Warnings : Les persos sont pas à moi (sauf la voyante : si vous la voulez, prenez-la ! Ouste !). Yaoï à peine hinté. Part 2 sur 3. Ne pas tirer sur l'auteur avec le flingue de Sanzo, la crucifier, la lapider, ou autre mauvais traitement après lecture, si vous tenez à savoir comment ça finit…(cependant, vous pouvez l'agonir d'injures dans la review…).
Reviewer's corner : en bas, s'il vous plaît…
################### part 2 : « I'll go the distance. »
Mais Gojyo revint à son présent. À sa mâchoire douloureuse et sa gueule de bois. Au fait qu'Hakkai était toujours porté disparu. Ses jambes cédèrent sous lui. Il se retrouva assis sur le lit. Il avait besoin d'un peu de temps pour décider de ce qu'il allait faire…
Mais il faut que vous compreniez quelque chose. Le hanyou avait toujours eu une drôle de manière de vivre sa vie… En fait, la plupart des évènements de son existence avaient été influencés par de menus hasards, ou même la pure chance.
Le jour où son frère l'avait laissé livré à lui-même, il avait eu à décider où il pourrait aller. La seule chose dont il était certain, c'est qu'il ne pouvait pas rester plus longtemps dans cette maison où il avait grandi et où sa mère était morte. Il sortit une pièce de sa poche, l'une de celles que son frère utilisait toujours pour le taquiner. Nord ou sud ? Nord, dit la pièce. Est ou Ouest ? Dame Fortune lui intima de voyager vers l'Est.
Ce petit choix avait décidé de sa vie, à partir de là. En grandissant, il était devenu un flambeur ; et c'était la seule façon qu'il connaissait pour gagner de l'argent (presque) honnêtement. De toute façon, il faisait ses choix d'une manière toujours aussi bizarre. Même avec les femmes. C'est que ce n'était pas facile de choisir : elles tombaient toutes à ses pieds dés qu'il pénétrait dans une pièce ! Alors des fois, il faisait parler les cartes. Reine de trèfle ? C'était la grande femme aux cheveux noirs assise au bar. Huit de cœur ? Peut-être la petite blonde sexy à la table voisine…
####Interlude 1 : Ce que disent les cartes ####
Je vais vous raconter une histoire.
Tout se déroulait exactement comme à l'habitude pour le kappa flambeur, cette nuit-là, dans cette petite bourgade où il venait de passer quelques jours (cela ne se passait pas longtemps avant qu'il ne s'installe dans la région où il allait rencontrer Hakkai, Sanzo et Goku, quelques mois plus tard). Tout avait commencé avec des cartes, bien sûr : poker, alcool, zeste de chance et royal flush. La suite logique aurait été une agréable partenaire pour partager son lit, cette nuit. Personne ne voulant plus se mesurer à lui où même s'asseoir avec lui de la soirée (comme d'habitude, ils étaient tous plus ou moins ruinés, maintenant). Il est vrai que sachant ce qu'il était (cela se produisait, de temps en temps, et le mot se répandait très, très rapidement chaque fois) ces gens pouvaient tolérer sa présence pendant le jeu quand ils espéraient encore le plumer, mais ne s'intéressaient plus à lui aussitôt après. Il pensa pourtant qu'il avait toujours sa chance quand un joueur de carte prit place à sa table. Gojyo sentit s'épanouir son sourire le plus ravageur sur son visage. C'était une femme.
Cassandra, se présenta-t-elle. Le même nom qu'une prophétesse antique qui ne prédisait que des catastrophes, avait-elle précisé en riant. La trentaine, pas très grande, une femme aux courts cheveux blonds, arborant un sourire sarcastique et de grands yeux bleus qui dévoraient son visage. Un enfant dans le corps d'un sex-symbol, à moins que ce ne soit l'inverse. Aujourd'hui, Gojyo ne se souvenait plus de ce dont ils avaient parlé les premières minutes, mais la discussion qui avait suivi avait été plutôt étrange. Sha Gojyo. Le tombeur. Il avait discuté avec une femme et rien de plus. Incroyable, n'est-ce pas ? Une des quelques femmes dont il se rappelait le nom. Peut-être justement car elle n'était pas une amante. Mais en fait, il ne se souviendrait de cette conversation que bien plus tard, pendant une longue attente au chevet de son propre lit, dans l'espoir de revoir l'éclat vert des yeux d'un certain jeune homme.
