Salut à tous !

... Mais que vois-je, un chapitre sauvage apparaît !?

Le jour de mon anniversaire, en plus !?

(Non, ne rêvez pas, je ne vous révèlerai pas mon âge !)

Et je l'ai tronçonné ce pauvre chapitre, mon Diiiiiiiiiieu il aurait facilement pu en fait le double, il sera donc en deux parties... parce que comme d'habitude... (qui ça étonnera encore...?) j'ai digressé.

La première partie de ce double chapitre, donc, sera du point de vue de Kise, majoritairement.

Et je compte écrire le suivant à travers le regard d'Haizaki.

Ce seront donc les mêmes événements qui seront racontés, mais avec des visions différentes. Je me suis dit que ça pourrait être un exercice intéressant pour mieux cerner nos deux zozos...

Sur ce, ENJOY !


Comment en était-on arrivé là ?

Comment en étaient-ILS arrivés là, plutôt… ?

Kise avait beau se passer et se repasser le film dans sa tête en boucle, il ne comprenait toujours pas de quelle manière la situation avait pu déraper à ce point-là. Certes, Haizaki l'avait prévenu. Certes, cela faisait partie de son plan annoncé et même assumé, mûrement pensé et réfléchi. Chez certains, « la nuit porte sommeil », là où chez d'autres, elle porte plutôt « conseils ».

Et le brun faisait définitivement partie de cette dernière catégorie de personnes. Il avait tout prévu, tout organisé soigneusement, dans les moindres détails, tel le féroce Grand Méchant Loup des contes de fées. Pourtant, cet antagoniste n'est pas franchement réputé pour faire preuve d'ingéniosité, se reposant davantage sur la force brute pour commettre ses méfaits. Non, c'est plutôt un truc de renard ça…

Alors…

Haizaki serait-il un Kitsune finalement, lui aussi… ?

Un renard à la fourrure d'argent.

Un Kitsune maléfique, un… Nogitsune.

Kise ne put réprimer un frisson de dégoût.

Pour le moment, le plan d'Haizaki se déroulait à la lettre, avec une efficacité redoutable. Pourtant, la veille, lorsqu'il l'avait énoncé à Kise dans ses grandes largeurs, le blond n'y avait pas cru. Bon, déjà d'une part, parce qu'il ne le voulait pas, mais surtout parce que le stratagème précipitamment échafaudé par Haizaki pour mettre Kagami dans son pieu, ou plutôt SUR son pieu, semblait complètement fantaisiste sur le papier…

Et pourtant…

Force était de constater que pour le moment, il se passait sans le moindre accro.

Et d'ailleurs, ils avaient même passé un agréable moment tous ensemble, cet après-midi.

Etrangement.

Aucune effusion à déplorer.

Ils s'étaient donné rendez-vous après le déjeuner sur le terrain de basket en libre accès, situé à côté de chez Tatie Vivi en effet. Quand le brun l'avait-il précisément remarqué ? Kise l'ignorait, mais dans tous les cas, Haizaki savait se montrer observateur lorsqu'il le désirait. Ou plutôt, lorsqu'il l'avait décidé, nuance. Et là… le brun paraissait plus déterminé que jamais à mener à bien leur petite coucherie.

Il était même passé faire quelques… emplettes ce matin et Kise ne l'avait pas vu repointer sa truffe à l'appartement avant midi tapante, sac en plastique aux couleurs et motifs douteux d'un Sex Shop dans les mains. Le blond se trouvait alors en train de pédaler pour perdre du poids, mais tout ce qu'il parvenait à perdre, c'était sa patience, semblait-il. Quoiqu'il en soit, le mannequin n'avait pas osé fouiller dans ce coffre aux trésors de pacotille, craignant d'avance ce qu'il pourrait y découvrir…

Parce que, connaissant le bougre, Haizaki n'avait pas dû faire dans la dentelle. Comme toujours. Et Kise ne se sentait VRAIMENT PAS curieux présentement de faire connaissance avec le contenu de ce sachet bon marché…

Non, en fait, c'était même tout le contraire. Ça l'énervait d'emblée, rien que d'y penser.

Haizaki prenait toute cette mascarade avec un tel… détachement. Et à la fois très à cœur, faisant de sa réussite une priorité absolue, tel le soldat investi d'une mission de sauvetage primordiale. Sauf qu'ici, la seule chose à sauver, c'était le couple formé par les deux fauves…

Un couple… bancal.

Idiot.

Ridicule.

Mais un couple quand même. Un couple amoureux et probablement plus solide que son absence totale de vie sexuelle ne le laissait présager.

Tout l'inverse du sien, en somme.

Du « sien » ? Du leur, même ! Hmm… non… Kise soupira.

Lui et Haizaki n'étaient pas un couple. Ils ne l'avaient jamais été et ne le seraient jamais.

Et putain, que cette constatation pouvait COPIEUSEMENT l'énerver !

On dit qu'on désire toujours ardemment ce qu'on ne peut pas posséder. Mais finalement, ce sont plutôt nos propres désirs insatisfaits qui finissent par nous posséder…

Or, Kise se sentait incroyablement frustré. A un point qu'il n'avait jamais encore connu jusqu'alors. Après tout, il avait passé les huit derniers mois à étouffer sa libido. Sans le moindre mal, à vrai dire. Et même davantage. Mais depuis qu'il avait recroisé la route d'Haizaki, il n'était qu'une boule d'hormones bouillonnantes sur pattes, prête à exploser à tout moment !

Alors il pédalait.

Et pédalait encore.

Comme dans sa vie.

Il pédalait dans la choucroute.

La bérézina.

La tourbe.

Il pédalait sur place, sans avancer, s'enfonçant chaque jour davantage dans ses désirs physiques contrariés.

Connard d'Haizaki.

Connard d'Aomine.

Tout ça, c'était de leur faute. Les deux bruns étaient à blâmer pour son état actuel ! Et voici qu'à présent, le top model à l'ancienne vie sexuelle florissante, se retrouvait à ronger son frein. Celui de son vélo et celui de son pénis tant qu'à faire, par la même occasion.

Et donc, ils s'étaient donné rendez-vous sur ce terrain de street. Etant donné qu'il se trouvait dans les beaux quartiers, personne ne l'utilisait et il semblait déserté depuis si longtemps qu'il suintait encore… le neuf. Pauvre petit terrain de jeu délaissé que personne ne visitait… dont personne ne se servait… Qui n'intéressait personne, malgré sa beauté. Le confort qu'il offrait. Sa rutilance. Sa praticité. Sa…

Oh merde, vous avez compris, quoi.

Et il ne s'agissait absolument pas d'une possible analogie, parce que non, Kise n'était pas du tout en train de se comparer/s'identifier à un terrain de basket de luxe, dont la trop grande propreté trahissait son abandon.

Mais bordel, lui aussi son panier se languissait qu'on vienne y mettre la main ! Qu'on fasse passer un gros ustensile à travers son cerceau !

Oui, Haizaki avait activé son mode « NYMPHOMANE ».

Et du coup, inévitablement, la présence conjointe d'Aomine et de Kagami le gênait dans ses plans, à lui. Parce que dans le fond(ement) il n'avait qu'une seule envie : clouer Haizaki contre le grillage encageant le terrain, pour lui pomper le dard comme une bête sauvage ! Essuyer avec sa langue chaque goutte de sueur née d'un intense effort sportif. Se repaître de leur goût salé, se confondant à celui du liquide séminal qui ne tarderait pas à perler sur sa sucette de chair. La saveur métallique du piercing trônant insolemment au sommet du sceptre royal, tel le joyau qui sublime cet ouvrage d'orfèvrerie.

Il fallait qu'il pense à autre chose.

Genre… maintenant !

Après tout, sa frustration n'était le fruit que de son impossibilité à l'assouvir.

Une semaine.

Encore une tooouuuuuuuuuuute petite semaine à attendre et ce serait terminé.

« Courage Ryota… C'est presque fini, encore quelques jours à tenir ! Même si on dit toujours que c'est la dernière ligne droite qui est la plus difficile… » S'encouragea t-il mentalement.

Et tandis qu'ils s'échauffaient innocemment, Kagami fit une remarque, pas si innocente.

« Qu'est-ce qui t'est arrivé à l'œil ? »

Ah… ça…

« Rien n't'échappe, dis donc ! »

Difficile de ne pas le voir... Haizaki arborait aujourd'hui un magnifique coquard, courtesy of Aomine Daiki, qui avait viré au bleu/vert durant la nuit. Comme si une luciole radioactive s'était soulagée pile sur son noei-noeil.

Or, connaissant Kagami, il était SÛR que le tigre allait poser la question !

Et ça n'avait pas raté !

Or, connaissant Haizaki, il était tout aussi SÛR que le loup allait répondre à ladite question.

Avec sa franchise habituelle.

« Il s'avère que mon superbe visage a reçu la visite d'un des ex en colère de Ryota hier soir. Enfin, la visite faciale de son poing, quoi. »

Roooh le benêt… ! Mais ça n'allait pas de dire ça !? Même Aomine manqua de s'étouffer avec sa salive, alors qu'il tentait de déglutir.

Quel abruti !

Pas moyen qu'avec de telles informations, Kagami ne parvienne pas à faire le lien avec son fiancé !

« Ah ? Kise a des ex, ici, à Los Angeles ? Je pensais qu'il n'en avait qu'au Japon… »

Mais avant que le fan des Chicago Bulls – qui avait revêtu le maillot emblématique de son idole Michael Jordan pour l'occasion – ne soit parvenu à déterminer que 1 + 1 = Aomine dans Kise, ou que bleu et jaune qui se mélangent donnent vert, comme l'œil meurtri d'Haizaiki, le blond se décida à intervenir, afin de limiter les dégâts.

S'il n'était pas déjà trop tard…

« Ahahaha n'écoute pas cet idiot, Kagamicchi ! Il a un humour… très particulier. Non, en fait, il s'agit d'un bête accident, vraiment ! Vois-tu, il s'est mangé… »

« … Un coup de pied de la part de Ryota, pendant qu'on était en train de baiser. » Rebondit Haizaki, en le coupant dans sa phrase, tout sourire.

« … Non, c'était un COIN DE COMMODE. » Corrigea fermement Kise, yeux plissés de rage.

« Peut-être, mais c'est bien arrivé pendant qu'on baisait ! » Insista Haizaki, bras passé autour de l'épaule de son partner in crime.

Le blond soupira d'agacement. Ou de consternation. Mais c'était la même chose, au final.

Ils n'avaient même pas commencé à jouer, que déjà, Haizaki lui tapait sur les nerfs ! Et que dire d'Aomine, qui semblait désespérément vouloir disparaître derrière l'un des poteaux de basket ? Ah il ne faisait plus le fier, comparé à hier soir ça c'était sûr ! Parce que si Kagami venait à découvrir que son basané d'amour s'était incrusté chez eux à l'improviste dans le but de passer à tabac Haizaki et qu'en plus, il en avait profité pour vider son sac quant à leur absence d'activité sous les draps, le rouge risquait de faire une syncope.

Mais seulement après avoir assassiné Aomine, bien entendu.

« Ah… d'accord. » Répondit simplement Kagami.

Cependant, Kise se sentit à nouveau obligé de démentir les propos du lupin. Il ne voulait en effet pas que Kagami se fasse de… fausses idées… pas si fausses que cela quand même. Mais son honneur et sa réputation en dépendaient.

« C'était une porte, voilà ! Et nous n'étions pas du tout en train de faire l'amour contre elle ! »

« Non, tu te trompes Chaton, c'était un mur… Pas une porte. Et nous étions bien en train de… »

« … BON, ON LE COMMENCE CE PUTAIN DE MATCH, OUI OU MERDE ?! » Perdit soudainement patience Kise, main passée autour de la bouche de son imbécile de colocataire afin de le museler.

« Heu… d'accord. » Acquiesça à nouveau Kagami, quoiqu'un peu interloqué par le comportement singulier des deux canidés quand même.

« Ouais, on n'a pas que ça à foutre ! A la base, on est venu pour se battre… heuuuu au basketball heiiiiin, pas physiquement… » S'empressa de rectifier Aomine, rougissant. Mais heureusement, sous sa peau brune, cela se voyait à peine. « … et pas pour entendre les détails de votre vie sexuelle ! »

« Oh… pas la peine de jouer les prudes… je suis sûr que vous aussi vous forniquez comme des lapins en rut ! »

Mais… il était vraiment CON ou il le faisait exprès ? Peut-être s'agissait-il de sa façon à lui de se venger pour l'intrusion d'Aomine hier… Quel manque de tact… et quel irrécupérable enfoiré… Dans tous les cas, Kise n'approuvait guère son comportement. Haizaki avait des comptes à régler avec Aomine, ça, le renard pouvait le comprendre et même le tolérer, mais Kagami, lui, n'y était pour rien.

Et attaquer sciemment la panthère sur ce terrain-là en particulier, restait un coup bas quoi qu'on en dise. D'ailleurs, Kise n'était toujours pas à l'aise avec la cruauté dont pouvoir parfois faire preuve l'autre carnivore. Ça avait tendance à lui rappeler tout ce qu'il exécrait chez Haizaki et ce qui l'empêchait de succomber totalement. Presque comme si… le loup faisait exprès de laisser ressortir périodiquement ses mauvais penchants, pour que Kise ne puisse pas complètement s'attacher à lui.

Et devant l'absence de réponse et le regard fuyant des deux fauves, Haizaki en rajouta une couche en lançant à la cantonade :

« Bon, on joue ou on s'encule ? Personnellement, je me sens d'humeur à marquer tous types de paniers aujourd'hui… »

Cette fois, ç'en était trop.

Kise l'attrapa par l'avant-bras et il le tira à l'écart, furieux.

« Bon sang, mais qu'est-ce que tu FOUS !? » Cracha t-il entre ses dents serrées.

« Je vous donne à toi et à Daiki une dernière chance de renoncer à ce qui va suivre. »

« Quoi !? »

« Tu m'as très bien compris, Ryota. Il est encore temps de tout arrêter. Alors si tu veux faire marche arrière, c'est maintenant. Parce que ce ne sera plus possible après. »

Le ton d'Haizaki sonnait terriblement sérieux. Quasiment… austère, même.

Kise desserra sa prise et il ferma les yeux, quelques secondes, tentant de rassembler ses pensées.

Bien-sûr qu'il n'avait pas envie de ça…

Mais d'un autre côté… Aomine, lui, semblait le vouloir. Après tout, il avait eu toute la nuit pour y réfléchir mûrement. Et même toute la matinée, aussi. Peser le pour et le contre. Et renoncer, s'il l'avait réellement désiré. Il aurait très bien pu ne pas venir à leur petit rendez-vous. Le décliner, l'annuler. Même à la dernière minute. Prétexter qu'il se sentait souffrant, sans en parler à Kagami.

Et pourtant.

Pourtant, la panthère était belle et bien là, accompagnée de son fidèle tigre.

Le pauvre… si seulement il se doutait du traquenard qui était en train de se refermer lentement, mais sûrement, sur lui…

Kise avait envie de lui crier la vérité. De tout lui révéler. Et d'envoyer un bon coup de pied dans les valseuses d'Aomine, qui était prêt à offrir la virginité de son homme en sacrifice au Dieu-Loup, sur l'autel de sa propre libido.

Aomine avait toujours été quelqu'un de foncièrement égoïste.

Et lâche.

Mais… lui ne valait pas mieux dans le fond.

Pourquoi laissait-il cela se produire ?

N'avait-il pas la moindre considération pour Kagami ?

Non, c'était autre chose de bien plus sournois…

Kise se sentait blessé dans sa fierté.

Qu'Haizaki et Aomine le traitent tous les deux comme une marchandise, comme un objet sans âme que l'on peut s'échanger. Personne ne consultait jamais son avis, comme Kagami en fait. Les deux mâles alpha se moquaient bien de ses envies. Ils pensaient tout connaître de sa personne. Savoir ce qui s'avérait bien pour lui. Et là, Haizaki était en train d'effectuer un retour à l'envoyeur en bonne et due forme. Il n'était pas satisfait de l'encombrant gadget qu'il avait acquis un peu par hasard et exigeait à présent un remboursement. C'était sa façon à lui de se débarrasser « en douceur » de Kise.

Oui, le blond en était persuadé.

Alors, rien que pour ça, par pur amour propre, il ne pouvait pas reculer.

Mais du côté d'Haizaki, c'était loin d'être aussi simple…

« Demande-moi de tout interrompre cette fois, Ryota. Montre que tu tiens à moi. Dis-le. Formule-le. Je veux te l'entendre dire… »

Parce qu'il ne suffisait pas de le raconter à Aomine, conversation dont il ignorait tout d'ailleurs… Non, Haizaki voulait lui aussi des preuves.

Il ne voulait plus jouer. Il ne jouait d'ailleurs plus depuis un moment, en réalité… Ce qu'il y avait entre eux, c'était devenu vrai.

Kise releva soudainement la tête et le fixa de ses yeux dorés si perçants.

Mais sa réponse ne fut hélas loin d'être celle qui était escomptée…

« Et pour quelle raison voudrai-je arrêter, tu peux me le dire ? Tu me l'as bien fait comprendre toi-même hier : toute cette situation… toi… moi… notre cohabitation… Rien de tout cela n'a jamais eu vocation à s'inscrire dans la durée. La seule chose qui comptait pour moi, c'était de panser mes blessures, le temps de trouver une solution pour récupérer Daikicchi. Stratagème que tu t'es chargé de brillamment échafauder à ma place. » Il se posta bien face à Haizaki et caressa son torse en ronronnant : « Alors maintenant… juste… calme tes ardeurs. Tu en as assez fait. Sinon, ils vont trouver ton attitude suspecte et tout risque de capoter par ta faute… »

Bordel… Kise avait eu raison de clamer fièrement à Aomine hier qu'il était le plus manipulateur des deux…

Bien-sûr, il ne croyait pas un seul mot de ce qu'il venait de balancer à la face d'Haizaki, mais l'essentiel, c'était que le loup, lui, y croit.

