Bonjour !

Je me lance dans ce fandom avec une fic Eddie/OC, parce que ce personnage a un tel potentiel !

Comme avec mes autres fics, j'aime développer autre chose que ce que l'on voit dans la série, donc ici, Oviliane va vivre ses propres aventures. On ne fera que croiser les personnages canon, et les événements de la série ne seront qu'évoqués. Jusqu'à ce que, peut-être, ils se rejoignent à un moment, on verra ^^

Bonne lecture !

Rentrée, et rentrer

«Ophéliane ? »

Avec un petit sourire, elle leva la main. Par habitude, compassion, et soucis de discrétion très certainement. Cela dit, elle n'allait pas le blâmer. Il y avait le bon nombre de syllabes, même si ce n'était pas vraiment les bonnes consonnes et voyelles. Ophéliane, c'était ce qui ressortait le plus souvent. Parfois, les professeurs amputaient carrément son nom, et elle se voyait rebaptiser Ophélia, voir directement Ophélie. Ca lui irait bien d'ailleurs si,régulièrement, dans des éclairs de lucidité, ils ne finissaient pas par se rendre compte que, tout de même, le nom sur leur fiche d'appel était un peu plus long que celui qui sortait de leurs bouches.

Quant à ceux qui ne se trompaient pas, elle invoquait une prétendue erreur lors de son inscription, et les laissait croire ce qu'ils voulaient. Ophéliane, c'était bien, un brin original mais pas trop, juste ce qu'il fallait pour que cela ne l'empêche pas de se fondre dans la masse.

Au final, après deux ans dans le même lycée, Oviliane pouvait se vanter d'être encore une inconnue pour les autres élèves et les professeurs. Personne n'était vraiment sûr de savoir son nom, et en fait, la réciproque était aussi vraie.

La troisième rentrée d'Oviliane au lycée d'Hawkins ne lui réserva aucune surprise. Son identité restait mystérieuse, sa table de déjeuner était toujours la même, et sa seule et unique copine n'était heureusement pas devenue un canon de beauté pendant ses vacances à la Barbade et ne l'avait donc pas abandonné pour rejoindre un groupe plus populaire et plus nombreux que le leur -ce qui n'était pourtant pas très difficile. Bon, Winter n'avait pas passé son été à la Barbade, mais en Floride... A la réflexion, Oviliane se dit qu'elle devrait arrêter de regarder des séries débiles avec sa grand-mère, ça lui éviterait de faire des cauchemars tout aussi débiles la veille de la rentrée. Si seulement ça avait pu être elle, la métamorphosée, le canon de beauté... Oviliane soupira en s'asseyant à côté de Winter, non sans lancer un regard en coin à la table de Jason Carver et de la sublime Chrissy Cuningham, et de leurs non moins sublimes amis, tous sortisdu même moule, produits en série, probablement par l'usine des poupées Barbie et Ken, et même si cette blague les avait bien fait rire avec Winter, à une époque, Oviliane devait bien admettre,secrètement, qu'elle ne voyait vraiment pas où était le mal.D'être comme eux.

Elle aussi, elle aurait voulut être une belle poupée avec un numéro de série, un joli sourire étincelant, des cheveux brillants et des vêtements parfaitement ajustés, propres comme neufs. Et entourés d'amis tous beaux, minces et musclés, tous adorables et adulés.

« Lily, tu baves, l'informa Winter.

- Oh... Quoi ? »

Lily porta la main à sa bouche, à son menton, déjà rougissante. Mais rien. Pas d'humidité honteuse.

« Tu te moque de moi !

- Disons que c'était une métaphore. Je préférerai que tu baves pour cette part de pizza... Arrête de les regarder comme ça, ils vont vraiment finir par s'en apercevoir.

- Tu as passé un bon été ? coupa Lily, pas fière.

- Oui oui, soupira Winter, pas dupe. Merci de t'en préoccuper. Comme l'été dernier. Et l'été d'avant.

-Pas de rencontres, pas de beaux garçons sur les plages de Floride ?

- Comme l'été dernier. Et l'été d'avant.

- Oh, désolé pour toi.

- Tu sais, y'a que toi que ça intéresse. Moi j'aime me baigner sans penser à qui me regarde et ce qu'ils pourraient penser. Est-ce que Lily pourrait rebrancher son cerveau, que je puisse avoir une vraie conversation avec ma copine ?

- Pardon Winter. Je me fais toujours éblouir à la rentrée.

- Dis plutôt aveugler. Tu veux des lunettes de soleil ? Il me semble que ta mère en a une paire qui t'irait très bien... Mais si, les pointues.

- Ces horreurs ? Brr, si je faisais la bise à quelqu'un avec, je lui crèverai un œil. »

Les deux filles s'esclaffèrent bêtement en sirotant leurs boissons, et Oviliane se désintéressa totalement de la divine table à jamais inaccessible.

« Des nouvelles de tes parents au fait ?

