N/A : J'espère que vous allez bien en ce joli mois de novembre (ceux qui disent que novembre est triste sont des jaloux dont l'anniversaire tombe un autre mois).
Résumé du chapitre précédent :
Ron se fait enlever par un chien noir et disparait sous le Saule Cogneur. Harry, Ron et Hermione le suivent jusqu'à arriver à la Cabane Hurlante, où ils tombent sur Sirius. Celui-ci tente de s'expliquer mais Ron panique et Harry endort ce dernier. Avant de pouvoir commencer ses explications, Remus arrive et Hermione explique qu'il est un loup-garou. Harry prend la nouvelle avec un pragmatisme certain, et est plus intéressé par le fait qu'ils étaient les Maraudeurs. Puis Rogue arrive, menace Sirius, Harry le désarme et tout le monde est enfin disponible pour expliquer ce qui s'est passé il y a douze ans chez les Potter. Pettigrew est démasqué comme traître, puis transformé depuis son état de rat, mais Harry intervient avant que son parrain et Remus le tue.
Les quatre hommes se tournèrent vers Harry dans un silence choqué. Le professeur de Défense fut étonnamment le premier à protester.
- Harry, ce que cet homme a fait est impardonnable.
- Je sais ce qu'il a fait, répliqua Harry. C'est pour ça qu'il doit rester en vie.
Toujours allongé sur le sol, Pettigrew se mit à avancer comme il pouvait vers le garçon à la cicatrice, ses petits yeux soulagés et de nouveau calculateurs.
- Oh merci Harry, je savais que tu étais bon, que t-
Sirius posa un pied sur son dos pour l'empêcher de s'approcher davantage de son filleul, à l'instant où celui-ci interrompait la phrase pour achever sa pensée d'une voix glaciale.
- Pour qu'on puisse le livrer aux Aurors et qu'il soit envoyé à Azkaban.
Un silence de mort régna pendant quelques secondes. Puis au même instant, Pettigrew explosa en supplications, Sirius et Remus échangèrent un long regard, et Rogue eut une ébauche de sourire sadique.
- Responsable direct de la mort de Lily et James Potter, énuméra le Serpentard, espionnage et trahison pour le Seigneur des Ténèbres, meurtre de treize moldus, usurpation d'honneurs à titre posthume, manipulation pour faire accuser et condamner un innocent... s'il a un bon avocat, il s'en tirera avec un baiser du Détraqueur.
Sirius regarda le professeur de Potions d'un air ahuri, et explosa de rire.
- Merlin nous aide, je crois que je suis d'accord avec Servilus !
Harry sourit à son parrain, et sentit l'atmosphère se détendre de façon perceptible, à défaut du débit de parole constant de Pettigrew qui continuait à supplier et justifier ses actions. Dans un froncement de sourcils agacé, le héros de Griffondor fit un geste avec sa baguette et la voix de l'homme disparut, en dépit de la façon dont ses lèvres continuaient de bouger.
- Potter, soupira Rogue, ne me dites pas que vous avez été assez idiot pour vous entrainer seul à faire de la magie informulée ?
- Si ça peut vous faire plaisir professeur, répondit Harry avec un grand sourire innocent, je ne vous le dirai pas.
Le directeur de Serpentard lui lança un regard noir qui manquait de conviction, et se contenta de secouer la tête d'un air désapprobateur. À côté de lui, Sirius avait recommencé à rire et Remus tentait de dissimuler un sourire hilare sous sa main.
- Si vous avez fini vos gamineries, répliqua sèchement Rogue, je suggère de rentrer au château. Toute cette histoire va déjà m'obliger à travailler assez tard comme ça. Potter, réveillez Weasley et faites-lui un résumé de la situation. Ou plutôt, rectifia-t-il, Granger, occupez-vous du résumé. Et Londubat, ne restez pas planté là avec cet air stupide.
- Oui professeur, répondirent les trois élèves.
Harry prononça le sort pour réveiller Ron – avec sa baguette cette fois – et observa le sorcier roux se relever en grognant.
- Merlin Harry, j'ai rêvé qu'on était dans la Cabane Hurlante avec Sirius Black… AAAAAAAH ! HARRY !
Le héros de Griffondor leva les yeux au ciel en soupirant, puis tourna un regard suppliant vers Hermione, qui inspira un grand coup avant d'accomplir la tâche qui lui avait été confiée. La sorcière lui adressa un rapide regard vaguement agacé, puis avança pour se placer en face de Ron.
Et lui asséna une gifle magistrale.