Et ça semblait bien être le cas, comme le regard d'Haizaki paraissait aiguisé comme des couteaux. Et lui hurler silencieusement « espèce de salope ». Mais il ne se risqua pas à formuler le réel fond de sa pensée. Non, au contraire, il tenta de sauver les apparences comme il le pouvait.

« Merde… Asami va vraiment me buter cette fois… Mais je m'en branle, cette petite chienne s'est bien assez jouée de moi… Et il est grand temps de lui rendre la pareille… » Pensa le brun, avant de reprendre la parole :

« Evidemment que ça ne pouvait pas continuer ainsi toi et moi. Ça ne rimait à rien. »

La bataille sexuelle instaurée entre eux il y a quelques jours venait de se muer en guerre cérébrale.

C'était à celui qui serait le plus malin et prendrait le dessus sur l'autre, en le trompant, en lui faisant le plus de mal possible.

En ravageant toute trace de fierté sur son passage.

« Tu me l'as déjà dit par le passé : je ne suis pas assez bien pour toi. Et les années qui ont passé… les changements… non, MES changements, n'y ont rien fait. Mais ne t'inquiète pas : d'ici ce soir, tu seras enfin de retour dans les bras de ton Daiki adoré. Libéré de mon emprise. Alors encore un peu de patience et tu n'auras bientôt plus à me supporter, rassure-toi ! » S'exclama t-il en s'éloignant, ballon coincé sous le bras.

Oui, pas de doute, Kise était parvenu à le blesser, de la même manière que lui l'avait fait en premier. Tant mieux ! Rien de tout cela ne se serait produit si Haizaki n'avait pas eu cette idée à la con de proposer à Kise de l'aider à récupérer Aomine ! Alors que tout ce que souhaitait le mannequin, c'était juste de pouvoir rester auprès de l'ex-délinquant… qu'il avait fini par apprendre à apprécier… Merde quoi, il l'avait même avoué à Aomine pas plus tard qu'hier !

Et tout ça pour quoi ?

Pour rien, au final.

Puisque dans quelques heures, il aurait perdu Haizaki pour toujours…

Après cette « légère » altercation à peine déguisée, le match enfin LES matchs, s'étaient globalement bien déroulés. Concernant la composition des équipes, il avait bien évidemment été décidé que Kise et Aomine joueraient contre Haizaki et Kagami. Non seulement dans un souci d'équilibre, mais surtout avec des arrière-pensées plein la tête. En effet, ce serait déjà l'occasion pour Kagami et Haizaki de se rapprocher, en prévision de ce qui les attendait ce soir…

Il fallait bien reconnaître que ces deux-là n'avaient pas grand-chose en commun…

Ils ne s'étaient d'ailleurs croisés qu'une seule et unique fois par le passé et on ne pouvait pas vraiment dire que ça avait été une franche réussite…

En effet, leur première rencontre avait consisté en un Haizaki se trouvant en train de violenter le frère de cœur ET pour ne rien arranger, la sensei de Kagami. Soit les deux personnes à qui Kagami tenait le plus au monde. Carton plein, en somme. On n'aurait clairement pas pu rêver meilleur premier contact ! M'enfin, avec Aomine non plus le tigre n'était pas parti sur les bases les plus engageantes... et pourtant, ils étaient ensemble aujourd'hui, formant un couple qui s'entendait… étonnamment bien, compte tenu du contexte. Certes, il y avait bien eu quelques piques lancées ici ou là. Mais dans la grande majorité, rien de bien méchant.

En revanche…

Du côté d'Haizaki et de Kise, ce n'étaient pas de simples piques qui avaient fusé, mais plutôt des LANCES acérées. Il était possible cependant que Kagami et Aomine n'aient rien remarqué, parce que… leurs démonstrations d'animosité étaient bien plus subtiles que les leurs… Pas question en effet d'y aller frontalement entre les deux canidés.

Mais chacun comprenait parfaitement bien ce qui se cachait derrière les mots soigneusement choisis de l'autre.

Deux débiles…

Voilà ce qu'ils étaient !

Deux débiles so full of themselves… Incapables de déposer les armes pour sortir le drapeau blanc. Non, admettre la défaite ce serait… trop beau, comprenez-vous ? Parce que ça pourrait leur permettre d'être heureux aussi, rendez-vous compte ! Comme Kagami et Aomine, par exemple !

Et nous voici donc de retour à l'endroit où nous en étions restés au début de ce chapitre…

Car après s'être bien dépensés sur le terrain, (où leurs affrontements s'étaient soldés par la victoire finale d'une courte tête d'Aomine et de Kise…) le plan d'Haizaki s'était mis en ordre de marche et comme prévu, ils avaient terminé leur journée dans le salon de cette chère bonne vieille (rien à voir avec son âge, enfin si, mais non…) Vivi. Autour d'un Maji Burger qu'Haizaki était parvenu par on ne sait quel miracle à se faire LIVRER, quand bien même la célèbre chaîne de fast food ne proposait aucun service de livraison direct ou non. Mais bon, avec un peu d'esprit de conviction, un solide argumentaire et surtout quelques billets bien investis, c'est fou tout ce qu'on peut faire aux U.S.A. ! Ou plutôt faire faire à sa place.

Après s'être copieusement repus de viande grillée agrémentée de fromage enfin non, de "préparation fromagère", attention à l'appellation, c'est totalement différent ; nos quatre larrons avaient ensuite profité d'un délicieux cheesecake préparé par Kagami avec les moyens du bord un peu plus tôt dans l'après-midi. Le tout, allègrement arrosé d'alcool… De saké, plus précisément. Parce que, je cite : « ça rappelle le pays ! » Dixit Haizaki.

Ah il avait bien calculé son coup, ce salopard… (ce n'est pas moi qui le dit, c'est Kise qui le pense !)

De toute évidence, il avait fait un détour par la superette du coin également, lors de son passage au sex shop ce matin. Car il en avait des munitions… de quoi se murger bien comme il fallait. Etape nécessaire à tout bon dérapage sexuel qui se respectait…

Puis, de fil en aiguille, au gré de leur conversation qui avait commencé de manière tout à fait correcte et banale, Haizaki proposa qu'ils apprennent à mieux se connaître…

… autour du fameux « Jeu de la bouteille »… accompagné de sa petite sœur « Action ou Vérité ».

Au départ, Kise savait cru à une mauvaise blague.

Jamais ça n'allait fonctionner, Aomine et Kagami, surtout, ne tomberaient jamais dans le panneau.

Non mais sérieusement, QUI jouait encore à ça passé la première année de fac… ?

Sauf qu'à la grande surprise (et au grand désarroi…) de Kise, les deux fauves se prêtèrent à l'exercice en toute bonne foi et avec une bonne volonté teintée d'alcool. Noyée d'alcool, même. N'ayant guère le choix, Kise s'était joint à eux. Et si les questions avaient débuté de manière gentillette, très rapidement, l'ivresse aidant à délier les langues et les réticences, les sujets s'étaient faits plus… intimes.

Après quelques palots échangés en toute amitié par les quatre gaillards – même entre Haizaki et Aomine ! – la situation avait dérivé sur la pente glissante du sexe. Et chacun en était logiquement arrivé à se confier.

Sur ses désirs.

Ses préférences.

Et ses expériences…

Encore une fois avec un naturel déconcertant, maintenant que la relation de confiance s'était établie entre eux. L'ambiance restait étonnamment bon enfant…

… Du moins, avant que la pire question possible ne soit donc abordée.

Ne s'adressant à personne en particulier, mais plutôt à chacun.

Ce qui avait permis d'en apprendre de bien BELLES…

Mais jugez-en par vous-mêmes :

« Et votre première expérience sexuelle avec un autre mec… ? »

Evidemment et comme l'on pouvait légitimement s'y attendre de la part du maître de cérémonie, cette question fatidique provenait d'Haizaki. Ce dernier l'avait posée le plus normalement possible, ce qui n'avait pas empêché Kise se s'étouffer à moitié avec son verre de saké – le quatrième de la soirée – mais il fut bien le seul à s'en offusquer un tant soit peu.

« … Oh et comme je sais déjà ce que tu vas me répondre Daiki, NON, les séances de branlettes collectives dans les vestiaires après match ne comptent pas ! »

« Putain fais chier ! » Eructa le principal concerné, déjà bien rond. « C'est d'la triche ! »

« Nan, c'est parfaitement legal, mec. »

« P-Pardon !? » Se réveilla Kagami, légèrement en décalé.

« Non mais rassure-toi, c'était qu'au collège hein. »

« Et en quoi, pray tell, est-ce censé me rassurer au juste… ? »

« C'était notre petit rituel de victoire… »

« Heu… mais vous perdiez jamais, il me semble… ? »

« Ben nan. »

« Et hmm… Akashi tolérait vraiment ce genre de… manifestations ? Ça m'étonne v'nant d'lui… »

« Ça n'va pas nan ? Tu te doutes bien qu'il était pas au courant… On l'invitait jamais ! Ça aurait gâché l'ambiance ! Déjà que parfois, ce coincé de Midorima participait… »

« Quoooooi, Midorima !? » S'étonna Kagami, les yeux ronds comme leurs soucoupes remplies de saké.

« Enfin… techniquement… il participait pas vraiment… On l'attachait de force à une chaise et il assistait à ça un peu par obligation quoi… »

« Mais pourquoi !? »

« Parce que… je sais pas moi ! Parce que c'était drôle ! »

« A-ah ouais, et tu peux m'expliquer en quoi c'était « drôle » d'essayer de traumatiser un coéquipier… ? » Le houspilla Kagami, sourcils bifides froncés à présent.

« Mais heu… c'était pas que mon idée à moi ! Dis-lui, toi, Haizaki ! »

« Aaaah si désolé Dai, mais c'est bien toi qui l'avais proposé en tout cas… »

« N'importe quoi ! C'était Tetsu, j'en suis à peu près sûr ! »

« Hein !? Kuroko aussi était des vôtres !? »

Ça alors, pauvre Kagami… lui qui avait toujours pris son ombre pour un ange de pureté et de vertu, il ne pouvait pas être plus loin du compte… Heureusement qu'il ignorait que le bleuet se retrouvait aujourd'hui engagé dans un obscur trouple

« Non, même pas. Maintenant que j'y pense, lui, c'était juste la tête pensante du projet. Il ne participait jamais. »

Enfin, pas qu'il sache... mais avec Kuroko, dur dur de savoir, vu son manque de présence !

« Ah ben tu m'étonnes ! Et du coup, il y avait qui à part toi et Midorima… ? »

« Hmm… Haizaki aussi enfin, avant qu'il ne se fasse dégager de l'équipe, et en général Murasakibara et Kise. »

« J'en ai des frissons rien qu'à imaginer la scène… Heureusement que vous m'avez dit qu'Akashi ne faisait pas partie de votre petit cercle, parce que là… je crois que j'aurai vomi… »

Ça oui, malgré les années, Kagami avait toujours autant de mal avec Akashi… Disons qu'il… ne le portait pas spécialement dans son cœur. Surtout lorsqu'il s'agissait de l'imaginer nu. Ou dénudé. Kékette à la main. Brrrr… Il préféra s'en jeter à nouveau un p'tit pour effacer à tout jamais cette horrifiante image de sa tête ! Mais bon, celui qu'il plaignait le plus, ça restait Midorima… pas surprenant qu'il soit devenu aussi… bizarre, même s'il l'était sans doute déjà avant… Enfin, disons que ça n'avait probablement rien du arranger à sa singularité…

« Et donc, si ça ne compte pas, c'était avec qui alooooors ? » S'intéressa Kagami, que décidément, cette question semblait tout particulièrement passionner.

« … Kise ahem… mais t'étais déjà au courant de toute façon… »

« Ah bon ? Juste cette fois-là ? »

« Ouais… »

« Hmm… » Marmonna pensivement Kagami.

« Quoi… ? »

« Non rien, ça me surprend c'est tout… Je croyais que tu avais fait ça beaucoup plus tôt… »

« Aaaaahh ? Tu peux parler, toi ! T'as jamais eu d'expérience avec un mec, toi ! » Se vexa Aomine.

Alors qu'il n'y avait pas de quoi. Non, vraiment pas de quoi. Etant donné qu'il ne s'intéressait qu'aux femmes jusqu'ici. Et que de ce côté-là, il était loin d'être en retard !

… Enfin, un peu quand même…

Parce que se faire « pop the cherry » à l'arrière d'un parking mal éclairé pour ses vingt-trois ans par sa maîtresse de stage de… maître-chien, dans un élan de pitié envers sa « situation » sexuelle, ce n'était pas vraiment ce qu'il y avait de plus glorieux. Ni de particulièrement précoce. Contrairement à son éjaculation ce soir-là, d'ailleurs.

Pourtant, le bleu ne manquait pas de succès auprès de la gent féminine, mais déjà, à l'époque, il n'avait d'yeux que pour son Tigrou... Enfin, il avait tout de même bien comblé ses années d'abstinence depuis. Mais jamais rien de très sérieux, puisque son cœur était déjà pris depuis belle lurette par un certain autre homme. Ces demoiselles n'avaient donc pas la moindre chance, ne pouvant lutter à armes égales…

… Et d'ailleurs, le principal intéressé n'en menait pas large, s'étant soudainement tu et recroquevillé sur lui-même, posture qui ne fit qu'intriguer encore davantage Aomine, sourcil relevé sur le front.

« … N'est-ce pas… ? » Insista le basané.

« Alors heu… comment dire… ? A partir de quand on peut considérer ça comme une expérience… ? I-il faut obligatoirement avoir couché ? » Demanda le tigre, sollicitant quelques précisions supplémentaires.

« Non, pas nécessairement. En fait, à partir du moment où tu touches une queue ou qu'on touche la tienne, c'est valable. » Exposa Haizaki, avec pédagogie.

« Hmmm… dans ce cas… »

« Dans ce cas, quoi ? » Le pressa son fiancé, qui n'aimait pas du tout ce que cette prise de parole inattendue sous-entendait.

« Ben… tu sais, avant que je ne reparte au Japon, Tatsuya et moi on était plutôt proches. On dormait souvent l'un chez l'autre pendant les vacances… Et du coup ermmm… il est possible qu'une fois, pendant qu'on campait dans les bois avec mon père, un été, on ait partagé le même sac de couchage et… que sa main… et la mienne aient… comme qui dirait un peu… dérapé… ? »

« NAN !? Toi et l'cyclope !? J'le savais putain ! J'en étais sûr ! Mais personne ne voulait m'croire ! » S'indigna la panthère.

« Hey l'appelle pas comme ça ! J'te signale que c'est ton beau-frère maintenant ! Et doublement, en plus ! »

« Ouais bah raison de plus pour lui éclater la gueule la prochaine fois que je l'verrai ! Comment il a osé faire ça à Satsuki !? »

« … Il ne la connaissait même pas à l'époque ! » Le défendit Kagami.

« Peut-être, mais MOI j'la connaissais ! » Fit Aomine en se pointant du bout du pouce.

« ET IL EST OU L'RAPPORT !? »

« … Bordel, je savais bien qu'j'aurai dû insister davantage pour qu'on se matte un boulard en préparant du pop corn… » Soupira Haizaki, qui regrettait de ne pas en avoir sous la main face au spectacle qu'offraient les deux fauves.

Qui s'étaient levés.

Et se tamponnaient à présent à coups de torses bombés, leurs yeux lançant des éclairs menaçants…

« Bon calmez-vous tous les deux… » Les somma Kise, n'ayant pas la patience de jouer les profs d'école maternelle séparant deux gamins. « … Ce n'est un secret pour personne que Tatsuyacchi aime les glaces au chocolat, comme celles à la vanille… »

« Les glaces au chocolat… ? » Répétèrent en chœur les deux imbéciles, qui s'étaient empoignés par le col à présent.

« Les mecs quoi. Raaah mais faut tout vous expliquer bon sang ! »

« Ah parce que t'étais au courant toi ? »

« Evidemment ! Je te signale qu'il m'a fait une fellation dans les toilettes de l'ancien appartement de Kagamicchi pour ses dix-huit ans ! Difficile d'ignorer ses goûts après ça ! »

« Hein !? A mon anniversaire !? C'était pour ça que vous aviez disparu au moment de couper le gâteau et qu'on vous a cherchés partout !? » Comprit Kagami, sonné.

« Aaaaah mais bordel, c'est dégueulasse ! » S'indigna à son tour Aomine. « Et pour le coup, cette fois, il connaissait déjà Satsuki ! »

« Ouais mais bon ça n'compte, parce qu'à l'époque, ils n'étaient même pas ensemble. Elle n'avait d'yeux que pour Kurokocchi… » Se souvint Kise.

« Quoi ? Kuroko, tu dis ? J'ai jamais rien remarqué dans son comportement qui l'aurait laissé penser… » Murmura Kagami, de plus en plus largué.

Bon, vous me direz, Midorima non plus n'en avait jamais rien bité. Mais le vert était loin d'être une référence en la matière… et ce n'était donc pas un honneur de se faire comparer à lui.

« Bon bref, on va pas épiloguer dessus pendant cent cinquante ans… » Soupira à nouveau le beau goupil.

« Et ben… si j'avais su… j'aurai sûrement essayé de lui péter autre chose que la tronche à Grain de Beauté à l'époque… » Sourit Haizaki, rêveur.

« Ah non, tu ne vas pas d'y mettre toi aussi ! On passe à autre chose, j'ai dit ! »

« Hmm… et toi Haizaki ? C'était quand et avec qui ? » Interrogea Kagami, pour respecter le vœu de Kise.

… Vœu que le blond regretta aussitôt d'avoir formulé.

Parce qu'il ne tenait absolument pas à savoir cela. Bien qu'il avait déjà sa petite idée quant à la réponse…

Comme une intuition.

Haizaki s'allongea entièrement au sol, alors qu'il était assis en tailleur un peu plus tôt et il fixa le plafond, le regard vide.

