Note d'auteur : Bonjour à toutes et à tous et bienvenue dans «S'aimer malgré les préjugés» !
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Je vous préviens tout de suite : cette histoire sera longue. Très longue. Il y aura au moins quatre tomes. Les trois premiers tomes porteront sur la 5e, 6e et 7e année de Harry et compagnie tandis que le quatrième tome sera consacré à l'après-Poudlard.
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Concernant le premier tome, il sera divisé en plusieurs parties. La première partie comporte 13 chapitres et elle est centrée sur l'été avant la cinquième année de Harry. Elle permet de faire connaissance avec plusieurs personnages et d'avoir le contexte qui leur est propre.
J'ai déjà 18 chapitres qui sont écrits, mais je ne sais pas du tout combien de chapitres fera ce premier tome.
Pour ce qui est du rythme de publication, il y aura un chapitre par semaine mais il n'y aura pas de jour fixe. J'essaierai cependant de ne pas vous laisser 10 jours sans chapitre :)
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Cette fic commence au début de l'été qui suit la quatrième année de Harry. Je vous mets des indicateurs de temps ainsi que le POV dans ce premier chapitre mais si ça vous gêne, n'hésitez pas à me le dire ! Je tiendrai compte de l'avis de la majorité ( si tant est qu'il y aura assez de lecteurs pour appeler ça une «majorité» x) )
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Comme je m'éloigne un peu beaucoup de la trame originale, voici quelques indications :
1- J'avais besoin de me débarrasser Voldemort alors il a été tué lors de la troisième tâche du Tournoi des Trois Sorciers. Pas d'histoire de Horcruxes, du coup.
2- Sirius a été innocenté lors de la quatrième année de Harry. Il a obtenu sa garde six mois avant le début de cette fic.
3- La malédiction sur le poste de Défense Contre les Forces du Mal n'existe plus et il n'y aura pas de Dolores Ombrage ou alors elle sera juste mentionnée (et encore...).
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Vous vous dites sûrement que, si cette fic s'appelle «S'aimer malgré les préjugés», c'est qu'il y aura des couples. Eh bien vous avez tout à fait raison. Il n'y aura cependant pas que de la romance. Il y aura aussi de l'amitié et de la famille. Certains personnages sont un peu (beaucoup) OOC mais c'est dans un sens positif. C'est-à-dire que ce sont des gentils et non des méchants ^^
Pour en revenir aux couples, il y aura 7 couples principaux : Harry Potter x Draco Malfoy, Ginny Weasley x Blaise Zabini, Sirius Black x Remus Lupin, Ron Weasley x Pansy Parkinson, Severus Snape x Nymphadora Tonks, Hermione Granger x Terry Boot et Théodore Nott x Justin Finch-Fletchley.
Même si j'appelle ces couples des «couples principaux», certains d'entre eux ne sont pas voués à durer toute l'histoire. Plusieurs de ces personnages auront d'autres relations, que ce soit avant ou après leur couple principal. La plupart de ces couples mettront du temps à se former, il va donc falloir être un peu patient :) Il y aura aussi d'autres couples qui seront très secondaires.
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Vous remarquerez que je préfère les noms anglais, ce sera le cas pour tous les personnages, comme Draco, Severus et les noms des Maraudeurs, par exemple.
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Comme indiqué dans le titre, il sera question de préjugés au-dessus desquels devront passer les personnages afin d'apprendre à se connaître et à s'aimer.
Il y aura des thèmes assez difficiles qui seront abordés dans ce premier tome, à savoir des maltraitances sur mineur, des mentions de drogues et des détresses psychologiques assez importantes. Il y aura également une tentative de viol qui sera signalée au début du chapitre.
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Pour l'instant, cette fic est rating T mais ça évoluera vers du rating M au cours de l'histoire.
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Avant de vous laisser lire ce premier chapitre, je tiens à remercier deux personnes qui m'ont énormément soutenue dans l'écriture de cette fic : luxcie et AliceCullen0027. Sans elles, cette fic n'existerait tout simplement pas puisque je n'aurais jamais eu le courage de l'écrire x) Je vous recommande vivement d'aller lire leurs fics, et plus particulièrement Pour l'amour d'un filleul et le Refuge de luxcie et La nouvelle vie de Harry Potter et De retour à Poudlard de AliceCullen0027. Je suis correctrice à mes heures perdues de trois de ces fics alors je peux vous assurer qu'elles sont juste super !
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Voilà, désolée pour cette loooooongue note d'auteur mais il y avait beaucoup de choses à dire. Je vous laisse avec le premier chapitre et je vous souhaite une bonne lecture !
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(jeudi 06/07) POV Sirius
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Tout était calme et silencieux dans la grande maison du 12, Square Grimmaurd. Le fait qu'il était onze heures du soir y était sûrement pour quelque chose. «Si seulement ça pouvait durer...» se dit Sirius en préparant le thé qu'il allait boire avec son ami Remus. Une fois le thé chaud, il l'apporta dans le salon et le déposa sur la table à laquelle était installé Remus.
- Tu peux aller te coucher après le thé, si tu veux, lui dit Sirius.
- Hors de question. Vu ce que tu m'as raconté à propos de la nuit dernière je ne veux pas te laisser tout seul.
- Je n'aurais jamais dû t'en parler...
- Ah oui ? Tu comptais me cacher ça pendant deux mois, peut-être ? Étant donné que tu comptes me séquestrer ici jusqu'à ce que tu en aies marre de moi, je me serais forcément rendu compte de quelque chose à un moment donné.