Une voyante, donc. C'était un bon début. Il lui avait demandé quel genre de plaisirs elle lui prédisait pour conclure sa nuit. Elle avait élégamment haussé un sourcil, se moquant ouvertement de lui : « Pas effrayé d'en apprendre plus sur ton futur ? »
« C'est un défi ? » avait-il répondu. Et elle avait sorti son propre jeu d'une de ses poches avec un reniflement hautain… C'était donc bien une sorte de pari, alors. Il en avait déjà presque oublié ses projets de débauche pour la nuit…
« Et comment je saurai que tu racontes pas n'importe quoi sur mon futur ? »
« Hmmm. Un sceptique. Mes préférés ! Je le jure sur le Père, le Fils et le Sceptique, avec une main sur le cœur. Mais je suis fair-play : je vais commencer avec le passé tu vas voir… » lui dit-elle, prêtant serment d'un air rieur.
Et alors… Des cartes furent posées sur la table et des souvenirs enfouis depuis longtemps refirent surface dans l'esprit du kappa.
« Voyons voir. Prends-en une, onegai… »
Dix de cœur.
« Une union. Bien, c'est normal. Tout le monde a des parents. Pas question de te convaincre de mon don avec ça, » elle ricana. « Une autre, s'il te plaît. »
Sept de cœur.
« Une naissance, » déclara-t-elle. « Ha ! Ça doit être toi ! On va éplucher tes chances, maintenant… » dit-elle, refusant résolument de l'écouter quand il répliqua, cherchant délibérément à l'agacer, qu'il était déjà fortement impressionné. Mais il continua à tirer des cartes, faisant claquer à chaque fois le carton rigide de celles-ci. Ça commençait à devenir un peu monotone, alors il en tendit deux à la voyante, ce coup-là :
Dix de carreau et sept de carreau.
« Trahison ou mensonge, et… Rumeurs, » dit-elle, passant sa langue sur ses lèvres, en un geste inconscient de concentration. « Pas le genre d'heureux présages que j'attendais. »
Le flambeur ne répondit pas. Ça tombait un peu trop près de la réalité. Il n'était pas sûr d'aimer ça. Peut-être que ce n'était pas une si bonne idée que ça d'évoquer le passé… Il reprit pourtant une carte, priant pour un changement de sujet.
Reine de pique.
« Une Veuve. Alors il est mort ? Votre père, je veux dire… » Elle avait l'air plutôt satisfaite. Enfin quelque chose de clair.
Il secoua légèrement la tête. Les vapeurs d'alcool étaient-elles déjà en train d'embrouiller son esprit à ce point, ou quoi ? Il n'allait pas commencer à croire ça seulement parce qu'une foutue carte le disait, hein ? Hein ? Il s'adossa lourdement à sa chaise avec un soupir quelque peu désabusé. Vraiment, ce n'était pas une bonne idée. Pas aussi marrant que ce qu'il avait cru.
Son père. Mort. Quelque part, ce serait presque réconfortant. La seule excuse acceptable pour le fait qu'il ne soit jamais revenu, même une seule fois, voir ses fils. Gojyo y avait beaucoup pensé pendant son enfance. Une sorte d'espoir ténu. Une prière récurrente, tard le soir dans son lit, en entendant au travers du mur les soupirs et les râles qui provenaient de l'autre pièce. Il va revenir et il m'acceptera. Je sais qu'il le fera. Il nous emmènera, moi et Jien. Et Elle, il La rendra assez heureuse pour qu'elle m'aime. Et…
Et il n'était jamais venu. Et chibi Gojyo attendait. Mais de vagues espoirs ne sont pas assez pour un enfant de cet age. Il avait demandé à Jien, un jour. Comment il est ? Est-ce qu'il va revenir ? Et Jien savait ce qui le poussait à poser cette question, bien sûr. Mais il n'avait pas de réponse à ça (lui-même connaissait à peine cet homme après tout), et quant à celles qu'il avait… Peut-être qu'elles ne feraient aucun bien à Gojyo. Alors, il avait souvent un sourire triste, et ébouriffait les cheveux de son petit frère.
