Chapitre 1

La jeune fille marchait dans la rue. Sûre d'elle et l'air rebelle, elle faisait fuir les passants. Non pas qu'elle était laide, au contraire, mais son attitude la rendait hostile. Ses cheveux châtain foncés, et sa tenue noire faisaient ressortir ses yeux améthyste. Pourtant au fond d'elle, la jeune fille était pensive. Elle s'arrêta devant une petite maison d'aspect coquet, et y entra.

Elle déposa ses affaires de classe dans le couloir, et alla vers la cuisine. Une jeune femme s'y trouvait. Elle lui sourit gentiment.

«

Bonsoir Thalia ! Tu rentres juste pour manger ! Ton père ne va pas tarder à arriver. Tu vas bien ?

Salut Hilde, mouais ça va. J'en ai marre du collège...Préviens-moi quand on passe à table, je monte. »

Abrégeant la conversation, elle prit ses affaires, et monta dans sa chambre. Elle se coucha sur son lit, et observa les deux posters qui étaient accrochés au mur d'en face. Ils représentaient des gundams qui avaient participés à la fin de la guerre, il y avait presque 15 ans. Thalia les connaissait tous pour en avoir entendu parler en cours d'histoire, mais ses préférés étaient le Deathscythe Hell et l'Escalibur. Elle n'aurait pas su définir pourquoi elle était attirée par ces armures, mais elle se sentait proche d'elles.

Elle n'avait pas connu la guerre. Elle était née six mois avant que celle-ci ne finisse et n'en avait aucun souvenir. Tout comme elle ne se souvenait pas de sa mère. A cette pensée, Thalia sentit un pincement au cœur et eut les larmes aux yeux. Son père ne lui parlait jamais de cette femme qu'il avait aimée et qui était morte en lui donnant naissance. Il évitait le sujet et semblait se renfermer sur lui-même. Elle entendit la porte d'entrée qui se refermait en bas. Il devait être rentré. Elle sécha ses larmes, et descendit.

POV Thalia

Mais pourquoi la vie est aussi injuste ? Tout le monde a des parents normaux sauf moi. Je n'ai que mon père et sa meilleure amie qui sert de mère de substitution.

Un homme l'attendait. Il avait des yeux rieurs où passait parfois une lueur de tristesse, et une longue natte lui battait les reins. Il était vêtu d'un bleu de travail et avait les mains pleines de cambouis. Thalia sourit en le regardant : bien qu'il ait eu 30 ans, il agissait comme un petit garçon, même s'il pouvait parfois être très sérieux.

«

Alors fifille ? Contente d'être rentrée ?

Oui, p'pa ! répondit-elle, en l'embrassant sur la joue.

Cool alors ! Comme c'est le week-end, je vous emmène toutes les deux au ciné après manger ! On va s'éclater pour une fois !

Duo, j'ai prévu autre chose ce soir, dit Hilde.

Duo eut l'air un peu déçu, mais prit bientôt un air malicieux et s'approcha de Hilde.

Serait-ce un rendez-vous galant ???? Alleeeeeeeeez ! Dis-le nous !!!!!

Oui, on veut savoir !!! Continua Thalia.

Heu...Ben c'est juste un collègue de travail, c'est tout.

Mouais on dit ça, un « collègue de travail ». Dis-moi Thalia, tu lui permets de fréquenter un « collègue » ?

J'en sais rien, du moment qu'elle ne nous abandonne pas, et puis si elle est heureuse, bien sûr, parce que sinon c'est nous qui allons nous occuper du « collègue », répondit Thalia entrant dans le jeu de son père.

Bon, Hilde, vas te préparer, c'est d'accord ! »

Duo fit un grand sourire. Il était content que Hilde fréquente quelqu'un. Elle l'avait aidé après la mort de Lana et elle s'était consacrée à l'éducation de Thalia. Ils avaient failli sortir ensemble, mais Duo avait réalisé qu'il n'éprouvait qu'une grande amitié pour elle et au fond de lui, il espérait que Lana était encore vivante même si c'était peu probable. Il regarda sa fille. Elle avait les mêmes yeux que lui, de longs cheveux bruns qu'elle nouait en tresse, mais aussi le caractère de sa mère. Elle pouvait être très froide comme très chaleureuse. Et surtout elle était magnifique. A 14 ans, elle en paraissait 18 et faisait des ravages auprès de la gente masculine.