-Pas du tout. Tu les as pas croisé en Floride d'ailleurs ? Ils y étaient à un moment, un obscur festival au milieu des alligators je crois.

- Ha non, c'est pas tout à fait les endroits que l'on fréquente tu sais. Pas de nouvelles bonnes nouvelles hein ? Et ta matinée alors, rien à dire ?

- A part que t'étais pas là ? Sors ton emploi du temps, voir si on a des cours ensemble. »

Pendant les minutes qui suivirent, les filles scrutèrent toutes deux leurs fiches, commentant les professeurs de l'autre, se moquant du cours de sport de l'une dès le matin, et des cours de mathématiques de l'autre en dernière heure du vendredi. Et finalement, il n'y avait que les cours d'histoires où elles pourraient se retrouver. Alors après leur repas, elles se firent de multiples adieux larmoyants en souriant, et chacune se dirigea vers sa classe. Et si elles traînèrent des pieds, et bien, personne ne le leur aurait reproché.

Lily termina sa journée par un cours d'anglais. Loin d'être une contrainte, c'était l'une de ses matières préférés. Arrivée en avance, elle choisit une table au fond, près de la fenêtre qui donnait sur les bois. Elle aimait peut-être l'anglais, mais Lily était une ado comme les autres. Elle préférait bien souvent regarder par la fenêtre plutôt que d'écouter les profs. Mais si elle avait sût qui allait être son voisin, Oviliane n'aurait jamais, jamais choisis cette place. Quand elle le vit entrer, Lily détourna immédiatement le regard et s'absorba dans la contemplation des arbres dehors. Ils étaient beaux. Marrons. Verts. Feuillus. La météo n'était pas terrible par contre.

« Salut Vivi " lança Eddie, d'un ton qui sembla narquois aux oreilles d'Oviliane, parce que c'était Eddie, et parce que pour lui elle serait toujours Vivi, il ne pouvait pas être autrement qu'un peu méprisant, non ? Il était comme ça.

Vivi n'avait pas du tout envie de se retourner vers lui. Mais si elle l'ignorait, ce grand gamin saurait comment se faire remarquer, et elle par la même occasion,devant tout le monde. Alors la brune hocha la tête vers lui avec un sourire amical. Par politesse et par crainte, uniquement.

« Tes parents sont rentrés ? J'ai demandé un petit souvenir de tournée à ta mère tu vois. J'aimerai savoir quand passer le prendre.

- Désolé Eddie, ils ne sont pas encore revenus. »

Si seulement il avait pu parler moins fort... Toute la classe allait les entendre et s'imaginer qu'ils étaient amis tous les deux. Elle, elle faisait l'effort de chuchoter...

« . Tu lui diras de m'appeler quand elle rentrera. Elle a notre numéro.

- Oui, d'accord.

- Super Vivi, t'es la meilleure. »

Et puis il se retourna, l'oubliant aussitôt. Mais Lily ne s'en sentit pas soulagée pour autant. Passer une heure à côté d'Eddie... Pour se donner contenance, elle se concentra sur ses feuilles, sur ses crayons, sur ce que disait la prof, et même sur ses ongles. Mais l'heure s'écoula sans aucun drame, sans que personne ne la remarque,sans même qu'Eddie ne fasse de vague, et à la fin, elle le laissa s'éloigner pour sortir après lui, pour qu'il n'ai pas l'idée de se souvenir d'elle. Ce qu'il n'eut pas, heureusement.

A la sortie du lycée, Lily se précipita devant Winter.

« Tu devineras jamais avec qui j'étais en cours ! Murmura-t-elle sur un ton un peu trop aigu qui arracha un froncement de sourcil à son amie.

- Ca peut pas être Jason de toute évidence, il était avec moi. Un de ses clones ?

- Non. Enfin, si, peut-être, j'ai pas fais attention, j'ai pas regardé la classe...

- Ha. C'était Eddie ? »

Oviliane ouvrit la bouche, façon carpe, et rougit aussitôt.

« Ha.C'était Eddie.

- Mais, comment tu as deviné ?

- Y'a que lui qui arrive à créer ce... ça, là, fit Winter en la désignant de haut en bas. Ce mélange d'amour transi et de rage.

- Arrête. Il n'y a pas d'amour transi. »

Winterla dévisagea par dessus ses lunettes, sans rien dire.

« Je ne suis pas... Bon. Je ne suis PLUS amoureuse de lui, d'accord ?Par contre pour la rage, tu as bien raison.

- D'accord, d'accord. Et donc, comment ça c'est passé ?

- Oh. Rien de particulier. Il m'a juste demandé si mes parents étaient rentrés. Il paraît que ma mère doit lui ramener un truc de leur tournée. Je dois leur dire de l'appeler quand ils rentreront. C'est tout.

- Ca te fait une bonne raison de le revoir.

- Je ne veux pas de bonnes raisons de le revoir !

- Ha oui, c'est vrai. Tu l'aime pas. Bon, moi je rentre. A demain Lily !