Et ignorait la question.
Et Gojyo n'osait pas pousser plus loin le sujet.
« Alors tu as été élevé par ta mère. Comment elle était ? Belle ? » demanda-t-elle soudain au kappa. À voir le spécimen qui lui faisait face, elle était sûre que cette femme devait l'être. Bon sang, le flambeur n'était pas très bavard. Allait-elle devoir faire tous les frais de la conversation ? rumina la voyante. Mais elle restait curieuse, aussi.
Gojyo eut un rire forcé. Oui, c'est vrai. Il avait toujours pensé que sa belle-mère était magnifique.
« Une beauté fatale, » déclara-t-il. En fait, elle n'avait jamais été aussi belle que Ce Jour-là, les larmes coulant sur son visage quand elle avait essayé de le tuer avec cette hache.
Elle entendit l'amertume qui affleurait sous ces mots. Regarda d'un air absent une carte qu'elle avait tirée de son propre chef. Et se figea. Plissa légèrement les sourcils en la remettant dans le jeu à un moment où le flambeur ne faisait pas vraiment attention. Elle savait quand reculer. La Mort. La carte lui avait dit que ce passé était sombre. Chose qu'elle ne voulait pas savoir, et dont le type ne devait pas particulièrement tenir à se souvenir, c'est certain. Alors, autant changer de sujet. Elle entendit à peine Gojyo poursuivre sa réponse.
« De toute façon, c'était seulement ma belle-mère. »
Seulement ? pensa-t-il pourtant. Elle était presque tout, en fait. Celle dont il demandait une acceptation qu'il savait ne pouvoir recevoir. Seulement !
La femme ne dit rien. Elle sirota une gorgée du verre de vin qu'elle avait amené de son autre table. Pendant une seconde, elle fit doucement tournoyer le nectar sous ses yeux, le regard posé sur l'homme au travers du liquide à la riche couleur de grenat. Elle réalisa que ses cheveux, ses yeux, étaient exactement de la même couleur que l'alcool. Ho. Bien sûr. J'aurais dû le voir plus tôt. Hanyou. Un enfant de la solitude.
####end of interlude
Gojyo poussa un profond soupir dans la pièce vide. Il se sentait désemparé. Et ne savait pas ce qui le rongeait le plus. Le départ d'Hakkai ou ne pas en connaître la raison ? S'il n'avait pas été aussi saoul, hier soir, son esprit ne serait pas aussi brumeux aujourd'hui, et il serait capable de rassembler ses souvenirs… Puis il se rendit compte que cela n'avait aucune importance ; le vrai problème étant que le youkai aux yeux verts n'étant pas là, il ne pouvait pas lui demander. Son esprit en revenait toujours à ce point, comme un poisson rouge se heurtant sans fin aux parois de son aquarium. Une part de lui pensait qu'il devrait juste laisser tomber. Ce serait le plus simple. Le moins douloureux. Regretter quelque chose qu'on sait ne pas pouvoir avoir faisait certainement bien plus mal que de simplement l'oublier et reprendre son ancienne vie. Les gens vont et viennent. La vie continue quand même.
Des coups à la porte. Il se figea. Ça ne pouvait pas être aussi…facile. Pas encore une fois. C'était trop beau pour être vrai, mais il s'accrocha à cette petite lueur d'espoir tout de même, et se précipita vers l'entrée. Et s'arrêta net quand il vit le nouveau venu.
« C'est toi, » dit platement Gojyo.
« Je ne voulais pas venir, » répliqua sèchement le moine.
« Je t'ai rien demandé, namagusa bouzu. »
« Lui si, » renvoya le moine, pointant de son doigt un saru souriantqui se tenait à ses côtés.
