Chapitre 2 : Où est passé Thunderhawk ?

« Et bien, voyons ce qui ne va pas » fit Locke à voix haute.

Sojourner était assis sur une table en métal, dans le labo. Il balançait ses pieds d'avant en arrière, mal à l'aise. Il n'avait jamais aimé se trouver près de ces objets chirurgicaux avec lesquels Locke travaillait. Il avala sa salive, tremblant un peu.

Les bras croisés, Thunderhawk était appuyé contre le mur, essayant de ne pas éclater de rire. La vue de son fils agacé par une paire de bottes était hilarante ; il ne pu donc pas arrêter un petit rire.

Qui n'échappa cependant pas à Sojourner, qui leva brutalement la tête.

« Je ne vois pas ce qu'il y a de drôle, Père ! »

Le sentiment de vulnérabilité ridicule était assez, pas besoin de tourner le couteau !

Locke approcha, examinant curieusement les bottes. Après quelques minutes de réflexion, il se pencha et saisit une chaussure.

« Je me demande si… »

Il tira, d'abord gentiment, puis plus brutalement et Sojourner du agripper la table pour ne pas tomber. Le plus jeune secoua la tête alors qu'un sourire se formait sur ses lèvres.

« C'est ce que je pensais… » murmura-t-il.

« Quoi ? Tu pensais à quoi ? » demanda Sojourner.

« D'une quelconque manière, la semelle est littéralement gluée à ton pied. Comment, et avec quoi, je ne sais pas. Mais tu peux être sûre que tu ne pourras pas les retirer sans t'arracher la peau… »

Sojourner avala de nouveau : la situation ne s'arrangeait pas…

« Comment… comment je vais pouvoir les enlever ? » fit-il, redoutant la réponse.

« Je ne vois qu'une seule façon… »

Locke pausa dramatiquement, semblant évaluer le pour et le contre. Puis il finit :

« Nous devrons les couper. »

« Les jambes ?! » s'exclamèrent Thunderhawk et Sojourner en même temps.

Le scientifique cligna des yeux, impressionné par la puissance du cri.

« Non… les bottes, je veux dire »

Thunderhawk lâcha un gros soupir de soulagement, mais Sojourner avait l'air d'hésiter ; ses bottes comptaient beaucoup pour lui, elles dataient…

« Est-ce qu'il n'y a pas… d'autre moyen ? Enfin, je veux dire, pas que je tienne plus à mes bottes qu'à mes jambes, mais… On ne pourrait pas faire autrement ? »

« Je m'attendais à ce que tu dises ça. Et bien, on peut toujours essayer de les enlever de force. Un essai ne peut pas faire de mal. »

« Parle pour toi… » grogna Sojourner.

Pas si loin que ça, dans un couloir adjacent, Athair s'amusait en marchant sur le plafond. Il chantait à voix basse, quand soudain il entendit un cri à glacer le sang.

Arrêtant de faire l'idiot, il vola à pleine vitesse vers la source du hurlement. Qui se trouvait être le labo de Locke, duquel provenait des voix différentes.

Que se passait-il ? Locke était-il en train de torturer des petits animaux sans défense pour le 'bien de la science' ? Non, sûrement pas… L'echidna marron pencha la tête d'un côté, et décida d'écouter plus attentivement.

« Ne bouge pas, enfin ! »

« Mais c'est plus fort que moi, ça fait mal ! »

« Autre chose que tu pourrais m'apprendre ? »

« Que dis-tu de 'Tu es stupide' ?! »

Athair fronça les sourcils, interloqué. Il reconnut les voix comme étant celle de Thunderhawk, Locke et Sojourner. Que faisaient-ils ?

