Oui, je sais, ça fait longtemps, désolée... À la base, j'avais prévu de boucler les OS prévus pour Halloween de cette année mais avec le boulot, bah, j'ai pas eu le temps (en plus d'avoir manqué d'inspi) mais, la bonne nouvelle, c'est que j'ai pu écrire deux nouveaux OS que je vous présente tout de suite !

Bonne lecture !


Aristocratie sur la piste

Avec une grimace incontrôlée, Blaise se boucha une oreille. Le cri de stupeur que venait de pousser Neville avait été si puissant qu'il aurait pu lui percer le tympan. Se tournant dans sa direction, le Serpentard voulut comprendre ce qui l'avait effrayé à ce point. En le voyant faire face à Dean, il se rappela le cours du professeur Lupin, sur les épouvantards. Évidemment que Neville avait eu peur, son ami avait eu la brillante idée de se déguiser à l'effigie du professeur Rogue ! Et de dos, c'était plutôt réussi. Lui-même avait failli se faire avoir un peu plus tôt dans la soirée, mais Dean ne dégageait pas du tout la même aura que le professeur Rogue.

Avalant une nouvelle gorgée de son verre, malgré la manche qui l'encombrait un peu trop à son goût, Blaise tourna les yeux vers la personne qui s'approchait de lui. Il reconnut aisément Daphné, malgré son costume.

- Tu n'as pas l'air de t'amuser, constata la jeune fille en se postant à côté de lui, observant à son tour la piste de danse.

- Toi non plus. As-tu seulement accordé la moindre danse à qui que ce soit ?

Daphné lâcha un petit rire et lança un regard en coin à Blaise.

- À l'un de ces idiots ? Non, merci. Il n'y a guère que toi et Draco à qui j'en aurais accordé une, mais Draco s'est éclipsé je-ne-sais-où et tu n'es pas friands de ce genre d'amusement.

Blaise reconnut volontiers qu'elle n'avait pas tort. Une fille comme Daphné ne pouvait pas se laisser aller à accorder de l'importance à n'importe qui. En plus de cela, elle était l'aînée de sa fratrie et ses parents attendaient beaucoup d'elle. Tout comme sa propre mère en attendait beaucoup de lui. Posant son gobelet sur une table, Blaise se tourna complètement vers sa camarade et lui tendit une main, son autre bras reposant dans son dos.

- Puisque Draco n'est pas là, et même si ce n'est pas sur ce genre de musique que nous avons appris à danser, je ne peux décemment pas te laisser seule dans ton coin.

- M'invites-tu à danser ?

- Il me semble que oui, répondit Blaise. Tu acceptes ?

Après une seconde de réflexion, Daphné posa son verre derrière elle et offrit sa main à Blaise.

- Eh bien, je n'ai rien de mieux à faire alors…

Ils le savaient très bien tous les deux, ce qu'ils faisaient était par pur dépit. Blaise sortit sa baguette, et d'un léger coup du poignet, changea la musique pour diffuser une valse, faisant râler quelques élèves au passage. D'autres se prêtèrent volontiers au jeu.

- Tu savais que McLaggen et Finnigan sortaient ensemble ? Questionna Daphné en positionnant ses mains sur le corps de Blaise.

- Non, mais je ne m'intéresse pas aux Gryffondor. Contrairement à Draco, même Potter m'indiffère.

- Tu es plus sage que lui, complimenta la jeune fille.

Baissant un peu le menton, Blaise posa les yeux sur elle. Curieuse, Daphné les releva et pencha la tête sur le côté.

- Ai-je dit quelque chose ?

- Non. Enfin, je me demandais juste si tu le pensais suffisamment pour songer à t'engager avec moi. Si mon statut était suffisant.

- Tu me proposes un mariage ? S'étonna Daphné.

Blaise haussa les épaules. Il savait très bien qu'il n'avait ni le coffre de Draco, ni son influence ou sa réputation. Bien sûr que son ami était un bien meilleur parti – il l'épouserait lui-même s'il le pouvait – mais il aimait penser qu'il n'était pas un si mauvais choix. Au fond, Blaise n'était pas du genre à s'inquiéter de son avenir marital. Ou de son avenir tout court. Il savait – et, au pire, il pourrait toujours compter sur sa mère là-dessus – qu'il épouserait une femme d'un rang acceptable, qu'il serait tenu de lui faire au moins un enfant, et qu'ensuite, comme c'était le cas pour la plupart des couples de Sang-Pur, chacun vivrait sa vie de son côté. Oh, bien sûr, il n'était pas assez stupide pour ne pas savoir que Daphné comprenait très bien qu'il ne s'intéressait pas réellement à elle.