« … Nijimura-senpai. »

Et voilà, sans surprise…

Enfin, ça dépendait pour qui, puisque la mâchoire d'Aomine menaça de se décrocher.

« Nijimura ? C'était votre capitaine au collège, c'est bien ça ? » Chercha à resituer Kagami.

« Mais j'comprends pas ! Vous vous tapiez constamment sur la gueule ! Enfin, surtout lui. » Protesta Aomine. « Vous n'pouviez pas vous blairer ! »

« Comme toi et Kagami, aux dernières nouvelles. Ça n'avait rien de différent. »

« C'est pas faux. » Fut bien obligé d'admettre le garçon à la peau couleur pain d'épice.

Kise sentit son corps se compresser dans son poitrail. Il n'avait aucune envie d'entendre Haizaki s'épancher là-dessus, mais Aomine exigea d'avoir le fin mot de cette histoire.

« Et c'est arrivé comment ? »

« C'était la veille de son départ aux States. Comme on savait qu'il ne nous restait plus beaucoup de temps ensemble, on avait prévu de le faire. »

« Ah parce que ça se prévoit ce genre de trucs ? Bonjour le romantisme ! » Le taquina Aomine.

« Ferme ta gueule si tu veux savoir. Sinon j'arrête de raconter. » Le coupa Haizaki, avant de reprendre. « Enfin bref, donc ma mère était absente ce jour-là, je crois qu'elle bossait, et mon bro, ben je l'avais envoyé chépu où pour m'en débarrasser. J'l'avais foutu dehors, quoi. Avec interdiction absolue de repointer son nez avant la nuit tombée. J'avais passé la matinée à faire des recherches sur Internet et tout, j'me souviens, j'étais méga stressé. J'flippais carrément de douiller, ça faisait pitié alors que bon, vu ce qu'il me mettait aux entraînements, ça n'pouvait pas être pire, en vrai. Du moins, c'est ce dont j'essayais de me convaincre. Sauf qu'en fait non. J'avais bien raison. Ça faisait déjà un mal de chien quand j'ai essayé de m'enfiler un seul doigt, alors une bite… J'vous laisse imaginer mon appréhension. Mais plus j'balisais et plus j'dev'nais serré. Le cercle vicieux quoi. J'crois bien qu'à c'moment-là, même une allumette toute fine n'aurait pas pu rentrer. Ouais, j'm'étais totalement monté l'bourrichon tout seul… Enfin bref, du coup, pour palier à ça, j'ai pas trouvé de meilleure idée que de me murger bien comme il fallait. J'savais où ma mère planquait ses bouteilles d'alcool pour quand elle recevait des invités… »

Il ferma les yeux et passa un bras derrière sa tête en guise d'oreiller improvisé.

« Quand il est arrivé en début d'après-midi, j'étais ivre. A tel point que je n'arrivais même plus à tenir debout sur mes deux cannes sans me mettre à tanguer, comme si j'étais sur un bateau en pleine tempête. Et comme vous pouvez également vous en douter, il l'a tout de suite vu. Mais il a préféré ne rien dire. Après tout, c'était nos derniers instants ensemble, alors il a pris sur lui pour ne pas m'engueuler et risquer de tout gâcher. Ouais, il a fait mine de ne rien r'marquer histoire de n'pas rendre la situation encore plus awkward qu'elle ne l'était déjà… Et avec le recul, j'lui en suis franchement r'connaissant… »

Toujours assis en tailleur, lui, Kise ne put empêcher ses mains de se crisper sur son short. Comme par réflexe. Merde, pourquoi se forçait-il à écouter ça ? Personne ne l'y obligeait pourtant !

« Bref, on n'a pas tourné quatre cent ans autour du pot, si vous voyez c'que j'veux dire. On savait très bien l'un comme l'autre pourquoi on était là. Alors on est direct passés au plat de résistance, sans bouffer d'entrée. On a essayé plein de positions différentes. Lui au-dessus, moi au-dessus, face à face, lui contre mon dos… mais rien n'y faisait ! Rien ne voulait fonctionner ! Et putain, je me mettais une telle pression sur les épaules, que j'arrivais pas à me détendre ! Et puis à un moment, je lui ai grimpé dessus, j'sais pas c'qui m'a pris. J'en avais tout simplement marre, je crois. Que ça n'veuille pas. Donc j'ai décidé de forcer le truc, mais mauvaise idée : je lui ai dégobillé dessus… »

« What the fuck man ? This is so twisted up… » Lâcha Kagami, à présent franchement très aviné.

Kise lui ôta discrètement son verre VIDE des mains… ça suffisait pour ce soir, Kagami avait assez bu s'il ne voulait pas subir la même mésaventure qu'Haizaki pendant son adolescence…

« Et alors, il a kiffé ? »

Regards assassins tournés vers l'auteur de cette réplique : Aomine, bien-sûr !

« Ben quoi ? Certains mecs ont des kinks bizarres hein… On peut jamais savoir avant d'avoir essayé ! »

Cependant, Haizaki ne se laissa pas décontenancer, tandis qu'il se roulait une clope.

« Non, il n'a pas 'kiffé', Dai. Il était même plutôt en colère… Mais… surtout contre lui-même. Parce que sans s'en rendre compte, c'était lui qui m'avait poussé à faire cette connerie et il a fini par le comprendre à ce moment-là. Alors… après ça, on a discuté de tout ça à tête reposée et on s'est tous les deux endormis dans mon futon. Ensuite, quand on s'est réveillés un peu plus tard dans l'après-midi, finalement, c'est moi qui l'ai… Enfin, on a fait l'amour et force est de constater qu'il encaisse vachement mieux que moi. Nan p'tain, c'est pas le terme… J'encaisse mieux que lui en vrai, mais seulement les coups. Lui en revanche, il a un bien meilleur contrôle sur son corps. La pratique intensive des arts martiaux, tout ça… »

« Attends, t'es en train d'nous dire que tu t'es tapé notre capitaine !? Que tu lui as vraiment mis une cartouche ? Sérieux ? »

« Tu n'me crois pas ? »

« Clairement pas, non. » Asséna Aomine, bras croisés sur son torse. « Pourquoi j'te croirai ? On n'a aucun moyen de vérifier qu'tu dis la vérité… Personne n'a jamais su que vous étiez ensemble. Personne n'a jamais rien vu, ni même entendu en ce sens. »

Et pourtant… Kise savait que c'était la vérité. Il avait vu des photos en ce sens, peut-être même prises APRES le moment fatidique…

« Je vois. T'es du genre à vouloir des preuves, toi. Ben tu sais quoi ? Je m'en branle. Moi, je sais que c'est vrai. Tu penses réellement qu'on allait s'en vanter ? Qu'on allait s'afficher, devant tout le monde ? 'Salut, on aime chacun la bite de l'autre !' Nan… même pas en rêve. J'veux bien que lui et moi on était deux costauds capables de se faire respecter, mais quand même pas à ce point-là… Et puis, ça n'regardait qu'nous deux. Pas besoin d'en informer la Terre entière. »

« Putain… si Akashi le savait, il pèterait une durite, ça c'est sûr… Il était accro au Capitaine à l'époque, enfin, il l'a jamais dit mais bon… ça se voyait comme un Murasakibara au milieu d'un magasin de bonbons… »

L'équivalent du célèbre « Un éléphant dans un magasin de porcelaine. »

« And…. Why do you think I got thrown out of the team… ? » Questionna soudainement Haizaki, cigarette allumée au bec.

HEIN ?

QUOI ?

PLAIT-IL ?

QUI VEUT ENCORE DU CHEESECAKE !?

Tous les regards se fixèrent sur Haizaki, trahissant le choc des trois autres larrons présents.

Même Kagami était surpris par cette révélation, alors même qu'il ne faisait pas partie de l'équipe de Teiko au collège…

Bon sang… mais tout s'expliquait !

C'était comme si tout à coup, les événements flous de l'époque devenaient limpides, éclairés par une nouvelle lumière, sous un tout nouvel angle. Rien d'étonnant à cela cependant, puisque personne à l'époque n'était au courant de ce qui se tramait en coulisses… Mais à présent… Oui, ça faisait sens ! Akashi avait dégagé Haizaki au profit de Kise, parce qu'il était rongé par la jalousie. Ils n'avaient jamais envisagé cela à l'époque et pourtant, c'était parfaitement logique.

« Et ouais… c'est une bête histoire de queue qui a scellé mon destin. Vous pensiez que c'était juste parce que Ryota avait, je cite : 'un plus grand potentiel… ?' Bordel, alors vous êtes tous plus cons que je ne l'imaginais… Bien que… ouais, c'était peut-être vrai. Non, sûrement même… Mais, ce n'était pas la raison principale qui a motivé la décision de ce nabot de Seijuro… »

Il marqua une pause le temps de recracher un nuage de fumée grise.

« Mais vous savez quoi ? J'n'ai aucun regret. Ryota connaît déjà ma politique à ce sujet. Alors, si c'était à refaire aujourd'hui, ben, j'le referai encore. Juste pour emmerder cette sale petite teigne et le pourrir jusqu'au bout. Après tout… » Grand sourire narquois. « … Quoi de plus normal pour un voleur de techniques dans mon genre, que de piquer le crush d'un autre… ? »

Ah oui, donc le passif entre Akashi et Haizaki remontait à loin quand même… Bien avant l'expulsion de l'équipe titulaire, dictée par le rouge. Mais personne ce jour-là ne s'était dressé contre son avis. Evidemment, Haizaki le comprenait aujourd'hui. Sauf qu'à l'époque… il s'était senti blessé par le manque de réaction de ses anciens coéquipiers. Seul Kuroko avait vaguement tenté de le convaincre de se battre pour reprendre sa place… mais Haizaki n'avait répondu qu'avec dédain, préférant juste le mettre en garde contre « plus méchant que lui. »

Aka… Leur nouveau capitaine, Akashi.

Ouais, ça lui avait indéniablement fait mal que tous lui tournent le dos, sans la moindre hésitation. Certes, il n'était pas le favori de ses camarades, il l'avait toujours su. Mais… Ils avaient quand même partagé de nombreux moments joyeux ensemble. Or, de là à ce que son éviction n'émeuve personne et qu'au contraire, les autres en paraissent même plutôt soulagés, Haizaki l'avait très mal pris. Enfin, cela n'avait rien de très étonnant, puisqu'il s'était toujours comporté comme un électron libre, ne suivant ses propres règles et très difficile à discipliner. A plus forte raison après le départ de la seule personne capable de le faire. Tandis que Kise, lui, était largement plus malléable. Docile. Intégré. Un obéissant labrador à sa mémère, alors que l'ex-argenté s'apparentait davantage à un loup, sauvage et solitaire.

Sans meute, ni maître.

L'équipe y avait totalement gagné au change…

… Tandis que lui, avait tout perdu…

« … T'étais vraiment obligé de nous raconter tout ça ? De nous donner tous ces détails ? T'espérais te faire mousser pour qu'on gobe tes affabulations d'aigri ? » Intervint soudainement Kise, coupant Haizaki de son introspection.

« Quoi, il est où l'problème ? T'es pas content ? Y a p't'être des trucs que tes p'tites oreilles délicates n'ont pas supporté d'entendre ? » Le provoqua sciemment le lupin.

« C'est plutôt que je n'arrive pas à croire qu'après toutes ces années, tu rumines encore ton éviction. Ouais, tu t'es fait virer comme un malpropre… Mais tu sais quoi ? Ça n'avait rien à voir avec un potentiel triangle amoureux digne d'un mauvais bouquin pour ados, style Twilight ! Non, c'était uniquement de ta faute ! Tu l'as mérité par ton attitude, t'étais déjà un parfait connard à mon arrivée et depuis toujours, en fait ! C'est juste naturel chez toi, personne ne t'a poussé à devenir comme ça ou à te conduire ainsi ! Alors… cesse de te cacher lâchement derrière des excuses, en essayant de te donner le beau rôle… Moi, je suis persuadé qu'Akashicchi a pris la bonne décision de te dégager ! Ta présence dans l'équipe ne rimait plus à rien, tu étais devenu de trop ! Malheureusement, Nijimuracchi continuait à te couvrir, quand bien même tu séchais les entraînements et tu te comportais comme un tyran sur le terrain et dans les vestiaires ! Mais aujourd'hui, je comprends enfin pourquoi tu avais tous ces passe-droits : vous couchiez ensemble ! »

Wow…

La prise de parole de Kise venait de jeter un froid…

Une clim', même.

Mais étonnamment, Haizaki ne chercha même pas à répliquer. Il se contenta d'étouffer un ricanement. De mépris ? De frustration ? De moquerie ? Lui seul le savait. Et même si Kise n'apprécia pas du tout cette ultime provocation en date, il se garda bien d'en rajouter une couche. Il voulait juste passer à autre chose… Tout ça, il n'avait pas besoin de le savoir. Il en avait déjà parfaitement conscience à l'instant même où Haizaki s'était mis à parler.

Ses élucubrations, il n'en avait que faire.

Il les avait déjà assez entendues.

Toujours le même refrain, toujours dans le but de se dédouaner.

Sauf qu'un vaurien reste un vaurien, quelles que soient ses raisons, ses motivations.

Et de par son manque total de regret et son incapacité à se remettre en question, Haizaki méritait chaque centimètre de merde qui lui était tombé sur le coin de la face. Car à entendre les affirmations du loup, c'était ce seul évènement qui avait tracé le reste de sa vie. Scellé son destin. Bon sang, il ne s'agissait que d'une équipe de basket SCOLAIRE, de COLLEGE et au Japon, qui plus est ! Soit l'un des pays s'en balançant le plus du ballon orange !

Non, c'était trop facile…

Kise avait été trop indulgent jusqu'ici…

Il avait cru aux belles promesses de changement d'Haizaki…

Mais… rien que le fait qu'il soit à l'initiative de cette soirée sordide de « dépucelage » programmé, prouvait qu'il était trop tard pour sauver le loup. Le ver se trouvait dans la pomme depuis trop longtemps.

Il avait atteint le cœur du fruit et l'avait rongé, dévoré, noirci.

Ce fut alors que, sûrement trop ivre pour avoir conscience de ce qu'il faisait, Kagami interrompit son train de pensées en demandant innocemment :

« Et toi, Kise ? C'était quand et avec qui ta première fois… ? »

Le tigre n'aurait pas pu choisir pire timing

Ou pas.

« T'as pas entendu ? C'était dans les chiottes de ton ancien appartement avec Sauron ! »

« Non… en fait… J'avais déjà couché avec mon premier garçon, quelques semaines auparavant… »

Kise ramena ses jambes contre son torse et il soupira.

Kagami ne pensait pas à mal en laissant sa curiosité ainsi s'exprimer.

Alors le renard décida de répondre simplement, sans lui en tenir rigueur.

Malgré l'air choqué d'Aomine.

« C'était… lors du voyage scolaire d'été. En Terminale. »

Des souvenirs emplis de mélancolie. Tout comme sa voix. Mais… face à Haizaki, Kise décida de se ressaisir. Ça ferait trop plaisir à cet abruti s'il faisait part de ses regrets, lui. Ça donnerait l'impression au loup qu'il était supérieur, puisque lui, n'en avait pas le moindre ! Or, Kise devait faire pareil. Véhiculer le sentiment d'être sûr de lui. Intouchable.

Alors il sourit.

Un rictus aussi mauvais que celui de l'ancien délinquant.

« Oh ! Mais c'est vrai, je viens tout juste de me rappeler qu'Haizaki pouvait en attester… puisqu'il était là, lui aussi. »

Et Aomine manqua de s'étouffer pour la troisième fois de la soirée.

Quelle idée aussi de se remettre à picoler pile au moment où Kise avait recommencé à parler…

« Comment ça, 'il était là, lui aussi' !? Tu veux dire qu'il était PHYSIQUEMENT présent au moment où… ? »

Manquerait plus que ce soit lui qui ait pris la virginité de Kise aussi, tiens !

Ça commencerait à faire un peu beaucoup, n'empêche…

Nijimura.

Kise.

Et puis possiblement dans un futur proche, Kagami…

Non, mais il ne voulait pas prendre la sienne aussi, tant qu'il y était !? Aomine frissonna à cette pensée, carrément digne d'un film d'horreur ! Quelle infamie…

« Ne m'dis pas que… »

« Ahahaha bien-sûr que non ! Ne sois pas bête Daikicchi ! Même si… il n'aurait certainement pas décliné cette opportunité... » Provoqua à son tour Kise.

Mais le loup se contenta seulement d'acquiescer. Un peu trop… coopérant.

Bizarre…

« Ouais, c'est vrai. J'ai aperçu le mec qu'il s'est tapé ce soir-là. Un sacré morceau… »

« Ah vous voyez que je ne mentais pas ! »

« Mais on te croyait ! » Sourit Kagami, toujours aussi pur.

« Et comment ça s'fait ? Il était recommandable au moins, ce type ? »

Ah… Aomine la mère poule. Le père protecteur. C'était l'instinct d'agent de sécurité qui parlait. D'un côté, Kise s'estimait heureux qu'Aomine ne lui ait jamais posé cette question avant, de lui-même. Parce que… bonjour le malaise sinon !

« Ouais, très. Grand, musclé, gentleman… Un vrai prince charmant ! »

Sauf qu'en réalité, Kise ne se sentait pas particulièrement fier de lui… A l'époque, il avait surtout cédé à la pression collective et sociétale…

« Waaah quelle chance ! Raconte stp ! »

Décidément, on ne l'arrêtait plus le Tigre Bourré…

Kise ferma les yeux pour mieux se remémorer son expérience et il céda.

Ça ferait les pieds à Haizaki.

D'autant que…

« Ok… Alors hmm… tout a commencé quand… »


C'était très précisément dans le car.

