Bienvenue !
Chère lectrice, cher lecteur, voici ma nouvelle histoire, qui est une sorte de prequel au Pavot du Survivant. Mais il n'est absolument pas nécessaire de l'avoir lu pour lire celle-ci !
Elle sera découpée en trois arcs : La Graine, La Pousse, La Fleur. Le but de cette fanfiction (c'était également le but du Pavot) est de donner ma vision de ce que devrait être l'état psychologique d'un adolescent vivant les épreuves que vit Harry. Elle sera donc plus adulte que l'histoire originale qui, puisque c'est de la littérature jeunesse, est assez légère vis à vis de ce problème !
Cette fanfiction contient pour l'instant 150 000 mots, donc 13 chapitres. Elle n'est pas encore finie et sera conséquente, mais le fait d'avoir autant de chapitres d'avance me permettra de la publier de façon régulière (1 à 2 chapitres par mois) :)
Remerciements : Merci au National Novel Writing Month (Nanowrimo) de m'avoir donné la motivation d'écrire cette histoire, merci aux wrimos avec qui j'ai sué de nombreuses semaines pour arriver à nos objectifs dans la bonne humeur et le partage 3 (et merci d'avoir supporté mes lacunes en grammaire), merci à mon père de m'avoir appris à lire et écrire (héhé), et merci à Joanne Kathleen Rowling d'avoir créé un univers qui nous fait encore rêver presque 20 ans après le premier tome.
Attention : Cette histoire contiendra des thèmes éprouvants et des scènes graphiques qui peuvent êtres difficilement supportables pour certaines personnes, sachez vous abstenir si vous êtes très sensibles. Elle sera rated M à ce moment :)
Résumé complet : Le plus grand souhait de l'Élu était de ne pas en être un. Mais une malheureuse prophétie existait, et un malheureux mage noir avait cru en elle. Comment grandir dans ces conditions ? Est-on encore un enfant, ou toute innocence est-elle enterrée à jamais ? Peut-on vraiment guérir des horreurs de la guerre... ou le poids des épreuves devient trop lourd ?
Après les découvertes d'Albus, Scorpius, et Rose à propos de Harry Potter, plongeons-nous dans le passé afin de vivre de l'intérieur la guerre qui faisait rage dans le monde sorcier et le cœur du Survivant.
Bonne lecture :)
ARC I - LA GRAINE
CHAPITRE 1
"Il est dur de grandir n'ayant plus d'enfance." Elie Delamare-Debouteville
« Tu es prêt petit ? » demanda Tonks.
Harry acquiesça. Maugrey Fol Œil, qui avait été chargé de l'escorter en portoloin jusqu'à la gare, lui donna une puissante claque dans le dos et le poussa sans tendresse vers l'attroupement de têtes rousses entassées devant le Poudlard Express.
- Harry ! hurla Hermione qui l'avait remarqué en premier.
Le souffle du jeune garçon fut brusquement coupé par l'embrassade de sa meilleure amie. Avec un sourire, il pressa ses mains sur son dos et ses cheveux imposants.
- Mione, tu vas l'étouffer ! plaisanta Ron Weasley.
Hermione s'excusa et lâcha sa pauvre victime, tout en l'assommant de questions : est-ce que son été s'était bien passé ? Est-ce que les Dursley avaient étés imbuvables ? Est-ce qu'il avait encore perdu du poids ?
Autant de questions auxquelles Harry n'eut pas à répondre – merci Merlin ! - puisque la matriarche Weasley avait décidé elle aussi de compresser son corps frêle contre sa poitrine. Il ne put s'empêcher d'envoyer un regard suppliant à Maugrey qui se tenait à l'écart : il allait mourir étouffé comme un idiot.
« Harry ! Tu nous as manqué ! » mais le visage rondouillard de sa mère de cœur s'assombrit vite : « Tu n' as répondu à aucune lettre ! Arthur et moi étions très inquiets. Tu sais à quel point ça a été difficile de retenir les jumeaux de foncer tête baissée chez tes moldus ? »
« J'imagine » grimaça Harry.
« Allez allez, laisse-le respirer Molly », la tempéra le professeur Lupin.
Les yeux de Harry brillèrent de gratitude et il put enfin respirer convenablement. Il profita des discussions enjoués pour étirer ses muscles endoloris.
Eh beh, ça commence fort !
Pour la première fois depuis de longues semaines, il se sentait bien. Après le Tournoi des Trois Sorciers, ou plutôt des quatre, son humeur avait été très morose. Son sommeil de base assez agité avait empiré, et ses relations avec sa famille n'avaient jamais été à un point aussi bas.
Alors que ses amis se chamaillaient, Harry se perdit dans ses pensées.
