Chapitre 3 : Une visite de Remus

Le lendemain, Harry descendit prendre son petit déjeuner. L'oncle Vernon et son cousin Dudley le saluèrent chaleureusement. Ils discutèrent tous les trois pendant une bonne quinzaine de minutes quand la Tante Pétunia pénétra dans la cuisine l'air plutôt embêté.

-Harry, commença-t-elle l'air mal à l'aise, je viens de recevoir une lettre d'un des membres de l'Ordre du phénix.

Harry leva la tête surpris et confus.

-Comment? Mais je leur ai dit que tout allait bien et je leur ai écrit à tous les trois jours.

-Oui je sais. Mais c'est écrit dans cette lettre qu'on doit te laisser seul dans la maison et cette personne viendra te parler aux alentours de midi. C'est tout ce qui est écrit. Je pense que tu t'es montré trop distant envers eux.

-D'accord, soupira Harry, je suppose qu'ils veulent avoir de mes nouvelles. Vaut mieux faire ce qu'ils disent. Ne vous inquiétez pas, je me charge de tout.

-Tu pourras peut-être venir avec nous, si tu n'as vraiment pas envie de leur parler. Proposa Dudley

-Non! De toute façon, si je viens avec vous, je serai suivi. Et puis, vaut mieux les affronter en face. À quelle heure vous pouvez revenir?

-Seulement le soir. Répondit la Tante Pétunia.

-Quoi???Eh bien! Cette personne a beaucoup de choses à me dire. Elle n'a pas laissé son nom par hasard?

-Non. C'est juste signé un membre de l'Ordre du phénix.

L'Oncle Vernon regarda sa montre.

-Ah zut! Il déjà onze heures et demi. Je pense qu'on s'est tous levé trop tard, dit-il.

-Vous feriez mieux d'y aller. On ne sait jamais. Cette personne peut arriver à l'avance ou même maintenant.

-T'est sûr que ça va aller? Demanda la Tante Pétunia

-Oui ne vous inquiétez pas. Tout ira bien. On se voit ce soir. Dit Harry

-D'accord, alors prends bien soin de toi. Et veille à ce que cette personne ne casse rien ou ne vole rien dans la maison. Et surtout n'hésite pas à lui dire tout ce que tu penses de cette « surprotection »

-Fais bien attention Harry, dit la Tante Pétunia

-À ce soir cousin, lança Dudley

Et les trois Dursley sortirent de leur maison après avoir souri une dernière fois ;a Harry. Après leur départ, il se demanda qui viendrait le voir. Un membre de l'ordre sans doute. Mais qui? Et si c'était Dumbledore. Ah non! Il ne voulait surtout pas lui parler. Et pourquoi un membre de l'Ordre venait le voir. Parce qu'il s'était montré trop distant et qu'il ne répondait pas aux lettres de Ron et d'Hermione. Pourtant l'été dernier, tout le monde s'était montré distant avec lui. Il n'avait donc pas le droit d'être distant lui aussi? C'était vraiment injuste. Mais il essaya de contrôler le plus possible son tempérament. Il regarda l'heure : onze heures cinquante. Pour passer les dernières minutes qui lui restaient, il décida de monter dans sa chambre pour fouiller un peu ses affaires. C'est en ouvrant sa malle que Harry découvrit le miroir que Sirius lui avait donné. Il s'est brisé lorsqu'il l'a jeté dans sa valise sachant que ça ne fera pas revivre Sirius mais il l'a ensuite réparé à l'aide d'un Reparo. Il ne voulait surtout pas perdre une chose que son parrain lui avait donné. Alors, il pensa à une chose : si il avait eu l'idée d'utiliser ce miroir quand il avait eu la vision que son parrain s'était fait capturé par Voldemort, il ne serait pas tombé dans son piège. Sirius lui avait donné ce miroir quand il avait appris que Harry aurait des leçons d'Occlumencie avec Rogue. Quand il était élève à Poudlard, il utilisait ce miroir pour communiquer avec le père de Harry, James lorsqu'ils étaient dans des retenues séparées. Décidément, Harry pensa que tout était de sa faute. La perte de son parrain l'accablait plus que jamais. Harry s'assit sur son lit et ramena ses jambes vers lui et son front s'appuya sur ses genoux. Il eût du mal à ne pas verser des larmes. Sirius était mort par sa faute. La lettre que Harry lui avait écrite était dans la poche de son jean. Il avait décidé qu'il garderait toujours cette lettre sur lui, même si elle n'avait pas de destinataire. Il ne pensait qu'à Sirius et qu'aux événements qui s'étaient passés l'année dernière. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il avait oublié que quelqu'un viendrait le voir. Il n'entendit même pas la porte de la maison s'ouvrir, ni les pas qui montaient l'escalier, ni même la porte de sa chambre s'ouvrir tranquillement à son tour.