- Et pourquoi je devrais te choisir toi ? Demanda-t-elle, dansant toujours. Tu n'es pas ce que je peux espérer de mieux.

- Non, mais tu peux te retrouver avec pire.

Sur ces mots, Blaise pointa du menton Goyle et Pansy. Cette dernière était à nouveau en train de lui hurler dessus pour avoir tâché sa robe avec du glaçage. En reposant les yeux sur elle, Blaise vit Daphné froncer du nez dans une mimique de dégoût.

- Je ne sais pas si le pire est Goyle et son manque d'hygiène ou le fait que Pansy soit pathétique.

- Je ne saurais pas le dire moi-même.

Se sentant observée, Daphné releva les yeux et ne se trompa pas en rencontrant les prunelles de Blaise.

- Tu pourrais trouver un partenaire parmi une autre maison, mais en ce qui concerne les Serpentard, il ne te sera pas aisé de te mettre Draco dans la poche.

Accompagné d'un soupir, il la vit rouler des yeux.

- Ne m'en parles pas. Mes parents seraient aux anges si j'arrivais à obtenir l'approbation de Draco pour des fiançailles. Mais au-delà du fait indéniable de me confronter à un mur qui, si tu veux mon avis, n'est pas très friand de mes congénères, je n'ai aucune envie de passer le reste de ma vie avec cet insupportable prétentieux.

- Tu parles de mon meilleur ami, pouffa Blaise.

- Parce que tu nierais quoi que ce soit de ce que je viens de dire ?

Réfléchissant faussement, Blaise accorda un sourire à Daphné tout en resserrant sa prise sur sa taille.

- Draco a, je veux bien l'admettre, extrêmement confiance en lui.

- Si ça se limitait à ça, railla Daphné.

Lorsqu'elle se rendit compte qu'elle venait de couper Blaise de façon parfaitement impoli, elle se pinça les lèvres.

- Je suis désolée.

- Je disais donc, reprit Blaise, sans se préoccuper de ce petit dérapage, qu'il est effectivement un peu imbu de sa personne.

Le gloussement que Daphné ne put retenir fit sourire Blaise qui continua sur sa lancée, sourire aux lèvres.

- Du reste, je comprends que peu de personnes soient aptes et veuilles de lui pour quelque chose d'aussi indéfectible qu'un mariage. Mais j'avoue ne pas très bien saisir ce que tu sous-entends par « pas très friand de tes congénères ».

- Oh, eh bien, c'est très simple. Je suis presque sûre qu'à choisir entre toi et moi, il te choisirait toi.

S'arrêtant brusquement de danser, Blaise fixa Daphné droit dans les yeux, sous le choc.

- Tu prétends qu'il serait… gay ?

- Peut-être pas de façon catégorique, mais tu ne peux pas nier qu'il a un certain intérêt pour la gante masculine. Intérêt qui dépasse la simple curiosité intellectuelle.

En voyant que Blaise restait toujours inerte, Daphné commença à glousser.

- Ne me dis pas que tu n'avais jamais réfléchi à ça.

- Je dois dire que non. Ça ne m'avait jamais effleuré l'esprit.

- De toute façon, ça n'a pas d'importance, conclus Daphné en relançant la valse. Ça n'est pas si rare et il fallait bien qu'au moins une personne de notre entourage soit de ce bord, non ?

- Je suppose que tu as raison.

Blaise était tout de même dérouté. Son meilleur ami était gay ? Comment n'avait-il pas remarqué quoi que ce soit ? Et pourquoi diable Draco ne lui avait-il rien dit ? Enfin ce n'était pas vraiment le sujet principal.

- Tu essaies de te défiler ? Demanda Blaise en retrouvant un peu de ses esprits.

- Me défiler ? De quoi ?

- De notre conversation. Nous ne parlions pas de Draco, que je sache.

- Pas explicitement, mais il faisait partie intégrante de la discussion, renchérit Daphné.