Tante Pétunia avait été étrangement supportable, lui ayant même permis de faire des pauses entre ses corvées lorsqu'il était trop fatigué. Dudley avait été très absent, ne montrant son opulent corps qu'au petit-déjeuner. Et Oncle Vernon… Oncle Vernon avait été comme à son habitude : violent et injuste.
C'est passé maintenant. Tu es avec Ron et Hermione, tu retourne à Poudlard, se rassura t-il.
C'était vrai. Il secoua la tête pour se débarrasser de ses pensées parasites et offrit un grand sourire à Remus qui tentait d'attirer son attention.
« Sniffle n'a pas pu venir te dire au revoir, mais il pense fort à toi d'accord ? Envoie-lui des lettres. »
Harry acquiesça, un peu amer. Il aurait aimé voir son parrain. Au final, c'était avec son ancien professeur de défense qu'il se sentait le plus proche…
Un pensée traversa son esprit : et si Sirius s'était lassé de lui ? Et s'il n'avait en réalité pas eu envie de venir ? S'il tenait vraiment à lui, il l'aurait vu plus souvent, il aurait même fait en sorte qu'ils passent l'été ensemble, non ?
Ce genre d'idées négatives grouillait souvent dans sa tête. Et il ne trouvait aucun argument rationnel pour se rassurer. Peut être… peut-être qu'il n'était pas le filleul dont rêvait Sirius, après tout.
« Harry ? Ça va ? »
« Hein ? » Il cligna des yeux et revint à la réalité. Il se perdait de plus en plus fréquemment dans son esprit. « Oui, t'inquiètes. Tu ne pars pas avec eux ? » demanda t-il en levant le menton en direction des parents Weasley qui s'éloignaient.
Une lueur se mit à réchauffer les yeux fatigués de Remus qui sourit en accompagnant Harry devant les portes du train et la foule d'élèves.
« Et non, je suis à nouveau professeur de Défense ! »
« Vraiment ? » s'écrièrent Harry, Hermione, Ron, et Ginny d'une seule voix.
« Vraiment. Après le retour de Vous-Savez-Qui, personne n'a voulu prendre le risque d'assumer ce poste. Alors Dumbledore m'a confié cette tâche. »
Dans la foule, Ginny étouffa un couinement en se faisant écraser le pied par son frère, et trébucha sur Pattenrond.
« Mais toi tu n'as pas peur de… la malédiction ? » articula Harry au milieu du vacarme.
Remus Lupin se contenta de lui offrir un demi-sourire.
« J'en ai connu d'autres. »
Harry aurait voulu répondre quelque chose, mais sa voix se bloqua dans sa gorge : Draco était déjà dans le train, dans son wagon, à quelques mètres de lui.
Leur regard s'accrochèrent quelques secondes, mais contrairement à leur habitude aucun sourire n'apparut sur leurs lèvres.
Harry Potter et Draco Malefoy entretenaient une relation bien plus qu'amicale depuis un an et demi.
Leur inimitié les avaient poussés à se rapprocher : d'abord pour se donner des coups et des insultes acides, puis, peu à peu, elle les avait pousser à s'intéresser l'un à l'autre. Ils avaient eu besoin de se battre et de se dire des horreurs pour sentir cette chaleur dans leur corps, cette sensation d'être un être complet. Et un jour, alors qu'ils étaient dans un des couloirs de Poudlard, une de leurs disputes avait dégénéré et Harry avait plaqué Draco contre un mur pour le frapper. La bosse brûlante qui émanait du pantalon du sang-pur l'avait d'abord plus que surpris et il s'était éloigné, choqué, avant de se rendre compte qu'il était dans le même état à son contact…
Et de fil en aiguille, ils avaient découverts d'autres manières d'être proches.
Mais à présent Voldemort était revenu, et leur relation devait impérativement rester secrète, pour la sécurité de Draco.
Si jamais Voldemort en entendait parler…
Harry secoua la tête encore une fois et détourna son regard de son amant, la tristesse pesant comme une enclume dans sa poitrine.
Draco fit de même, et chacun rentra dans son compartiment.
Personne n'avait rien remarqué.
« Heu, Harry ? Ron et moi devons aller dans le wagon des préfets. On doit recevoir des instructions et… enfin tu vois. »
« Vous avez été nommés préfets ? » s'exclama Harry. Enfin, il remarqua l'insigne épinglé à la robe de Ron. Dans le capharnaüm de la gare, il n'y avait pas fait attention. Celui de Hermione était sûrement caché sous ses cheveux épais.
« Oui, c'est génial hein ? » répondit Ron avec beaucoup de fierté, son torse bombé pour mettre en valeur son insigne brillant.
Harry vit que Hermione semblait gênée, et elle tira Ron vers leur wagon personnel.
« A tout à l'he… »
Ses amis déjà loin avant qu'il ne termine sa phrase, il baissa sa main et chercha un compartiment.