Ils venaient d'atterrir à l'aéroport et s'étaient ensuite entassés dans un car... avec près de deux heures de retard…

Non climatisé. (Enfin, ça le changeait de la clim' poussée à fond justement dans leur planeur, de quoi attraper la Mort avant même d'avoir touché le sol…) Et qui n'était pas le leur, à la base.

Yeay !

Joie, bonheur et béatitude !

Surtout après s'être tapé au préalable trois heures d'avion pour arriver jusqu'ici.

En pleines turbulences.

Kise connaissait donc à présent les sensations éprouvées par un cerf-volant ballotté aux quatre vents…

Pourtant, il était accoutumé à prendre l'avion et à voyager régulièrement. Mais… il faut croire qu'il y a des choses auxquelles on ne s'habitue jamais…

Surtout lorsque leur car tomba soudainement en panne sur le bord d'une route escarpée, à plusieurs centaines de mètres d'altitude. Avec la mer et les falaises en bas, qui semblaient tendre les bras aux plus téméraires ou suicidaires. Enfin, ça reste une expression hein, ni l'eau ni les rochers ne possèdent réellement de bras à proprement parler, mais vous avez compris !

En bref : ce voyage scolaire d'une semaine à Okinawa débutait sous les meilleurs auspices.

Mais comme on dit, la situation peut toujours empirer.

Et le célèbre adage de la Loi de Murphy ne manqua donc pas de se réaliser.

Les nuages noirs qu'ils apercevaient au loin à leur arrivée s'étaient téléportés comme par magie au-dessus de leurs têtes et les arrosaient à présent de leur crachin.

Non, vraiment, ça ne pouvait pas commencer plus mal !

Kise persistait et signait.

Mais encore une fois, ce satané Murphy avait décidé de lui prouver qu'il avait torr, en s'acharnant sur sa charmante personne…

Pour quelle raison ? Sans doute parce qu'il était jaloux de sa beauté intersidérale, justement ! Kise ne voyait pas d'autre explication ! Bon et puis déjà, avec un prénom pareil, digne d'un méchant bandit de film d'action des années 80, hein… on ne pouvait guère s'attendre à une quelconque clémence.

Les éléments météorologiques ne semblaient hélas pas les seuls à se déchaîner dans l'unique but de lui pourrir la vie…

Puisqu'en effet, le Destin avait pris la décision de s'en mêler également, en soutien à son bon copain Murphy.

Alors qu'ils s'étaient tous réfugiés tant bien que mal sous un arrêt de bus de fortune pour s'abriter de la pluie glacée, enfin la chance parut leur sourire. Mais parut, seulement. Après une bonne demi-heure à faire du stop sans succès parce qu'aucune voiture ne semblait jamais emprunter ce maudit chemin accidenté, (et à raison…) un autre autocar scolaire déboula du bas de la cote et s'immobilisa à leur niveau. Kise crut naïvement qu'il s'agissait d'un véhicule de remplacement dépêché expressément pour eux par leur agence de tourisme, mais pas du tout. Car il s'avéra que le bus en question était bondé, transportant déjà des voyageurs.

Et pas n'importe lesquels…

D'autres écoliers en vacances, comme eux.

A l'uniforme… familier.

Et lorsque leur professeur leur indiqua de s'installer au mieux dans le calme à l'intérieur du bus, Kise sentit son mauvais pressentiment se confirmer. Et sa journée merdique par la même occasion…

C'était le lycée de Fukuda…

Comme le lui confirma l'accueillant (et discret…) cri de surprise qui résonna dans tout l'habitacle, rompant le silence religieux engendré par leur sauvetage :

« OH BORDEL DE MERDE, MAIS C'EST KISE FUCKING RYOTAAAAA ! »

Ok, LA, à cet instant précis, à partir de maintenant, Kise sut avec certitude ça ne pourrait plus devenir pire.

Même si ouragan se mettait à balayer l'île.

Même si un tsunami l'ensevelissait sous des tonnes d'eau salée.

Ou qu'un volcan ne trouvait rien de mieux à faire qu'entrer en éruption après des centaines d'années d'un sommeil lourd et paisible.

Parce que Kise venait de toucher le fond à ce moment exact.

Et au fond du car justement, affalé de tout son long sur la banquette arrière qu'il squattait possessivement, siégeait son rival de toujours.

Haizaki Shogo…

Le blond se figea sur place, menaçant d'avoir un mouvement de recul. Et puisqu'il avait été l'un des premiers à grimper dans l'autobus, il en bloqua l'accès à tous ses camarades trempés et épuisés, les empêchant de monter à leur tour. Inquiet, livide même, il se tourna vers son enseignant et demanda d'un air suppliant :

« … Je viens de me rappeler que j'avais le mal des transports, vous croyez que je peux finir le chemin à pieds… ? »

« … Heu… non ? Tu allais très bien tout à l'heure, dans l'autre bus. Tu chantais même à tue-tête des chansons pop débiles et tu cassais les oreilles de tout le monde. Moi et le chauffeur y compris. Mais lui au moins maintenant, il n'aura plus à subir ta voix de crécelle. Alors arrête ton cirque et fais-moi le plaisir de te dépêcher de t'asseoir Kise-kun. Trouve-toi une place côté la fenêtre, garde les yeux rivés la route et tout ira bien. » Répondit le très pédagogue représentant du corps enseignant, visiblement... ému par la détresse psychologique de son cheeeeeeer élève.

Mais comprenez-le aussi ! C'est qu'il n'en pouvait plus de la starlette locale et de ses caprices, le pauvre homme !

Pas facile non plus de gérer au quotidien une classe d'ados écervelés, guidés uniquement par leurs hormones en folie…

Et en parlant d'hormones difficiles à discipliner, une fois chacun assis dans le bus, ce dernier se remit en route avec ses nouveaux passagers à son bord et Kise eut la malchance de se retrouver à l'arrière, à une rangée de siège d'Haizaki… mais avec les quelques rares camarades masculins qu'il appréciait au sein de sa classe, heureusement. L'averse était passée et un grand soleil caniculaire avait pris le relais. On pouvait même apercevoir un bel arc-en-ciel derrière les montagnes verdoyantes.

Pour autant, Kise était encore tout mouillé, de même que les autres lycéens de Kaijo et puisque nous étions déjà au mois de juin, ils portaient déjà leur uniforme estival. Soit… des chemisettes BLANCHES réglementaires, chez les garçons comme chez les filles. Haizaki put donc se rincer l'œil et découvrir toute la panoplie de couleurs, de formes et de textures qui composaient les soutien-gorge des filles de l'autre lycée… Il n'y avait qu'à voir de quelle façon il les matait. Sans la moindre vergogne. Il n'essayait même pas d'être discret… ce gros dégueulasse…

Quel pervers…

Ah pour ça, il n'avait pas changé d'un iota depuis le collège…

Kise se souvenait encore de son regard de prédateur dès que des jeunes filles un peu trop gâtées par la nature, avaient la malchance de passer près de son radar…

Et bien là, pareil.

La même.

Sauf qu'il y avait… une petite nouveauté au programme…

Car cette fois, Kise eut lui aussi l'HONNEUR de connaître les joies de se faire reluquer par Haizaki…

Bon ok, à sa décharge, le brun aux nattes n'était pas le seul à se repaître de la vision qu'offrait son torse aux muscles finalement tracés. MAIS TOUT DE MÊME ! La majorité de ces autres regards provenaient de FILLES. Et des filles de Fukuda, en particulier. Normal : elles n'avaient jamais eu le PRIVILEGE de le voir enlever son maillot après un match, (que ce soit encore sur le terrain ou au détour d'un couloir…) contrairement aux nanas de son lycée.

Kise fronça des sourcils et s'adressa donc plutôt agressivement à son… « admirateur » loin d'être secret :

« T'as b'soin d'aide ? »

« Nan, ça va j'te r'mercie ! J'me sens parfaitement bien là, mais c'est gentil à toi d'proposer ! » Sourit l'autre.

Tu m'étonnes, il se trouvait aux premières loges…

Pfff… quel débile n'empêche. En particulier lorsqu'il se mit à se lécher le pouce, comme il le faisait souvent à Teiko… Brrr… il dégoûtait Kise quand il faisait ça ! Enfin, mieux valait l'ignorer. Après tout, il n'y en avait plus que pour une heure de car, avant d'être débarrassé à tout JAMAIS de ce clampin… Parce qu'une fois parvenus à leurs auberges respectives, ce serait bye-bye hasta la vista and never come back, fort heureusement !

On leur distribua des serviettes pour qu'ils se sèchent avec les moyens du bord et Kise s'enroula dans la sienne pour se soustraire temporairement au regard perçant de son rival, mais il fut contraint de la quitter rapidement. L'avantage de la chaleur, c'est que ses vêtements furent secs et à nouveau opaques en quelques minutes. Hélas… le manque d'air et de fraîcheur à l'intérieur de l'habitacle, se fit bien vite sentir… Et voyager dans ces conditions – déjà qu'ils étaient encaqués (avouez, je viens de vous apprendre un nouveau mot là…) comme des mouches sur une vieille carcasse pourrissante – n'avait rien d'agréable.

Kise piocha une brochure touristique à l'intérieur du porte-revue situé au dos du siège devant le sien et tant bien que mal, il s'improvisa un éventail avec. Chaud… humide… le combo mortel… coincés dans un bus sans déodorant… ça allait être HORRIBLE ! Surtout avec l'autre zozo qui continuait à le zyeuter avec insistance !

Depuis quand il aimait les mecs celui-là d'ailleurs !?

Ah oui, c'est vrai… Kise s'en FOUTAIT.

Ce n'était pas son problème et ça ne l'intéressait pas.

Il reporta donc son attention sur ses copains de classe…

Qui énuméraient les galères vécues jusqu'ici…

Oh…

Encore une fois, joie et bonheur.

« Nan mais les gars, vous réalisez qu'on a failli mourir dans ce fichu avion !? » Lança un brun avec une mèche sur le côté, façon Justin Bieber dans les années 2010.

« Tu exagères Yosuke, comme d'habitude. » Tempéra un petit brun à lunettes.

« C'est pas mon genre ! Dis-leur toi, Ryota ! »

« Quoi ? »

« Ben… t'as l'habitude de voyager non ? Avec ton métier et tout ça… »

« Oh. Ouais ! Mais… je n'ai effectué que des vols intérieurs pour le moment… »

En effet, la carrière du blond ne possédait pas encore une portée internationale à ce moment-là, décollant à peine au Japon.

« C'est pas grave, il n'empêche que. Tu as de l'expérience, niveau voyages ! Tu avais déjà vécu des turbulences comme ça ? »

« Heu… pas que je me souvienne, non… »

Il fallait bien reconnaître que la carlingue en acier avait été secouée comme une feuille morte prisonnière d'un ouragan. Certains s'étaient même évanouis de peur, tandis que la panique avait gagné les passagers…

« Ben voilà ! Et ensuite, le car qui manque de faire une embardée dans un ravin, à cause d'un pneu crevé… On a failli y passer les mecs, moi j'vous l'dis ! » Insista le dénommé Yosuke.

« Ouais, bon, si tu veux… Et donc ? Tout ça pour en venir où ? » Demanda le rouquin du trio, assis à côté de Kise.

« Faut conjurer l'sort ! »

« Ok et on fait ça comment ? »

« En perdant notre virginité avant nos dix-huit ans ! »

Grand silence.

Quel était le PUTAIN de rapport là !?

Mais le roux reprit la parole, pour tenter de comprendre.

« … Heu tu sais qu'c'est trop tard déjà pour Ken (le binoclard) et pour Ryota aussi… hmm… ils sont déjà majeurs, eux. »

« Oui… » Confirma Kise. « J'ai fêté mon anniversaire la semaine dernière, c'est vraiment pas d'bol ! »

« Et puis, qui vous dit qu'on est encore vierge, d'abord !? » Eructa Ken, rouge comme une bouteille de Ketchup.

Eclats de rire de la part de ses potes…

Ah les enfoirés…

Il n'y croyait pas un seul instant. Si bien qu'il se sentit obligé de corriger :

« Bon ok, me concernant, ce n'est peut-être pas très crédible, j'en conviens ! Mais pour Ryota-kun en revanche… »

« Hmm ? »

Tous les regards envieux se figèrent instantanément sur lui.

Oh… ils pensaient tous que… ? Ahahaha la bonne blague ! A vrai dire, il avait déjà eu des flirts poussés, comme un peu tout le monde (oupa) mais jamais Kise n'était passé à la casserole. Ou n'avait fait passer quelqu'un à la casserole non plus. Enfin bon, ça le flattait que ses camarades puissent le voir comme l'authentique CHAD de leur classe. Voire même du lycée tout entier.

Et quoi de plus normal ? Après tout, il était mannequin et des parterres entiers de filles (et de quelques garçons…) se jetaient constamment à ses pieds. Il n'y avait qu'à voir la façon dont les lycéennes de Fukuda l'avaient dévoré du regard au moment où il se faufilait dans le bus… de véritables affamées… Certes, le côté « mouillé » + chemise transparente avait dû jouer en sa faveur, mais tout de même, il fallait bien reconnaître que les autres garçons de sa classe n'avaient pas reçu pareille attention. Et encore une fois, c'était flatteur, mais Kise se refusait à tirer profit de son statut d'icône. Voire même, de « sex symbol », s'il se laissait aller à le formuler ainsi…

La question était donc maintenant de savoir… s'il devait décevoir les espoirs placés en lui par ses amis en leur avouant la vérité ou… s'il devait continuer à jouer le jeu du séducteur ultime.

« T'as déjà dû le faire depuis belle lurette, pas vrai ? »

« Heu… ouais, bien-sûr ! » Rit nerveusement Kise. « Tu sais comment sont les mannequins… ils sont CHAUDS ! »

Mais finalement, il fit marche-arrière toute.

« En fait… non, je n'ai jamais… eu ce genre de rapports avec quelqu'un… Pas que je n'en ai pas eu l'occasion, mais… ça ne s'est juste pas fait, c'est tout. »

Il n'en avait pas honte, mais ce n'était pas non plus très glorieux vu le métier qu'il exerçait… un métier au sein duquel il lui arrivait régulièrement de se retrouver à moitié nu en compagnie les plus belles femmes de l'archipel. Voire même carrément à poil, dans les coulisses. La nudité n'était pas tabou chez les mannequins. Elle faisait partie du quotidien, à tel point qu'on n'y faisait plus attention. Pour être top model, il ne fallait vraiment pas être pudique. Il arrivait souvent qu'on lui demande se changer à l'improviste et en vitesse derrière un portant à vêtements qui ne cachait presque rien… Alors Kise avait appris à s'y conformer.

« Nan, sérieux ? Mais c'est génial ! » S'extasia Yosuke.

« Ah bon, tu trouves !? »

« Trop ! » Il sourit joyeusement. « Ça veut dire qu'on va pouvoir faire un pacte, tous les quatre ! »

« Un pacte ? Quel genre de pacte ? » S'intéressa Ken, en remontant ses lunettes sur le bout de son nez.

« On va perdre notre virginité ensemble les gaaaars ! »

OULA.

Mouvement de recul collectif, voire de dégoût chez certains même.

Le responsable s'empressa donc de rectifier :

« Nan mais… j'me suis mal exprimé. Pas 'ensemble' de cette façon ça ! »

« Ouais bah explique mieux aussi la prochaine fois ! Et donc, tu voulais dire quoi ? »

« On pourrait genre… je sais pas moi… mettre à profit ce voyage scolaire, si vous voyez c'que j'sous entends… »

« Comment ça ? » Demanda à nouveau Ken, interloqué.

« Raaaah mais faut tout vous décortiquer aussi ! Z'êtes vraiment pas dégourdis ! Pas étonnant qu'vous soyez tous encore puceaux ! » S'exclama t-il un peu fort.

« Tu peux parler toi… »

« Vous réalisez pas les gars, c'est l'occasion rêvée ! On va faire le pacte de se trouver une petite pour faire l'amour, d'ici la fin du voyage, ok ? Puisque c'est mort pour la majorité, étant donné que Ryota et Ken ont déjà fêté leurs dix-huit ans… »

EH !?

Non mais c'était QUOI ce plan !?

« Heu… comme dans 'American Pie'… ? »

« Ouais, c'est totalement ça ! » Sourit à nouveau le jeune brun.

« Et rappelle-nous pourquoi on devrait dire oui… ? » Pinailla encore le roux.

« Mais parce que ! On a failli mourir, ce serait une manière de prendre notre revanche sur la viiiie ! Et parce que ça l'fait pas d'être encore puceau à la fac… »

AH.

Elle était donc là, la véritable explication. Yosuke craignait que des filles plus âgées ne se moquent de son statut… sexuel.

« Et puis réfléchissez deux minutes ! On est en voyage scolaire à la MER, bon sang ! Ça veut dire qu'on va voir plein de filles en maillots de bains ! C'est l'été aussi ! Et du coup… avec toute cette nudité et cette proximité ambiante, ça risque de donner des idées, dans un sens comme dans l'autre… »

« Tu prétends que les nanas aussi vont envisager un truc pareil ? »

« Mais bien-sûr Ken ! Elles ont même déjà dû y penser avant nous ! Après tout, elles sont réputées pour être matures bien plus tôt que les garçons… »

« Hmm… C'est possible… »

« En plus, on n'a qu'un seul accompagnateur. Impossible qu'il parvienne à tous nous surveiller constamment ! Moi j'vous l'affirme : on a un BOULEVARD qui s'offre à nous ! »

« On ne peut quand même pas faire cela n'importe comment… » Frissonna Ken. « Il faut penser à se protéger… »

« J'y ai déjà pensé figure-toi : on n'aura qu'à envoyer Ryota chercher des capotes pour nous, puisqu'il est majeur ! »

Oula heu… ouais… ? Enfin, Kise n'était pas le seul à avoir atteint le vénérable âge de dix-huit ans au sein de leur bande… Alors pourquoi fallait-il que cette corvée lui incombe ? Il soupira. Bien-sûr, ce pacte ne l'emballait pas des masses… mais… D'un autre côté, s'il avait davantage d'expérience, il intéresserait sans doute plus Aomine… et puis aussi… ça l'aiderait à resserrer ses liens avec ses camarades. Un peu comme un défi. Une épreuve de virilité. Sans même parler du fait qu'être le premier des Miracles à coucher avait un petit côté… tentant.

