Hello, hello !

Il y a quelque temps (un an... hum hum), je vous promettais de revenir bien vite avec une nouvelle fiction longue. J'ai peut-être légèrement exagéré sur l'emploi de "bien vite". Et l'histoire tant promise a finalement été avortée pour se remettre à revivre, se voir de nouveau abandonnée, une autre a été commencée puis tout autant laissée de côté et finalement, Noxia est arrivé et ne m'a jamais donné envie de tout plaquer.

Noxia fera quinze chapitres, sans compter le prologue et l'épilogue. L'histoire est déjà intégralement écrite, corrigée et relue. Un chapitre sera publié tous les lundis.

Je m'éloigne un peu (beaucoup) de la Dramione pour vous proposer quelque chose de différent cette fois-ci. L'histoire sera centrée sur Harry même si Drago et Hermione ne sont jamais bien loin. Bref, je vous laisserais découvrir tout ça au fur et à mesure de votre lecture.

Je ne pourrais jamais remercier comme il se doit celles qui m'ont soutenu dès l'instant où je leur ai évoqué l'idée de cette histoire, celles qui me suivent depuis deux ans maintenant, celles qui m'encouragent, me conseillent et qui sont devenues des amies très chères à mon cœur. Merci à The White Quill et Mrs Yoflam pour vos talents d'écrivaines, de relieuses, d'éditrices parfois, pour vos tutos sur l'utilisation des réseaux sociaux et plus généralement pour être telles que vous êtes profondément.

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Je vous souhaite une très agréable lecture !

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Noxia - Prologue


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King's Cross était bruyant, ce matin-là. Les wagons se succédaient, les passants se bousculaient et dans le tumulte de la foule, Harry n'entendait qu'elle.

Il avait cru pouvoir se défaire de sa voix dans l'endroit le plus assourdissant de Grande Bretagne. Il avait cru pouvoir souffler, avoir un peu de répit, l'espace d'un instant. Comme souvent depuis qu'il l'entendait, il soupira d'agacement.

Elle ne le quittait plus. Où qu'il aille, quoi qu'il fasse, elle était là. Inscrite au plus profond de ses songes, lisant en lui le moindre sentiment, le regardant marcher, le sentant penser, l'entendant parler. Elle était là, à chaque instant, jugeant sans honte ni douceur les fragments de son quotidien.

Elle avait toujours un avis sur tout, de la quantité de glucides présents dans ses céréales du petit-déjeuner au choix de ses chaussettes. Elle ne pouvait s'empêcher de commenter le moindre de ses gestes. Elle pestait chaque fois qu'il se grattait le front, soupirait lorsqu'il remettait ses lunettes en place et éclatait de rire lorsqu'il tentait de lui dissimuler ses pensées.

Il savait pertinemment depuis quand elle était apparue et pourtant, elle avait cette faculté de paraître fraîche et éternelle à la fois. Il y avait bien longtemps que tous deux connaissaient les travers de l'autre. Harry ne supportait pas sa voix aux accents condescendants, elle avait en horreur la musique folk qu'il ne cessait d'écouter. Il aurait tué pour un instant de tranquillité, elle ne s'arrêtait jamais de parler.

Harry avait pourtant tout essayé pour la faire partir. L'ignorance, les pensées gênantes, l'overdose de musique folk. Rien n'avait fonctionné. Elle était toujours là, riant à gorge déployée devant ses tentatives infructueuses.

Quand comprendras-tu que je ne te quitterais plus, Harry Potter ? lui avait-elle demandé un jour.

Il pensait s'être fait une raison. Il croyait avoir accepté sa présence indésirable dans son quotidien trop terne pour l'avoir réclamé. Et puis, alors qu'il se persuadait d'y croire, dur comme fer, il se retrouvait au milieu de King's Cross, assis sur un banc, et tentait de noyer sa voix au milieu de celle des passagers.

- Bon, ce n'est pas que je m'ennuie, mais qu'est-ce que tu attends, au juste ? lui demanda-t-elle après une brève minute de silence dont il s'était délecté.

- Rien.

- Rien ? C'est parfait ça, rien ! Ça veut dire que nous pouvons rentrer. Ou encore mieux, allons boire un cappuccino à Pré-Au-Lard !

