Tome 1 - Chapitre 1
Il y avait des monstres à Forks. Ça m'étonnait que Charlie ne nous aie pas prévenues à ce propos. Je me redressai en grimaçant sous le vacarme horrible du monstre qui était, semble-t-il, sur le point d'attaquer ma maison. Il grognait avec puissance et semblait déterminé à tout détruire. Je m'emmitouflai dans ma couette, la tête dans le brouillard et le nez coulant, j'étais malade, une petite grippe. Je pris le temps de me moucher parce que, de toute façon, je ne pouvais rien faire contre un monstre et peut-être même que j'étais mourante alors il ne servait à rien de se dépêcher. Quitter Phœnix et le soleil pour Forks et la pluie était la pire idée à avoir, ne faites jamais ça. Je ne pouvais pas blâmer Bella, parce que l'idée était la mienne, elle m'avait simplement suivie, je ne pouvais donc pas râler et devais continuer à faire comme si c'était ma meilleure idée.
Je descendis les escaliers, toujours à l'intérieur de ma couverture, la porte d'entrée en face de moi était ouverte et je m'en rapprochai inexorablement pour découvrir le monstre qui était en train de m'attaquer. Il en avait forcément après moi. Je m'arrêtai sur le perron en jetant un œil mauvais au monstre, Charlie et Bella étaient là, discutant avec Jacob et Billy sans se soucier du monstre grognant à côté d'eux. Il était moins effrayant que je l'avais imaginé, j'avais pensé à un dragon avec des ailes gigantesques prêt à cracher son feu pour me brûler à l'intérieur du bûcher qu'aurait été ma maison. Mais non, il n'avait même rien de vivant, c'était un pick-up rouge délavé datant probablement d'une sombre période. Bella grimpa à l'intérieur du monstre pour en découvrir tous les secrets.
« Hey Jamie, sourit Jake, visiblement content que je sois malade.
« Salut Jake, Billy.
« Tu as l'air sacrément malade, remarqua Billy.
Il fit rouler les roues de son fauteuil roulant pour mieux se placer. Il avait eu un accident de voiture, peut-être à cause d'un dragon.
« C'est la couette qui m'a démasquée ? Ou ma tête de cadavre ambulant ?
Je fixai mon attention sur Jake, ses cheveux noirs autrefois longs avaient été coupé courts juste avant la fin de l'été dernier, sa mâchoire était devenue plus carrée, ses muscles étaient apparus de nul part, il avait des yeux marrons et une peau caramel. C'était bizarre, de me retrouver là devant le meilleur ami de ma sœur parce qu'il était aussi mon ex petit-ami et je ne l'avais pas revu depuis que nous avions rompu. Enfin, c'était lui qui avait rompu mais j'avais deux théories sur ses raisons. Je m'explique :
Il avait disparu pendant une semaine, m'avait ignorée complètement et quand je m'étais décidée à lui faire face pour savoir ce qu'il se passait, il était devenu une sorte de Hulk. Il avait grandi de 10 cm et sa masse musculaire était devenue imposante comparé au gringalet qu'il était. Il ne m'était alors pas difficile de supposer qu'il avait finalement intégré le gang mafieux de Sam qui le regardait avec insistance avant sa transformation physique. Donc soit il cherchait à me protéger des guerres de gang et de la drogue anabolisante qu'il vendait et, visiblement, qu'il consommait soit il était devenu trop cool et je n'étais donc plus assez bien pour lui.