Neville émit un sifflement admiratif, Harry choisit sagement de ne pas s'exprimer, et les sorciers derrière eux observèrent la scène avec curiosité. Ron fixa Hermione comme si elle était folle, mais fut trop choqué pour réagir et la sorcière aux cheveux bouclés en profita.
- Sirius Black n'est ni un meurtrier, ni un fou, et il est le parrain d'Harry. Celui qui a trahi ses parents est Peter Pettigrew, qui est là, fit-elle en le désignant, et bien vivant après avoir passé douze ans en tant que Croûtard, qui est sa forme animagus. Le professeur Lupin et le professeur Rogue peuvent en témoigner et vont le livrer à la justice pour lui faire payer ses crimes et innocenter Sirius. Oh et le professeur Lupin est un loup-garou mais il a pris sa potion donc tout devrait bien se passer.
Elle n'eut pas le temps d'achever sa dernière phrase que le roux s'évanouit et retomba sur le lit. Derrière eux, Rogue renifla avec dédain.
- Et ça se prétend Griffondor, grommela-t-il. Ceci dit, Lupin, c'est la pleine lune ce soir et elle ne devrait pas tarder à se lever.
Le professeur de Défense pâlit et jeta un regard inquiet à Sirius et ses élèves.
- Est-ce que vous pourrez tout gérer ici ?
- Beaucoup plus facilement sans un loup-garou sur les bras, répliqua le professeur de Potions.
Remus hocha la tête, serra l'épaule de Sirius brièvement, et sortit de la chambre pour se ruer dans les escaliers.
- Je me charge de Pettigrew, déclara Rogue. Granger, Londubat, débrouillez-vous pour réveiller Weasley et l'aider à descendre. Potter, Black, vous-
- Pas si vite Servilus, objecta le Maraudeur. J'ai déjà suivi tes instructions une fois ce soir, c'est suffisant pour cette année. Harry et moi, on va rester au milieu. Il pourra aider ses amis en cas de besoin, et je serai prêt à réagir si jamais ce sale lâche tente quoi que ce soit.
Le professeur de Potions se pinça l'arrête du nez, mais se contenta finalement de tourner les talons et de lancer un sort pour ligoter, puis faire léviter Pettigrew.
- Ne trainez pas, fit-il sèchement.
Sirius lança un clin d'oeil complice à Harry, qui étouffa un petit rire avant de se retourner vers ses amis et Ron qui venait de se réveiller.
- Ça va aller Ron ? demanda-t-il.
- Si ça va aller ? fit-il d'un air désespéré. Harry, mon rat était quelqu'un ! Et Black est dans le camp des gentils en fait ? Et... Merlin, comment vous faites tous pour être aussi calmes ?
- Franchement, aucune idée, répondit Neville en haussant les épaules. Je crois que je n'ai toujours pas réalisé ce qui se passe.
- En attendant, est-ce que tu peux te lever ? demanda Hermione. On doit retourner au château et tu as besoin de voir madame Pomfrey.
Le sorcier roux se redressa mais laissa échapper un gémissement de douleur en posant son pied blessé au sol. Hermione et Neville prirent chacun un de ses bras autour de leurs épaules pour qu'il puisse avancer en boitant, et Sirius lui adressa une grimace d'excuse.
- Désolé à propos de ça, gamin. Mais après treize ans d'attente dont douze à Azkaban, j'ai un peu perdu le contrôle en voyant ce foutu rat s'échapper sous mon nez.
Un peu perdu quant à la réponse qu'il pouvait donner, Ron ouvrit et ferma plusieurs fois la bouche avant de finalement renoncer à parler.
Leur petit groupe se mit en mouvement, et si les escaliers furent un passage un peu délicat, le reste du trajet se passa sans encombres. Rogue les attendait avec un air de reproche à l'entrée du passage, et ils se mirent tous en route.
- C'est très noble ce que tu as fait pour Pettigrew, déclara doucement Sirius pendant qu'ils marchaient. Il ne le mérite pas.
- Je me suis dit que mon père n'aurait pas voulu que son meilleur ami devienne un meurtrier, répondit Harry. Et puis s'il meurt, la vérité meurt avec lui.
Les yeux gris l'observèrent pendant un instant, et un air affectueux s'installa finalement sur le visage fatigué de l'évadé.
- Merci Harry. Pour m'avoir donné une chance, expliqua Sirius devant l'air confus du Griffondor. Je te promets qu'à partir de maintenant, je vais faire en sorte de rattraper toutes ces années d'absence.
Un vrai sourire heureux s'épanouit sur le visage du plus jeune.
- Ce serait génial.
Ils continuèrent à marcher en silence quelques instants, jusqu'à ce que Sirius prenne son courage à deux mains pour poser une question.