- Je n'aime pas le cappuccino.

- Alors tu prendras un thé. Je suis persuadée qu'ils ont des litres de thé. Thé vert, thé blanc, Oolang, Ceylang. Je crois même avoir entendu Mme Rosmerta parler d'un Rooibos, une fois. Et puis, sans oublier le thé noir, le thé fumé…

- Tu vas tous me les faire ?

Harry commençait à grincer des dents, se rappelant qu'il ne pouvait décemment pas se mettre à lui crier son agacement au beau milieu de King's Cross.

- Assurément. Mais tu sais, si ça t'ennuie, tu peux toujours t'en aller.

- Très drôle.

Cette fois-ci, Harry n'avait plus envie de hurler mais plutôt de pleurer. Elle ne cessait de réciter les bienfaits de chaque variété de thé comme un fabricant en pleine foire agricole. Harry ne savait pas où elle avait appris tout ça à ce sujet mais n'avait aucune envie de le savoir.

- Oh, ma mère était une grande amatrice de thé. C'est elle qui m'a tout appris.

Foutue conscience qui lui était limpide. Il n'avait qu'une seule envie, les faire taire toutes les deux. Ne penser plus à rien, virevolter dans l'absence, se baigner dans l'indifférence et jouir dans le néant. Il ne l'entendrait plus, elle ne lirait plus en lui. Il ne serait pas plus seul que lui-même, n'existant plus dans ce qui n'est pas. Alors, il serait enfin en paix, sans avoir conscience de l'être. Cela semblait être le rêve.

- Quand tu auras fini tes réflexions philosophiques, nous pourrons peut-être nous bouger, Potter ? Il y a un Moldu qui vient de s'asseoir près de nous, il nous regarde d'un drôle d'air.

- Tu n'as rien à craindre de ce Moldu.

Mais elle n'avait pas totalement tort. Le drôle d'air du Moldu se transforma en yeux écarquillés quand Harry lui répondit. Il regarda partout autour de lui, serra précieusement sa besace en cuir brun contre lui et marmonna des paroles de réconfort.

- Ne me réponds pas à voix haute, espèce d'idiot. Tu vas traumatiser le gamin, le sermonna-t-elle.

- Quel gamin ?

- Celui qui regarde le Moldu tremblotant du coin de l'œil. On dirait qu'il nous observe, lui aussi.

- Arrête ta parano, personne ne nous observe.

- Je serais tout de même plus à mon aise à Pré-Au-Lard. Passé le premier septembre, King's Cross n'est pas un endroit fréquentable.

Elle avait ses idées préconçues, ses préjugés qui ne plaisaient qu'à elle et qu'Harry aurait rêvé lui faire bouffer. Mais il était vain de lui faire entendre raison. Quand elle avait quelque chose en tête, il était inutile de lutter. Elle aurait le dernier mot. Elle avait toujours le dernier mot. Pour une broutille ou une décision capitale, elle ne lâchait rien, allant parfois jusqu'à user de moyens démesurés pour arriver à ses fins. Cette fille était une folle de détermination. Si elle avait décrété quelque chose, elle s'y tenait, coûte que coûte, quitte à vous faire plonger avec elle plutôt que d'avouer qu'elle s'était trompée.

Harry rêvait de la baffer. Le genre de petite baffe, à peine douloureuse, qui ne causait comme seule souffrance que celle de l'humiliation. Il rêvait de la voir fermer son caquet, baisser son menton résolument levé et admettre, rien qu'une fois, qu'elle s'était égarée. Alors, Harry se délecterait de l'instant, il ferrait durer le plaisir, feindrait de ne pas accepter sa repentance. Irait-il jusqu'à la faire le supplier à genoux ? Peut-être. La condamnerait-il à une petite fessée ? Il ne fallait pas abuser.

- Loin de moi l'idée de vouloir interférer dans tes délires lubriques nous mettant tous deux en scène, mais ton thé va refroidir. Et si je ne m'abuse, les Trois Balais n'est pas un endroit pour de telles pensées.