- Séquestrer, tout de suite les grands mots... Je ne t'ai pas mis la baguette sous la gorge à ce que je sache...
- Tu m'as menacé, Sirius.
- Et toi tu m'as fait du chantage ! Un chantage que j'ai été forcé d'accepter.
- Ose me dire que ça ne va pas mieux depuis que tu vois Christina.
- Ose me dire que tu n'es pas mieux ici avec ton bon vieux Patmol que dans ta vieille maison pourrie...
Remus adressa un regard noir à Sirius qui répondit par un grand sourire parfaitement innocent. Remus soupira.
- J'avoue, ta maison est mieux que la mienne. Mais maintenant que Harry est là, je me sens de trop. C'est vrai, quoi ! Je n'ai rien à faire là. C'est le premier été que tu passes tout seul avec Harry et...
Remus fut interrompu par un cri à glacer le sang venant de l'étage supérieur. Sirius se précipita aussitôt hors du salon. Il monta l'escalier menant au premier étage à toute vitesse et, arrivé devant la chambre de Harry, il ouvrit la porte sans même frapper. Il découvrit alors son filleul en train de hurler et se battre contre un ennemi invisible. Le coeur serré, il s'approcha de lui et s'assit sur le bord du lit. Il posa une main sur l'épaule de Harry et la secoua doucement. Mais cela ne suffit pas à réveiller Harry qui, totalement pris dans son cauchemar, continuait à crier et à se débattre. Sirius décida de le secouer plus fortement tout en lui parlant d'une voix à la fois douce et ferme :
- Harry, réveille-toi, c'est un cauchemar, ce n'est pas la réalité.
Sirius ne savait pas pourquoi mais cela suffisait souvent à Harry pour se calmer. Cette fois ne fit pas exception. Il cessa de bouger et ouvrit les yeux quelques secondes plus tard. Il parut surpris en voyant Sirius près de lui. L'incompréhension se lisait aussi dans son regard, avant qu'elle ne laisse place à la honte.
- Désolé, je t'ai encore réveillé...
- Non, je ne dormais pas, répondit Sirius en souriant. Je suis encore en bas avec Remus. Tu... tu te sens bien ?Tu faisais un cauchemar, je crois. Tu veux me parler de ce dont tu rêvais ?
Harry secoua la tête.
- Non, ça va aller. Ce n'était rien. Juste un rêve débile.
Sirius savait que Harry mentait mais il ne voulait pas le brusquer. C'est pourquoi il ne dit rien. Il n'essaya même pas d'insister. Il tint cependant à être aux petits soins pour son filleul.
- Tu veux que je t'apporte quelque chose ?
Ce fut au tour de Harry de sourire.
- C'est gentil mais je n'ai besoin de rien. Je vais essayer de me rendormir.
- Tu veux que je reste près de toi ?
- Ça ne te dérange pas ?
- Non, pas du tout. Je suis là pour toi, Harry.
Le regard de Harry se troubla. Il finit cependant par sourire de nouveau et acquiesça timidement.
- Je veux bien, si ça ne t'ennuie vraiment pas.
- Je te promets que non. Tu peux dormir sans crainte, je veille sur toi.
Harry hocha une nouvelle fois la tête et ferma les yeux. Il semblait déjà moins tendu que lorsque Sirius était arrivé. Ses traits restaient toutefois un peu crispés. Sirius le regarda pendant de longues minutes. À un moment, sans vraiment s'en rendre compte, il se mit à lui caresser les cheveux. Le visage de Harry se détendit alors. Était-ce grâce au fait qu'il avait rejoint les bras de Morphée ou grâce aux caresses dans sa tignasse indomptée ? Sirius n'en savait rien mais le principal était que Harry soit plus apaisé qu'avant. Il resta longtemps près de son filleul et ne partit que lorsqu'il fut sûr que Harry dormait vraiment. Il redescendit au salon et s'affala sans aucune grâce sur la chaise qu'il avait désertée une demie-heure plus tôt. Quelques minutes passèrent avant que Remus ne lui demande :
- C'est de ça dont tu parlais ?
Las, Sirius confirma par un signe de tête.
- C'est comme ça depuis le début des vacances. Depuis qu'il est arrivé, quoi.
- Tous les soirs il se met à hurler ainsi ? C'est étrange, je n'entends rien du tout...
Sirius évita soigneusement le regard de Remus. Celui-ci fronça les sourcils avant de comprendre.
- Tu insonorises ma chambre ?!
- Tu as davantage besoin de sommeil que moi, se défendit Sirius. Et puis c'est à moi de m'en occuper.
Sirius savait que c'était mal d'utiliser cet argument mais il n'avait pas d'autres moyens pour se justifier.
- En plus c'est bientôt la pleine lune.
- Merci, je le sais.
Sirius se maudit intérieurement en constatant l'air irrité de Remus. Il les accumulait, décidément. Il valait peut-être mieux qu'il se taise. Mais Remus n'était pas du genre rancunier. Enfin, quelques fois, mais pas souvent. Ce fut donc lui qui brisa rapidement le silence :
- Tu es resté assez longtemps avec Harry. Il t'a raconté son cauchemar ? Parce qu'il en a refait un, c'est ça ?
- Oui mais il ne veut pas m'en parler.
