Note de l'Auteur : Les deux premiers textes que j'ai publiés étaient courts et gentils. Celui-ci ne l'est définitivement pas. Il parle de crimes, de KKK, et de la blasphématoire Église de l'Identité, avec des termes racistes et un langage injurieux.

Note de la Traductrice (T/N) : A moins d'avoir moins de 12 ans, ne vous laissez pas intimider par cette histoire. Elle aussi bonne que les autres. Pour ceux qui ne savent pas, KKK c'est le Ku Klux Klan, et si vous ne savez toujours pas, allez voir dans un dictionnaire ! Maelstrom n'a pas mis de disclaimer, je m'en occupe : les X-Men ne sont pas à nous, nous ne gagnons pas d'argent dessus, merci. Note à ceux qui me connaissent (coucou !) : je vous promets de réfréner au maximum mes commentaires. Enfin, d'essayer.

Corruption

Par Scrawling Maelstrom.

Traduit de l'anglais par Matteic.


Arrivée

Corruption, 1ère partie

Ils étaient juste partis tous les trois.

Le fait que le Professeur soit resté derrière n'avait surpris personne. Bien que ce soient les vacances de février, la plupart des enfants étaient restés à l'école. Ils avaient besoin de lui là-bas. Cependant, bien qu'il ne pût pas partir, c'était lui qui avait suggéré que les autres " membres du personnel " prennent le temps de recharger leurs batteries.

Scott était ostensiblement resté derrière pour aider à faire tourner l'école, malgré les encouragements du Professeur. Il ne voulait rien de plus qu'un peu de solitude, et rien de moins qu'être à côté de Logan (qu'il le réalisât ou non). Perdre sa fiancée faisait ça à un homme.

Cela laissait Ororo, Kurt et Logan. Cela, à son tour, levait la question de savoir comment ils étaient supposés aller quelque part avec Kurt ? Ce n'était pas de l'embarras ; c'était de la logistique. Grâce à Stryker, le visage de Kurt avait été placardé dans tous les journaux comme 'l'Assassin du Bureau Ovale'. Même si les charges contre lui avaient été supprimées au plus haut niveau, la dernière chose dont ils avaient besoin était qu'un 'patriote' décide de faire justice lui-même.

Pour Logan, la solution était évidente. Aller quelque part loin du public. Pas de 'grandes villes, grandes lumières'. Il était temps de revenir à la nature. Ororo était tout à fait d'accord. Aussi isolé que puisse être le manoir, il était parfois trop près de la civilisation. Ça serait bon de se réveiller et de ne pas entendre une souffleuse de feuilles (T/N : Vous n'en avez jamais entendu ? Veinards !)

La seule demande de Kurt était que s'il vous plaît, s'il vous plaît, on reste loin du Canada. Il avait eu assez de Canada pour une vie entière, merci beaucoup.

" On ne quittera même pas les USA. " lui assura Logan, passant le doigt sur une carte du Nord-Est. " Tout ça, c'est les Appalaches. "

" Je ne suis jamais allé par là. " dit Kurt d'un ton hostile. " Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir ? "

" Reste juste loin du gosse bizarre avec un banjo. Ça ira. "

Logan disait Kentucky, Ororo voulait le Tennessee, Kurt proposa la Virginie-Occidentale car il trouvait le nom intrigant. Comme c'était très rare que Kurt suggère quelque chose, et que tout le monde s'en fichait, ce fut la Virginie-Occidentale, même si ça les envoyait plus dans les Allegheny que dans les Appalaches. Ils prirent un van avec les vitres arrières opaques, Kurt grimpa à l'arrière ou personne ne pourrait le voir, et ils partirent le jour même.

Et maintenant ils se préparaient pour marcher dans la forêt. Deux d'entre eux étaient immunisés contre le froid. Logan, comme d'habitude, portait des jeans et une veste légère. Ororo portait quelque chose de synthétique et de chaud pour faire comme les autres randonneurs. C'était Kurt qui les inquiétait. Vu sa réaction dans Cérébro cet atroce, atroce jour à Alkali Lake, il était évident qu'il sentait le froid, et qu'il le sentait très bien. Et puis ils le virent s'isoler avec des couches successives de lainages, comme quelqu'un qui a affronté la neige toute sa vie.

Il les regarda de l'arrière du van en enveloppant ses étranges pieds tridactyles. " Quoi ? "

" Rien. " commenta Logan. " C'est juste que tu sembles prêt à escalader l'Annapurna. "

Kurt sourit. C'était à peine visible de là où il était, les vitres étant très sombres, et ses yeux et son sourire étincelèrent contre sa peau sombre.

