J'admets que l'OS précédent n'est pas trop dans le thème humoristique du recueil, j'ai d'ailleurs eu un peu de mal à le boucler à cause de ça, mais je vous promets que (même si ça risque à nouveau d'arriver avec une ou deux histoires) ce que vous vous apprêtez à lire va rééquilibrer la donne, du moins j'espère !
J'ai hâte d'avoir vos retours sur cet OS, perso, c'est mon préféré jusque-là.
Le crapaud et la paysanne
Ginevra Weasley, dit Ginny – ou Gin, pour certains de ses frères – n'avait visiblement pas compris le but de la soirée organisée par son frère Ron, son ex petit-ami Dean, Seamus le meilleur ami casse-pieds de celui-ci, cet idiot de Neville avec qui elle était allée au bal de Noël l'année précédente et Harry, le garçon de ses rêves. En effet, au lieu de venir dans un déguisement (qui à l'origine se voulait terrifiant mais pouvait aussi être humoristique comme celui qu'Harry avait décidé de porter) ou sans, comme l'avait fait Crabbe qui n'avait, lui non plus, pas saisis le concept d'une fête d'Halloween, elle était arrivée vêtue d'une robe plus saillante encore que celle que sa mère lui avait envoyé l'année précédente. Il fallait dire que celle-ci, l'une de ses amis la lui avait prêtée. Elle était donc la seule, au milieu de dizaines d'adolescents plus ou moins lucides et possédant encore pudeur et dignité, à être sur son trente-et-un. Elle s'était sentie très mal à l'aise, au début – et nous pouvons aisément la comprendre, se donner ainsi en spectacle n'était pas donné à tout le monde – puis avait finalement inventé une signification douteuse à sa tenue pour la faire passer pour un costume d'Halloween.
Passons ce détail, inutile de trop s'attarder là-dessus, vous attraperez une crampe aux neurones. Ce que Ginny avait espéré, au minimum, était d'attirer l'attention d'un garçon avec un charme relatif qui lui aurait fait passer une bonne soirée, et peut-être plus si affinité. N'imaginez pas de telles choses, nous parlons d'une enfant ! Mais si c'est ce que vous tenez à voir, il faudra attendre encore un petit peu, nous ne sommes pas loin. Quoi qu'il en soit, malgré ses espoirs, personnes ne sembla accorder à Ginny l'attention qu'elle aurait aimé susciter. Tous ou presque s'était trouvé quelqu'un avec qui danser, ou au moins discuter.
Soupirant, Ginny s'adossa à la cheminée et regarda tout ce beau monde passer une bien meilleure soirée qu'elle. Était-elle trop jeune ? Ou pas assez jolie ? Soupirant encore, elle porta son verre à ses lèvres et trouva du réconfort dans le mélange de jus de fruit que quelqu'un avait visiblement trouvé utile de fortifier.
De l'autre côté de la salle, zigzaguant entre les élèves (tous plus jeunes, à son grand désarroi) un garçon cherchait également de la compagnie. La compagnie d'une fille, de préférence. Et s'il n'était pas assez désespéré pour aller voir Millicent ou Pansy, il n'avait pas non plus envie de se confronter à Daphné l'indifférente ou Astoria l'hystérique. Non, s'il devait draguer une personne dans ce ramassis de chiards et de parasites, Marcus allait jeter son dévolu sur la fille Weasley. Ses frères étaient tous occupés et il ne risquait pas grand-chose. Convaincu de son charisme à toute épreuve et arborant son plus beau sourire, l'ancien capitaine de l'équipe des Serpentard bomba le torse et s'élança vers l'adolescente. Plus il s'approchait – et malgré la couleur de ses cheveux – et plus il lui trouvait une certaine beauté.
Se postant à côté d'elle, il posa son bras sur le bord de la cheminée.
- T'es toute seule ? Demanda-t-il.
Sursautant d'abord, Ginny tourna la tête et grimaça en voyant qu'il s'agissait de Flint. Plus repoussant, ça n'existait pas. Et son costume de gargouille allait bien avec sa face ravagée.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Doucement tigresse, je te posais juste une question.
- Si tu pouvais aller la poser à quelqu'un d'autre, ça m'arrangerait.
Ne souhaitant pas rester plus longtemps que nécessaire en sa compagnie, et jamais une seule seconde passée avec Marcus Flint ne sera nécessaire à qui que ce soit, Ginny se décolla de la cheminée et partit remplir son verre qu'elle avait tout de même fini. Sur ses talons, Marcus l'a suivie jusqu'au buffet.
