Désolée pour le retard, l'école ne me laisse plus beaucoup de temps libre (les exams approchent TT).
Disclaimer : L'univers du Caméléon ne m'appartient pas, pas plus que le scénario du flash-back.
-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Chapitre 3 : Surenchère.
24 décembre 1971
Jarod ouvrit la porte et sourit. Il sortit et regarda, fasciné, les flocons de neiges tourbillonner autour de lui. Il leva les mains pour attraper les flocons, une expression de pur bonheur sur le visage. Il se mit à tourner sur lui-même. Quand, soudain, des hommes surgirent de la porte par laquelle il était venu. Un hélicoptère fixa son projecteur sur lui. Jarod essayait de protéger ses yeux de cette lumière agressive quand un homme l'attrapa et le ramena à l'intérieur.
Jarod s'était levé de bonne heure et était descendu en ville pour acheter des vêtements à Melle Parker. S'ils avaient encore à fuir, elle serait ainsi plus discrète qu'en pyjama. Il était ensuite passé prendre de quoi petit-déjeuner puis était retourné à l'appartement. Il regardait maintenant par la fenêtre en attendant que Melle Parker se réveille. Il neigeait, dehors. Les flocons blancs virevoltaient en douceur, de temps en temps ballottés par une brise hivernale. Jarod ne se lassait pas d'observer ce ballet aérien. Depuis qu'il était jeune, la neige exerçait une certaine fascination sur lui. Peut-être parce qu'il n'avait pas eu le droit de la voir, si ce n'était dans la boule de neige que lui avait offerte Sydney. Depuis qu'il s'était échappé du Centre, il ne s'était pas passé un Noël sans qu'il ne regarde cet or blanc tomber du ciel et qu'il ne sorte pour la toucher, comme pour rattraper le temps perdu. Au fond, cela ne l'étonnait pas que le Centre lui ait interdit la neige. C'était un symbole trop pur pour cette organisation.
Mademoiselle Parker poussa la porte du salon pour trouver un Jarod en pleine méditation, appuyé sur le rebord de la fenêtre. Il n'avait pas l'air de l'avoir remarquée. Elle observa, sans vraiment le vouloir, cet homme qu'on avait privé d'enfance et de jeunesse. Parfois, elle se demandait comment se faisait-il que Jarod n'essayait pas de se venger du Centre. Si elle avait été à sa place, sans doute se serait-elle lancée dans une croisade vengeresse contre ses tortionnaires et les aurait-elle tous éliminés sans aucune pitié. Cela lui aurait-il apporté la paix ? Elle n'aurait su le dire. Mais ça ne l'aurait pas empêchée d'agir. Jarod était différent. Bien sûr, il détournait régulièrement les fonds du Centre, mais il ne s'était jamais attaqué à l'organisation dans le but de l'anéantir. Mademoiselle Parker était persuadée que, s'il le voulait, il pourrait réduire le Centre à néant et tuer tous ceux qui l'avaient manipulé. Et pourtant, après son évasion, Jarod avait tourné le dos à tout ça. Il avait préféré commencer sa vie de son côté. S'il s'occupait encore du Centre, c'était pour en aider certains membres, comme Sydney, comme elle. Elle comprenait l'affection que Jarod portait à Sydney. Pendant toutes les années qu'il avait passées au Centre, Sydney avait été pour lui ce qui se rapprochait le plus d'un père. Pourquoi il lui venait en aide, à elle, c'était une autre histoire. Elle aurait compris qu'il la laisse aux manigances du Centre. Ne le pourchassait-elle pas afin de le priver de cette liberté à laquelle il avait pris goût ? Et pourtant, le moindre indice que Jarod pouvait glaner sur un complot qui la viserait, ou sur sa mère, il le lui communiquait. Peut-être était-ce en souvenir des quelques moments qu'ils avaient passés ensembles, dans leur enfance. A cette époque où elle ignorait les traîtrises de son entourage...
Jarod interrompit le cours de ses pensées quand il se redressa de l'appui de fenêtre. Il s'étira puis se tourna vers Melle Parker, qui était appuyée sur le montant de la porte.
« Tu as faim ? », lui demanda-t-il en souriant.
« Mm... Oui », répondit-elle en s'éloignant du châssis de la porte.
Ce fut le petit-déjeuner le plus familial que Melle Parker avait prit depuis longtemps. Elle et Jarod avaient discuté de tout et de rien, tout en restant prudent pour ne pas dévoiler à l'autre des détails qu'il valait mieux qu'il ignore. Au début, Melle Parker était un peu réticente à ces badinages. Mais, petit à petit, gagnée par une impression de chaleur humaine qui lui rappelait Thomas et son enfance, elle finit par converser tranquillement avec Jarod.
« Qu'est-ce qu'on fait, maintenant ? », demanda Melle Parker quand ils eurent débarrassé la table.
« Tu pourrais commencer par te changer », suggéra Jarod. Il indiqua quelques paquets posés sur le canapé. « Je t'ai trouvé quelque chose de plus discret. »
Mademoiselle Parker haussa un sourcil, prit les paquets et fila dans la salle de bain. Quelques minutes plus tard, Jarod entendait le bruit de la douche qui se mettaient en marche. Il alla chercher son ordinateur portable et l'installa sur la table à manger. Il se mit à rechercher le tueur engagé par Lyle. Ça lui éviterait de penser à Parker sous sa douche.
Après avoir craqué quelques bases de données et fait quelques recherches sur le net, il finit par trouver l'identité du tueur. Cohl McIntyre était recherché dans une dizaine d'états pour l'assassinat de plusieurs personnalités locales. Il était réputé pour n'éprouver aucune pitié, certains allant jusqu'à prétendre qu'il n'éprouvait aucun sentiment. Personne n'avait pu, jusqu'à présent, l'empêcher d'exécuter un contrat. Il y a un début à tout, songea Jarod.
Il dirigeait ses recherches dans les appels privés de Lyle quand Melle Parker sortit de la salle de bain. Elle était déjà habillée et avait emballé ses cheveux dans une serviette de bain. Elle se pencha par-dessus l'épaule de Jarod, comme elle le faisait avec Broots, et jeta un coup d'œil à l'écran.
« J'ai trouvé l'identité de notre tueur », dit Jarod sans quitter l'écran des yeux.
D'un clic, il fit réapparaître la fiche de McIntyre. Melle Parker l'observa un instant.
« Je vois que mon cher frère ne se refuse rien », commenta-t-elle. « Tu as une idée pour te débarrasser d'un professionnel comme lui ? »
« Mmm... oui », dit Jarod avec un demi-sourire. « Allons faire du shopping. Il me manque quelques petites choses pour le réveillon. »
« C'est ça, ton plan ?! », s'exclama Melle Parker. « Tu veux l'inviter à passer le réveillon avec nous, peut-être ? »
Jarod sourit en éteignant l'ordinateur.
« On va voir si Cohl se manifeste. Si c'est le cas, on pourra sérieusement mettre mon plan à exécution. »
« Qui est ? »
« Eh bien... Quoi de plus naturel pour une femme de ton tempérament, que d'essayer de racheter le tueur de ton frère ? »