- Harry... puisque je suis ton parrain, ça fait de moi ton gardien légal, tu sais ?
Le garçon à la cicatrice le regarda d'un air perplexe et hocha la tête. Le Maraudeur paraissait hésitant, comme s'il doutait de la façon dont sa prochaine question allait être reçue. Harry pencha la tête sur le côté, intrigué, et essaya de transmettre en silence qu'il écouterait jusqu'au bout. Même s'ils venaient à peine de se retrouver, Harry sentait que Sirius était en train de lui montrer qu'il comptait pour lui.
- Quand je serai de nouveau libre, et que j'aurai un endroit où rester... enfin, je comprendrais parfaitement si tu voulais continuer à vivre là où tu es, s'interrompit le Maraudeur, mais si tu le souhaites... je veux que tu saches que tu as la possibilité de...
Malgré le fait que la phrase de son parrain soit un peu embrouillée, Harry devina ce qu'il essayait de lui dire et un espoir fou s'empara de lui sans qu'il puisse le réprimer.
- Tu veux dire que... que je pourrais vivre avec toi ?
Sirius hocha la tête, et observa le jeune Griffondor qui semblait à deux doigts de fondre en larmes. Inquiet, il allait se lancer dans un long monologue pour lui dire qu'il n'était pas obligé, mais fut devancé par une voix qui irradiait d'espoir et de joie.
- J'adorerais.
- Alors c'est décidé, déclara joyeusement l'Animagus. Dès que ce sera possible, tu viendras habiter chez moi. Je te promets que ce sera mille fois mieux que là où tu es maintenant, je ferai tout pour qu'on soit une vraie famille.
Harry retint de justesse un frisson en entendant la promesse. Si son parrain apprenait à quel point elle serait facile à tenir, il n'était pas sûr que sa réaction serait jolie à voir.
À quelques pas derrière eux, Neville et Hermione échangèrent un sourire, heureux pour leur ami. Le brun en particulier sentit une vague de soulagement le submerger. Avec un peu de chance, le procès pourrait être conclu en vitesse et Harry pourrait emménager chez son parrain dès cet été. Neville sentit son sourire se teinter d'amertume lorsqu'il réalisa qu'il était plus confiant à l'idée que son ami vive chez un repris de justice que chez les personnes avec qui il était lié par le sang.
-o-oOo-o-
Le reste du trajet à travers le passage se déroula sans difficulté notoire. Harry prit un moment pour envoyer discrètement un mélange d'émotions et d'images rassurantes à Artémis, afin que son familier sache que tout allait bien. Penser à la jolie basilisk lui rappela un détail, et il émit un petit rire. En voyant l'air curieux de son parrain, il lui expliqua ce dont il venait de se rappeler.
- Je viens de penser que le professeur Trelawney a passé l'année à me prédire qu'un Sinistros était après moi. Au final, elle avait presque raison.
L'Animagus éclata de rire, et lui adressa un clin d'oeil lorsqu'il se fut calmé.
- Cette forme m'a sauvé la mise plus d'une fois cette année, admit Sirius. Personne ne soupçonne un chien errant, même s'il ressemble à un présage mortel. Sans compter que les Détraqueurs ne repèrent pas bien les animaux.
- C'est comme ça que tu t'es évadé et que tu passais à travers eux à chaque fois !?
Devant le visage à la fois estomaqué et admiratif de son filleul, Sirius ne chercha même pas à retenir sa fierté.
- Tout juste. Ça n'a pas été facile, mais les Black ont tendance à être butés quand ils ont un objectif en tête, ajouta-t-il avec un sourire malicieux.
Ils continuèrent à échanger jusqu'à sortir du passage, en appuyant sur la racine du Saule pour qu'il reste en place. Lorsqu'Harry expliqua que c'était Neville qui y avait pensé, le Maraudeur lui adressa ses compliments et le timide Griffondor bafouilla que ce n'était rien d'extraordinaire.
Filleul et parrain s'éloignèrent un peu, et Poudlard apparut dans leur champ de vision. Sirius en eut la gorge nouée quelques instants.
- Je n'oublierai jamais la première fois que j'ai passé ces portes, murmura-t-il. Ce sera merveilleux de pouvoir le refaire en homme libre.
Sans rien dire, Harry se posa à ses côtés et lui sourit. Sa vie semblait finalement être bien partie pour prendre une meilleure direction.
À l'instant où il acheva sa pensée, un grognement menaçant retentit du côté de la forêt, vers l'endroit où les cinq autres s'étaient arrêtés pour permettre aux trois élèves de se reposer. Le garçon à la cicatrice entendit son parrain étouffer un juron particulièrement fleuri, et en comprit la raison en voyant un énorme loup sortir des bois. Son pelage oscillait entre le brun et l'ocre, et même à cette distance, Harry put distinguer les deux yeux ambrés qui brillaient.