- Je t'offre à boire ?
Fronçant les sourcils, Ginny lui accorda un regard en coin et se demanda s'il était plus stupide encore que ce qu'elle avait cru, ou entendu. Il fallait dire que les gens étaient plutôt avares de compliments envers Marcus, surtout quand il était question des deux neurones qu'il peinait fortement à assembler et à faire fonctionner correctement.
- C'est un buffet, espèce de crétin, lança Ginny avant de commencer à repartir, son verre à nouveau plein.
- Je suis un gentleman, que veux-tu, minauda Flint.
Son verre à la main, Ginny se tourna vers lui et le regarda droit dans les yeux, sans ciller.
- Je ne suis même pas sûre que tu saches ce que le mot « gentleman » veut dire. Et dans tous les cas, je préférerais encore passer ma soirée avec Rusard plutôt qu'avec toi.
- Serait-ce une confession ?
Levant les yeux au ciel, Ginny commença à s'en aller mais eut le déplaisir d'être toujours suivie par ce qui était visiblement non pas une gargouille mais une vraie sangsue !
- Rusard serait donc ton genre d'homme.
- Ferme-la Flint, ou je te jette mon verre à la figure, s'agaça Ginny.
- Je te pensais plus gentille que ça Weaslette.
Marcus soupira légèrement, de la même façon que s'il avait été déçu, ce qui énerva encore plus la jeune fille. N'avait-il vraiment personne d'autres à aller embêter ?
- Pourquoi tu ne vas pas voir les cafards de ta maison ? Demanda-t-elle, espérant s'en débarrasser pour de bon.
- Ils sont beaucoup moins intéressants que toi. Et ces filles me font vraiment peur, ajouta-t-il.
Et pour une fois, il disait la vérité. Si Millicent était aussi inoffensive qu'un boursouflet, Pansy et les sœurs Greengrass pouvaient se comporter en véritables dragons. Il n'y avait bien que Draco Malfoy pour savoir canaliser et supporter ces filles.
- Et il faudrait quoi pour que tu aies suffisamment peur de moi pour que tu me lâches les baskets ?
- Oh mais rien, tu es une docile petite griffonne, non ?
Là, s'en était trop. Exaspérée, Ginny fit volte-face et jeta son verre sur Flint. Une partie de son maquillage grisâtre se mit à couler et il mit bien quelques secondes à reprendre ses esprits.
- Pourquoi tu as fait ça ?! Lança Flint sur le vif.
Sortant rapidement sa baguette, Ginny la pointa juste sous le nez de Marcus.
- Je te jure que la prochaine fois, ce sera un sort que tu te prendras dans la figure alors va embêter quelqu'un d'autre.
- J'adore ton petit côté hargneux, répondit Flint avec un léger grognement à faire vomir n'importe qui. Tu es branché sadisme ?
Dégoûtée, Ginny n'eut même pas l'envie de mettre sa menace à exécution. Elle voulait juste fuir. Loin. Très, très loin, de ce type bizarre aux penchants visiblement très douteux.
- Mais reviens ! Héla Flint en se mettant à la suivre. On venait à peine de commencer quelque chose d'intéressant.
- Il n'y a rien d'intéressant avec toi, Flint, lui cracha Astoria en passant près de lui après l'avoir regardé de la tête aux pieds.
Elle fit ensuite ce petit regard qui donnait à l'adolescent des envies de meurtres, et le laissa planté là. Elle allait sûrement essayer de retrouver son Draco-chéri, qui n'en avait rien à faire d'elle.
- Si tu te crois mieux, regarde-toi dans un miroir ! Cria-t-il à la jeune fille.
Bouillonnant de l'intérieur d'avoir envie de lui rabattre son caquet, même s'il ne voulait en aucun cas subir les répercussions, Marcus fit un effort pour se calmer. Il devait retrouver la fille Weasley. Foi de Serpentard, il n'avait pas l'intention de quitter cette soirée sans avoir obtenu le moindre petit baiser. Quand on faisait abstraction de sa famille et de sa maison, elle n'était pas si moche. Et bien que Marcus ne voudra jamais l'admettre, aucune autres filles, belles ou laides, n'auraient voulut s'approcher de trop près de lui – probablement de peur d'attraper quelque chose d'incurable, comme sa stupidité – et Ginny Weasley faisait également partie de ces filles. À dire vrai, la plupart des garçons aussi, évitaient de s'approcher de Marcus. Il était laid, idiot, et la moindre phrase correctement construite qui arrivait à franchir la barrière de ses lèvres donnait envie à n'importe qui de lui coller son poing dans la face. Farfouillant la salle des yeux, il repéra sa chevelure rousse au milieu de la foule et n'hésita pas à jouer des épaules pour la rejoindre.
