Chapitre 3 Disparaître pour mieux renaître.

Le vent allait se fracasser sur la tour. Un vent froid. Un vent qui défie quiconque de le provoquer en duel. Un froid qui nous rappelle que nous sommes en vie. Il l'entendait. Il entendait sa fureur. Il entendait son désir de vivre. Il pouvait presque entendre son cœur palpiter au rythme de ses bourrasques. Alors que lui-même aurait aimé se jeter au bas de cette tour, il entendait le vent lutter pour sa survit. Il semblait prêt à tout. Peu importe s'il devait déraciner des arbres ou détruire cette tour qui le défiait en un ultime affront. Cette tour refusait de ployer sous sa force comme le faisait les arbres. Cette tour le narguait par son immobilité alors que le vent tentait de se convaincre lui-même de son immortalité. Il voulait détruire cette tour.

Harry rêvait que cela arrive. Il rêvait que la tour s'écroule avec lui à son sommet. Mais cela n'arriva pas. Le vent commença à perdre de sa vigueur et, enfin, mourut en un dernier soupir. Harry, du haut de son perchoir, continua d'attendre patiemment. Les étoiles commençaient à vouloir se montrer. Seul les plus braves y parvenait. La douce lumière du crépuscule continuait d'illuminer la voûte céleste, puis mourut à son tour pour ne renaître que le lendemain en même temps que le vent.

Sa journée avait été de courte durée malgré le manque de sommeil. Il avait parlé toute la nuit avec Ron. Il lui avait tout expliqué de long en large en tentant de ne pas fléchir sous le flot de questions qui s'abattait sur lui. Il parla et parla, se vidant de tout ce qui l'empêchait de réfléchir normalement. Toutes ces pensées qui ne ressemblaient pas à des pensées semblèrent disparaître en un dernier soupir, tout comme le vent, tout comme la lumière, tout comme lui. Il disparaissait alors qu'il se vidait de tout ce flot de paroles absurdes. Il disparaissait, lentement gagné par le sommeil. Mais comme le vent et la lumière, il réapparut le lendemain à l'aube.

Ça avait été une journée comme une autre. Bien sûr, c'était à condition d'être sourd et aveugle. Mais comme ces gens étaient fort rares à Poudlard, ce ne fut une journée normale pour personne. Les couteaux volèrent bas en ce jour de novembre. Étrangement, ils allaient tous dans la même direction. Le directeur ne savait trop s'il devait se réjouir de voir enfin les quatre maisons unies ou se mettre dans une rage folle contre ses étudiants qui se montraient si peu civilisés.

Le premier cours se passa assez bien… À condition une fois de plus d'être sourd et aveugle. La pauvre victime des étudiants de sixième année se retrouva mainte fois la cible de papiers explosifs, gracieuseté de Fred et Georges Weasley. Les papiers portant des messages allaient lentement se poser sur son bureau. Ensuite, ils explosaient en criant leur message à la manière d'une beuglante, mais avec une détonation et une fumée noire épaisse. La fumée était ensorcelée de manière à aller se masser autour de la tête de la victime. Lorsqu'elle se dissipait enfin, on pouvait voir le message imprimé sur le front de la malheureuse personne visée. La personne en question, Hermione, y avait eut tant droit que des insultes des plus odieuses se retrouvaient imprimées partout sur son visage et à de multiples autres endroits. Avant la fin du cours, elle ramassa ses affaires et partit en courant en direction de l'infirmerie. Les mots n'étaient pas seulement imprimés, ils étaient gravés. De manière indolore et il n'y avait pas de plaie, mais une fine cicatrice persistait après que l'encre soit disparut. Les rires fusèrent et le cours reprit.

Harry ne pu s'empêcher de penser qu'il s'agissait sans nul doute d'un coup de Ron. Cette farce et attrape n'était encore qu'au stade expérimentale. Les jumeaux Weasley en avait tout de même fait parvenir à leur cadet pour qu'il les teste sur les Serpentards. Ils n'étaient cependant pas encore en vente pour la simple et bonne raison qu'ils n'avaient pas encore trouvé l'antidote aux cicatrices. Peu importe les potions qu'utiliserait Pomfresh, rien n'y changerait si ce n'était pour empirer son état.

