Chapitre quinze : guerre ouverte

Yoh et son groupe, suivi de Hao, retournèrent jusque dans l'immeuble, dont la façade avait laissé place à un trou béant. Ils s'y engouffrèrent les uns à la suite des autres et se réunirent tous dans le salon. Ryu se laissa tomber sur le canapé, imité en cela par Horohoro et Manta, puis ils soupirèrent tous en cœur.

-Ca m'énerve de le dire, mais il est fort. Très fort !

-C'est toi qui est trop faible, cingla Anna.

-Quoi.... ? Comment peut tu dire ça ?

Horohoro éclata en sanglots. Yoh s'approcha et lui posa une main réconfortante sur le bras.

-Allons, allons Horo ! Tu es un grand garçon. Et ça pleure pas un grand garçon !

Hao ne put se retenir et il éclata de rire.

-Vous êtes vraiment des comiques !

Réfrénant au possible son fou rire, il parvint au prix d'un colossal effort à retrouver son sang froid.

-Cependant Horohoro n'a pas tort. Et quoi qu'en dise Anna, il est un des shamans les plus fort au monde. Mais ce n'est pas suffisant.

-Comment le sais tu toi ? cracha Anna.

Toute cette histoire commençait à l'énerver sérieusement. Elle avait très mal dormi et à peine réveillée, un cinglé avait failli faire sauter sa maison !

-Calme toi Anna, dit Yoh. Je crois comme Hao. Malheureusement pour nous, même si nous avons récupéré une grosse partie de notre puissance originelle, une partie est encore retenue par les barrières. Et Shoan, puisque c'est lui qui l'a posée, a pu s'en débarrasser entièrement. Il est plus fort que chacun de nous !

Anna grogna et s'en alla vers la cuisine.

-Je vais faire du thé. Vous en voulez tous ?

Tous acquiescèrent. Une tasse de thé leur éclairerait peut être l'esprit.

Hao se dirigea vers la porte.

-Où vas-tu ?

-Voir le reste de mon groupe. Je dois savoir si ce que Shoan nous a dit est vrai.

-Tu ne peux pas faire ça, dit Faust, parfaitement calme.

-Et pourquoi pas ? S'emporta Hao. Ce sont mes amis, je ne vais pas les laisser mourir comme ça !

-Justement parce que si c'est vrai, tu les tueras tous en t'en approchant.

Hao n'ajouta rien, mais il dut reconnaître que ce que disait Faust était vrai.

-Zut, dit il en se laissant tomber dans le sofa. Comment savoir alors ?

-J'irais moi, dit Yoh.

-Non boss ! Ils vont vous attaquer si vous y aller.

-Pas si je leur dis que je viens de la part de Hao. Pas vrai ?

-Oui, sûrement, mais comment leur faire savoir ?

Personne n'avait de réponse.

-Donne lui ta cape.

Tous se tournèrent d'un même mouvement vers Anna qui venait de rentrer dans la pièce avec un plateau.

-Ben quoi ? Il la reconnaîtrons, non ?

-Mais oui !

Hao se leva et enleva sa cape de ses épaules. Puis il la tendit à Yoh.

-J'y vais et je reviens.

Il se rua vers la porte, que les autres entendirent s'ouvrir puis se refermer. Puis elle se rouvrit.

-Et gardez moi une tasse de thé !

Anna sourit. Même après sa « résurrection », Yoh restait Yoh. Et c'était tant mieux.

Yoh se mit à courir le plus vite possible. Il devait se dépêcher.

-J'espère qu'ils ne sont pas...contrairement à ce qu'à dit Shoan, je n'ai pas confiance en lui.

Il arriva rapidement en vue de l'immeuble du groupe et se mit à agiter la cape en hurlant.

-You ouh ? Y a quelqu'un là-dedans ?

Yoh vit une ombre passer devant une fenêtre, puis la porte s'ouvrit lentement, l'invitant à entrer. Yoh s'avança, fier que l'idée d'Anna est marchée si facilement. Arrivé près de la porte, il l'ouvrit en grand et entra.

-Où êtes vous ? Je m'attendais à une réception avec gâteaux et champagne, moi.

Une paire de bras l'attrapa, tandis qu'on tentait de le bâillonner.

-Je plaisantais ! C'est pas grave si y a pas de gâteaux !

Un coup sur la tête lui fit perdre connaissance. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était sur une chaise, ficelé comme un saucisson.

-Vous vous réveillé enfin, maître Yoh.

Yoh reconnu Rakist, le prêtre.

-Désolé de ce traitement, mais on ne pouvait pas prendre de risques. Tao Ren est venu nous attaquer plus tôt et....

-Alors c'était bien vrai ?

-Pardon ?

-Détachez moi et je vous dirais tout !

Rakist semblait hésiter.

-Vous comprenez, j'ai la garde du groupe et...

-J'ai amené la cape d'Hao pour vous montrer que je viens de sa part.

Il montra d'un signe de tête le vêtement au sol. Rakist s'en approcha et le prit avec soin.

