Il était quatorze heures quand Gloria sortit faire un tour dans la ville. Elle avait laissé ses Pokémons chez Élias, ces derniers étaient soit en train de dormir soit en train de jouer et décompresser pour le match de demain. Se dégourdir les jambes lui fit du bien malgré le fait que certains la reconnaissaient. Heureusement, son ami lui avait donné une nouvelle casquette et elle passait à peu près inaperçue dans la rue. Elle s'étira un moment dans le parc et décida d'aller prendre dans une café, sentant le besoin de sucre.
Elle entra dans le café The Instant et sentit l'odeur des pâtisseries. Ni ne ni deux, elle se posa à une table et prit commande, l'envie de gâteau prenant le dessus. Il ne fallut pas plus de temps pour qu'elle voie une rousse se poser devant elle, un visage fermé et sérieux. Elle la regarda un instant.
– T'es qui ?
– Professeure Magnolia Sonya. Tu es Gloria Du Pont, la Challengeuse qui va demain combattre Victor.
Gloria la regarda sans rien dire. Elle le savait qu'au fond, ça ne lui servait à rien de savoir le nom de la femme puisqu'elle allait l'oublier rapidement. Tant que la personne ne lui avait pas fait une grande impression, elle oubliait et la seule chose dont elle se souvenait des combats étaient les Pokémons. Les dresseurs dont elle savait le nom était Cynthia, Peter ainsi que d'autres comme Blue et Noir. Les plus connus qu'elle avait combattu, après c'était peine perdue.
– Le combat d'hier était violent. Sonya la sortit de ses pensées, Beaucoup trop. Ton Pokémon aurait pu tuer Angoliath.
– Il ne l'a pas fait.
– Il aurait pu !
– Et alors ? Gloria claqua sa langue contre son palet, Il ne l'a pas fait ok ? Les deux savaient dans quoi ils s'engageaient.
– Ce n'est pas une raison pour justifier un combat aussi violent !
– En quoi c'est ton problème ? Sonya se raidit, T'es extérieure au conflit, t'as pas à te mêler de nos affaires.
– Je suis peut-être extérieur mais je n'en reste pas moins une professeure Pokémon ! C'était un duel à mort, tu dois contrôler tes Pokémons.
Gloria grogna devant l'air déterminé de Sonya. Cette femme avait à son sens un toupet qu'elle n'appréciait guère et elle n'était pas née de la dernière pluie pour qu'on lui ordonne comment agir. Le serveur, qui commençait à arriver pour amener le gâteau au chocolat ainsi que le chocolat chaud à Gloria, fit vite demi-tour en voyant la scène. Les scènes de disputes, il ne s'y mêlait pas.
– Si mon Pokémon veut combattre comme il l'entend, je ne vois pas pourquoi je l'en empêcherait.
– Ce n'est pas parce qu'il le veut qu'il faut lui donner ce qu'il désire sinon ça ferait longtemps que les enfants n'auraient plus de dents à cause des caries !
– Qui suis-je pour lui dire comment faire sa vie, comment vivre et se donner à fond dans ce qu'il aime ? Sa mère ?
– Non sa dresseuse et c'est pour ça que la responsabilité de le gérer te revient.
– Il est assez grand pour s'occuper de ses affaires.
– En envoyant les autres Pokémons à l'osto ? Je t'ai parlé d'Agoliath mais je pourrait aussi parler de Léopardus.
– Il a seulement fracturer ses os et a complètement maîtrisé sa force, il savait qu'un coup n'allait pas le tuer.
– Mais Léopardus est sortit en mauvais état, et je ne parle même pas d'Angoliath. À l'heure où on parle il est encore en train de se faire soigner.
– En parlant d'Angoliath, tu lui as rendu visite ? Si oui, tu as vu son visage ?
– Oui, visage rempli de blessures.
– C'est drôle, je n'ai pas vu un visage rempli de blessure mais un visage satisfait.
Sonya ne lâchait pas le regard de la challengeuse alors que les serveurs regardaient de loin la scène. L'un d'entre eux avait même du pop-corn, le café étant réputé pour avoir vu toutes sortes de scandales au fils des ans.
– Tu dis être professeure Pokémon mais tu ignores ce qu'ils ressentent. Tu fais des hypothèses que tu affirmes vraies sans même prendre la peine de te renseigner sur eux en croyant détenir la vérité absolu, mais t'es qui au juste pour faire ça ?
– Je ne fais pas des hypothèses mais je montre des faits, et là le fait est que ton Pokémon a faillit tuer un autre Pokémon.
– Avant de vouloir montrer des faits en disant 'ça s'est mal ça s'est bien' essaie de mettre ton côté scientifique de côté et réfléchit avec tes émotions d'un coup tu verras, comprendre les autres serra plus facile.
– Si je réfléchissais avec mes émotions je t'en aurais mis une depuis un moment.