- Tu as bien failli me filer entre les doigts mon chaton.
Écarquillant les yeux, Ginny se figea complètement. Elle n'avait ni vu, ni entendu Marcus arriver dans son dos. Et voilà qu'il l'appelait « mon chaton », elle allait vraiment vomir. Pour espérer lui échapper, elle ne perdit pas une seconde de plus et pris ses jambes à son cou quand elle sentit des doigts frôler la peau nue de son bras. Ginny se fichait bien de bousculer ses camarades sur la piste et elle ne les écoutait pas non plus exprimer leur mécontentement. Elle voulait juste que Marcus Flint cesse enfin de s'intéresser à elle. Mais Ginny entendait l'adolescent l'appeler, lui donner de petits surnoms mignons et elle finit par se demander, sincèrement, si elle n'avait pas été maudite. Autrement, comment expliquer qu'il semble si obstiné ? Et qu'attendait-il d'elle au juste ? En fait, peu importait ce qu'il attendait, il était exclu d'office que Ginny cède quoi que ce soit à cette verrue humanoïde. Elle ne voulait rien à voir affaire avec lui de près ou de loin. C'était Marcus Flint bon sang ! Et Ginny n'était pas vraiment du genre à vouloir s'accoquiner avec un Serpentard quel qu'il soit, même le plus mignon d'entre eux.
- Darling, revient ! Entendit-elle crier dans son dos.
Un frisson lui parcourant chaque fibre du corps, elle accéléra le pas et lorsqu'elle vit le panneau indiquant les toilettes, elle se dit que c'était sans doute le meilleur moyen pour se cacher de lui. Parce qu'il ne lui restait plus que ça : se cacher. Ses frères, s'ils en avaient quelque chose à faire, étaient tous occupés. Soulagée de franchir enfin la porte et de mettre de la distance entre elle et Flint, Ginny soupira tout son soûl, les mains encore appuyées sur la porte. Elle était enfin tranquille. Ou pas. Elle entendit de petits bruits exactement au même moment où elle se tourna pour voir un garçon, de dos, installé entre les jambes écartées de ce qui semblait être un autre garçon. Jusqu'à ce qu'elle entre à l'improviste, les deux garçons étaient en plein échange furieux d'intenses baisers. Quand celui de dos se tourna et qu'elle vit le visage de son frère Fred, se léchant les lèvres, Ginny se retrouva avec le visage en feu.
- Ce n'est pas que je ne t'aime pas, sœurette, mais là je suis plutôt occupé, tu vois ? J'ai un très mignon petit squelette à dévorer tout cru.
À moitié caché par le corps de Fred, elle ne pouvait pas voir le visage de l'autre garçon, et elle n'en eut même pas le temps. Elle était ressortie tout aussi vite des toilettes qu'elle y était entrée. Elle avait cependant eu le temps d'entendre le petit gémissement – si c'en était bien un – de surprise et d'appréhension de l'autre garçon, ainsi que de voir le visage de son frère. Quelque chose lui disait qu'il allait bel et bien faire ce qu'il lui avait dit et elle n'avait aucune envie de l'imaginer.
Un cri de surprise lui échappa quand elle se retrouva nez à nez avec Marcus. L'adolescent plaça un bras au-dessus de la tête de Ginny, fit jouer ses sourcils et lui adressa un sourire qu'il voulait charmant et séducteur.
- Tu t'es refait une beauté pour moi baby ?
S'en était trop. Entre ce qu'elle vivait depuis le début de la soirée, ce qu'elle venait de voir dans les toilettes et Marcus beaucoup trop près, Ginny ne savait plus où donner de la tête et craqua. Désespérément – et, étrangement, sans en avoir réellement conscience – elle sortit sa baguette et envoya Flint valser à l'autre bout de la pièce. Trop c'était trop. Et puis, elle l'avait prévenu. Il l'avait bien mérité, non ?