-Harry?

Celui-ci sursauta. Il releva la tête pour se trouver nez à nez avec Remus Lupin le dernier des Maraudeurs. Le loup-garou semblait fatigué et triste. Il y avait encore plus de mèches blanches dans ses cheveux châtains, sa robe de sorcier était encore plus rapiécée et il portait un long manteau noir de voyage. Harry resta bouche bée. Lupin était selon lui, la dernière personne de l'Ordre qui viendrait le voir, après Rogue bien sûr. Car c'était à cause de lui si Lupin passait maintenant ses pleines lunes tout seul.

-Professeur Lupin!!! Comment allez-vous???dit Harry d'un ton hésitant

-Écoute Harry! Premièrement, je ne suis plus ton professeur. Deuxièment, je préfère que tu me tutoies. Et troisièment, appelle-moi Remus je t'en pris.

-Bon d'accord, si c'est ça que tu veux. Alors ça va?

Harry avait détourné la tête en disant cela.

-Moi ça n'a pas d'importance, répondit sombrement Remus, mais toi comment tu vas?

-Bien, dit Harry d'un ton de défi

-Ah! N'essaye pas Harry. Ça fait des semaines que tu es distant avec nous.

-Ouais et alors? S'impatienta l'adolescent. Qu'est-ce que ça peut vous faire. Vous m'avez tous fait la même chose l'été dernier, alors je vois pas pourquoi j'en ferais autant cette année.

Il avait dit tout ça d'un ton plus ou moins calme et avec une certaine froideur. Mais il ne voulait surtout pas se fâcher contre Remus

-Attends. Crois-moi on avait pas l'intention de t'empoisonner la vie, loin de là…dit Remus calmement

-C'est pourtant ce que vous avez fait!!!!! Lança Harry d'un ton sec

Remus resta perplexe et prit un air encore plus triste. Alors Harry regretta d'avoir été si dur avec lui. C'est vrai, Lupin n'y était pour rien. C'est à Dumbledore qu'il fallait dire ça et pas à Remus. En regardant l'air de celui-ci, Harry sut qu'il était allé un peu trop loin. Et puis Remus ne souffrait pas assez comme ça depuis la mort de Sirius? Un peu honteux, Harry baissa la tête. Il eût un moment de silence. Puis, il sentit une main lui prendre l'épaule.

-Je voulais juste savoir si tu allais bien. Je me faisais du souci pour toi, dit Lupin la voix un peu brisée

-Ça va, se radoucit Harry, je m'entends bien avec les Dursley maintenant. Et je crois que je pourrais passer tout l'été ici.

-Quoi? C'est vrai? Eh bien, je suis content pour toi. Mais je trouve que tu t'es montré trop distant avec nous. Tu aurais pu nous avertir quand même.

-J'en ai assez d'être toujours surprotégé, s'exclama Harry en se dégageant de Lupin. L'été dernier, j'avais vraiment l'impression que Dumbledore voulait m'enfermer tout comme il avait fait pour Sirius…

Harry s'arrêta net. Dès qu'il eût prononcé le nom de son parrain, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Et Remus ne valait pas mieux. Il avait l'air aussi accablé que l'adolescent. Quelques secondes plus tard, Harry commença à verser des larmes. Tout le chagrin dissimulé depuis déjà plusieurs semaines éclata soudainement. Il avait honte de se mettre à pleurer devant Remus. Celui-ci se précipita aussitôt sur Harry et le prit dans ses bras. Il essaya de le consoler le mieux qu'il put.

-Ah Harry! Murmura Remus. James, Lily, Sirius je vous promets de ne jamais plus l'abandonner. Je vais le serment de veiller sur lui.

