Rachel rentra chez elle épuisée. Elle avait survécu à un énième cours de danse contemporaine avec Cassandra July. Sa professeure mais aussi ancienne diva de Broadway était un vrai dragon, une peau de vache. Une morue sans cœur qui faisait vivre à Rachel un enfer depuis qu'elle avait commencé les cours ici. D'un soupir, la brune enleva ses bottines et jeta ses clés dans le bol prévu à cet effet. Elle se dirigea vers la cuisine où elle se servit un verre d'eau et le but d'un trait.

Quinn devait être quelque part dans l'appartement. Habituellement, elle l'aurait trouvé dans la cuisine à préparer le repas en chantonnant. Les sourcils froncés en une seule ligne distincte, elle choisit de fouiller la chambre en premier. Peut-être qu'elle ne se sentait pas bien, après tout. Personne dans la chambre mais de la lumière passait sous la porte du petit bureau qu'elles s'étaient aménagées pour travailler. Rachel poussa la porte doucement et trouva Quinn affairée sur son ordinateur, les lunettes sur le nez et des tas de feuilles griffonnées autour d'elle.

- Quinn ? Qu'est-ce que tu fais ?

- Oh, tu es rentrée ! Viens voir !

Rachel s'approcha un peu hésitante. Quinn parlait vite et semblait survoltée. Elle avait les yeux rougis, les pupilles dilatées. Elle tremblait. Rachel commençait déjà à s'énumérer les symptômes des différentes drogues qu'elle connaissait dans sa tête et qui pourraient correspondre au comportement de Quinn. Une fois devant l'écran, elle comprit son erreur. Quinn avait repris l'écriture.

- Tu écris ?

- Oui ! En fait, je réfléchissais au boulot tout à l'heure et de fil en aiguille, j'en suis venue à penser que j'avais de la chance de t'avoir dans ma vie et d'avoir Santana et Brit' et Beca maintenant. Puis une idée m'est venue : d'autres personnes devraient savoir tout ça ! Et quoi de mieux qu'un livre pour raconter tout ce qu'on a vécu et montrer aux gens à quel point ils sont bêtes de s'empêcher d'aimer !

Rachel écoutait mais son regard avait viré sur la tasse de café plantée à côté de l'ordinateur portable. Les auréoles marrons montraient que la tasse avait bougé entre deux mais qu'elle était quand même là depuis longtemps.

- Quinn, tu as bu combien de café ?

- C'est pas important, Rach' ! Tu m'écoutes ? Je vais écrire un livre sur notre histoire à toutes !

Rachel sourit tendrement. La passion renaissante en Quinn lui faisait battre le cœur beaucoup plus vite. Elle vint l'enlacer, les bras serrant son cou.

- C'est génial, ma chérie ! Je suis tellement contente que tu reprennes l'écriture ! Te voir toute passionnée m'avait manqué !

Elles rirent ensemble un instant, enlacées et heureuses. Un ventre gargouilla sans qu'aucune ne sache à qui il appartenait.

- J'ai oublié l'heure ! Je suis désolée, j'aurai dû faire à manger…, s'excusa Quinn, penaude.

- Laisse tomber, ce soir, on sort. Je t'emmène au restaurant pour fêter ton nouveau projet.

- C'est pas la peine, Rach', on pourrait rester ici, se faire livrer et passer la soirée devant une comédie musicale.

Rachel eut des paillettes dans les yeux. Elle ne savait pas quoi choisir et devant son hésitation, Quinn l'attira de nouveau à elle pour lui murmurer sur les lèvres :

- Je n'ai besoin que de toi, Rachel Berry.

Elles s'embrassèrent langoureusement. La rancune du début de journée était oubliée. Les pensées négatives d'une possible rechute s'étaient évaporées. Rachel fut complètement happée par le charme de Quinn Fabray. Tellement que leur baiser évolua très rapidement en une danse enflammée entre deux corps et elles oublièrent à nouveau leurs estomacs.


- Ok, les filles, encore une fois ! Un, deux, trois, quatre !

Les Bellas enchaînaient les mouvements appris plus tôt dans la semaine. Les visages dégoulinaient de sueur et les poumons s'essoufflaient plus vite. Heureusement, l'entraînement touchait à sa fin et elles allaient bientôt pouvoir relâcher la pression. La note finale de la musique marqua cette fin.

- Bien joué, tout le monde ! On reprend ça lundi matin !

Toutes applaudirent en rituel. C'était une règle imposée par Chloe l'année précédente pour féliciter tout le monde du travail fourni et pour l'investissement que les entraînements demandaient. Les filles se réunirent autour de leurs sacs de sport, toutes une gourde à la main. Amy était allongée sur le banc, simulant l'agonie.

- J'en peux plus ! Je vais mourir ! Même Aubrey ne nous faisait pas danser autant !

- Tu veux que je la rappelle pour qu'elle te force à suivre le cardio que tu t'évertues à louper toutes les semaines et qui te met dans cet état-là ?, demanda Stacie acerbe.

- Comment tu fais pour dire des phrases aussi longues après la séance qu'on a eu ?!, s'étonna Amy.

Les jeunes femmes autour d'elles rirent devant leurs chamailleries. Stacie ne cachait jamais son opinion et avait plusieurs fois évoqué l'injustice d'accepter les absences d'Amy pile quand l'entraînement se concentrait sur l'endurance.

- Les filles, on devrait se détendre ce soir ! Soirée karaoké au Biscuit ?, annonça Cynthia.

- C'est un bar lesbien, Cynthia…, râla Amy.

- Et alors ? Moi, j'aime bien me faire draguer par des nanas en chemise à carreaux, rit Stacie.

- Je me sens pas visée !, cria Beca qui rangeait son ordinateur au loin.

