Bonjour à toutes et à tous ! On se retrouve aujourd'hui pour le quatre-vingt-troisième chapitre de SAMLP !

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ccassandre24 : Oui, encore quelques chapitres et on dira au revoir au premier tome, et bonjour au deuxième tome XD Les vacances vont être très mouvementées, elles vont durer 20 chapitres avec tout ce qui est prévu pour tous les personnages XD J'ai envie de dire «Je plaisante», mais je n'en suis même pas sûre XD Vous savez à quoi vous attendre, du coup XD Ah ouais, toi, tu es dans un esprit de vengeance avec les pastilles de gerbe XD C'est une bonne idée, n'empêche XD Oui, les marques des ténèbres comestibles, ça peut porter à débat, mais les jumeaux ont bien fait de commercialiser cette invention ! Molly est un peu (beaucoup) rabat-joie XD Merci pour ta review, et passe deux bonnes semaines aussi !

mimibou : Oui, je ne sais pas si je n'y avais pas fait attention avant ou si je n'avais pas retenu l'information, mais en retournant voir ton profil récemment, j'ai vu que tu t'appelais Michaël XD Bon, allez, avoue que tu es Michaël Corner XD

Oui, Harry peut s'inspirer des conseils d'Olivier, mais en aucun cas il ne sera la copie de son ancien capitaine ! Olivier est trop unique, de toute façon XD Oh non, Harry ne sera pas du tout comme Olivier ! Il sera moins incisif et plus délicat, car Olivier manquait un peu de tact, parfois XD Oui, l'année de Harry a été très compliquée, il n'était jamais tranquille, le pauvre… Mais il en ressort avec un petit-ami qui l'aime, et plein de nouveaux amis, donc tout n'est pas à jeter, et heureusement XD

Effectivement, ça va être tendu pour Ginny ! Je ne sais pas si elle gardera toutes ses responsabilités, car comme tu dis, ça va quand-même faire beaucoup…

Non, je n'ai pas refait la même erreur avec la question tous les deux chapitres, et merci de m'avoir corrigée, d'ailleurs, sinon je n'aurais jamais remarqué la faute XD Mais oui, il y a trop de choix dans la gamme de produits des Weasley ! J'avoue que le pendu doit être chouette, et c'est une façon rigolote de réviser ses sortilèges ! C'est mieux que de relire ses parchemins… C'est ludique, au moins XD Je crois que j'aurais choisi aussi le pendu, c'est la plus utile des inventions, en vrai ! Mais sur le podium, il y aurait aussi les tours de magie moldus et les boursouflets, même si ce n'est pas vraiment une invention des Weasley XD

Ah, c'est une bonne question, pour les binômes ! Déjà, en raison du fait qu'au sein de certains binômes, les deux personnes ne vont pas continuer à suivre les mêmes matières, elles vont être obligées de changer de binôme. Après, pour les autres, je ne sais pas s'ils vont aussi avoir un autre binôme, j'hésite XD Mais c'est vrai que ce serait intéressant que tous les élèves se retrouvent avec un autre binôme ! Je vais y réfléchir =) Voici le nouveau chapitre, j'espère qu'il sera à la hauteur de tes attentes XD Merci à toi aussi pour ta review, passe deux bonnes semaines aussi et on se revoit lors du prochain chapitre !

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Merci à vous deux pour vos reviews, elles redonnent le sourire, comme toujours ! Et merci à tous ceux qui sont toujours au rendez-vous à chaque chapitre ! Je vous laisse avec le nouveau chapitre qui marque le début des BUSE, et je vous souhaite une agréable lecture !

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83 – BUSE, première partie

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(mercredi 12/06) POV Justin

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Le réveil fut dur pour Justin. Il avait dormi longtemps, et c'était justement ça le souci : il n'y était plus habitué. La veille, durant le dîner, il avait reçu un mot du professeur Snape qui souhaitait le voir à vingt heures dans son bureau. Bien que surpris, et quelque peu inquiet, malgré le signe de tête rassurant que le professeur Snape lui avait adressé, Justin y était allé, tout en s'interrogeant sur la raison de cette étrange convocation. Sur le chemin, il s'était imaginé tout et n'importe quoi, sauf le réel motif de ce rendez-vous…

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Onze heures plus tôt

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Ce fut avec appréhension que Justin frappa à la porte du bureau du maître des potions. La voix de celui-ci lui parvint de l'intérieur :

- Entrez.

Justin ouvrit et pénétra dans la pièce.

- Bonjour, M. Finch-Fletchley, installez-vous, salua le professeur Snape.

Justin obéit et s'assit sur la chaise réservée aux visiteurs.

- Je me doute que vous ignorez pourquoi je vous ai demandé de venir ?

- En effet, surtout que nous avons une séance demain, après mon examen pratique de botanique…

- Je préférais ne pas mélanger le sujet de cette entrevue avec les sujets que nous traitons durant les séances de thérapie. Je ne vais pas tourner autour du pot plus longtemps : votre petit-ami est venu se confier hier soir car il était inquiet pour vous.

Justin fronça les sourcils.

- Comment ça ?

Le professeur Snape sembla jouer la prudence en prenant bien le temps de chercher les bons mots, ce que Justin perçut comme n'augurant rien de bon pour lui :

- Il m'a parlé de votre attitude vis-à-vis de vos études. Selon lui, vous passez tout votre temps libre sur vos révisions, au point d'en oublier tout ce qui vous entoure et de reléguer au second plan des choses essentielles, comme dormir et manger.

- Quoi ?!

Justin était indigné. Pire que ça, il se sentait trahi. Et par nul autre que son petit-ami. De quel droit Théo avait-il fait cela ? Justin avait le sentiment que sa confiance avait été piétinée.

- Eh bien ça fait plaisir, on ne peut compter sur personne, c'est dingue, ironisa Justin, amer.

- Il a fait ça pour votre bien, plaida le professeur Snape. Il a fait ça pour vous aider.

- Mais je n'ai pas besoin qu'on m'aide, protesta Justin, irrité. Écoutez, professeur, Théo s'est monté la tête tout seul, d'accord ? Il n'a jamais eu de difficultés à avoir de bonnes notes, c'est inné, chez lui, alors il a du mal à concevoir que certaines personnes soient obligées de beaucoup réviser pour réussir leurs examens…

- M. Finch-Fletchley, la colère vous fait dire des choses qui dépassent votre pensée. Vous savez que votre petit-ami n'est pas comme ça. C'est sûrement l'une des personnes les plus empathiques que je connaisse. Il sait très bien que vous n'êtes pas à l'aise dans une ou deux matières et que vous devez consacrer du temps à vos révisions dans ces matières pour bien maîtriser vos cours. Mais il y a une limite entre y consacrer du temps et y dédier tout votre temps. Et cette limite, il semblerait que vous l'ayez plus que franchie. M. Finch-Fletchley, si vous aviez un ami qui n'avait que le mot «BUSE» à la bouche, qui travaillait jour et nuit sur ses révisions, qui ne faisait que ça de ses journées, qui ne faisait plus du tout attention à son petit-ami, qui délaissait ses amis, qui refusait toute activité qui lui était proposée, qui s'endormait fréquemment sur ses parchemins à une heure parfois avancée de la nuit, et qui allait même jusqu'à sauter des repas, est-ce que vous trouveriez cela normal ?

Justin demeura silencieux.

- Répondez, est-ce que vous trouveriez ça normal ?

- Non, souffla Justin du bout des lèvres. Mais je sais ce que je fais, s'empressa-t-il de rajouter. Si je saute des repas par-ci par-là, c'est que mon corps peut le supporter. Si je me couche tard, c'est que mon corps peut le supporter aussi.

- Vraiment ? Permettez-moi d'en douter. Je n'ai même pas à vous examiner, à vous faire une prise de sang ou à vous poser des questions pour deviner que vous êtes épuisé. Cela se voit comme le nez au milieu de la figure. Vous avez les traits tirés, vous êtes pâle, vous avez de petits yeux, vous avez des cernes, et cela s'entend également dans votre voix. Et si M. Nott ne m'avait pas appris que vous manquiez des repas, je l'aurais su lorsque vous êtes arrivé. Car vous avez maigri. Et cette perte de poids est relativement récente, car la semaine dernière, en cours, cela n'était pas flagrant. Tout ça est préoccupant, M. Finch-Fletchley.

- Mais puisque je vous dis qu'il n'y a pas lieu de s'en faire…

- Cessez de vous voiler la face, intima fermement le professeur Snape en durcissant le ton. Si vous attendez de faire un malaise pour remettre votre comportement vis-à-vis de votre santé en cause, eh bien sachez que c'est un très mauvais calcul. C'est un professionnel qui vous le dit. N'oubliez pas que je suis médicomage. Franchement, vous croyez vraiment que je vous aurais convoqué si votre cas ne m'avait pas l'air aussi urgent et sérieux ? Si ce n'était pas si grave, vous pensez que je vous aurais fait venir, à vingt heures, la veille de votre premier examen, alors que vous seriez mieux dans votre dortoir et que de mon côté, j'ai trente-six mille choses à faire ?

Ces mots firent mouche dans l'esprit de Justin et firent vaciller ses barrières mentales. Il était forcé d'admettre la véracité des paroles de son professeur. Celui-ci n'en resta pas là et poursuivit :

- Et vous pensez vraiment que M. Nott, qui est du genre discret, et qui évite le plus possible d'aller quérir de l'aide, serait venu me voir si la situation n'était pas aussi alarmante, à ses yeux ? Il était en larmes, hier soir, ici-même, à votre place.

Justin redressa brusquement la tête.

- Oui, ce n'est pas courant, chez lui, mais il faut croire qu'il était beaucoup plus affecté que vous ne l'imaginez par votre attitude… Il était désespéré. Même avant le procès de son père, il n'était pas dans un tel état de détresse. Et Merlin seul sait combien cette période a été difficile pour lui.

Le remords commença à envahir Justin. Il n'avait jamais souhaité que Théo s'angoisse autant pour lui…

- Votre petit-ami souffre actuellement beaucoup de votre relation. Il a l'impression d'être invisible parce que vous ne vous intéressez plus à lui, égoïste parce qu'il voudrait avoir votre attention, alors que c'est tout à fait normal, inutile et impuissant parce qu'il ne parvient pas à vous aider… Même si vous vous êtes très vite réconciliés, le froid qu'il y a eu entre vous suite à la soirée que vous avez passée ensemble dans la salle commune de Serpentard l'a fortement anéanti. Et il y autre chose qui l'a marqué. Quelque chose de plus personnel. S'il m'en a parlé, lui qui est très prude, c'est que ça l'a vraiment impacté et qu'il a jugé que ça démontrait la gravité de la situation, et il a bien fait, car c'est effectivement le cas. Récemment, vous étiez en plein moment intime avec votre petit-ami quand vous l'avez subitement laissé en plan, pour la simple et bonne raison que vous vouliez aller réviser.

Justin écarquilla les yeux, incrédule. Qu'est-ce que c'était donc que cette histoire ? Pourquoi Théo était-il allé inventer ça ? Cela ne pouvait pas être vrai, c'était bien trop absurde et saugrenu ! Cela n'avait aucun sens ! Justin n'avait pas pu faire ça ! Il ne se rappelait même pas cela… Sa réaction parut surprendre le professeur Snape qui fronça les sourcils.

- Vous ne vous en souvenez pas ?

- Non, lâcha Justin.

Il s'aperçut à peine que c'était son premier mot depuis plus de dix minutes. Il essayait de retrouver cet épisode qu'il avait manifestement oublié. Il sonda sa mémoire et se concentra sur les paroles de son professeur. Peu à peu, la scène que ce dernier avait évoquée se dessina dans l'esprit de Justin, et même si cela restait très flou, il dut admettre que ce n'étaient pas des bêtises et que cela avait bel et bien eu lieu. La réalité le frappa alors de plein fouet et il s'aperçut seulement à cet instant-là que contrairement à ce qu'il s'escrimait à répéter, son attitude n'avait rien de sain.

- Mais qu'est-ce qui m'a pris… Comment ai-je pu me conduire ainsi ? murmura-t-il.

- Ne vous blâmez pas trop, conseilla le professeur Snape.

Sa voix s'était considérablement radoucie. Justin comprit qu'il avait adopté un ton sévère afin de le réveiller et de le pousser à voir la réalité en face. Et cela avait marché.

- Vous avez peut-être cru que je vous faisais des reproches lorsque je vous parlais de M. Nott, mais ce n'était pas le cas, parce que je sais très bien que ce n'est pas réellement de votre faute. Et c'est justement cela que je veux vous dire : ne soyez pas trop dur envers vous-même, car vous n'étiez pas entièrement maître de tout ce que vous faisiez. Vous pensiez sûrement que vous contrôliez tout, mais c'était tout l'inverse. C'était votre obsession pour les révisions qui vous contrôlait, qui vous faisait agir n'importe comment.

- Mais cette obsession, ça vient de moi, et de personne d'autre… Le seul coupable, c'est donc moi, répliqua Justin, perplexe. C'est moi qui n'en avais que pour mes parchemins, c'est moi qui décidais de ne pas aller manger pour avoir plus de temps pour réviser, c'est moi qui délaissais Théo et qui m'éloignais de mes amis…

- Oui, mais vous ne faisiez pas tout cela consciemment. Une obsession, quand elle atteint un certain degré, n'est plus contrôlable et c'est elle qui prend le dessus. C'est un problème d'ordre mental et il n'y a pas de honte à être concerné par ce genre de trouble. Cela peut toucher tout le monde, et les obsessions peuvent être très diverses et variées. Si, comme vous vous obstinez à le croire, vous étiez totalement responsable de vos faits et gestes depuis une dizaine de jours, vous vous souviendriez de tout. Or, ce n'est pas le cas.

Justin accusa le coup. Il ne pouvait pas contrer cet argument.

- Réfléchissez et soyez franc : est-ce que, depuis près de deux semaines, vous avez le sentiment de tout faire de votre plein gré ? Ou bien est-ce une force intérieure qui vous dictait ce que vous deviez faire et à laquelle vous obéissiez ?

Justin fit une moue.

- Je dirais que j'obéissais à mon obsession… Mais je ne m'en rendais pas du tout compte…

- C'est bien pour cela que je vous disais que vous agissiez de façon inconsciente. Et d'un sens, c'est plutôt rassurant. Car si vous étiez conscient de votre obsession, que vous l'assumiez et que cela ne vous empêchait pas de continuer, cela aurait été plus gênant et plus difficile à traiter. Là, vous êtes sorti de votre déni, et c'est déjà une bonne chose. Maintenant, il faut agir en conséquence et ne pas tarder à entamer des séances de suivi à ce sujet. Si vous avez développé cette fixette, c'est qu'il y a quelque chose qui ne va pas, il faut découvrir ce que c'est et y remédier. Tout à l'heure, je relatais le mal que votre attitude avait fait à votre petit-ami, mais c'est avant tout vous qui souffrez de tout cela. C'est vous qui êtes victime de ce trouble qui vous domine, c'est vous qui devez être soigné, et ces soins passeront par des séances durant lesquelles vous vous confierez sur ce qui vous a incité à vous focaliser autant sur vos révisions. Mais ceci sera uniquement avec votre accord et votre plein consentement.