Il passa le voyage avec Neville et Luna, perdu dans ses pensées grisâtres : c'était la première fois qu'il était séparé de ses amis dans le Poudlard Express.
Harry observait avec peine les premières années entrer dans la Grande Salle. Leurs regards — pour certains effrayés, pour d'autres impatients — lui rappelait à quel point les années passaient vites et à quel point il avait grandit. Il n'avait plus ces petites joues et ce visage enfantin de pré-pubère. Ces gamins-là transpiraient l'innocence, et Harry se sentait inexplicablement envieux.
« T'as vu ça, on dirait des nains ! Ils sont plus petits d'année en année ! » dit Ron avec un sourire moqueur.
« Tu sais ce qu'on ressent à chaque fois qu'on te voit, maintenant. » répliquèrent Fred et George en passant leurs bras au dessus de sa tête. Ron se démena pour se libérer, et McGonagall amena le silence en les foudroyant du regard.
Tout le monde avait les yeux rivés sur le choixpeau qui les jaugeait de sa stature, tout juste posé sur son tabouret. Comme le voulait la coutume, il se mit à chanter.
« Depuis maintenant mille ans sauf erreur,
Ma fonction est restée la même :
Je me dois, chaque année à la même heure
De vous répartir sous les quatre emblèmes.
Peut-être devriez-vous me craindre,
Je suis après-tout un chapeau pensant.
En paix malgré tout venez me rejoindre,
En temps sombres, je deviens différent.
J'ai vu cette école par maintes fois
Se perdre dans la panique et la haine.
Les parents de ce lieux m'ont créé moi
Afin de vous protéger de cette peine.
Vous séparer est un déchirement,
Je maudit mon rôle à chaque pensée.
Des amitiés se brisent bêtement
Quand je vous place à des tables opposées.
Godric, Rowena, Salazard, Helga
Furent des amis croyait-on éternels,
La répartition, l'histoire le prouva,
Donna vie à leur funeste querelle.
Ainsi la peur viendra taire vos rires
La méfiance sera mère de vos pleurs,
Nulle part vous ne pourrez vous enfuir,
Amis, ennemis, tout ça n'est qu'un leurre.
Pour une fois écoutez ma prière :
Les erreurs passées ne recopiez pas,
Ne croyez pas les avis de vos pères,
Liez les maisons et ouvrez les bras.
Cette prophétie, gardez-la en tête,
Soyez avertis et prenez conscience,
Restez unis, qu'importe votre quête :
La répartition maintenant commence. »
Cette année, Harry n'eut pas besoin de Hermione pour comprendre les dires du Choixpeau. C'est avec une mine sombre que tous les élèves avaient écouté le discours. Même à la table des serpents, ceux que Harry savait enfants de Mangemorts n'avaient pas l'air enjoué par les temps actuels.
La répartition en elle-même fut aussi ennuyante que d'habitude, et il nota que Serpentard n'avait pas beaucoup de nouveaux membres cette année. Il en fit la remarque à Hermione.
« Je pense que certains sang-purs ont dû demander à être placés ailleurs. »
« Pourquoi ? »
« Pour décevoir leurs familles et ne pas attirer l'intérêt de Voldemort. » devina t-elle.
Harry eu soudain honte de les avoir enviés. Il avait eu de la chance, pensa t-il en tournant à nouveau son regard vers les premières années. Son commencement à Poudlard avait été plein d'embûches, mais eux commençait leur scolarité par une guerre. Révisant son jugement, Harry pensa que leur innocence devait déjà être loin.
Un tintement de verre attira l'attention de la salle. Dumbledore s'était levé et placé devant son pupitre d'or.
Pour la première fois, Harry réalisa enfin que Dumbledore était vieux. Son ordinaire sourire était caché sous sa barbe, et ses yeux étaient ternes. Harry l'avait toujours vu comme un sorcier impressionnant et admirable, mais il lui semblait désormais voûté et faible. Mal à l'aise, il détourna le regard. Il espérait que ce n'était qu'une impression.
« Bienvenue à toutes et à tous. » commença t-il, son visage si sérieux que tout le monde l'écoutait attentivement. « J'espère que vous avez fait bon voyage et que votre estomac ne crie pas trop famine, je tâcherais de faire vite. Après les événements de l'année dernière en ce funeste Tournoi des Trois Sorciers, j'aimerais que chacun se souvienne des personnes que nous avons perdues et qui nous étaient chères. »
L'attention de Harry était faible — il n'était pas prêt d'oublier ce dont parlait Dumbledore— et il perçut clairement des chuchotements agacés par dessus le discours et des regards mauvais en sa direction. Qu'est-ce qu'il se passait encore ?
« Ne fais pas attention Harry, ces idiots croient la gazette. » l'informa Ginny.
