Perdu
Note de l'Auteur : une artiste très douée du nom de Bluefooted (T/N : Fou de Bassan) a fait une illustration pour ce chapitre. Qu'est-ce que j'entends par douée ? Elle a gagné la première place à l'X-Day 2003. Comme je ne peux pas le coller ici, je vous mets le lien à la fin du chapitre. Jetez-y un coup d'œil : elle a vraiment capturé l'ambiance. (J'ai essayé de le mettre en tête du texte, mais chaque fois que j'essaie, ça semble faire sauter l'upload et éliminer le texte. Et même si j'ajoute des espaces entre les points, les slashs, etc, on ne voit rien..... :p)
Corruption, 3ème partie
Fred Martin regrettait la mort de frère Joseph, ainsi que le reste des frères et sœurs du Klan. Joseph était le premier martyr à tomber dans cette bataille sainte, coupé en deux par les griffes de l'animal. L'ange les avait ramenés dans le sanctuaire interne de Jésus Christ de l'Église d'Identité Chrétienne, là où il s'était révélé la première fois. Maintenant le même ange, son beau visage creusé par le chagrin, se tenait les mains posées sur le visage de Joseph et les yeux fermés. La main de l'ange laissait encore échapper des vrilles de fumée noire là le démon maudit avait pratiqué sa morsure offensante.
" Connaissant le prix, tu suis encore Son désir sacré. " dit l'ange, s'adressant au petit groupe comme à une seule personne. " Tu seras récompensé au Paradis quand tout sera purifié. "
Fred acquiesça, ses yeux brûlant mais refusant de pleurer. Il s'appuya lourdement sur sa canne. Il ne montrerait pas de faiblesse. Joseph ne voudrait pas qu'ils renoncent. Ils n'étaient pas des Hammerskins (T/N : pas de traduction, car c'est un groupe) morveux ou des Néonazis sans la moindre jugeote. Ils étaient la vieille garde, les vétérans de cette guerre des races. Ils connaissaient le plan, ne pas s'arrêter en cours de route. Joseph les voudrait forts. Il voudrait sa vengeance.
L'angle tressaillit et serra son poignet. Un croisillon de lignes noires s'éleva du dos de sa main.
" Le démon est fort. " siffla-t-il douloureusement. " Son contact est un anathème. Il vit encore. " (T/N : en anglais, ce n'est pas " he " mais " it ", " ça ". Difficile à traduire en français).
Sœur Clara, la seule femme de leur groupe, fit un pas en avant et mit un genou à terre. " Dites-nous où il est, Seigneur. Dites-le nous que ne puissions frapper en votre nom saint. "
" Il ne trouvera pas d'abri chez ceux qui craignent Dieu. Il périra ici, sans son soufre de l'enfer. Vous avez senti cette odeur diabolique quand il est apparu. "
Tout le monde hocha la tête.
" Et cependant... " l'ange s'arrêta, réfléchissant. " Il y a une personne qui pourrait l'aider. Un traître à la race, qui vit dans la montagne. Le démon sentira son lien avec le diable, et il ira là-bas. "
L'ange regarda directement Fred en parlant. La mâchoire de Fred se serra, et les autres le regardèrent prudemment. Oui, ils savaient tous de qui parlait l'homme saint. Cette partie de la famille était une épine dans le pied de Fred depuis des années, sans parler de la source d'embarras et de honte. Si seulement il pouvait faire quelque chose pour ça.
Le regard de l'ange s'adoucit et il continua " Mais tu ne peux pas aller dans la montagne avec ton genou blessé, frère Martin. Ton cœur désire faire le bien, même si ton corps ne le peut pas. "
Fred inclina silencieusement la tête et maudit silencieusement son genou. Maudit soit Toshiro pour l'avoir brisé. Il espérait que cette petite merde mourrait de ses blessures, même s'ils avaient été empêchés de finir le travail.
L'ange se tourna vers Clara, qui attendait encore ses ordres. Il toucha son front avec une bénédiction, ses doigts légers et doux.
" Va, mon enfant. Tu es la seule à connaître les montagnes aussi bien que Martin. La pécheresse (T/N : c'est ce que dit mon Harrap's mais je ne suis pas sûre. Le mot a un double sens en anglais, c'est aussi putain) de Babylone ne doit pas entrer en contact avec le démon. Le Seigneur a décrété qu'ils devaient tous les deux mourir.