- Il faudrait, pourtant. Il ne peut pas garder ça pour lui. Ça doit être particulièrement terrifiant pour qu'il hurle comme ça... En plus d'après ce que tu m'as dit ça arrive vraiment tous les soirs...
- Oui et c'est bien ça qui m'inquiète. Si c'était une fois depuis qu'il est arrivé ça irait mais là c'est systématiquement tous les soirs qu'il hurle à s'en casser la voix et qu'il se débat comme un beau diable... Ça fait une semaine qu'il est là et il n'y a pas un seul soir où il n'a pas fait de cauchemar.
- Il faut que tu le pousses à parler.
- Il risquerait de se renfermer sur lui-même et je veux à tout prix éviter ça. Non mais c'est sûrement le Square qui déteint sur son sommeil...
Le regard perplexe de Remus fit comprendre à Sirius qu'il n'en croyait pas un mot. À vrai dire, lui-même n'y croyait pas du tout. Certes, le Square n'avait rien d'accueillant – et encore, Remus et lui avaient fait quelques travaux – mais pas au point de perturber autant le sommeil d'un adolescent...
- Je pense plutôt que c'est ce qui s'est passé au cimetière qui le travaille. C'est extrêmement traumatisant ce qu'il a vécu là-bas. Et tu sais aussi bien que moi qu'il est très sensible à ce genre d'événements.
- Tu veux parler des Détraqueurs ?
Remus hocha la tête.
- N'importe qui serait traumatisé par ce qu'a vu et subi Harry au cimetière mais pour lui c'est encore un souvenir terrible qui s'ajoute à ceux qu'il avait déjà dans sa mémoire. Dès le premier cours qu'on a fait ensemble sur le Patronus, j'ai remarqué à quel point il avait du mal à se confier sur ce qu'il entendait lorsqu'il se trouvait face à un Détraqueur. Ça veut sûrement dire qu'il n'a pas l'habitude de parler de ce qui le tracasse. Ses deux premières années à Poudlard n'ont pas été très réjouissantes. Bien au contraire. Si j'ai bonne mémoire, tu m'as dit qu'il s'était retrouvé deux fois face à Voldemort et ce, de deux manières différentes. Mais est-ce qu'il en a déjà parlé à un psychomage ?
Sirius leva brusquement la tête.
- Tu ne vas pas remettre ça ! Je te préviens, tu n'as pas intérêt à me refaire du chantage pour que j'emmène Harry voir un psy !
- Mais il en a besoin, Sirius. Il doit parler à quelqu'un. Et visiblement, il n'y arrive pas avec toi. Il lui faut sûrement quelqu'un d'extérieur. Quelqu'un qu'il ne connaît pas.
- Ou quelqu'un qui sait mieux s'y prendre avec les adolescents.
- Justement, il y a des psys qui sont spécialisés pour s'occuper des enfants et des adolescents.
- Je – n'emmènerai – pas – Harry – voir – un – psy.
- Ce que tu peux être borné... Tu veux qu'il en parle à qui alors ?
- Je te l'ai dit, à quelqu'un qui connaît bien les adolescents.
- Mais encore ?
- Quelqu'un qui en a côtoyé de tout âge, quelqu'un qui a passé près d'un an avec plus de deux cents adolescents, quelqu'un qui leur a enseigné...
- Tu es gonflé. Ce n'est pas toi qui me disait à l'instant que c'était à toi de t'occuper de Harry ?
- J'ai eu tort, je le reconnais, dit Sirius en hochant largement la tête de haut en bas. Je devrais savoir que tu as toujours raison. Je n'aurais pas dû insonoriser ta chambre. Et je n'aurais pas dû non plus mettre au feu tes vieilles chaussettes pourries et t'en acheter des nouvelles...
- QUOI ?!
- Je te demande sincèrement pardon, je ne recommencerai plus, c'est promis, dit Sirius en battant des cils. Tu me pardonnes, hein ? Tu vois bien que je suis sincère et que je m'en veux énormément. Tu es quelqu'un de gentil, Moony. Et gentil Moony aime beaucoup son ami Patmol. Et...
- Ok, c'est bon, je vais essayer de voir ce que je peux faire.
- Tu peux juste me laisser encore trois nuits pour essayer de pousser Harry à se confier à moi, s'il te plaît ?
- Si tu veux.
- Merci, Moony. Tu es...
- Arrête ou je t'étrangle.
- Je sais que tu ne le feras pas. Parce que tu es gentil.
Sirius ne put s'empêcher de sourire en voyant Remus lever les yeux au ciel et reprendre la Gazette du Sorcier qu'il avait dû commencer à lire pendant l'absence de Sirius trois quarts d'heure plus tôt. Ce dernier adorait embêter son ami. Il savait comment le manipuler pour obtenir ce qu'il voulait. Mais il ne le faisait que pour de nobles raisons. Et, pour lui, la santé mentale de son filleul en était une. Mais il allait devoir se calmer. S'il poussait le bouchon un peu trop loin avec Remus, celui-ci serait bien capable de rentrer chez lui. Non pas tant pour être tranquille, mais parce qu'il savait que Sirius ne voulait surtout pas le voir retourner dans sa vieille maison délabrée. Sirius avait eu assez de mal à le convaincre comme ça ! Il voulait que son ami reste avec lui le plus longtemps possible. Il avait autant besoin de la présence de Remus que son ami avait besoin de la sienne.