Toutes rirent et commencèrent à remballer. Beca revint vers elles avec sa sacoche sur l'épaule. Elle avait le visage rouge et son sac avait l'air lourd.

- Tu veux de l'aide ?, demanda Jessica.

- Non, ça va, j'ai l'habitude. Merci, Jess, répondit la brune d'un clin d'œil. Perso, je suis ok pour le karaoké mais il faudra aider Chloe. Elle ne louperait ça pour rien au monde.

- T'inquiète, Cap', on n'allait pas la laisser toute seule !, fit Cynthia.

La musicienne sourit et avança en direction de la sortie, les autres filles sur ses talons. Avant de monter dans leurs différentes voitures, Ashley eut une idée :

- Eh, Bec, et si on invitait Quinn et Rachel ?

Beca réfléchit quelques secondes. Mélanger Quinn et Rachel avec les Bellas ne semblait pas être une mauvaise idée. Elles pourraient peut-être même inviter Santana.

- Oui, c'est pas bête. Je vais envoyer un message à Quinn.


Fraîchement douchée et maquillée, Chloe essayait d'enfiler une jupe mais son plâtre la gênait énormément. Peu importe la tenue, rien ne semblait avoir une allure correcte. Sans délicatesse, elle tomba lourdement sur son lit dans un cri aigu, la jupe emmêlée avec son plâtre. Un coup retentit à la porte.

- Chloe, tout va bien ?, demanda la voix étouffée de Beca.

- Non, je n'arrive pas à trouver une tenue correcte ! râla la rousse.

Il y eût un silence puis Beca saisit la poignée.

- Je peux entrer ?

- Oui, vas-y.

Aux yeux rieurs de la brune, Chloe comprit qu'elle devait avoir l'air ridicule. Après s'être battue avec le morceau de tissu pour l'enlever de sa jambe, elle soupira d'agacement. Beca perdit soudainement son sourire. Chloe s'observa de la tête aux pieds pour voir ce qui clochait. Elle était en sous-vêtements. Tatouages et cicatrices bien visibles, elle essaya de se relever avec bien des difficultés. Beca sortit de sa transe pour l'aider. Chloe entendit la brune déglutir au contact de leurs peaux.

- Je ne sais pas quoi mettre ! Ce fichu plâtre gâche toutes les tenues que j'ai pu essayer.

Beca réfléchit un instant. A part des vêtements de sport, voire un short de plage, elle ne voyait pas vraiment ce que Chloe pouvait porter. Le plâtre occupant la totalité de sa jambe, une robe semblait de trop, un pantalon impossible. Chloe passait d'ailleurs la plupart de son temps en jogging ou en pyjama parce qu'aucun jean ne passait au dessus du plâtre.

- Et si on essayait des collants en dessous d'un short ? Ca pourrait fonctionner, non ?

Chloe réfléchit un instant. Ca valait toujours le coup d'essayer. Elle indiqua l'emplacement de chaque partie de vêtements que Beca cherchait.

- Et prends la chemise à carreaux rouge que je t'ai piqué, s'il te plait.

Beca se saisit du vêtement posé sur la chaise de bureau en secouant la tête. Elle ne s'était même pas aperçue que sa chemise avait disparu. Elle s'approcha doucement de Chloe, qui était assise sur le bord du lit en petite tenue, et s'accroupit en regroupant les jambes des collants dans ses mains.

- Prête ?, demanda-t-elle la gorge nouée.

Chloe opina. Elle n'était pas plus à l'aise, pour le coup. Elle adorait flirter avec Beca, la mettre mal-à-l'aise mais là, elle n'était pas en contrôle de la situation. Elles ne jouaient plus. Leurs sentiments étaient réels.

Beca entama sa progression en enfilant d'abord les pieds. Elle tira un peu sur le côté plâtré pour garantir que le tissu s'étire correctement. Chloe ne sentait pas ses mains quand elle les posait sur le plâtre mais elle avait bien conscience des doigts de Beca qui osaient à peine effleurer sa peau sur l'autre jambe. Les mains de la brune tremblaient et Beca s'efforçait d'y aller doucement par peur de faire mal. Des frissons se formèrent au passage des doigts de la brune. Chloe était tellement concentrée par l'effet du touché qu'elle ne vit pas Beca s'écarter un peu. La brune se racla la gorge.

- Il faut que tu te lèves.

Chloe acquiesça et prit appui sur les épaules de Beca pour se mettre debout. Sans se quitter du regard, les deux jeunes femmes finirent d'enfiler les collants. De leur plein gré, les mains de Chloe glissèrent des épaules au cou de Beca. La brune avait déjà les pupilles dilatées. Chloe vit sa langue passer sur ses lèvres dans son champ de vision mais était absorbée par son regard. Le bleu orage virait en tempête. Sans demander la permission, la rousse se pencha pour récupérer un baiser aux lèvres pulpeuses qui l'appelaient. Beca l'accueillit d'un soupir de contentement. Ses mains caressèrent son dos, la chute de ses reins, ses fesses rondes. Chloe gémit au touché, surprise de cette nouvelle évolution. Beca en profita pour lui dévorer la gorge. Elles restèrent quelques minutes là, à s'apprécier, à s'apprivoiser. Puis la réalité les rattrapa.

- Chloe, ça va ?, demanda la voix d'Ashley derrière la porte.

Beca remercia le ciel pour la discrétion dont faisait preuve Ashley en général, ce qui l'empêcha d'ouvrir la porte comme l'auraient fait Stacie ou Amy. Chloe descendit du petit nuage sur lequel elle était posée depuis quelques minutes et répondit qu'elle était bientôt prête, que Beca était là pour l'aider à s'habiller. Elles écoutèrent les pas de la jeune femme s'éloigner de la porte et soupirèrent de soulagement. Sans se concerter, il semblait qu'elles étaient d'accord sur le fait de garder leur histoire pour elles seules encore un petit moment.