(SAUT DE PARAGRAPHE)
La dernière mémoire cohérente de Kurt était la rage grandissante. Des images de course effrénée sur une colline puis une autre. La neige blanche mélangée au blanc de toutes parts. Il avait frappé quelque chose, l'avait jeté à terre. Il y avait eu des coups de feu. Et puis soudain il était dans un froid horrible, mordant, atroce, l'air jeté hors de ses poumons. Quelqu'un le tenait sous l'eau.
De panique, il s'était téléporté le plus loin possible. Il avait visé 60 mètres en hauteur, dans l'espoir d'éviter les arbres, priant pour ne pas se matérialiser dans un flanc de montagne. Il fut plus chanceux qu'il ne le méritait. La chose suivante dont il eut conscience fut de rouler sur une pente enneigée et de percuter un arbre. De la neige supplémentaire lui tomba dessus. Il se redressa, tomba sur le flanc, se mit péniblement à quatre pattes, tremblant trop pour se mettre debout. Il ne savait pas où il pouvait être.
Trempé jusqu'aux os, froid comme la glace, perdu, et la nuit tombe dans quelques minutes, pensa Kurt. C'est pas bon.
Il lui fallut un effort conscient pour cesser de trembler. La téléportation l'avait laissé plus affaibli qu'il ne l'aurait cru possible. Il lui fallut quinze secondes pour se lever.
Seigneur tout puissant, qu'est-ce que j'ai fait ? pensa-t-il. Qu'est-ce qui m'est arrivé ?
C'était le brouillard. Tout ce dont il se souvenait, c'était de la rage. Pas de visage, pas le combat lui-même. Juste une rage aveugle, incontrôlable. Si l'eau n'avait pas créé ce choc, il aurait pu être toujours en train de se battre. Peut-être que quelqu'un gisait quelque part, tué de ses mains. Est-ce que c'était comme ça que Logan se sentait, quand la rage était partie ? Est-ce que c'était Logan qui l'avait tenu sous l'eau, pour essayer de le calmer ?
Le soleil était passé de l'autre côté de la montagne. La couleur du ciel disait que le vrai coucher de soleil n'était que dans quelques minutes. Kurt voyait sans difficulté dans l'obscurité, mais c'était le cadet de ses soucis. A combien la température allait-elle descendre, cette nuit ? Zéro ? Moins cinq ? Moins dix ? (T/N : ce sont des températures Celsius). Ses vêtements ne lui servaient à rien. Même les bandes imperméables qui entouraient ses jambes étaient détrempées. Il ne savait pas du tout où était le camp, et n'avait rien pour faire un feu. Sa meilleure chance était d'aller dans une zone découverte et d'espérer qu'Ororo pourrait le repérer des airs. Il commença à marcher.
Combien de temps il marcha, il n'en fut pas sûr. Il ne sentait ni ses pieds ni ses mains. Deux accès de frissons le forcèrent à s'arrêter. Sa tête commença à tourner. L'équilibre était de plus en plus dur à trouver, et il se surprit à grogner contre son manque de coordination. Titubation, marmonnements, grognements (T/N : en anglais stumbles, mumbles, grumbles) : les signes classiques de l'hypothermie. Il secoua la tête et rit nerveusement. Herr Wagner, tu as de très, très gros ennuis. Il continua à marcher. Après tout, il n'avait rien de mieux dans sa manche.
Quelques temps plus tard, il leva la tête, espérant s'orienter grâce aux étoiles. Juste sa chance ; c'était couvert. Pourquoi est-ce qu'il ne l'avait pas remarqué avant ? Oh, et puis, ça ne faisait pas de différence, de toute façon. Il ne savait vraiment pas où aller. La marche l'avait réchauffé, et il ne sentait plus le froid. Sa chemise le grattait, maintenant. Ennuyé, il s'arrêta et essaya de l'enlever. Ses bras semblaient en coton, et il ne sentait pas le tissu sous ses doigts. Le processus lui prit plus longtemps que ce qu'il pensait. Enfin, il réussit à passer le vêtement de flanelle par dessus sa tête et ses bras. Il allait la jeter quand il se souvint ce qu'il y avait dans la poche de gauche. Pouvait pas se séparer de ça. Il sortit le chapelet, l'enroula autour de son poignet, lança la chemise sur son épaule, et se remit en marche, oubliant complètement son plan de rester dans une clairière et attendre de l'aide. Quelques moments plus tard, il était à nouveau sous les arbres.