Il s'était néanmoins d'abord assuré que cela ne dérangeait pas Harry. Ça n'avait pas été le cas. Son filleul avait même semblé plutôt content. Même s'il avait un peu de mal à être joyeux depuis qu'il était arrivé. Il faisait des efforts, Sirius le voyait bien. Mais il ne devrait pas avoir à en faire. Il ne devrait pas se forcer à sourire. Il ne devrait pas se forcer à rire. Il ne devrait pas essayer de faire croire que tout va bien. Il ne devrait pas faire des cauchemars aussi violents toutes les nuits. Non, il ne devrait pas. Harry était visiblement en pleine souffrance et Sirius n'arrivait pas à l'aider. Il espérait vraiment que Remus réussirait à le faire parler. Sinon... ça lui coûtait de l'admettre mais peut-être devrait-il suivre le conseil de Remus... Mais ce serait vraiment en cas de dernier recours. Il ferait tout pour ne pas avoir à en arriver là. Il ne voulait pas qu'à quinze ans, Harry doive être déjà suivi par un psychomage. Il avait autre chose à faire de ses journées que raconter ses problèmes à un ou une inconnue ! Surtout que c'étaient les vacances. Sirius savait ce que c'était puisqu'il consultait lui-même une psychomage.
C'était la condition que lui avait imposée Remus pour accepter de venir vivre au Square avec lui. Cela avait bien embêté Sirius mais il n'avait pas vraiment eu le choix. Lorsqu'il avait récupéré ses biens, y compris le Square, il avait absolument voulu que Remus vienne habiter avec lui. Mais son ami était du genre très têtu. Remus ne voulait pas être dépendant de quelqu'un, et surtout pas de son meilleur ami. Sirius avait mis du temps à le convaincre. Il était tellement prêt à tout qu'il était allé jusqu'à céder face au chantage que Remus lui avait fait.
Sirius avait donc du prendre contact avec un(e) psy pour que Remus accepte de s'installer au Square. Ce dernier s'était renseigné pour savoir quel était le meilleur psychomage de Grande-Bretagne. Il s'était avéré qu'il y en avait un – ou plutôt une – qui avait un certain succès, surtout auprès des adultes. Elle s'appelait Christina et travaillait à Sainte-Mangouste. Sirius la consultait depuis six mois et devait admettre qu'il se sentait mieux au fil des séances. Il y avait un long chemin à faire pour qu'il réussisse à tourner la page sur les treize années passées à Azkaban mais maintenant qu'il avait commencé une thérapie, il voulait la suivre jusqu'au bout. Il savait que c'était important. Et il était reconnaissant envers Remus de l'avoir poussé à la faire, cette thérapie. Il faisait une séance par semaine et cela lui suffisait amplement pour le moment. Mais il ne voulait pas pour autant que son filleul suive son exemple. Il était son parrain, c'était donc à lui de l'aider. Même si pour ça il avait besoin de l'aide de Remus. Une fois que son ami aurait réussi à faire parler Harry, Sirius pourrait sûrement prendre le relais. Il voulait y croire, en tout cas. Il s'était promis de s'occuper de Harry, et un Black, aussi renié soit-il, tenait toujours ses promesses.
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(dimanche 09/07) POV Remus
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Trois jours avaient passé et Sirius n'avait toujours pas réussi à obtenir les confidences de Harry après l'avoir réveillé de son cauchemar devenu tristement habituel. Il avait donc décidé de laisser la main à Remus. Celui-ci n'avait pas vraiment d'espoirs de réussite. Mais il allait quand-même essayer. Il comptait cependant diverger de ce que lui avait demandé Sirius. Au lieu de pousser Harry à se confier à lui, il allait plutôt tenter de le convaincre de le faire avec son parrain. Selon li, ce serait déjà une bonne chose que Harry réussisse à parler à Sirius. Mais Remus restait persuadé que c'était un psychomage qu'il lui fallait. Ou au moins quelqu'un qui avait des notions de psychomagie. Sirius semblait prêt à accepter cette idée. Mais uniquement si c'était la dernière solution à envisager. Remus avait été soulagé de ce changement d'avis. Telles étaient donc ses pensées alors qu'il inspectait le tableau de la mère de Sirius sous les angles. En veillant évidemment à faire le moins de bruit possible pour ne pas réveiller la locataire du tableau. Sirius voulait à tout prix s'en débarrasser. Ce que Remus comprenait parfaitement. Plongé dans son observation minutieuse, il n'avait pas entendu Harry s'approcher de lui et sursauta quand il s'adressa à lui :
- Professeur ?
Heureusement que Sirius n'était pas là. Il n'arrêtait pas de harceler Harry pour qu'il cesse d'appeler Remus «professeur». Apparemment, le message n'était toujours pas passé. Remus en était plus amusé qu'autre chose. Il se retourna et sourit au petit sorcier brun aux yeux verts.
- Oui Harry ?
- Euh... je peux vous poser une question ?
- Techniquement tu viens de le faire mais tu peux m'en poser une autre.
- Vous ne direz rien à Sirius ?
«Ouh là» se dit Remus. Ça commençait bien. Qu'est-ce que Harry avait à lui demander pour qu'il ne veuille pas qu'il en parle à Sirius ?
- Ça dépend. Tu ne veux pas m'en dire un peu plus ?
- En fait... je ne veux pas le vexer.
- Ah, tu commences à le connaître, on dirait.
Un sourire apparut sur les lèvres de Harry, ce qui fit grandement plaisir à Remus.