" Tu n'es jamais allé en Allemagne en hiver, n'est-ce pas ? " demanda-t-il.

Logan haussa les épaules. " Pas que je me souvienne. "

Kurt noua les bandes sous ses genoux et passa son pantalon par dessus. " Disons juste que je connais la neige. Tu es sûr que ça va aller ? Tu ne portes que du coton. Ce n'est pas pratique. Ça ne retient pas la chaleur. "

Logan sourit du coin de la bouche en mettant un cigare dans son bec. " J'ai ça pour me tenir chaud. "

" Ne fume pas près de moi. " dit Ororo. " J'aimerais bien respirer de l'air pur pour une fois. "

Kurt acheva son équipement avec une écharpe, un masque de ski, et un bonnet. Pas une parcelle de sa peau n'était visible. Quand il eut mis ses gants, il ressemblait à n'importe quel randonneur. Il suffisait de ne pas regarder ses pieds de trop près.

Et cet imperméable, pensa Logan. C'est un petit peu bizarre ici.

Oh, et puis zut. Comment était-il censé cacher sa queue ? Elle se voyait trop sous son pantalon, surtout avec la pointe. L'imperméable avait sa raison d'être là.

Le sol était couvert de trente bons centimètres de neige, et l'endroit que Logan avait choisi était suffisamment écarté de tout pour qu'aucune trace de pas de salisse la blancheur. Pas de bouteille de bière, pas de papier de bonbon, pas le moindre signe de présence humaine à part la route. Ils endossèrent silencieusement leurs sacs et quittèrent la route, perdus dans le silence et l'immobilité autour d'eux. Ça semblait presque honteux de marcher ici. Leurs pas même semblaient intrusifs.

Le merveilleux silence ne dura que jusqu'au passage d'un hélicoptère. Ils s'arrêtèrent et levèrent les yeux alors que l'oiseau bruyant suivait leur trace.

" Un balayage. " nota Ororo. " Peut-être qu'ils cherchent des randonneurs perdus ? "

" Ça m'étonnerait. " marmonna Logan. " On ne trouve pas ce modèle aux mains de civils. Ça doit être les Fédéraux. "

L'hélico ne dévia pas de sa route, bien que le trio sût qu'il les avait vus. Il continua tout droit, disparaissant derrière un autre sommet. Quoi qu'il cherchât, ce n'était pas eux.

" Si ça ne vous dérange pas " dit Kurt " j'aimerais bien aller sous les arbres ? "

Logan et Ororo acquiescèrent et Kurt prit la tête, marchant à travers la neige avec aisance. L'hélicoptère ne fit pas demi-tour.

Comme ils avançaient, le risque d'être aperçus, que ce soit par d'autre randonneurs ou des airs, tomba à zéro. Kurt enleva successivement son écharpe, son imperméable, et tout ce qui couvrait sa tête. Les couches de vêtements temporaires, utilisées seulement le temps qu'il se réchauffe, trouvèrent leur place dans ou sur son sac. Quand il enleva ses gants, cependant, il hésita plus longuement que nécessaire. Au lieu de marcher à grands pas comme avant, il s'arrêta complètement, fixant ses mains.

Logan se tendit, ayant senti le soudain changement d'air avant que Kurt enlève ses gants. Ses niveaux de stress avaient crevé le plafond. Bordel. Toute la merde que lui avait fait Stryker ressortait. Jusque là, les réminiscences avaient été confinées à des cauchemars occasionnels. C'était son premier vrai flash-back. Eh bien, Charlie les avait avertis que ça allait arriver tôt ou tard. C'était une des raisons de ce voyage. Logan espérait juste que le pauvre gars vivrait les choses moins péniblement que lui.

Ororo réalisa une fraction de seconde plus tard. Kurt était pétrifié, encore près des pins. Même sa queue, ce membre étrangement expressif qui s'était tranquillement balancé d'un côté à l'autre toute la marche, s'était immobilisé. Seule la pointe bougeait, les bords se courbant jusqu'à presque se rencontrer. Puis la queue elle-même commença à s'enrouler sur elle-même. Ororo jeta un coup d'œil à Logan. Etait-il prudent d'approcher ? Logan exhala lentement, plissa les yeux et secoua légèrement la tête. Incertain. Elle alla derrière Kurt, s'arrêtant hors de portée de sa longue queue ou de ses bras.

" Kurt ? " demanda-t-elle doucement. " Ça va ? "

Il ne dit rien. Elle alla vers sa gauche, gardant ses distances, jusqu'à voir son visage. Il regardait ses mains, les yeux vides. Elle répéta sa question. Une seconde plus tard, sa queue se déroula comme un fouet et il se redressa avec un grognement de surprise. Il cligna des yeux et secoua la tête pour l'éclaircir.