Harry continua à pleurer sur la poitrine de Remus, mais il se sentit quand même un peu réconforté par le loup-garou. Celui-ci resserra sa prise sur l'adolescent. Des larmes coulèrent aussi des yeux du loup-garou. Tous deux pleuraient pour la même raison : la perte de Sirius. Ils restèrent un long moment dans cette position. Finalement, Harry toujours les larmes aux yeux, se détacha du Maraudeur et s'essuya le visage avec sa manche.  Celui-ci le lâcha à contrecœur. Harry garda les yeux baissés mais il sentit un bras lui entourer les épaules, alors il releva les yeux.

-Harry, commença Remus d'un ton hésitant. Je ne veux pas qu'il t'arrive quoi que ce soit. Écoute, on ne voulait surtout pas te faire de la peine tu sais. Voldemort est capable de n'importe quoi et on avait peur qu'il te soit arrivé quelque chose.

-T'est pas au courant pour la prophétie hein? Demanda Harry

Sa fureur s'était apaisée envers les membres de l'Ordre du phénix mais pas envers Dumbledore.

-Non, en effet. Il y a juste Dumbledore qui la connaît au complet.

-Et moi! Dit Harry d'un air sombre.

Ses yeux brillèrent étrangement et Remus le remarqua tout de suite.

C'est…commença Harry

-Quoi? Dit Remus d'un air inquiet et en resserrant son étreinte sur l'adolescent.

-À la fin de la prophétie, continua Harry, soit je suis tué par Voldemort ou soit je le tue.

Remus fut abasourdi par cette révélation. Maintenant, il commença à comprendre pourquoi Harry s'était montré distant pendant toutes ces semaines.

-Ah non! Pensa Remus. Tout mais pas ça. Je ne veux pas perdre Harry en plus.

Le Maraudeur ne savait plus quoi dire. C'est la raison pour laquelle, l'été dernier, Dumbledore voulait que tout le monde, même ses amis les plus chers, soient distants avec Harry? Ce n'était pas juste. Si Sirius était encore là, il n'aurait sûrement pas supporté d'entendre la vérité. Harry fixa les yeux du loup-garou. Son regard semblait perdu.

-Harry, dit Remus d'un ton déterminé, crois-moi je ne t'abandonnerai pas. Je ne suis pas ton parrain mais Sirius m'a dit de veiller sur toi si il lui arrivait quelque chose. Je ne te laisserai pas te faire tuer par Voldemort. Ça jamais. Je mourrai si il le faut.

-Non! Répondit Harry qui commençait à paniquer.

-Quoi? S'étonna Remus

-Ne meurs pas toi aussi. Je t'en pris. Il y a déjà beaucoup de personnes qui sont mortes par ma faute. Je ne veux pas mourir Remus…mais je ne veux pas que les personnes que j'aime meurent à cause de moi.

-Ne pense pas ça. Personne n'est mort par ta faute.

-Si! Sirius est allé au Département des Mystères à cause de moi et toi aussi. Tu aurais pu être tué. Tout ça c'est ma faute.

-Non! Tu n'avais eu que de bonnes intentions en y allant. Tu voulais sauver Sirius et lui aurait fait la même chose pour toi.

Harry avait toujours les larmes aux yeux mais il se sentait mieux maintenant. Si il y avait bien quelqu'un qui connaissait très bien Sirius, c'était Remus. Harry étreignit le loup-garou dans ses bras. C'est par-dessus l'épaule de Harry que Remus vit le miroir.

-Quoi? C'est toi qui a l'autre partie du miroir? Demanda-t-il

Harry, surpris lâcha Remus et se retourna.

-Oui. Sirius me l'avait donné pendant les vacances de Noël juste avant de repartir pour Poudlard.

-Hé bien. Je ne le savais pas. Je me demandais où l'autre partie était passée.

-Est-ce que ça veut dire, demanda Harry d'un ton rempli d'espoir, que tu as l'autre moitié et qu'on pourrait toujours rester en contact?

-C'est exact! James et Sirius aimaient beaucoup les utiliser. Surtout quand ils étaient en retenue.

C'est alors que Remus vit sur le visage de l'adolescent, un grand sourire. Ça faisait longtemps qu'il ne l'avait pas vu comme ça.