- Vous avez les deux, affirma Justin. Je suis encore un peu sous le choc de la révélation que je viens d'avoir, à savoir que j'étais vraiment obsédé par mes révisions et que ce n'était pas normal du tout, mais j'ai bien saisi qu'il était urgent de traiter cela. Mais je m'en veux. Car Théo n'a pas arrêté de me dire que j'en faisais trop, que je devais lever le pied, que ce n'était pas bon et que c'était contre-productif de réviser autant, mais je n'ai pas voulu l'écouter. Quelque part, je voyais pourtant bien que tout cela le chagrinait, mais je faisais semblant de ne rien remarquer, car cela m'aurait obligé à me remettre en question, et c'était tout ce que j'évitais de faire. J'en étais même incapable.

- C'est lié au déni dans lequel vous étiez, expliqua le professeur Snape. Évidemment, nous n'allons pas avoir assez de cette entrevue pour aborder en détail chaque point que vous citerez, mais afin de vous libérer et de vous raisonner un tant soit peu, j'aimerais que vous commenciez à me parler de ce qui vous a poussé à vous plonger ainsi dans vos révisions.

- J'ai déjà évoqué certaines choses avec le professeur Chourave quand je lui ai avoué que j'hésitais à demander un stage…

- Oui, mais c'était dans un autre contexte, opposa le professeur Snape. C'est important que vous me disiez tout, même si vous vous répétez. Il n'y a que par ce moyen que je pourrai vous aider.

Justin hocha la tête. Il prit une profonde inspiration et se lança :

- Je veux à tout prix être kinémage plus tard. C'est vital, il ne peut pas en être autrement. Ce n'est pas qu'une vocation. Et pour ça, je dois d'abord réussir mes BUSE, puis mes ASPIC dans toutes les matières dans lesquelles une note est requise pour pouvoir accéder à la formation de kinémage. Si j'échoue dans une seule de ces matières, tous mes rêves de devenir kinémage un jour s'envoleront, et je n'aurai plus rien à faire dans le monde sorcier. Je serai obligé de retourner chez moi, dans le monde moldu, et c'est la dernière chose que j'ai envie de faire. C'est dans le monde sorcier que je veux résider, c'est là où j'ai mon petit-ami, mes amis, mes repères… Dans le monde moldu, je n'ai rien. Et plus loin je me tiens de mon père, mieux je me porte. Je supporterais difficilement d'habiter de nouveau chez lui, et pour une durée indéterminée, jusqu'à ce que je puisse trouver un studio et subvenir à mes besoins… Et ça va mettre du temps, car je n'aurais aucun diplôme, je ne serais pas allé au collège, ni au lycée, ce qui me fermera de nombreuses portes pour dénicher un travail… Je n'aurais pas d'autre choix que de tout reprendre à zéro et suivre une formation qui ne me plaira pas du tout, je serais loin de tous ceux que j'aime… C'est ma pire angoisse de devoir rentrer chez mes parents. Ça signifierait abandonner Théo et tous mes amis, et c'est juste inconcevable pour moi. Je ne peux pas m'y résoudre. Alors pour ne pas avoir à regagner mes pénates dans le monde moldu, il faut absolument que j'aie mes BUSE dans les cinq matières que je dois continuer l'année prochaine pour la préparation des ASPIC. Et autant dire que mon niveau de maîtrise des dernières potions et des derniers sorts de métamorphose vus en cours n'est guère encourageant pour les examens… En métamorphose, il n'y a pas un seul sort parmi les trois derniers qui nous ont été appris que je sais lancer correctement. Et vous êtes bien placé pour attester de la médiocrité des échantillons que je vous ai rendus lors des derniers cours de potions… Et ces deux matières font partie de celles que je dois conserver pour les ASPIC… C'est à cause de ces piètres résultats que je me suis mis en tête de réviser à fond tous mes cours… Comme, visiblement, il était inutile de compter sur la pratique, j'ai décidé de tout miser sur la théorie. Je ne devais donc rien laisser au hasard, il fallait que je sois au point sur tout ce qui était écrit dans chacun de mes parchemins, quitte à tout relire plusieurs fois, ce que j'ai fait. Pour cela, je me suis imposé une discipline de fer afin de mener à bien le programme que je me suis fait. Et cela incluait de sauter des repas lorsque c'était nécessaire. Ça me permettait d'avoir plus de temps pour travailler. Voilà, il me semble vous avoir tout dit.

Les mots de Justin furent suivis d'un bref silence durant lequel le professeur Snape fixa Justin d'un air pensif.

- Merci, je comprends mieux, désormais, finit-il par dire. C'est assez triste, car tout cela aurait pu être évité si vous aviez retenu une information que vos professeurs de botanique, Défense Contre les Forces du Mal, métamorphose, sortilèges et potions, c'est-à-dire moi-même, avons dû vous livrer, à savoir que les derniers sujets étudiés en cours ne vous seront pas demandés lors des examens. Il n'y avait donc aucune utilité à potasser les derniers cours de métamorphose et de potions, même si ce sera toujours ça de fait pour vous, l'année prochaine, lorsque ces sujets seront réabordés. Mais le problème ne repose pas uniquement sur ces derniers cours que vous teniez à maîtriser. Avoir eu ces résultats insatisfaisants à la fin de l'année vous a fait perdre toute votre confiance en vous. Et c'est surtout cela qui vous a poussé à consacrer tout votre temps aux révisions. Vous m'avez dit que vous aviez relu plusieurs fois tous vos cours, cela veut donc dire que vous n'étiez même plus confiant en vos connaissances des cours les plus anciens…

- Oui, et ce, dans toutes les matières, avoua Justin. À la base, je ne voulais me concentrer que sur la métamorphose et les potions, mais j'ai vite commencé à douter aussi sur les autres matières, que ce soit la botanique, la Défense Contre les Forces du Mal ou les sortilèges, et j'ai alors logé toutes les matières à la même enseigne en les révisant toutes à fond…

- Mais vous réalisez à présent que vous n'aviez pas besoin de réviser autant ces trois matières ?

- Oui, ça me paraît complètement évident, maintenant… Mais j'étais pris dans ma folie studieuse, je n'avais plus de limites…

- Il était vraiment temps que vous retrouviez la raison, commenta le professeur Snape. Mais je crois que vous avez également oublié qu'il y a une session de rattrapages début juillet pour les élèves qui n'auront pas pu se présenter à certaines épreuves, qui n'auront pas eu la moyenne, ou qui n'auront pas eu la note suffisante aux matières qu'ils doivent garder pour les ASPIC… Bien sûr, le mieux est de ne pas avoir à y aller, mais l'un des buts de cette perspective de rattrapages, c'est de vous ôter un peu de votre stress. Si vous ratez des examens, ce ne sera pas fini pour vous, il y aura une autre chance. Après la réception des résultats, vous aurez au moins une semaine pour réviser les matières que vous devrez repasser, et comme, normalement, il y en aura bien moins que lors de la première session, vous aurez davantage de temps pour vous focaliser sur ces quelques matières sur lesquelles vous pourrez porter toute votre attention. Tout est fait pour que vous ayez un maximum de chances de réussir vos examens lors de cette seconde session. Mais vous êtes tout à fait capable d'avoir les notes requises dès la première session. Vous avez énormément progressé, M. Finch-Fletchley, vous êtes au point sur la méthodologie de la préparation des potions, et c'est la base de la réussite avec la concentration et la précision. Et vous avez acquis tout cela au fil des cours particuliers que vous donnait M. Nott. Vous avez toutes les clés en main. Alors vous ne devriez avoir aucun mal à obtenir un Effort Exceptionnel à votre BUSE de potions.

Les paroles du professeur Snape rassurèrent grandement Justin qui sentit un poids s'enlever de ses épaules.

- Merci, professeur, ça m'aide beaucoup, ce que vous me dites. Je savais que j'étais angoissé, mais je ne pensais pas que je l'étais autant… Car là, je suis bien plus serein que je ne l'étais au début de cet entretien…

- Eh bien c'est le principal, déclara le professeur Snape. Je suis ravi d'entendre cela. Malgré tout, nous allons poursuivre tout cela lors de la première séance de thérapie que nous allons fixer tout de suite, si vous le voulez bien.

Justin acquiesça. Le professeur Snape fit venir à lui une liasse de parchemins qu'il feuilleta avant de tomber sur celui qui l'intéressait.

- Nous nous voyons déjà le mercredi pour traiter du harcèlement que vous avez subi, et je vois que cette semaine, vous serez libre le vendredi à partir de quinze heures, et que la semaine prochaine, le même jour, vous n'avez pas d'examens. Alors si nous plaçons la deuxième séance hebdomadaire le vendredi à seize heures, est-ce que cela vous convient ?

- Oui, c'est parfait, approuva Justin.

- Bien, c'est noté. Nous aurons donc deux séances jusqu'aux vacances, ce qui nous aura permis de bien déblayer le terrain. Avant de se quitter, je souhaiterais vous faire quelques recommandations. J'aimerais que ce soir, vous lâchiez vos parchemins et que vous vous détendiez, soit en lisant autre chose que vos cours, soit en vous allongeant sans rien faire, soit en discutant avec vos amis ou avec votre petit-ami… Et j'aimerais aussi que vous ne sautiez plus aucun repas. C'est presque un ordre, et je veillerai à ce que vous vous y pliiez.

- Professeur, je veux bien pour les cours, je n'avais pas l'intention de m'y remettre, de toute façon, mais pour ce qui est des repas, s'il y a une chose que je ne regrette pas dans le comportement que j'ai eu, c'est bien le fait d'avoir boudé la Grande Salle… J'ai perdu quelques kilos et j'en suis ravi car c'était devenu un de mes objectifs.

Le professeur Snape fronça les sourcils.

- M. Finch-Fletchley, on ne fait pas un régime en mangeant une fois sur deux dans la journée, c'est justement l'une des erreurs à ne pas faire… Parfois, il n'est même pas nécessaire de moins manger pour maigrir, mais juste de changer ses habitudes alimentaires. Parfois, il faut faire à la fois l'un et l'autre, et dans la majorité des cas, il est vivement conseillé d'accompagner une meilleure gestion des repas par une activité sportive.

- Super, vous êtes en train de me dire qu'il va falloir que je me mette au Quidditch ? Car mis à part ça, il n'y a pas beaucoup d'autres manières de se dépenser à Poudlard…

- Courir une demie-heure autour du lac constitue en soi un très bon exercice physique, et c'est bien plus accessible que le Quidditch, répliqua le professeur Snape. N'êtes-vous jamais sorti tôt le matin dans le parc ?

Justin secoua la tête.

- Eh bien en y allant, vous seriez surpris de voir le nombre d'élèves qui se lèvent plusieurs fois par semaine à sept heures pour faire un footing autour du lac. En plus d'entretenir son corps, cela aère l'esprit et cela ouvre également l'appétit, entre autres bienfaits. Mais nous reviendrons sur tout cela vendredi, nous consacrerons une partie de la séance à votre désir de perdre du poids. En attendant cette séance, je tiens à ce que vous assistiez à tous les repas et à ce que vous mangiez suffisamment. Nous déciderons vendredi du programme qui sera le mieux adapté pour vous. Il me reste un point à voir avec vous. Afin que vous soyez en forme pour le début des examens, et que vous mettiez toutes les chances de votre côté pour le futur régime que vous allez faire, il est essentiel que vous fassiez attention à votre sommeil, c'est très important. Faites en sorte d'être le plus relaxé possible avant de dormir, cela améliorera la qualité de votre sommeil, et au réveil, vous vous sentirez plus relaxé. Ne vous couchez pas trop tard, mais ne dormez pas non plus trop longtemps, cela rend le réveil plus difficile. Est-ce que les potions que vous prenez depuis le début de la thérapie font toujours autant effet ? Car je les avais dosées en fonction des nuits agitées que vous aviez à cause de ce qui s'était passé avec M. Milligan et M. Parker, mais le stress lié aux BUSE qui est venu s'ajouter a peut-être amoindri les effets de ces potions…

- Non, ça va, mon sommeil n'a pas été trop impacté par ma fixette sur les révisions. La plupart du temps, je révise jusqu'à épuisement et je suis tellement fatigué que je m'endors sur mes cours… Je n'ai même plus besoin de boire ces potions, d'ailleurs…

- Alors vous allez les reprendre, et dès ce soir, ordonna le professeur Snape. Comme vous allez vous coucher plus tôt, vous risquez de ne pas être très fatigué, et la potion sera donc nécessaire. Bien, je crois avoir fait le tour. Est-ce que vous avez des questions sur tout ce que nous avons traité durant cet entretien ?

- Oui, répondit Justin. Comment allons-nous faire, cet été, pour continuer ces séances ?

- Ah, très bonne question. J'y ai justement réfléchi récemment, et la meilleure solution à mes yeux, c'est de faire en sorte d'avoir mon propre cabinet à Sainte-Mangouste. Pour cela, il va falloir que je récupère mon diplôme de psychomage que j'ai toujours refusé d'avoir en ma possession, mais ça ne devrait pas poser de problèmes. Je vous tiendrai au courant, de toute façon.

- D'accord. Mais ça risque d'être compliqué pour moi d'avoir deux séances par semaine quand je serai en stage…

- Nous allons nous arranger, ne vous inquiétez pas, tempéra le professeur Snape. Il y aura déjà une séance qui aura lieu le samedi, car ça m'étonnerait fortement que vous soyez en stage ce jour-là, et quand vous aurez votre planning, nous verrons où placer la deuxième séance. D'autres questions ?

- Non, c'est bon.

- Vous pouvez y aller, dans ce cas.

Justin se leva, remercia de nouveau le professeur Snape, lui souhaita une bonne soirée et sortit du bureau. L'esprit apaisé, il se dirigea vers la salle commune de Poufsouffle.

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Ainsi s'était déroulée l'entrevue que Justin avait eue avec le professeur Snape. Il avait suivi tous les conseils de son psychomage : il avait passé la soirée à lire un livre sur la kinémagie, il avait pris sa potion, il s'était couché à vingt-deux heures trente, et s'il avait du mal à émerger ce matin-là, c'était parce qu'il avait dormi plus de huit heures pour la première fois depuis longtemps. Ce n'était plus dans ses habitudes, mais cela faisait du bien. Il aurait aimé retourner dans les bras de Morphée, mais il fallait se lever : il avait son examen théorique de botanique à huit heures, il était un peu plus de sept heures et il avait son petit-déjeuner à prendre. Il quitta donc à regret son lit, puis son dortoir après s'être habillé. Il se rendit à la Grande Salle et alla s'installer à la table de sa maison, à côté de Susan et en face de Hannah.

- Tiens, tu nous honores de ta présence, ce matin ? fit Hannah.

- Oui, et ce n'est pas une exception, je serai de nouveau là à chaque repas.

Hannah et Susan eurent l'air surpris.

- J'ai eu une discussion avec le professeur Snape hier soir, après le dîner, il m'a fait comprendre que je faisais n'importe quoi et il m'a remis sur le droit chemin, expliqua Justin. Bon, c'est un très bref résumé que je vous fais là, car c'est plus compliqué que ça, en réalité. J'ai désormais deux séances par semaine, celle du mercredi que j'ai depuis un mois et demi, et une autre le vendredi pour traiter plus en profondeur l'origine de mon obsession pour les révisions.

- Oh, c'est une bonne chose, commenta Hannah. Je suis bien contente que tu te sois délivré de cette fixette qui te mettait limite en danger puisque tu révisais jusque très tard et que tu sautais de plus en plus de repas…

- Oui, mais c'est terminé, tout ça, affirma Justin. Enfin, ça ira de mieux en mieux grâce aux séances en plus que je vais avoir avec le professeur Snape. Bon, est-ce que vous êtres prêtes pour l'examen de botanique ?