Le hanyou soupira et les laissa entrer. Il n'avait pas vraiment le choix. Après des salutations bruyantes et quelques échanges d'insultes (Gojyo ne répondant que par la force de mois d'habitude et sans réellement y mettre beaucoup d'enthousiasme), l'enfant aux yeux d'or avait déjà disparu dans la cuisine.
Sanzo s'installa à la table de la pièce principale comme s'il était propriétaire des lieux. Mais il ne semblait pas d'humeur très communicative, puisqu'il ouvrit aussitôt son journal et se mit à ignorer le hanyou.
Gojyo se souvint que sa chemise était toujours en train de pendre inutilement dans sa main et l'enfila pour avoir l'air au moins vaguement décent, mais en oubliant de la boutonner. Il hésita un instant, puis s'installa à table avec le moine, tout en tripotant sans raison son mug de café maintenant vide. C'était bizarre. Aucun d'entre eux n'avait encore demandé. Ce n'était pas évident qu'Hakkai n'était plus là ? Ça lui sautait tellement aux yeux, à lui. Comment ne pouvaient-ils pas se rendre compte à quel point l'endroit semblait vide, tout à coup ? Il abandonna le fil de ses pensées quand il entendit la voix de Goku, en provenance de l'autre pièce.
« Le frigo est presque vide, » raconta-t-il au moine comme si ça allait l'intéresser. « Est-ce qu'Hakkai va bientôt revenir avec de la nourriture ? » ajouta-t-il en s'adressant cette fois à Gojyo.
Baka saru, il n'est pas sorti faire des courses ! Il est parti, tu vois pas ?
Il aurait dû dire çaMais tout à coup, Gojyo n'avait aucune envie de raconter. Il avait attendu le moment où il aurait été capable de cracher sa peine aux visages du moine et du saru, mais il ne pouvait pas. Parce que dire ces mots, c'était admettre que c'était vrai et qu'Hakkai ne reviendrait certainement pas. Et ces deux-là ? Est-ce qu'ils remettraient les pieds dans la petite maison, eux aussi, si l'ancien humain n'était plus là pour les accueillir ? Le hanyou en doutait fortement. Il essaya de se dire que cela lui importait peu (un moine enragé et un saru affamé : à qui ça pourrait manquer ?), mais…
Malheureusement, dérangé dans sa lecture par les jérémiades du singe et attendant maintenant lui aussi la réponse, le moine n'approuvait pas du tout ce silence, et son regard violet était plutôt déstabilisant. Peut-être que Blondie avait enfin senti, lui aussi qu'il y avait quelque chose d'anormal.
« Où est-il ? » demanda-t-il simplement, bien que l'accent de commandement dans sa voix soit impossible à ignorer.
Mais le hanyou fit comme s'il n'avait pas entendu, semblant chercher frénétiquement quelque chose dans ses poches. Pour allumer la cigarette qu'il venait juste de poser entre ses lèvres, semblait-il. Peut-être que ça lui ferait gagner un peu de temps, mais…
Gojyo entendit soudain un soupir exaspéré venant de l'autre bout de la table, et le son de quelque chose de métallique glissant vers lui à la surface de celle-ci. Le briquet de Sanzo. Cela surprit grandement le hanyou. Est-ce que vous imaginez un instant Genjo Sanzo prêtant son harisen (ou même son arme !) au saru par exemple ? Et bien, le briquet était presque aussi « sacré » et le kappa considéré comme pas plus digne de confiance… Gojyo s'empara tout de même l'objet argenté. Mais il ne se sentit pas vraiment mieux après la première bouffée de fumée. Pensant peut-être que le plus tôt serait le mieux, il décida simplement de laisser tomber et voir ce qui allait se passer. Il parla enfin. Peut-être avec un peu plus d'agressivité que nécessaire.
