Disclaimer : Poudlard, Sainte-Mangouste, Severus Rogue, Albus Dumbledore, Vous-savez-qui, les Mangemorts appartiennent à J.K. Rowling, et je ne les emprunte pas à des fins douteuses... Le reste est à moi ! je crois que les esquimaux au citron appartiennent au domaine public !


Réponses aux reviews :

Cixy : pas grave pour le chapitre précédent ! Je suis passée par la P1, je sais ce que c'est ! (OUF c'est fini !! Enfin, je ne voudrais pas t'affoler mais il y a à peu près autant de boulot en P2 qu'en P1…) Dumbledore EST le maître ! C'est lui qui va tirer les ficelles à présent, pour notre plus grand plaisir à tous ! (pour le mien en tous cas !) Il veut que Severus et Blanche se consolent mutuellement et il a de grands projets pour ça !

Petite Dilly : c'était le passage dramatique de l'histoire. Mais le reste sera beaucoup plus léger. Ben oui, c'est quand même triste qu'il n'arrive que des aventures terribles à ce pauvre Severus. Ce serait bien s'il avait droit à une pause romantique pour une fois, non ? Pour la longueur des chapitres, je ne calcule pas vraiment, mais il est vrai que j'ai tendance à faire court !

Le loup à la lune : merci ! Moi ? Du chantage à la review ? OK j'avoue, mais si c'est le seul moyen de mobiliser les admiratrices du prof de potions le plus sexy de tous les temps (comment ça je n'en connais pas d'autres ???)

Bohemio : merci ! Moi aussi j'aime beaucoup Blanche et j'espère bien convaincre notre adorable prof de potions que j'ai raison !

Bonne lecture à toutes les admiratrices du séduisant Severus Rogue et à tous les amateurs d'esquimaux au citron !!



Épisode 6 : "La joie de vivre"

"La joie de vivre" est un le douzième tome de la série des Rougon-Macquart d'Émile Zola. J'adore ce livre, mais je n'ai jamais un ouvrage qui porte aussi mal son nom ! L'héroïne, Pauline Quenu (la fille des protagonistes du "Ventre de Paris") est orpheline toute jeune. Elle est recueillie par des gens très sympas, mais aussi très dépensiers. Elle croit jusqu'au bout qu'elle va se marier avec le fils de la famille en question, qu'elle aime beaucoup, mais qui finit par en choisir une autre. Résultat, elle se retrouve presque dépossédée de tous ses biens, vieille fille, et cantonnée au rôle de bonne copine... La joie de vivre, quoi ! (en fin, je suppose qu'elle a beaucoup de volonté pour rester souriante malgré tout ça...)

Ici, je n'ai fait que reprendre le tire, parce que ce chapitre est sensé être plutôt joyeux et léger !!


- Ah, Severus ! Comment allez-vous ? lança joyeusement le professeur Dumbledore en s'asseyant à la table du petit déjeuner.

Rogue grogna un "bien" presque aimable.

- Parfait, parfait ! reprit le directeur. Les remèdes de notre nouvelle infirmière sont très efficaces, n'est-ce pas ?

Rogue acquiesça par pure déférence envers son supérieur, tout en pinçant les lèvres d'une manière fort expressive. Certes, depuis une semaine que ces trois énergumènes en culottes courtes avaient volontairement saboté leur potion, aucune de ces horribles pustules mauves n'était réapparue. Mais ce n'était pas pour autant qu'il se résoudrait à complimenter l'infirmière !

De toutes façons, ils s'évitaient soigneusement depuis une semaine. Depuis qu'elle avait vu la marque, depuis qu'elle avait compris… Ils semblaient s'arranger tacitement entre eux pour se trouver les plus éloignés possible à toute heure de la journée.

Il n'y avait au qu'un seul soir où ils avaient été obligés de se parler à cause d'un élève de première année de sa maison, qui avait eu l'idée saugrenue de faire une escapade nocturne dans la Forêt Interdite et en était revenu assez blessé. Cette femme avait absolument tenu à aller le chercher elle-même, en dépit des imprécations du directeur, sous prétexte que "son don avec les créatures magiques la protégeait"… Imprudente ! Elle aurait pu se faire tuer ! Et la responsabilité en aurait incombée au directeur, alors qu'il n'y était pour rien… Enfin, ce n'était pas son problème, qu'elle reste en vie ou non. L'incident n'avait fait que le faire passer pour le professeur incompétent et irresponsable, incapable de surveiller les élèves de sa propre maison…

Par la suite, personne n'avait reparlé de "l'incident" de la marque. Personne n'en avait eu envie. Elle, elle devait être trop effrayée par ce qui l'attendait si elle parlait. Quant à lui, tout ce qui était susceptible de lui rappeler sa condition était, par définition, mal venu.