- Oh oui, ce n'est pas l'examen qui fait le plus peur, estima Susan. Quand on sait ce qu'il faut faire avec les plantes, la pratique est très facile, et il suffit d'avoir pris un maximum de notes en cours et de les avoir bien relues pour réussir la théorie. J'espère juste qu'on va tomber sur une plante qu'on a étudiée cette année pour l'examen pratique, c'est plus frais dans la mémoire…

- Verdict dans quelques heures, conclut Justin.

Tout en se versant du jus de citrouille dans son verre, il réalisa que lui non plus n'était pas vraiment stressé. La botanique était une de ses matières préférées et il avait toujours eu de bonnes notes. Il ne se faisait donc pas trop de souci, tout en sachant qu'il ne fallait pas se reposer sur ses lauriers.

Une demie-heure plus tard, il sortit du château en compagnie de ses deux meilleures amies, et ce fut avec elles qu'il rejoignit les serres. C'était là qu'avaient lieu les devoirs sur table et les examens, les serres étant pourvues de tables et de chaises, comme dans n'importe quelle salle de classe ordinaire. Lorsqu'il arriva, Justin vit que Théo était déjà là, mais il n'eut pas l'occasion de lui parler car il dut s'asseoir à la table qui lui était assignée. Les sujets furent distribués et à huit heures pile, l'examen débuta. Justin prit connaissance du contenu du parchemin et fut soulagé de constater qu'il maîtrisait tout ce qui était demandé. L'épreuve était divisée en deux parties : une partie avec dix questions de cours, et une partie avec un sujet à traiter. Les questions étaient relativement simples pour Justin : il s'agissait de donner la fiche d'identité d'une plante, de lister les bienfaits et les méfaits d'une autre, de raconter comment une plante avait été découverte, de donner le nom latin d'un arbre, de dire qui avait détecté les propriétés d'une autre plante… Bon, certaines étaient quand-même assez pointues, mais rien d'insurmontable pour Justin qui avait bien potassé ses cours. En revanche, la dissertation fut moins aisée pour lui. Il n'avait jamais aimé cet exercice, ayant à chaque fois du mal à structurer son devoir. Cependant, il lui sembla que le plan était presque offert par la façon dont était intitulé le sujet : «Le chou mordeur de Chine : une plante ambiguë, mais indispensable ?» À partir du moment où il savait en quoi cette plante était ambiguë, il avait déjà les deux tiers de son plan, et il lui restait ensuite à dire en quoi elle était indispensable ou non. Et c'était cela qui allait être le plus dur. Cette plante était-elle réellement indispensable ? Selon Justin, ce terme était à nuancer. Tout compte fait, il n'allait pas être autant bloqué par cette dissertation qu'il ne le pensait. Son principal ennemi allait être le temps, car l'examen ne durait que deux heures, ce qui obligeait les élèves à avoir tout dans la tête et à ne pas trop s'attarder sur les questions qui leur posaient problème, afin de se concentrer sur celles qui rapportaient le plus de points. Heureusement, c'était une réponse synthétique qu'il fallait pour la dissertation. Ce qui signifiait que la longueur de la copie n'avait pas à excéder les cinquante centimètres de parchemin. Mais cela n'était pas forcément une bonne nouvelle pour tout le monde, car il y avait des élèves qui avaient des difficultés à synthétiser. Par chance, ce n'était pas le cas de Justin. Tout se passa très bien pour lui, et il put boucler son devoir en temps et en heure. Il était très satisfait lorsqu'il quitta la serre. Mais il fut néanmoins déçu de remarquer que Théo n'était pas là. Il avait fini l'examen un peu plus tôt et n'avait pas jugé bon d'attendre Justin à l'extérieur. À peine se fit-il cette réflexion qu'il se morigéna. Il n'y avait pas que lui que Théo n'avait pas attendu : Blaise, Pansy et Draco étaient encore à l'intérieur, il n'y avait donc pas lieu de croire que c'était contre lui que Théo avait rejoint le château sitôt après avoir terminé son épreuve… Mais si Justin avait cru ça, c'était parce que l'on ne pouvait pas dire que tout allait bien entre Théo et lui… Car la veille, Justin avait laissé Théo en plan alors qu'ils s'apprêtaient à avoir une relation sexuelle, tout ça dans le seul but d'aller réviser, et Justin comprendrait très bien que Théo lui en veuille pour ça. Il n'avait pas pu le voir depuis son entretien avec le professeur Snape, et il songea qu'il valait mieux aller lui parler après la pratique de botanique. Avoir une conversation aussi sérieuse entre deux examens, ce n'était pas l'idéal. C'était peut-être pour cela que Théo était retourné au château dès qu'il avait restitué sa copie au professeur Chourave : pour ne pas être tenté d'avoir cette discussion qu'il était préférable d'avoir plus tard. Telle fut l'hypothèse qui traversa l'esprit de Justin lorsque la voix de Pansy le fit sursauter :

- Théo n'est pas avec toi ?

Justin fit volte-face et vit Pansy et Harry venir vers lui.

- Non, il n'avait probablement pas envie de poireauter une heure ici, sous le soleil qui tape déjà fort, plaisanta Justin. Ça a été, vous ?

- Oui, mais je n'ai pas été très emballé par le sujet, avoua Harry. Mais je me suis souvenu de ce que j'avais écrit sur cette plante et ça m'a permis de faire un bon devoir malgré tout.

- Je l'ai plutôt bien aimé, moi, le sujet, et les questions de cours étaient hyper faciles. Si je n'ai pas un Optimal, je me baigne toute nue dans le Lac Noir ! s'exclama Pansy.

- Hâte de voir ça !

Justin, Harry et Pansy pivotèrent vers Draco qui sortait de la serre.

- Je ne le ferai pas, évidemment, rétorqua Pansy. C'était juste pour dire à quel point c'était fastoche.

- Ça, c'est bien vrai. Je veux bien me jeter dans le Lac Noir avec toi si moi non plus, je n'ai pas un Optimal ! Mais je n'ai eu que des Optimal à mes examens de botanique depuis ma première année à Poudlard, et je ne pense pas que cette année-là fera exception, prédit Draco.

Son avis fut largement partagé par les trois amis. Les autres membres de la bande quittèrent la serre les uns après les autres et la bande fut alors bientôt au complet, si l'on omettait Théo. Ils partagèrent leurs impressions sur l'examen de botanique, et il s'avéra que tous étaient à peu près sûrs d'avoir un Optimal ou un Effort Exceptionnel. Ils changèrent ensuite de sujet et se mirent à bavarder de tout et de rien. Ils avaient trois heures de répit avant l'épreuve pratique de botanique, et ils comptaient bien en profiter pour se détendre un maximum…

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À treize heures, Justin était de retour devant la serre numéro cinq avec Hannah et Susan. Le professeur Chourave les fit entrer et ils regagnèrent leur place du matin. Ils découvrirent bien vite la plante à laquelle ils allaient avoir à faire : un géranium dentu. Ils avaient étudié cette espèce vers le milieu de l'année et elle leur avait donné bien du fil à retordre. Pour cet examen, la consigne était de retirer tous les crocs de la plante, ce qui n'était pas une tâche aisée puisque la plante avait tendance à mordre dès qu'elle se sentait menacée. Il valait donc mieux être sur ses gardes. Les crocs de cette plante avaient la particularité de repousser, à condition que la racine soit laissée intacte lorsque les crocs étaient enlevés. Et c'était là toute la difficulté de l'exercice. Non seulement il fallait éviter de se faire mordre, mais en plus, il fallait veiller à ne pas déraciner les crocs. C'était en partie là-dessus que Justin et ses camarades allaient être notés, c'est-à-dire sur l'état dentaire de la plante, mais aussi sur le compte rendu qu'ils avaient à rédiger, et où devaient figurer toutes les observations faites tout au long de l'épreuve, tout ce qui était réalisé et tout ce qui se passait. C'était très dense, mais c'était ce que les élèves avaient fait toute l'année le vendredi, jour où ils avaient deux heures de botanique. Ce n'était donc pas nouveau pour eux.

Justin se mit au travail, enfila ses gants en peau de dragon et s'empara de la pince. Il l'approcha du pistil où étaient situés les crocs, mais la plante se rétracta aussitôt. Justin inscrivit cette réaction sur son parchemin, puis il essaya une deuxième fois. Ce ne fut pas plus fructueux. Il se souvint alors du stratagème que Théo et lui avaient usé en cours pour cette plante ainsi que pour le chou mordeur de Chine qui avait le même réflexe d'attaquer quand quelque chose tentait d'atteindre son centre. Sauf que pour le chou, le but était de récolter du suc. Pour ces deux plantes, Théo et lui avaient maintenu la mâchoire ouverte en y plaçant un objet, et lorsqu'elle s'était refermée sur l'objet, ils avaient lancé un sort pour immobiliser la mâchoire, ce qui leur avait permis de faire leur boulot sans risquer de se faire manger les doigts. Justin réutilisa cette solution, mais il dut s'y reprendre à plusieurs fois pour coincer son encrier entre les dents de la plante. Heureusement, il avait toujours un autre encrier sur lui, au cas où il se produirait un accident avec le premier. Là, ce n'était pas le cas, il servait juste de cobaye afin de protéger les doigts de Justin. Mais il put récupérer son encrier dès qu'il eut paralysé la plante. Il fit part de sa ruse sur sa copie et commença ensuite à retirer les crocs. Il se concentra et fut le plus précautionneux possible. Il avait la technique pour ôter les crocs sans emporter la racine, sachant comment manier la pince pour n'enlever que le croc, mais alors qu'il en était à la quatrième dent, il fut distrait quelques secondes par sa copie qui faillit tomber, et en se penchant en avant pour la rattraper, il abaissa sans le vouloir et trop brusquement sa pince qui entraîna dans le mouvement le croc, mais également la racine. Déçu, il pesta contre lui-même, mais il relativisa en se disant que ce n'était qu'une dent sur les dix qu'il devait arracher. S'il ne commettait pas d'autre impair, et s'il mettait tout ce qu'il fallait dans son compte rendu, il pouvait toujours avoir un Optimal. Il fut deux fois plus attentif et ne refit pas la même erreur avec les six dents suivantes. Il avait noté tout ce qu'il avait fait et remarqué, et était presque certain de ne rien avoir oublié. Il étiqueta son nom sur le pot de sa plante et alla la restituer au professeur Chourave avec sa copie. Il sortit de la serre et, l'esprit encore à moitié plongé dans son examen, il émit un petit cri en se retrouvant nez à nez avec Théo, ne s'étant pas préparé à cela. La surprise empêcha Justin de prononcer le moindre mot sur le coup, et lorsqu'il s'apprêta à parler, Théo le devança :

- Je suis désolé pour ce matin, j'aurais bien aimé t'attendre après l'examen théorique, mais je savais qu'on devait avoir une discussion, et j'avais peur qu'on l'ait à ce moment-là, ce qui n'aurait pas été une bonne idée, vu que trois heures plus tard, on avait notre examen pratique… On n'aurait pas été dans de bonnes conditions si on s'était disputé, et en plus de cela, je craignais que tu m'en veuilles d'être allé voir le professeur Snape et de l'avoir alerté de ton attitude vis-à-vis des révisions, et j'ai donc songé que tu ne souhaitais peut-être pas que je…

Justin coupa court à la tirade de Théo en posant tout à coup ses lèvres sur les siennes. Théo se figea, mais le geste de Justin eut l'effet escompté : il avait réussi à le faire taire. Il sépara doucement leurs lèvres et fit face à l'air quelque peu désorienté de son petit-ami. Il dut se faire violence pour ne pas l'embrasser de nouveau, et pour de bon cette fois, tellement Théo était mignon avec cette bouille-là. Enfin, il n'avait pas besoin de ça pour être mignon, puisqu'il l'était sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, mais cette tête était plus irrésistible que toutes les autres.

- Tu n'as pas à t'excuser, c'est plutôt à moi de le faire… Et je ne t'en veux pas du tout d'avoir alerté le professeur Snape au sujet de mon comportement Tu as même très bien fait. Il n'y avait plus que ça à faire. Et grâce à toi, j'ai eu cet entretien hier soir avec le professeur Snape, et j'ai compris que cette fixette n'était absolument pas normale, qu'il fallait y remédier et que je m'étais beaucoup trop mis la pression. C'est principalement dû à des craintes qui n'avaient pas spécialement lieu d'être, et je vais les traiter en thérapie avec le professeur Snape. Il m'a déjà bien raisonné, je n'ai pas retouché à mes cours depuis mon entrevue avec lui et je suis allé manger ce matin et ce midi, et j'irai dîner ce soir, alors que ça fait une dizaine de jours que je saute quasi chaque jour un repas…

- Oui, c'était entre autres ce qui m'inquiétait, avoua Théo. Mais je suis bien content d'entendre tout ça.

Justin se mordit les lèvres.

- Je te demande pardon pour la façon dont je me suis conduit avec toi et pour le souci que tu t'es fait pour moi, je n'ai jamais voulu que tu t'angoisses autant, je ne me rendais compte de rien, j'avais des sortes d'œillères, je n'avais d'yeux que pour mes révisions, et je m'en veux terriblement pour tout le mal que je t'ai fait…

Théo secoua la tête.

- C'est du passé, moi, je ne t'en veux pas, car je sais qu'au fond, tout ça n'était pas de ta faute. Dans cette histoire, tu souffrais sans t'en apercevoir, et c'était ça qui te faisait agir n'importe comment. Je ne suis pas quelqu'un de rancunier, de toute façon, et encore moins quand il n'y a pas de quoi l'être. L'essentiel pour moi, c'est que tes problèmes soient en voie d'être réglés, que tu sois reparti sur les bons rails, que tu aies lâché tes parchemins et que tu aies cessé de jeûner quand ça te chante. Et que tu reviennes vers tes amis et vers ton petit-ami, à qui tu as beaucoup manqué et qui t'aime plus que tu ne peux l'imaginer.

Ces mots touchèrent profondément Justin et lui firent monter les larmes aux yeux.

- Je crois que si, je peux l'imaginer, murmura-t-il. Car ce que tu as fait avant-hier, c'était l'une des plus belles preuves d'amour que tu pouvais me donner.

Théo sourit et combla les quelques centimètres qu'il y avait entre Justin et lui pour s'emparer à son tour des lèvres de Justin. Ce dernier posa ses mains sur les hanches de Théo et ce fut un long baiser tendre et amoureux qu'ils partagèrent pendant plusieurs minutes. Ils finirent par y mettre un terme, mais leurs fronts demeurèrent collés.

- Je t'aime, chuchota Justin.

- Je t'aime aussi, répondit Théo. Et je serai toujours là pour toi.

- Tant mieux, car je crois bien que je ne peux plus rien faire sans toi…

Théo émit un léger rire.

- N'exagère pas, protesta-t-il gentiment. Comment tu faisais, avant, sans moi ?

- Bonne question, s'amusa Justin. Je ne m'en souviens plus, en fait. C'est comme s'il n'y avait pas eu de passé avant le début de notre relation… Comme si mon existence n'avait trouvé de sens qu'à partir du moment où on s'est mis ensemble…

Cette fois, ce fut Théo qui fut ému par les paroles de Justin.

- C'est beau, ce que tu dis là… Mais en vrai, on s'en fiche un peu, du passé. C'est le futur qu'on va construire ensemble, et c'est sur ça qu'on doit se focaliser.