Les idées embrumées, Beca s'écarta pour marquer une distance entre elles mais laissa traîner ses mains sur la taille de Chloe. Elles se sourirent amoureusement sans rien dire. Beca attrapa le short et se positionna pour le passer aux jambes de la rousse.

- Il faut qu'on accélère. Quinn et Rachel risquent de nous attendre.

- Tu as raison. Mais on peut toujours se servir de l'excuse de mes blessures. Les filles n'y verront que du feu.

- Oui ou elles verront surtout les marques que je t'ai laissé dans le cou…

Chloe ouvrit de grands yeux ; sa bouche forma un O horrifié. Sa main rejoignit directement la zone que Beca avait mordu juste avant.

- Oh, non, Becs, tu plaisantes ! Comment je vais cacher ça ?!

Beca, qui était plutôt fière d'elle pour avoir réussi à mettre Chloe dans cet état-là, haussa les épaules.

- Tu n'as qu'à mettre ton foulard. On va dans un bar gay, personne ne se posera de question.

Sa remarque lui valut une frappe sur l'épaule puis un bisou sur la joue. Elles continuèrent d'habiller Chloe tout en se chamaillant.

- Je te jure que si elles le découvrent, je n'hésiterai pas à te jeter dans la fosse aux lions !

- Ah, vraiment ? Quelle solidarité, mademoiselle Beale, je suis impressionnée !

- Tu l'auras mérité ! Regarde-toi dans un miroir. Tu es trop fière d'avoir laissé des marques !

- Eh, je ne t'ai pas entendu te plaindre, rit Beca.

- Tu ne t'es pas retenue non plus !, riposta Chloe.

- Non, c'est vrai.

Beca joua des sourcils un instant et reçut un coup de coussin au visage pour la peine. Les deux jeunes femmes rirent ensemble puis sortirent de la chambre, habillées et maquillées. Le foulard bien serré autour du cou de Chloe. Comme si ça n'appelait pas déjà à la catastrophe…


Le bar était bondé en ce vendredi soir. La soirée était organisée autour du karaoké. Quand les Bellas entrèrent dans les lieux, Quinn et Rachel étaient déjà attablées, un verre d'eau gazeuse et un cocktail devant elles. La blonde leva la main pour attirer le regard de Beca sur elles puis les Bellas les rejoignirent, Beca et Chloe en dernières.

- Vous avez trouvé sans trop de problème ?, demanda Cynthia qui s'installait à côté de Rachel sur la banquette.

- Oui, sans soucis. Rachel connaissait, répondit Quinn d'une mimique sournoise.

- Ah bon ?, interrogea Beca, étonnée, qui enlevait sa veste pour la poser sur sa chaise.

Elle s'était installée directement en face de Quinn alors que les Bellas prenaient place à droite et à gauche du jeune couple. Chloe était assise directement à côté de Beca et comme ce n'était pas encore assez proche à son goût, elle avait rapproché sa chaise de la sienne.

- Pourquoi tu sembles si surprise, Beca ? Je m'amuse aussi parfois., fit Rachel en sirotant son cocktail.

L'autre brunette leva les deux mains en signe de défense, accompagnées d'un sourire. Elle n'imaginait juste pas Rachel venir ici seule.

- Tu as bon goût, c'est tout ce que je dis.

- En fait, Rachel a une histoire beaucoup plus longue que ça à raconter…, lança Quinn avant de se lever. Je vais aux toilettes, informa-t-elle finalement de toutes ses dents.

Rachel la toisait, les yeux suivant sa trajectoire. Quand elle se retourna, toutes les filles attendaient qu'elle raconte son histoire. Elle roula des yeux mais sourit. Quinn savait qu'elle aimait raconter ses petites anecdotes. Beca profita de ce moment pour se pencher à l'oreille de Chloe.

- Tu veux quelque chose à boire ?, chuchota-t-elle.

- Oui, s'il te plait.

- Une boisson en particulier ?

- Surprends-moi mais rien d'alcoolisé.

La brune hocha la tête, laissa traîner ses lèvres sur la joue de Chloe en s'écartant puis se leva pour rejoindre le bar. Chloe l'observa un instant. Beca portait sa veste en cuir et ses boots. Elle donnait l'impression d'être pleine de confiance. Chloe savait ce que cachait cette aura et elle n'en était pas peu fière. Un coup de coude la tira de ses pensées.

- Ferme la bouche, ça commence à couler sur la table, lui fit Stacie en riant.

Chloe roula des yeux mais ne dit rien. Elle ne se lassait pas d'observer Beca. Encore moins depuis qu'elle avait connaissance de ses sentiments.

- Regardez, le karaoké va commencer !, lança Ashley en direction de la scène.

Un régisseur installait un micro pendant qu'une équipe de musiciens se plaçait à l'arrière de la scène. Un écran géant diffusait une liste de chanson avec les noms des personnes ou groupes qui allaient les interpréter.

- Vous vous êtes inscrites ?, demanda Cynthia à Rachel et Quinn qui venait de se rassoir.

- Non, ce n'est plus pour moi, dit Rachel.

- N'importe quoi…, souffla sa copine en face d'elle.

Sentant la tension entre le couple, les Bellas décidèrent de ne pas approfondir le sujet.

- C'est une soirée libre, on n'est pas obligé de s'inscrire pour chanter mais c'est mieux, ajouta Stacie pour changer de sujet.

Amy se leva d'un bond pour avertir le groupe qu'elle allait s'inscrire. Stacie lança les paris sur la chanson qu'elle allait chanter.

- 10 dollars qu'elle nous chante du Katy Perry !, paria Cynthia.