« Enfin… quand on en n'aura plus quoi… » Rougit Yosuke.

« Naaaaan… ? Ne m'dis paaaas que… ? T'en as apporté avec toi !? » Le réprimanda leur délégué de classe à lunettes.

« Ben… Mieux vaut être prévoyant hein ! »

« En fait… t'avais tout planifié depuis l'départ, avoue-le ! Cette histoire de crash potentiel d'avion et de peur de la mort, c'était du pipeau ! » Le frappa (mais pas trop fort) le rouquin.

« Ouais, c'est vrai… mais j'avais besoin d'un prétexte pour vous lancer ! Sinon, je savais que vous alliez m'envoyer sur les roses… Alors, vous en dites quoi finalement ? »

Les deux autres garçons se regardèrent dans le blanc des yeux. Honnêtement ? Ils n'avaient aucune raison de refuser. Pourquoi pas, après tout. Autant essayer de « rentabiliser » ce foutu voyage qui commençait bien mal, en rattrapant le coup et en le rendant inoubliable. Ça leur ferait de beaux et mémorables souvenirs.

« C'est d'accord. »

« On marche. » Acquiesça à son tour le roux, à qui je n'ai toujours pas donné de nom à ce stade, non.

« Génial ! Et toi, Ryota ? »

A nouveau, trois paires d'yeux suppliantes se tournèrent vers lui.

Il était essentiel, pour la bonne réussite du plan, que le blond acte sa participation lui aussi…

Et pour cause : sa popularité exceptionnelle auprès de la gent féminine était l'élément clé de ce pacte ! Sans lui, ses camarades parviendraient difficilement (voire pas du tout…) à « serrer », comme qui dirait…

Face à cette pression silencieuse, Kise fit bien obligé d'accepter.

Même s'il ne comptait pas forcément jouer le jeu.

« Maaah ok ! Va falloir jouer serrer les gars par contre… les filles de notre classe ne sont pas vraiment… les plus faciles à aborder ou à séduire… »

« On avait remarqué… »

Aucun de ses trois copains n'avait en effet de petite-amie attitrée. Ce qui rendait la tâche encore plus compliquée. Et ce n'était sûrement pas en cinq jours qu'ils allaient réussir à conclure en partant de zéro. Quant à lui… coucher avec une fille ne lui disait rien, actuellement. Pas qu'elles ne l'attirent pas mais… La personne qui avait pris son cœur était un garçon, alors…

Ce serait pas mal qu'il acquière un peu d'expérience, ça lui donnerait davantage de poids auprès d'Aomine. Kise se sentirait alors plus sûr de lui. Pas qu'il ne l'était pas, cependant, faire l'amour entre hommes était différent de la besogne au sein d'un couple hétérosexuel. Et pour être franc, cela lui inspirait quelques craintes légitimes… Donc, ce serait une bonne chose qu'il maîtrise mieux le sujet, même s'il en connaissait déjà la théorie.

C'est qu'il avait mené quelques recherches de son côté sur Internet !

Ben quoi, c'était mieux que rien !

Il n'allait quand même pas demander à ses sœurs…

Brusquement, tel un diablotin sortant de sa boîte, Haizaki se redressa sur sa banquette et il se pencha vers eux. Kise eut immédiatement un mouvement de recul, se recroquevillant dans son siège. Il ne pionçait donc pas cet abruti !?

Et fatalement, il avait tout entendu en prime.

« Alors comme ça, on prévoit de se faire sauter la pastille durant le voyage scolaire ? Hmm… vous n'avez pas vraiment des gueules de porte-bonheur si je puis me permettre Messieurs… A votre place, je miserai tout sur des inconnues, pour maximiser mes chances. L'avantage, c'est qu'elles ne sauront pas déjà que vous êtes des loosers finis… »

« Laferme, toi ! On n't'a toujours pas d'mandé ton opinion ! » Le rabroua Kise.

« C'est qui c'mec ? »

« Vous… vous connaissez ? » Comprit Ken.

« Haizaki Shogo, pour vous servir les gars… »

Il dégaina son plus beau sourire et tendit même la main pour serre celles des autres larrons.

Wow… décidément… se serait-il soudainement senti poussé une… sociabilité ? Mais Kise ne mordit pas à l'hameçon, voyant le piège venir gros comme le casse-dalle de Murasakibara…

« Ouais, Ryotaaaaa et moi on est de vieilles connaissances ! On était au collège ensemble et dans la même équipe de basket également, fut un temps ! »

« Hélas. » Rajouta Kise.

« Et il s'avère que j'ai MALENCONTREUSEMENT entendu toute votre petite conversation… Oh, je n'étais ABSOLUMENT PAS en train d'écouter aux portes, enfin, façon de parler, les oreilles collées aux sièges, plutôt… »

Menteur…

« Et donc, tu nous conseillerais quoi sur la stratégie à adopter, toi… ? » S'enquit Ken, remontant à nouveau ses lunettes sur le bout de son nez.

« Moi… ? Et bien, dans votre cas, je m'attaquerai plutôt à des nanas qui ne vous connaissent pas encore. Parce que… soyons honnêtes : nous sommes déjà fin juin, bientôt début juillet, ce qui veut dire que la moitié de l'année scolaire est à peu près passée. Or, si vous n'avez pas réussi à pécho à ce stade, c'est que c'est peine perdue ! C'est pourquoi, il vous faut songer à élargir vos horizons, si vous tenez à pouvoir élargir des vagins… »

Quelle classe, vraiment.

Kise en était sidéré pour de telles paroles…

Son mal (pas fictif cette fois…) des transports venait aussitôt de le reprendre, d'ailleurs.

« C'est dommage que vous ne soyez pas dans ma classe… Les filles de Fukuda… c'est quelque chose… ! Elles sont à un tout autre niveau. Tellement moins farouches et pète-sec que les connasses de Kaijo… Mais bon, c'est ça d'habiter à Tokyo ! Ça rend snob… Alors que les nanas de mon lycée en comparaison… elles sont beaucoup plus « mature », si vous voyez ce que je veux dire… c'est l'avantage de vivre à la 'campagne' ! »

Hmm… Kise n'aurait certainement pas qualifié la préfecture de Shizuoka de « campagne », mais par rapport à la capitale Tokyo, il se révélait indéniable que… l'endroit était indéniablement plus « rural ».

« Ben voyons… N'écoutez pas ce guignol… Il ne sait pas de quoi il parle… » Fit Kise en croisant les bras sur son torse… pour se cacher par réflexe, même s'il n'y avait plus rien à voir depuis que sa chemise avait séché, avant de reprendre : « Tu vas m'faire croire genre que t'as couché avec toutes les filles de ta classe, peut-être !? »

« Toutes ? Naaaaan, quand même pas… ! Pas eu besoin. Juste les plus mignonnes. Pas les cageots, j'fais pas la charité non plus ho ! » Corrigea Haizaki, toujours aussi galant également.

Kise roula des yeux. Ce sale type… l'exaspérait toujours autant…

Et apparemment, sa défaite cuisante contre Kaijo l'an dernier à la Winter Cup, puis celle qui avait suivi lors de l'Inter High de cette année contre… l'équipe d'Akashi, n'avaient pas suffi à lui faire fermer sa grande gueule de vantard irrespectueux. Or, Kise ne supportait pas qu'on puisse considérer les filles comme des proies, comme de la viande… et pourtant, pour Haizaki Shogo, Fukuda n'était qu'un immense terrain de chasse. Une boucherie. Le rayon charcuterie du supermarché… Déjà, au collège, il prenait les filles (souvent les petites-amies des autres) et une fois sa petite affaire effectuée, il les jetait comme les Kleenex usagés d'Aomine, après une bonne séance masturbatoire sur le dernier magazine de sa chère Mai-chan… Quelle attitude méprisable…

Dire qu'à une certaine époque… ce comportement de bad boy peu recommandable avait pu lui plaire.

Un peu.

Légèrement.

Il ne comprenait vraiment pas ce qu'il trouvait à Haizaki à cette époque-là. Car à présent, tous ses défauts lui sautaient au visage, impossibles à camoufler.

« Ah bon ? »

« C'est vrai ? Les nanas de ta classe sont plus… enfin… moins regardantes ? »

« De modestes gars comme nous auraient leur chance, tu crois ? »

Et merde… !

Facepalm.

Ces idiots ne marchaient pas, ils couraient ! Droit dans le piège tendu par le Grand Méchant Loup.

« Mais ouais, c'est sûr ! Enfin bon… c'est vraiment de pas d'bol quoi… Qu'on ne se retrouve pas dans le même hôtel… Ça aurait grandement facilité les choses pour vous. »

Argh quelle horreur ! Tant mieux plutôt, oui ! Kise n'aurait pas supporté de croiser Haizaki au détour d'un couloir et de voir sa sale face de dès le matin ! Avec ses immondes queues de rat en guise de cheveux brrr… Non, vraiment, quelle vision de l'Apocalypse ! De quoi réveiller ses nausées…

Et puis… comme Haizaki l'avait dit, il ne versait pas dans les œuvres de charité. Alors pourquoi faire semblant de les aider ? En tous cas, les autres garçons avaient naïvement bu ses paroles et regrettaient à présent la tournure que prenait ce voyage scolaire…

Une fois son méfait exercé, Haizaki se recoucha sur sa banquette, fier de lui sans doute, laissant ses interlocuteurs un peu trop crédules se morfondre… Le moral des troupes était au plus bas… Et Kise tenta bien de requinquer ses soldats, mais il était trop tard : ses camarades semblaient tombés au front…

Raaaah mais quel fouteur de merde, celui-là ! Il avait anéanti tous les espoirs !

Bon… pas que ce projet était moralement… acceptable. Enfin si, mais limite-limite quoi… Cependant, ça ne changeait rien pour lui au final. Même si les trois autres garçons déclaraient forfait, Kise ne comptait pas jeter l'éponge. L'idée n'était pas si mauvaise en soi : profiter de ce cadre paradisiaque pour le faire, pour la première fois.

Avec un inconnu bien évidemment hein, pas un mec de sa classe… Etant donné qu'il ne comptait pas le revoir ensuite… Un peu comme un amour de vacances, quoi. Ephémère, mais puissant. Auquel on repense avec nostalgie. L'occasion rêvée de se trouver un bel éphèbe au physique irréprochable. Un mec bronzé, musclé, qui sent bon le sable chaud…

Kise ferma les yeux, commençant à se représenter le candidat idéal dans sa tête.

Oh, de par son statut de mannequin habitué à côtoyer les plus beaux mecs du pays, notre blondin avait certains critères bien précis à l'esprit. Certains pouvaient se discuter et même se négocier, tandis que d'autres non. Mais globalement, il comptait bien se montrer assez intransigeant s'il ne trouvait pas la perle rare. Aucun intérêt à se forcer juste pour remporter un défi d'ados à la con… On dit bien souvent que la première fois est cruciale, puisqu'elle peut définir à elle seule le reste de sa vie sexuelle et amoureuse. Kise en avait conscience, même s'il ne croyait que moyennement à cet adage. Toujours était-il qu'il ne comptait pas se rater.

Il n'y aurait pas de seconde chance.

Pas de seconde première fois.

Impossible.

Alors tant pis si Kise était contraint de la reporter.

Même s'il préfèrerait ne pas avoir à la faire…

En tous cas… étrange qu'Haizaki ne se soit pas moqué de lui, s'il avait bien tout entendu de leur petite conversation PRIVEE… Le blondinet aurait en effet cru que le brun ne se priverait pas de l'humilier parce qu'il était encore pourvu de son pucelage…

Bizarre.

Le reste du trajet se passa plutôt normalement, entre routes étroites de montagne, routes qui serpentent et routes … à pic. Mieux valait avoir le cœur bien accroché. Kise en avait profité pour passer en revue les filles – et les garçons – de Fukuda. Et dans l'ensemble, ces demoiselles s'en sortaient largement mieux. Pas très raffinées, mais mignonnes. Or, effectivement, elles ne paraissaient pas farouches du tout, beaucoup moins discrètes que celles de Kaijo. Elles foutaient un de ces boxons dans le car, d'ailleurs… Gazouillant comme une nuée de pies… On ne remarquait qu'elles… Leur enseignante – une jeune dame dont Kise estima l'âge à moins de trente ans – avait bien du mal à les discipliner.

Il fallut même que son prof à lui intervienne, c'était dire… Enfin, à la décharge de cette pauvre femme qui semblait inexpérimentée, le représentant de Kaijo avait de l'autorité (naturelle) à revendre et il savait se faire respecter comme personne… D'aucuns auraient même dit « de la frustration » aussi… Un vieux garçon réputé indécrottable célibataire, habitant toujours chez maman et ses huit chats… Officiellement, pour lui éviter la maison de retraite. Officieusement… parce qu'il ne parvenait pas à quitter ses jupes protectrices…

Aucune femme ne peut rivaliser avec « Mère » !

N'empêche, cette situation était bien triste et Kise priait tous les dieux de la Mode pour ne pas connaître le même sort à trente-cinq ans passés… Il espérait avoir quitté le giron maternel (et sororal) à cet âge déjà bien avancé dans l'esprit d'un adolescent… être en couple et avoir fondé sa propre famille à lui.

Dans tous les cas, plus aucune intervention d'Haizaki ne fut à déplorer pendant le reste du voyage. Il avait disparu derrière son rempart de sièges. A un moment cependant, Kise crut sentir une vague odeur de nicotine flotter jusqu'à ses narines sensibles… mais sans doute était-ce une invention de son imagination fertile… de même que le léger nuage de fumée qui s'éleva à l'arrière du car…

Lorsqu'ils arrivèrent enfin sur le petit parking de leur auberge de jeunesse, ce fut l'effervescence.

Le manque de climatisation avait imprégné et diffusé une odeur tenace de transpiration acide due à la chaleur dans tout l'habitacle et Kise était presque content d'avoir été bercé par le parfum de la clope de son côté, c'est dire… Sans parler des routes sinueuses et délabrées qui avait suscité une épidémie collective de mal des transports chez la majorité des élèves… Si bien qu'une odeur de vomi avait également ponctué leur joyeux trajet…

Bref, quand leurs petits pieds foulèrent à nouveau le béton, Kise en profita les yeux fermés dans tous les sens du terme pour prendre une grande bouffée de l'air frais et pur et de la mer.

Mais son répit fut de courte durée, car presque aussitôt, il sentit un bras s'enrouler autour de son cou. Ne s'y attendant pas, il sursauta sous le coup de la surprise.

Haizaki !

« Lâche-moi et remonte dans ce foutu bus ! C'est pas là que tu descends, toi abruti ! »

« Et bien… figure-toi qu'en fait… Si ! Désolé de te décevoir poussin, mais tu vas avoir du mal à te débarrasser de moi cette fois… »

« Hein, qu-quoi !? Comment ça ? »

« Parce qu'il semblerait que nos deux profs aient eu la riche idée de réserver dans le même motel… » Susurra t-il, mielleux à l'excès, dans le creux de son oreille.

Et sans le lâcher.

Horrifié, Kise osa tout à coup ouvrir les yeux et… devant lui se dressait ladite auberge. Qu'il n'avait même pas encore daigné regarder et qu'Haizaki pointait du doigt, un grand sourire suffisant aux lèvres, ce qui n'inspirait vraiment rien de bon à l'as de Kaijo.

Et à raison.

Puisque la façade de l'endroit ne laissait aucun doute quant au type d'établissement dont il s'agissait, à une certaine époque pas si lointaine d'ailleurs, car sa devanture n'avait pas encore été… refaite.

Or, il était certes question d'un lieu proposant des chambres, mais où l'on ne venait pas pour y dormir paradoxalement…

UN LOVE HOTEL !

Avec d'atroces néons roses fluo criards.

Et du rouge absolument partout, déjà sur l'extérieur alors si l'intérieur était du même niveau… ça promettait. Si bien qu'on apercevait sans doute le bâtiment des kilomètres à la ronde. Tiens, même les marins devaient s'en servir pour se repérer et éviter de se perdre, à la manière d'un phare ! Non, vraiment, c'était d'un mauvais goût certain… Kise s'en trouva estomaqué. Il ne comprenait pas. C'était forcément une erreur.

Une sale blague !

Kise décida de chercher une confirmation, à défaut de réconfort, auprès de son enseignant qui passait justement près d'eux. Parce que oui, il avait toujours Haizaki collé à son dos… sur le dos, même.

« Tanaka-san ! » L'interpela le beau blond. « C'est là qu'on va séjourner ? Et… avec le lycée de Fukuda ? »

Pourvu qu'il s'agisse d'un sketch. D'une sorte de bizutage.

Mais que nenni.

« Oui, Kise-kun. Pourquoi, tu y trouves quelque chose à redire ? Ça ne te plaît pas, peut-être ? Sache que je me suis donné un mal de chien pour vous dénicher un établissement correct et dans le budget de l'école. A cette période de l'année, où tous les hôtels affichent complets et avec des tarifs exorbitants en prime, vous devriez plutôt vous estimer heureux de ne pas avoir à dormir à la belle étoile, à même le sable, façon bootcamp, BANDE DE SALES INGRATS DE MES DEUX ! » Asséna Tanaka en s'éloignant avec sa valise à roulettes, tentant tant bien que mal de compter et rassembler ses turbulents élèves déjà éparpillés sur le parking.

Difficile en effet pour chacun des deux profs de retrouver ses petits parmi toute cette agitation ambiante !

Kise en resta coi, telle une carpe japonaise, n'osant pas répliquer.

