Chap 1 : Songe d'une nuit d'été
Un jeune homme marchait dans l'obscurité, ne pouvant voir le moindre mur alentour, il ne pouvait que suivre les échos de ses propres pas sur les dalles de pierre. Néanmoins il persistait dans sa démarche presque assurée jusqu'à ce qui semblait être un gouffre, d'où sortait une lumière d'un éclat divin, entouré d'inscription. Des Runes ! pensa le garçon, qui pouvait maintenant voir la voûte taillée dans la roche, en effet il rodait bien dans la plus profonde salle de l'horrible prison d'Azkaban.
Que viens-tu faire ici, Harry ? encore des doutes ? tonna une voix grave mais assez jeune.
Cédric ?... bafouilla Harry en tournant la tête vers l'adolescent, je... oui des doutes... de nombreux doutes.
Je comprend, il y a de quoi d'ailleurs. Tu es le survivant, celui sur qui compte tout le monde, dit il d'un ton amer, ...enfin tout le monde qui réfléchit ne serait-ce qu'un peu. Mais ce qui m'échappe, au delà des choix que tu dois faire, c'est pour quelle raison sommes nous ici ?
Pour dire vrai je l'ignore, je ne savais pas où j'étais il y a moins d'une minute.
Nous ne sommes jamais quelque part par simple hasard, reprit Cédric en allant s'assoire sur le rebord du trou, ce lieux doit bien évoquer quelque chose pour toi ?
Peut-être, ...oui, ...peut-être, c'est ici que j'ai parlé avec lui, enfin penser avec... lui, celui à qui je vais vendre notre destiné, répondit-il.
Mon pauvre Harry, lança sincèrement une voix à la fois plus brisée et plus chaleureuse, tu n'as pas à faire ce choix...
Sirius ? s'exclama le jeune homme vers son parrain assis là où se tenait il y un instant son ancien camarade, ...comment ? ...tu me...
Je sais Harry..., coupa avec douceur l'homme obscure pendant que son filleul s'asseyait à ses côtés, ...je sais de plus tout ce que tu as pu accomplir en une année, quel parrain pourrait être plus fière que moi ?
Mais je n'ai pas encore sauvé le professeur Dumbledore, ajouta avec peine Harry, sans lui... après ton départ... il ne me reste que lui...
C'est faux, répliqua Sirius presque vexé, et tu le sais au fond de toi, tu as une sorte de famille autour de toi, je ne parle pas seulement des Weasley. Ne risque donc pas ainsi ta vie, car ta mort peinerait bien d'autre gens.
Mais il le faut ! je dois et suis seul à pouvoir le faire, relança t'il d'un ton brûlant, ...ça ne me plais pas de perdre, ...de donner ce pour quoi tu t'es sacrifié.
C'était pour toi Harry ! et un peu pour mon orgueil face à ma cousine, mais je sais que tu es un garçon de... je veux dire un homme de devoir, seulement, es-tu certain que ce soit le meilleur moyen ? interrogea t'il.
Si tu as mieux je prends ! mais dans cette situation, c'est la seule chose qui ait de l'importance à ses yeux et qui ne met en danger nul autre que moi, répondit il avec un sourire jaune.
Le crois-tu vraiment ? demanda Sirius avant de prendre la forme de Lenny, jusqu'à aujourd'hui tu n'as été pour lui qu'une erreur, un coup de malchance, très frustrant je l'avoue, mais rien de plus, toute son attention n'était pas tourné vers toi. Ce qui changera éventuellement s'il apprend l'intégralité de la prophétie.
Et en quoi cela dérangerait d'autre personne ? tenta Harry.
Voyons ! s'indigna t'il, comme l'a dit Sirius, tu n'es pas seul dans cette épreuve et tous ne peuvent pas se vanter d'avoir le pouvoir de vaincre le seigneur des ténèbres.
Harry fixait désormais le fond insondable du gouffre, ébloui par les faisceaux qui en jaillissaient.
C'est beau, n'est pas ? à peine plus et je m'y jetterais, reprit Lenny.
Selon vous ai-je vraiment ce pouvoir ?
De le vaincre ? ...je pense que oui, sinon c'est Neville et là on a un gros problème ! termina t'il avec un petit rire.
Oui, c'est vrai que c'est joli, murmura Harry.
Quelle blancheur ! à peine moins pur qu'une âme ! prononça une nouvelle voix vieillie mais encore chaude.
Harry se tourna étonné vers la silhouette du professeur Dumbledore, sur qui pendait un sourire malicieux, mais avant qu'il puisse dire un mot, il aperçut le même corps allongé inconscient à peine plus loin d'eux.
Professeur... ?
Oui, Harry.