– Et si je réfléchissais avec mon cerveau ça ferait longtemps que j'aurai compris qu'arriver en scientifique ne sert à rien dans les combats Pokémons pour la simple est bonne raison que les humains sont trop lâches pour se battre eux-mêmes et qu'ils préfèrent priver les Pokémons de leur liberté en les capturant comme ça, sans réfléchir plus. Tu veux parler de côté scientifique ? Parlons scientifique ! Si un Pokémon se fait capturer par une Hyper Ball il a plus de chances d'être attrapé, mais est-ce le souhait du Pokémon d'entrer dans une putain de boule alors qu'il faisait sa vie tranquille sans rien demander à personne ?
– Ce n'est pas le sujet !
– Ce n'est pas le sujet tout comme tes conneries m'emmerdent. Tu crois tout savoir, tu arrives en croyant détenir la vérité absolu mais avant de venir me faire un sermon sur comment faire un combat Pokémon, essaie un minimum de les comprendre plutôt de les considérer comme acquis. Sonya se renfrogna davantage, Et avant que tu ne dises quoi que ce soit de plus, ce combat n'était pas une question de duel à mort, c'était une question de fierté. Un combat entre eux Pokémons fières qui refusent de se laisser abattre pour protéger leur honneur comme celui de leur dresseuse. Si tu n'es même pas capable de comprendre ça, tu n'as pas ta place dans leur monde.
L'air entre elles étaient tendus et les serveurs regardaient la scène avec intérêt. Gloria n'y avait pas été de main morte et Sonya se sentait bouillir. Une question de fierté ? Un duel aussi violent pour une simple fierté ? Elle n'en revenait pas. Pourtant, le regard de la kalékoise restait inébranlable et elle finit par se lever, sans rien dire de plus. Perdue dans ses pensées, elle sortit du café alors que sa tête fonctionnait à toute allure. Une telle violence pour de la simple fierté était impossible, car cela revenait à dire que Pokémons et Humains étaient les mêmes.
Des êtres capables de tout pour se satisfaire.
Mais pour Sonya, les Pokémons étaient différents, ils n'étaient pas comme les Humains. Ils étaient plus compatissants, plus purs et plus gentils qu'eux, sinon comment expliquer le nombre de Pokémons battus et abandonnés chaque année ?
Gloria soupira en voyant la rousse partir. Une femme qu'elle considérait comme idéaliste, croyant que les Pokémons étaient de gentils être capable seulement du meilleur. Elle était jeune, Gloria trouvait ça compréhensible. Elle n'avait pas encire vu la dure réalité. Le parfait exemple était Arceus, un être qui a tout crée, et qui ne l'apprécie que parce qu'elle lui apporte du nouveau. Si Gloria n'était pas ainsi, elle serait restée une Fermite aux yeux du dieu. Une Fermite sans intérêts et remplaçable, comme toutes les autres.
Alors non, les Pokémons n'étaient pas purs. Ils n'étaient pas gentils. Ils étaient similaires aux humains, la seule différence quil y avait c'était qu'eux, ils ne se prenaient pas la tête pour savoir quelle « race » était la plus forte. Contrairement aux humains, ils étaient unis.
Rosemary regardait le combat aux côtés d'Angoliath, un visage sérieux. Ils avaient perdu le combat, c'était vrai, mais avait gagné de nouveaux liens. En le laissant agir ainsi, Rosemary avait montré à Angoliath qu'elle lui faisait une totale confiance. Ce dernier s'en voyait heureux et malgré ses nombreuses blessures, il était plus que satisfait du combat qu'il avait donné. S'il avait officiellement perdu, il avait pourtant gagné en force. Il avait résisté plus longtemps que le dernière fois, il avait tout donné de nouveau. Cette victoire, Shifours l'avait amplement mérité.
Ce qui sortit les deux de leurs pensées fut l'arrivée de Sonya, qui ouvrit la porte dans un grand fracas. Elle fixa Angoliath en se rapprochant de lui, un air déterminé. Elle se planta devant le Pokémon et le regarda dans les yeux, à la recherche de réponses.
– Es-tu fière du combat que tu as mené ?
Le Pokémon la regarda, légèrement confus, avant de lui sourire doucement. Oui, il en était fière.
– Tu n'as aucun regret ?
Non, il n'en avait aucun.
– Tu n'as peur de devoir combattre de nouveau ?
Non, il n'avait pas peur.
– Tu n'as pas l'impression que c'est injuste ?
Non, il ne voyait rien d'injuste.
– Tu aurai pu mourir !
Peut-être que oui, peut-être que non.
– Il t'as fracassé les côtes !
Oui, il n'y était pas allé de mains mortes.
– Et tu es content ?
Angoliath vient poser son bras sur l'épaule de la rousse. Oui, il était content. Rosemary se contenta d'observer la professeure qui ne voulait pas croire à ce qu'elle voyait. Alors c'était vrai, ce en quoi elle avait toujours crû, non seulement parce que sa grand-mère en était persuadée mais aussi car elle avait crû le comprendre, était faux. Les Pokémons, non pas tous, mais certains, aimaient la violence ?
Elle se sentit nauséeuse. Elle recula, simplement, et partit en laissant le Pokémon et sa dresseuse seule dans le Centre Pokémon. C'était aussi surprenant que frustrant pour elle de savoir qu'en tant que Professeure Pokémon, elle n'avait jamais réussi à comprendre réellement ces êtres qu'elle aimait tant.