« De quoi tu parles ? »
« Ah, t'es pas au courant ? » réalisa t-elle, gênée. « …Disons qu'elle n'est pas très sympa avec toi et Dumbledore… »
Puisqu'elle n'osait visiblement pas en dire plus, Harry se tourna vers Hermione, son regard demandant impérieusement une réponse. Ron, lui, semblait tout un coup fasciné par sa fourchette.
Hermione leva les yeux au plafond, agacée.
« Ce qu'elle veut dire, c'est que la gazette te fait passer pour un fou. Et Dumbledore aussi mais pas de manière aussi directe, ils n'osent pas encore. Ils… disent que vous inventez le retour de Voldemort. »
Plusieurs élèves assis près d'eux tressaillirent à l'entente du nom maudit. Harry vit rouge. Après la mort de Cédric, que tout le monde connaissait, comment les gens pouvaient-ils croire de tels mensonges ?
« Ils ont tous subi un oubliettes ou quoi ?! » murmura t-il avec colère.
« Ils ont peur. Et j'imagine que le ministère ne veut pas admettre qu'ils sont dépassés par la situation… »
« Le ministère n'est dépassé par rien du tout. » siffla Seamus tout en refusant de regarder Harry dans les yeux.
Deans Thomas, son meilleur ami — ou plus, Harry n'avait jamais osé demander — le fit taire d'un coup de coude.
Harry ouvrit la bouche sans savoir quoi dire.
Ainsi, cette année aussi il serait détesté par une partie de la société magique. Ô joie.
Le directeur arrêta de parler et les longues tablées se remplirent soudainement de nourriture.
« Harry, tu n'as pas faim ? »
Oh que si. Malgré les mots de Dean, qui était pourtant son ami, il avait faim. Mais son estomac s'était tellement rétréci pendant les vacances qu'il lui était impossible de manger plus. Devant lui étaient placées des tartes à la citrouille et aux poireaux, des pommes de terre rôties, des champignons qu'il n'avait jamais vu, des courges farcies, des muffins gourmands, des crumbles aux pommes… Tant de bonnes choses qui lui donnaient autant envie que son ventre lui faisait mal. C'est à dire beaucoup.
« Prends au moins un peu de pain » lui dit Ron en lui tendant une part.
Harry grimaça et en mangea un petit morceau pour se donner contenance, mais il savait qu'il allait le regretter. Le pain allait gonfler dans son ventre et lui donner de terribles crampes. Il sentit un regard posé sur lui. C'était Snape. Son professeur détourna rapidement le regard et reprit sa conversation avec Dumbledore comme si de rien n'était.
« Qu'est-ce qu'il te veut le bâtard graisseux ? »
« Ron, langage. »
« Comment tu veux que je le sache ? » répondit sèchement Harry. Peut-être un peu trop. Il était sur les nerfs. Harry continua avec une voix plus agréable : « Il cherche sûrement de nouvelles idées de retenues à me donner. On verra ça… On a Potions quand au fait ? »
« Lundi avant manger » l'informa Hermione, qui se resservit en champignons, « Mais l'après-midi on a Remus. »
« Uais, afrès difinachion hein ! »
Harry eu une grimace de dégoût devant la bouche pleine de Ron, et observa son emploi du temps. Ses journées n'étaient pas trop chargées, il s'était attendu à pire pour leur cinquième année.
Harry fit mine de grignoter un peu, et attendit la fin du supplice. Mais une fois dans la salle commune, Hermione le bombarda de questions sur son été et quand il lui demanda de raconter le leur, elle se mordit les lèvres.
« On est désolé de ne pas t'avoir envoyé de lettre, Dumbledore nous a-»
« Joli excuse » la coupa Harry « Pourtant d'habitude, ne pas obéir aux règles ne vous dérange pas. »
En entendant Molly Weasley lui parler de lettres à la gare, il avait pensé que ça voulait dire que les Dursley les lui avaient confisquées, mais ce qu'il craignait était vrai : ses amis ne lui en avait envoyé aucune.
« Sauf que cet été on était surveillé, quand est-ce que tu voulais qu'on t'envoie un hibou ?! »
Harry remarqua qu'Hermione avait détourné les yeux à la remarque de Ron. Qu'est-ce que ces deux-là lui cachaient encore ?
« Comment ça surveillé ? Vous étiez où ? » Harry sentit son cœur se serrer : ils avaient passé l'été au Terrier sans lui ?
« Au quartier général de l'Ordre du Phénix. C'est un groupe de Dumbledore composé d'aurors et d'autres combattants de la première guerre. » déclara Hermione comme une encyclopédie.
L'Ordre du Phénix ? Pourquoi n'avait-il pas été mis au courant ? Pourquoi avait-il du passer l'été à Privet Drive à subir les Dursley alors que les autres étaient au cœur de l'action et de tout ce qui était important ? Assis sur son fauteuil, il posa sa main sur son ventre douloureux à cause du dîner et s'énerva.