- Hmm… Severus ? demanda le directeur avec un petit air étrange, en levant le nez de sa tasse de thé.

- Oui, Monsieur le Directeur, répondit poliment le professeur.

- Je voulais vous poser une question…

Une lueur de malice brilla derrière ses lunettes en demi-lune. Rogue retint un soupir d'impatience.

- Eh bien… reprit Dumbledore, un peu hésitant, mais toujours souriant. Voulez-vous un pain aux raisins ?

Rogue fronça un sourcil et prit une viennoiserie dans la corbeille qu'on lui tendait.

- Merci. C'était votre question ? demanda-t-il, pas dupe.

Le directeur eut un petit rire sonore.

- Non, non… Bien sûr… En fait, je voulais savoir si vous aviez prévu de faire quelque chose ce week-end ? (A/N : et pas d'idées déplacées ! Ca existe des slash Rogue x Dumbledore ???)

Rogue fronça clairement les deux sourcils. C'était quoi cette question bizarre ?

- Non, répondit-il, toujours aussi poliment, mais avec une pointe d'exaspération. A part la correction d'une cinquantaine de copies, je n'ai rien à faire.

Il hésita un instant, puis ajouta :

- Puis-je vous demander pourquoi, Monsieur ?

- Vous n'avez rien de prévu ? s'exclama le directeur visiblement ravi. Tant mieux ! En fait, j'ai un emploi du temps très chargé et j'avais quelques courses à faire sur le Chemin de Traverse. Alors, je me demandais si…

Il s'interrompit.

- Si je pouvais y aller pour vous ? continua le professeur de potions en évitant de soupirer.

- Exactement, Severus ! répondit Dumbledore avec un grand sourire. Ca ne vous ennuie pas n'est-ce pas ?

- Non, il n'y a aucun problème, dit Rogue sur un ton un peu crispé. C'est toujours un plaisir de vous rendre service, Monsieur le directeur.

- Merci beaucoup ! Tenez, voici la liste des choses dont j'ai besoin, il ne s'agit que de quelques livres, mais j'en ai un besoin assez urgent. Merci beaucoup !

Il se leva et lui tapota gentiment l'épaule, comme il l'aurait fait à un élève. Rogue ne put réprimer un long soupir en voyant la quinzaine de livres qui étaient inscrits sur la liste. Comment pouvait-on avoir un besoin urgent de quinze livres ?

Dumbledore quitta la table, fit quelques pas, mais revint en arrière.

- Au fait, j'ai reçu une lettre de Pompom hier. Ses problèmes sont heureusement résolus et elle rentrera lundi matin pour reprendre ses activités.

- Vraiment ? s'écria Rogue.

C'était apparemment la meilleure nouvelle qu'il avait reçue depuis une éternité.

On était vendredi. Plus que trois jours à supporter cette satanée infirmière à la curiosité presque indécente…

- J'ai pensé qu'on pourrait organiser une petite fête d'adieu pour Blanche, dimanche, proposa le directeur. Qu'en dites-vous ?

Rogue sourit, satisfait de lui-même.

- C'est une excellente idée ! Quel dommage, je serai sur le Chemin de Traverse et je ne pourrais pas y assister pour lui témoigner toute ma…ma… reconnaissance, termina-t-il avec un rictus peu sympathique.

- Oh, vous pensez y aller dimanche ? demanda Dumbledore, d'un air contrarié.

- Hmm… Oui, il faut que je corrige mes copies demain, ce qui ne laissera pas suffisamment de temps pour aller faire vos emplettes…

Dumbledore hocha lé tête, paraissant réfléchir activement.

- En effet, c'est bien dommage… Enfin, parfois les choses s'arrangent ! Avec un peu de chance, vous pourrez vous libérer…

- Oui, avec un peu de chance


Le vénérable directeur de Poudlard se dirigeait en chantonnant vers l'infirmerie. D'un pas joyeux, il entra sans frapper. Blanche s'affairait autour d'un petit garçon dont les bras étaient couverts de bandages.

- Oh, bonjour Mr Dumbledore ! Excusez-moi, je ne vous avais pas entendu frapper…

Le directeur lui sourit.

- Bonjour Blanche ! Je venais simplement prendre des nouvelles de notre jeune patient…

Le garçon en question, un Serpentard e première année, rougit sous les regards combinés de l'infirmière et du directeur.

- Sean va très bien à présent ! s'exclama Blanche. Je pense qu'il pourra sortir cet après-midi. Les griffures de ronces nocturnes cicatrisent très bien. N'est-ce pas, Sean ?

Le garçon hocha la tête timidement.

- J'ai laissé des instructions détaillées, ajouta-t-elle, avec tous les dossiers des élèves qui sont venus me voir. Et ceux des professeurs aussi…

- Bien, bien… Quel dommage que vous nous quittiez déjà ! soupira Dumbledore. Vous rentrez en France, je présume ?