- Une tournée qu'elle chante Party in the USA de Miley Cyrus !, ajouta Jessica qui se prêtait pour une fois au jeu.

Chloe les écouta sans rien dire. Elle sourit intérieurement. Si Amy devait choisir dans un répertoire restreint, elle choisirait probablement un artiste australien. S'il n'y en avait pas, son choix se porterait sur la chanson la plus excentrique à ses yeux.

- Je vous parie deux dessins sur mon plâtre qu'elle choisira le premier chanteur australien qui se trouve sur la liste, lança-t-elle dans l'assemblée.

Toutes se tûrent et l'observèrent. Chloe était celle qui analysait le plus les membres du groupe. Elle connaissait les allergies et les obsessions de chacune de ses sœurs. Elle connaissait les seconds prénoms, même les plus embarrassants, les dates et lieux de naissance, le nombre de frères et sœurs de chacune. Elle ne se trompait jamais sur ce genre de choses et ses amies le savaient.

Beca revint avec un plateau rempli de shots de tequila et d'un grand verre coloré. Elle le déposa lourdement sur la table et invita tout le monde à se servir.

- C'est quoi ce truc ?, demanda Stacie en jaugeant le verre contenant un mélange violet.

- Ca, c'est pour Chloe, fit Beca qui amena le verre dans les mains de la rousse.

Chloe sourit et but une gorgée sans hésitation. Le mélange était fruité et doux. Juste assez sucré pour couvrir l'amertume du jus de pamplemousse dont le goût ressortait en premier.

- Très bon choix, merci, Becs, sourit la rousse en direction de sa copine.

La brune lui lança un clin d'œil sous les regards amusés de leurs amies. Elles trinquèrent à la semaine qu'elles avaient eu, au rétablissement de Chloe, et à la première sortie avec Quinn et Rachel.

- Merci de nous avoir invité. J'ai hâte de vous entendre chanter, s'exclama Rachel.

- Ne sois pas si enthousiaste. Après quelques verres, on ne chante plus très juste, rit Cynthia.

- N'importe quoi ! Je chante encore mieux avec le nectar des dieux dans le sang, contredit Amy d'une grande voix accompagnée de grands gestes.

Beca semblait amusée par les discussions autour d'elle. Chloe ne la quittait pas des yeux. Ce soir, plus que d'habitude, elle avait du mal à écarter son regard de la brune ne serait-ce qu'un court instant. Beca rayonnait sous les spots tamisés du bar. Ses doigts et ses jambes remuaient au son de la musique. Lorsque Stacie et Amy se chamaillaient, Beca riait de bon cœur, les lèvres étirées formant des fossettes sur ses joues. Un instant, elle s'arrêta et jeta un regard vers Chloe pour s'apercevoir qu'elle l'observait. Elle lui sourit d'un air charmeur et se pencha pour lui parler à l'oreille encore une fois.

- Vous n'êtes pas très discrète, Mademoiselle Beale. Vous devriez arrêter de me reluquer comme ça avant d'attirer l'attention.

Chloe sentit le parfum de Beca envahir son espace et sa main se poser sur son genou. L'odeur mielleuse et enivrante de l'ambre et de la vanille lui faisait tourner la tête. Elle entendit les effets de l'alcool sur la voix de Beca et le ton confiant qu'elle employait. Chloe avait vu Beca sous l'empire de l'alcool assez de fois pour savoir qu'elle était encore en toute possession de ses moyens. Il lui fallait bien plus que quelques verres de tequila pour la rendre complétement ivre. Cependant, l'alcool lui donnait cette confiance qu'elle avait peur d'exprimer en temps normal.

- C'est vous qui devriez être moins sexy, Miss Mitchell.

La remarque fit rougir Beca qui rit doucement en s'éloignant pour prendre son verre. Quinn regardait les deux jeunes femmes agir comme deux lycéennes et sentit une sorte de fierté l'envahir. Elle était réellement contente que Beca ait trouvé la personne qu'il lui fallait. Il était évident qu'il y avait bien plus que de l'amitié entre les deux. Même un aveugle sentirait ses poils se hérisser face à la tension sexuelle qui existait entre elles.

- Fat Patricia est attendue au micro pour un rock endiablé !

Les Bellas applaudirent et crièrent jusqu'à ce qu'Amy ne rentre sur scène et se saisisse du micro fermement. Les musiciens jouèrent les premières notes et les filles se mirent à rire sans pouvoir s'arrêter. Il n'y avait bien qu'Amy pour choisir une chanson de métal dans une soirée karaoké. Quelques unes se levèrent et allèrent danser devant la scène. Stacie embarqua Rachel au passage. Beca et Quinn se lancèrent un regard amusé en voyant la brunette remuer les hanches au milieu des Bellas.

- Elle bouge bien !, s'exclama Chloe au dessus de la musique.

- Ouh, tu n'as pas idée, fit Quinn pleine de sous-entendus.

Beca leva les yeux au ciel et plaça ses doigts dans sa bouche pour siffler. L'ambiance dans le bar s'était réchauffée depuis la première chanson. Les gens voulaient s'amuser et danser. Rien à voir avec les soirées karaoké que Beca organisait au bar où elle travaillait dans sa ville natale. Ces soirées regroupaient souvent les habitués avec quelques personnes qui tentaient leur chance. Les chansons étaient très lentes voire tristes et les chanteurs pas très bons. Beca se souvint d'une soirée où ils avaient eu l'occasion de chanter, avec Julian, et comme ils s'étaient amusés ce soir-là, après leur service. Ces pensées lui rappelèrent Lucy. Elle espérait de tout son cœur que sa fille allait bien.

- Eh, Becs, tout va bien ?, demanda Chloe au creux de son oreille.

La brune tourna la tête vers elle. Chloe avait vu son humeur changer en quelques minutes seulement. La musicienne avait perdu le sourire et fixait son verre à moitié vide comme s'il contenait toutes les réponses du monde.