« Et pourquoi je n'y étais pas ? Encore une idée débile de Dumbledore ? »
« Harry… Ne le prends pas comme ça…»
« Mais comment tu veux que je le prenne, Mione ? » craqua t-il.
Se sentant étouffer, Harry garda le reste de sa colère au fond de lui et s'enfuit dans son dortoir. Il bouscula Neville au passage en ignorant sa question, et ferma les rideaux autour de son lit.
Il était en colère et en voulait au monde entier. Et ce monde entier s'appelait Dumbledore.
Le fait que Remus soit à nouveau son professeur de défense contre les forces du mal était une des seules raisons qui poussait Harry à se lever le matin. Après sa dispute avec ses amis, la présence de son "presque-parrain" dans le château était une réelle bouffée d'air frais. Avec lui, Harry avait la sensation d'exister, d'exister pour de vrai. D'être important pour quelqu'un, quelqu'un qui lui disait tout.
Ça contrecarrait son aversion pour les cours de Potions et le professeur qui les tenait.
Le lundi était donc à la fois devenu son jour favori et son jour détesté.
C'est en trottinant qu'il se rendit à son cours de défense. Il venait de passer une heure terriblement ennuyeuse de divination, et il avait lâchement abandonné Ron qui s'était fait happé par Trelawney après la sonnerie.
Il glissait entre les différents élèves qui marchaient dans les couloirs, et décida de couper par un des raccourcis qu'il connaissait. Arrivé devant la lourde porte en chêne de sa classe, il se stoppa net en entendant la voix de son détesté professeur de potions.
« Je ne dis pas que tu as tort Severus. Je pense simplement que tu exagères. »
Pris de curiosité, Harry s'approcha à pas de loup, jusqu'à coller son visage contre le mur. Il sursauta en entendant un brusque claquement de main sur du bois.
« Je suis espion ! Tu n'es qu'un misérable loup tout juste bon à te terrer dans des maisons abandonnées en espérant ne tuer personne ! Tu penses vraiment avoir de meilleurs capacités que moi pour détecter un problème de cette envergure ? »
« De cette envergure ? C'est bien la première fois que je t'entends parler de lui comme ça, tu-»
« C'est mon rôle. Je ne fais pas confiance à Dumbledore pour ce genre de choses, alors j'en parles à toi, qui est sensé être concerné. Mais si ça te déranges, je garderais mes observations pour moi et tu pourras venir me pleurnicher sur l'épaule quand tu te rendras compte que tu t'étais fourvoyé sur lui ! »
Harry entendit les autres élèves arriver, et les voix se turent instantanément. Il recula loin de la porte et prit l'air le plus innocent possible.
Le professeur Snape sortit à ce moment de la salle, et son regard inquisiteur le scruta de haut en bas.
Merde, il sait que j'écoutais.
Mais les autres élèves arrivèrent à leur hauteur, et Snape se contenta de faire claquer ses longues robes noires en s'éloignant.
« Entrez entrez ! » les pressa Remus, « Je vois que vous avez bien grandit depuis deux ans ! »
Harry lui sourit et pris place aux côtés de Hermione. Il tenta d'ignorer le fait que Draco était assis juste derrière lui.
C'est pas le moment d'y penser, fais comme si tout était normal.
« Aujourd'hui, nous allons étudier une créature que vous avez tous déjà rencontré - non, pas le loup-garou monsieur Finnigan - : les esprits frappeurs. »
Hermione commençait déjà à prendre des notes et avait l'air passionné.
« Qui a déjà vu un autre esprit frappeur que Peeves ? »
Plusieurs mains se levèrent, surtout de côté des sang-purs et sang-mêlés.
« En effet, les esprits frappeurs sont des créatures communes, que ce soit dans le monde sorcier ou le monde moldu. La différence étant que la plupart des moldus ne peuvent pas les voir. Mais ils peuvent voir leurs dégâts. En quoi un esprit frappeur peut être dangereux ? Oui monsieur Malefoy ? »
Harry se tendit et se retint de se retourner comme ses camarades pour observer Draco répondre. Il devait éviter de se faire du mal.
« Les esprits frappeurs renversent les meubles, cassent des objets, cachent ce dont on a besoin, tirent les couvertures… Il est très dur de s'en débarrasser.»
Leur professeur eu l'air ravit de cette réponse et écrivit ces remarques sur le tableau.
« Cinq points pour Serpentard. Les esprits frappeurs ne sont pas des fantômes, puisque ce ne sont pas des personnes mortes. Ce sont des concentrés de magie. Les résidus magiques produits par les sortilèges finissent toujours par se regrouper et prendre une forme matérielle. Ainsi, si vous étiez, par exemple, dans l'antre de Voldemort », des frissons parcoururent les élèves, « il y a de fortes probabilités pour que votre esprit frappeur se forme à partir de magie noire. Il sera donc de nature très vindicative, et dangereux. C'est pour cela que nous les étudions cette année. »
Harry gribouilla un petit dessin de Peeves en train de tirer le chapeau du directeur.