- Ouais, salut Winter, à demain. »

Winter rentrait en vélo. Lily à pied. Elle n'était pourtant pas à côté,mais ses parents avaient encore pris sa quittant le parking, elle vit Jason enlacer Chrissy pour lui dire au revoir, et faillit trébucher. Toute rouge et la tête basse, elle se traita de voyeuse et reprit sa route. Non sans s'imaginer, elle, Oviliane, à la place d'une pom pom girl, dans les bras d'un beau joueur de basket. Elle soupira. L'herbe humide chuintait sous ses pieds. Ca sentait bon, la nature après la pluie. Un peu plus loin, elle couperait par les bois pour rentrer. Mais un peu plus loin seulement. Elle allait attendre de voir la voiture de Jason partir. Peut-être, peut-être que son petit rêve secret allait enfin se réaliser ? Elle croisa tous les doigts, cachés dans les poches de son manteau, et plissa même les paupières, parfaite imitation de la petite Lily, cinq ans, faisant un vœu devant les bougies de son gâteau d'anniversaire.

Et peut-être qu'une bougie, une étoile, un esprit quelconque l'avait entendu, car enfin, enfin, elle entendit ce son qu'elle avait tant désiré entendre. Le crissement lent d'une voiture qui ralentissait derrière elle. Ce n'était peut-être pas Jason, ce n'était peut-être même pas pour elle, mais au fond, Lily ne pouvait pas faire autre chose qu'espérer. La voiture s'arrêta, et elle tourna la tête. Pour se trouver face à une imposante portière. Elle leva un peu les yeux, et croisa les prunelles noires d'Eddie.

« J'te dépose Vivi ?

- Oh. Merci Eddie. Ca ira, j'aime bien marcher.

- T'es sûre ? Vue la gueule du ciel, tu risque de prendre la flotte. Monte donc. »

Et au même instant, Oviliane vit arriver la voiture rutilante de Jason Carver. Un cauchemar. Il allait forcément s'imaginer des choses s'il la voyait parler avec le Taré. Vivi sentit une bouffée de colère monter en elle. Serrant les poings, elle se força à garder le contrôle. Ne pas se mettre Eddie à dos. Ne pas se mettre Eddie àdos.

« Non c'est bon Eddie. Tu peux y aller. Je te remercie. »

Elle suivit des yeux la Carvermobile, pinçant les lèvres, sourcils froncés. Eddie, remarquant son manège, tourna la tête, cherchant ce qui mettait Vivi mal à l'aise. Et le trouvant. Reconnaissant la voiture de Carver, il haussa les sourcils sur une grimace. Mais il n'était pas dans la tête de Vivi, et il ne comprit pas ce qui la tracassait réellement.

« Ok, bah rentre bien alors. Et oublie pas de transmettre mon message à ta mère dès qu'elle rentrera ! »

Vivi hocha la tête et lui fit un bref signe de main tandis qu'il s'éloignait. Elle était furieuse. Jason Carver aurait dû croiser sa route, elle, toute seule sur le bas-côté. Il aurait pu, il aurait très bien pu s'arrêter pour lui proposer de la ramener. Après tout, l'an dernier, Lily était dans sa classe en science, et il lui avait déjà parlé, ils avaient même ris quelques fois ensemble. Elle n'était pas une inconnue pour lui. Alors Lily n'attendit pas d'être un peu plus loin sur la route. Elle quitta immédiatement la chaussée et s'enfonça dans les bois à grandes enjambées, balançant des coups de pieds dans les tas de feuilles mortes et grommelant sa colère aux arbres silencieux. Attentifs même, s'imagina-t-elle.

Oviliane s'enfonça plus profondément dans la forêt, semant ses petits morceaux de rage sur son passage, jusqu'à ce le murmure du vent, caresse à ses oreilles, n'apaise suffisamment l'ébullition de son sang pour que ses épaules s'affaissent et qu'elle se sente, enfin, complètement stupide. Comme si elle avait eu ses chances avec Jason de toute façon. Lui, ou un autre, Lily ne faisait pas la différence, ça n'y aurait rien changé. Pour ces gars là, les gens comme elle étaient vagues silhouettes que l'on salue dans les couloirs quand on les reconnaît, mais dont on oublie aussitôt le nom et le visage. Oviliane n'irait jamais loin dans la vie, probablement même qu'elle ne quitterait jamais Hawkins. Quand eux, ils avaient le monde à leurs pieds. C'était un beau rêve, et ça ne serait rien d'autre qu'un rêve. Elle était capable de se faire à une vie tranquille à Hawkins, si elle se le répétait tous les jours, si elle se concentrait sur des images positives.

C'était toujours mieux que la vie ridicule et dissolue de ses parents.

« Granma, je suis rentrée ! » Cria Oviliane en se déchaussant.

La maison vide et silencieuse lui répondit. Lily tendit l'oreille,guettant un bruit, un rire, un grincement.

« Ok, tu veux jouer à ça. Cachée ou pas cachée, j'arrive ! »