Apparemment, le professeur Lupin n'était pas parti assez loin dans la forêt avant que la pleine lune se lève, et avait pris sa potion trop tard pour que les effets agissent aussi bien que prévu. Son regard était fixé sur Pettigrew, et son grognement agressif était un indicateur assez clair de ses intentions.
Le problème était que quatre autres personnes se trouvaient sur son chemin. Le temps sembla s'étirer au fur et à mesure que l'animal à la taille démesurée avançait, jusqu'à ce qu'il s'immobilise et commence à se ramasser sur ses pattes arrières.
Comprenant ce qui allait se passer, Sirius ne réfléchit pas et s'élança en hurlant pour distraire l'attention du loup-garou. Il utilisa les quelques mètres qui le séparait de l'autre groupe pour se transformer et entrer en collision avec l'animal pendant qu'il bondissait.
Dans le même temps, Rogue s'avança pour se positionner devant les élèves et ériger un bouclier. Ce faisant, il désactiva le sortilège qui maintenait Pettigrew prisonnier pour concentrer sa magie sur son nouveau sort. Pettigrew profita de l'occasion, et fit un petit signe de la main à Harry avec un sourire cruel. Juste après, il se changea en rat et s'enfuit vers la forêt, aussitôt poursuivi par les deux autres créatures.
- NON ! hurla Harry en s'élançant à leur poursuite.
- HARRY ! hurla Hermione.
Mais le Griffondor, était déjà parti. Sans réfléchir davantage, Hermione et Neville se précipitèrent à sa suite.
Resté derrière avec un rouquin ahuri et terrorisé, Severus hésita un instant. Il avait d'un côté un élève blessé qui ne pouvait pas bouger, et de l'autre trois élèves qui suivaient un Animagus non déclaré recherché pour meurtre, qui suivait un loup-garou, qui suivait un rat présumé mort, et tout ce petit monde se dirigeait droit vers la limite autour de laquelle patrouillaient des dizaines de Détraqueurs.
Le Serpentard maudit une fois de plus la stupidité des Griffondors, invoqua son patronus pour demander à Minerva de venir récupérer son élève le plus vite possible, et suivit la bande d'inconscients dans la Forêt Interdite en ordonnant à Weasley de rester où il était.
Le professeur de Potions retrouva facilement la trace de Granger et Londubat, puisque les deux criaient assez fort pour être repérables à plusieurs kilomètres à la ronde. Severus retint une grimace. A ce stade, ils allaient ameuter tous les dangers de la forêt en s'égosillant de la sorte.
En moins d'une minute, le directeur de Serpentard les avait rejoint.
- Granger, cessez de hurler ! ordonna-t-il. Londubat, taisez-vous et indiquez-moi dans quelle direction est parti Potter !
Les deux se turent, mais il n'eurent même pas besoin de lui fournir une réponse, puisque les trois aperçurent Potter un peu plus loin. Le Golden Boy se tenait immobile au milieu des arbres et arborait un air furieux et frustré, signe évident qu'il avait perdu la trace de Black et Lupin.
- Potter ! Par Salazar, qu'est-ce qui vous a pris de... reculez immédiatement, ordonna-t-il.
Severus reconnut le cliquetis des pattes autour d'eux et jura intérieurement en comprenant ce qui se passait. À force de s'enfoncer dans les bois, ils s'étaient retrouvés sur le terrain de chasse d'une colonie d'acromentules. Ce qui les mettait dans une très mauvaise posture, surtout sans renfort extérieur possible. Granger et Londubat se rapprochèrent aussitôt de lui, mais à sa grande surprise, Potter fut assez stupide pour rester là où il était.
- Ne vous inquiétez pas professeur, je sais ce que je fais, déclara le Griffondor avec un calme olympien.
- Potter, utilisez votre cerveau pour une fois ! grinça l'enseignant. Nous sommes encerclés par des acromentules, si vous restez isolé, vous serez mort en moins d'une minute.
Harry se tourna vers son professeur, et lui adressa un sourire rassurant avant de fermer les yeux. La pénombre des arbres dissimulait juste assez la lumière de la lune pour que ses amis ne le distinguent pas aussi clairement que de coutume, et il était à environ trois mètres d'eux. Assez près pour que les araignées géantes comprennent qu'ils faisaient partie du même groupe, mais assez loin pour que les humains ne puissent pas discerner le détail de ses gestes avec précision.