Bon… il fallait dire que ce voyage avait un peu organisé à la dernière minute avec les moyens du bord, après que l'association des parents d'élèves aient fait pression sur le conseil d'administration du lycée, prétextant que la majorité des Terminales du pays partaient en cette période. Bien souvent à l'étranger, en plus. Et à bien y repenser, Shutoku avait pu visiter l'Angleterre la semaine dernière. Quant à Seirin, ils allaient en Corée dans deux semaines.

Restait juste Toho à Tokyo qui ne bougeait pas cette année, mais ils étaient partis en vadrouille l'an dernier au Mexique. Aomine avait adoré, d'ailleurs ! Finalement, il n'y avait traditionnellement que les lycées les plus… défavorisés qui ne quittaient pas le Japon… Kaijo possédait pourtant une bonne réputation historique, alors Kise ne comprenait pas pour quelle raison ils ne pouvaient pas s'offrir mieux… qu'Okinawa...

Enfin ça, ça avait été sa pensée de départ… avant de rapidement retourner sa veste. Parce qu'Okinawa… ses plages de sable blanc, sa mer d'un bleu turquoise se mélangeant avec celui du ciel… c'était juste le Paradis sur Terre ! Mieux et bien plus abordable qu'Hawaii même ! Et à tout juste trois heures de vol de la capitale ! Mais surtout : pas besoin de traverser la moitié du globe pour revenir avec un bronzage qu'il espérait impeccable d'ici son retour !

Sauf qu'apparemment… Fukuda avait eu la même idée qu'eux…

Et au même moment.

Quelles étaient les chances pour qu'ils se retrouvent coincés ensemble… ?

Kise devint livide.

Devoir se coltiner Haizaki durant tout ce séjour, sea, sex and sun ! Les trois S magiques ! C'était sale, salop et… salé… ? Enfin bref, vous avez compris quoi… Adieu vacances de rêve et bonjour pénitence !

Et en parlant de pénitence, l'enseignante d'Haizaki arriva à leur hauteur à son tour. Apparemment, elle avait galéré à récupérer sa valise, calée tout au fond de la soute du car. Avec ses grands yeux noirs expressifs, elle ressemblait au croisement improbable entre un chien de race Cocker et Betty Boop…

« Hey Miss ! » La héla Haizaki. « Elle est super bizarre cette auberge, non ? On dirait un lupanar ! Enfin, pas qu'ça m'gêne personnellement, vous l'aurez compris mais… »

La pauvre jeune femme qui semblait décidément aussi énergique qu'un mollusque sous sédatif soupira. Il s'agissait du premier voyage scolaire auquel elle participait et qu'elle menait, de toute sa fraîche carrière…

« Erm… je savais bien que j'aurai dû me méfier en voyant les prix trop attractifs qu'elle proposait… raaah… Sadayo ma fille, tu t'es fait avoir comme une bleue ! » Marmonna t-elle dans sa barbe (inexistante), avant de reprendre d'un ton plus assuré et ferme à l'attention du plus dissipé de ses élèves : « C'est parce qu'il s'agit d'un ancien Love Hotel… c'est d'ailleurs indiqué sur leur brochure… en ligne… que je n'ai pas lue. Que personne de SENSE n'a lue, je crois. Pas même vos parents, alors qu'ils y avaient libre accès pourtant. Au même titre que le Japon tout entier. Tout un chacun pouvait lire. Noir sur plan. Blanc sur noir. Pépito sur le Mexique… » Déplora t-elle, à deux doigts de prendre un Xanax pour s'éviter la dépression qui la guettait…

Comment allait-elle annoncer aux parents que leurs chers bambins que ces derniers avaient été pervertis à cause de sa négligence… ? Qu'ils avaient dormi dans des lits qui servaient à faire des passes. Et pas du genre sportives, les passes. Enfin si. Mais… pas le genre de passes qui nécessite un arbitre et… oh et puis FLÛTE quoi... ! Pas moyen que tout lui retombe dessus ! Elle n'était pas la seule responsable, après tout ! Sa direction avait donné son accord sans rien y trouver à redire !

« … Haizaki-kun, passe-moi une clope j'ai besoin de me détendre ! Et fais pas l'innocent, j'sais que tu en as sur toi… je t'ai senti fumer tout à l'heure dans le bus… Bien que c'était interdit hein... »

Wow, impossible de nier quand c'est affirmé avec un tel aplomb. Tout sourire, le brun lui en donna une, bien volontiers et de bon cœur !

Totalement désintéressé !

Oh, ça aurait été rigolo quand même de la voir péter les plombs à peine arrivés à destination… Dire qu'il faisait l'impasse sur ça…

Mais c'était pour la bonne cause. Si ça pouvait l'aider à négocier… quelques avantages…

« Dites, M'dame... heu M'zelle… puisqu'on va résider dans la même auberge que Kaijo, on a le droit de se mélanger… ? J'veux dire… juste au niveau de la répartition des chambres, hein. Du moins, dans un premier temps, quoi… »

A défaut de pouvoir se mélanger plus tard d'une toute autre manière nettement moins sage…

Roooh pitié TOUT mais pas çaaaaa ! C'était Kise qui avait des yeux de cocker suppliant à présent !

Et cette pauvre femme dut sentir son désarroi, par chance !

« … N'en profite pas trop non plus. Je doute que Tanaka-san soit d'accord, de toute façon. »

« Raaah c'est bon, j'demande pas des chambres mixtes quand même ! » Mais voyant que la jeune enseignante campait sur ses positions, il préféra négocier autre chose. « … Bon, que ce soit clair dans ce cas : je refuse catégoriquement de partager ma piaule avec quiconque, à part ce gars, là ! » Lança t-il en désignant Kise.

MAIS C'ETAIT UN CAUCHEMAR !

Comment ? Pourquoi ? Qu'est-ce qu'Haizaki avait à gagner à squatter la même chambre que lui ? Etait-ce dans le but de lui pourrir toutes ses chances de conclure et d'ainsi compromettre son défi ? Ouais, ça lui ressemblait bien en tout cas. Et puisqu'il avait tout entendu… il allait sans doute se faire un plaisir de lui mettre des bâtons dans les roues…

« … Comme tu veux. On trouvera bien un placard à balais où te caser le temps du séjour, si tu ne veux pas dormir avec les autres garçons de ta classe. De toute manière, je doute que le moindre d'entre eux t'accepte dans sa chambre… »

Ah ben d'accord…

Paye ton enseignante démissionnaire !

Quoiqu'avec Haizaki, Kise ne pouvait que la comprendre cette malheureuse femme ! Il avait dû lui en faire voir des vertes et des pas mûres… m'enfin, l'avantage, c'est que grâce à lui, elle était sans doute immunisée pour le reste de sa carrière…

En tout cas, le discours de Kawakami-san – car c'était son nom – ne l'étonna qu'à moitié.

Haizaki était une véritable teigne. Personne ne l'aimait. Remarquez, il n'aimait personne non plus. Pas à sa connaissance, hein. Et le monde entier le lui rendait bien. Il semblait donc logique que ses camarades masculins n'en veuillent pas dans leurs pattes. Ça pourrait allègrement compromettre leur séjour. De même que le sien. Alors Kise fut soulagé que l'accompagnatrice de Fukuda prenne son parti, en quelque sorte.

Et à ce sujet, Kise allait expressément veiller à se trouver le plus éloigné possible géographiquement du natté. Genre… en optant pour la piaule située à l'opposé de celle d'Haizaki, par exemple… Juste… par mesure de précaution. Même si le blond ne doutait pas qu'il verrait souvent rôder le loup près de ses quartiers… C'est que… ça a du flair ces bestioles là… et une fois qu'ils se sont attribués une proie, ils ne la lâchent plus jusqu'à la mise à mort, la harcelant en continu, jusqu'à ce qu'elle craque d'épuisement…

Or, c'était justement la stratégie qu'Haizaki comptait appliquer sur Kise…

L'avoir à l'usure.

Avant la fin du séjour.

Et les pires craintes se Kise se confirmèrent…

Il pouvait difficilement faire un pas sans qu'Haizaki ne vienne se loger entre ses pattes…

HEU NON PAS DE CETTE FACON LA !

Evidemment que non ! Heureusement que non !

Mais il était tenace l'enfoiré…

Cela commençait dès le matin, pernicieusement.

L'hôtel était plutôt sympa au final et les chambres, spacieuses, se trouvaient dotées de lits à eau confortables. Lits rotatifs… et vibrants. Oui, ça surprenait la première fois. Surtout quand on appuyait sur le bouton « MARCHE » par accident…

Le seul problème se trouvait malheureusement être… la salle de bain commune. A la base, chaque chambre en comportait une, mais la petite pièce avait été transformée en dressing supplémentaire. Donc… pas le choix, il fallait prendre des douches communes… En général, Kise envoyait son camarade de chambrée – Yosuke, le petit brun excité – en éclaireur pour s'assurer que la voie était libre et que le loup ne trainait pas le coin… Non parce que… tomber sur Haizaki et sa glorieuse érection matinale (oupa) et se prendre une main au cul sous la douche, Kise avait déjà donné… le premier jour. Par inadvertance. Et ça surprenait encore plus que le matelas à eau du lit qui

Mais conscient que le blond le fuyait à l'intérieur, Haizaki avait décidé d'attaquer à l'extérieur aussi…

S'incrustant souvent avec eux lors des visites scolaires.

Au départ, cela avait commencé plutôt subrepticement. Presque… de manière normale.

La classe d'Haizaki et celle de Kise se croisaient régulièrement aux mêmes endroits. Bon. Pas de panique, pas de paranoïa, après tout, il était logique qu'ils visitent des points d'intérêts communs. Le château de Shuri, par exemple, lieu de tourisme culturel incontournable. La classe d'Haizaki en sortait tout juste lorsque celle de Kise y arriva. Le hasard, sans doute. Sauf que ce genre de hasard se multiplia. De plus en plus souvent.

A tel point que les deux enseignants sympathisèrent bien vite. Un peu trop vite au goût de Kise, d'ailleurs… Et au bout du troisième jour (sur les cinq prévus…) la présence d'Haizaki (parfois avec sa classe, parfois sans…) était devenu systématique lors des excursions de Kaijo. Et justement, ce jour-là, le quatrième, (et avant dernier déjà…) après leur visite du magnifique aquarium Churaumi, (au sein duquel ils avaient eu la chance d'apercevoir plusieurs énormes requins baleines !) il avait été décidé que les deux classes se rendraient ensemble sur l'île d'Iriomote l'après-midi, malgré la météo qui virait au gris comme par hasard ce jour-là… Mais… l'ambiance était étrange. Presque… lourde. Pas aussi bonne enfant que d'habitude. Les deux classes étaient bien plus dissipées et mélangées que d'habitude. Et les deux professeurs s'adressaient à peine la parole… comme s'il s'était passé quelque chose de grave entre eux, à l'abri des regards indiscrets…

Bon… d'un côté, tous les élèves attendaient IMPATIEMMENT cette sortie-là en particulier…

Etant donné qu'ils n'avaient pas encore pu aller nager jusqu'ici. Oui parce que… leur hôtel se trouvait sur l'une des seules plages interdites à la baignade de toute l'île ! C'est ballot, hein… Pas étonnant qu'il soit aussi peu cher… Fort heureusement, les deux profs avaient promis qu'ils pourraient aller barboter dans les cascades d'Iriomote qu'ils visiteraient aujourd'hui. Une véritable bulle d'oxygène au sein de ce voyage qui tournait peu à peu au fiasco…

D'ailleurs, les potes de Kise se lamentaient de ne pouvoir tenir leur pacte avant la fin… C'était très loin de tout ce qu'ils avaient imaginé, même si… le roux (à qui je n'ai toujours pas donné de nom…) semblait bien parti pour y parvenir. En effet, il s'était largement rapproché d'une des filles de leur classe, à leur plus grande surprise commune…

Il faut dire que… lorsqu'il avait été question de simuler du bouche-à-bouche sur la fausse noyée, il s'était immédiatement porté volontaire ! Et de fil en aiguille…

Ah oui, parce qu'il faut que je vous raconte quand même !

Sus aux ellipses temporelles si pratiques pourtant et prisées par les auteurs !

A la base, ils s'étaient rendus sur cette île pour en observer les célèbres cascades, mais pas seulement !

En réalité, leur objectif était triple :

Voir les cascades, (et s'y baigner, accessoirement…)

Essayer d'apercevoir le célèbre chat sauvage d'Iriomote, espèce unique au monde, endémique de l'île,

Trouver des œufs de tortues de mer, puisqu'apparemment, elles venaient souvent pondre sur les plages de l'île en cette période de l'année.

C'est ainsi qu'en shorts de bain (et maillots pour les filles…), les élèves arpentaient l'île, armés de seaux et pelles, prêts à creuser pour déterrer un trésor de pirates ! (ou des œufs, selon ce qui se présenterait à eux en premier…)

A peine débarqués, Tanaka-sensei avait tenu à leur enseigner les rudiments du massage cardiaque en cas de noyade. Un geste bien avisé, quoiqu'un peu tardif à ce stade du voyage… et sans doute superflu, puisqu'ils n'allaient pas franchement pouvoir en profiter, au vu du maigre créneau de natation dont ils disposaient.

Et puisque personne ne se portait volontaire pour jouer le noyé… Tanaka-sensei fut bien obligé désigner quelqu'un. Oh mais son choix n'eut rien à voir avec le hasard…

« Kise-kun, amène tes fesses par ici et allonge-toi sur le sable ! Tu seras la victime ! »

« … A l'image de toute sa vie, en fait… » Marmonna Haizaki.

Ce qui n'échappa à Kise, qui n'apprécia pas tellement la teneur du commentaire.

Mais le résultat anticipé par le professeur se produisit bel et bien, puisqu'aussitôt MASSE d'élèves des deux sexes se proposèrent comme par magie pour jouer les sauveteurs ! Ça se bousculait carrément au portillon parmi les deux classes, jouant du coude et donnant de la voix pour avoir la chance d'être l'heureux élu.

Ah mais manque de bol parce que…

« Vos gueules ! C'est moi qui vais le faire ! »

Oh.

Merde…

Tout, mais pas ça !

Haizaki avait de se porter volontaire !

Et avec son agressivité naturelle, personne ne protesta… Tous s'écartèrent même pour le laisser passer. Kise se redressa, paniqué et il fronça les sourcils.

« Pas question ! Tu pues la clope et tu vas m'asphyxier plus qu'autre chose ! Je refuse que ce soit toi qui me souffles dans les poumons ! »

« Hein ? Oh allez, fais pas ta chochotte ! Quoique tu préférerais peut-être que je te souffle ailleurs ? »

Sourire carnassier tandis qu'il se frayait un chemin jusqu'à sa proie.

Mais Kise n'avait aucune envie d'échanger un baiser INDIRECT avec cet abruti ! Il serait même plus à l'aise avec le fait que ce soit leur professeur à l'haleine chargée d'alcool, qui exécute le geste à la place d'Haizaki ! C'était dire à quel point cette perspective l'enchantait !

« Kise-kun… » Reprit l'enseignant d'une voix plus grave. « Montre l'exemple, je te prie. De toute façon, il n'a pas besoin de coller sa bouche à la tienne pour… »

« Ben voyons ! » Le coupa Kise. « Tel que je le connais, il va sûrement chercher à en profiter pour y mettre la langue ! »

Haizaki leva les mains en signe d'apaisement.

« Hé ho ! N'importe quoi, je sais me tenir ! »

Mais Kise ne le croyait pas. Oh que non. Il voyait très clair dans son jeu depuis le début… Le brun avait décidé de lui gâcher son séjour ! Seulement, le blond n'était pas disposé à le laisser faire. Il se leva donc à toute vitesse pour éviter d'avoir à sentir les lèvres de cette racaille s'emparer des siennes ! Dire qu'à une certaine époque, ça ne lui aurait pourtant pas déplu… Mais plus maintenant. Et il le connaissait l'animal ! Haizaki était parfaitement capable de lui rouler une pelle devant témoins et même devant les deux figures d'autorité qui représentaient leurs profs… Tout était bon aux yeux du lupin pour l'humilier en public… Or, Kise ne comptait pas se laisser faire impunément ! Quitte à devoir passer pour une diva aux yeux de tous. De toute façon, c'était déjà l'image qui lui collait à la peau depuis belle lurette, alors il n'avait plus rien à perdre dans l'optique de préserver son honneur !

Et ce ne furent pas les menaces de se retrouver en heures de colle au retour à Tokyo de la part de son professeur, qui allaient le faire changer d'avis ! Il n'avait qu'à jouer les cobayes pour Haizaki, lui, s'il y tenait tant que ça ! Sauf que Tanaka avait une autre idée en tête et il s'empressa donc de choisir sa prochaine victime, pour prendre la place de Kise.

« Hanamiya-kun ! » La somma le prof, déjà à bout de patience.

Hanamiya – Miyabi de son prénom – sursauta et se dépêcha donc de relayer Kise. Mais elle avait beau être l'une des filles les plus mignonnes de tout Kaijo – même mammairement parlant – elle n'intéressait pas Haizaki… Non, ce n'était pas avec ses nerfs à elle qu'il voulait jouer et il se recula donc. Tanaka, qui n'avait pas le temps de niaiser, appela donc le frère Weasley et ce dernier s'attela à faire du bouche à bouche à la belle Miyabi… Expérience et proximité qui semblèrent les rapprocher instantanément. Au contraire de Kise et d'Haizaki… Comme quoi parfois… il en faut peu… pour avoir une révélation.

A la suite de cette petite démonstration, il fut ensuite décidé de mélanger les deux classes et de les séparer en deux grands groupes : ceux qui resteraient sur la plage, à chercher des traces de ponte des tortues et ceux qui iraient dans les bois, chercher la fameuse espèce de chat habitant sur l'île.

Les bois en question ?

La jungle plutôt, oui !