« Monsieur, pourquoi personne ne s'est débarrassé de Peeves ? » demanda une élève.
Remus se redressa et arbora un petit rictus amusé.
« Parce qu'il est constamment nourri par chaque sortilège produit dans cette école, et ce depuis plus d'un millénaire. Essayez donc de combattre ça…»
Assis dans l'herbe, Harry s'ennuyait. Il avait envie de prendre Draco dans ses bras, de lui dire que c'était stupide de s'éloigner, que personne ne remarquera jamais leur relation s'ils faisaient attention… Mais au fond de lui, Harry savait qu'il était égoïste. Il ne voulait pas mettre son amant en danger. Il ne voulait pas d'un nouveau fantôme dans ses cauchemars : Cédric était suffisant.
Hermione était en Arithmancie, et Ron faisait un tournois d'échec improvisé dans leur salle commune. Au bout de quelques parties, Harry en avait eu marre de perdre et s'était exilé dans la petite cours fleurie du château, à côté de la salle de Métamorphose.
Il était bien, à profiter des rayons de soleil de l'été mourant.
Mais sa solitude fut stoppée par l'apparition de Remus. Son professeur lui donna une petite accolade et s'assit à ses côtés en faisant craquer ses genoux au passage.
« Salut Harry. »
« Salut…»
« Tu vas bien ? On a pas encore eu le temps de se parler depuis le Poudlard Express.» commença t-il d'une voix douce.
« Ça peut aller. Je suis fâché contre Dumbledore.»
Remus haussa les sourcils, perplexe.
« Vous vous êtes vus ? »
« Non, justement ! J'ai passé tout l'été seul, sans nouvelles, alors que tout le monde s'amusait avec l'Ordre du Phénix » explosa Harry.
Son professeur passa une main dans ses cheveux châtains et soupira de fatigue. Harry se ratatina un peu sur lui-même, croyant l'avoir énervé avec ses caprices d'adolescents.
« Je sais Harry. J'ai dis à Dumbledore que c'était une mauvaise idée. La plupart des adultes étaient d'accord avec moi. Mais il a dit qu'après le retour de Tu-Sais-Qui, il fallait que tu profite au maximum de la protection du sang, chez ta tante.»
« C'est des conneries. »
« Je n'en suis pas si sûr. C'est de la vieille magie, je ne sais pas comment ça fonctionne. Il faudrait que tu en parles avec Albus directement. Histoire de crever l'abcès. »
Harry acquiesça mollement, pas convaincu. Il jouait distraitement a déchirer les pétales d'une petite fleur. Remus l'observa un moment sans rien dire et finit par se relever. Il ébouriffa les cheveux de Harry et lui sourit.
« Tu manques à Sirius, il est devenu incontrôlable quand il a su que tu ne venais pas. Parle lui par cheminée un de ces jours, ça lui fera plaisir. »
Le cœur de Harry fut soulagé d'un poids : Sirius ne semblait pas lui en vouloir ! D'après Remus en tout cas. Il s'apprêtait à lui faire par de ses interrogations quand une silhouette à la chevelure platine glissa entre les arcades de la petite cour, derrière la tête de son professeur.
Draco Malfoy lui fit un signe discret : il voulait lui parler. Le voyant disparaître à nouveau entre les colonnes de pierre, Harry se mit précipitamment son sac sur ses épaules et couru presque vers la direction où était parti le fils de Mangemort.
« Harry ? Qu'est-ce qu- » dit Remus en tentant de le retenir.
« Je… Je dois y aller Remus ! Je te parle plus tard, d'accord ? »
Sans attendre la moindre réponse, Harry se hâta de poursuivre Draco dans le dédale du château en abandonnant son professeur. Remus n'existait plus, même Sirius n'avait désormais aucune espèce d'importance. Son esprit entier vibrait d'une seule pensée : il devait voir Draco.
Cela faisait des mois qu'ils ne s'étaient ni vus ni parlés : aucun contact depuis le Tournoi des Trois Sorciers et le retour de Voldemort. Et Merlin savait à quel point il aurait eu besoin de lui après ces événements.
Le sol était glissant et il manqua de tomber plusieurs fois, mais Harry continuait de courir, en bousculant des premières années sur son chemin et se faisant réprimander par les tableaux de Poudlard.
Enfin, il distingua Draco en haut des grands escaliers principaux. Dans l'immense hall du château, Harry se faisait remarquer des autres élèves et professeurs en courant sans raison apparente. Il enchaîna les "pardon" et les "excusez-moi", étouffant un juron alors que l'escalier du troisième étage n'arrivait pas assez vite.