- Parfaitement d'accord, approuva Justin. Bon, et si on rentrait ?

- Bonne idée. Tu veux aller où ?

- Dans ta salle commune ? Ça changera.

- Ça marche ! Et ce sera mieux que la première fois où tu y es allé…

- Oui, car là, je n'aurai pas mes satanés parchemins avec moi, renchérit Justin. Il n'y a qu'à toi que je serai tout dévoué.

- J'adore d'emblée ce programme, et tu as intérêt à le respecter !

- J'en ai bien l'intention, affirma Justin.

Il vola un baiser à Théo et ce fut main dans la main qu'ils rejoignirent le château. Ils se rendirent à la salle commune de Serpentard et y restèrent jusqu'au dîner. Cela faisait bien longtemps que Justin ne s'était pas senti aussi bien. Il s'était réconcilié avec Théo, tout allait pour le mieux entre eux, et il envisageait les examens à venir avec beaucoup plus de sérénité que vingt-quatre heures auparavant. Il avait énormément de chance d'avoir un petit-ami aussi attentionné que Théo et il se promit d'être lui aussi toujours là pour lui…

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(jeudi 13/06) POV Sirius

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- Tiens, tu es déjà levé ?

Sirius leva les yeux et vit Remus entrer dans le salon.

- Oui, je n'arrivais plus à dormir, confia Sirius. Je pensais me reposer ce matin, vu que mon premier examen de la journée n'est qu'à dix heures, mais mon sommeil en a décidé autrement…

- Tu stresses pour l'épreuve des cinquième année ?

Sirius hocha la tête.

- Tu l'étais aussi pour les BUSE blancs et ça s'est bien passé. Là, ce sera pareil.

- Non, car là, ce sont les vrais BUSE, rétorqua Sirius. L'enjeu est bien plus important.

Remus fixa Sirius comme s'il essayait de le sonder.

- C'est pour tous tes élèves que tu angoisses, ou juste pour l'un d'entre eux ?

Sirius soupira.

- Les deux, admit-il. J'ai peur de les avoir mal préparés pour l'examen et qu'ils ne soient pas assez prêts, et j'ai peur de trop me focaliser sur Harry… Quelle idée de nous mettre sur la surveillance des examens, sérieux…

- Il n'y avait pas le choix, tous les examinateurs étaient réquisitionnés ailleurs, rappela Remus. Mais lors des BUSE blancs, tu as bien réussi à te détacher de Harry ?

- Oui, mais encore une fois, c'étaient les BUSE blancs, pas les vrais BUSE…

- Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais fais comme si c'était un simple devoir sur table. De toute façon, tu n'as pas à t'en faire pour Harry, il a eu des Optimal en sortilèges toute l'année, et il a eu la même note à l'examen des BUSE blancs. Et quelle que soit la note qu'il aura aux BUSE, il ne sera pas recalé en sortilèges puisque c'est une matière obligatoire jusqu'aux ASPIC…

- Ah oui, c'est vrai, j'ai tendance à oublier ça…

- Et pour ce qui est de tes élèves en général, tu n'as pas à t'inquiéter non plus. La plupart sont prêts et vont avoir leur BUSE de sortilèges haut la main. Tu es un bon prof, Sirius. Je peux l'affirmer rien qu'en m'appuyant sur les moyennes que les Gryffondor avaient dans ta matière lors de leur conseil d'orientation. Si l'on compare celle de cette année à celle qu'ils avaient l'année dernière, aucun des dix élèves de cette maison n'a connu une baisse significative de leurs notes, ce qui prouve qu'ils ont eu un très bon enseignement cette année et qu'ils ont été très attentifs en cours. Évidemment, il y en a plusieurs qui ont vu leurs notes baisser légèrement par rapport à l'année dernière, mais c'est tout à fait normal. La difficulté des devoirs augmente, et les notes s'en ressentent. C'est courant de perdre un point dans sa moyenne d'une année à l'autre. Et en ce qui concerne tes élèves, ce n'est pas de ta faute. Quand la manière d'enseigner d'un prof ne convient pas à la majorité des élèves, ils le disent à leur directeur de maison, et je n'ai reçu aucune plainte à ton égard. Au contraire, je n'ai reçu que des éloges à ton sujet. Et ce n'est pas parce que tu es mon compagnon. Je n'ai pas les moyennes des élèves des autres maisons en sortilèges ni leur opinion à ton sujet, mais j'entends dire partout que tu es un prof génial, que tu es hyper gentil, hyper pédagogue, et que tes cours sont super cool. Donc tu n'as vraiment aucun souci à te faire sur ta qualité en tant que prof.

Les mots de Remus rassurèrent grandement Sirius.

- Tu es adorable… Merci pour tout ce que tu viens de me dire, ça m'a bien reboosté.

- Mais de rien, je suis ravi d'avoir pu t'aider. Et puis bon, préparer les cinquième année aux BUSE, c'est tout aussi important que de préparer les première année à leurs tout premiers examens… Et ça s'est plutôt bien passé hier avec eux, non ? Ils n'ont pas tous séché face à leur copie d'examen ?

- Non, pas du tout, c'était même plutôt l'inverse… Je les ai testés avec des devoirs sur table une fois par mois tout au long de l'année, ça les a bien entraînés, les résultats étaient de plus en plus bons, et c'est sûrement pour ça qu'ils étaient aussi sereins hier…

- Eh bah voilà, si tu as bien su les conditionner et les rendre confiants lors de leur premier examen alors que c'était tout nouveau pour eux, ça devrait être la même chose ce matin avec les cinquième année qui, eux, ont l'avantage d'être habitués au trac des examens, estima Remus. En fait, ceux qui vont avoir le plus de pression en sortilèges, ce sont les septième année, car ce sont les seuls qui ont une note à viser.

- Je les ai aujourd'hui, à treize heures, grimaça Sirius. Mais en théorie, comme les première année. Ce n'est pas le plus stressant. C'est quand je vais les avoir en pratique que ça va être plus dur.

- N'y pense pas pour le moment, concentre-toi sur l'instant présent. Et dis-toi que s'il y a des élèves qui se ratent, ou, du moins, qui n'auront pas la moyenne requise pour intégrer la formation de leurs rêves, ce ne sera pas fini pour eux puisqu'il y aura les rattrapages… Bon, je discute, je discute, mais je ferais mieux de me dépêcher, j'ai l'examen des sixième année à huit heures…

Sirius se garda bien de signaler qu'il n'était qu'à peine sept heures, sachant que Remus aimait bien arriver à sa salle vingt minutes avant le début de ses examens afin de s'assurer que tout était bon. Et comme sa salle était située au sixième étage, il partait une demie-heure plus tôt au total, le temps de parvenir aux escaliers et de monter tous les étages. C'était la première fois que Remus commençait avant Sirius, car la veille, c'était Sirius qui avait eu son premier examen à huit heures. Remus, lui, avait eu deux heures de plus de repos.

- Tu as qui, ce matin, à part les sixième année ? s'enquit Sirius après quelques minutes de silence.

- Les septième année, en pratique.

Sirius regarda Remus, perplexe.

- Et tu ne stresses pas ?

- Tu sais bien que je n'ai jamais été quelqu'un de particulièrement anxieux. Mais ça ne m'empêche pas d'avoir peur, au fond de moi, que des élèves échouent à leur examen… Il ne faut cependant pas le leur montrer.

- Bien sûr, c'est la dernière des choses à faire, approuva Sirius. Et cet après-midi, tu as qui et quoi ?

- La pratique des cinquième et des troisième année.

- Oh… Tu vas donc avoir Harry…

- Oui, et je t'avoue que j'ai un petit trac, pour le coup. Moi, je m'en fiche qu'il ait un Optimal ou un Effort Exceptionnel, tant qu'il peut continuer la métamorphose l'année prochaine, mais c'est lui qui vise l'Optimal… Il a beau savoir qu'on sera fier de lui s'il n'a que serait-ce quinze ou seize, il serait tout de même déçu s'il n'avait qu'un Effort Exceptionnel…

- Alors qu'il n'aurait pas à rougir, car avoir un quinze ou un seize à sa BUSE de métamorphose, ce n'est pas donné à tout le monde… Je dirais même que c'est plus facile d'avoir ces notes en potions qu'en métamorphose… Mais c'est parce que c'est toi qu'il veut à tout prix avoir un Optimal. Il veut que son beau-parrain soit fier de lui. Si c'était Minerva son professeur, il n'en aurait rien à cirer. Un quatorze, ça lui irait déjà très bien, car c'est la note minimale qui lui permettrait de poursuivre cette matière. Mais est-ce que tu penses qu'il peut avoir un Optimal ?

- Franchement, ça risque d'être dur. Je préfère être honnête, avoua Remus. Il n'a quasiment eu que des Effort Exceptionnel toute l'année à ses devoirs, ce n'est qu'à la mi-avril qu'il a eu son premier Optimal, et il a un peu galéré en pratique avec les trois quarts des sorts. Il a toujours fini par obtenir des résultats satisfaisants, mais c'était rarement parfait. S'il était noté en cours, il aurait eu à chaque fois un Effort Exceptionnel. Mais il a le niveau pour être admis en métamorphose en sixième année, il va simplement devoir mettre les bouchées doubles pour ne pas trop baisser.

- Tu crois qu'il serait nécessaire qu'il s'exerce cet été ?

- Ça ne lui fera pas de mal, c'est sûr. Mais les vacances sont avant tout faites pour se reposer. Après, si on s'en tient à une ou deux séances de deux heures par semaine, ce ne serait pas trop chronophage et ce serait largement suffisant pour qu'il soit au point à la rentrée sur tous les sorts avec lesquels il a eu des difficultés. Mais il faut qu'il soit d'accord. Ça ne doit pas être contre son gré.

- On verra ça avec lui après les BUSE, conclut Sirius.

Remus eut l'air troublé.

- Qu'est-ce qu'il y a ? J'ai dit un truc qui ne fallait pas ? s'inquiéta Sirius.

- Non, c'est juste que ça fait bizarre, ce «on»… Mais tu m'inclus peut-être parce que c'est moi qui vais l'entraîner…

- Non, même si on avait fait appel à quelqu'un, j'aurais voulu qu'on lui en parle ensemble, déclara Sirius. Je te l'ai dit plus d'une fois : son éducation, sa scolarité, c'est notre affaire à tous les deux, et pas que la mienne, parce que tu es mon compagnon, que tu vis avec nous au Square, et que tout ça fait que nous formons une famille. Je suis bien conscient que ce n'est pas encore facile pour toi de concevoir spontanément les choses comme ça, mais tout ça sera plus naturel quand on sera mariés.

Remus écarquilla les yeux, ce qui fit éclater de rire Sirius.

- C'est bon, je plaisantais ! Mais admets que ça rendrait les choses officielles et que ça t'aiderait à te sentir plus légitime d'avoir un rôle auprès de Harry.

- Oui, ça, je ne peux pas le nier… En vrai, je ne serais pas contre si tu me demandais en mariage là, tout de suite, maintenant. Car si on y réfléchit bien, pour nous, le plus important dans le mariage, ce serait tout ce qui est administratif… Nous sommes déjà liés, et à vie, donc bon, le mariage ne nous apporterait pas grand-chose à ce niveau-là…

- Oui, notre lien est même plus fort que ceux du mariage, car quoi qu'on fasse, il est en nous, alors que le mariage, ça peut être annulé par un divorce…

- Exactement, renchérit Remus.

Sirius faillit ajouter quelque chose, mais il se ravisa. C'était une idée à laquelle il songeait depuis un moment, sans qu'il n'ait le courage d'en faire part à Remus, car la suite logique de cette idée serait justement qu'ils se marient, ce qui procurerait de lourdes responsabilités à Remus. Et il n'osait pas non plus partager cette idée à Harry qui était à cent pour cent concerné, car c'était pour son bien que Sirius souhaitait la réaliser.

- Bon, je vais y aller, on se voit au déjeuner, mais ne t'étonne pas si je ne suis pas là à midi pile, il y a toujours un risque de retard quand on fait passer la pratique…

- Ah bah ça merci, je m'en suis aperçu hier, ironisa Sirius. Jusqu'à hier matin, je me disais que dix minutes pour faire lancer quatre sorts à un élève et lui poser deux questions, c'était tranquille, mais j'étais si loin de la réalité… J'avais l'examen pratique des sixième année de treize heures à quinze heures, j'avais donc deux heures pour faire passer douze élèves, puisque nous sommes censés faire passer six élèves par heure, j'ai du coup fait attention à n'accorder pas plus de dix minutes à chaque élève, surtout que j'avais l'examen théorique des quatrième année à quinze heures, et malgré le fait que j'aie été hyper rigoureux, j'ai quand-même réussi à avoir du retard pour l'examen des quatrième année… J'ai fait entrer les élèves à quinze heures cinq au lieu de quinze heures pile. Pour un cours, ce n'est pas bien grave, mais pour un examen, ce n'est pas très sérieux… Heureusement, les élèves ne m'en ont pas tenu rigueur, je leur ai dit que j'avais des examens pratiques juste avant eux, et ils ont compris. Mais lors des BUSE blancs, j'avais pourtant réussi à respecter le programme…

- Oui, mais c'était différent, les élèves avaient un sort de moins à lancer et tu n'étais pas pressé par un examen que tu avais derrière… Bon, tout ça pour dire que j'aurai sûrement un peu de retard pour le déjeuner. Allez, à tout à l'heure, et bon courage pour ton examen avec les cinquième année.

Sirius ouvrit la bouche pour répondre, mais il en fut empêché par le léger baiser que Remus lui vola. Deux secondes plus tard, il n'était déjà plus là. «Une chance qu'il ne soit pas stressé, il ne tiendrait pas en place, sinon» railla Sirius en son for intérieur. Il se servit un verre de jus de citrouille tout en se remémorant ses examens de la veille. Il avait d'abord eu de la théorie avec les première année, et comme il l'avait dit à Remus, ça s'était très bien passé, les élèves ayant été détendus et très assidus. Puis il avait eu la pratique avec les sixième année qui s'étaient plutôt bien débrouillés. Il avait mis cinq Optimal, six Effort Exceptionnel, et deux Acceptable. Et enfin, il avait eu l'examen théorique des quatrième année, qui avait été un peu dur pour les élèves. Sirius n'avait pas aimé préparer leur sujet, car du fait qu'ils étaient en quatrième année et que l'année suivante, ils avaient les BUSE, la difficulté de leur examen augmentait beaucoup par rapport à celui de l'année précédente. Lors des deux premières années, il n'y avait que des questions de cours et très peu de rédaction, en troisième année, il y avait un peu plus de réflexion, mais cela demeurait assez basique, et en quatrième année, cela devenait bien plus pointu, avec l'attente d'un travail structuré et une analyse plus poussée des questions à traiter. Mais Sirius les avait eux aussi entraînés avec des devoirs sur table toute l'année, et cela avait porté ses fruits s'il en croyait les quelques copies qu'il avait rapidement lues. Il espérait qu'il en serait de même avec les cinquième année…

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À neuf heures quarante-cinq, Sirius était dans sa salle de classe, vérifiant si tout était bon afin d'être prêt à accueillir ses élèves, ce qu'il fit à dix heures pile. Une fois tout le monde installé, il distribua les sujets, souhaita bonne chance aux trente-neuf adolescents – Ernie MacMillan étant absent – puis il retourna s'asseoir à son bureau. Il prit le livre qui, depuis la veille, l'accompagnait lors de chacun de ses examens théoriques, et se plongea dedans. Durant l'heure qui suivit, il leva régulièrement la tête et fut satisfait de constater que tous les élèves étaient à fond dans leur examen. Même lorsqu'ils avaient les yeux rivés vers le plafond, cela se voyait qu'ils étaient en proie à une intense réflexion. Il fallait dire que la première partie constituée de questions de cours portant sur dix sorts vus depuis la première année, était assez pointue. En rédigeant ces questions, Sirius s'était dit à plusieurs reprises qu'elles étaient peut-être trop dures, mais il s'était souvenu que c'était l'examen des BUSE et que le sujet ne pouvait pas être aussi facile que celui des quatrième année. Après avoir écrit ses questions, il les avait montrées à Remus qui les avait approuvées.