Et une fois de plus, Haizaki se retrouva dans le groupe de Kise, comme par hasard. Enfin, il avait plus précisément délaissé celui qui lui avait été affilié, afin de se retrouver avec le blond et de deux de ses trois camarades habituels. (le rouquin ayant décidé de rester avec dulcinée sur la plage.) Kise opta donc pour l'ignorer. Peut-être qu'à force… il finirait par se lasser de lui-même. Oui, Kise avait de l'espoir. Mais ne dit-on pas que l'espoir fait vivre justement ? Et au pire, quoi ? Il n'avait plus qu'un jour à tenir… et jusqu'ici, l'ancien Miracle s'en était plutôt bien tiré…

Certes, Haizaki s'était pour ainsi dire incrusté dans son quotidien sans lui laisser le choix, mais il n'était qu'une présence lointaine, un élément du décor parmi tant d'autres. Non, ce que Kise ne devait surtout pas faire, c'était lui donner de l'importance. Parce que là, ce serait la fin des abricots heu… haricots comme on dit… et il signerait sa propre fin également.

« La vache, je ne m'attendais pas à ça ! On se croirait dans une forêt tropicale ! » S'exclama Yosuke.

« Une forêt primordiale, tu veux dire ? » Proposa le binoclard.

« On se croirait dans 'Jurassic Park', c'est vrai… Je me demande si c'est bien prudent que Tanaka-sensei nous ait laissés partir seuls… » Fit Kise.

Et ça grimpait en plus, la vache ! Il devait y avoir des insectes géants partout ici… rien que d'y penser, ça le soulait d'avance…

« On va peut-être tomber sur un T-Rex, au détour d'un buisson alors ? Nan, nan, je sais : sur un tigre à dents de sabre, plutôt ! » Intervint Haizaki, à qui on n'avait toujours pas demandé son avis.

« … Ouais bah si c'est le cas, tu pourras enfin servir à quelque chose : jouer le rôle d'appât pour nous permettre de nous enfuir ! »

« … Si vous commencez déjà à vous engueuler, c'est surtout le chat qu'on recherche qui risque de s'enfuir… »

Yosuke, la voix de la raison !

Mais ô surprise, Haizaki ne l'entendait pas de cette oreille et il trouva donc à redire :

« De toute façon, votre putain de chat, il ne doit sortir que la nuit. Comme la grande majorité des félins. Alors ne rêvez pas trop… »

« Bon sang, mais tu peux vraiment pas t'en empêcher hein ? Constamment foutre ton grain de sel et casser les attentes des gens ! »

Kise reprit la tête de l'expédition et il décocha son plus beau sourire à ses deux amis.

« Courage les gars ! N'écoutez pas cette oiseau de mauvais augure, moi je vous assure qu'on va le voir ce chat ! Et immortaliser cet instant par une photo ! Ce sera notre trophée et même qu'on sera le seul groupe qui aura réussi à le trouver ! »

« Et ça nous aidera à marquer des points auprès des filles… ? »

Il n'avait pas anticipé une telle question… Mais remotiver les troupes, c'était ce qu'il savait faire de mieux ! Déjà au collège… ouais, nan, à bien y réfléchir, jamais l'équipe de Teiko n'avait eu besoin de ses encouragements pour se relever d'une situation difficile… pour la simple et bonne raison qu'elle gagnait tout le temps ! Maiiiiiis s'il avait fallu le faire, il aurait répondu présent ! Et en première ligne, même !

« Heu… ouais ! » Affirma t-il avec autant de conviction et d'aplomb que possible.

En tout cas, l'objectif du séjour restait bien prégnant dans leur esprit, preuve qu'ils n'avaient pas encore abandonné… Mais… Kise, lui, n'avait plus vraiment la tête à cela. Aucune fille, ni même aucun garçon n'avait su capter et encore moins retenir son attention. En fait, si un seul. Pas dans le bon sens du terme, cela dit. Et il marchait actuellement sur ses talons… attendant sans doute le bon moment pour passer à l'attaque.

Or justement, ce fameux moment ne tarda pas à arriver.

Et encore une fois, Kise s'en serait bien passé…

Puisque tout à coup, sans raison particulière et sans davantage crier gare, Haizaki le poussa, ce qui le précipita…

dans un fossé de ronces à côté de la route de graviers sur laquelle ils cheminaient !

Mais… !?

L'enfoiré !

Pile au moment où il venait d'apercevoir un CHAT, après avoir passé quarante-cinq minutes à errer dans cet enfer vert luxuriant !

La scène s'était déroulée à peu près de la façon suivante :

Yosuke avait entendu un bruit dans les buissons à quelques mètres d'eux.

Tous s'étaient immobilisés, interrompant leur petite rando, afin de ne pas effrayer le farouche animal, qui n'avait pas tardé à se montrer en sortant de sa cachette.

Et c'était bel et bien le félin qu'ils cherchaient !

Alléluia Messire !

Quel miracle !

D'autant que bon, ils étaient venus en force, se déplaçant sans grande discrétion en bavardant et en sifflotant. Donc, de deux choses l'une : soit ce chaton était sourd, soit il manquait sacrément de discernement. Ou alors, il était fan de Kise, lui aussi. Ce qui revenait au même, puisque c'était synonyme d'être couillon.

Tous avaient fait silence radio, pendant que Ken sortait son sac à dos le restant de son sandwich de ce midi, s'accroupissant lentement au sol pour présenter la viande rôtie au petit carnivore. Apparemment, le poulet-mayo était à son goût, puisqu'il s'était approché avec prudence d'accord, mais sa curiosité l'avait tout de même emporté. Kise en avait profité pour dégainer son téléphone portable afin d'immortaliser ce moment d'anthologie, que dis-je cette DEMONSTRATION de domptage de fauve sans faille !

Et à l'instant où il s'apprêtait à prendre la photo, Haizaki – qui était remonté à sa hauteur entre temps – l'avait brusquement éjecté dans la fosse, non sans faire fuir leur adorable nouveau petit camarade par la même occasion… réduisant ainsi leurs efforts à néant.

Inutile de vous préciser que Kise hurla de colère…

Une colère noire.

Une colère rouge.

Une colère… multicolore !

Et de son point de vue, légitime !

Ça ne lui ressemblait pas de se laisser aller de la sorte, mais là… c'était la goutte d'eau qui mettait le feu à la cascade !

Il ne portait que son short de bain (à motif léopard…) en bas et ses jambes nues morflèrent, blessées par les épines des ronces. Heureusement qu'en haut, il portait toujours son sweat zippé gris chiné à capuche !

« Merde… je voulais pas… » Essaya misérablement de se justifier le responsable.

Il fallait constamment qu'Haizaki gâche tout et par conséquent, Kise n'avait que faire de ses tentatives d'explications. Se relevant de sa chute aussi dignement qu'il le pouvait, avec l'aide de Yosuke et de Ken, il se remit à crier dans la jungle, insultant généreusement Haizaki de tous les noms d'oiseaux faisant partie de son vocabulaire… faisant justement fuir tous les oiseaux aux alentours.

Et sûrement tous les mystérieux chatanas du coin aussi…

Des mots fâcheux (et pas du tout excessifs…) furent alors prononcés.

« JE TE DETESTE ET JE NE VEUX PLUS TE VOIR ! JAMAIS JAMAIS JAMAIS DE MA VIE, TU ENTENDS !? »

Haizaki en resta silencieux, abasourdi par le déluge de violence verbale qui venait de s'abattre sur lui. (De même que les deux autres garçons, nettement plus habitués à la personnalité… solaire et joviale de Kise !)

Si bien que le petit groupe reprit la route sans lui.

Certes, les paroles de Kise n'auraient pas dû le surprendre. Il était effectivement de notoriété publique que le blond ne pouvait pas le voir en peinture et encore moins en chair et en os. Même lui n'était pas sans l'ignorer. Cependant… se l'entendre dire en face et se faire envoyer bouler dans la foulée… c'était une autre paire de manches… Une expérience complètement différente… et autrement plus blessante…

Ouais, ça lui en avait bouché un coin comme on dit…

Kise possédait son petit caractère, Haizaki le savait pertinemment, mais… c'était bien la première fois qu'il le voyait s'exprimer au grand jour. Que la belle couche de vernis craquelait, se fissurait et finissait par exploser.

Non, vraiment, ça faisait bizarre de se prendre ses quatre vérités en pleine face de la sorte…

Alors qu'en réalité…

Kise de son côté, était parti comme une fusée, droit devant, gravissant la colline pour avoir une meilleure vue d'ensemble sur les alentours. Il avait laissé Haizaki planté tel un palmier en plein milieu de la route et il ne s'en souciait déjà guère plus. Le natté pouvait très bien se faire enlever par King Kong, ce n'était pas son problème ! (Désolée de te décevoir, mais canoniquement parlant, le gorille géant n'est attiré que par les blondes, Kise ! Tu es donc bien plus susceptible qu'Haizaki d'attirer son attention…) Qu'il se perde sur l'île et retourne à la vie sauvage, tiens, façon Robison Crusoé, bon débarras !

Mais qu'il s'aventure même plus à les suivre surtout, Kise l'avait déjà assez eu dans les pattes durant ce séjour désastreux ! Car sinon, il saurait bien le recevoir ! Oh oui, du style… le noyer dans la cascade qu'il apercevait non loin de là, par exemple…

La cascade - enfin l'une d'elles en tout cas - enfin !

Un peu de réconfort bienvenu après l'effort…

Barboter un peu pour oublier ses problèmes lui ferait le plus grand bien ! Rien de tel que de taper une petite brasse coulée pour s'aérer l'esprit ! Le meneur blond et sa suite royale s'attelèrent donc à grimper en haut de celle-ci, non s'en s'être assurés avant que le bassin de réception était assez profond pour accueillir un plongeon.

Au cœur de l'île, les immenses arbres centenaires s'élevaient si haut dans le ciel que leur feuillage abondant formait un épais rideau filtrant les rayons du soleil. Il faisait… étrangement… froid. Enfin, pas chaud quoi… Moins que l'honorable température extérieure ne le laissait présager en tout cas. Mais cela n'allait pas arrêter Kise pour autant. Il l'avait bien mérité son bain d'eau douce, aussi pure que cristalline !

Dézippant son sweat, le blond se mit à l'aise. Yosuke fut le premier à sauter, faisant une bombe peu élaborée qui éclaboussa partout autour du bassin. Ken se montra plus mesuré plongeant normalement. Quant à Kise… et bien… comme à son habitude, il voulait marquer les esprits. S'afficher. Se faire mousser. Tirer son épingle du jeu. Aussi, exécuta t-il un parfait salto avant, se terminant par un plongeon tout aussi remarquable.

Sauf que…

A l'arrivée… l'eau était glacée… bien moins accueillante que prévu…

Et il aperçut la tronche d'Haizaki, penchée au-dessus d'eux, leur criant vaguement d'évacuer leur piscine naturelle. Qu'est-ce qu'il avait à s'exciter comme ça ? Il y avait des piranhas dans le bassin ? Quoiqu'il aurait peut-être mieux valu, mais sur le coup, Kise décida de l'ignorer… A ses risques et périls. Mais bon sang ! Ils n'avaient pas fait tout ce chemin pour rien ! Déjà qu'ils étaient en séjour au bord de la mer SANS pouvoir en profiter… drôle de concept quand même… Alors Kise voulait en profiter, au moins un peu.

Et il lança à Haizaki, afin de le narguer :

« Hmmmm elle est si booooooooonne ! Tu rates quelque chooooooooose ! »

Menteur… Il se les gelait, oui ! Mais pas question de perdre la face devant son rival, en lui avouant que cette baignade bien méritée se montrait pourtant moins agréable que prévu… Oh que non, ça ferait trop plaisir à ce chien d'Haizaki.

« Tant pis, vous ne pourrez pas dire que je n'ai pas essayé de vous prévenir… » Ricana Haizaki en s'éloignant.

Kise lui tira une dernière fois la langue, avant de tenter de … « profiter » de son bain glacé… Il tremblotait et claquait des dents, mais il faisait tout son possible pour le cacher. Ses deux fidèles camarades n'en menaient pas large non plus… sauf qu'une fois de plus, il fallait sauver les apparences. Alors entre sourires forcés et brasses démesurément énergiques pour tenter de se réchauffer, les trois larrons avaient tout misé sur l'auto-persuasion. Qui avait ses limites… et les montra rapidement.

Raaah mais pourquoi rien n'allait dans ce maudit voyage !? C'était même devenu un périple, vu le nombre hallucinant d'emmerdes qu'ils avaient rencontrées en l'espace de seulement quelques jours…

Mais le pire était encore à venir, puisqu'en effet…

« Huu ? Vous entendez pas un bruit bizarre ? » Demanda Yosuke, en se figeant sur place.

« Si… on dirait quelqu'un qui tousse… ou s'étouffe… »

« Et crache, même. » Termina Kise.

Mais qu'est-ce qui était en train de se passer… ?

Brusquement, une odeur nauséabonde et acide leur agressa les naseaux, histoire de compléter ce tableau décidément désastreux.

« Ohh… qu'est-ce que… !? »

Kise se boucha le nez, tandis que Yosuke plongeait sous l'eau pour se protéger de ce fumet atroce. Grave erreur… parce qu'aussitôt, il aperçut des morceaux… flotter…

Des morceaux de quoi, allez-vous me demander.

Et bien… je vais bien me garder de le décrire, si vous voyez ce que je veux dire…

Mais toujours était-il qu'il s'agissait d'alimentation.

Régurgitée.

Qui ressemblait vaguement à un mélange mal digéré du repas de la veille et de celui de ce midi…

Quelqu'un avait vomi dans la cascade, en amont… sans les voir, sans doute.

Et ce quelqu'un, dont on pouvait entendre les plaintes simiesques… s'avérait être leur professeur, qui, décidément, avait eu la main trop lourde sur l'alcool hier soir… Mais comment ? Pourquoi ? Lui qui semblait si raisonnable et fiable… pour quelle raison s'était-il murgé à ce point ? Tu m'étonnes qu'il était de mauvaise humeur toute la matinée après avoir ingurgité autant de binouze !

Et ce connard d'Haizaki, il le savait… bien entendu…

Enfoiré… Même s'il avait bien tenté de les en informer et que Kise l'avait gentiment (méchamment) envoyé balader, le blond était persuadé qu'Haizaki avait quelque chose à voir avec l'état de Tanaka-sensei.

Ben oui, évidemment.

Puisque c'était TOUJOURS de sa faute.

Genre… constamment.

Kise l'avait décrété.

Mais pour l'heure, l'urgence était surtout de fuir ce BOURBIER en vitesse !

Quelle horreur… s'être fait gerber dessus par leur enseignant…

Quelle humiliation…

Les souvenirs atroces commençaient à s'accumuler dangereusement et Kise doutait que quoique ce soit puisse effacer ces traumatismes… qui resteraient à jamais gravés en lui…

De retour à l'auberge en début de soirée, il s'avéra que le groupe de la jungle et celui de la plage avaient tous les deux fait chou blanc. Pas de gagnant, donc. Tanaka-sensei avait été malade sur le trajet en bateau, tu m'étonnes… et lui et Kawakami-sensei ne s'étaient pas adressé la parole.

Bizarre…

Eux qui semblaient si bien s'entendre pourtant la veille au soir encore…

Attends une minute…

!

Naaaan… ? Quand même pas… ?

OH MY GOD !

Rien que d'imaginer (et de réaliser…) que peut-être son vieux garçon de prof avait une VIE SEXUELLE, suffit à dégoûter Kise. Beurk… c'était lui qui avait envie de gerber maintenant ! Et d'un autre côté, c'était d'autant plus pathétique et honteux pour lui, qui ne parvenait même pas à se trouver une petite… ou un chibron pour sauter le pas, avant la fin du temps réglementaire ! Et il ne le restait plus que jusqu'à demain soir pour ce faire ! Heureusement, tous les espoirs étaient encore permis, puisque demain justement, ils avaient quartier libre pour leur dernier jour à Okinawa. Or, Kise comptait bien en profiter, quitte à devoir faire tout le tour de l'île à pied pour trouver le seul endroit autorisant la baignade ! Et pour finaliser son bronzage, aussi !

Grosse, grosse pression !

La nuit passa bien vite. Ils étaient tous épuisés et au petit matin, Tanaka-san leur donna ses dernières recommandations. Personne ne devait partir seul et chaque groupe avait son référent. Ils avaient le droit de se déplacer à cinq kilomètres à la ronde, mais pas un mètre de plus !

Enfin, la liberté !

Kise, Yosuke, Ken, Rouquemoute, Miyabi et trois de ses copines, (le nombre parfait, quoi…) choisirent de former un seul et même groupe. Il fut décidé qu'ils longeraient la plage pour trouver un coin, une crique tranquille où se baigner et si ce n'était pas possible, au moins un endroit pour jouer. Au Beach Volley ou au Football de plage. Dans le doute, ils avaient les deux types de ballons, même s'ils restaient convaincus que les filles allaient refuser de jouer. Effectivement, ces demoiselles semblaient plus préoccupées par le rendu de leur bronzage, tout comme Kise d'ailleurs, mais on peut également prendre des couleurs tout en se dépensant physiquement… Et peut-être plus efficacement, encore.

Comme c'était à craindre, en revanche, Haizaki leur emboîta le pas. Pas étonnant, ce mec n'avait pas d'ami. Il les suivait à distance, cependant. Semblant ne pas oser se mêler directement à eux. Rôdant une fois de plus, tel un prédateur qui tente de se faire oublier. Et il faisait bien. Parce que Kise n'avait pas oublié la petite « bousculade » de la veille… Ses jambes étaient encore toutes éraflées, au niveau des cuisses et des mollets…

G-E-N-I-A-L.

Encore un magnifique souvenir à ajouter à son palmarès…

Et pour lequel le loup était responsable…

Bon allez, ignorons ce clampin et tâchons de profiter de cette dernière journée (infernale) au Paradis, avant retour au bercail et à la grisaille Tokyoïte !