L'héritier de Salazar se concentra, et leva la main droite, paume tournée vers les trois autres. Il appela le tatouage symbolisant son lien avec une Reine des Serpents à venir sur le dos de sa main, pour que les acromentules puissent le voir. Puis il invoqua le lien de familier assez fort pour le sentir vibrer et se mêler à sa magie, laissant émaner la signature d'une basilisk à travers lui.
- Vous avez été prévenus, siffla-t-il en regardant autour de lui. Je suis un héritier de Salazar, lié à la basilisk Artémis. Vous ne pouvez vous en prendre ni à moi, ni à mes amis. Partez, avant que j'invoque la Reine des Serpents.
Le héros de Griffondor n'était pas certain que les araignées géantes comprendraient le fourchelangue, mais le ton menaçant qu'il avait employé, le tatouage sur sa main et la signature magique d'Artémis firent leur effet. Les acromentules reculèrent en émettant des cris métalliques qui semblaient être à mi-chemin entre la terreur et la frustration.
Lorsqu'Harry fut certain qu'elles avaient toutes disparues, il relâcha la pression et remercia mentalement la basilisk avant d'envoyer son tatouage se cacher sous ses vêtements. Vu l'émotion que lui renvoya son familier, le Griffondor avait l'intuition que la colonie d'acromentules allait perdre un bon nombre de ses membres cette nuit.
- Harry, comment tu as fait ça ?
La voix tremblante de Neville sortit Harry de ses réflexions, et il releva la tête pour faire face à trois personnes abasourdies. Même Rogue était ouvertement incrédule, et connaissant l'impassibilité du professeur de Potions, c'était le signe qu'il était vraiment estomaqué par ce qu'il venait de voir. Le héros de Griffondor haussa les épaules, et offrit une excuse à laquelle il avait eu le temps de réfléchir pendant l'année au cas où l'occasion se présenterait.
- Les araignées s'enfuient devant un basilisk. Je me suis dit que le fourchelangue serait efficace.
- Potter, vous êtes le sorcier le plus inconscient qu'il m'ait été donné de rencontrer, grinça Rogue.
- Peut-être, admit Harry, mais ça a marché.
Alors que Rogue s'apprêtait à lui sortir le sermon du siècle, il fut devancé par Hermione, dont le visage avait perdu ses couleurs.
- Vous ne trouvez pas qu'il fait froid, tout d'un coup ? chuchota-t-elle.
Harry remarqua d'un coup que leurs respirations provoquaient une légère buée dans l'air, et qu'une fine couche de gel se déposait sur la végétation depuis les arbres à sa droite. Du gel en plein mois de juin qui semblait venir d'un endroit précis, ça ne pouvait signifier qu'une chose. Des Détraqueurs étaient dans les parages.
Et au vu de la distance à laquelle leur froid se manifestait, ils étaient nombreux. Pour qu'un tel nombre de ces créatures se regroupe, il fallait qu'elles soient attirées par quelque chose. Harry sentit le sang quitter son visage en réalisant la seule possibilité qui justifiait ces circonstances.
- Sirius, souffla-t-il.
Harry se mit à courir comme un fou vers l'origine du froid, sans entendre les cris et les avertissements derrière lui. La panique lui donnait des ailes, et il évitait tous les obstacles devant lui sans même y penser. Il ne pouvait pas perdre Sirius. Pas alors qu'il venait juste de le retrouver. Pas alors qu'ils s'entendaient bien et que son parrain avait l'air de sincèrement se préoccuper de lui. Pas alors qu'ils avaient déjà en projet de reformer une petite famille où ils pourraient être heureux ensemble.
Ses pas le menèrent jusqu'à un rocher qui surplombait un lac, et la vue qu'il eut depuis ce poste lui glaça le sang. Des dizaines de Détraqueurs volaient au-dessus de l'eau, et tournaient comme des vautours autour d'un homme au sol, sur la petite plage qui était de l'autre côté du lac. Un vague reste de brume argentée flottait en lambeaux autour de lui, et suffisait à peine à le protéger des créatures qui fondaient sur lui l'une après l'autre.
Il entendit comme dans un rêve le professeur de Potions et ses amis arriver derrière lui.
- Il faudrait au moins quatre ou cinq professeurs pour les éloigner tous, déclara Rogue. Il est perdu.
La dernière phrase actionna un levier dans la tête d'Harry, et il arrêta de réfléchir. Le mot impossible avait cessé de faire partie de son vocabulaire depuis le jour où Hagrid était venu le chercher. Si tout ce qu'il fallait pour sauver Sirius était un sortilège du Patronus trop puissant pour être produit par une seule personne, il n'avait qu'à oublier la deuxième partie de cette solution et se concentrer sur l'essentiel.