Amusé de son audace, Blaise mit un peu plus de force que nécessaire dans leurs pas.

- Es-tu sûr de toi lorsque tu envisages une relation entre toi et moi ? Voulut savoir Daphné.

- Ce n'est pas une question d'être sûr ou même sérieux, bien que sur ce point je le sois, mais plutôt d'être assez malin pour reconnaître un bon parti. Et je sais pertinemment que si je tarde trop, la place risque d'être prise.

Daphné dut reconnaitre la justesse de ses paroles. Elle hocha légèrement la tête, y réfléchissant encore. D'après ce qu'elle savait, avait pu voir et entendre, et d'après ce qu'on avait pu lui rapporter, Blaise était un garçon à ne pas laisser filer. Il n'était pas vilain – et en songeant à cela, elle glissa un regard vers Marcus Flint, qui délaissait le peu de dignité dont il avait hérité à la naissance – il était d'une intelligence bien suffisante et il n'était pas méchant. À n'en pas douter, plus d'une jeune fille se jettera sur lui lorsque le moment de trouver un partenaire ad vitam aeternam arrivera. Peut-être qu'il valait mieux jouer la sécurité tout de suite et, au pire, Blaise serait sans doute apte à rompre leur contrat si elle trouvait mieux.

- Qu'est-ce que tu voudrais faire ? Établir un contrat ?

- Nous n'en sommes pas encore là. Peut-être pourrions-nous commencer à parler de l'éventualité d'une union entre nous et, si l'idée nous paraît acceptable, informer nos parents.

- Si cela leur convient, et je ne pense pas que cela posera le moindre problème, nous serons sans doute promis l'un à l'autre avant la fin de nos études.

- Je t'avoue que j'espère en arriver là. Je n'ai pas très envie de subir l'éternelle chasse au fiancé de toutes les héritières de bonnes familles.

- Et je n'aurais pas à le subir non plus. Je trouve le compromis plutôt intéressant, mais j'aurais quelques conditions, tu t'en doutes certainement.

Ça, le garçon en aurait mis sa main à couper. Il n'espérait de toute façon pas avoir droit à un quelconque mariage sans que sa future épouse émette un nombre de conditions plus ou moins correctes. Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre avec Daphné, après tout, même s'ils faisaient partie de la même maison et s'étaient croisés à plusieurs reprises, il ne la connaissait pas plus que ça. Il connaissait surtout sa jeune sœur, Astoria, pour la fixation qu'elle faisait sur Draco depuis quelques années. D'ailleurs, il la voyait arriver vers lui et se raviser aussitôt dès qu'elle le remarqua en bonne compagnie. Étrange. Reposant les yeux sur Daphné qui ne se préoccupait pas de lui et de ses interrogations, il essaya de savoir si lui avait des conditions à imposer. Tout ce qui Blaise désirait, comme à peu près tous les hommes peuplant cette planète, c'était d'avoir sa tranquillité. Il n'avait pas particulièrement envie de se ruiner la santé, et de perdre son temps à parcourir les soirées mondaines. Alors, tant qu'elle n'avait pas besoin de lui, Daphné pourrait bien faire ce qu'elle voulait.

- Je t'écoute.

- Je veux pouvoir changer d'avis. Si jamais je trouve mieux, que ce soit un meilleur parti ou un homme dont je tomberais amoureuse, je ne veux pas me retrouver obligée de t'épouser parce que ce sera la promesse que l'on se serait faite.

- Ça me paraît raisonnable, déclara Blaise.

- Et j'aimerais, si jamais nous ne gardons qu'une relation cordiale, pouvoir disposer de mon temps et de mon argent comme je l'entends.

- Je n'avais pas l'intention de te priver de ta liberté. À vrai dire, je t'aurais même demandé de me laisser la mienne.

- Dans ce cas, nous sommes d'accord.

- Ça y ressemble.

À la fin de leur conversation, la musique changea à nouveau et ils se détachèrent un de l'autre. Blaise pesta dans sa barbe à propos de son déguisement encombrant mais se tourna vers Daphné pour lui rendre son verre. Ils se regardèrent dans les yeux et trinquèrent silencieusement à cet arrangement qu'ils venaient de prononcer à demi-mot.

Puis, sans le savoir, ils pensèrent tous les deux à la même chose au même instant : au fond, on ne savait jamais de quoi demain serait fait.