Kise et ses compagnons trouvèrent une petite plage isolée, protégée des regards malveillants par des rochers. Ici aussi, interdiction de se baigner, mais Tanaka avait collé une petit balise GPS autour de la cheville du chef de groupe, ici, leur délégué de classe Ken, aussi leur était-il impossible d'aller plus loin pour vérifier sur la mer était plus bleue de l'autre côté de la barrière de corail… Et puis, les filles en avaient assez de marcher aussi. La halte fut donc décidée à cet endroit. Bon, comme il n'y avait pas de filets ni rien pour jouer, les garçons optèrent pour un bon vieux foot des familles, en traçant des lignes de fortune dans le sable, en guise de cage de but.

Haizaki resta à l'écart, une fois de plus…

Du moins, au début.

A observer… ses proies. Enfin, l'une d'elles en particulier.

Devinez laquelle ?

Ce comportement ne manqua pas d'interpeler Yosuke.

« C'est quoi le deal entre vous deux ? »

« Le 'deal' » ? Répéta Kise, sans comprendre.

« C'est quoi l'histoire quoi. »

« Oh… C'est compliqué. On était coéquipiers dans une autre vie. »

« Il serait pas un peu… fan de toi par hasard ? »

« Haizaki ? » Kise cligna des paupières, tel un papillon battant des ailes rapidement. « Ahahaha ! Ça ne va pas, non ? Aucune chance ! Il me déteste au moins autant que moi je le hais ! »

« Ben pour un type qui peut pas te saquer… il te suit partout comme un petit chien. Plutôt bizarre… »

« Cherche pas la logique, ça vaut mieux… De toute façon, y a rien à comprendre. Il est taré, il lui manque une case. Tout ce qui l'intéresse, c'est de me pourrir la vie le plus possible… »

Mouaiiiiiiiis… pas hyper convaincu le brun. Mais d'un autre côté, Kise devait sûrement avoir raison. Parce que si Haizaki poursuivait le blond de ses assiduités dans le but de le séduire… il serait déjà passé à l'attaque depuis longtemps. Parce que là… à part planer comme une ombre au-dessus d'eux… il ne faisait pas grand-chose… Quel était donc le projet ? Hmm… difficile à déterminer.

Kise parvenait très bien à l'ignorer, lui. Etait-ce… l'habitude ? Est-ce que ça se passait toujours ainsi entre ces deux-là ?

Yosuke haussa des épaules et préféra reporter son attention sur ses camarades. Avant d'aller jouer, ils devaient se déshabiller et passer par la sacro-sainte étape du tartinage de crème solaire… Sauf qu'au moment où vint le tour de Kise, bon, que les trois filles célibataires (et même Miyabi, alors qu'elle s'était fraîchement mise en couple avec Ron Weasley…) se portent volontaires ne l'étonna pas. Mais qu'en revanche, Haizaki s'avance vers eux, faisant par là même fuir Riri, Fifi et Loulou… c'était déjà bien plus surprenant. Si bien qu'au départ, Kise sentit une hésitation, ne sachant pas comment répondre. Enfin, pas trop longtemps quand même, puisqu'au moment où le brun se saisit du tube de crème pour l'en enduire généreusement, Kise eut un rire nerveux.

Et méprisant.

« Oi, tu crois faire quoi là au juste ? »

« Te passer de l'écran total, à priori. Bordel… je sais que t'es loin d'être une lumière, mais ça se voit quand même, non ? »

« Et sinon, dis-moi… t'es tombé sur la tête récemment ? T'as trébuché dans les escaliers au réveil ? Non parce que… moi vivant, JAMAIS tu ne poseras la main sur moi. Donc, si un jour tu y arrives, c'est que je serai mort et probablement enterré ! Et puis, c'est quoi ce délire ? Tu vas en profiter pour me faire une clé de bras ? Essayer de m'étrangler ? C'est quoi l'but ? »

Les dures paroles de Kise avaient l'air d'avoir atteint leur cible. Haizaki se crispa, clairement vexé de s'être fait rabrouer de la sorte. Devant tout le monde. Alors que ses intentions n'étaient absolument pas… belliqueuses. Mais pas dit que le blond les apprécie davantage pour autant…

Parce que si la racaille du lycée ne comptait pas le passer à tabac, alors pour quelle raison avait-il proposé de… ?

!

Et là, enfin, la réalisation.

Les yeux de Kise s'ouvrirent grands comme la grotte des quarante voleurs quand on lui criait « Sésame ». Sa bouche forma un « o » parfait de surprise, de choc et d'incompréhension. Cela ne dura que quelques secondes, malheureusement pour Haizaki… Car très rapidement, Kise repartit dans un four rire encore plus irrespectueux que le premier.

« Oh bon sang… ne me dis pas que… ? Mais c'est trop drôle ! Cette sombre histoire de crème solaire n'était donc qu'un prétexte pour pouvoir me tripoter. Et après quoi … ? Tu comptes aller jusqu'où comme ça ? »

Le blond se retint de lui balancer « Tu vas me mettre de la crème aussi sur la b*te pour la protéger du soleil ? ». Quand bien même elle n'en aurait aucun besoin. Mais il s'agissait clairement du but inavoué d'Haizaki. Trouver un moyen discret de se glisser dans son short, ni vu, ni connu, ni aperçu, ni reconnu !

Kise n'aurait jamais imaginé cela de sa part, ni cru une telle mascarade possible. Alors comme ça, il plaisait à Haizaki… ? Genre, vraiment ? Réellement ? Sans arrière-pensée ? Enfin si… mais… d'où ça sortait ? C'était tellement soudain… Et depuis quand le loup aimait-il les garçons d'abord ? Et surtout lui, en particulier ? Aux dernières nouvelles, Haizaki était un coureur de jupons et en plus, il ne pouvait pas l'encadrer ! Et réciproquement, d'ailleurs ! Dans ce cas, pourquoi, pourquoi, pourquoiiiiiiiiii !? C'était à s'en taper la tête contre les murs, franchement ! Enfin bon… Kise était capable de comprendre ce qu'Haizaki lui trouvait…

Après tout, il était magnifiquement beau et sexy ! Comment lui résister ? Mais par contre, ce que notre renard avait légèrement plus de mal à biter, c'était DE QUELLE MANIERE Haizaki comptait s'y prendre pour mener à bien son entreprise ? Non parce qu'aux dernières nouvelles, le blond l'avait envoyé se faire empapaouter chez les Grecs par plus tard qu'hier après-midi… (et sûrement hier soir aussi, en l'ayant croisé au réfectoire.)

Alors ok, Haizaki était peut-être con ou peut-être maso, tout simplement. Voire les deux à la fois mais… qu'est-ce qui lui faisait croire que Kise pourrait être réciproquement intéressé par lui. C'était à peu près aussi probable que de fantasmer par un fist fucking sponsorisé par Wolverine… Pour la faire courte : cela n'avait rien de très engageant…

« Dans quel monde tu as cru que tu étais assez bien pour moi… ? Non mais… tu t'es regardé dans un miroir récemment mon pauvre ? Avec tes cheveux… on dirait que tu as un poulpe crevé sur la tête ! Bref… et si tu dégageais maintenant ? Tu caches le soleil… »

Et de glousser de plus belle avec les filles présentes… comme des pestes…

Oui, Kise pouvait se montrer méchant. Cassant. Méprisant. Cruel, même. Mais quoi de plus normal avec Haizaki ? Kise ne faisait que lui rendre la pareille. Le brun était l'un des seuls à l'énerver assez pour que son beau masque social se fissure… Il vit bien que ses paroles avaient touché Haizaki. C'était le but, en même temps et il ne lui avait pas échappé non plus que le délinquant serrait le poing nerveusement.

Il comptait faire quoi maintenant ?

Le frapper ?

Il pouvait toujours essayer… Kise était prêt à riposter, même s'il exécrait la violence physique.

Et alors qu'Haizaki desserrait les lèvres (et le poing) pour lui répondre, ils furent soudainement interrompus par le bruit d'un klaxon. Ouais, parce que ce que j'avais zappé de vous dire, c'était qu'une route passait non loin de leur minuscule banc de sable blanc. Une voiture – une magnifique décapotable rouge – s'arrêta à leur hauteur et honnêtement, son « contenu » était tout aussi agréable à l'œil que sa carrosserie…

Trois beaux mecs.

Enfin, surtout un… le conducteur. Un beau blond style californien. Musclé et bronzé. Une belle rangée de dents bien blanches et parfaitement alignées qui faisait de l'ombre au soleil lui-même… Il avait l'air… étranger. Jeune. La vingtaine à peine entamée. En sept mots comme en cent : tout à fait le genre de Kise !

« Hey salut ! On peut venir jouer avec vous ? » Lança l'autochtone.

Hmmm un fort accent anglais. Sûrement un ricain en vacances ici pour son Summer Break.

« Youhouuuuu ! » Le salua à son tour Kise, son plus charmant sourire accroché aux lèvres. « Avec plaisir, on allait justement taper quelques ballons et il nous manque quelques jours… Joignez-vous à nous ! »

Puis, s'adressant à Haizaki qu'il poussa.

« Bon allez, on avait terminé notre discussion alors barre-toi, tu vois pas que tu gênes ? »

Et de l'éjecter sans quoi ni qu'est-ce pour accueillir Ken (celui de Barbie hein…) et ses potes…

Le regard que lui jeta ce dernier en disait long sur ses intentions envers Kise. Il y eut tout de suite une alchimie, une connexion entre eux. Impossible de se méprendre sur ce genre de choses… ça se sent immédiatement. Ce mec… devait lui avoir été envoyé par le Ciel en personne ! Le blond les accueillit poliment et leur présenta ses amis, ignorant royalement Haizaki qui avait regagné… sa niche.

Couché !

Mais pas suffisamment longtemps à son goût, puisque Ryan – c'était le prénom du blond et le seul qu'il s'embarrassa à retenir – demanda à ce qu'Haizaki vienne jouer avec eux… Histoire « d'équilibrer » les équipes justement. Quatre joueurs partout. Trois de chaque côté du terrain et un goal. Lorsque Ryan enleva son débardeur, Kise ne put qu'apprécier davantage son torse puissant. Haizaki cracha dans sa barbe que ce n'était que d'la gonflette, mais le top model n'en avait cure… Ce type… était divinement providentiel. Lui qui se lamentait de ne pouvoir tenir son pari… il allait finalement être le seul à le respecter avec un morceau pareil !

Obligé…

« … Et après ça, on s'est donné rendez-vous le soir dans le seul bar du village qui se trouve à dix kilomètres à la ronde. J'ai pas mal bu… mais je me souviens qu'on est allé ensuite dans un genre de rave party psychédélique, un truc un peu underground, c'était G-E-N-I-A-L ! Franchement, le séjour n'aurait pas pu mieux se terminer ! » Sourit Kise.

« Mais… si tu étais aussi torché que tu le dis, comme tu peux être sûr que tu as vraiment couché avec lui ? » S'intéressa Kagami, attentif.

« Crois-moi… si j'en juge mes douleurs anales du lendemain… » Cri d'effroi de la part d'Aomine. « Bah quoi !? C'est la vérité ! Désolé si elle te dérange Daikicchi ! Bref, si j'en crois mes douleurs LOCALISEES du lendemain matin, alors je dirai que la nuit a été très prolifique ! » Se vanta le Kitsune. « N'est-ce pas Haizaki ? »

Ça y est.

Il le reprenait à témoin, quand bien même Haizaki ne voulait sans doute rien avoir à faire avec la trépidante histoire du dépucelage de Kise. Le jaune le faisait exprès, de toute évidence. Surtout après avoir exposé dans les détails aux deux fauves que son comparse lui avait fait du rentre dedans à l'époque… et qu'il s'était mangé un zef de force sept…

Mais Haizaki l'avait cherché le premier. En posant cette question. Et en racontant ensuite la façon dont il s'était envoyé en l'air avec Nijimura !

Kise n'avait donc fait que lui rendre la monnaie de sa pièce (de théâtre).

Toujours était-il que le brun semblait être parvenu à les amener là où il le souhaitait, car l'ambiance s'était encore plus détendue. A présent, ils se trouvaient tous les quatre dans le « mood ». La bouteille tourna une nouvelle fois et Haizaki truqua un peu sa trajectoire afin qu'elle tombe sur lui. Il choisit alors… le gage. L'action. Embrasser Kagami… goulument. Et la situation dérapa rapidement…

Comme prévu.

Haizaki leur passa… du poppers et Kise assista, impuissant, à la mise en condition du tigre. Aux baisers rassurants dont le couvrit son colocataire, tandis que leurs mains respectives commençaient à se balader sous les vêtements. Mais Kise ne pouvait pas en vouloir à Kagami… le pauvre, il était complètement fait… ne se rendant probablement compte de rien et se contentant de suivre le mouvement impulsé par le loup. Quant à Aomine… il gardait les yeux rivés sur la scène qui se déroulait sous ses yeux. Comme hypnotisé. Incapable d'en détacher le regard. Il y avait quelque chose de définitivement malsain à son immobilisme. Mais alors que Kise allait lui hurler de se secouer, parce qu'ils ne pouvaient décemment pas laisser cela se produire sous leur nez, Aomine eut une réaction inattendue en sentant la main du renard agrippée à son épaule.

Or, la prise de conscience tant espérée n'arriva pas…

Au contraire.

Ce fut même tout l'inverse.

Non seulement Aomine n'arrêta pas Kagami et Haizaki en pleine action, mais en plus, ses lèvres fondirent sur celles de Kise… Il se jeta sur lui comme pour le museler. Et l'empêcher d'intervenir.

C'était bien ce qui avait été convenu dès le départ, non ?

Lui, s'occuperait de Kise, pendant qu'Haizaki s'occupait de son petit-ami.

Le Kitsune se figea sur place.

Mais quel abruti !

Alors… ça ne leur faisait donc rien… ? Ni à l'un, ni à l'autre ? Il n'y avait personne pour mettre un terme à ce petit jeu malsain ? Il était donc le seul que cela dérangeait ? Frissonnant de dégoût et de colère, Kise sentait son âme chercher à quitter son corps pour se protéger mentalement de ce qu'il ne parvenait ni à accepter, ni à interrompre. Pourtant, c'était prévu de cette manière depuis le début et il le savait. Mais en son for intérieur, il avait espéré que quelqu'un – n'importe qui – se dresserait contre ce plan sordide et aussi tordu qu'un clou planté douze fois. A un moment ou à un autre.

Comment en étaient-ils arrivés là ?

Comment étaient-ils tombés aussi bas… ?

Avaient-ils tous perdu l'esprit… ?

Son regard tenta en vain de capter celui d'Haizaki. Mais le brun était trop concentré sur sa tâche, arrachant déjà des gémissements à Kagami. Le tigre, alangui sous lui, eut alors un geste… anodin en apparence…

… Mais qui fit tout basculer…

Il passa la main dans les cheveux d'Haizaki. Sûrement pour mieux s'y cramponner. Ou alors pour lui demander silencieusement de calmer un peu ses ardeurs, car déjà, le loup avait glissé la main dans son froc.

Mais par ce geste innocent, la chevelure d'Haizaki se libéra, retombant sur ses épaules et Kise réalisa à quel point il trouvait le brun beau lorsqu'il avait les cheveux lâchés…

Ce ne fut pourtant pas tout…

Puisque des flashs embrouillés lui revinrent en tête…

La soirée à Okinawa

La boîte de nuit…

Ryan…

Le sable…

La mer…

La lune…

Et Haizaki…

« Ryota… t'es sûr que c'est ce que tu veux ? Putain… ça fait des années que j'en rêve, moi… »

Non…

Impossible…


23000 mots environ. (Et c'est donc officiellement ma fic la plus longue à ce jour, YEAY !)

Alors, z'avez compris ce que sous-entend fortement la fin ? :p Oui, je suis une sal*perie !

En ce qui concerne les sacro-saintes notes de fin de chapitre :

- Bon, n'ayant jamais joué au "Jeu de la bouteille", je l'ai mixé avec "Action ou Vérité" pour les besoins de chapitre. Ne m'en voulez pas, les puristes !

- Le voyage scolaire : un grand classique de l'animation et des oeuvres Japonaises en général ! Je vous recommande fortement celui à Okinawa dand GTO, d'ailleurs ! Très différent du mien, mais hilarant ! On peut aussi y voir une référence à Persona...

- ... Puisque de Persona 5, notre prof principale s'appelle Kawakami. Et je n'ai pas fait que lui emprunter son nom, vous verrez...

- Le coup du prof bourré qui gerbe dans la cascade, sur nos protagonistes : c'est aussi une référence à Persona... mais au 4, cette fois.

- Le pari ? Bien vu Kise, c'est "American Pie" ! Plus ou moins.

- Oui, le coup de l'ancien love hotel reconverti en auberge de jeunesse est aussi un clin d'oeil à Persona 3 et 4, pour le coup. Et c'est également un élément que j'avais déjà utilisé dans ma fic "Pierce my hea(ss)rt"

- Idem en ce qui concerne Muro qui joue avec la flûte enchantée de Kise... Référence à ma fic "Gros calibres, petits réservoirs".

- Il y a sûrement d'autres références obscures que j'ai oubliées de citer, mais si vous voulez vous amuser à les chercher ;p...

- Bon alors, fautera, fautera pas ? Ce chapitre a été assez difficile à écrire pour moi. C'est quelque chose que j'avais prévu de longue date, dès que je me suis lancée dans cette histoire, en fait même. Mais je ne voulais pas me rater. Je me doutais qu'un tel événement ne ferait pas l'unanimité et je voulais faire ressortir le côté sordide avant tout de la situation, sans m'attarder sur le côté indéniablement "sexy" de voir ces quatre là se faire des mamours. J'espère mon objectif a été atteint et que vous avez ressenti un certain malaise à la lecture.

- Oui, Kise était une b*tch.

- Mais vous verrez que son karma l'a rattrapé.

Sur ce, je vous laisse, je vais aller m'acheter un gâteau et quelques bougies ! (Non, je ne dis toujours pas combien, vous ne m'aurez pas :p)

Merci de m'avoir lue et à la prochaine !