Il hésitait presque à sauter par dessus le vide pour l'atteindre.
Une fois dans le couloir de droite, celui constitué d'arcades poussiéreuses, il trouva enfin Draco, qui s'était stoppé à leur lieu de rencontre habituel.
Ils avaient pris cette routine en milieu de quatrième année, quand Harry cherchait à échapper à la présence étouffante de Ron et de ses camarades qui pensaient qu'il n'était qu'un tricheur motivé par la gloire du Tournois.
« Putain, ha ! » haleta t-il, « Comment tu fais pour aller aussi vite ! »
« J'ai des muscles par dessus mes os, moi. » le taquina Draco.
Néanmoins, le sourire de Draco était triste. Il regarda autour de lui, vérifiant qu'ils étaient bien seuls, et serra Harry dans ses bras.
« Tu m'as manqué. » soupira Draco, « Tu m'as tellement manqué. »
Harry respira à fond l'odeur douce de Draco. Il pressa son corps contre le sien et chercha à sentir sa chaleur à travers ses robes. Il sentait leurs cœurs battre fort dans leurs poitrines, leurs magies cherchant à s'emmêler.
Elles pulsaient dans leur ventre et Harry se sentait en vie.
« Je croyais qu'on ne devait plus se voir ? »
« Non, éviter de montrer le moindre indice d'affection en public. Nuance. »
« C'est pas comme ça que je l'ai compris. »
« C'est parce que j'ai changé d'avis » murmura Draco avec un sourire. « Je rêve où tu es en train de me renifler ? »
Le Gryffondor se contenta de glousser, et l'entraîna à l'abris des regards, dans leur salle préférée. C'était une vieille salle abandonnée comme tant d'autres, à la différence que celle-ci n'était d'ordinaire pas prisée des amoureux, et pour cause : Le Baron sanglant occupait souvent l'endroit.
Cela offrait un double avantage : Draco et lui étaient sûrs qu'aucun élève ne s'aventurerait par ici, et Peeves craignait trop le fantôme pour s'approcher de cette zone du château.
Quant au baron... Il n'était pas d'un naturel bavard et ne posait aucune question compromettante. Les histoires de vivants ne le concernaient pas.
C'était pour ces raisons que la salle pleine de toiles d'araignées était devenue leur lieu de rencontre.
« Comment se sont passées tes vacances ? » demanda Draco en lui lâchant la main.
« Tu vas pas t' y mettre toi aussi... » râla Harry, « Elles étaient toutes aussi ennuyantes que les autres. Et je n'ai reçu aucune lettre de Ron et Hermione, donc aucune distraction ! »
Sa voix était rapide, comme s'il essayait de cacher quelque chose. Le regard de Draco traîna longtemps sur le sien, mais Harry tient bon et refusa de rajouter le moindre mot.
Lâchant l'affaire, Draco s'éloigna et s'effondra sur le bureau le plus proche. Harry remarqua qu'il avait l'air fatigué, de profondes cernes bleutées s'étaient creusées sous ses yeux.
Il n'avait pas l'air de bonne humeur lui non plus.
« Et toi ? Au manoir, comment ta famille... Enfin... »
« A ton avis ?» répliqua le sang-pur avec sécheresse, « Voldemort a revendiqué une aile de la maison, pour 'récompenser' les loyaux services de mon père. »
« Voldemort vit chez toi ? » souffla Harry avec horreur.
« Je ne le voit jamais, je n'ai pas le droit de m'approcher de son antre. Mais rien que de savoir qu'il est tout prêt... »
Harry observa son petit ami. Si Draco ne montrait presque aucun signe de faiblesse, même en sa présence, il pouvait tout de même remarquer quelques changements depuis l'année précédente.
Draco avait l'air plus réservé, plus tendu. Sa jambe ne cessait de tressauter sans qu'il ai l'air de s'en apercevoir, et son visage était souvent figé dans un rictus étrange.
Harry avait peur pour Draco. Il ne voulait pas qu'il soit impliqué dans une guerre qui allait forcément arriver.
Le retour de Voldemort était une chose à laquelle il ne voulait pas penser. Ça lui rappelait le cimetière. Et ça lui rappelait que tout le monde n'avait pas cette chance incroyable de survivre à chaque rencontre avec le mage noir.
Il déglutit douloureusement, essayant de chasser les images qui jouaient dans son esprit.
Les mains de Draco se posèrent à nouveau sur les siennes.
« A quoi tu penses ? »
« Rien. » répondit Harry en s'éloignant de quelques centimètres.
Draco voulait toujours savoir ce qu'il se passait dans sa tête, mais Harry se confiait rarement.
« Dis-moi... » supplia Draco, l'air sincèrement concerné.