J'ai peur tout de même de faire une erreur, souffla t'il.
Mais tu en feras sûrement une, clama gaiement Albus, nous en faisant tout le temps, nous pauvres mortels doués de sentiments, comme j'en ai commis une durant cinq ans en te cachant la vérité. Même si échanger ta prophétie contre mon âme, est loin de ce que je ferais, je ne peux te donner qu'un conseil, moi personnage fictif de ton rêve, il est plus apaisant pour l'esprit de vivre avec des remords qu'avec des regrets.
Je ne fais plus la différence entre les remords et les regrets.
Le temps, Harry, le temps calme toutes les douleurs et rend plus distinctes les différences, tu peux faire confiance à une vieille personne de cent-cinquante ans.
Harry regardait encore l'origine des éclats de lumière, assis sur ce rebord, les jambes dans le vide et l'esprit pensif. Jusqu'à ce qu'une chaleur vienne caresser son front, il ouvrit donc les yeux voyant les rayons rouges vifs du soleil fondrent en deux sa chambre vers son lit.
Cela faisait moins d'une semaine qu'il était de retour dans le monotone monde moldu, et sa seule préoccupation jusqu'à aujourd'hui était de peser le pour et le contre d'une nouvelle rencontre avec celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom pour tirer de ses mains la conscience du plus respectable directeur de Poudlard depuis des siècles. Mais l'ultimatum ne cessait de s'approcher comme une date fatidique d'exécution.
Harry ignorait purement et simplement les Dursley il ne prêtait même plus attention à sa chouette Hedwige, seule être qu'il affectionnait pourtant dans cette demeure. Ne quittant pas une seule fois sa chambre dans le but illusoire de préparer un plan optimal pour réussir l'exploit d'échapper une sixième fois d'une confrontation avec Voldemort. Plan complexe à mettre au point vu qu'il ne savait pas encore dans quelles conditions et où aurait lieux cet échange. Réponses qui ne tardèrent pas à lui être apportées.
Harry quittait pour la première fois sa chambre depuis son retour, poussé vers six heure du soir par une faim qu'il n'avait pas rassasiée depuis plusieurs repas, mais en arrivant dans la cuisine, quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il tomba nez à nez face à une tante Pétunia souriante, trop souriante pour lui. Le fait qu'elle ne bougeait plus lui fut second, mais la présence de ces trois statuts immobiles ( un oncle et un cousin dans un même état) dans une pièce où plus rien n'était en mouvement hormis lui, pas même l'affreux réveil. La pièce était comme figée.
Harry ? Harry ? m'entends-tu ? sifflait une voix serpentine
Vous ? qu'avez vous fait ? demanda t'il troublé.
Ce n'est rien, disons que nous discutons à l'écart des oreilles indiscrètes, ...et hors du cour normal du temps, mais ce n'est pas la raison de mon contact. J'accepte ta proposition et je pense que tu préféras venir prendre toi-même le masque, n'est-ce pas ?
Et à ce moment là, vous aurez bien la prophétie perdue ! répondit il plus déterminé.
Bien, néanmoins je pense qu'il est dans ton intention de prendre des précautions quand à notre future rencontre ! demanda t'il.
Notre ? ...vous n'enverrez pas un mangemort ?
La prophétie ne regarde que moi, non mes serviteurs ! rugit il, et pour assurer ta venue, ce serait bête que la peur te restreigne, je te propose généreusement de nous retrouver dans le mythique cercle de pierre de Stone Age.
Pardon ? s'étonna Harry.
N'es-tu pas sensé vivre la moitié de ton temps dans une école? N'y enseigne-t-on pas l'histoire de la magie ? reprit dans un rire le seigneur noir, s'il y a bien un lieux au monde où les pouvoirs d'un sorcier sont simplement et purement inhibés, c'est bien entre ces pierres. Je pensais que cela t'intéresserait, mais nous pouvons nous rencontrer ailleurs si cela te plait ?
Non ! Stone age ! c'est parfait, demain à midi !
La journée ? reprit le sinistre mage, bien je suis assez libre quand le soleil est levé, néanmoins prend garde à ne pas avertir quiconque si Dumbledore ne compte ne serait-ce qu'un peu pour toi !
Ne vous inquiétez pas ! et de votre part, évitez tout coup tordu si vous désirez sincèrement connaître cette fichue prédiction !
Comme si le temps reprenait le dessus, la mimique de Pétunia perdit sa joie pour tendre vers le dégoût à la vue d'Harry, tout comme l'horloge qui couvrait les mastications bovines de Dudley.