Il ne laisserait pas son parrain mourir.
Harry respira profondément, s'avança jusqu'au bord du rocher, et ferma les yeux. Jusqu'à présent, le souvenir de ses parents lui avait permis de produire une brume dense, mais pas d'animal. Il lui fallait quelque chose d'encore plus heureux, d'encore plus fort.
Et puisqu'un tel souvenir n'existait pas dans sa mémoire, il allait le créer. Petit à petit, Harry invoqua en même temps le visage de ses parents dans le miroir du Riséd, son amitié avec Tom, son lien avec Artémis, le soutien de Neville, la confiance d'Hermione, la fierté de Lup- Remus, et l'affection de Sirius. Une image complète se forma dans son esprit, débordante d'amour, d'affection, de bonheur et des personnes qui comptaient pour lui.
Harry rouvrit les yeux et se surprit à voir flou, il ne s'était pas rendu compte que quelques larmes avaient coulé pendant qu'il construisait son souvenir. Le héros de Griffondor leva sa baguette devant lui.
Dans une dernière inspiration, il s'accrocha à l'image qu'il venait de créer et invoqua toute sa puissance magique pour la transmettre à son sort, liant sa volonté à son besoin de sauver son parrain.
- Expecto Patronum !
Une immense vague argentée, presque blanche, jaillit de sa baguette et s'étendit comme une onde sur toute la surface du lac et dans les bois autour d'eux, balayant les Gardiens d'Azkaban. En même temps qu'une seconde vague partait, suivie d'une troisième, les Détraqueurs émirent des cris stridents de colère et tentèrent de s'en prendre à leur nouvel adversaire. Soudain, une partie de la brume se regroupa pour former un cerf majestueux, ses bois dressés fièrement sur sa tête.
L'animal rua, et fonça pour disperser les créatures de ténèbres qui tentaient de résister. Pendant quelques minutes qui semblèrent durer une éternité, le cerf et la brume argentée travaillèrent à repousser les dizaines de Détraqueurs, jusqu'à ce qu'ils finissent par s'enfuir en abandonnant leurs proies.
Lorsqu'il fut certain que le dernier avait été repoussé, Harry laissa la brume disparaître, et observa le cerf qui revenait vers lui. Finalement, après un petit signe de tête, l'animal s'évapora. Ce fut le moment où le garçon à la cicatrice sentit ses genoux trembler et ses jambes se dérober sous lui alors que sa tête commençait à tourner. Harry sombra dans l'inconscience avant de sentir qu'il était retenu et tiré en arrière pour ne pas tomber dans le lac.
Severus souffla en récupérant le corps inconscient du garçon dans ses bras. Le Serpentard vérifia son pouls, et laissa échapper un discret soupir de soulagement en constatant qu'il était régulier.
- Professeur ! Est-ce qu'il va bien ? s'inquiéta Granger.
- Cet idiot est simplement tombé de fatigue. Après ce qu'il vient de faire, je suis même surpris qu'il soit encore en vie, grommela-t-il.
En voyant les deux élèves pâlir, le directeur de Serpentard leva les yeux au ciel. Salazar le préserve de l'émotivité maladive des Griffondors. Severus réfléchit à la situation, mais fut interrompu par une main qui tirait sur sa manche. Ahuri par le fait que Potter se soit déjà réveillé, Severus se pencha pour lui signaler qu'il écoutait ce qu'il avait à dire. La voix du Griffondor était à peine plus élevée qu'un murmure, mais l'inquiétude qu'elle contenait était réelle.
- Si... rius...
- Il est toujours sur la plage, mais les Détraqueurs sont partis, répondit Granger. Harry... tu... ce que tu as fait, c'était...
- C'était infaisable, compléta Londubat. Exceptionnel, mais infaisable.
Le Maître des Potions haussa un sourcil. Apparemment, Londubat était celui qui avait les meilleurs mots pour résumer la situation, et il ne tremblait pas de peur en étant aussi proche de lui. Étrange, mais vu la soirée qu'il venait d'avoir, le professeur supposa qu'il n'était plus à une incongruité près. Il fut ramené à ses réflexions par Potter qui continuait à agripper sa manche avec un regard implorant et inquiet, et qui tentait de combattre l'inconscience pour répéter le nom de son parrain. Severus soupira, mais répondit la seule chose qui serait susceptible de calmer le fils de James.
- Je vais vous amener jusqu'à Black, Potter. Mais soyez certain que nous allons avoir une longue conversation avant que vous montiez dans le Poudlard Express, ajouta-t-il d'un ton menaçant.