- Je te promets de ne rien lui dire.
- Merci, dit Harry d'un air soulagé. Je sais que je suis mal placé pour me plaindre parce que je ne mange pas beaucoup mais... je crois sincèrement que je mangerais davantage si ce n'était pas Sirius qui faisait à manger.
Remus en resta comme deux ronds de gallion. Il s'attendait à tout sauf à ça. Mais une fois l'étonnement passé, il se mit à rire.
- Au moins ça a le mérite d'être clair ! Je comprends mieux pourquoi tu ne veux pas que je le dise à Sirius.
- Vous m'avez promis de ne rien dire !
- Oui et je tiendrai ma promesse. Enfin, je vais en parler à Sirius mais sans lui dire que c'est toi qui a fait une remarque sur ses talents culinaires quasi inexistants.
- Alors vous êtes d'accord avec moi ?
- Disons que je suis habitué à la cuisine de Sirius, éluda Remus, amusé.
- Mais vous allez quand-même lui faire une remarque ? Vous n'avez pas peur de le vexer ? Je peux très bien faire à manger, vous savez. Je peux proposer à Sirius de préparer les repas sans lui faire comprendre que je ne suis pas fan de sa cuisine...
Remus se troubla un instant. Il vit là une merveilleuse aubaine de relier le problème «cuisine de Sirius» au problème «cauchemars de Harry». Il devait juste y aller tout en finesse.
- Tu sais Harry, dit-il doucement, on ne règle pas les problèmes en les passant sous silence. Il faut les affronter pour pouvoir les régler. Et pour ça, il faut commencer par en parler.
Remus vit Harry froncer légèrement les sourcils. Sans doute se demandait-il si ces paroles n'avaient pas un sens caché. Remus s'amusa de le voir scruter son visage comme s'il y cherchait la réponse à sa question.
- Vous dites ça pour Sirius ?
- Non, c'est une vérité générale. Mais en ce qui concerne Sirius, je vais lui apprendre à faire correctement la cuisine. J'aurais dû le faire avant mais, comme je te l'ai dit, je suis habitué à sa cuisine. Il refuse que je prépare à manger. Si tu le lui proposes il n'acceptera donc pas non plus. Mais je ne vais pas lui laisser le choix. Il va être obligé de me laisser lui apprendre les bases.
- Vous savez faire la cuisine ?
- Disons que j'ai touché un peu à tous les métiers. J'ai parfois eu la chance de garder des jobs plus longtemps que d'autres. Et ce, principalement dans le monde moldu. C'était plus facile de cacher ma nature dans ce monde-là.
- Je suis désolé, je ne voulais pas...
- Non, je t'arrête tout de suite. Si tu dois t'excuser à chaque fois que tu poses une question qui peut faire référence à mon problème de poils, nous ne sommes pas sortis de l'auberge, dit Remus avec humour.
Cela eut le mérite d'arracher un deuxième sourire à Harry. «Finalement, ce n'est pas si compliqué de le faire sourire» pensa Remus. Il suffisait de savoir comment lui parler. Cela conforta Remus dans ce qu'il pensait depuis le début des vacances : Sirius prenait trop de pincettes avec Harry. Il avait peur de dire quelque chose de mal alors il préférait se taire. Mais cela ne faisait qu'encourager Harry à se renfermer sur lui-même.
- Donc vous allez coacher Sirius ?
- Oui, on peut dire ça.
- Vous croyez que vous pourrez le convaincre de me laisser faire le déjeuner ou le dîner de temps en temps ? S'il vous laisse approcher de sa cuisine il acceptera peut-être de me laisser m'en approcher aussi...
- Tu tiens tant que ça à faire à manger ? Serait-ce une éventuelle vocation ?
- Non, c'est juste que j'ai envie de me rendre utile et que j'aime bien cuisiner.
- Où est-ce que tu appris ça ?
- Ce n'est pas très important, dit Harry en haussant les épaules. Merci de m'avoir écouté, en tout cas. Je vais vous laisser à vos... euh... occupations, ajouta-t-il avec un regard en biais au tableau.
Remus ne put s'empêcher de sourire. Il était aussi facile de lire en Harry que dans un livre ouvert. Tout en lui parlait à sa place : ses regards, sa voix, son intonation, sa façon de parler, sa posture, ses gestes... Remus n'avait aucun mal à lire dans ses pensées.
- Tu te demandes pourquoi je m'intéresse tant à ce tableau ?
- Euh... oui. Sirius m'a dit de ne pas trop m'en approcher alors...
- Et il a raison. Si tu tiens à tes tympans tu ferais mieux de l'écouter.
- Elle est si terrible que ça ?
- Bien plus que tu ne le crois. Je n'ai eu à faire à elle que deux fois mais ça m'a amplement suffi. C'est la croix et la manière pour la faire taire.
- Vous cherchez un moyen d'enlever son tableau ?
- Exactement. Mais c'est presque mission impossible. Il a été collé au mur avec un sort de glu perpétuelle. Mais nous ne désespérons pas d'y arriver. Sirius ne veut vraiment plus le voir. Et je le comprends.
- Bon courage, alors. Mais vous êtes un Maraudeur, comme Sirius. Ce n'est pas un stupide sort de glu perpétuelle qui va vous résister !