Comment trouver le sommeil sachant tout ce qu'il devrait faire dès l'aube, mais cette courte nuit lui porta heureusement conseil, comme le dit le proverbe. Vers cinq heure, ne parvenant à rester plus longtemps dans son lit, il se leva et s'habilla dans le plus grand silence, avant de se glisser discrètement dans la chambre de l'oncle Vernon, pour fouiller dans un placard, d'où il sortit un petit objet délicatement emballé dans du tissu, qu'il mit dans sa poche. De retour dans sa chambre, il prépara son sac à dos, le même que l'an dernier, où il plaça une petite fiole, le livre de sorts offert par Sirius et Remus, des vivres, de l'eau, la carte des Maraudeurs, et sa cape d'invisibilité. Avant de prendre son balais, de caresser pour une dernière fois peut-être Hedwige et de descendre pas la fenêtre, il ouvrit pour la centième fois le vieille montre du directeur, où il put vérifier une nouvelle fois que la directrice et le garde de chasse manquaient à l'appel dans son établissement scolaire.
Une fois trois rues plus loin, dans une allée déserte et sombre, il enfourcha avec un certain plaisir son éclaire de feu et se drapa de sa cape d'invisibilité, et prit enfin son envol. En effet avant de se rendre à l'échange, il devait en priorité aller chercher le fameux dû dans le bureau de la direction de Poudlard.
Son vol fut ce que nous pouvons appeler long, déjà que ce voyage était épuisant en train et en voiture, que dire en balais ! Pourtant Harry était loin d'être pressé d'arriver, l'heure ultime l'effrayait plus qu'il ne l'aurait pensé. Mais une fois en vue du Lac, la mission reprit toute son attention, consultant sa carte pour savoir où se poser sans risque, il n'hésita pas à le faire près de la cabane d'Hagrid. Après avoir traversé les couloirs sans le moindre encombre il arriva enfin à la célèbre gargouille gardant l'entrée de l'office.
Ah c'est quoi déjà le code ? chuchota Harry, euh...oui, Crème canari !
Mais rien n'y fit, la sculpture ne bougea pas, pas plus pour la quarantaine d'autre code (pâtissier ) qu'il essaya.
Ah ! bon sang, mais c'est urgent !
Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt ? demanda la gargouille en ouvrant les yeux et laissant le passage, je sais être compréhensif des fois...
Harry bondit dans le bureau où à peu près tout les portraits présents se réveillèrent, il courut directement vers l'armoire d'où sortaient des rayons de lumière argentée, il lui fallut plusieurs minutes pour trouver la pensée où Trelawney faisait son oracle. Celle-ci enfin dénichée, il la glissa à l'aide de sa baguette dans la petite fiole, sans se rendre compte qu'un volatile ne cessait de l'épier. A ses premiers cacassements il se retourna comme surpris la main dans le sac.
Fumseck ! s'écria Harry en tapotant de sa baguette la bouchon de l'éprouvette, tu m'as fait une sacrée frousse, mais je ne peux pas rester plus longtemps il faut que j'aille aider ton maître.
Mais le phœnix ne se laissa pas repousser ainsi, plana droit vers lui, prenant au vol l'épée se trouvant sur le bureau et la lançant dans ses bras.
L'épée de Griffondore ? s'exclama t'il, je suppose que c'est une façon pour toi de m'encourager !
Mais le temps lui était franchement compté, et s'il voulait quelque peu se reposer dans la cabane d'Hagrid il devrait y courir sur le champs, il mit donc son index sur sa bouche en regardant l'ensemble des tableaux, mit l'épée à sa ceinture, et dévala les escaliers avant de presque trébucher sur Miss Teigne, à son étonnement, elle semblait l'avoir bel et bien vu cette fois, mais ne coura pas droit vers Rusard et laissa même échapper deux ou trois sons affectueux, à croire qu'elle avait subi un sort.
Il pensait ne s'être allongé qu'une petite minute, mais fut déchu par le soleil qui allait bientôt atteindre son sommet. Il ne tarda pas à partir en direction du Sud-ouest, directement vers la région des Menhirs. Son vol à toute vitesse lui prit moins d'une heure, dépassant tout oiseau, tout nuage, avion même. Il arriva face à ces terres planes, d'où ne dépassaient du sol que ce cercle de pierre et les rares grandes vagues de la mer en contre-bas. Harry se posa précautionneusement derrière un immense monolithe, laissant sur l'herbe son balais couvert de sa cape, puis s'engouffra dans le monument des âges anciens sa baguette à la main. En son centre il pouvait encore assez bien voir le panorama autour de lui, un décor encore vide de sorciers pour le moment, dernier moment pour renoncer ou pour assurer ses arrières.
Avis ! cria Harry en espérant ne pas voir sortir de son arme une flaupée d'oiseaux.
D'ailleurs, il n'en eut aucun.