Le temps passa. Il eut un autre accès de frissons, et celui-là échappa à son contrôle. Il tomba au sol alors que les tremblements s'intensifiaient. Quand l'accès passa, il était roulé en boule dans la neige, sa queue autour de sa poitrine, et il était tellement, tellement fatigué. Puis un autre accès, pas aussi long que le précédent, le laissa étrangement chaud et détendu. Il réalisa à peine ce qui se passait, juste assez pour essayer de lutter contre le sommeil qui l'envahissait. Il força ses yeux à rester ouverts. S'il les fermait, il était perdu. Il ne pouvait pas sentir les perles du chapelet entre ses doigts, mais les entendait claquer doucement les uns contre les autres. Il commença à prier, ses mots se mêlant entre eux. Ça le garderait en vie, ou ça l'aiderait à mourir.
De la lumière tomba sur lui. Il cligna des yeux et regarda autour de lui. Une ombre avec une arme apparut entre lui et la lumière.
Une voix féminine cria " Jésus, Marie, Joseph ! "
Elle leva instantanément l'arme vers Kurt. Kurt ferma les yeux. Il n'avait pas besoin de voir sa propre fin. La détonation retentit dans ses oreilles, le forçant à rouvrir les yeux. Quelqu'un d'autre prononça un juron, loin derrière lui, et une autre détonation retentit de ce point.
" Dieu te maudisse, Clara, fous le camp de chez moi ! " cria la femme juste devant lui.
Kurt réalisa lentement que la femme ne le visait pas. Elle visait derrière lui. Il força sa tête à se tourner et regarder dans cette direction. Une autre femme visait quelque part entre Kurt et la femme dans la lumière. Il ne pouvait pas être sûr, et il ne pouvait rien y faire. La femme dans la lumière tira la première, et la seconde tomba, du sang giclant sur l'arbre derrière elle. Alors que la première préparait un autre coup, la seconde jeta son arme à terre et disparut dans les bois sombres, tenant son épaule droite ensanglantée. La première tira à nouveau.
" Lever une arme sur moi et les miens ? " cria-t-elle sur son adversaire fugitive. " Que Dieu me pardonne, je me moque de ce sixième commandement ! "
Sa voix tremblait. Elle arma encore une fois son fusil, mais ne tira pas. Après un moment, elle bondit en avant, ramassa l'arme tombée, et revint à travers la neige. Quand elle passa devant lui, Kurt put la voir assez bien. Elle portait un manteau épais qui ne faisait rien pour cacher sa silhouette. Elle était grosse.
Non, se dit Kurt somnolant. Son visage ne l'est pas. Enceinte.
Un autre accès de frissons. Il sentit ses dents s'entrechoquer, mais cette fois il n'avait pas la force de les serrer. Bientôt, il sentit du sang dans sa bouche.
Beth ramena l'arme de sa " proie " aussi vite qu'elle le put. Quand elle entendit quelqu'un tomber tout près, elle courut, priant que ce soit Toshi, mais craignant quelque chose d'autre. Loué soit le ciel qu'elle ait pris l'arme au passage, ou Clara l'aurait descendue. Et maintenant elle regardait quelqu'un si gelé qu'il en était bleu. Il grimaçait dans le froid, claquant des dents Elle poussa un cri de surprise et de frayeur en voyant combien ses dents étaient pointues. Qu'est-ce qu'il faisait, il les taillait ? Et puis elle vit la queue qu'il avait enroulée autour de sa poitrine, les oreilles pointures, les étranges mains à deux doigts, les cicatrices...
Oh mon Dieu, pensa-t-elle. C'est l'assassin du Bureau Ovale !
Elle jeta à terre le fusil de Clara et agrippa le sien des deux mains alors que la... créature devant elle tremblait de froid.
Non, non, attends. Les poursuites ont été abandonnées. Ça s'est passé il y a plusieurs mois. Il n'est plus considéré comme un criminel.
Clara en avait-elle après elle ou lui ? Ça pouvait être les deux. Ça n'importait pas, d'ailleurs. La chasse à l'homme était terminée, l' " assassin " blanchi d'une manière inconnue. Le tuer était tuer un innocent, un véritable meurtre.
Secoue-toi, Beth, pensa-t-elle. Cet homme va mourir dehors. C'est juste un randonneur. Traite le comme n'importe quel randonneur égaré.
Elle abandonna l'arme et s'agenouilla devant l'homme. " Monsieur ! Vous m'entendez ? Quel est votre nom ? Parlez-moi ! Restez avec moi ! "
Le dernier frisson n'avait pas gêné Kurt autant que les autres. Les spasmes diminuaient. La femme criait quelque chose à propos de son nom.