« Reste tranquille, pour l'amour du Chaos ! »

« Facile à dire pour toi, ce n'est pas TA peau qu'on est en train d'arracher ! »

« Mon fils, après tout c'est ta faute si- »

« J'en ai marre ! Thunderhawk, tiens-le ! Je vais les couper. »

« Tu n'oserais pas ! »

« Regarde-moi bien ! Sois sûre qu'il ne bougera pas, Cinquième père. »

« Non ! Père, tu ne peux pas le laisser me faire ça ! Non ! A l'aide ! »

Athair pâlit alors qu'il crut comprendre : ils faisaient du mal à Sojourner ! Il n'allait pas les laisser faire, famille ou pas !

« Ne t'en fais pas, Second père ! » annonça-t-il. « J'arrive ! »

Poussant un cri, ou hurlement c'est comme on veut, Athair chargea vers la porte. Cette dernière s'ouvrit, et il entra dans le labo en hurlant à tue-tête, flottant furieusement en cercles. Il criait des phrases comme « Je vais te sauver ! » et « Laissez mon grand-père tranquille ! »

Au bout d'un moment, il stoppa brutalement en plein air, se rendant compte que trois personnes le regardaient. Les yeux de Locke étaient écarquillés, et il regardait son Second père, hébété, la bouche ouverte. Il tenait dans ses mains une sorte de grande paire de ciseaux, à demi-ouverte. Thunderhawk tenait un bras de son fils, et fixait également Athair, un sourcil interrogateur levé.

De sa cachette sous la table, Sojourner poussa un grognement.

« Génial, un autre fou… »

Reprenant soudain ses esprits, Athair flotta à la hauteur de Locke et leva un doigt.

« Que faisais-tu à mon Second père ?! » le gronda-t-il, comme s'il s'agissait d'un enfant.

« Je ne lui faisais RIEN ! IL a trouvé les ennuis tout seul ! » s'insurgea le mécano.

« Je parie que si ! Tu te souviens de cette fois où il avait plu et- »

« Ne recommence pas avec ça ! Et d'ailleurs, le sol était déjà glissant, je n'ai strictement rien à voir avec le fait que- » commença Locke, immédiatement coupé par Athair.

« Que si ! Tu l'as poussé ! Je le sais, espèce de méchant ! »

« Excusez-moi… » tenta Sojourner.

« Pourquoi faut-il que tu sois si entêté ? » dit Locke.

« Fils… »

« Ce n'est pas vrai ! Admets-le, tu l'as poussé ! »

« Que non ! »

« Que si ! »

« Qui est l'entêté maintenant ? »

« ASSEZ ! » cria Sojourner.

Il soupira alors que les jeunes se tournaient vers lui.

« Merci. J'aimerais juste dire que, pendant que vous étiez en train de discuter aimablement, Thunderhawk a disparu. »

« Quoi ? » s'exclama Locke. « Comment est-ce possible ? »

« Oh, super ! » sourit Athair en tapant dans ses mains. « Il veut jouer à cache-cache ! On va s'amuser ! »

« Hmmm… On va dire que je n'ai rien entendu. Où tu penses qu'il est allé ? » demanda Sojourner. « Je serais prêt à jurer qu'il a littéralement disparu devant mes yeux ! Il ne peut pas être sorti ! »

Locke porta une main à son menton, caressant son bouc. Apparemment, il cherchait une explication rationnelle. Regardant Athair rebondir sur les murs, il dit :

« Beaucoup de choses étranges semblent arriver en même temps… Je me demande si ça a quelque chose à voir avec- »

Mais il s'interrompit en secouant la tête. Non, ça ne peut pas être Spectre… Il ne sait même pas comment raconter une blague ! Il soupira malgré lui.

« Je pense que nous n'avons pas de chance, voilà tout. La colle dans tes bottes est probablement un accident, Thunderhawk est parti parce qu'il commençait à être agacé, rien de plus. Pas la peine d'être paranoïaque… »

Du moins je l'espère…

« Venez, le soleil se lève… »

« Petit déj' ! » s'écria joyeusement Athair, avant de voler hors du labo. « Vite avant que Sabre ne mange tous les toasts ! »

« Ne me dis pas que ce type fait partie de la famille… » gémit Sojourner.

« J'ai bien peur que si, Quatrième père. »