Se désintéressant de son livre dont, en une heure, il n'avait lu que dix pages, il attrapa le sujet et ne put empêcher un sourire mesquin de fleurir sur ses lèvres à la vue de quelques questions :

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1 – Quels sont la formule et le geste du sortilège de lévitation ?

2 – Quels sont les deux sorts permettant de nettoyer quelque chose, et quelle est la différence entre ces deux sorts ?

3 – Quels sont la formule et l'effet du sortilège de chatouillis ?

Jusque-là, tout allait bien.

4 – Quelle est la formule du sortilège de blocage ? Reproduisez le schéma du geste à effectuer.

Sirius avait été sympa en demandant un schéma, et non l'explication du geste, car celui-ci était très compliqué à définir. Mais un schéma n'était pas forcément plus simple à faire, surtout que les élèves avaient désormais l'habitude de lancer le sort en faisant machinalement le geste, dont ils n'avaient plus vraiment le visuel en tête…

5 – Qui a inventé le sortilège d'allégresse, et pourquoi ?

Là, il était très difficile de connaître l'histoire de ce sortilège si les élèves n'avaient pas révisé.

6 – Quelle est la formule du sortilège de révélation et dans quels cas ce sortilège est-il inefficace ?

7 – À quel sort appartient la formule «Repulso» et quels sont le nom et la formule du sort inverse ?

Il y avait un gros piège dans cette question : Sirius était pratiquement sûr qu'un bon quart des élèves allaient répondre que «Repulso» était la formule du sortilège de répulsion, alors qu'elle appartenait au sortilège d'expulsion.

8 – À quel sort appartient la formule «Lashlabask», quel est le phénomène physique lorsque ce sort est lancé et quelle est la particularité de ce sort lorsqu'il est lancé sous l'eau ?

Autre piège : c'était bien là le sortilège de répulsion qui avait pour formule «Lashlabask». Tout cela n'était pas très cohérent, mais c'était ainsi que les inventeurs avaient intitulé leurs sorts. Mais là où Sirius avait été gentil, c'était qu'il avait complété la question en exigeant deux autres informations que les élèves pouvaient aisément avoir s'ils avaient bien écouté en cours.

9 – Quels sont les deux autres noms du sortilège de gavage ?

Celle-ci était un peu sournoise, car ce nom-là n'était pas celui sous lequel les élèves connaissaient le mieux ce sort. Il était couramment appelé «sortilège d'engorgement» et plus rarement «sortilège de gavage» ou «sortilège d'empiffrement».

10 – Quelle est la formule du sort d'amplification vocale, quel est son effet, quelle partie du corps faut-il pointer, et quel est le contre-sort ?

Là, Sirius avait mis le paquet avec ces quatre éléments que les élèves avaient à fournir. C'était tout ce qu'il y avait à mettre dans l'introduction d'une rédaction à faire sur un sortilège donné, et c'était ni plus ni moins l'exercice de la deuxième moitié de l'examen. Sirius espérait qu'ils allaient s'aider de la dixième question pour leur introduction, car c'était avant tout pour ça qu'il l'avait posée. Bon, il n'y avait pas de contre-sort pour le sortilège qu'avait choisi Sirius, mais c'était justement quelque chose à dire. Il avait eu du mal à confectionner son sujet, mais il avait fini par avoir une idée dont il était très content : «Vous traiterez du charme du bouclier dans le cadre d'un duel, de ses avantages et de ses inconvénients, et vous le mettrez en relation avec des sortilèges contre lesquels il peut être utilisé». Les élèves avaient appris ce sort en deuxième année, mais ce n'était qu'en cinquième année qu'ils avaient approfondi l'étude de ce sort. C'était frais dans leur mémoire, mais ce sujet était très vaste, avec énormément de choses à retenir, et c'était là la complexité de cet exercice.

Si, durant la première heure, les élèves semblèrent très impliqués et très inspirés, ce fut moins le cas lorsque débuta la deuxième heure. Au bout d'une heure dix, Wayne Hopkins vint déposer sa copie sur le bureau de Sirius. Celui-ci y jeta un coup d'oeil et vit que Wayne n'avait écrit que cinq lignes sur le charme du bouclier.

- Tu ne veux pas essayer de remplir un peu plus ton parchemin ? chuchota-t-il à Wayne.

- Non, ça ne servirait à rien, c'est le trou noir, j'étais là lors du cours où vous avez parlé de Protego dans un duel, mais je ne me rappelle rien de ce que j'ai noté… Ça fait vingt minutes que je bloque dessus, j'ai déjà assez perdu de temps comme ça…

Sirius était déçu, mais il n'insista pas.

- Tu peux y aller, annonça-t-il, résigné.

Wayne le remercia et s'en alla. Cinq minutes plus tard, ce furent Megan Jones et Sally-Anne Perks qui rendirent leur copie. Elles venaient à peine de quitter la salle que Sirius fut appelé par Rionach O'Neal :

- Professeur ? Je crois que Kellah ne se sent pas bien…

Sirius dirigea son regard vers Kellah et remarqua en effet qu'elle était blanche et que sa respiration était hachée.

- J'ai simplement besoin de prendre l'air, murmura-t-elle.

Elle se leva, mais à peine fut-elle debout qu'elle s'effondra. Sirius eut juste le temps de cligner des yeux qu'un boulet de canon était déjà aux côtés de l'élève de Gryffondor. Ce boulet de canon n'était autre que Blaise, le binôme de Kellah. Sirius les rejoignit et s'adressa à Blaise :

- Retourne t'asseoir, je vais l'emmener à l'infirmerie. Toi, tu finis ton examen.

- Non, je veux vous accompagner, déclara Blaise.

- Il n'en est pas question, refusa Sirius. Tu restes ici. Tu n'as pas à t'en faire pour ta camarade, elle sera entre de bonnes mains, que ce soit avec moi ou avec Mrs Pomfrey.

- Mais vous pensez que je vais réussir à me concentrer sur mon examen alors que mon binôme, avec qui je passe les trois quarts de mon temps depuis le début de l'année, ne va pas bien ? En plus, avoir avec vous quelqu'un qui a des bases en médicomagie, ça pourra vous être fortement utile si Kellah fait un malaise sur le trajet ! Je saurai quoi faire, je serai prompt à réagir, et je sais aussi ce qu'il ne faut pas faire !

Cet argument eut le don de déstabiliser Sirius. Il était obligé d'admettre que Blaise n'avait pas tort. Sirius avait bien des bases en médicomagie, lui aussi, mais seulement lorsqu'il s'agissait de soigner un loup-garou après la pleine lune… Pour ce qui était de s'occuper d'une élève prête à tomber dans les pommes d'un instant à l'autre, c'était une toute autre histoire… Fallait-il tenter de réanimer une personne évanouie ? Fallait-il la porter au plus vite à l'infirmerie ? Ou fallait-il au contraire ne rien faire, la laisser par terre et attendre l'arrivée des personnes compétentes ? Sirius avait eu un topo là-dessus, peu après la rentrée, mais c'était loin, cela avait été bref et ne valait pas une vraie formation, et il n'avait aucune expérience, n'ayant encore pas eu affaire à ce genre de situation… Mais il était presque sûr que dans le cas de Kellah, il n'était pas dangereux de la transporter de lui-même jusqu'à l'infirmerie, tant qu'elle n'était qu'évanouie… Et il ne voulait pas que Blaise vienne avec lui alors qu'il n'avait pas terminé son examen. Il avait beau se destiner à être médicomage après Poudlard, ce n'était pas pour tout de suite, il demeurait un élève à l'heure actuelle et il avait ses BUSE à passer. Toutes ces pensées se succédèrent dans sa tête, si bien qu'il ne s'était écoulé qu'une minute depuis la tirade de Blaise. Sirius s'apprêta à lui dire qu'il se débrouillerait sans lui, tout en le remerciant de sa bonne volonté, mais il en fut empêché par Vincent Crabbe qui s'exclama :

- Ça joue les amoureux transi avec sa copine, mais par derrière, ça roucoule fort avec son binôme ! Je t'imaginais plus fidèle que ça, Zabini, mais ça m'arrange si Weasley est libre… C'est un vrai mec qu'il lui faut, elle va sûrement plus s'amuser avec moi qu'avec toi…

Blaise se redressa d'un coup, les yeux remplis de haine, et se jeta sur son camarade de maison qu'il attrapa par le col de sa robe.

- T'as pas intérêt à toucher Ginny, ni même à l'approcher, sinon je t'étripe de mes propres mains et je jetterai tes restes au Calmar Géant ! Ça fait longtemps qu'on aurait dû s'occuper de ton cas, avec ce que tu as fait à Théo, alors ne me donne pas une occasion de le faire !

- Blaise, lâche-le ! ordonna Sirius.

Il s'élança vers ses deux élèves et les sépara en tirant Blaise vers lui.

- Il n'y a que la vérité qui blesse, Zabini…

- Oh, c'est bon, ne la ramène pas, il reste quarante-cinq minutes, tu ferais mieux d'en profiter pour te remettre au travail et essayer de décrocher un Acceptable à ton examen, ce sera peut-être le seul que tu auras, répliqua Sirius, agacé. Toi, tu viens avec moi, ajouta-t-il en regardant Blaise.

- Mais je croyais que vous ne vouliez pas que…

- Oui, eh bien bizarrement, je préfère soudain te savoir dans les couloirs avec moi plutôt qu'ici, avec ton camarade de maison dans la même pièce que toi, durant les quelques minutes où il n'y aura pas d'adultes pour vous surveiller, coupa Sirius. Je n'ai absolument pas envie d'apprendre à mon retour que tu as éviscéré ton camarade, ça ferait désordre dans la salle, et tu seras bien plus utile à Sainte-Mangouste en tant que médicomage qu'en tant que détenu à Azkaban… Bon, parmi les préfets, qui a presque terminé son examen ?

Draco, Terry et Pansy levèrent la main.

- Est-ce que l'un d'entre vous peut gérer la classe, pendant que j'emmène Kellah à l'infirmerie ?

- Je veux bien, se proposa Terry.

Sirius acquiesça et lui fit signe de venir, ce que fit Terry. Tout en s'organisant, Sirius gardait un œil sur Kellah qui s'était assise et qui avait déjà repris des couleurs. Blaise était de nouveau près d'elle, ce qui rassurait Sirius.

- Bon, j'ai quelques consignes pour toi. Ne laisse aucun de tes camarades sortir, même s'ils te disent avoir fini leur examen. Si quelqu'un te tient tête, tu ne seras pas seul, les autres préfets te viendront en aide, je n'ai même pas besoin de les missionner en amont pour qu'ils le fassent. Wayne est parti, mais à sept, vous serez largement en mesure de contrôler vos camarades. S'il y a le moindre souci, envoie un de tes collègues préfets chercher un professeur. Mais ça ne devrait pas être nécessaire car vous ne devriez pas être livrés à vous-mêmes plus de quelques minutes, je vais envoyer un Patronus aux professeurs Slughorn, Snape et Chourave qui sont libres à cette heure-là et qui s'attendent à tout moment à devoir me remplacer. Est-ce que ça va aller ?

- Oui, tout est clair, affirma Terry.

- Bien, j'y vais, merci pour ton dévouement.

Sirius se tourna vers Kellah :

- Te sens-tu prête à te relever ? Blaise et moi allons te soutenir, de toute façon.

- Oui, je pense que ça ira.

Sirius et Blaise prirent chacun un bras de Kellah et l'aidèrent ainsi doucement à se remettre debout. Sirius fut soulagé de voir qu'elle ne semblait pas avoir de vertiges. Mais elle paraissait fatiguée, ce qui n'était pas étonnant après une crise d'angoisse. Car Sirius était quasiment sûr que c'était de cela dont avait été victime l'élève de Gryffondor. C'était loin d'être rare au cours d'un examen, même si ce n'était pas non plus ultra courant. S'il y avait bien eu crise d'angoisse, celle-ci était visiblement passée. Mais il était tout de même important que Kellah se fasse examiner par Poppy, pour s'assurer que tout aille bien, d'autant plus que Sirius soupçonnait son élève d'être allée à l'examen le ventre vide. Elle manquait probablement de sucre et il serait alors imprudent de lui permettre de continuer son examen sans lui faire aller voir Poppy. Sirius et Blaise la conduisirent donc jusqu'à l'infirmerie où ils furent accueillis par Poppy qui s'occupa aussitôt de Kellah, après que Sirius lui eut expliqué ce qui s'était produit. Poppy demanda à ce que le sac de cours de sa patiente lui soit apporté, ce qui fit comprendre à Sirius que son élève ne reviendrait pas terminer son examen. Il s'en était douté : il était désormais plus d'onze heures vingt, le temps que Poppy vérifie les constantes de Kellah et que cette dernière mange un morceau, il serait plus de midi quand elle sortirait de l'infirmerie… Sirius tenta de réconforter Kellah en lui disant que tout n'était pas perdu puisqu'elle aurait une chance de se rattraper avec la pratique, et que si ce n'était pas suffisant, il lui resterait la seconde session. Cela détendit Kellah qui remercia son professeur et son camarade avant de s'éloigner avec Poppy. Sirius et Blaise la regardèrent se diriger vers des paravents au fond de la pièce, puis ils s'en allèrent afin de regagner la salle de sortilèges.

- Finalement, ma présence n'a servi à rien, estima Blaise.

- Nous ne savions pas si Kellah allait refaire un malaise, et si cela était arrivé, il valait mieux que tu sois là. Tu avais raison sur ce point. Et puis j'étais plus tranquille à l'idée que tu sois avec moi, car sinon, j'aurais eu peur que tu mettes tes menaces à exécution à l'encontre de ton camarade en mon absence… Ou, du moins, que tu règles tes comptes avec lui d'une manière pas très pacifiste, même si je sais très bien que tu ne l'aurais pas étripé, comme tu prétendais souhaiter le faire.

- Je suis désolé, s'excusa Blaise. À la fois pour vous avoir forcé la main pour que je vienne, et pour le comportement que j'ai eu envers Crabbe…

- Pour ton insistance, je ne t'en veux pas, même si tu aurais dû obéir et retourner t'asseoir quand je t'ai dit de le faire. En revanche, j'ai moins apprécié la réaction que tu as eue envers ton camarade. Il t'avait provoqué, certes, mais tu aurais dû être plus intelligent que lui et l'ignorer. Il ne faut surtout pas prêter attention à ce genre de personnes. Leur méchanceté est nourrie par l'attention qu'on leur porte. J'imagine bien que tu ne lui aurais pas fait de mal, mais tu le tenais quand-même par le col et tu étais à deux doigts de le secouer comme un prunier… On ne peut pas dire que ce soit la façon la plus calme qui soit de s'entretenir avec quelqu'un, même si ça ne lui aurait pas causé de dommages physiques. Et heureusement, car non seulement tu aurais eu des ennuis, ce dont tu n'as franchement pas besoin en pleine période d'examens, mais en plus ça lui aurait fait plaisir… Juste en ayant réagi à sa stupide provocation, tu aurais retourné la situation contre toi. C'est pour ça, entre autres, qu'il faut laisser couler quand on te fait des réflexions comme celle que ton camarade t'a faite. Ça frustre la personne qui veut t'embêter et ça lui fait comprendre qu'elle n'est pas autant le centre du monde qu'elle ne le pense.