« Il est parti, c'est tout. Qu'est-ce que ça peut te faire ? »
Sanzo était sur le point de répondre sèchement (laissant définitivement tomber son journal) qu'il n'était pas aveugle et parfaitement capable de voir qu'en effet le youkai n'était pas là, quand il se rendit compte. Le hanyou avait l'air très déprimé. Il ne l'avait déjà vu qu'une seule fois dans cet état. Cela ne pouvait signifier qu'une chose. Hakkai n'était pas simpelemnt en ville. Il avait carrément disparu. Bon sang. Il fixa encore plus attentivement le visage du semi-youkai. La peau avait pris une couleur plus foncée sur une des pommettes, près des vieilles cicatrices…Un coup, devina-t-il. C'était pas bon. Ses yeux se plissèrent légèrement lorsqu'il gronda sa réponse sur un ton glacial :
« S'il veut faire quelque chose d'irraisonnable ou se mettre en danger, c'est son problème. S'il blesse quelqu'un, ça devient mon problème et malheureusement ma responsabilité puisque j'ai eu l'idée stupide de plaider pour lui devant les Trois Aspects. »
« Il ne ferait jamais ça, espèce de maudit bonze ! » s'emporta Gojyo.
Sans s'en rendre compte, il avait bondi de son siège et ses mains s'étaient posées sur la table, tandis qu'il se penchait vers le moine. Ses yeux pourpres brillant de fureur. Le kappa n'avait pas pu s'en empêcher. Il n'aimait pas la façon dont le moine avait dit ces mots. Comme si Hakkai était toujours un criminel en fuite. Ou le jeune homme instable qu'il avait connu sous le nom de Cho Gonou. Évidemment qu'Hakkai ne ferait pas de mal à une mouche ! Et il refusait de penser aux autres propos du moine ; il voulait croire qu'Hakkai allait bien où qu'il se trouve…
Sanzo se contenta juste d'expirer un épais nuage de fumée, le fixant froidement comme s'il le narguait. Vraiment ? semblait crier ce regard. Gojyo sentit le rouge lui monter au visage quand il réalisa ce que le moine regardait si fixement. L'ecchymose qui brûlait toujours sa face, bien sûr.
« Tu veux dire…Il est vraiment parti…parti ? »
C'était Goku, qui venait juste d'apparaître près du moine. Lui, au moins, semblait un peu triste. Et étrangement, cela fit disparaître la colère alors qu'un fort sentiment de perte le frappait à nouveau de plein fouet. Ses genoux se dérobèrent et il se retrouva à nouveau assis sur sa chaise.
« On m'a encore laissé tomber ! » résuma tout à coup le hanyou, s'appuyant sur son dossier, fataliste, sans vraiment les regarder. La réponse du moine le surprit.
« Je sais pas pourquoi tu te plains…T'as pas l'air d'avoir essayé très fort de le garder ici… » déclara-t-il, siiiii réconfortant, comme à son habitude.
Ces simples mots se mirent à tourbillonner dans l'esprit du kappa. Mais pour qui il se prenait ce moine corrompu pour adopter un ton si condescendant ? pensa-t-il d'abord avec colère. Mais toujours, le sens de ses paroles revenait le hanter. Essayer de garder Hakkai ici ? C'était pas si simple : il pouvait pas attacher Hakkai à son lit parce qu'il avait besoin de le sentir tout proche, quand même ! Ou est-ce qu'en fait, ça l'était ? Si simple ? Si facile qu'il suffirait juste de demander pour que le youkai revienne ? Et lui-même…Pourquoi il ferait ça ? Est-ce qu'il était prêt à supplier ? Mais en fait, la réponse était évidente : parce c'était ce qu'il voulait tellement fort, bien sûr qu'il serait prêt à ramper. Le seul problème, c'est qu'il en avait perdu l'opportunité en restant simplement à s'apitoyer sur lui-même, au lieu d'aller chercher ce qui manquait réellement ici !
Mais le doute ne s'efface pas aussi facilement. Parce que la plus grande interrogation restait Hakkai lui-même. Pourquoi quelqu'un comme l'ancien instituteur se contenterait de la vie médiocre que pouvait lui offrir un joueur de poker ? Bien sûr, il ne pouvait pas savoir avant de demander, mais… Ses mains volèrent jusqu'à son visage, au moment où il laissait échapper un rire d'autodérision. Ça y est ! Il recommençait ! Il abandonnait. Avant même que la partie ne commence. Pourtant, même pour la plus ridicule des rixes de taverne, c'était pas du tout son genre de laisser tomber sans se battre ! Mais sa vie privée, elle, c'était une succession sans fin d'abandons sans même combattre…
Il avait toujours pensé à la vie comme à un jeu de hasard. Après tout, il n'avait pas eu son mot à dire concernant sa naissance. Aucune maîtrise des évènements du passé qui avaient fait de son enfance et de sa vie ce qu'ils étaient aujourd'hui. Tout avait toujours été dicté par les choix des autres.
