Disclaimer : MFB ne m'appartient pas.

Cette histoire sera complète en 5 chapitres (en comptant le prologue). Le prologue et le chapitre 1 sont publiés en même temps. Le reste sera publié (normalement) toutes les deux semaines.


Prologue – Le monde a changé


Ryuuga était mort.

C'était triste. Ginga avait versé quelques larmes sur le moment. Il avait tout d'abord ressenti un choc, violent. Il ne s'attendait pas à le revoir, surtout pas à cet instant – Ryuuga avait clairement dit qu'il ne comptait pas les aider et s'était même posé en ennemi. Et Ginga n'aurait jamais imaginé qu'il puisse être défait. En tout cas, pas par un autre blader que lui ou Kyouya.

Puis, il avait senti une tristesse teintée de vide. Le blader le plus puissant du monde était mort. Il n'était pas quelqu'un de bien – loin de là – mais ça ne comptait pas. Son décès représentait une perte pour le monde du Beyblade, il ne pourrait jamais être remplacé, il n'aurait ni égal ni digne successeur.

Ginga lui avait dédié leur victoire en pensées... et c'était tout. Les quelques heures entre la mort de Ryuuga et leur victoire lui avaient suffi pour faire son deuil. Ryuuga était mort, certes, et c'était triste pour le monde du Beyblade, mais la vie continuait. Il avait d'autres duels à mener et d'autres adversaires à combattre.

Il ne comprenait donc pas l'intérêt de cette cérémonie.

L'AMBB avait décidé d'organiser quelque chose en mémoire de Ryuuga, pour le remercier de son sacrifice. Ginga avait réussi à garder un visage neutre quand son père le lui avait annoncé malgré les pensées qui s'étaient bousculées dans sa tête. Quel sacrifice ? Ryuuga avait confié son fragment d'étoile à Kenta, mais il avait choisi de se mesurer seul à Nemesis et sa fierté mal placée avait failli mener le monde à sa perte.

Mais il ne fallait pas dire du mal des défunts. Ginga avait gardé ses pensées pour lui. À présent, il assistait à une cérémonie où il ne se sentait pas à sa place. Pour lui, la mort de Ryuuga appartenait au passé. Elle était survenue à peine un mois plus tôt, mais des années auraient pu s'écouler vu à quel point elle touchait peu Ginga.

Il se tordit les mains, se demandant ce qui clochait chez lui. Madoka lui adressa un regard compatissant qu'il ne méritait pas. Elle semblait plus touchée que lui, avec ses yeux rougis par les larmes, bien qu'elle n'ait jamais eu l'occasion d'affronter Ryuuga.

Ginga regarda le reste de ses amis. L'AMBB avait choisi le timing parfait : Madoka n'ayant pas fini les réparations des toupies, tous les bladers légendaires étaient toujours en ville. Tous avaient été conviés. Kenta était le plus secoué, évidemment. Il pleurait sans s'en cacher. C'était lui qui connaissait le mieux Ryuuga. Il avait passé des semaines sur ses traces, à suivre les mêmes entraînements que lui. Il l'avait côtoyé d'une manière que Ginga avait cru impossible. Benkei se tenait aux côtés de l'enfant pour le réconforter. Bien. Le blader de Bull était le mieux placé pour cette mission. Il savait prêter l'oreille aux peines des autres et trouver les mots pour les aider à aller mieux.

Ensuite, en terme de tristesse, venait Yuu. Sûrement des restes de son séjour à la Nébuleuse Noire, quand Ryuuga était le centre de son univers. Tsubasa semblait pas mal secoué, lui aussi, même s'il gardait contenance – Ginga ne pensait pas qu'il ferait grand chose d'autre que ciller si une météorite s'écrasait à quelques pas de lui. La tristesse des autres était à peu près au même niveau... et mille fois plus plus intense que la sienne.

Ça ne va pas du tout. C'est très mauvais.

Quel genre de personne versait quelques larmes à la mort d'un être humain qu'elle connaissait et passait immédiatement à autre chose ?