Comment était-il arrivé jusqu'à Pré-Au-Lard ? Il n'en avait aucune idée. Il ne connaissait pas plus la variété de thé qui trempait dans sa tasse que la raison pour laquelle il était installé au bar plutôt que dans un de ses fauteuils confortables du fond de la salle. Il voulut se lever, troquer la compagnie du vieil ivrogne assis près de lui contre celle des coussins duveteux mais elle l'en empêcha.

- Reste. J'adore être assise au comptoir. C'est là qu'on entend les meilleures histoires.

- Qu'est-ce que tu veux que ce type louche te raconte comme histoire ? Sa dernière bagarre à coup de tesson de bouteille ?

- Oui, pourquoi pas.

- Et bien, ce sera sans moi.

- Qu'est-ce que tu peux être prude, Potter. Tout le monde a quelque chose d'intéressant à raconter, dit-elle de sa voix la plus hautaine. Qu'il soit né sous le soleil ou dans l'ombre, chaque homme est empli de son histoire.

- Et c'est toi qui me raconte ça ?

- Bien sûr que oui ! Contrairement à toi, j'ai développé un certain talent pour écouter les gens, Monsieur Je-suis-trop-bien-pour-ce-poivrot.

- Mais bien sûr ! Toi, la Miss Princesse 1994, la wanna-be bourgeoise par excellence, tu te frottes à la populace ?

- Qui t'a parlé de ce surnom ? demanda-t-elle d'une voix glaciale.

- A ton avis ?

Le ricanemement de Harry lui valut un regard en coin de la part de l'ivrogne qui, après quelques secondes d'hésitation, décréta que sa choppe était plus intéressante que ce gamin riant tout seul.

- Je vais le tuer ! Par tous les saints, Potter, je te jure que je vais le tuer.

- Bon courage Miss Princ', sans bras, ça va être compliqué.

- Ta gueule, Potter.

- Alors comme ça on est vexée ? On n'assume pas de ne pas exister physiquement, Miss Princ' ?

- Tu sais tu peux être vraiment trop con, parfois ?

Et elle était partie. C'était la seule chose qui fonctionnait. L'humilier, la vexer, et elle disparaissait. Mais Harry n'était jamais tranquille pour autant. Quand elle partait, elle laissait derrière elle la vapeur de ses sentiments heurtés, l'amertume de sa douleur et la culpabilité de Harry.

En général, il ne lui fallait pas plus de trois minutes pour se confondre en excuse et la prier de revenir. Elle se faisait toujours attendre, chaque fois un peu plus. Cette fois-ci encore, elle lui en ferait baver pendant un temps et finirait par passer à autre chose. Alors, ce serait à son tour de ne plus la supporter, il prierait le Créateur de le défaire de cette sangsue et le schéma reprendrait, laissant toute cette anormalité revenir à l'anormal.

- Allez, reviens, je suis désolé, soupira-t-il.

- …

- Je n'aurais pas dû dire ça, ce n'était pas très délicat.

- C'est le moins qu'on puisse dire, grinça-t-elle.

- Ce n'est pas parce que tu n'as pas de…, hésita-t-il.

- De corps, tu peux le dire.

- Oui, de corps, que tu ne peux pas le tuer si tu le souhaites.

- Oh, pitié Potter arrête de te foutre de moi. Tu sais aussi bien que moi qu'il n'y a qu'avec toi que j'existe. Je ne suis pas plus utile qu'un fantôme. Certainement même moins.

- Tu veux que je le tue à ta place ?

- Tu ferais ça ? demanda-t-elle en retrouvant sa joie.

- Faisons un pacte, Parkinson. Je tue Malefoy pour toi et en échange, tu me laisses tranquille et tu vas hanter le cerveau de quelqu'un d'autre. Ça te va ?

- Compte là-dessus, Potter, compte là-dessus, rit-elle alors qu'il se renfrognait.

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Le prologue n'est pas très long mais j'espère qu'il vous aura donné un avant-goût de la relation qui se joue entre ces deux-là. Dans le prochain chapitre, vous comprendrez un peu mieux qui est cette voix et la place qu'elle occupe dans la vie de Harry.

Merci pour votre lecture,

A la semaine prochaine !