Pour commencer un gros merci a .God pour ton commentaire et à Ju pour la correction.

Je vous suggère fortement la petite histoire de Juglans Regia, Tout vrai regard est un désir. Cette histoire offre une fin avec un autre point de vue très intéressant sur la fin du deuxième chapitre de cette fic. J'ai personnellement grandement apprécié cette petite fin alternative.

Enfin, avant de commencer, j'aimerais savoir en commentaire combien d'entre vous ont remarqué que Steve n'a pas eu une seule ligne de dialogue depuis le début de l'histoire ?


La tempête d'émotions qui avait secoué Steve tel un marin perdu en mer, devant faire face à la colère de Poséidon, avait fini par avoir raison de lui. Après son orgasme fulgurant, il n'avait pu lutter contre les abysses du sommeil. Il avait donc sombré dans l'inconscience, bien au chaud dans les bras forts du plus grand et bercé par sa respiration calme.

Le lendemain, lorsque Steve se réveille, il trouve la place à ses côtés vide. Son petit lit simple lui parut affreusement grand sans le brun, mais Bucky avait pour habitude de se lever tôt pour partir travailler.

Steve plonge le visage dans les draps, humant à plein poumon les vestiges de l'odeur de Bucky mélangé à la lessive bon marché et à sa propre odeur. Ses joues se teintent d'un rouge cramoisi lorsque les événements de la veille lui reviennent en mémoire.

Un énorme sourire prit possession de ses lèvres sans qu'il ne puisse le contenir.

Il avait passé la nuit avec Bucky.

Il ne peut arrêter de penser au brun, à ses joues rougies, ses lèvres pulpeuses et son regard ardent. Une vague de bonheur et d'énergie traverse le corps du blond. D'un moment vif, Steve attrape son oreiller et le colle contre son visage pour étouffer un petit cri de joie. Il a l'impression de se comporter comme une jeune écolière qui vit son premier amour. Cette constatation l'embarrasse d'autant qu'elle n'est pas si loin de la réalité. D'aussi loin qu'il se souvient, il a toujours voué une affection à Bucky allant bien au-delà de la simple amitié. Bucky a été le seul homme, non, la seule personne qu'il n'ait jamais aimé. Il est le soleil qui illumine sa vie, le guidant dans les chemins sombres et le réchauffant de ses doux rayons rassurants.

Steve n'a aucune expérience en amour, en fait il n'a aucune expérience en quoi que ce soit. La veille encore il était vierge de toute expérience touchant de près ou de loin au rapport charnel entre deux êtres humains. Or, il y a une chose dont il est sûr, c'est que ses sentiments pour Bucky sont réels et profonds.

Au bout d'un moment, Steve décide qu'il est temps qu'il sorte du lit. Sa peau nue frissonne lorsqu'il quitte le cocon chaud de son lit. Hésitant quelques secondes, il ramasse sur le sol la chemise en coton que Bucky portait la veille. Il glisse sur ses épaules le vêtement de trois tailles au-dessus de la sienne. Une fois, boutonnée, la chemise lui tombe à mi-cuisse. Un petit sourire niais illumine ses traits, lorsque les effluves de l'odeur de son propriétaire lui arrivent au nez. Il complète sa tenue avec une paire de chaussettes pour protéger ses frêles pieds du parquet glacé.

Le premier réflexe de Steve en sortant de sa chambre est de ramasser son petit carnet de dessin disposé sur la table. Il observe le croquis qu'il a à peine entamé la veille avant d'aller se coucher. Les lignes sont encore grossières et l'ombrage n'a pas encore été entamé, mais on peut distinctement reconnaitre Alpine, le chat blanc de la voisine du haut. Bucky adore ce chat, il n'est pas rare de le voir débarquer à la fenêtre des deux hommes pour quémander des caresses, ou quelque chose à se mettre sous la dent.

Steve a un véritable talent pour le dessin contrairement à son meilleur ami. Le blond avait pourtant essayé de lui apprendre, mais le résultat s'était toujours davantage apparenté à un assemblage de lignes filiformes qu'à un quel compte objet tangible. Bucky avait officiellement abandonné le jour où Steve lui avait dit que sa rose était plutôt jolie… Il avait essayé de dessiner un crapaud.

Steve attrape le crayon qui était initialement disposé près de son carnet, il tourne les pages de son carnet. Il feuillette rapidement les pages ne prêtant que peu attention aux esquisses. Or, il s'accorde tout de même un moment pour observer d'un œil attendri les quelques esquisses de Bucky. La plupart représentant le brun dans des situations banales de la vie. D'autres, un peu plus osées, avaient fini par hanter les nuits de Steve. Au bout d'un moment, Steve finit par atterrir sur une page encore vierge.