Le cours terminé, Harry rejoignit Ron avec un sourire malicieux.

- C'est toi, n'est-ce pas ?

- Peut-être, répondit-il, énigmatique.

Ils allèrent à leur deuxième cours sans qu'ils ne la revoient. Puis, au déjeuné, elle ne se montra pas plus. Au premier cours de l'après-midi, soit Soin aux créatures magiques, elle arriva à la dernière minute. Elle se plaça bien en retrait, ne voulant pas attirer l'attention. Pendant le cours, elle tomba à plusieurs reprises sur le sol boueux. Harry la regardait se relever difficilement alors que les Serpentards l'entouraient et se faisait un malin plaisir à la repousser dans la boue qui recouvrait déjà plusieurs de ses livres. Livres qu'elle devrait rembourser à la bibliothèque de l'école.

Toute la journée se passa sur ce thème, celui de l'humiliation. Du haut de sa tour, le jeune Gryffondor se remémorait sa journée alors qu'un Serpent gravissait l'escalier qui le mènerait au sommet de la tour.

- Tu es en retard.

- Un Malefoy sait toujours se faire attendre.

- Quoi ?

- Peu importe. Alors, tu as aimé ta journée ?

- J'imagine que oui.

- Tu imagines ?

- C'est que… Enfin, j'ai parlé à Ron hier soir. Presque toute la nuit en fait. Je crois que ça m'a fait du bien. Et puis, de la voir se faire humilié comme ça aujourd'hui, je dois avouer que c'était plutôt amusant.

- C'était des amateurs. Enfin, presque tous, les papiers explosifs, ça c'était de la véritable humiliation. Surtout que Pomfresh a aggravé son cas. Même que c'est plutôt jouissif de voir que ce n'est pas moi qui y ai eut droit comme c'était prévu au départ.

- Qu'est-ce qui te fait dire que…

- Potter, c'est les jumeaux Weasley qui les ont fabriqué, c'est la belette qui les a distribué et je suis un Serpentard. Si tu mets tous ça ensemble, tu es supposé, logiquement, en arriver à la conclusion que c'était à moi et aux autres Serpentards qu'ils étaient destinés au départ.

Harry ne pu s'empêcher de laisser échapper un léger rire. Il imaginait la peau diaphane de ce pauvre et malheureux Malefoy ornée du sobriquet de fouine albinos. L'albinos en question ne semblait pas le voir du même œil. Il le regardait comme s'il était dément. Ce qui, à son avis, n'aurait pas été tout à fait faux la veille. Il regarda une nouvelle fois par-dessus le muret qui le séparait du vide et n'eut pas, pour la première fois depuis deux jours, l'envie de franchir ce maigre espace qui le séparait d'une chute vertigineuse.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ?

- On improvise.

- Quoi ?

- Tu sais dire autre chose ?

- Je croyais que t'avais un plan pour la suite. Tu m'as dit de parler à Ron, je l'ai fait. Tu voulais qu'elle soie seule, ça s'est fait tout seul. Et maintenant ?

- Place au cauchemar.

- Quoi ?

- Tu devrais varier ton vocabulaire.

- Tu as fini de te moquer de moi ?

- Si tu veux que j'arrête de me moquer de toi, arrête de m'en donner l'occasion.

- Très bien, alors qu'est-ce que tu entends par cauchemar ?

- On va la rendre folle.

- La rendre folle ? Juste ça ?

- Oui.

- J'étais sarcastique.

- Pas moi.

Le Lion le regarda, dépassé. Malefoy voulait la rendre folle. Jusque là, c'était assez clair. Le problème était que l'idée en elle-même n'était pas des plus simple. Il y avait trop de questions rattachées à cette idée qu'il qualifiait déjà d'absurde.