Peu enclin à porter qui que ce soit dans ses bras, Potter moins que les autres, le directeur de Serpentard utilisa un sort de lévitation pour faire le tour du lac et tenir sa promesse. Granger et Londubat ne le lâchèrent pas d'une semelle pendant les quelques minutes que prit le contournement de la petite étendue d'eau. Severus était prêt à parier son laboratoire que ces deux-là seraient prêts à suivre Potter jusqu'au bout de l'enfer si jamais il décidait d'aller y passer ses vacances.
Lorsque le Serpentard arriva à l'extrémité du semblant de plage, ce fut pour voir Black relever la tête et chercher où il était, avant de noter le groupe qui arrivait vers eux.
- Severus ! Les gamins ! Partez, les Détraqueurs vont... Harry ! Où est mon filleul ? paniqua-t-il.
- Toujours aussi à la traîne, Black, répliqua Severus. Les Détraqueurs ont plié bagage après la lumineuse démonstration de Potter. Il semble qu'il partage le goût de son père pour la mise en scène et le besoin de montrer ce qu'il sait faire.
Le Maraudeur en resta bouche bée, incapable de croire que le professeur de Potions était bel et bien en train d'admettre que le fils de son ancien rival venait d'accomplir un exploit que peu de sorciers auraient été capables de reproduire. Puis il vit son filleul flotter derrière le Serpentard, et se précipita faiblement vers lui pour vérifier qu'il allait bien.
En constatant qu'il était juste épuisé, l'Animagus en pleura presque de soulagement.
- Merci, Severus, murmura-t-il. D'avoir pris soin de lui après... après ce qu'il a fait.
Le professeur de Potions en resta bouche bée pendant une seconde. Black qui l'appelait par son prénom, sans moquerie, pour le remercier sincèrement et sans une touche d'ironie... clairement, il était temps que cette nuit s'achève. À la vitesse où s'enchainaient les évènements impossibles, le Seigneur des Ténèbres risquait de leur tomber dessus depuis le prochain buisson.
- Je suis un professeur de Poudlard, maugréa le Serpentard de mauvaise grâce. Mon contrat stipule que je ne suis pas autorisé à laisser un élève mourir. Malheureusement.
Severus sut rien qu'en prononçant sa phrase qu'il n'était pas convaincant une seconde. Il se rassura en se rappelant que personne ne croirait jamais Granger et Londubat s'ils tentaient de propager une rumeur pareille, et que Black était trop préoccupé par l'état de son filleul pour penser à autre chose.
Un hurlement à quelques kilomètres d'eux lui rappela la délicate situation dans laquelle ils étaient toujours, et il grimaça.
- Loin de moi l'idée de jouer les troubles-fêtes, ironisa Severus, mais il faudrait songer à un changement de décor rapide. Je suppose que Pettigrew s'est enfui ?
- Je l'ai perdu de vue quand les Détraqueurs sont arrivés, gronda Black.
- Dans ce cas, mieux vaut éviter de faire venir un détenu en cavale à Poudlard.
En voyant que l'Animagus était sur le point de protester pour pouvoir rester avec son filleul, le professeur le fusilla du regard.
- Pour une fois, réfléchis un peu, Black ! s'énerva-t-il. Sans Pettigrew vivant, ta meilleure chance de retrouver ta liberté est un procès au Ministère avec Veritaserum, examen des souvenirs, témoignages et tout ce qui s'ensuit ! Si tu rentres dans Poudlard maintenant, tout ce que tu vas obtenir, c'est une panique générale et un aller simple pour Azkaban !
Le Maraudeur serra les lèvres, mais ne répondit rien. Il était visiblement partagé entre la volonté de rester auprès de son filleul pour le protéger, et sa raison qui lui indiquait de ne pas risquer son avenir sur un coup de tête. Severus se pinça l'arête du nez en voyant le dilemme s'afficher sur le visage du Griffondor borné. Alors qu'il réfléchissait à sa prochaine réplique, il fut surpris par la voix de Londubat.
- Harry voudrait que vous soyez en sécurité. Il sera déçu en se réveillant, mais il comprendra. Par contre, si je dois lui annoncer que son parrain a été arrêté et renvoyé en prison pendant qu'il était inconscient, ça va lui briser le coeur. Et il a déjà une vie assez difficile comme ça.
Le professeur de Potions fronça légèrement les sourcils en entendant le ton sur lequel le peureux et effacé Griffondor avait prononcé sa dernière phrase. Quelque chose dans sa voix l'intriguait au plus haut point, et l'enseignant nota mentalement de faire quelques recherches sur l'endroit mystère où Albus avait placé le garçon. Dans tous les cas, l'intervention produisit l'effet escompté sur Black, qui parut se résigner.