- Oui, c'est ce que m'a dit Ginny… Et pas plus tard qu'hier, lors de la sortie à Pré-au-Lard. Elle m'a fait la morale parce que je m'étais mal comporté envers un élève qui m'avait lui aussi provoqué, j'ai promis à Ginny que j'essaierais de ne pas recommencer, et même pas vingt-quatre heures après, je refais exactement la même chose… J'ai vraiment un problème. Mais j'ai l'impression de trop aimer Ginny et que ça me pousse à me conduire comme un animal…

Sirius s'arrêta brusquement et força Blaise à faire de même. Il fixa son élève dans les yeux et prit un air sérieux qu'il adoptait rarement, quoique de plus en plus souvent :

- On n'aime jamais trop quelqu'un, Blaise. C'est la manière dont on l'aime qui peut poser souci, pas l'intensité de l'amour qu'on lui porte. Et au vu de ce que tu me dis, je ne crois pas que l'amour que tu as pour Ginny soit mauvais. Ce sont tes réactions aux attaques qu'on te fait sur Ginny qui ne sont pas bonnes. Et si tu as été aussi virulent envers ton camarade, c'est en partie parce que tu avais déjà un passif avec lui, d'après ce que j'ai pu entendre. Ça ne t'a pas aidé à garder ton sang-froid… Cela n'excuse pas entièrement ton attitude, mais Crabbe a aussi ses torts, et la pression des examens a dû aussi jouer dans ta réponse à sa provocation. On ne va donc pas épiloguer sur ce qui s'est passé tout à l'heure, on va en rester là, car il n'y a rien eu de grave, et j'estime que la discussion qu'on a en ce moment-même est bien plus utile que n'importe quelle sanction que je pourrais te donner. Sanction qui serait très minime, proportionnellement à la faute commise, et qui, par conséquent, n'aurait pas beaucoup d'intérêt. Mais tu ferais bien de parler de tout ça avec le professeur Snape. Il saura mieux te conseiller que moi. Car d'une, il est psychomage, et de deux, c'est ton directeur de maison. Si les élèves ne se confient pas à leur directeur de maison, à qui le feront-ils ? Les amis, c'est bien, mais il y a bon nombre de cas, comme le tien, où c'est l'oreille d'un adulte qui est nécessaire. Mais là, c'est plus celle d'un psychomage que de ton directeur de maison qu'il te faut. Bon, l'avantage, c'est que tu as les deux dans la même personne. Tout ça pour dire que le professeur Snape est le plus à même d'analyser ce qui ne va pas dans ta relation avec Ginny.

- Ça va être gênant, grimaça Blaise.

- Oublie que c'est ton professeur, à la base, c'est au psychomage à qui tu t'adresseras. Et il n'est pas uniquement question de lui étaler ta vie sentimentale, ça va bien au-delà de ça. Le but, c'est de faire en sorte que tu ne sautes plus à la gorge du premier venu qui te fait une remarque sur Ginny. Si tu ne fais rien pour régler ça, un jour, tu vas réellement te battre avec un élève, ça va être inscrit dans ton dossier, et ce serait très bête car, jusque-là, tes professeurs n'ont jamais eu à se plaindre de toi. Et tu aurais pu éviter ça en ayant traité à temps ton problème. Il ne faut pas attendre que les choses aillent trop loin pour réagir. C'est l'erreur à ne surtout pas faire. Est-ce que tout ça est clair pour toi ?

Blaise acquiesça.

- Oui, et j'irai voir le professeur Snape dès que j'aurai quelques heures de répit.

- Bien, je compte sur toi. Je me renseignerai auprès du professeur Snape pour savoir s'il aura reçu ta visite, alors gare à toi, menaça faussement Sirius. Bon, allons-y, l'heure tourne, mais s'il le faut, tu auras du temps en plus si à midi, tu n'as pas fini ton examen.

Blaise hocha de nouveau la tête et Sirius et lui se remirent en route. L'infirmerie avait beau se situer au même étage que celui de la salle de sortilèges, il y avait tout de même de la distance à parcourir, les deux pièces étant séparées par plusieurs couloirs. Sirius et Blaise étaient à mi-chemin lorsqu'à la grande surprise de Sirius, ils croisèrent Pomona en compagnie de Lisa Turpin qui ne paraissait pas au top de sa forme.

- Mais… qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Sirius, décontenancé.

- Miss Turpin a fait un malaise peu après que je sois arrivée pour te remplacer. Même si c'était assez léger, j'ai préféré l'emmener à l'infirmerie, d'autant plus qu'elle a déjà fait un malaise récemment. Du coup, j'ai prévenu Horace qu'il fallait quelqu'un pour surveiller ta classe. Il valait mieux que ce soit lui qui y aille, au cas où Poppy aurait besoin de Severus à l'infirmerie.

- Oui, elle doit déjà avoir des patients et là, ça va lui faire deux élèves de plus en cinq minutes, elle ne va pas pouvoir s'occuper de tout le monde à la fois…

- C'est sûr. Est-ce que tu veux qu'on échange ? Je veux dire, que je rejoigne ta salle de classe avec Miss Barney pendant que toi, tu escortes Miss Turpin jusqu'à l'infirmerie…

Sirius hésita. Il était face à un dilemme, devant faire un choix entre deux rôles qu'il avait à assumer. D'un côté, il avait son rôle de professeur avec l'examen des BUSE qu'il était censé superviser, et de l'autre côté, il avait son rôle de directeur de maison, avec une élève à conduire à l'infirmerie et qui appartenait à la maison dont il était responsable… Mais il jugea que c'était à lui d'emmener Lisa, et ce fut ce qu'il décida de faire.

- Ça ne te dérange pas de surveiller les élèves ? s'assura-t-il auprès de Pomona.

- Non, puisque je te le propose, rétorqua logiquement Pomona.

- Bon, alors je veux bien qu'on échange.

Sirius pivota vers Blaise.

- Si Crabbe te dit quoi que ce soit, ignore-le, je n'ai pas envie d'apprendre à mon retour que tu t'es de nouveau jeté sur ton camarade pendant que je n'étais pas là. Je ne pourrai pas être aussi clément une deuxième fois.

Blaise acquiesça. Sirius remercia Pomona et partit avec Lisa tandis que sa collègue s'en allait avec Blaise. Tout en prenant la direction de l'infirmerie, Sirius informa Poppy par Patronus qu'il revenait avec une autre élève. Poppy lui répondit par le même biais et comme Sirius s'en doutait, elle lui dit qu'elle allait faire venir Severus, l'infirmerie étant trop bondée pour qu'elle puisse gérer à elle seule tous les patients. Lorsque Sirius arriva, Severus n'était pas encore là, ce qui n'était pas étonnant : il avait dû recevoir le message de Poppy deux minutes plus tôt, et ce n'était pas en deux minutes qu'il pouvait quitter ses appartements et monter au troisième étage… Mais il allait se dépêcher, Sirius en était sûr. En l'attendant, Sirius s'enquit de l'état de son élève, qui était un peu pâle :

- Est-ce que ça va ?

- J'ai connu mieux, mais je me sens quand-même moins faible qu'il y a dix minutes. Je suis désolée pour l'épreuve, ce sont vos tout premiers examens officiels en tant que professeur, et Kellah et moi ne vous facilitons pas la tâche…

- Ne t'excuse pas, voyons, ce n'est pas comme si vous aviez fait exprès de faire un malaise… Je ne l'espère pas, en tout cas.

- Non, bien sûr que non, affirma Lisa. Mais ça aurait pu être évité…

- Mmmh, laisse-moi deviner. Tu es allée à l'examen le ventre vide ?

- On ne peut rien vous cacher…

- Le stress et le manque de sucre ne font jamais bon ménage, surtout le matin, déclara Sirius. Mais ce n'est pas la première fois que tu fais un malaise parce que tu sautes des repas…

- Je ne fais pas de régime, si c'est ce que vous pensez, indiqua Lisa. C'est juste que je suis fatiguée, en ce moment ; du coup, je reste plus longtemps au lit, quitte à rater le petit-déjeuner.

- Je vois. Je crois que tu n'es pas la seule à avoir eu une baisse d'énergie récemment, ce doit être le contre-coup de l'année intense que vous avez eue… Le concept de travail en binôme a eu plein de retombées positives, mais ça a exigé deux fois plus de travail et de temps consacré aux devoirs que n'en avaient les cinquième année avant… C'est normal que vous soyez tous un peu épuisés, même si certains le sont moins que d'autres. Ça signifie peut-être que le concept n'était pas bien calculé et que pour l'année prochaine, il faudra l'alléger en faisant étudier les binômes ensemble sur moins de matières, par exemple. C'était évident que ça ne serait pas parfait du premier coup, qu'il y aurait des couacs et qu'il y aurait des choses à améliorer.

- Oui, et il y a beaucoup plus d'effets positifs que d'effets négatifs…

- Ça a eu du bon sur toi ? Tu es satisfaite de ton binôme ?

- Franchement, oui. Ça m'a ouverte aux autres maisons et ça m'a fait découvrir d'autres façons de réfléchir et de travailler. Seamus et moi n'avons pas du tout les mêmes méthodes, mais bien qu'elles soient très différentes, elles sont compatibles et ça nous a permis de vite avoir une organisation très fluide et très efficace. J'ai appris à Seamus à être plus analytique et lui m'a appris à être moins lente sans que ça n'ait d'impact sur la qualité de mes devoirs. Pourtant, au début, on n'avait aucune idée de ce qu'on allait bien pouvoir s'apporter mutuellement… Pour nous, le Choixpeau nous avait mis en binôme sans raison apparente.

- Le Choixpeau ne fait jamais rien au hasard, mais bon nombre d'élèves ont cru la même chose que vous. Ah, voilà celui qui va décider si tu peux assister à ton autre examen de la journée ou s'il faut t'envoyer à Sainte-Mangouste…

Lisa secoua la tête, amusée. Mais en effet, Severus venait d'entrer dans la pièce.

- Pardon de vous avoir fait patienter, j'étais chez moi lorsque j'ai reçu le Patronus de l'infirmière… Alors comme ça, cet endroit vous manquait, Miss Turpin ? Vous qui étiez si peu encline à y aller, il y a deux jours, lorsque je vous y ai emmenée…

Sirius haussa les sourcils, ce qui n'échappa pas à Severus :

- Oui, devant toi, elle n'a pas rechigné, mais sur le chemin, elle m'a dit plusieurs fois qu'elle allait bien et qu'il n'était pas nécessaire d'aller perdre du temps à l'infirmerie… Ce qui a été démenti par sa tension qui était relativement basse et par sa fatigue qui était plus que visible. Miss Turpin, allez vous installer dans l'avant-dernier box de l'allée droite, je vous y rejoins dans quelques instants.

Lisa hocha la tête et s'éloigna. Lorsqu'elle fut assez loin, Sirius reporta son attention sur Severus :

- Tu voulais me parler ?

- Oui, je souhaitais savoir ce qui s'est passé exactement.

- Eh bien, je sais juste qu'elle a fait un malaise, je n'étais pas dans ma salle quand ça a eu lieu car je revenais de l'infirmerie où j'avais accompagné une autre élève qui s'était sentie mal une dizaine de minutes plus tôt. Mais Miss Turpin m'a avoué qu'elle n'avait pas mangé ce matin.

- Mmmh, comme dimanche, se souvint Severus.

- Oui, sauf que dimanche, elle était dans la Grande Salle, alors que là, elle n'y est pas allée, nuança Sirius. Elle était trop fatiguée et elle a préféré prolonger sa nuit plutôt que d'aller se sustenter.

- La fatigue n'explique pas tout, contesta Severus. Deux malaises en quatre jours, ça fait beaucoup. Il y a forcément autre chose.

- Ça t'inquiète, ces deux malaises rapprochés ?

- Je ne dirais pas ça, mais ça me trouble, oui. Après, ça peut être dû à pas mal de choses, et il se peut que ce ne soit rien de très grave.

- Tu pourras me dévoiler ce qui a causé ces malaises quand tu le sauras ?

- Ça dépend de la cause en question. Si, en tant que directeur de maison, tu dois savoir, alors je te le dirai.

- D'accord. Bon, je vais y aller, j'ai un examen à surveiller. Il ne reste qu'un quart d'heure, mais j'ai déjà assez réquisitionné Pomona comme ça… C'est elle qui m'a remplacé quand j'ai emmené mes deux élèves à l'infirmerie.

- Heureusement que vous vous êtes réconciliés… Bon, c'était prévu que ce soit elle, Horace ou moi qui te remplacions, et Pomona l'aurait fait même si vous étiez toujours en froid, mais c'est mieux de compter sur quelqu'un quand on est en de bons termes avec… Allez, je vais cesser de te retenir, va retrouver tes élèves.

Sirius acquiesça, souhaita une bonne journée à Severus et s'en alla. Sur le chemin qui le menait à sa salle de classe, il réalisa qu'il était éreinté alors qu'il était à peine midi. Il fallait dire que sa matinée n'avait pas été de tout repos… Entre le malaise de Kellah, le malaise de Lisa, la bagarre qu'il avait dû empêcher entre Blaise et Crabbe et la discussion qu'il avait eue avec Blaise, il n'avait pas eu une seconde à lui ! Sans oublier l'examen qu'il avait supervisé durant la première heure… Tout ce qu'il avait craint, c'était d'angoisser pour ses élèves, d'être trop focalisé sur Harry, de trop stresser pour lui, de le voir sécher face à sa copie, et au final, rien de tout cela ne s'était produit, il n'avait pas fait de fixette sur Harry et ce n'était pas du tout lui qui avait attiré son attention… Il n'avait pas anticipé les bons scénarios, en fait. Aussi se promit-il de ne plus se faire de films avant un événement qui lui donnait le trac. Ce fut sur cette bonne résolution qui, à coup sûr, ne serait pas tenue, qu'il se rendit à sa salle de classe. Lorsqu'il y pénétra, il vit qu'elle s'était bien vidée et qu'il n'y avait plus que six élèves qui écrivaient à tout va sur leurs parchemins. Il remercia Pomona et se rassit à sa place. Dix minutes plus tard, il annonça la fin de l'épreuve. Il ramassa les copies et les rangea dans sa mallette tandis que les élèves s'en allaient. Il vérifiait qu'il n'avait rien laissé sur son bureau quand de petits coups se firent entendre à la porte. Il tourna la tête et aperçut Justin dans l'entrée. Il lui fit signe de venir, ce que fit Justin.

- Tu as de la chance, je suis encore là, dit-il en souriant. Que puis-je pour toi ?

