La fête dura toute la nuit, les personnes furent nombreuses à vouloir féliciter et remercier Cyri d'avoir enfin mis fin à la guerre.

-Laissez votre Reine profiter de la soirée s'il-vous-plait ! fit Claude en prenant sa fiancée dans les bras.

-Merci Khalid… Je ne savais plus quoi dire pour qu'ils me laissent enfin tranquille. soupira-t-elle

-Il faut dire que tu es leur sauveuse, c'est normal qu'ils veulent tous te dire un mot.

-Mais je n'ai rien fait de spécial, si nous avons réussi c'est seulement grâce à toi. C'est toi qu'ils devraient harceler.

-Ah ah ! Non merci ! J'ai toujours été dans l'ombre et j'aime bien y rester.

Le couple trouva un coin tranquil et se posa, la jeune femme se blottit contre le torse de Claude et se mit à écouter son coeur. Sans qu'elle ne se rende compte, elle s'endormit.

-Je n'arrive pas à croire que la guerre soit enfin terminée. soupira Dimitri qui se laissa tomber à côté de Claude.

-Tu vas pouvoir enfin rentrer chez toi et profiter de ta famille.

-Ils me manquent terriblement, j'ai hâte de les revoir mais j'ai peur de vous laisser. Tu sais autant que moi que la guerre ne s'arrête jamais quand le chef ennemi est arrêté ou mort.

-Nous avons encore beaucoup de choses à faire. Le plus pressant pour l'instant c'est que tout le monde décompresse et se repose.

-Quand elle se réveillera, Cyri aura d'importantes discussions, que ce soit avec son oncle mais aussi avec sa mère.

-Chaque chose en son temps, je veux qu'elle reprenne des forces avant tout autre chose.

-Merci d'avoir été à ses côtés depuis le début Claude… fit Dimitri en caressant doucement les cheveux de la jeune femme.

-Qu'est-ce qu'il te prend d'un coup ? Est-ce l'alcool qui te fait cet effet ?

-Je suis persuadé qu'elle n'aurait pas pu arriver jusqu'ici sans toi.

-N'exagère pas. Tout ce qu'elle a fait jusqu'à présent c'est seulement grâce à elle. Je n'ai fait que la soutenir. C'est une chose normale quand on s'aime non ?

Les deux hommes restèrent silencieux, seuls les légers ronflements de Cyri et la musique lointaine venait rompre ce calme. Claude décida ensuite d'emmener sa fiancée dans sa chambre. Il parcourut les couloirs du château et s'étonna de voir que les traces du précédent Roi étaient encore présentes, le jeune homme se serait attendu à voir des portraits d'Arden partout sur les murs et sentir une ambiance pesante. Mais le bâtiment n'avait changé en rien depuis son départ pour Adrestia. Il entra ensuite dans la chambre de la Reine et il fut surpris que la pièce ait été entretenue, le lit était fait, il n'avait aucune trace de poussière et une odeur de fleurs planait dans l'air. Claude déposa la jeune femme dans le lit et la rejoignit sans attendre.

Cyri fut réveillée par un rayon de soleil qui brillait sur son visage, elle s'étira longuement et mit un instant à reconnaître l'endroit. Une certaine nostalgie la saisit.

« Je dois avouer que cela me fait bizarre de revenir ici. » fit Sothis qui flottait devant la fenêtre.

-J'ai du mal à croire que ma chambre soit intacte. fit Cyri.

-Tout le château l'est. dit Byleth. Avec Sir Claude nous avons fait le tour et rien n'a changé.

-J'aurai voulu prendre le petit-déjeuner avec lui… bouda la Reine.

« A cette heure, ce n'est plus un petit-déjeuner mais un déjeuner que tu prendras. Ton fiancé est venu te voir trois fois et tu dormais toujours. J'ai dû lui promettre que tu n'allais pas tarder même si c'était moi qui te réveillerai.» râla la déesse.

-Il est parti voir la capitale avec Dimitri, il m'a dit de vous dire qu'il serait judicieux d'aller voir votre mère avant d'interroger votre oncle. L'ancienne Reine semble s'être cloîtrée dans sa chambre depuis son réveil.

-Byleth peux-tu faire en sorte de rassurer mon cher fiancé s'il-te-plait ? Et dis aussi à Seiros que je les attendrai pour aller voir Arden.

Après un bon bain, la jeune femme quitta sa chambre avec une certaine appréhension. Son dragon avait raison, rien n'avait changé, on aurait du mal à croire que le Royaume était encore en guerre hier. Quand elle frappa à la porte de sa mère, elle n'eut aucune réponse, paniquée, elle entra et trouva sa mère assise au bord de la fenêtre.

-Mère, j'ai toqué à la porte, je pense que vous ne m'avez pas entendu… fit-elle timidement.

-Quand est-ce qu'Arden sera exécuté ? demanda l'ancienne Reine sans regarder sa fille.

-Une fois que Claude et moi, nous aurions fini de l'interroger.

-Que veux-tu savoir à la fin ? Il a tué ton père et trahi le Royaume ! Il aurait déjà dû être pendu !

-Ca suffit Mère ! haussa le ton Cyri. Où est celle qui me demandait avec calme de ne pas chercher à me venger ? Vous m'inquiétez…

Eirika tourna doucement la tête vers sa fille, la gorge de Cyri se noua en voyant les yeux rougis de sa mère.

-Ton père me manque tellement…

-Il me manque aussi mais vouloir tuer Arden ne le fera pas revenir.