Quelqu'un qui ne méritait pas les amis qu'il avait.

Ginga balaya les regards tristes sans s'y arrêter – il ne voulait pas que ses amis voient à quel point il était sombre et tordu – et croisa un regard bleu, serein mais concentré. Kyouya.

Une vague de soulagement recouvrit ses craintes. Kyouya ne semblait pas plus affecté que lui. Il avait revêtu l'air sérieux qu'il affichait pour les cérémonies officielles – Ginga ne l'avait vu qu'une fois mais ça l'avait marqué – mais ses yeux si expressifs ne trahissaient aucune détresse. Ginga n'était pas le seul à être passé à autre chose. Il n'était pas un monstre.

(Kyouya avait beaucoup de défauts. Il était égoïste au possible, faisait souvent passer son intérêt avant celui des autres – plus précisément, il n'existait qu'une minuscule poignée de personnes qu'il était prêt à faire passer avant lui – mais il n'était pas un monstre sans cœur. Il avait été incapable d'abandonner Yuu au milieu de nulle-part – quand bien même il prétendait à qui voulait l'entendre qu'il avait essayé – et avait confié Tithi à Dynamis – les deux bladers légendaires les plus seuls ne l'étaient plus désormais... et Ginga était certain qu'il aurait trouvé un moyen de leur mettre Chris dans les pattes si le blader légendaire de l'hiver n'avait pas semblé satisfait de sa nouvelle situation.

Pour résumer, si quelque chose ne rendait pas Kyouya triste, ce n'était pas si grave de ne pas se laisser toucher par cet événement.)

La culpabilité revint en force quand Ginga se surprit à être soulagé que ce ne soit pas un de ses amis à la place de Ryuuga. Ou, pire encore, Kyouya. Il ne voulait pas imaginer ce qu'il aurait ressenti si Nemesis avait tué son rival. L'idée seule était terrifiante. La possibilité imprimait dans ses os et sa chair une angoisse qu'il aurait préféré ne jamais éprouver à nouveau.

Ouais. Il était horrible, finalement. On ne pouvait pas se rendre à une cérémonie en mémoire de quelqu'un et se dire heureusement que c'était lui et non une personne que j'aimais. C'était monstrueux. Monstrueusement égoïste.

Arriva le moment d'allumer des bâtons d'encens. Ginga invita Kenta à passer en premier. Son ami en fut ému et la culpabilité de Ginga monta d'un cran. C'était la moindre des choses. Kenta ne devrait pas se sentir reconnaissant pour si peu.

Ce fut son tour. Il s'éloigna de l'autel aussi rapidement que possible et patienta à l'écart. Une main lui frôla le bras. Il tourna la tête et réprima un sursaut en voyant Kyouya. Son rival n'était pas du genre tactile – ou mal élevé, selon son point de vue. Son regard océan traînait sur l'autel.

- Ryuuga était fort, constata-t-il d'une voix dépourvue d'émotion. C'est dommage qu'on ne puisse plus l'affronter. On a laissé passer la chance de lui mettre la raclée qu'il méritait.

Kyouya reporta son regard sur lui. Ses yeux bleus ne se contentaient pas de le voir, ils le regardaient. Ginga avait l'impression qu'ils mettaient à nu la moindre de ses pensées.

- Il a fait son choix. Personne d'autre que lui n'en est responsable. Quand on prend une décision, il faut en assumer les conséquences.

Sur ces mots, Kyouya le quitta des yeux et commença à s'éloigner. Ginga se rendit compte qu'il était plus détendu qu'il ne l'avait été depuis qu'il avait appris la planification de cette cérémonie.

- Merci Kyouya, souffla-t-il.

Son rival tourna légèrement la tête et lui adressa un signe. Il n'aurait pas dû être capable de l'entendre, pas alors qu'une foule les séparait et que Ginga avait parlé si doucement. Mais cela faisait bien longtemps que Ginga avait cessé de s'interroger sur leur lien si particulier.

La vie continuait. Il n'y avait aucun mal à ça.

Et les mois passèrent.


Fin du prologue