« Rien je te dis ! J' ai pas envie d'en parler. »
Cette fois-ci Draco n'eut pas de patience, il se releva brusquement et s'éloigna de lui pour aller vers la porte.
« Si tu n'as rien à me dire... » déclara t-il froidement. « Tu me feras savoir quand sa seigneurie daignera parler avec le commun des mortels ! »
'CLAC'
Harry sursauta au bruit de la porte brusquement fermée par Draco, et se laissa glisser sur une chaise.
Il pressa son front contre ses doigts en tentant de faire disparaître sa migraine naissante.
Pourquoi ça se passait toujours comme ça ? Pourquoi Draco et lui étaient incapables de communiquer sans se crier dessus ?
Il se haïssait d'être autant sur les nerfs et la défensive, mais il avait envie d'oublier les Dursley, oublier le Tournois, pas d'en parler !
Fulminant de colère et de frustration, c'est avec la désagréable sensation d'être injuste qu'il quitta la pièce à son tour.
La rentrée était passée depuis moins de deux semaines, et le Survivant se sentait déjà fatigué. Son estomac le faisait toujours aussi souffrir, des maux de têtes étaient apparus, et Draco était toujours fâché contre lui.
Il avait un peu repensé à la conversation qu'il avait eu avec Remus, mais il n'avait pas encore trouvé le courage de parler à son parrain.
Et pour couronner le tout, il avait Potions.
« Monsieur Potter. Au lieu de fixer l'air béât ces cadavres de scarabées, voudriez-vous bien rattraper votre retard et les ajouter à votre préparation ? »
Hermione le prévint d'un regard qui voulait dire 'Ne nous fait pas encore perdre des points !'. Harry se redressa sur sa paillasse et offrit un visage le plus neutre possible.
« Je suis fatigué monsieur, excusez-moi » dit Harry en tentant de temporiser son professeur irascible.
« Oh, notre célébrité nationale a du mal à dormir... Signer des autographes toute la nuit n'était peut-être pas une si bonne idée ? » répliqua Snape en dévoilant un rictus moqueur. « La fatigue n'est pas une excuse à l'incompétence Potter. Travaillez. »
Les poings de Harry se refermèrent sur eux-même. Il tenta de se contrôler et lança rageusement ses scarabées dans son chaudron, rêvant du jour où il pourrait les lancer à la tête de son professeur. Qui lui même avait les yeux cernés.
Snape jugea avec mépris la potion qui devenait doucement brune, à la différence de toutes les autres, et s'éloigna sans un mot de plus : Harry avait échoué.
L'adolescent étouffa un juron et foudroya du regard Draco qui se moquait de lui quelques rangs plus loin.
« Harry, concentre-toi. »
« J'essaie ! » chuchota Harry avec colère à Hermione.
« Pas la peine d'être désagréable non plus, tu n'es pas le seul à avoir des soucis de sommeils figure-toi ! » cingla t-elle.
Il eu un sourire désabusé et eu envie de répliquer méchamment quelque chose. Hermione ne pouvait pas comparer son zèle nocturne excessif à ses problèmes.
Ce n'était pas elle qui se couchait avec l'estomac scié par le manque de nourriture, la nausée l'empêchant d' avaler quoi que ce soit, pour finir par tomber de fatigue dans des cauchemars qu'il aimerait plus que tout voir disparaître.
Ce n'était pas elle qui avait si mal aux côtes, au dos, et-
Harry coupa net ses pensées, les ongles de ses mains enfoncés dans ses paumes. Il ne voulait pas continuer là dessus.
Et il sentait qu'il était injuste avec son amie. Elle ne lui avait rien fait de mal.
Voyant son regard troublé, Hermione se pencha à nouveau vers lui pour continuer discrètement sa potion, et lui glissa à l' oreille :
« Si tu ne vas pas bien, va voir Pomfresh ou demande conseil à Dumbledore, il est là pour toi tu sais ? »
Harry refusa catégoriquement. L'infirmerie était le dernier endroit où il voulait se rendre, et le Directeur n'avait pas l'air d'avoir envie d'entendre ses jérémiades. Il ne lui avait pas parlé de l'été, ce n'était donc pas à lui de faire le premier pas. L'adulte responsable c'était Dumbledore.
Il tira légèrement sur ses cheveux, agacé par sa propre immaturité.
Merlin, il voulait juste dormir, c'était tant demander ?
J'espère que ce premier chapitre vous a donné envie de suivre cette histoire :D
N'oubliez pas de laisser une petite review, c'est la seule chose qui nous permet de savoir que notre travail est apprécié et qui nous donne la motivation d'écrire encore et encore ! N'hésitez pas à me dire ce qui vous a plu, déplu, vos pronostics pour la suite... parlez avec les gens qui écrivent les histoires que vous aimez :D Personnellement, je réponds toujours aux reviews :)
A bientôt !