- J'aimerais avoir une information, mais je comprendrais très bien si vous n'aviez pas le droit de me la divulguer… J'ai ponctuellement aidé un élève, Alex Powell, en sortilèges cette année, et même si ces cours de soutien faisaient en réalité partie d'un piège dans lequel je suis tombé à pieds joints, cet élève avait néanmoins bel et bien besoin d'aide en sortilèges et je voulais vous demander s'il avait réussi son examen pratique… Je sais que vous avez eu sa classe hier…

- Alors, effectivement, c'est quelque chose que je ne suis pas autorisé à te dire, et même si j'avais eu le droit, je n'aurais pas été en mesure de te répondre, car c'est l'examen théorique que les première année ont eu hier, et non la pratique.

- Ah, zut… Je vais devoir attendre la rentrée pour lui poser la question, alors.

- Tu n'as aucun moyen de le contacter ?

- Non, je n'ai pas de hibou, mes parents sont des moldus et ils ont beaucoup de mal avec tout ce qui a trait au monde sorcier…

- Mais Alex a au moins un parent sorcier, je crois ?

- Oui, il est Sang-Mêlé.

- Si tu lui fais gentiment la requête, je suis sûr qu'il acceptera de te communiquer par lettre sa note à l'examen pratique de sortilèges quand il aura les résultats. En tout cas, ça ne te coûte rien d'essayer.

- C'est vrai… Je vais suivre votre conseil, j'irai lui parler dès que je le croiserai.

- C'est un élève très gentil, il ne devrait pas refuser, même s'il est en droit de le faire. Mais je pense que ça le touchera, que tu veuilles savoir si vos séances de soutien ont porté leurs fruits. Bon, ça, je peux te le dire : vers la mi-mars, il y eu de nets progrès dans ses sorts, et depuis, il a bien maintenu son niveau. Tu as de quoi être fier de lui, mais aussi de toi. Car c'est grâce à toi s'il s'est de mieux en mieux débrouillé en cours, même si le plus gros du travail vient de lui.

- Je suis content d'avoir pu l'aider, il mérite qu'on se soucie de lui. Bon, il faut que j'aille manger, merci pour tout, professeur.

Justin s'éclipsa, laissant Sirius seul dans sa salle. Il s'assura une nouvelle fois de n'avoir rien oublié, referma sa mallette et quitta à son tour sa salle de classe. Il se dirigea vers les escaliers, descendit au rez-de-chaussée et pressa le pas jusqu'à la Grande Salle. Il était midi quinze et il avait l'examen des septième année à treize heures. Sur le chemin, il espéra que l'après-midi allait être plus calme que la matinée qui avait été bien plus agitée que tout ce qu'il aurait pu imaginer…

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(vendredi 14/06) POV Pansy

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- Hé, Pansy, ça va ?

La question de Draco fit sortir Pansy de ses pensées dans lesquelles elle s'était égarée. Elle tourna la tête vers Draco et lui sourit.

- Oui, j'avais juste l'esprit ailleurs.

- Tu stresses à cause de l'examen de Défense Contre les Forces du Mal ?

Pansy fit la moue.

- Ça se voit tant que ça ?

- Comme le nez au milieu de la figure. Tu es distraite, tu te ronges les ongles et tu n'as presque rien mangé.

- Je ne peux rien avaler, j'ai comme un gros nœud dans le ventre qui me filerait la nausée direct au moindre truc que j'ingurgiterais…

- C'est typique du trac, ça. Mais essaie de te détendre, ça va bien se passer, relativisa Draco.

- Tu n'en sais rien, répliqua Pansy. Il y a plus de chances que j'aie un Acceptable plutôt qu'un Effort Exceptionnel… Je te rappelle que je n'avais que onze de moyenne en Défense Contre les Forces du Mal lors du conseil d'orientation…

- Mais tu as bien redressé la barre depuis, non ?

- J'ai eu treize à mes deux derniers devoirs.

- Mais tu as beaucoup révisé, et Severus t'a bien dit que si on avait eu un devoir sur table la semaine dernière, tu aurais sûrement eu un Effort Exceptionnel car tu aurais eu plus de temps pour relire tes cours puisqu'on n'avait plus de devoirs à rendre…

Pansy ne put réfuter cet argument.

- Tu as raison, admit-elle. Mais je ne peux pas m'empêcher de stresser… Il me faut au minimum un Effort Exceptionnel en Défense Contre les Forces du Mal aux ASPIC pour que je puisse intégrer la formation que je vise, et pour ça, je dois être autorisée à poursuivre cette matière l'année prochaine et ce ne sera pas possible si je n'ai pas la note requise aux BUSE…

- Écoute, Pansy, tu pars défaitiste et ce n'est pas bon, c'est comme ça que tu risques de te louper, aie un peu plus confiance en toi, évite de trop te mettre la pression et dis-toi que tu es capable de réussir cet examen. Et ce n'est que la théorie, si tu la rates, tu auras la pratique pour te rattraper. Et si ça ne suffit pas, il y aura toujours la seconde session. Avec tout ça, tu vas bien finir par l'avoir, ton Effort Exceptionnel !

Pansy se mit à rire.

- Oui, je veux bien ne pas être la meilleure en Défense Contre les Forces du Mal, mais je ne suis pas non plus un cas désespéré ! Je sais bien qu'il faudrait vraiment que j'aie la poisse pour ne pas avoir un Effort Exceptionnel, même avec les rattrapages, mais mon but, à la base, c'est de ne pas avoir à aller jusque-là…

- Oui, c'est normal, tout le monde préférerait avoir les notes nécessaires dès le premier coup, mais la seconde session est une option à ne pas négliger. Ça permet d'avoir une autre chance, mais aussi d'être plus serein, justement grâce à la perspective de cette deuxième chance. Mais moi, je suis sûr que tu n'auras pas besoin des rattrapages. Mais si c'est le cas, au moins, tu n'auras que la Défense à réviser.

- Pas forcément, contesta Pansy. Il y aura peut-être également la métamorphose. J'avais quatorze de moyenne lors du conseil, et ça n'a pas énormément bougé depuis. Il serait imprudent de me reposer sur mes lauriers, je peux avoir un treize comme un quinze à mon examen de métamorphose…

- Mais cette matière n'est pas incluse dans ta formation, je crois ?

- Elle est proposée, mais elle n'est pas obligatoire. Mais je tiens à continuer la métamorphose, c'est quelque chose qui peut s'avérer utile au quotidien, dans toutes sortes de situations. Il te manque des chaises pour tes invités ? Hop, tu transformes un tabouret en chaise. Tu ne veux pas être facilement reconnu dans la rue ? Hop, tu modifies les traits de ton visage et ta couleur de cheveux avec tous les sorts que tu connais. Pas aussi efficace que du Polynectar, mais en maîtrisant bien la métamorphose humaine, tu peux te faire un autre visage en quelques minutes. Et si tu veux devenir invisible mais que tu n'as pas de cape d'invisibilité, le sortilège de désillusion est un super allié. On n'apprend ce sort qu'en sixième année et on l'approfondit en septième année. Et même si la métamorphose n'est que facultative dans bon nombre de formations, lorsque tu es en ballottage avec d'autres personnes qui veulent intégrer la même formation que toi, tu peux être sauvé en ayant eu la plus haute note en métamorphose aux ASPIC, car ça agit comme un bonus dans ton dossier. Donc c'est vraiment plus qu'intéressant de garder la métamorphose jusqu'aux ASPIC.

- Vu comme ça… J'ai bien fait de conserver cette matière, alors. C'est une matière que j'aime bien et j'ai de très bonnes notes sans avoir à faire trop d'efforts. Par contre, je suis comme toi en Défense Contre les Forces du Mal. J'ai quinze de moyenne mais j'aurais probablement quatorze si je n'étais pas en binôme avec Harry. C'est son domaine de prédilection. J'avais donc d'excellentes notes avec lui aux devoirs en binôme.

- Oui mais même sans lui, tu es capable d'avoir des quinze en travaillant un peu plus qu'en potions, en botanique ou en métamorphose.

- Ce n'est pas faux. Et c'est ce que j'ai fait depuis mon conseil d'orientation. J'ai consacré bien plus de temps à la Défense Contre les Forces du Mal, que ce soit sur les devoirs ou les révisions, qu'aux autres matières. Je devrais m'en tirer avec un quatorze ou un quinze, voire plus si on tombe sur un sujet qui me plaît lors de l'examen théorique, ou si on me demande des sorts que je sais bien lancer lors de l'examen pratique.

- C'est pareil pour moi, en y réfléchissant bien. En fait, il y a une part de chance, dans tout ça.

- Exactement. Il y a toujours des sujets ou des sorts sur lesquels on est moins au point, et on espère toujours ne pas tomber dessus… Mais assez parlé de métamorphose et de Défense Contre les Forces du Mal. Est-ce que ça a été pour toi, la botanique et les sortilèges ? s'enquit Draco.

- Oh oui, je serais franchement déçue si je n'avais pas un Optimal. C'est la note que je vise et que je pense avoir.

- Moi aussi. En ayant bien suivi en cours, c'était facile d'avoir une bonne note. Ce sont les matières les plus simples, de toute façon. Bon, on ferait bien d'y aller, il est sept heures quarante et même si la salle de Défense est au premier étage, on peut être retardés par des bouchons ou par notre devoir de préfet.

Pansy acquiesça et Draco et elle se levèrent. Ils étaient seuls à leur table, Théo s'étant levé très tôt, et Blaise ayant souhaité passer du temps avec Ginny en prenant le petit-déjeuner avec elle, à la table des Gryffondor. Il y était encore, mais Pansy ne se faisait pas de souci pour lui : il était ponctuel et serait à l'heure à l'examen. Pansy quitta la Grande Salle avec Draco et tous deux se dirigèrent vers les escaliers qu'ils gravirent jusqu'au premier étage. Ils n'eurent qu'à traverser le quart d'un couloir pour parvenir à la salle de Défense Contre les Forces du Mal, et ils y entrèrent en y voyant la moitié de leurs camarades déjà installés. Ils s'assirent à leur tour et virent le reste de leur classe arriver au compte-goutte. Dix minutes plus tard, ils étaient tous là. Le professeur Gordon distribua les sujets et annonça le début de l'épreuve. Pansy s'empressa de lire le parchemin :

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Situations :

1) Quelle attitude adopter dans un endroit sombre et inconnu, où il est possible d'être attaqué à tout moment par une quelconque créature ? Que ne faut-il surtout pas faire ? (3 points)

2) Quelle attitude adopter face à une créature inconnue ou peu maîtrisée ? Que ne faut-il surtout pas faire ? (3 points)

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Sortilèges :

3) Quel sortilège utiliser pour repousser des ennemis ? Quel est le schéma à effectuer pour lancer ce sortilège ? (2 points)

4) Quelle est la formule du sortilège Repousse-Moldu ? (1 point)

5) Quelle est la formule du sortilège qui permet de repousser les maléfices ? (1 point)

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Créatures :

Pour chacune de ces créatures, indiquez si possible sa classification, son statut, son affiliation, son alimentation, sa description physique, les lieux naturels ou les régions du monde où elle habite, son comportement, son utilité et l'attitude à adopter face à elle (moyens d'attaquer la créature ou de s'en défendre). Le nombre de points varie selon la quantité d'informations apprises en classe.

- Acromentule (5 points)

- Botruc (5 points)

- Chaporouge (3 points)

- Doxy (4 points)

- Gnome (4 points)

- Goule (3 points)

- Pitiponk (3 points)

- Strangulot (4 points)

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Pansy fut quelque peu mitigée sur le contenu de cette feuille. Cependant, à la vue de tout ce qui était exigé, elle se félicita d'avoir si bien révisé cette matière. Bon, elle n'avait pas tout en tête, mais elle était persuadée que si elle n'avait pas autant relu ses cours, elle n'aurait pas pu faire la moitié de cet examen. Ce dernier faisait appel à toutes les notes que les élèves avaient pu prendre tout au long de leurs cinq années à Poudlard. Les deux questions dites de «situations» traitaient des bases acquises en première année, les trois questions sur les sorts portaient sur les cours de cinquième année, et les questions sur les créatures étaient extraites des cours des cinq années confondues. Pansy fut assez à l'aise avec les deux premières questions, mais elle fut bien consciente de ne pas être suffisamment précise. Elle n'aurait peut-être que deux points sur les trois qu'elle aurait pu avoir. En revanche, elle fut quasiment certaine d'avoir tous les points sur les questions concernant les sortilèges. Elle dut se creuser les méninges pour le schéma, mais heureusement, il lui revint vite en mémoire. La partie la plus longue fut celle sur les créatures. Ce fut aussi la plus difficile, car il y avait beaucoup de détails à donner. Il fallait écrire absolument tout ce que les cinq professeurs qui s'étaient succédé au poste d'enseignant de Défense Contre les Forces du Mal avaient pu dire sur les huit différentes créatures désignées par le sujet. Pansy usa l'heure et demie restante pour noter tout ce dont elle se souvenait à propos de ces créatures. Lorsque le professeur Gordon déclara que l'épreuve était terminée, Pansy fut plutôt satisfaite de sa copie. Ce fut de bonne humeur qu'elle sortit de la salle de classe, en même temps que Draco, Harry, Ron et Justin qui, comme elle, avaient utilisé les deux heures qu'avait duré l'examen. Si Draco et Harry affichaient une mine relativement réjouie, ce n'était pas le cas de Ron qui avait le visage sombre.

- Ça n'a pas été, Ron ? s'inquiéta Pansy.

- Ça aurait pu être plus catastrophique, mais je sais que je vais devoir avoir une sacrée bonne note à l'examen pratique pour rattraper celle que je vais avoir à la théorie… Je suis à peu près sûr d'avoir la moyenne, mais je vais être très loin de l'Effort Exceptionnel…

- Mais tu n'avais pas vocation à poursuivre la Défense Contre les Forces du Mal ? intervint Harry.

- À la base, non, mais… Oh, c'est compliqué…

- Explique-nous, intima doucement Pansy.

Ron soupira.

- J'ai longtemps été dans l'optique de ne faire aucun effort aux BUSE, ne voyant pas à quoi cela me servirait puisque je n'étais intéressé par aucun métier, ma seule ambition étant d'intégrer une équipe de Quidditch, jusqu'à ce que je me raisonne et me décide à faire de mon mieux, ne voulant pas que toutes les portes me soient fermées parce que je n'aurais aucun diplôme en poche… Je me suis alors mis à réviser sérieusement, mais à ce moment-là, j'étais uniquement motivé par la crainte de n'avoir accès à aucune formation si j'échouais dans ma carrière de Quidditch. Mais tout a changé avant-hier et hier, lors des examens de botanique et de sortilèges. On s'accorde tous à dire qu'ils étaient hyper faciles si on avait bien révisé, mais ça m'a fait réaliser que je n'étais pas si bête et que j'étais tout à fait capable de réussir si je le voulais. Et c'est là que j'ai regretté d'avoir prêté si peu d'attention aux cours depuis la quatrième année… Si j'avais pris plus de notes en Défense Contre les Forces du Mal et si je m'étais mis à temps aux révisions, j'aurais pu avoir un Effort Exceptionnel à l'examen qu'on vient d'avoir, et tout ça parce que j'étais trop idiot en négligeant ainsi les cours, je vais me taper un minable Acceptable… À présent, je n'ai qu'une envie : avoir un Effort Exceptionnel en botanique, Défense Contre les Forces du Mal, métamorphose et sortilèges pour avoir un maximum de chances de pouvoir intégrer la formation qui me sera nécessaire quand je saurai enfin le métier que je veux faire après ma carrière de Quidditch… Mais là, c'est trop tard, jamais je ne pourrai continuer toutes ces matières… Je vais juste avoir le droit de garder les sortilèges et la botanique…

- Ne dis pas ça, ordonna Pansy. Tu oublies qu'il y a les rattrapages. Si tu n'as pas la note requise en Défense et en métamorphose et que tu choisis de repasser ces matières, tu auras bien assez de temps pour les réviser et pour t'exercer sur tous les sorts qui te résistent. En t'y mettant à fond, tu peux y arriver. Moi, je crois en toi, alors crois en toi aussi.