- Oui, je pensais à Lucy. Elle me manque, révéla la brune.

Ce n'était qu'une partie de la vérité mais Beca ne voulait pas s'épancher sur les souvenirs qu'elle avait de l'usurpateur qu'avait pu être le père de Lucy. Chloe la regarda tendrement. Elle captura sa joue de sa main et déposa un baiser sur son front.

- Je suis sûre qu'elle va bien. C'est une petite fille très forte, comme sa maman.

Beca sourit à sa remarque. Chloe avait toujours les mots pour la soulager même un peu.

- Tu sais ce qui te remonterait le moral ?, lança la rousse d'un air espiègle.

Beca la regarda, surprise et pleine de questions. Non, elle ne savait pas vraiment ce qui pouvait remplacer sa fille, là, tout de suite.

- Rien ne peut combler le vide que tu dois ressentir mais la musique t'aide toujours. Pourquoi tu n'irais pas chanter ?

La brune sourit plus largement. Bien sûr, on pouvait compter sur Chloe pour essayer de la faire chanter par tous les moyens possibles, surtout quand elle avait stipulé ne pas vouloir chanter.

- Bien joué, Beale. Très fin. Très bien placée, cette petite phrase.

- J'aurai essayé, répondit Chloe en haussant les épaules.

Beca secoua la tête et vola une gorgée dans le verre de la rousse qui protesta sans réelle conviction.

- Désolé ! Ca a l'air tellement meilleur que la tequila, ce truc.

- Qu'est-ce qu'il y a dedans, d'ailleurs ?, demanda Quinn qui revenait avec un verre d'eau à la main.

- Euh, du jus de pamplemousse, c'est sûr.

- Oui, et du jus de fruit du dragon. Et un peu de sucre de canne, je crois. C'est tout ce que j'ai entendu de ce que m'a raconté la serveuse.

- Je vois, trop occupée à regarder la taille de ses poumons ?, fit Quinn en rigolant.

Beca, qui buvait, recracha sa gorgée dans son verre, prise de court. Chloe la regarda, amusée et décida d'en jouer.

- Quoi ? Non, je n'ai pas vu qu'elle avait de gros…

- Non, mais tu as très bien vu ses fesses bombées dans son pantalon !, ajouta Chloe faussement jalouse.

Beca ouvrit de grands yeux en voyant Chloe vexée, les bras croisés. Elle regarda vivement Quinn, lui demandant silencieusement de l'aide. La blonde haussa les deux mains, complice de l'entourloupe.

- Chloe, je te jure, je ne sais pas à quoi ressemble cette fille.

La musicienne tenta d'approcher sa main de l'épaule de Chloe mais la rousse s'écarta d'un air agacé.

- Pas de soucis, mais il te faudra t'excuser en chanson.

Beca comprit à l'instant qu'elle se payait sa tête. Elle eut un rictus narquois. Elles pouvaient être deux à jouer.

- Très bien.

Elle se leva et finit son verre d'un trait. Elle marcha franchement jusqu'à la scène et demanda au régisseur de passer la suivante. L'homme qui attendait un volontaire lui tendit le micro sans problème. Chloe l'observa bouche bée parler aux musiciens puis se placer au centre, devant le micro sur pied.

- Beca va chanter !, s'exclama Amy au loin et toutes les filles se ruèrent devant la scène.

- Bien joué, Chloe ! Je n'aurai pas fait mieux, félicita Quinn d'un clin d'œil.

- Je… Je ne pensais pas qu'elle prendrait ça au sérieux.

- Il faut croire que si.

Chloe était tellement surprise qu'elle ne lâchait plus Beca du regard. La musique commença et Chloe reconnut immédiatement les accords. Ain't no sunshine de Bill Withers résonna dans le bar et Beca se déhancha au son jazzy. Elle articula les paroles sans quitter Chloe des yeux, toujours le même sourire ravageur collé au visage.

- Oh, celle-là elle est pour toi, Chlo', siffla Stacie, les mains en l'air en repartant danser devant la scène.

Effectivement, les paroles et la conversation qu'elles venaient d'avoir ne laissaient aucun doute. Chloe regardait Beca s'amuser avec les Bellas en dansant et en chantant. Elle occupait la scène comme il fallait et les clients du bar l'acclamaient. La brune adorait la musique. Elle ne respirait que pour ça et ça se voyait.

- Il va falloir répondre, lança Quinn qui sirotait son verre d'eau à la paille, mine de rien.

Chloe lui fit un clin d'œil et attrapa ses béquilles pour se lever difficilement. Elle arriva sur le côté de la scène quand la chanson touchait à sa fin. Beca retournait à sa place sans l'avoir vu, tellement prise par les acclamations de son nouveau public. Le régisseur donna le micro à Chloe et l'aida à installer un tabouret sur la scène.

- Où est Chloe ?, demanda directement Beca quand elle revint à table.

Quinn ne répondit pas mais pointa la scène. Beca se retourna vivement, affolée, pour voir toutes les Bellas saluer leur co-capitaine sur scène. Les musiciens jouèrent quelques notes et Beca se figea. Chloe avait déjà gagné leur petit duel. Elle aurait du se douter que c'était perdu d'avance. Body say de Demi Lovato était son plaisir coupable. La seule chanson qu'elle pouvait écouter et s'imaginer faire l'amour dessus. Elle avait avoué ce petit détail lors d'une soirée bien arrosée et, bien sûr, Chloe était la seule à s'en être rappelée. La seule aussi qui pouvait la chanter et donner des idées à Beca qui feraient rougir un réalisateur de films pour adultes. Chloe en jouait. Elle traînait ses mains sur son corps, approchait sa langue du micro. Elle en faisait des tonnes et cela fonctionnait ; Beca se décomposait.