-Ça va mieux maintenant Harry?

-Ouais, je dois l'avouer. Mais il faut que je te demande quelque chose.

-Vas-y. Je t'écoute.

-Est-ce que c'est grave de ne pas avoir été nommé préfet? Demanda Harry d'un ton hésitant.

-Non! S'étonna Remus. Je ne vois pas pourquoi tu fais un drame pour ça. Écoute, James et Sirius n'ont pas été nommés préfets non plus et laisse-moi te dire qu'ils étaient très contents, termina-t-il avec une note d'amusement

-Ah! C'est juste que quand j'ai appris que Ron et Hermione étaient les nouveaux préfets de Gryffondor je me suis senti…

-Délaissé. Oui je comprends très bien. Mais ne t'inquiète pas pour ça. Et puis, justement pour ta fête…je vais t'offrir quelque chose que tu vas sûrement aimer. Et tu oublieras même que tes amis sont préfets.

Les yeux du Maraudeur commencèrent à briller et il eût un sourire étrange.

-Quoi? Demanda Harry avec curiosité.

-Tu verras. Répondit Lupin avec un sourire.

-Au fait, je préfère que tu ne parles à personne de la fin de la prophétie. Dit Harry

-Ne t'inquiète pas! Ce sera entre nous. Je te promets que je ne te dirais rien. En passant, je suis sûr que tu pourras affronter Voldemort. Tu es le digne fils de ton père Harry.

Un frisson parcourut la colonne vertébrale de l'adolescent. Il se rappela qu'à la fin de sa troisième année, Sirius lui avait dit exactement la même phrase juste avant de s'enfuir sur le dos de Buck, l'hippogriffe qui appartenait à Hagrid et qui avait été condamné à mort.

-Tu penses encore à ce que tu as vu dans la Pensine de Rogue? Demanda soudainement Lupin qui avait vu le regard pensif de Harry.

En effet, l'année dernière, durant un cours d'Occlumencie, Harry était tombé dans la Pensine de Rogue. Il avait vu son père torturer son professeur de Potions sans aucune raison apparente. Bien entendu, Rogue l'avait pris sur le fait et il avait été furieux. À cause de ça, Harry n'eût plus jamais de cours d'Occlumencie. Mais depuis ce temps, il n'était pas sûr de vouloir être comme son père. Certes, l'adolescent s'était dit qu'il faudrait qu'il travaille plus dans ses études.

-Non pas vraiment, finit par répondre Harry.

-Justement, ça me fait penser à quelque chose. Dumbledore aurait voulu te le donner en personne, mais il s'est dit que tu lui gardais encore trop de rancune.

Harry hocha tristement la tête.

-Alors, continua Remus, il m'a dit de te donner ceci.

Il avait caché quelque chose sous son long manteau. Il sortit un objet long enveloppé dans un vieux linge. Harry regarda l'étrange paquet avec curiosité. Remus, qui ne voulait pas le faire attendre plus longtemps, enleva le linge. Alors, Harry écarquilla les yeux. C'était l'épée de Godric Gryffondor! Elle scintillait et sa poignée était toujours incrustée de rubis. Il y a environ trois ans, Harry l'avait tiré du Choixpeau magique en combattant le Basilic dans la Chambre des secrets.

-Mais…mais…bafouilla-t-il

-Tu es le dernier descendant de Godric Gryffondor. Dit Remus

-Quoi? Mais…comment? Je n'en reviens pas. Pourquoi je ne l'ai pas su plus tôt?

-Dumbledore aurait voulu te le dire l'année dernière. Mais il a pensé que tu avais assez appris de choses. Alors, il a préféré attendre un peu. Il m'a dit de te dire de garder précieusement cette épée, d'en faire bon usage et il est temps que tu en hérites.

-Merci beaucoup Remus. Tu es vraiment un bon ami.

-Ça me touche beaucoup mais il va falloir que j'y ailles maintenant. Si tu dois rester chez ton oncle et ta tante pendant tout l'été, on se reverra le jour de la rentrée. Et puis, à ton anniversaire, porte une attention spéciale sur mon cadeau. Et enfin, prends bien soin de toi, termina Remus avec un clin d'œil.

-Salut Remus, à la prochaine.