Ron parut touché par les mots de Pansy.

- D'accord, je vais faire ce que tu me dis. Merci, tu es vraiment la meilleure.

Ron embrassa Pansy avec une tendresse qui la fit fondre.

- Bon, on va vous laisser, on ne voudrait pas vous déranger, se moqua gentiment Draco derrière eux. On va se détendre dans le parc, en attendant midi, n'hésitez pas à nous rejoindre quand vous aurez fini de vous bécoter.

Draco s'en alla avec Harry et Justin. Pansy secoua la tête.

- Qu'est-ce qu'il peut être bête… Est-ce que tu veux qu'on aille dans le parc avec eux ?

- J'aimerais bien, oui. Il fait beau et chaud, autant en profiter… On se verra après la métamorphose et on ira dans la salle sur demande, si ça te dit. Comme ça, on sera enfin un peu seuls en amoureux.

- Ça me va très bien, comme programme, approuva Pansy avec enthousiasme. C'est mieux qu'on se voit après l'examen de métamorphose, on aura plus de temps que là, maintenant, même en sautant le déjeuner. Mais j'ai promis à tout le monde de ne plus le faire. Allez, on va retrouver les autres ?

Ron acquiesça et Pansy et lui prirent la direction des escaliers, main dans la main. Pansy se sentait beaucoup plus détendue que trois heures auparavant. Son examen de Défense Contre les Forces du Mal s'était bien passé, elle avait eu la preuve qu'elle avait suffisamment révisé, contrairement à ce qu'elle avait craint, et grâce à tout cela, elle était bien plus confiante pour la métamorphose qu'elle ne l'avait été pour ce premier examen de la journée.

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Deux heures et demie plus tard, Pansy entra dans la salle de métamorphose en compagnie de toute la bande. Ils avaient quitté en même temps la Grande Salle et avaient sauté sur l'occasion pour faire le chemin ensemble jusqu'à leur salle d'examen. Une fois toute la classe installée et le silence obtenu, les sujets furent donnés et le professeur Lupin signala le début de l'épreuve. Pansy retourna le parchemin et lut ce qui y était inscrit :

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1 – Définissez ce qu'est la métamorphose. (0,5 point)

2 – Quelles sont les bases pour lancer correctement un sortilège de métamorphose ? (1,5 point)

3 – Citez quatre formes de métamorphose. (2 points)

4 – Quels sont les éléments à prendre en compte pour transformer un verre en un drap en soie ? (1,5 point)

5 – Que permet le sort Réparifagex ? (0,5 point)

6 – À quoi sert le sortilège de transfert ? Quels sont la formule et le geste à effectuer ? (1,5 point)

7 – Quel sort permet de transformer une pintade en un cochon d'inde ? (0,5 point)

8 – À quoi sert le sortilège d'Inanimatus Apparitus ? À quel autre sort ressemble-t-il et quelles sont les différences entre ces deux sorts ? (2,5 points)

9 – Qu'est-ce qu'un Animagus ? Vous composerez avec tout ce que vous savez sur cette notion. (5 points)

10 – Qu'est-ce qu'un(e) métamorphomage ? Vous composerez avec tout ce que vous savez sur cette notion. (5 points)

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Un soupir de soulagement faillit trahir l'état d'esprit de Pansy. Comme pour la Défense Contre les Forces du Mal, un Effort Exceptionnel à cet examen de métamorphose était accessible à tous ceux qui avaient bien révisé. Certaines questions étaient plus complexes que d'autres, mais c'était normal et il n'y avait pas de pièges : elles abordaient toutes des sortilèges et des thèmes qui avaient été vus en cours. Les professeurs n'étaient pas des traîtres : ils ne faisaient que contrôler des connaissances qui étaient censées être acquises. Et le niveau se justifiait par le fait qu'il s'agissait d'un examen de BUSE. Cela n'empêcha cependant pas Pansy de traiter aisément la plupart des questions. Il n'y eut que la cinquième et la huitième question qui lui posèrent problème. Il lui fallut cinq bonnes minutes pour se souvenir que le sort Réparifagex servait à annuler un sortilège de métamorphose incomplet, et elle n'eut en tête qu'une seule différence entre le sortilège d'Inanimatus Apparitus et le sortilège qui lui ressemblait, le sortilège d'Apparition. C'étaient des sortilèges qui n'avaient été étudiés qu'en théorie, car faire apparaître des objets ou des êtres animés relevait de la branche de métamorphose la plus difficile avec la métamorphose humaine. Pansy et ses camarades ne pratiqueraient ce genre de sortilèges qu'en sixième année. Après avoir répondu aux huit premières questions, Pansy regarda l'heure et vit qu'elle avait une heure quinze pour faire de même avec les deux dernières questions. Elle écrivit tout ce qu'elle avait en mémoire sur les Animagi et les métamorphomages. Lorsqu'elle remit au professeur Lupin sa copie, elle fut plutôt satisfaite de celle-ci. Elle avait eu tort de redouter autant les examens de cette journée-là. Tout s'était bien déroulé, si bien qu'elle était quasiment sûre d'avoir un Effort Exceptionnel, à la fois en Défense Contre les Forces du Mal et en métamorphose. La moitié du travail était faite, car il y avait également la pratique où elle allait devoir performer. Et c'était loin d'être gagné, étant donné qu'elle avait eu du mal avec plusieurs sorts de Défense Contre les Forces du Mal et de métamorphose. Elle croisait donc les doigts pour ne pas tomber sur ces sorts lors de son examen pratique. Lorsqu'elle sortit de la salle, elle fut accueillie par Ron qui était parti un quart d'heure avant la fin de l'examen.

- Ça a été ? s'enquit-il.

- Oui, je n'ai pas trop à me plaindre, affirma Pansy. Et toi ?

- Je n'aurai pas un Optimal, faut pas rêver, mais c'était mieux que la Défense Contre les Forces du Mal. Si j'ai un treize, ça suffira amplement à mon bonheur. Il faut à tout prix que je fasse mieux lors de la pratique. On bouge ?

Pansy acquiesça et entremêla ses doigts à ceux de Ron. Ce fut ainsi qu'ils se rendirent au septième étage, puis à la salle sur demande. Ils s'assirent sur une grande couverture rouge et verte qui s'était matérialisée et s'adossèrent contre des coussins qui étaient eux aussi aux couleurs de Gryffondor et de Serpentard.

- Ah, ce qu'on est bien, ici, soupira Pansy.

- Mmmh, fit Ron.

Pansy fronça les sourcils.

- Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as l'air chafouin, tout à coup…

Ron baissa les yeux et se mit à jouer distraitement avec un pan de la couverture.

- C'est juste que… je viens de réaliser qu'on n'aura pas beaucoup de temps à passer ensemble après les examens… Il n'y aura plus de pression, on sera libres, on pourra faire tout ce qu'on veut, et on n'aura même pas l'occasion d'en profiter puisqu'il faudra rentrer chez nous…

- C'est comme ça chaque année, fit tristement remarquer Pansy.

- Oui, mais les années d'avant, je n'avais pas de petite-amie… Déjà que deux mois loin de ses amis, c'est dur, mais deux mois loin de sa petite-amie, c'est encore plus dur…

Pansy sentit son coeur se serrer. Elle n'aimait pas voir Ron comme ça, chagriné et démoralisé. Mais elle comprenait sa peine, car elle partageait exactement la même. Sauf qu'elle avait plus de facilités à la cacher que Ron. Mais tout comme lui, elle imaginait mal ses vacances sans la personne qu'elle aimait. Et cela allait être compliqué pour eux d'aller chez l'un ou chez l'autre, car cela impliquerait des présentations officielles, ce qui gênait Ron qui avait peur que sa mère réagisse aussi mal qu'elle l'avait fait envers le compagnon d'un ses frères aînés, et du côté de Pansy, le souci résidait dans le fait que son petit frère allait naître pendant les vacances, et elle estimait que ce ne serait pas trop le moment d'inviter son petit-ami à la maison… À part si ses parents accepteraient de la laisser seule quand ils seraient à Sainte-Mangouste… Dans le monde sorcier, les femmes enceintes n'avaient pas à aller à Sainte-Mangouste dès le début des contractions, mais sept à dix jours avant la date prévue de l'accouchement, car il subsistait le risque que ça arrive plus tôt, et c'était la période où le risque était le plus élevé. Et quel que soit le moyen de déplacement, c'était très dangereux d'aller à Sainte-Mangouste alors que le travail était en cours. Le petit frère de Pansy devant naître le quinze juillet, sa mère était attendue dès le cinq à la maternité. Comme il l'avait fait seize ans plus tôt, le père de Pansy avait décidé de rester en permanence auprès de sa femme jusqu'à la naissance du bébé. Mais ne souhaitant pas que Pansy soit livrée seule à elle-même, ses parents avaient convenu qu'elle irait chez son parrain durant leur absence, ce dernier étant disponible jusqu'au vingt juillet, avant d'aller effectuer ses premières conférences. Jusque-là, Pansy avait approuvé ce choix, adorant son parrain et ne le voyant pas souvent, mais ça, c'était avant qu'elle n'ait l'idée de faire venir Ron… Cela leur permettrait d'être séparés moins longtemps, et il y aurait ainsi quelqu'un avec elle, ce qui rassurerait ses parents. Enfin, partiellement, car ils seraient vraiment rassurés s'il y avait une personne majeure avec elle… Ce qui n'allait pas être le cas, vu que Ron serait mineur. Tout compte fait, les parents de Pansy n'allaient peut-être pas être d'accord avec cette idée. Cela ne coûtait toutefois rien d'essayer. Mais avant cela, elle devait en parler à Ron, dont l'aval des parents leur serait également nécessaire. Cela allait être une autre paire de manches. «On verra ça plus tard, il faut y aller étape par étape» se dit Pansy. Elle rompit le silence qui s'était installé entre Ron et elle pendant sa réflexion :

- Ron ?

- Oui ?

- J'ai quelque chose à te proposer.

- Je t'écoute.

- Est-ce ça te dirait de venir chez moi, au début des vacances ?

Ron sembla surpris.

- Mais… je croyais que ce ne serait pas raisonnable avec la naissance imminente du bébé…

- Justement, tu viendrais quand mes parents seront à Saint-Mangouste.

- Ils voudront bien, d'après toi ?

- Je n'en sais rien, avoua Pansy. Le truc, c'est qu'ils veulent que quelqu'un de responsable veille sur moi, c'est pour ça qu'ils ont missionné mon parrain de s'installer à la maison durant le temps où ils seront à la maternité. Mais il a ses conférences à préparer, si je suis dans ses pattes, ça ne va pas être évident pour lui… Je ne le dérangerai pas, en réalité, mais ce serait mieux qu'il soit au calme pour s'organiser. Mais je vais tenter de faire en sorte de pouvoir le voir un peu avant qu'il n'aille faire ses conférences.

- Ça va être rock'n'roll, tes vacances… Mais sinon, ça me plairait bien de venir chez toi, oui.

- Est-ce que ce serait ok pour tes parents ?

- Ça, c'est une bonne question. Mais je crois que si je leur demande si je peux aller chez toi, ils vont plutôt vouloir que toi, tu viennes, prédit Ron. Ce sera plus logique pour eux, et plus prudent. Et il y a plus de chances que cette éventualité convienne à tes parents.

Pansy réfléchit un court instant avant de déclarer :

- Ce n'est pas bête du tout. Mais il y a toujours un problème, à savoir le fait que ça t'angoisse, l'idée de me présenter à tes parents…

- Il faudra bien le faire un jour, de toute façon… Et puis je me base sur l'échec que ça a été quand le petit-ami de George a séjourné au Terrier, mais ce n'est pas parce que ça s'est mal passé à l'époque que ce sera forcément pareil avec toi…

- Absolument, approuva Pansy. Moi, perso, ça ne me stresse pas, de rencontrer tes parents. Donc si ça te va, on en discute chacun de notre côté avec nos parents et on se tient au courant.

- D'accord, on fait comme ça. Je m'en occuperai dès que je serai rentré. Je me doute que mon père a dû apprendre au Ministère que je sortais avec une fille, et qu'il a dû le dire à ma mère, mais je n'ai pas très envie d'aborder le sujet pour la première fois avec eux par lettre

- Non, ce n'est pas la meilleure des choses à faire, grimaça Pansy. Rien ne vaut le face à face. Bon, le plan de mes vacances est totalement chamboulé, avec tout ça…

- Oh mais attends… Et ton stage ? s'inquiéta Ron. Si tu viens chez moi, comment tu vas faire pour ton stage ?

- Du calme, tempéra Pansy. D'une, je n'ai encore ni la date, ni l'endroit où il aura lieu, et de deux, je n'aurais pas choisi début juillet comme période de stage, car j'ai tout de même mon mot à dire là-dessus. Donc ne t'en fais pas, si je séjourne chez toi, je serai libre comme l'air.

- Ouf, tant mieux.

Le visage de Ron s'illumina soudain.

- Hé, je n'avais pas réalisé, mais on est en week-end, se réjouit-il.

- Oh mais oui, c'est vrai ! Je ne m'en étais pas aperçue non plus… Avoir commencé les examens un mercredi, ça nous décalque complètement… Et si on fêtait ça par un petit bisou ? On ne s'est même pas embrassés depuis qu'on est ici, fit remarquer Pansy.

- Ah oui, on oublie tout, décidément, s'amusa Ron. Mais remédions tout de suite à cela…

Comme pour joindre le geste à la parole, Ron posa ses lèvres sur celles de Pansy. Celle-ci le laissa faire et ouvrit un peu les lèvres, ce qui fut suffisant pour que Ron puisse aller chercher la langue de Pansy avec la sienne, approfondissant ainsi le baiser. Ils le rompirent assez vite, mais pour mieux le reprendre quelques secondes plus tard. Ils firent cela plusieurs fois, puis ils s'allongèrent et Pansy se blottit contre Ron qui resserra leur étreinte en entourant la taille de Pansy de son bras. Ils parlèrent de tout et de rien et ne virent pas l'heure tourner. Ce furent leurs ventres qui, vers dix-neuf heures, leur signalèrent qu'il était temps d'aller manger. Ce fut alors à contrecoeur qu'ils quittèrent la salle sur demande afin de se rendre à la Grande Salle. Mais ils se promirent de se retrouver après le dîner. Ils ignoraient s'ils iraient de nouveau dans la salle sur demande ou dans le dortoir de Ron, mais une chose était sûre : ils allaient passer la soirée en amoureux…

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Et voilà pour aujourd'hui ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! Il était assez court, comparé au précédent, mais je ne pouvais pas faire autrement XD Et c'est plus digeste, parfois, des chapitres de 20 000 mots, surtout quand il est question d'examens XD Bon, sur ce, je vous donne rendez-vous le dimanche 27 novembre pour le prochain chapitre intitulé «Week-end de transition». D'ici là, je vous souhaite de passer deux bonnes semaines, portez-vous bien, bon courage pour les études, pour le travail ou pour toute situation dans laquelle vous vous trouvez, je vous embrasse fort, et plein de bisous tout le monde !