- Woah, elle est forte.

Quinn s'était levée et était maintenant à ses côtés. La blonde avait posé son coude sur l'épaule de la brune, plus petite, et toutes les deux regardaient Chloe s'amuser à jouer avec la foule. Rachel, qui dansait devant la scène, s'approcha d'une démarche de chat et vint entourer le cou de Quinn de ses bras en se frottant à elle.

- Rach', on est en public…

- Danse avec moi.

Malgré l'état d'ivresse évident de Rachel, la blonde s'exécuta et laissa Beca seule à se liquéfier sur place. Un serveur bouscula la musicienne qui sortit de sa transe. Les images qu'elle avait de Chloe dans sa tête n'étaient pas catholiques. Sans vraiment s'en apercevoir, elle s'avança vers la scène et traversa la foule de personnes qui dansaient sans quitter son but des yeux. La chanson prit fin et Chloe salua sous les applaudissements avant de rendre le micro au régisseur. Elle descendit de scène avec l'aide des Bellas qui se réjouissaient de l'avoir entendu chanter. Beca se créa un chemin parmi le groupe et vint se planter devant Chloe qui ne savait pas trop comment prendre l'expression que portait la brune. Beca leva la main et replaça l'écharpe de Chloe correctement sur les marques que ses lèvres avaient laissé plus tôt dans la journée.

- Bravo, tu as bonne mémoire, Beale.

- Merci, sourit la rousse, les yeux brillants.

Le jeu de regards continua quelques instants entre les deux jeunes femmes. Chloe avait très bien compris le message de Beca. Elle avait complétement oublié la raison pour laquelle elle portait un foulard mais, à présent, elle s'en moquait un peu. Tant pis si les Bellas comprenaient. Chloe tira sur le nœud du foulard et l'enleva entièrement. Beca sourit malicieusement et s'approcha. Elle prit la joue de Chloe dans sa main et releva un sourcil pour demander la permission. Chloe comprit tout de suite et acquiesça d'un hochement discret de la tête. C'était le dernier signe que Beca attendait pour plonger. Elles s'embrassèrent sous les sifflements et les applaudissements des Bellas.

- Bloe ! Bloe ! Bloe !, criait Amy.

Les deux jeunes femmes se séparèrent et Chloe se jeta au cou de Beca, ivre de joie. La brune la fit tournoyer et elles rirent toutes ensemble. Elles retournèrent toutes s'asseoir, Chloe à la traîne, et Cynthia commanda une tournée pour fêter ça. Quinn sourit largement à Beca. Rachel était appuyée contre l'épaule de la blonde comme Chloe occupait l'épaule de Beca, le bras passé en dessous du sien. La symétrie était parfaite entre les deux couples.

- Ne sont-elles pas mignonnes ! Vive l'amour !, trinqua Stacie qui était totalement imbibée.

Les rires et la joie éclatèrent. La soirée continua dans la même ambiance. Beca et Chloe étaient inséparables et s'embrassaient ouvertement, seules qu'elles étaient dans leur petite bulle de bonheur. Quinn supportait Rachel qui s'était endormie sur son épaule. La brune avait visiblement trop bu. Les Bellas se séparèrent du couple tôt au petit matin et rentrèrent toutes ensemble à la villa.


- Oh, ma tête !, râla Rachel en se tenant le front.

- Oui, tu m'étonnes. Bois ça.

La petite brune accepta le verre que lui tendait sa compagne sans rien dire. Elle le but sans respirer et s'essuya la bouche vulgairement avant de se laisser tomber lourdement sur son coussin.

- Plus jamais je bois d'alcool.

- J'ai déjà entendu ça.

Rachel ouvrit un œil pour voir Quinn assise au bord du lit, déjà habillée et le visage tendu.

- Cette fois, je m'y tiendrai. L'alcool, ça sert à rien.

- Pourquoi tu en as bu autant, dans ce cas ?

Rachel roula des yeux mais l'action lui vrilla le cerveau. Elle s'insulta dans un souffle et passa la main dans ses cheveux. Pourquoi avait-elle bu autant ? Elle n'avait pas envie de répondre à cette question.

- Santana va passer aujourd'hui ?

- Non, elle a des rendez-vous.

La brune hocha la tête, absente. Quinn l'analysa un instant. Elle connaissait Rachel par cœur. Elle ne buvait jamais autant par peur d'abîmer sa voix. Et elle parlait. Elle communiquait. Rachel parlait tout le temps, et beaucoup trop, mais elle parlait. Elle disait ce qu'elle ressentait et s'exprimait sur ce qui n'allait pas. Elle n'esquivait pas les questions.

- Je te laisse te reposer., conclut Quinn en se levant.

Rachel la laissa quitter la pièce sans rien dire. Quand la porte claqua, elle s'enfonça dans ses draps, l'oreiller sur la tête. Elle n'en pouvait plus de cette situation.


Beca voulut s'étirer mais son bras était coincé. Elle tourna la tête légèrement pour se perdre dans une chevelure rousse qui sentait la pomme. Elle sourit bêtement. C'était le meilleur réveil, et ce depuis très longtemps. Elle resserra son bras autour de Chloe et déposa un baiser à la couronne de ses cheveux. La rousse gigota entre ses bras et les mains posées sous son t-shirt l'attirèrent à elle.

- Bonjour, vous, fit la voix enrouée de Chloe.

- Bonjour, belle demoiselle, bien dormie ?

Chloe sourit, les yeux toujours fermés et enfouit son visage dans le cou de Beca.

- Je ne suis pas sûre d'être si belle que ça au réveil, grogna Chloe en se cachant.