Harry s'en alla sur ces mots sous le regard de Remus qui était un peu sonné. Ce petit avait entièrement raison. Ce sort de glu perpétuelle ressemblait à s'y méprendre à une mauvaise farce. Mais les rois des mauvaises farces c'étaient les Maraudeurs ! Ou, plutôt, ce qu'il en restait. Hors de question que quelqu'un leur vole la vedette ! Remus fut alors pris d'une toute nouvelle motivation. Il l'aurait, ce tableau, il l'aurait !
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Quelques heures plus tard POV Harry
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- Eh bien, Harry, tu ne manges pas tes légumes ?
Harry retint de justesse une grimace au mot «légume». Pour lui, ce qu'il avait dans son assiette, c'était tout sauf des légumes. En soi, oui, c'étaient bel et bien des légumes. Mais ça n'en avait pas du tout le goût. Sirius avait voulu faire un pâté de légumes mais ça ressemblait davantage à une purée qui aurait été mixée, remixée, et encore remixée... En fait il ne savait pas quels légumes contenait exactement son assiette.
- Je n'ai pas très faim. Je crois que Ron m'a envoyé mon cadeau d'anniversaire en avance. Il m'a fait livrer un colis rempli de sachets de bonbons. Hermione serait folle. Ou, plutôt, ses parents seraient fous.
- Ah bon ? Pourquoi ?
- Ils sont dentistes, répondit Harry, amusé. Alors les bonbons, pour eux, c'est le diable incarné.
- Et ils ont raison. Ce n'est pas bon, les bonbons.
- Dit celui qui dévalisait Honeydukes lors de chaque sortie à Pré-au-Lard !
- James était pire que moi ! se défendit Sirius.
- Il ne mangeait pas tous les bonbons qu'il achetait. Il en donnait la moitié à Lily en espérant ainsi attirer son attention. Évidemment ça ne marchait jamais.
- Il a toujours été nul en matière de drague. Harry, ne suis surtout pas l'exemple de ton père.
Cette fois ce fut un sourire que Harry retint. Si Sirius savait... Mais son amusement laissa vite place à un sentiment de tristesse qu'il cacha également.
- Ça tombe bien, je n'en avais pas l'intention, dit-il d'un air détaché. Je préfère me forger ma propre expérience.
- Ça c'est bien parlé ! Pendant qu'on y est, y a-t-il une fille qui te plaît à Poudlard ?
Harry se sentit rougir comme une pivoine. Il n'avait pas du tout, mais alors pas du tout envie d'aborder cette question. Il répondit alors avec toute la franchise dont il était capable :
- Non.
- Te voilà fixé, Sirius. C'est une réponse qui vient du fond du coeur.
- Oui mais il n'a peut-être pas bien regardé. Le meilleur moment pour les regarder c'est lors du petit-déjeuner dans la Grande Salle. Elles ont la tête dans le pâté, elles ne se rendent compte de rien.
- Merci pour le conseil, marmonna Harry. Mais je n'ai pas envie de me trouver quelqu'un pour le moment. J'aimerais passer une année tranquille, en fait. Maintenant que le monde sorcier est débarrassé de Voldemort, ça va peut-être être enfin possible.
- Tu as raison, Harry. Concentre-toi sur ce qui est important. Et je ne parle pas que des BUSE. Même si c'est évidemment important. Ça doit rester une de tes priorités. Mais tu dois aussi t'amuser.
- Tu m'as fait peur, Remus. J'ai cru que tu allais reléguer les BUSE au second plan. Je t'aurais sûrement emmené à Sainte-Mangouste pour te faire examiner.
Harry rit sans aucune retenue en voyant son ancien professeur de Défense Contre les Forces du Mal lancer le contenu de son verre de jus de citrouille à la figure de Sirius.
- Ça me démangeait depuis le début des vacances.
- Pas de ma faute si tu es susceptible... grommela Sirius.
- La pleine lune est dans trois jours alors oui, je suis un peu susceptible.
- Ouh là, je vais me tenir à carreaux alors. D'ailleurs je vais aller me coucher, annonça Harry.
- Mais il est encore tôt, s'étonna Sirius. Et tu n'as presque rien mangé...
- Je sais mais je n'ai pas très faim. Et je suis fatigué.
- Bon, très bien, vas-y dans ce cas. Ne t'occupe pas de la table, je vais la débarrasser.
- Non, je tiens à faire ma part.
Harry ne laissa pas le temps à Sirius de répondre et prit assiette, verre et couverts qu'il alla déposer dans l'évier de la cuisine. Il souhaita une bonne nuit à son parrain et à son ancien professeur et monta à sa chambre. Il se mit en pyjama et se glissa rapidement sous les draps. Il n'avait pas menti à Sirius. Il était réellement fatigué. Il avait du mal à s'endormir et quand il y arrivait enfin, il était hanté par ce cauchemar qu'il faisait toutes les nuits. À chaque fois, il se faisait réveiller par Sirius. À chaque fois il avait honte. À chaque fois il s'en voulait de l'avoir fait se déplacer pour rien. Car il ne voulait jamais parler de son cauchemar à son parrain alors que ce dernier le lui proposait systématiquement. C'était beaucoup trop dur.