-C'est bien la cape de maître Hao. Pas de trace de lutte. Je vous crois.

Il s'approcha de la chaise et sectionna les liens.

-Et maintenant racontez moi tout.

Yoh s'exécuta. Il raconta tout, de Hao accueilli dans le groupe à la déclaration de Shoan et au combat.

-Oui c'est en effet ce que Tao Ren nous a dit après nous avoir tous vaincu. Il a pointé sur doigt sur le cœur de chacun de nous, puis il a dit en riant :

-Je vous ai placé un dispositif mortel sur le cœur. Si vous chercher à revoir Hao, vous mourrez tous !

Opacho hocha gravement la tête.

-Ne t'inquiètes pas Opacho. On va vous en débarrasser, je te le jure.

Opacho sourit, d'un sourire confiant.

-Mais comment ? dit Rakist. Si même maître Hao a perdu face à ce Shoan, comment voulez vous faire, vous qui êtes si faible ? Sans vouloir vous blesser bien sûr.

-Ne t'inquiètes pas Rakist. Nous ne somme plus faible ! Assura Yoh en sortant. Restez ici et n'essayait pas de voir Hao. Il va bien. Je reviendrais bientôt.

Yoh sortit de l'immeuble rassuré, et se dirigea vers celui de son propre groupe. En chemin, il pensa. Il pensa à ce combat qu'il avait perdu avant même de se battre. Comment pourrait il battre Shoan dans ces cas là ? Perdu dans ses pensés, il n'entendit pas tout de suite les bruits de lutte au loin. Lorsqu'il vit des oiseaux s'enfuir à tire d'ailes, il réalisa que quelque chose de grave se passait. Il accéléra le pas, puis se mit à courir en comprenant que ça venait de l'immeuble.

-Qu'est ce qui se passe encore ?

Il traversa la forêt au pas de course, et lorsqu'il arriva à l'orée de cette dernière, un épais écran de poussière lui boucha la vue, le faisant tousser. Il s'y engouffra, une main sur la bouche, l'autre protégeant ses yeux de l'irritante matière. Un cri se fit entendre plus près qu'il ne l'aurait cru.

-Ryu ?

Il se mit à courir. Puis il déboucha d'un coup sur le champ de bataille. Il vit de suite que Shoan était responsable. Il trônait au milieu de la scène, un regard mauvais pendu aux lèvres, son regard de dément parcourant cette scène macabre. Car devant lui gisait Ryu, Horo Horo, Faust, Lyserg et...Anna. Yoh se précipita sur elle, et mesura son pouls.

-Elle vit ne t'inquiètes pas, dit Shoan.

-Pourquoi, cria Yoh, les larmes aux yeux devant ses amis mourants

-Parce qu'ils m'ont empêcher de me venger, expliqua Shoan avec un calme déroutant, comme si il avait seulement fais un peu de ménage. Ils ont aidé ton « frère » à s'enfuir, couvrant sa fuite. Le lâche.

Yoh coucha Anna sur le dos, s'assurant qu'elle pouvait encore résister un peu.

-Vas-t-en. Tout de suite, dit il.

-Comment ? Comment peux tu espérer me faire plier à tes désirs ? Je suis cent fois plus fort que toi.

Yoh le savait bien. Mais il devait les protéger tous. Son regard se posa sur Ryu, puis fila sur HoroHoro, Lyserg et enfin sur Anna. Lorsqu'il leva la tête, des larmes coulaient le long de ses joues.

-Pars. Maintenant. Je dois les sauver.

Shoan éclata de rire, puis il se rua sur Yoh, tirant sa lame. Yoh disparut un instant et réapparu derrière lui, son over soul près à tuer.

-Vas t'en. Je n'ai pas d'énergie à user pour toi.

Shoan, des sueurs froides dans le dos, le regarda, l'air hébété. Puis il sourit et disparu dans un claquement sec. Yoh brisa son over soul et s'approcha de Faust. Il tâta son pouls. Il bâtait faiblement.

-Réveille toi, le supplia-t-il. Je ne peux pas faire comme toi.

-Moi si, dit quelqu'un en posant sa main sur son épaule.

Yoh se retourna et vit Silva debout derrière lui.

-S...Silva ?

-Pousse toi.

Le pache posa ses mains sur le corps de Faust et une lumière brillant l'éclaira, puis disparu. Faust se releva, l'air surpris.

-Que c'est il passé ?

-Dépêche toi, Faust. Aide Silva. Nos amis sont blessés.

Comme se réveillant d'un grand rêve, Faust se frotta les yeux et s'approcha de Lyserg, qui se releva quelques instants plus tard. Là-bas, Yoh vit Ryu se relever à son tour.

-Yoh...

Il se tourna vers Faust, penché sur Anna.

-Pourquoi tu ne la soigne pas ? demanda-t-il.

-Je...Je ne peux pas Yoh.

-Qu...Quoi ? Pourquoi ?

-Elle...Elle est morte !