Beca s'écarta et replaça les quelques mèches qui étaient tombées sur le visage de la rousse. Ses yeux bleus brillaient encore plus et semblaient contenir toute une galaxie à cet instant.

- Tu es magnifique. Je ne veux plus jamais que tu en doutes, souffla la brune, très sérieuse.

Chloe rougit devant tant de sincérité et d'attention. Si Beca voulait la faire tomber encore un peu plus, c'était réussi.

- Tu n'as plus besoin de me charmer, tu sais. Tu as déjà gagné.

- Ah, vraiment ?, demanda Beca, une lueur de malice dans les pupilles.

Chloe hocha la tête distraitement, se demandant ce qui allait bien pouvoir lui tomber dessus.

- Je peux te dire que tu ronfles alors ?

La rousse eut un hoquet d'horreur et se saisit d'un coussin pour frapper la brune qui s'esclaffait et se débattait difficilement. Chloe passa aux chatouilles en escaladant Beca comme elle le pouvait avec ses blessures.

- Retire ce que tu as dit !

La brune continuait de rire en secouant la tête, négative. Elle ne lâcherait pas l'affaire aussi facilement.

- Beca Mitchell ! Je te préviens, si tu ne dis pas la vérité, j'appelle Aubrey pour qu'elle vienne te la tirer par le nez !

Beca s'arrêta de rire immédiatement. Elle ouvrit de grands yeux sur sa compagne et Chloe pouvait voir les engrenages s'emboiter dans son cerveau.

- Tu ne peux pas, elle est en Europe en voyage d'affaires. Elle ne pourrait pas venir avant plusieurs jours.

- Rah, je commence à regretter l'époque où vous vous détestiez !, râla Chloe.

La brune rit de nouveau puis vint enlacer Chloe. Habituellement, elle n'était pas aussi démonstrative. Avec personne. Mais avec Chloe, c'était différent et la rousse n'allait certainement pas s'en plaindre.

- Tu sais très bien que je plaisante. Tu ne ronfles pas.

- Hum.

- Tu respires bruyamment.

- Beca !

L'intéressée rit de plus belle sous les coups de coussin de Chloe. Leurs chamailleries furent interrompues par le téléphone de Chloe qui sonna sur le chevet.

- C'est mon père, lâcha gravement Chloe avant de se saisir du portable.

Beca n'entendait pas ce qui se disait au bout du fil mais la mine de Chloe s'affaissait de plus en plus, ce qui n'indiquait rien de bon. La rousse ne répondait que par oui ou non et « je sais, papa ». Ses dents se serraient au fil de la conversion et Beca voyait bien que les mots de monsieur Beale ne réjouissaient pas sa fille. Quand Chloe raccrocha, elle jeta son téléphone sur le lit et se pinça l'arête du nez.

- Quel abruti !

- Tout va bien ?, tenta Beca.

- Oui…, répondit la rousse distraitement. Je vais aller prendre une douche. Tu peux m'aider ?

La brune acquiesça sans rien dire de plus. Elle avait compris la leçon. Il valait mieux laisser Chloe venir à elle de son propre chef. Elle s'extirpa du lit et prit Chloe sur son dos pour les conduire toutes les deux dans la salle de bain. Une chose était sûre : quand Chloe parlerait, Beca serait présente pour écouter.


Santana franchit la porte d'un air déterminé. Elle avait rendez-vous avec Maria Olivarez pour discuter du dossier de Beca. Elle avait des tas de questions à lui poser et, surtout, elle voulait évaluer elle-même si l'assistante sociale était vraiment digne de confiance. Assise à son bureau, cette dernière rassembla le dossier devant elle et se leva pour accueillir l'avocate.

- Maître Lopez, c'est un plaisir.

- Enchanté, Madame Olivarez. On a énormément de choses à se dire, je pense.

- Effectivement. Suivez-moi, je vous prie.

L'assistante sociale l'emmena à travers des couloirs acheminant différents bureaux, tous occupés. Les employés présents continuaient de travailler sans prêter attention aux deux femmes qui passaient. Elles arrivèrent dans une salle de réunion aux vitres teintées. Maria Olivarez se dirigea immédiatement vers la machine à café et en proposa un à Santana.

- Non, merci. J'essaie de diminuer.

- Ah, trop d'énergie. J'étais pareille à votre âge.

Santana sourit. La femme paraissait chaleureuse et bienveillante mais elle essayait toujours de rester objective. Elle ne pouvait pas se laisser berner par des sourires ou un accent qui ressemblait au sien. Finalement, Maria lui servit un verre d'eau et le déposa devant elle avant de s'asseoir et d'ouvrir le dossier portant le nom de Lucy.

- Je vous écoute, Maître. Je suis prête à vous aider autant que je le peux. Mon but est que Lucy retrouve un foyer, avec sa mère si possible.

- Justement, à ce propos, je n'ai pas l'habitude de passer par quatre chemins. Quelles sont vos intentions vis-à-vis de Beca ? Ma cliente ne dit que du bien de vous. Elle m'a aussi appris que vous l'aviez aidé à réunir les documents pour lui permettre d'entamer les procédures.

- Oui, j'ai dû évaluer Beca sur ses capacités à élever Lucy. Mon travaille consistait ici à vérifier que Beca n'était plus un danger pour Lucy et qu'elle possédait tous les moyens pour s'occuper d'elle. Mon rapport se trouve dans le dossier.

- Tout à fait. Vous en avez conclu que Beca ne représentait aucune menace pour sa fille et qu'elle était en capacité mentale de l'élever. Vous avez cependant pointé le fait qu'elle était encore étudiante et ne possédait pas de situation financière stable.

- Effectivement. Je suis tenue de dire la vérité sur les situations que j'évalue en gardant tout le temps en tête les enjeux et, ici, il s'agit de savoir si Lucy sera bien dans sa famille. J'ai également précisé que Beca était très bien entourée et très déterminée à prendre soin de Lucy.