La raison qu'il m'avait donnée était qu'il ne pouvait plus sortir avec moi et qu'il ne pouvait pas me dire pourquoi. Ah, et aussi qu'il aurait aimé que ça ne lui tombe pas dessus parce qu'il ne voulait pas rompre, en fait. Une raison qui n'était même pas une raison. Je ne lui en voulais pas, je n'avais pas été amoureuse de lui, ces moments à s'embrasser et se câliner étaient sympas, même si on ne pouvait se voir que de temps en temps parce que Charlie ne voulait pas qu'on prenne trop de libertés, surtout pas celle de s'emboîter l'un avec l'autre, Charlie devait me trouver trop jeune alors que, bon, les trois-quarts des filles de mon âge étaient déjà sexuellement actives à Phœnix. Peu m'importait, je n'étais pas sexuellement attirée par Jake, je n'étais pas attirée tout court par qui que ce soit depuis que j'étais supposée pouvoir l'être. Jake m'avait draguée de façon maladroite au début de l'été dernier et je n'avais pas été contre l'idée qu'il soit mon petit-copain, comme je disais, les baisers et les câlins, c'était sympa.
« Vous êtes sûrs que ce truc ne va pas exploser ? Demandai-je en pointant le pick-up.
Jake rigola.
« Non, je l'ai retapée, c'est une Chevrolet de 1963, elle est pour Bella.
je fronçai les sourcils, fit un bref calcul.
« Personne ne devrait conduire une voiture plus vieille que son père.
« Elle roule bien, m'assura Jake. Elle est même plus solide que ta Ford.
J'avais une Ford Kuga noire dans laquelle je trimballais Bella partout, je supposai que ça ne serait plus nécessaire à présent, à moins que nous allions au même endroit. Bella n'avait jusqu'alors pas voulu de voiture, s'estimant trop maladroite pour risquer d'écourter la vie des gens, il semblait qu'elle trouvait que celle des habitants de Forks avait été suffisamment longue.
« Jamie, tu devrais aller te recoucher, m'invectiva mon père.
Il devait dire ça parce que je somnolais sur place. Je levai des yeux fatigués vers Charlie et sa moustache. Il avait les mêmes cheveux bruns que moi, plus foncés que ceux de Bella, les mêmes yeux chocolats qu'elle.
« Ouais, sûrement, en convins-je.
« On se voit bientôt, lança Jake.
Je fis demi-tour, retournai à l'intérieur et remontai me coucher pour tenter de me rendormir, maintenant que je savais que le vacarme du pick-up allait bientôt s'en aller, avec Bella dedans. On était lundi, c'était notre deuxième semaine de cours dans ce nouveau lycée, enfin, la deuxième pour Bella vu que je restais à la maison, je n'avais été présente que les trois premiers, étant tombée malade dans la nuit du mercredi au jeudi mais Bella était habituée à l'attention que notre nouveauté avait produit au sein du lycée, elle n'avait plus besoin de moi pour faire barrière et la protéger.
À la base, nous ne venions ici que pour les vacances d'été alors que ceux d'ici quittaient justement la ville pour passer leurs vacances dans de meilleurs endroits. On ne connaissait donc personne à part Jacob Black avec qui nous avions l'habitude de passer quelques journées quand on ne traînait pas à la maison. Notre arrivée lundi dernier avait eu du succès au sein du lycée, on avait même eu le droit à un article, malgré les protestations de Bella à ce sujet.
Avant d'aller me nourrir, je me débarbouillai dans ma salle de bain privative, elle était attenante à ma chambre, aussi, je n'avais pas besoin de partager la même que Charlie et Bella. J'avais les cheveux longs, bruns, les yeux bleu foncé et la même peau pâle que Bella, un visage plus fin, ayant plutôt les traits de Renée tandis que Bella avait ceux de Charlie.
Quand elle revint des cours, j'étais assise dans mon lit, mon oreiller coincé entre le mur et mon dos, je regardai la télé. Bella s'installa en tailleur au pied de mon lit d'une place, elle semblait avoir passer une mauvaise journée.
« Ma journée a été horrible.
Je l'avais dit.
« C'est à cause du camion ? Je savais que son attaque avortée contre la maison l'avait frustré.
Elle me sourit.
« Non, idiote, il y a des nouveaux au lycée... les Cullen.
Elle se tut. Nous n'étions donc plus les nouvelles, les Cullen allaient récupérer toute la gloire.