Son père. Qui avait décidé d'avoir une amante autre que sa femme, une humaine même. Qui avait décidé de quitter la maison et de laisser l'enfant illégitime sur les bras de son épouse.
Sa belle-mère. Qui avait décidé de le haïr. Qui avait décidé qu'il ne méritait pas de vivre.
Son frère. Qui avait décidé qu'elle avait tort, et qu'elle méritait de mourir pour cela. Qui avait décidé de l'abandonner aussi.
Et Gojyo ? Il les laissait faire comme ils l'entendaient et tachait de retenir ses larmes à chaque fois.
Pour la première fois, il considéra l'idée de n'agir selon rien d'autre que son propre vouloir. Même s'il fallait pour cela nager à contre courant, plutôt que de laisser le flot des évènements jouer avec lui. C'était tellement simple en sachant enfin ce qu'il voulait vraiment. Après tout, il avait toujours considéré que tricher aux cartes faisait partie du jeu. Alors pourquoi est-ce qu'il ne ferait pas pareil avec les cartes que distribuait le Destin ? La résolution grandissait doucement en lui.
« Tu sais ce que c'était, ta plus grave erreur ? Tu l'as pris pour acquis, pauvre fou… »
« C'est lui qui a dit qu'il ne partirait pas ! » répliqua vertement Gojyo, même en ne sachant pas vraiment si la phrase précédente avait été énoncée par Sanzo ou une de ses propres pensées. Dommage que sa réponse ait sonné un peu trop plaintivement. Mais le fait demeurait qu'il pouvait encore entendre le doux « Hai » qu'Hakkai avait murmuré le jour où il lui avait demandé de rester…Quel que soit le dénouement, il faudrait au moins qu'il rappelle ça au youkai aux yeux verts. Il avait promis.
« Je me suis toujours demandé pourquoi il restait ici, de toute façon… » dit à voix haute le namagusa bouzu, l'air pensif, mais dissimulant un sourire légèrement sarcastique derrière son journal. Ça ne l'empêchait pas d'observer Gojyo en train d'arpenter la pièce en cherchant diverses choses. Le hanyou se préparait à partir pour chercher Hakkai, manifestement. Il était temps…Et une mission de moins pour lui.
« Qu'est-ce que ça peut te faire, » répliqua le kappa avec le calme étrange de celui qui vient de prendre une décision. Ce qui était mieux que d'admettre que lui-même n'avait aucune idée des raisons de l'ancien humain, de toute façon…
« Si tu le ramènes pas, faudra que je le fasse moi-même. Alors ne te plante pas, » lança comme avertissement le moine, en guise d'au revoir.
« Et dis-lui… » Apparemment, le saru cherchait quelque chose à dire qui convaincrait Hakkai de leur revenir. « Dis-lui que sa cuisine me manque ! » ajouta brillamment Goku.
####Interlude 2 : ce que disent les cartes ####
Elle posa bruyamment son verre de vin sur la table pour briser le silence. Toujours à moitié absorbé dans ses pensées, le kappa regarda sans grand intérêt ses mains saisir une carte avec dextérité. Jusqu'à ce qu'elle la place juste sous son nez avec le sourire réjoui d'un enfant qui a trouvé un nouveau jouet.