- Comment tu comptes faire ?

- Moi ? N'y compte pas. Je ne ferai absolument rien.

- Alors moi non plus. Ne compte pas sur moi pour faire tout à ta place. Tu veux te venger, très bien. Alors, fait-le. Oublie-moi. Tu ne te serviras pas de moi pour exécuter ta petite vengeance personnelle en essayant de me faire croire que tu n'as aucun autre intérêt la dedans que de me voir redevenir ton ennemi.

- Très bien, si c'est ainsi que tu le prend. Vas-y. Laisse-la s'en tirer. Continuez, toi et ta bande de joyeux petits Gryffondors, à la couvrir de cicatrices. Quand tu te lasseras de la voir partir en courant de ses cours, ne viens pas me demander de t'aider.

- Pourquoi tu fais semblant ?

- Semblant de quoi ?

- Que ça ne te fait rien. Si tu as pris le risque de sortir en cachette avec une sang-mêlée, c'est que tu l'aimais. Alors, pourquoi tu fais comme si tu ne voulais pas autant que moi cette vengeance ?

Il resta quelques secondes interdit. Ils se fixèrent droit dans les yeux, s'échangeant des paroles muettes qui résonnèrent dans le silence de la nuit.

- Alors, ça veut dire que tu veux te venger ?

- Oui.

- Parfait. Je vais t'aider. Et puisque tu à l'air d'y tenir à ce point, je ne vais pas seulement rester simple spectateur. Ce qu'il faut, c'est lui faire croire que ce qui s'est passé l'a atteinte mentalement. Je vais me charger de faire quelques potions qui devraient nous aider. Mais, il y a une partie que seul toi pourras faire. Tu partages la même salle commune qu'elle. Ce sera plus facile.

Ils parlèrent quelques minutes et le Serpentard finit par quitter la tour. Harry le regarda partir. Dès qu'il fut hors de vu, il se saisit de sa cape d'invisibilité qu'il avait cachée dans un coin et la revêtit. Il disparut immédiatement. Il descendit à son tour et suivit les traces du Serpentard à distance. Bien qu'il faisait tout pour faire mine de croire aux explications vaseuses de Malefoy, il n'y comprenait rien. Ou plutôt, il ne le croyait pas. La veille, il avait parlé, beaucoup parlé. Il avait tout raconté à Ron. Tout. Lui non plus n'y comprenait rien. D'un naturel suspicieux et quelque peu rancunier, le rouquin avait proposé un plan pour le piéger. Harry suivait donc Malefoy tandis que Ron suivait ses deux acolytes depuis déjà un bon moment.

Malefoy se dirigeait vers la pièce où ils avaient été la veille. Harry savait qu'en le suivant à cette distance, il n'aurait jamais le temps de pénétrer la salle à sa suite. Il pria donc pour s'être trompé. Il ne devait pas se rendre à cette pièce cachée par Salazar. Il ne pouvait pas non plus trop se rapprocher. Il pourrait se faire entendre. Rogue avait déjà passé très près de l'attraper en première année, il ne devait pas se faire prendre par Malefoy. Sinon, il devrait se trouver une raison valable de le suivre, la nuit, caché sous sa cape d'invisibilité.

Le miroir était en vu. Il s'approchait de plus en plus. Tellement qu'ils passèrent tout droit. Ils allèrent dans une partie du château qu'il n'avait jamais visité, mais que le Serpentard semblait connaître sur le bout de ses doigts. Ils traversèrent plusieurs couloirs avant d'enfin arriver à une immense pièce. Il y avait des chaudrons troués un peu partout, des tableaux défoncés et toute sorte de choses inutilisables. Des torches s'allumèrent, d'un seul coup. Une silhouette se laissa deviner au fond de la salle.

- Tu es venu, dit une voix féminine.

C'était elle, Hermione.

- Comme tu peux le voir. Mais dépêche-toi, je n'ai pas toute la nuit.