- Je peux compter sur vous deux pour lui dire que je ne l'abandonne pas, et que je tiendrai ma promesse ?
- Comptez sur nous, affirma Granger. Harry est notre ami, et on veut qu'il soit heureux. Et je pense qu'il sera heureux avec vous.
- Je vais tout faire pour, gamine, mais en attendant, tutoie-moi s'il te plait. J'ai l'impression d'être un vieillard quand on me vouvoie, fit-il avec un clin d'oeil.
Severus leva les yeux au ciel, mais ne releva pas la pique indirecte. Il prendrait sa revanche plus tard, quand les circonstances le permettraient... et quand Black ne s'y attendrait pas.
- Au lieu de jouer les imbéciles, déclara Severus, tu devrais réfléchir à un endroit où rester. Partir de Poudlard ne servira à rien si tu te fais arrêter au Chaudron Baveur.
- La maison familiale des Black, répondit le Griffondor du tac-au-tac. Je la déteste, mais elle m'appartient et elle est pratiquement impénétrable.
- Je transmettrai l'information à Potter. Sa chouette a la réputation d'être débrouillarde, expliqua le Serpentard en haussant les épaules.
- Seulement à Harry, le pressa Black. Personne d'autre ne doit être au courant, pas même vos amis ou Dumbledore, les jeunes, c'est compris ?
Les deux Griffondors hochèrent la tête avec sérieux, et Severus ne prit même pas la peine de répondre. L'Animagus leur sourit tristement, et tourna la tête pour diriger son regard vers son filleul.
- J'imagine que c'est le moment de dire au-revoir, murmura-t-il. C'est une sacrée trotte d'ici jusqu'à Londres.
Sa phrase resta sans réponse quelques instants, puis un cri retentit dans le ciel et la lumière de la lune fut bientôt obscurcie par une ombre qui descendait du ciel.
- Buck ! s'écria Hermione.
- Je savais qu'on pouvait faire confiance à Harry, sourit Neville.
Le professeur de Potions fronça les sourcils, certain que l'exécution de l'hypogriffe avait eu lieu quelques heures plus tôt en présence de Lucius. Il se promit de poser une ou deux questions à son ami lorsqu'il en aurait l'occasion, et se concentra sur la créature.
Celle-ci rangea ses ailes après avoir atterri, puis s'approcha d'Harry et de Sirius qui avait l'air pris de court par l'apparition inattendue. Buck se pencha pour renifler le Golden Boy, puis tourna son regard vers le Maraudeur qui baissa immédiatement la tête. Au bout de quelques secondes, son attitude fut de toute évidence assez satisfaisante au goût de l'hypogriffe, qui lui rendit son salut avant de se décaler pour apparaître de profil. Incrédule, Sirius regarda la créature, puis Harry, puis les trois autres. Les deux élèves se mirent à rire, et Hermione offrit une explication.
- Buck est l'hypogriffe qui a laissé Harry voler sur son dos plusieurs fois cette année. Je pense qu'il est d'accord pour en faire autant pour son parrain.
- Et ce sera à la fois plus pratique et plus rapide d'aller jusqu'à Londres à dos d'hypogriffe, ajouta Neville. Sans compter que c'est indétectable ou presque.
- Par Godric, jura Sirius en riant, je savais que mon filleul était extraordinaire, mais on dirait qu'il va passer son temps à me le rappeler !
- C'est Harry, répondirent Hermione et Neville en choeur avec un sourire.
- Je vois ça, ironisa le Maraudeur.
Il passa quelques instants supplémentaires à observer le jeune Griffondor pour fixer chaque détail dans sa mémoire, puis serra son épaule dans un geste empli d'émotion et se leva.
- Prenez soin de lui en mon absence, d'accord ?
- Bien sûr, répondit la sorcière.
- C'est promis, ajouta Neville.
Et après un dernier hochement de tête, l'évadé s'approcha de l'hypogriffe avec un mélange de prudence et de respect, avant de monter sur son dos et de s'envoler.
Une fois qu'il fut parti, le professeur de Potions retrouva un air strict et agacé. La nuit avait intérêt à en avoir terminé avec les surprises et les retournements de situation.
- Bien, maintenant que cet imbécile est enfin parti, il est plus que temps de retourner au château. Potter doit aller à l'infirmerie, et je dois aller calculer combien de points je vais enlever à Griffondor pour tout ce qui vient de se passer.
Ni Hermione ni Neville ne répliquèrent quoi que ce soit, et se contentèrent de suivre le directeur de Serpentard, qui faisait toujours léviter Harry derrière lui. Eux aussi avaient hâte de rentrer et de retrouver leurs lits.