Thalia se sentit observée par son père. Elle ne s'en étonna pas, mais décida de profiter de la soirée qu'ils allaient passer ensemble, pour lui poser toutes les questions qui lui trottaient dans l'esprit depuis un moment. Elle était à un âge où elle pouvait comprendre certaines choses. Elle voulait plus de renseignement sur sa mère, autre que la photo que son père lui avait donné un jour. Sur celle-ci, Lana était avec Duo. Elle avait les cheveux courts, ébouriffés, et Duo la regardait comme s'il n'y avait qu'elle au monde. La jeune fille se demandait comment sa mère était à son âge. Hilde lui avait dit qu'elle avait le même caractère que sa mère, que celle-ci avait mis du temps avant d'admettre ses sentiments pour Duo, mais qu'après ils étaient devenus inséparables.

Hilde partit pour son rendez-vous. Elle avait fait réchauffer des pizzas. Duo s'était changé et s'attabla avec sa fille. Il avait remarqué qu'elle était soucieuse en ce moment, et qu'elle semblait vouloir se rebeller. Il décida d'en savoir plus. Cette soirée était un bon prétexte.

«

Alors, Thalie, ça marche le collège ?

Comme d'hab. Et toi, le garage ?

Tout va bien, j'ai embauché deux gars pour m'aider. On va pouvoir passer un peu plus de temps ensemble.

Duo avait en effet repris la direction du garage où il s'était fait embauché après la guerre.

Et les amours ? Tu as toujours autant de prétendants ?

Les garçons de mon âge sont bêtes. Papa ?

Oui ?

Pourquoi toutes ces questions ?

Hé bien...Je te trouve pensive et triste en ce moment. J'aimerais savoir pourquoi.

« Parce que tu ne me parles jamais de ma mère, et que j'ai besoin de m'identifier à elle, de savoir comment elle était. Je me sens coupable de te l'avoir enlevée. » Pensa-t-elle.

Oh, rien de grave, des problèmes d'ados.

J'ai eu des problèmes d'ados et en principe ça ne durait pas longtemps. Mais là, y a un truc qui cloche chez toi.

Papa, pourquoi tu ne me parles jamais de maman ?

Duo poussa un soupir. Alors c'était ça. Elle se posait des questions sur sa mère. Hilde lui avait dit qu'elle cherchait à en savoir plus.

Parce que ça me fait mal.

La réponse était franche. Thalia hésita puis décida de continuer son interrogatoire.

Comment elle était ? De caractère ?

Elle était belle. Mais au début, quand je l'ai connue elle était tellement distante que j'ai cru qu'elle ne m'adresserait jamais la parole. Et puis, au fur et à mesure, elle est devenue plus sympa, et elle plaisantait même ! Tu lui ressemble beaucoup tu sais.

Merci.

Un silence s'installa entre eux.

Bon, on devrait y aller. Sinon le film va commencer sans nous ! »

POV Thalia

Je n'aurais jamais cru voir une aussi grande tristesse dans les yeux de mon père lorsque je lui posais des questions sur Maman. Il l'aime encore après 14 ans et souffre toujours de sa disparition. Mais ça n'empêche pas que je veuille savoir qui elle était et comment elle se comportait à mon âge, j'en ai le droit !

POV Duo

Ils m'avaient bien prévenus tous que ma fille se poserait des questions si je ne lui parlais jamais de sa mère. Mais s'ils savaient combien je souffre lorsque je pense à elle, quand je vois ma fille se comporter comme elle, et quand je revoie ce qu'il s'est passé il y a 14 ans. Je n'y arrive pas, ne me forcez pas.