Chapitre 2 : Cavale.

Jarod l'emmena vers la route où une voiture assez luxueuse était garée. Il ouvrit la portière côté passager et la poussa presque à l'intérieur. Après avoir refermé la portière, il fit le tour, prit la place du conducteur et démarra en trombe. Mademoiselle Parker jeta un oeil vers le terrain de sa maison pour voir la silhouette de son agresseur observer leur fuite.

« Il a la tête dure », remarqua Jarod.

« Tu peux m'expliquer ce qui se passe, maintenant ? », demanda Mademoiselle Parker d'une voix sèche.

Elle frottait ses pieds nus engourdis d'avoir couru dans la neige qui recouvrait la pelouse de sa propriété.

« Il a été envoyé pour te tuer », dit Jarod.

« Je n'avais pas remarqué », répondit Mademoiselle Parker avec ironie. « Si je tiens celui qui l'a envoyé, je prendrais un certain plaisir à la voir mourir de mes mains. »

« C'est ton cher frère qui a payé cet homme. »

Le sang de Mademoiselle Parker ne fit qu'un tour. Lyle avait osé lui faire ce sale coup ! Des envies de meurtre lui vinrent subitement. Ce fumier allait lui payer ça. Mais pas tout de suite. Il fallait qu'elle se débarrasse du tueur à gages avant tout. Jarod pourrait l'y aider... Et si elle manœuvrait bien son coup, elle pourrait en profiter pour ramener le petit prodige au bercail.

Ils restèrent tous deux silencieux pendant un bon quart d'heure. Mademoiselle Parker regardait les lampadaires défiler d'un air absent. Jarod lui lançait de temps en temps de petits regards. Ce fut finalement Mademoiselle Parker qui brisa le silence.

« Où comptes-tu m'emmener ? »

« Dans un endroit où nous serons en sécurité », répondit-il.

Mademoiselle Parker n'insista pas. S'il préférait garder le mystère, tant mieux pour lui. Elle finirait de toute manière par savoir où ils allaient.

« Vous l'avez laissé s'enfuir ?! », s'étrangla Mr Lyle.

Sa voix résonna dans l'entrepôt désert où il avait donné rendez-vous à son tueur. Celui-ci l'observait, impassible.

« Vous ne m'aviez pas précisé qu'elle avait un garde du corps », dit-il d'une voix dénuée d'expression.

« Un garde du corps ?! Mais qu'est-ce que vous me racontez ?! Elle n'en a pas besoin ! », s'égosilla Lyle en faisant de grands gestes.

« Un homme est intervenu. Il avait l'air de savoir que je viendrais », continua le tueur d sa voix morne. « Peut-être y a-t-il eu des fuites de votre côté. »

« Des fuites ?! Personne n'était au courant, vous m'entendez, personne ! Il faudrait être surdoué pour-»

Il s'interrompit. En prononçant le mot « surdoué », une idée était venue s'imposer à lui. Bien sûr. Il ne pouvait s'agir que de lui. Mr Lyle dû se retenir de hurler. Jarod l'avait encore doublé ! Ne pouvait-il pas se contenter de rester loin du Centre et de ses affaires, ce génie ? S'il avait fui avec Parker, elle serait sans doute plus difficile à avoir. Cependant, s'il localisait Parker, il localiserait Jarod et pourrait le ramener...

« L'homme a-t-il fui avec la fille ? »

« Oui. »

« Très bien. Quand vous les aurez retrouvés, tuez la fille et capturez l'homme. Je le veux vivant. »

« ça vous coûtera plus cher. »

« ça n'a pas d'importance. Vous me contacterez dès que ce sera fait. »

« Très bien, Monsieur. »

Le tueur se retira. Mr Lyle rejoignit la voiture d'occasion qu'il avait prise pour se rendre au rendez-vous. Il se sentait léger. Bientôt, Parker serait morte et Jarod de retour au Centre. L'avenir s'annonçait radieux...

L'appartement où Jarod avait conduit Melle Parker n'était pas du plus grand luxe, mais il était assez confortable. Mais, après deux heures de route, Melle Parker aurait pu se contenter d'une chambre miteuse, du moment qu'elle pouvait trouver un lit où s'allonger. Elle se força pourtant à rester éveillée. Elle voulait mettre un plan au point avant d'aller dormir. Il fallait qu'elle en discute avec Jarod.

« Quel est le plan, maintenant ? », demanda-t-elle avec désinvolture pendant que Jarod fermait la porte à clé.

« Qu'est-ce que tu proposes ? », se contenta-t-il de répondre tandis qu'il essayait de faire tenir une canette de Coca en équilibre sur la clinche.

Quand il y fut parvenu, il rejoignit Mademoiselle Parker qui s'était assise sur le canapé.

« Très sophistiqué, le système d'alarme », ironisa cette dernière.

« C'est mieux que rien. »

« Qu'est-ce qu'on va faire, maintenant ? », demanda Mademoiselle Parker.

« Attendre. Ce type est un professionnel. Il nous aura vite retrouvés. Quand il se manifestera, nous agirons. En attendant, il vaut mieux aller dormir. »

Mademoiselle Parker hocha la tête. Jarod se leva.

« Viens », dit-il. « Je vais te montrer la chambre. »

Mademoiselle Parker le suivit. Jarod ouvrit une porte qui révéla un couloir. Celui-ci contenait trois portes. Il désigna la première.

« Là, c'est la salle de bain. (Il désigna la porte en face) Et là, c'est la salle de bain. (Enfin, il montra la troisième porte) Et là, c'est le placard. »

Mademoiselle Parker entra dans la chambre. Il y avait là un lit deux places, une commode avec une lampe de chevet et une armoire. Il traînait çà et là quelques affaires appartenant à Jarod.

« Bonne nuit, Parker », dit celui-ci en retournant vers le salon.

« Où vas-tu dormir ? », demanda-t-elle.

Jarod haussa les épaules.

« Sur le canapé. »

Mademoiselle Parker haussa un sourcil amusé et ferma la porte tandis que Jarod fermait celle du salon. Epuisée, elle se glissa immédiatement dans les draps et ne tarda pas à s'endormir. Quel qu'il soit, le tueur ne les retrouverait pas avant le lendemain matin.