-C'est ce que je me suis dit aussi mais chaque nuit je revois ton oncle brandir sa hache avant de l'abattre sur la tête de ton père. fit Eirika les mains tremblantes devant son visage.

-Et voir mon oncle mort vous soulagera ?

-J'en suis certaine. Je veux le voir souffrir comme je souffre encore aujourd'hui !

-Et moi je pense que vous vous trompez. Mon cœur me fait mal quand je pense à Père. Ma gorge s'est noué quand j'ai vu un de nos portraits de famille dans le château. Quand Claude m'a raconté tout ce qui s'était passé pendant mon sommeil, j'étais aussi en colère que vous l'êtes en ce moment puis nous nous sommes revus et j'ai retrouvé votre calme qui m'a si souvent apaisé. Je veux retrouver cette mère qui me manque, j'ai besoin d'elle…

Cyri sentit une larme couler sur sa joue et sa voix commençait à trembler. Quand sa mère avait débarqué face à Arden, elle avait eu cette sensation de l'avoir perdu. La voix qu'elle avait, le regard consumé par la rancœur, rien de cela ressemblait à cette personne qui l'avait consolé et encouragé tellement de fois.

-Je ne sais pas si je pourrais redevenir celle que j'étais avant… soupira sa mère avant de regarder à nouveau par la fenêtre.

-Alors j'attendrai le temps qu'il faudra. S'il-vous-plait, pendant ce temps, ne faites pas de bêtises… fit Cyri.

La jeune femme quitta la chambre et s'effondra en larmes. Elle se sentait si impuissante face à la tristesse de sa mère, elle s'en voulait presque de ne pas pouvoir l'aider.

-Cyri ! Que se passe-t-il ? accourut Félix.

-C'est ma mère… Je ne comprends pas ce qu'il lui arrive. Je veux l'aider mais j'ai l'impression qu'elle ne veut pas.

Félix entoura son amie de son bras et l'emmena dans les jardins.

-Je pense qu'on devrait la laisser tranquille. suggéra le jeune homme.

-Et si elle décide de rejoindre mon père ?

-Fais-la étroitement surveillé, dans ce cas.

-Je m'en veux parce que j'étais tellement concentrée sur cette guerre que je n'ai pas vu ma mère sombrer…

-Elle a visiblement tout fait pour que cela ne se voit pas, tu n'as pas à culpabiliser pour ça.

-A t'écouter, la situation a l'air si simple… sourit difficilement Cyri

Son ami se tut et se contenta de boire son thé, des pas rapides vinrent perturber le silence. Claude arriva et s'agenouilla à côté de sa fiancée, tout à coup inquiet quand il vit sa mine perturbée. Cyri lui raconta la discussion qu'elle avait eue avec sa mère.

-Je suis désolé de te dire ça mais je crois qu'il faut la laisser tranquille un peu. Peut-être qu'avec l'exécution de ton oncle, elle ira mieux. rassura-t-il.

-De toute façon, j'ai l'impression que je ne peux rien faire de plus… soupira la Reine.

-Dimitri est déjà en chemin pour aller voir ton oncle. Allons le rejoindre et posons lui le plus de questions possibles. J'ai peur qu'il change d'avis et qu'il décide de devenir muet comme une tombe.

-Ta fameuse potion ne marcherait pas sur lui ? demanda Félix.

-Ma potion est imparfaite et Arden est un homme costaud, l'effet ne durera que peu de temps.

Sur le chemin qui menait à la cellule, Cyri essaya mit de l'ordre dans ses idées, beaucoup d'interrogations s'étaient accumulées depuis le debut de la guerre et la jeune femme savait que son oncle avait toutes les réponses. L'homme était seul dans une cellule, surveillé par des soldats de Dimitri. Quand il vit le trio entrer, un léger sourire flottait sur son visage.

-Je peux savoir ce qui vous fait sourire de la sorte ? demanda sèchement Cyri.

-Vous devriez vous regarder dans une glace, vous avez une de ses têtes… ria Arden.

-Et si nous commencions l'interrogatoire ? proposa Claude.

-Pourquoi avoir trahi le Royaume d'Era ? commença la Reine.

-Ce n'est pas par jalousie comme certains pourraient le penser.

-Pour quelle raison alors ? insista la jeune femme.

-Je ne vais pas vous cacher que j'ai longuement réfléchi à la façon dont je pourrais prendre le trône quand notre père avait annoncé à Leif et à moi-même que je n'étais pas digne de diriger le Royaume.

-Arden… Venez-en au fait… soupira Dimitri.

Claude lança un regard à ce dernier pour lui faire comprendre de ne pas le gêner. Le prisonnier était un homme intelligent s'il racontait ce genre d'histoires, c'était pour une bonne raison.

-Comme tu le sais, ton père est un homme généreux qui a le cœur sur la main. C'est peut-être pour ça qu'il a été choisi…

-C'est surtout parce que vous êtes une personne très violente et grand-père avait peur que vous mettiez son Royaume à feu et à sang… coupa Cyri.

-Je l'ai été en effet mais je me suis calmé avec l'âge. Quand ton père est devenu Roi, beaucoup de ses conseillers et ministres lui ont conseillé de m'éloigner le plus possible de la capitale. Mais il a refusé, me demandant de participer activement aux affaires du Royaume.

-Que voulez-vous me faire comprendre ? s'impatienta la jeune femme.

-Que je n'avais aucune raison de le trahir…

Les trois amis se regardèrent incrédules.