« Amour, » assura-t-elle avec une pointe de triomphe. C'était l'as de pique. Il poussa un soupir. Merveilleux. Il choisit une autre carte pour accompagner celle-ci avec très peu d'enthousiasme. Elle y jeta un bref coup d'œil avec un sourire connaisseur indiquant clairement qu'elle trouvait que le résultat lui allait comme un gant…
« Je sais pas pourquoi c'est ce nombre spécialement, mais le sept de pic est celui pour l'infidélité ou… l'inconstance ! »
« Sept, hein ? C'est parce que c'est fait pour des gens comme moi : une femme pour chaque jour de la semaine… »fit-il avec le sourire d' incroyable suffisance du vantard invétéré. Elle eut un ricanement qu'elle étouffa dans son verre, mais à l'image du hanyou, son humeur s'était aussi tout à coup allégée, et elle se mit à le taquiner :
« Attends, on va voir si ça va durer ! » Il roula comiquement des yeux à ces propos dignes d'un rabat-joie, mais elle lui avait déjà fait choisir deux nouveaux augures.
« L'as de cœur est censé signifier un Foyer, » expliqua-t-elle.
« Une maison ? C'est marrant, j'ai même pas ça, moi ! » Y avait-il une pointe de regret dans sa voix ?
« Tu en auras une. Tu vas enfin t'installer quelque part ! » dit-elle avec assurance. «Tu ne veux pas connaître le cadeau qui va avec ? Le neuf de trèfles annonce un cadeau, tu sais ? » elle ajouta . Avec un large sourire, elle lui présenta l'éventail des cartes restantes pour qu'il fasse son choix.
« Ho, ho. Valet de trèfle. »
« Quoi ? » demanda-t-il parce qu'il n'aimait paaaaaas du tout le regard qu'elle lui lançait.
« Les cartes disent que c'est un jeune homme aux cheveux bruns, suis désolée ! » avait-elle rétorqué, éclatant soudain de rire à la vue de son visage décomposé.
« Magnifique ! T'avais raison : comme tu dis, tu vois que des mauvaises nouvelles ! » avait-il répliqué avec froideur… Elle s'était encore esclaffée, des larmes de rire brouillant sa vision et s'étranglant presque dans son verre. Parce que c'était tellement hilarant, cette drôle de tête du kappa !
« Et je vois du vert, un très beau vert émeraude ! » ajouta-t-elle fièrement. « Les yeux, je dirais : je n'ai encore jamais rencontré personne avec une peau verte, et j'attends toujours pour les cheveux verts, d'ailleurs… »
« Et comment tu vois le vert, d'abord? C'est que des cartes ! » avait-il demandé avec dédain, évidemment.
« Une question de couleurs complémentaires… » avait-elle dit, se penchant au-dessus de la table pour saisir une mèche écarlate entre ses doigts. « Tu veux en savoir plus sur lui ? Alors vas-y ! Tire d'autres cartes ! »
Il était plutôt irrité mais finalement, il eut bien à s'exécuter… Mais la voyante se calma soudain à la vue des nouvelles cartes. Elle parla d'une voix très douce :
« C'est un veuf. C'est ce que dit le roi de pique. Quant au huit de pique, il montre que trouble et mélancolie étendent leur ombre sur lui. »
Il aurait pu encore se plaindre de la stupidité de tout ça. Pourtant, au lieu de cela… Ça expliquerait pourquoi nous sommes destinés à bien nous entendre tous les deux, avait-il étrangement pensé.
Le jeu des prédictions durant encore un peu avec toujours autant de révélations improbables. Et pour Gojyo, qui n'avaient réellement aucun sens. À la fin, il se sentait même légèrement mal à l'aise : c'était tout ce que valait sa vie, quelques cartes éparpillées sur une table ? C'était pas grand-chose. Et parce qu'il ne voulait pas croire que le futur était déjà écrit, il rumina sa colère en lui avec l'alcool qu'il avait déjà ingurgité. Pour finir, il gronda juste :
« Tout ça c'est des conneries de toute façon ! »
« On parie ? Je me souviendrais de tout, tu sais ? » dit-elle dans un sourire, mais déjà un peu endormie elle-même. « Fais confiance au cœur et à la chance ! » ajouta-t-elle en guise d'au revoir quand ils se déparèrent.
« Quel cliché, » avait-il déclaré.
« Atrocement cliché. Mais même dans le pire, il y a toujours un part de vérité, autrement ce ne serait pas un cliché, » elle nota comme une évidence.