Ce n'était pas vraiment un cauchemar. Mais plutôt un souvenir d'événements réels. C'était déjà difficile de les avoir vécus en vrai, ça l'était tout autant de les revivre pendant son sommeil et il ne voulait pas imaginer à quel point ça devait être éprouvant de les raconter... Mettre des mots dessus paraissait impossible pour lui. Il avait déjà tout relaté à Poudlard mais c'était à chaud. À ce moment-là il n'avait pas le recul qui rendait les choses encore plus difficiles à accepter. Il en avait assez de ce cauchemar. Il ne voulait plus dormir. Mais il y était obligé. Son corps et son esprit réclamaient du repos. Alors il ferma les yeux et se laissa emporter par les bras de Morphée.
Bien vite – peut-être dix minutes plus tard pour lui alors qu'il s'était écoulé deux heures en réalité – il refit ce cauchemar qui venait perturber toutes les nuits son repos tant mérité. Il revécut tout. Le portoloin, le cimetière, la mort de Cedric, la pierre tombale de Tom Jedusor Senior, la renaissance de Voldemort, l'apparition des Mangemorts, les Doloris, le duel contre Voldemort, le retour à Poudlard par portoloin avec le corps de Cedric... Puis tout s'embrouilla. Il ressentit de nouveau les Doloris. Il hurla pour qu'on le lâche, pour qu'on le laisse tranquille. Il sentit qu'on le secouait. Il entendit une voix, aussi. Une voix qui n'était pas dans son souvenir. Elle se fit de plus en plus forte. Tout comme la main qui le secouait. Il ouvrit brusquement les yeux. Et manqua de crier de nouveau. Habitué depuis dix jours à ce que ce soit son parrain qui le réveille de son cauchemar habituel, il ne s'attendait pas à voir, cette fois, son ancien professeur de DCFM près de lui. Mais il se calma rapidement. Il se redressa cependant d'un coup et dévisagea l'homme qui se trouvait à côté de lui.
- Professeur ? Que faites-vous là ?
- Je prends la relève, expliqua doucement le professeur Lupin.
- Oh... Mais Sirius...
- Il est en bas, dans le salon. C'est moi qui me suis proposé de venir te réveiller.
Harry hocha la tête. Il ne comprenait pas vraiment mais ce n'était pas très important. Le professeur Lupin faisait un très bon substitut.
- Mais la pleine lune...
- N'est que dans trois jours et je ne me sens absolument pas fatigué pour le moment.
- Vous n'allez pas me laisser finir mes phrases, en fait ?
- Je t'épargne des efforts, tu devrais être content, répondit le professeur Lupin en souriant.
Harry se détendit et réussit à sourire lui aussi, même si ce n'était que très légèrement.
- Après, si tu veux que j'aille chercher Sirius...
- Non, il a le droit de reposer un peu, le pauvre. Je m'en veux déjà de le faire accourir tous les soirs pour me sortir de mon cauchemar...
- Il ne te laissera pas tout seul alors que tu as besoin d'aide, Harry. Il sera toujours là pour toi, maintenant.
Harry baissa les yeux. Il savait que le professeur Lupin avait raison mais il n'y était simplement pas habitué. Personne ne l'avait jamais rassuré après un cauchemar lorsqu'il était chez les Dursley. Il se faisait même disputer parce qu'il avait crié durant la nuit. Mais ça c'était quand il était tout petit. Il avait vite appris à ne plus crier pour ne pas réveiller son cousin, son oncle ou sa tante. Cette mauvaise habitude était revenue à Poudlard. Car il savait, inconsciemment, que personne ne le disputerait. Ses voisins râleraient peut-être, oui, mais ils ne lui crieraient pas dessus. Et au Square non plus. Mais il n'arrivait pas à se faire à l'idée que quelqu'un était là pour lui à chaque fois qu'il en aurait besoin. Surtout que Sirius était trop gentil. Il ne se vexait jamais quand Harry refusait de lui parler de ses cauchemars. Sirius le lui proposait à chaque fois, pourtant. Le professeur Lupin s'attendait-il lui aussi à ce que Harry lui en parle ? Il espérait que non. Car il préférait oublier son cauchemar plutôt qu'en discuter.
- Ça va Harry ?
La question du professeur Lupin fit sursauter Harry qui releva brusquement la tête.
- Oui, oui, je... je réfléchissais.
- À ton cauchemar ?
- Non. Je l'ai déjà oublié, mentit Harry.
- Tu ne veux donc pas en parler ?
Harry secoua la tête.
- Bien, comme tu veux. Mais tu sais, ça te ferait du bien d'en parler.
- Ce n'est pas la peine. En plus j'en ai déjà parlé. Dumbledore et Sirius savent déjà ce qui s'est passé.
- Donc c'est bien ce que tu as vu et subi au cimetière qui vient hanter tes nuits ?
- Oui.
- Il faut que tu en parles.
- Je l'ai déjà fait !
- Oui mais là c'est différent. À la fin du mois de juin tu as parlé de ce que tu as vécu en vrai. Là c'est un cauchemar. Un cauchemar basé sur des souvenirs, certes, mais un cauchemar quand-même. Discuter permet d'extérioriser.
Harry soupira. Le professeur Lupin dut comprendre que cela ne servait à rien d'insister puisqu'il se leva.
- Je reviens, je vais chercher quelque chose.
Ah non, il n'avait peut-être pas compris, tout compte fait. Harry espérait tout de même qu'il ne reviendrait pas sur ce sujet. Harry se rallongea et ferma les yeux en essayant de ne pas se rendormir pendant l'absence du professeur Lupin. Il les rouvrit lorsqu'il entendit son ancien professeur revenir et fut étonné de le voir avec une tasse dans les mains.