" Kurt ? " demanda-t-elle, se rapprochant. " Tu veux te reposer un moment ? "

Il la regarda rapidement, un peu surpris. Puis il ferma les yeux et fourra ses gants dans une poche.

" Non. " dit-il doucement. " Je suis désolé. Je ne veux pas... vous gêner toi et Logan. "

Logan écarta la neige et prit la tête, s'arrêtant quelques pas plus loin. " Ecoute, on savait tous que ça allait arriver. Hé, c'est une des raisons pour lesquelles nous sommes venus. Ne t'inquiète pas. Tu ne nous déranges pas. "

Ils repartirent, Ororo marchant avec Kurt. Son expérience l'avait secoué, c'était visible. Sa posture avait été plus libre une minute plus tôt. Jusque là, il avait gardé les bras ballants, se balançant au rythme de sa marche, et sa tête se tournait pour regarder autour de lui. Maintenant, il était courbé et tenait les bretelles de son sac, son regard droit devant lui, sa queue s'enroulant et se déroulant à tel point qu'elle craignit qu'il la noue. Il lui jeta un coup d'œil, puis détourna le regard, et murmura quelque chose en allemand.

" Pardon ? " demanda-t-elle.

" Il n'y a pas d'autre option que de le traverser. " répéta-t-il en anglais, mettant une force bien peu convaincante dans sa voix.

(SAUT DE PARAGRAPHE)

Rachid se réveilla après un trop long moment, allongé sur le côté. Ligoté, les yeux bandés, et bâillonné avec du ruban adhésif, il ne pouvait pas dire grand chose sur ce qui l'entourait. La dernière chose dont il se souvenait était de s'être arrêté pour aider des gens arrêtés sur le bas-côté. Quatre hommes, un avec une canne, tous la cinquantaine grisonnante, si pas plus, la capote de leur pick-up ouverte à la neige légère. Il lui avaient dit qu'ils avaient crevé un pneu. Tout ce dont ils avaient besoin, c'était un téléphone portable pour appeler la ville. Et maintenant il était là, la tête douloureuse et tournoyante, et avec les yeux fermés il ne pouvait pas s'accrocher à quelque chose pour faire cesser le vertige. Il essaya de s'asseoir, mais la douleur et la nausée augmentèrent tant qu'il abandonna et reposa sa tête sur le sol. Il ne voulait même pas imaginer vomir avec une boucher bâillonnée.

Il entendit des voix près de lui, mais il n'arrivait pas à saisir les mots. C'était des appels et des réponses, presque comme un service religieux. Il eut un frisson de frayeur et d'épuisement. Quelque chose lui disait qu'il n'allait pas sortir de là vivant.

Il entendit une porte s'ouvrir brusquement devant lui. Des mains le saisirent par les coudes.

" OK, l'arabe, bouge ton cul. " grogna quelqu'un.

La voix était trop familière. C'était l'homme à qui Rachid avait prêté son téléphone. Quelqu'un arracha l'adhésif de son visage. Il cria de douleur comme cela arrachait sa moustache, sa barbe et ses sourcils. La lumière l'aveugla. Ses agresseurs portaient des robes blanches avec des marques rouges sur les manches. Rachid trembla alors qu'ils le traînaient dans une pièce plus grande, effrayé de lever les yeux et de voir les cagoules qui couvraient sûrement leurs têtes.

Ils allaient le tuer. Il allait mourir. Il ne verrait plus jamais sa femme. Il regarda le parquet rongé par les vers, et le tapis miteux, réalisant lentement que c'était la dernière chose qu'il verrait. Ils le soulevèrent sur ses genoux, lui tirèrent la tête en arrière et le forcèrent à regarder un visage qu'il ne serait jamais attendu à voir chez un membre du Klan.

L'homme en face de lui, debout devant la tenture d'une grande svastika, n'était pas blanc. En fait, il avait le visage magnifique d'un prince arabe. Doux, aimant, délicat, une vision de force et de beauté dans des robes bleu et or. Les hommes qui l'avaient traîné le laissèrent là, devant le prince, et Rachid resta immobile, paralysé par la stupéfaction. Etait-ce son sauveur ?

Mais alors que le prince s'agenouillait et se penchait vers lui, quelque chose changea. Son expression placide était toujours là, son sourire délicat, rassurant, mais il y avait quelque chose dans ses yeux. Quelque chose qui sentait la mort.

Rachid commença à trembler. Et quand le bel homme aux yeux vides toucha son épaule, Rachid commença à hurler.

A suivre...