- Euh… Oui, je pense chercher une nouvelle place là-bas…

Dumbledore parut hésiter un instant.

- Hmm… Blanche, finit-il par dire. Pourriez-vous m'apporter le dossier de ce jeune homme; s'il vous plait ?

- Bien sûr, Monsieur.

Elle disparut dans la pièce adjacente. Le directeur se dirigea aussitôt vers une étagère sur laquelle plusieurs fioles colorées étaient posées. Il en subtilisa une et la cacha discrètement dans l'une de ses poches. Lorsqu'il remarqua que le jeune Serpentard le regardait avec des yeux ronds, il posa un doigt sur sa bouche pour lui demander de garder le silence.

Blanche revint quelques instants plus tard et lui tendit un dossier peu épais. Dumbledore la parcourut rapidement des yeux.

- Vous ne vous aventurerez plus dans la Forêt Interdite, n'est-ce pas Sean ? Je suppose que cette aventure vous a servi de leçon?

L'élève baissa les yeux, visiblement honteux.

- Ne vous inquiétez pas, mon garçon ! reprit gaiement le directeur. Il n'y aura pas de séquelles !

Il lui fit un clin d'oeil complice.

- Au fait, Blanche, poursuivit-il d'un ton neutre. J'ai remarqué qu'il n'y avait plus d'élixir anti-bleu dans vos réserves…

Il pointa de l'index l'étagère sur laquelle il venait de dérober une fiole. Blanche parut surprise. Elle s'approcha de l'étagère, sourcils froncés.

- Effectivement. C'est étrange, je ne l'avais pas remarqu

- Il faudrait renouveler le stock avant le retour de Mme Pomfresh. C'est un remède qu'on utilise souvent !

- Bien sûr… Et bien, je crois qu'il ne me reste plus qu'à aller en acheter demain…

- Sur le Chemin de Traverse ? Oui, oui, c'est la seule solution…

Dumbledore hocha la tête. Son visage avait une expression particulièrement malicieuse et ses yeux brillaient étrangement.

- Tant que vous y serez… continua-t-il. Pourriez-vous passer à la boutique d'articles Moldus ? Le responsable m'a envoyé un hibou pour me prévenir qu'il recevrait un arrivage d'esquimaux au citron samedi après-midi… Ca ne vous ennuie pas ?

- Non pas du tout ! répondit Blanche en souriant joyeux. C'est toujours un plaisir de vous rendre service, Monsieur le Directeur !

- Merci beaucoup ! lança Dumbledore en sortant. Je compte sur vous…


(le lendemain : samedi)

Las, le professeur Rogue passa à la copie suivante, sachant pertinemment qu'elle ne serait pas meilleure que celle à laquelle il venait de mettre un P. (1)

Tous des incapables, pensa-t-il.

Pas un seul de ces foutus élèves n'était capable de préparer correctement du Polynectar… Les jeunes d'aujourd'hui…

Il soupira, se sentant soudainement très vieux.

Tout à coup, un petit bruit derrière la porte attira son attention. Quelqu'un aurait-il frappé ?

Il se leva précipitamment, pensant qu'il allait peut-être surprendre un élève en flagrant délit. Mais, lorsqu'il ouvrit la porte, il dut se rendre à l'évidence : il n'y avait pas la moindre âme qui vive dans le couloir…

Déçu, il referma la porte et découvrit, à ses pieds, une petite enveloppe blanche qui semblait avoir été glissée sous la porte. Il la ramassa, l'examina soigneusement pour s'assurer qu'elle ne contenait rien de dangereux, puis l'ouvrit finalement. Il reconnut immédiatement l'écriture du directeur.

"Cher Severus,

Vous m'excuserez d'abuser de votre précieux temps… Sachant que vous avez déjà quelques courses à faire pour moi, je me permets de vous attribuer une nouvelle petite mission. Pourriez-vous passer à la boutique d'articles Moldus du Chemin de Traverse, cet après-midi même, où un arrivage d'esquimaux au citron n'attend que d'être acheté ?

Avec toute mon amitié,

Albus Dumbledore "

- Bien sûr, Monsieur le Directeur… soupira Rogue en décrochant sa cape de voyage. C'est toujours un plaisir de vous rendre service…


Depuis un coin reculé du château qu'il habitait depuis des temps immémoriaux, le célèbre et respecté Albus Dumbledore regardait l'un de ses professeurs quitter l'établissement. Et, malgré son air exaspéré, Severus Rogue semblait marcher d'un bon pas en direction du village de Pré au Lard, d'où il transplanerait certainement vers le Chemin de Traverse, à Londres.