- Tiens, un bon chocolat chaud pour te remettre de tes émotions.
- Vous réglez toujours tout à coup de chocolat ?
Le professeur Lupin éclata de rire.
- J'ai tendance à croire que c'est un remède à pas mal de choses, en effet. En tout cas ça remonte toujours le moral.
Harry sourit et but une gorgée de la boisson chaude et cacaotée. C'est vrai que ça faisait du bien. Autant que lorsqu'il mangeait du chocolat après une rencontre avec un Détraqueur ou lors des cours pendant lesquels il s'entraînait sur le sortilège du Patronus. Il but lentement son chocolat et se sentit mieux une fois avoir vidé la tasse. Il la posa sur sa table de chevet et posa un regard reconnaissant sur son ancien professeur.
- Merci, ça m'a fait beaucoup de bien.
- De rien. Tu vas pouvoir te rendormir, maintenant.
- Vous avez mis quelque chose dedans ?!
- Va savoir. Non, plus sérieusement c'est juste que je te trouve plus apaisé.
- C'est le chocolat qui fait ça.
- Oui, sûrement.
Même si le professeur Lupin avait adopté un ton neutre, Harry savait qu'il ne pensait pas ce qu'il disait. Lui-même ne croyait pas du tout que c'était grâce au chocolat qu'il se sentait plus calme. Il soupira de nouveau.
- Non, en réalité ça me fait du bien de parler. Mais je ne veux pas me confier sur mon cauchemar pour autant. Du moins... pas maintenant.
- Pas maintenant ou pas avec moi ? Ni avec Sirius ?
Harry grimaça. Le professeur Lupin était bien trop perspicace à son goût. Même à onze heures du soir. Mais Harry se sentait en confiance. Ça ne lui était jamais arrivé en présence d'un adulte depuis... depuis toujours. Ça ne lui était jamais arrivé tout court, en fait. Il osa alors se confier.
- Ce n'est pas contre vous ou contre Sirius. C'est juste que... je ne veux pas en parler à quelqu'un que je connais et dont je suis proche. Il y a trop d'affect, vous comprenez ?
- Absolument. Ce serait plus facile pour toi de te confier à un inconnu, c'est ça ?
Harry acquiesça. Il n'y avait jamais vraiment réfléchi depuis qu'il faisait ce cauchemar mais cela lui semblait évident, tout à coup. Il n'arrivait pas à se confier à Sirius parce qu'il ne voulait pas sentir son regard peiné sur lui. Il ne voulait pas qu'il le plaigne. Il ne voulait pas qu'il s'inquiète pour lui. Mais il n'osait pas le lui dire. Il avait peur que Sirius prenne cela comme un manque de confiance. Il devait cependant reconnaître qu'il avait besoin d'en parler. Il en avait assez de faire ce cauchemar chaque nuit. Ce qu'il lui faudrait, en fait, c'était prendre des potions de sommeil sans rêves. Mais comment s'en procurer ? Il se rappela que le professeur Lupin lui avait posé une question et décida d'y répondre :
- Oui, je crois que ce serait plus simple face à quelqu'un que je connais pas. Mais pas n'importe qui non plus.
- Évidemment, tu ne vas pas aller te confier à la première personne que tu vas croiser dans la rue...
- Il faudrait déjà que je sorte pour ça.
- Tu aimerais sortir un peu du Square ?
- Ce ne serait pas du luxe, oui.
- Bien, j'en parlerai à Sirius.
- Vous ne lui parlerez que de ça ? demanda Harry, l'air franchement sceptique.
- Je ne lui dirai que ce que tu m'autoriseras à lui dire.
Harry fit la moue.
- J'imagine que vous voulez lui révéler tout ce que je vous ai dit ?
- Je ne le ferai qu'avec ton accord.
- Vous l'avez. Vous aviez raison. On ne règle pas les problèmes en les passant sous silence.
Le professeur Lupin sourit.
- Tu apprends vite, on dirait.
- Vous avez eu dix mois pour le constater et vous ne vous en apercevez que maintenant ? demanda Harry, faussement outré. Vous avez enseigné la matière dans laquelle je me sens le plus à l'aise, en plus. D'ailleurs j'espère qu'on aura un bon professeur de DCFM cette année...
- On discutera de tout ça demain, si tu veux, dit doucement le professeur Lupin. Pour le moment tu as besoin de dormir.
- J'y arriverais mieux avec une potion de sommeil sans rêves.
- Je m'en doute mais ce n'est malheureusement pas une potion qui s'achète comme ça en se rendant dans une boutique. Mais ça fait partie des choses dont je parlerai avec Sirius. On va essayer de trouver une solution.
- C'est vrai ?
- Oui. Fais-moi confiance.
Harry acquiesça, acceptant cette requête plus facilement qu'il ne l'aurait pensé. Faire confiance était assez compliqué pour lui.
- Veux-tu que je reste près de toi jusqu'à ce que tu te rendormes ? Ou veux-tu que je t'envoie Sirius ?
- Non, ce soir il est de repos complet. Je veux bien que vous preniez la relève jusqu'au bout.
Remus sourit en couvant Harry d'un regard protecteur et ce fut avec cette image en tête que Harry ferma de nouveau les yeux. Pour de bon cette fois. Il se sentait vraiment apaisé, ce qui lui permit de vite se rendormir avec l'illusion d'avoir enfin des personnes qui étaient là pour l'aider à chaque fois qu'il en aurait besoin.