« Lequel au fait ? »
« De cœur ? Pas ceux des cartes, celui qui est dans la poitrine… »
« J'y connais rien à çui-là ! » gémit-il bruyamment comme seul un ivrogne le peut.
« Tu le trouveras sur ta route, un jour ! On ne sait jamais sur quoi on peut tomber… »
####end of interlude
Prenez la nuit où il avait rencontré Hakkai, par exemple (bien sûr, il était toujours Cho Gonou à l'époque). Mais quelle idée il avait eue de ramener le type à la maison, de prendre soin de lui, de le protéger ensuite des gens venus pour l'arrêter, et suivre encore le fuyard après ça ? Certains jours, il pensait que c'était le sourire. Celui de quelqu'un qui sait qu'il va mourir, et même prêt à mourir sans doute. Sha Gojyo faisait souvent l'exact contraire de ce qu'on attendait de lui. Mais vraiment, cette nuit-là, c'était la décision la plus étrange qu'il ait jamais prise. Pourtant, la raison n'en était pas le sourire…C'était une question de couleurs complémentaires. Malgré la pluie, malgré l'obscurité, il avait bien noté la couleur des yeux de l'étranger. Vert. Un vert émeraude. C'était la première fois, et ce depuis fort longtemps, qu'il ne prenait pas une décision sur un pari.
Comme c'est vrai…. On ne sait jamais sur quoi on peut tomber… C'est à ça que Gojyo pensait en quittant la maison dans la forêt…
Reviewer's corner et author's ranting :
1) intrigue : oui, je sais, elle avance pas beaucoup et quasiment toutes les questions restent posées…(retourne se cacher). Je voulais travailler un peu sur Gojyo et la façon dont il considère sa vie, désolée, avant de conclure l'histoire. Les interludes sont longs et devaient faire une fic à part au départ. Mais le thème du jeu collait bien, alors j'ai tout intégré. Remarquez, même Sanzo et Goku n'étaient pas censés apparaître ici… Encore toutes mes excuses. Les réponses sont toutes dans le chap 3, je vous rassure. À dans une quinzaine !!!
2) Grammaire et édition : Je m'excuse pour les coquilles et autres fautes d'orthographe. Pourquoi est-ce qu'on les repère toujours après avoir loadé ??? Quand à la façon dont le texte apparaît : les italiques et les caractères gras risquent d'être très aléatoires. Je peux plus utiliser le quickedit, tant que je serais pas passée à Mac OS X (longue histoire). Donc si la mise en page du texte vous gêne trop, je peux envoyer mon doc, il suffit de demander (seagull at 9 on line . fr , en oubliant pas d'enlever les espaces). Vous noterez que malgré les crises d'apoplexie de mon correcteur d'orthographe, Gojyo n'utilise jamais les « ne » des négations : c'est normal, je l'imagine mal parler aussi bien qu'un sensei comme Hakkai…
3) Ha, mes chers lecteurs, vous êtes tous si gentils (gros calins) :
Gabrielle : (arrête de t'excuser, c'est pas grave…) merci pour le courage, il me reste encore la partie trois à mettre en français. Pour le lemon…COMBIEN de fois faut que je dise que je n'écris pas de lemon (sourire version psycho-Hakkai)???
Mellyna : bon, je suis bonne fille, je t'ai laissé Hakkai jusque-là. Mais j'en ai vraiment besoin pour la troisième partie, tu sais ? Pleeeeeease ! Et pour les gènes (lol), c'est toi le doc, c'est à toi de me dire !!!
JLG : Là, tu vois ? Il déprime juste…Pas de séquelles à vie…Tout ira bien ! Mais merci de t'inquiéter pour eux, ils ont été très touchés…
Alia Zanetsu (joli nom !) :Voilà, il décide d'aller chercher sa « propriété ». Satisfaite ???
Chibi-Fanny : (tend des kleenex à la petite chose piaillante au creux de sa main) Là, là…C'est la suite, et y'en a encore après, très vite…Calme-toi…Ravie que tu aimes, en tout cas…