Instinctivement, Steve commence à tracer les courbes si familières du visage de son ami. Steve avait passé tant de temps à observer le brun qu'il aurait pu le dessiner les yeux fermés. Il commence par sa mâchoire carrée, retraçant en un seul coup de crayon les joues fraîchement rasées. Il gémit de plaisir lorsque sa main frotte la surface lisse de la feuille. Même le papier ne peut se vanter d'être plus doux au toucher que la peau de Bucky. Steve s'attaque ensuite aux yeux de son modèle. Il sent le rouge lui monter aux joues en réponse aux yeux mi-clos qui le dévorent du regard sur le papier. Il insuffle aux iris de sa muse toute la vie et l'éclat qu'il lui est possible, maugréant contre le carbone qui ne brille pas suffisamment à son goût. Il s'attaque ensuite aux lèvres pulpeuses, les courbant dans un léger sourire en coin. Enfin, Steve trace les contours de son torse, prenant un grand soin à découper les muscles saillants de son modèle et à dessiner une à une les gouttes de sueur qui ruissellent sur sa peau.

« Stevie ? »

Steve sursaute, manquant son coup de crayon qui raye le bras gauche de son modèle. Une main sur sa poitrine, tentant de retenir son cœur qui cherche à en sortir, Steve foudroie son ami du regard. Mais lorsque ses yeux rencontrent ceux de son vis-à-vis, il rougit de plus belle.

Le brun le déshabille littéralement du regard. Steve se sent gêné d'être ainsi exposé, mis à nu par les deux orbes bleus. Il voulut dire quelque chose, n'importe quoi, mais les mots moururent avant même qu'ils ne puissent passer la barrière de ses lèvres.

Son corps ne lui répond plus, lorsque Bucky se rapproche de lui, Steve sut qu'il ne lui répondrait plus jamais. Son corps, non tout son être, a cessé de lui appartenir. Il appartient, et ce depuis toujours, à l'homme devant lui. Cette constatation résonne comme une évidence dans son esprit. Depuis le jour de leur rencontre, Bucky a toujours été le seul que son cœur n'ait jamais réclamé. Steve ressentait désormais ce besoin vital de s'abandonner à cet homme, à l'homme qu'il aime.

Bucky attrape le visage de Steve entre ses mains. La prise est à la fois forte et douce. Le corps du brun est une armure impénétrable qui protège Steve du reste du monde. Steve sait avec certitude que ni la douleur ni la peine ne pourraient jamais l'atteindre tant qu'il sera auprès de cet homme.

Le plus grand rapproche leurs visages et dépose tendrement ses lèvres sur celles de Steve. Le baiser, bien que court, n'eut rien à envier à ceux qu'ils ont échangés la veille. Bucky colle son front contre celui de son amant, appréciant la tendresse du moment, la sensation de la peau chaude de Steve contre la sienne et le son de leur respiration qui se mélangent. Le brun prit une profonde aspiration, rassemblant son courage, il se décolle de Steve.

« Je t'aime, Steve.

- … …. … … »

Bucky observe désormais avec les sourcils froncés le visage de Steve toujours entre ses mains. Il a vu les lèvres de Steve bouger, il a vu les mots être mimés, mais aucun son n'en est sorti.

« … … … … … … »

Cette fois Steve aborde un large sourire rayonnant. Mais Bucky sent une boule se former dans sa gorge alors que la panique et le désespoir l'envahissent.

Fouillant dans sa mémoire aussi loin qu'il le peut, Bucky n'arrive pas à se souvenir.

Il a fini par oublier le son de la voix de Steve.

Bucky sent les larmes chaudes couler sur ses joues. Le brun plonge ses yeux dans ceux de Steve voulant de nouveau se perdre dans les deux orbes de couleur…

De quelle couleur sont les yeux de Steve déjà?

Sa tête le fait souffrir, Bucky tente de porter sa main à son œil gauche, mais son bras ne lui répond pas. Le corps devant lui devient de plus en plus flou, jusqu'à ce que Bucky ne parvienne plus à en distinguer les contours ou les couleurs.

Il a l'impression qu'un arc électrique lui traverse le crâne. C'est à la fois horrible et effrayant, mais aussi effroyablement familier.

Bucky ferme les yeux au fur et à mesure que la douleur s'intensifie. Il frissonne, il est gelé. Ses muscles sont tendus et ses articulations grincent alors que son corps se contracte dans des spasmes incontrôlés.

Lorsque la douleur cesse enfin, il ouvre finalement les yeux, sa vision floue. Il ne reconnaît pas la pièce où il se trouve. Un homme se tient devant lui, attendant visiblement quelque chose. Les mots passaient la barrière de ses lèvres sans qu'il ne puisse les retenir.

« я готов отвечать »