Albus Dumbledore pensa alors à l'infirmière remplaçante, qui était déjà en chemin pour la même destination. Il sourit et se frotta gaiement les mains dans un geste de contentement : tout se passait comme il l'avait prévu…


Le professeur Rogue sortit de la libraire Fleury et Bott, les bras chargés de livres, en pestant contre les sorciers qui avaient pour habitude de faire leurs emplettes le samedi après-midi. A cette heure, le Chemin de Traverse était noir de monde. Lui qui avait une sainte horreur de la foule… C'était bien sa chance !

Il serra les colis du directeur contre lui, prit une profonde inspiration et pénétra dans le vivier que constituait la rue commerçante bondée, comme s'il plongeait dans une eau particulièrement dégoûtante.

Il fallait vraiment qu'il soit dévoué envers le directeur pour accepter cette responsabilité… Dumbledore ! Le plus grand sorcier du monde, et son irrépressible penchant pour les sorbets Moldus… A cause de cette stupide inclinaison, lui, le sombre professeur de potions, se retrouvait sur le Chemin de Traverse à une heure d'affluence, alors qu'il venait toujours en période déserte, quand il avait le choix…

Et en plus, il fallait qu'il entre dans cette maudite boutique d'admirateurs de Moldus… Son visage n'aurait pas pu exprimer plus de d'écoeurement. Il pria intérieurement pour que personne ne remarque sa présence et continua son chemin.


Blanche rangea le plus soigneusement possible les deux fioles qu'elle venait d'acheter. L'ambiance effrénée du Chemin de Traverse, le samedi après-midi, la rendait particulièrement joyeuse. C'était si bon de voir tous ces visages et d'échapper à l'atmosphère tendue de Poudlard !

Comme elle ne connaissait pas encore très bien ce coin du quartier, elle tourna en rond pendant près d'une demi-heure avant de trouver le magasin d'articles Moldus, dont la devanture ressemblait à une échoppe pour touristes curieux.

Lorsqu'elle poussa la porte de la boutique, dans un geste témoignant de son habituelle délicatesse à l'égard des portes, un carillon retentit. Elle sourit. Cela lui rappelait la boutique de friandises où elle passait le plus clair de son temps libre, quand elle était enfant.

Elle trouva le magasin absolument charmant, avec ses couleurs vives et ses décorations gaies et candides. Elle apprécia d'autant plus en entendant la chanteuse Moldue qui passait en boucle et qu'elle aimait beaucoup (2)

Elle s'approcha du vendeur, un homme ventripotent à l'air aimable. Elle se présenta et demanda une boîte d'esquimaux Moldus au citron.

- Ah, j'suis désolé, ma p'tite demoiselle ! s'exclama le vendeur. J'en ai plus et j'en recevrai pas avant samedi prochain !

- Samedi prochain ? Mince… Tant pis, merci quand même !

Dumbledore avait dû confondre les dates… Elle haussa les épaules puis regarda sa montre. 18 heures… Ca lui laissait encore une heure de détente avant de rentrer au bercail. Elle sourit et tira la porte du magasin d'un geste violent. Le carillon tinta.


Severus Rogue poussa en profond soupir en voyant la devanture de la boutique d'articles Moldus. Couleurs naïves et criardes…. Quoi de plus lamentables ? Enfin, on ne pouvait rien attendre de bon de la part de ses amateurs de Moldus…

Un horrible carillon se fit entendre et résonna dans sa tête déjà rendue douloureuse par un mal de tête sévère. Il pinça les lèvres. Cet horrible son lui rappelait… Mais mieux valait ne pas y penser…

Il soupira mais se résolut à entrer dans le magasin sordide. Pour Dumbledore…

Mais la porte s'ouvrit brusquement avant qu'il ne puisse en saisir la poignée? Une jeune femme en sortit précipitamment, criant un "au revoir" puissant, avec un accent monstrueux. Elle ne regardait pas où elle allait, si bien qu'elle trébucha et tomba sur l'homme qui s'apprêtait à entrer malgré son appréhension. Celui-ci la rattrapa de justesse avant qu'elle ne heurte le sol. Mais il n'était pas préparé et vacilla lui-même. Il se sentit basculer en arrière. Le choc contre l'asphalte fut assez rude.

Il grogna; contenant difficilement sa rage. Mais la jeune femme éclata de rire et s'écria, toujours avec un fort accent qui déformait ses propos :

- Excusez-moi ! Je suis vraiment dés… Oh, c'est vous…


(1) rappel pour les petites têtes comme moi : O optimal ; E efforts exceptionnels ; A acceptable ; P piètre ; D désolant.

(2) en musique d'ambiance : "Chelsea Morning" de Joni Mitchell. C'est ce que j'écoutais quand j'ai écrit la première mouture de ce chapitre.


Il en a de bonnes idées ce cher vieux Dumbledore, vous ne trouvez pas ? A bientôt pour la suite !

Thaele Ellia