« L'un d'entre eux est dans mon cours de bio, Edward Cullen et... sa réaction était...
je fronçai les sourcils. Ça avait l'air grave. J'imaginai une réaction chimique où Edward se serait mis à produire de la fumée et, pourquoi pas, fondre mais je me rappelai qu'il s'agissait du cours de bio et non de chimie.
« C'était comme si je le dégoûtais, il a même essayé de changer de cours juste pour ne pas être dans la même pièce que moi.
« Tu lui as demandé ce qui n'allait pas ?
« Non, tu penses bien que non, murmura-t-elle.
« Je peux te refiler ma grippe, si tu veux, comme ça, demain tu restes à la maison.
Elle sourit mais refusa mon offre. Bien, je décidai que j'allais lui demander, moi, à ce Cullen, ce qui n'allait pas chez ma sœur.
-§-
J'étais désormais guérie, aussi, en ce jeudi matin, je me préparai pour aller en cours. Je sortis les clés de ma poche pour nous conduire, Bella et moi, au lycée. Elle n'avait pas été particulièrement prolixe ces derniers jours. Elle n'était pas bavarde de nature, tenant ce trait de caractère de Charlie mais c'était pire depuis mardi,
« On prend ma voiture, lui dis-je en la voyant sortir ses clés en même temps.
« Et pourquoi pas prendre la mienne ? S'enquit-elle en plissant les yeux vers moi.
« Ou alors... on prend la mienne, contrecarrai-je.
Je ne la laissai pas répondre et déverrouillai l'ouverture centralisée de ma voiture de loin, chose qu'elle ne pouvait pas faire avec la sienne.
« Elle est déjà ouverte, de toute façon, lançai-je.
Elle leva les yeux au ciel mais entra sagement dans ma voiture, déposant son sac à ses pieds. J'ouvris d'abord la porte arrière pour y déposer mon sac et m'installai derrière le volant ensuite. Il ne fallait que sept minutes de voitures pour atteindre notre but.
J'entrai dans le parking et me garai dans l'une des places centrales, en fermant la portière de mon SUV, je me tournai vers celle arrière quand je remarquai le groupe debout à côté d'une berline noire plutôt tape à l'œil garée dans une place au bord, plus près de l'entrée du parking que nous. Je ne connaissais pas ces ados, j'en déduisis qu'ils étaient les nouveaux. Ils ne parlaient pas entre eux, regardant chacun vers le lycée, adossés à la voiture. J'ouvris la portière arrière et récupérai mon sac, Bella m'avait rejoint quand je refermai la porte. Ces quatre ados avaient deux particularités : ils étaient incroyablement beaux et avaient la peau littéralement blanche. Il y avait une blonde, ses cheveux cascadaient au-delà de ses épaules, un visage d'ange, des lèvres charnues. Un mec à la carrure de Jake, très musclé, brun aux cheveux courts. Un grand blond élancé, ses cheveux blonds étaient plus dorés que ceux de la fille et lui arrivaient à la mâchoire, ondulant vaguement. L'autre fille était petite, brune, les cheveux courts, pointant dans tous les sens, elle était comme un lutin et le blond et elle se tenait par la main. Outre le fait qu'ils étaient inhumainement beaux, ils étaient plutôt intimidants. Mystérieux et dangereux, parfait pour un film ou même un livre en quatre tomes.
« Alors, demandai-je à Bella, auquel de ces Cullen je dois botter le cul ?
« Aucun, Jamie, il est absent depuis mardi.
Voilà qui était pratique, je n'avais pas spécialement le courage de me frotter à ces ados blafards. Ils avaient quelque-chose de flippant qui m'incitait à ne pas trop m'approcher d'eux. C'était au moins rassurant que ce ne fusse pas le mec musclé. Je ne m'étais jamais battue et n'avait aucune connaissance en sport de combat mais il fallait bien commencer quelque-part et commencer par une fuite était un bon plan.
« Tu as dû lui faire peur, théorisai-je.
« Bien sûr que non, souffla-t-elle.
« Tu peux être effrayante, parfois.
