en enfilant sa sempiternelle blouse blanche.
« A toute à l'heure, alors. »
Sojourner se leva et allait passer la porte quand la voix de Locke lui parvint de nouveau.
« Oh, et quatrième père ? »
« Oui ? »
« Mets ta veste. Tu vas faire peur à quelqu'un. »