" Khh... Kurt... " murmura-t-il.
Elle le bougeait, le traînait dans la neige, hors de la lumière, dans l'obscurité, et dans une autre lumière. Il regarda autour de lui, ses yeux à demi fermés d'épuisement. Il était à l'intérieur.
" Restez avec moi, Kurt. " disait la femme en le traînait sur le sol. " Restez éveillé, d'accord ? "
" Maman ? Maman, il a une queue, maman. "
Kurt regarda la petite fille à sa droite. Elle le fixait. Fascinée ou terrorise, il ne pouvait pas dire. C'était difficile de réfléchir, et il s'en fichait pour l'instant.
" Je sais qu'il a une queue, ma puce. " dit la femme. " Maman a besoin que tu l'aides. Maman a besoin que tu ailles chercher les bouillottes, d'accord ? "
" C'est un diable, maman ? "
" Non, mon cœur, ce n'est pas un diable. Va chercher les bouillottes, Ambre (T/N : en VO, c'est Amber, j'ai traduit). Maintenant ! "
La petite fille partit en courant, et la femme tenait le visage de Kurt dans ses mains, le forçant à la regarder.
" Kurt, je m'appelle Beth. On va vous réchauffer, d'accord ? On va enlever ces vêtements mouillés et vous réchauffer. Je veux que vous ne fassiez rien. Laissez-moi juste bouger vos bras et vos jambes, et tenez bon. Restez éveillé, d'accord ? Vous comprenez ? "
" Ja... " murmura-t-il.
Elle déroula doucement ses bras, puis ses jambes, lui parlant tout du long. En arrivant à sa queue, enroulée autour de son ventre et de ses dernières côtes, elle hésita, puis décida que ce n'était pas un effort insurmontable. Il sentit vaguement la serviette qu'elle frotta sur sa peau. Elle semblait être infirmière. Elle était trop douée pour être quelqu'un d'autre.
La petite fille revint. Elle tenait plusieurs récipients mous contre elle avec les deux bras, et les laissa tomber en tas par terre. Beth en attrapa quelques uns, se leva, et sortit du champ de vision de Kurt, lui parlant toujours, bien qu'il ne comprenne pas les mots. La petite fille le fixait toujours, mais c'était avec curiosité, pas peur.
Du bois sous lui, des murs autour de lui, un plafond au dessus. Infirmière tout près. Il était en sécurité. Il ferma les yeux.
Et fut perdu.
Beth remplissait les bouillottes dans l'évier quand Ambre commença à crier.
" Maman ! Maman ! Il respire pas ! Il a arrêté de respirer ! "
Beth coupa l'eau et laissa tomber la bouillotte à moitié remplie dans l'évier, l'eau chaude éclaboussant partout. Elle se rua dans la pièce principale, où l'homme était étendu sur le sol, les yeux fermés. Quelque part au fond de son esprit, elle se récitait la chose la plus atroce du sauvetage de l'hypothermie ; que le moment le plus critique n'était pas avant, mais après. Quand ils se sentaient en sûreté, ils se détendaient, laissant aller la force, quelle qu'elle soit, qui les avait tenus en vie jusque là. Kurt était en sécurité, et Kurt gisait inerte sur le sol. Elle tomba à genoux sur le sol dur et approcha une oreille de ses lèvres, surveillant sa poitrine. La peau était si froide et humide que c'était comme coller son visage contre de la neige. Elle chercha un pouls. Elle essaya une minute entière, au cas où il serait juste entré dans un stade hypo-métabolique. Rien. Non seulement il avait cessé de respirer, mais son cœur s'était également arrêté.
Elle revint sur ses talons, posa les mains à plat sur sa poitrine, et commença à pomper. Un, deux trois, quatre, cinq... elle alla jusqu'à quinze, puis revint vers sa tête et allait se pencher quand elle vit qu'il avait du sang sur les lèvres. Que le ciel l'aide, était-il atteint d'une maladie sanguine ? Elle hésita, puis pinça son nez, inspira profondément, et respira pour eux deux, essayant d'ignorer le goût du sang dans sa bouche.
Après une seconde respiration, elle recommença le massage.
" Allez, Kurt ! " cria-t-elle. " Ne me faites pas ça ! "
Quinze compressions, deux respirations.
" Respirez, bordel ! "
Quinze compressions, deux respirations.
" RESPIREZ ! "
A suivre...
http : www . angelfire . com / art2 / bluefooted / corr2 . html