Je la vis lever les yeux au ciel en la regardant du coin de l'œil. Bella et moi nous nous séparâmes pour aller chacune dans son propre cours, j'étais en seconde tandis que Bella était en première, nous avions deux ans d'écart, j'avais eu 16 ans le 28 juin tandis que Bella avait eu 18 ans le 13 septembre. Et au cas où, nous étions début janvier.
Je la retrouvai à la cafétéria au déjeuner, elle était seule à une petite table, je la rejoignis, me demandant pourquoi elle n'était pas à la table de Mike et compagnie avec qui nous avions mangé les trois premiers jours puis remarquai qu'ils n'étaient nul part.
« Où sont les autres ? Lui demandai-je en m'installant face à elle.
Je scrutai la salle au cas où je les aurais louper la première fois mais ne les trouvais nul part, en revanche, il y avait les quatre ados blafards, assis en arc de cercle autour d'une grande table ovale près de la baie vitrée, tous du même côté, aucun d'eux ne nous tournait le dos de sorte que le reste du réfectoire semblait être leur pièce de théâtre personnelle.
« Ils ont décidé de manger chez Bessie, je n'ai pas amené ma carte bleue donc c'est un déjeuner en tête à tête, ce midi.
Elle ponctua sa phrase par un haussement d'épaules.
« Raconte-moi vraiment ce qu'il s'est passé lundi, en bio. Qu'est-ce qu'il a fait exactement pour que tu penses le dégoûter ?
« Et bien, je suis passée devant le ventilo, il a dû être submergé par l'odeur de mes cheveux, je suppose. Il a grimacé et a plaqué sa main devant son nez et sa bouche. Il est resté crispé toute l'heure et me dévisageait, je pense qu'il essayait de me tuer avec son regard.
« Mh, fis-je en réfléchissant. Tu t'étais lavé les cheveux lundi matin ?
« Oui, c'est pour ça que je suis sûre que je ne puais pas.
« Peut-être qu'il est allergique à la fraise. Ses voies respiratoires ont dû gonfler et il ne pouvait pas assez bien respirer pour revenir.
Le shampoing de Bella sentait la fraise, c'était un fruit connu pour créer des allergies chez certains.
« Je ne pense pas que les allergies marchent comme ça.
« C'est pour ça que ce sont des allergies, parce que ça ne marchent pas très bien avec le corps.
Bella secoua la tête, visiblement peu enthousiaste à me prouver que je me trompais.
Il se trouvait que le lutin était dans mon cours d'anglais et qu'elle avait choisi de s'installer à ma table pendant mon absence. Elle sortait soigneusement ses affaires quand je m'assis à ses côtés.
« Bonjour, je suis Alice, se présenta-t-elle.
Le silence tomba après cela, le prof n'était pas encore arrivé, comme la moitié des élèves. Je voulais lui demander si son frère allait mieux mais ça voudrait dire que Bella m'en avait parlé et je ne voulais pas qu'il pense que ma sœur avait été affectée par son attitude, parce que sa sœur allait probablement le lui répéter, je répétais tout à la mienne. C'était à ça que servait les sœurs, des genres de poubelle à histoires. Hey, je suis une sœur aussi, ce n'est pas péjoratif. Après ma réflexion, mes muscles décidèrent de se détendre et je pus paraître moins crispée, je ne m'étais pas attendu à ce qu'elle m'adresse la parole, m'attendant presque à ce qu'elle aie la même réaction qu'Edward. Il fallait croire que ma relation avec Alice était différente de celle que Bella et Edward avaient.
« Salut, je suis Jamie, répondis-je finalement.
Peut-être deux minutes étaient passées entre nos deux phrases et vu qu'elle ne me répondit pas après ma présentation, je supposai que j'avais implicitement instauré un rythme lent à notre conversation, elle me sourit, toutefois. Alice ne put pas me répondre puisque le prof était arrivé avant la fin de ses deux minutes d'attente.
Voilà pour ce premier chapitre, j'espère qu'il vous a plu et vous a donné envie de lire la suite