- Alors, je vais être brève. Pourquoi tu fais ça ?

- Faire quoi ?

- Je les ai entendu parler, lui et Ron. Ils sont descendu dans la salle commune pour parler croyant qu'elle était déserte. J'ai dû partir avant la fin, mais j'en ai assez entendu pour savoir que tu veux l'aider à se venger de moi.

- Et alors ?

- Et alors ? Tu n'en as pas eut assez ? M'humilier devant tout le monde ? Tu as gâché ma vie !

- Ta vie ? Ho non, crois-moi, elle n'est pas encore gâché, mais ça viendra, crois-moi, ça viendra.

- Qu'est-ce que tu veux, au juste ?

- C'est évident, non ? Je veux ta perte. J'ai eut un moment d'égarement. Le temps qu'on a passé ensemble n'était qu'un moment d'égarement. Mais maintenant, tout est revenu à la normal. Du moins pour moi. Potter est quelque peu comateux, il ne sait plus trop où il en est, mais je suis là pour le ramener sur le droit chemin, et si ça veut dire qu'il faut te détruire, alors c'est ce qui arrivera. On te détruira.

- Et ton maître, lui ? Tu y as pensé ? C'est le moment où jamais d'attaquer, non ? Harry ne réussirait même pas à gagner un combat contre Neville.

- Oh, mais il est au courant.

- Quoi ?

- Il est au courant. J'ai informé mon père de la situation. Il en a à son tour parlé au Seigneur des Ténèbres qui à jugé opportun de le remettre sur pied. Vaincre une larve n'est pas très glorifiant. Même si ça résoudrait plusieurs de ses problèmes. Maintenant, Granger, ce n'est pas que je n'apprécie pas ta compagnie, mais… En fait, oui, c'est ça. Alors, au revoir, Sang-de-bourbes. Et j'oubliais presque, jolie ton nouveau look. Très jolie.

Il partit en laissant entendre un rire des plus malsain. Harry lui emboîta le pas, le suivant encore à bonne distance.

- C'est ici qu'on se sépare Potter. Tâche de ne pas te perdre en revenant à la tour des Gryffondors. La belette t'y attend. La prochaine fois, choisi quelqu'un de plus discret pour faire tes filatures.

Harry resta figé sur place. Il ne savait plus que penser. Malefoy avait dit tout ça en sa présence. Sa tête se mit à devenir lourde. Il avait mal à la tête à force de réfléchir. Il décida donc de revenir à son dortoir, de dormir une nuit complète et d'y penser le lendemain. C'était sans doute la meilleure chose à faire, sinon, sa tête allait exploser. Exploser comme une boule de papier. Demain, tout irait mieux. Il ferait comme le vent. Disparaître pour mieux renaître. C'était la meilleure chose à faire.

Arrivé au dortoir, il adressa un regard à Ron. Un regard de pardon. Ils allèrent tout deux se coucher la tête lourde. Au contact de leur oreiller, elle sembla soudain s'alléger. Ils disparurent alors dans les brumes du sommeil. Disparaître pour mieux renaître.


J'espère qu'il vous a plut. Je vais essayer de profiter du temps des fêtes pour avancer mes fanfictions. Donc je devrais poster d'autres chapitres d'ici la fin des vacances de Noël.

Ysia


RAR

Lady Volderine : Merci, ça fait toujours plaisir de se faire dire que notre histoire est originale.

Hinari : J'avoue avoir pensé se faire suicider Hermione, mais je me suis dit que c'était beaucoup mieux si on pouvait la laissé souffrir un peu. Et puis, j'aime lire des slash, mais pour ce qui est d'en écrire, je suis pas très bonne.

Violette Silva : Merci, je me suis beaucoup amusé à faire de Drago un vrai Serpentard digne de succéder à son père. Et de toute manière, y faut bien qui vieillisse un jour. Le style fils à papa, c'est plus trop de son âge.

Lyly : Ben la voila, la suite de la suite. Et merci.