Santana prenait des notes sur son carnet. Maria corroborait tout ce que Beca lui avait déjà dit et Santana commençait à lui faire confiance. Elle posa son stylo et se pinça les lèvres. Sa prochaine question était délicate. Elle devait faire attention aux mots employés.

- Ecoutez, Maria, je pense pouvoir vous faire confiance. Vous avez compris comme moi que Beca ferait tout pour sa fille et qu'elle n'a jamais été violente.

- Non, Beca adore sa fille. J'ai vu des parents tellement pire qu'elle.

- Justement, de part votre expérience, je souhaiterai connaître votre avis. C'est le premier dossier de ce genre que je traite mais mon instinct me dit qu'il y a anguille sous roche. J'aimerai savoir ce que vous pensez du jugement qui a été prononcé il y a un an.

- Je n'ai jamais vu un parent obtenir une garde aussi facilement. J'ai lu le dossier de Julian, le père de Lucy, et il est plutôt vide.

- Je vois, comme si personne n'avait creusé ?

- Comme si la personne en charge de son évaluation n'avait voulu montré que les bons côtés.

- Etonnamment, l'inverse se vérifie pour l'évaluation psychiatrique de Beca. Il est écrit que son père a même dû se porter garant pour lui éviter l'hôpital, tellement son dossier la décrit comme une hystérique.

- Oui, j'ai lu ce point. Il s'est battu pour voir Lucy les premières semaines, quand elle était en famille d'accueil. Il n'a pas eu gain de cause. Il avait pourtant un bon avocat.

- Je le connais, je dois le rencontrer justement pour faire le point. Je pense qu'il a vu comme moi qu'il y a énormément de vices dans cette procédure. Les évaluations ont été bâclées. Lucy a été placée trop facilement dans les mains de l'Etat alors qu'à cet âge, il est interdit d'enlever un enfant à sa mère sauf en cas d'extrême danger. Beca aurait du avoir des droits de visites.

- Je suis d'accord. Tout semble avoir été fait pour faciliter la vie de Julian et non celle de sa fille.

Santana hocha la tête pensivement. Si l'assistante sociale était d'accord avec elle, c'est qu'elle était sur le bon chemin. Il lui manquait plus qu'à établir un plan d'action avec l'avocat de David Mitchell. Elle rassembla ses affaires et se leva.

- Je vous remercie, Maria, pour votre accueil et votre coopération. Vous m'avez été très utile. Je rencontre l'avocat des Mitchell cet après-midi. Ensuite, nous pourrons agir pour récupérer Lucy.

Les deux femmes se serrèrent la main et Santana prit la sortie sans se retourner. Prête à l'action, elle avait hâte d'avoir tous les éléments pour prévenir Beca qu'elle récupérerait sa fille avant la fin de l'année. Elle en était persuadée.


Chloe sortit difficilement de la voiture et marqua un arrêt devant la façade de l'hôpital qui lui avait sauvé la vie. Le vent soufflait dans son manteau et elle frissonna. Elle n'aimait pas cet endroit.

- Tu es prête ?, demanda Beca en ajustant son écharpe autour de ses épaules. Tu dois avoir froid.

- Ca ira. Il fait chaud à l'intérieur.

Les deux jeunes femmes entrèrent dans l'hôpital en silence et sans se tromper de chemin cette fois. Chloe avait rendez-vous avec son chirurgien pour examiner la cicatrisation de ses blessures et pour peut-être enlever le plâtre de sa jambe.

La secrétaire à l'accueil leur indiqua le chemin vers le service de radiologie où Chloe était attendue pour une radiographie de sa jambe. Chloe se présenta à l'accueil du service et donna les documents qui devaient être remplis pour prouver sa convalescence à l'université.

- Mademoiselle Beale, je vois que vous avez un retard de paiement des dernières factures suite à votre hospitalisation, annonça l'assistante médicale qui consultait ses fichiers informatiques.

- Je ne comprends pas. Mes parents devaient pourtant prendre en charge les factures mais il semblerait qu'ils soient partis sans le faire, informa Chloe confuse et honteuse.

- Comment comptez-vous régler dans ce cas ?, demanda l'assistante en préparant déjà le bloc électronique des cartes bancaires.

- Je n'ai pas prévu de moyen de paiement, aujourd'hui, je suis désolée. Est-ce qu'il est possible d'envoyer un chèque ?

- Oui, bien sûr. Tenez, voici la facture et la feuille d'informations. Tout est sur la feuille. Vous pouvez patienter dans la salle d'attente à votre gauche. Le radiologue vous appellera.

- Merci beaucoup, bonne journée.

Beca, qui avait entendu toute la conversation, ne comprenait pas comment les parents de Chloe pouvaient laisser leur fille dans une telle panade. Elle ne dit rien, cependant, et regarda Chloe s'asseoir. La jeune femme avait l'air abattu et totalement déboussolé comme si elle ne comprenait pas non plus pourquoi ses parents agissaient de la sorte. Beca lui prit la main et sentit Chloe serrer distraitement. Peu de temps après, le radiologue appelait Chloe pour l'accueillir dans la salle d'examen. Chloe entra en clopinant sur ses béquilles et Beca resta assise en salle d'attente. Une dizaine de minutes plus tard, un infirmier appela Beca.

- Votre amie vous demande pour l'aider à se rhabiller.

Beca rassembla leurs affaires et entra dans la pièce sans se poser de questions. Chloe était assise sur une chaise, en sous-vêtements. Elle avait le regard dans le vide. Beca s'approcha lentement et posa délicatement ses mains de chaque côté des jambes de la rousse. Elle constata la peau glacée de Chloe.

- Chloe, tout va bien ? Il fait un froid de canard, ici.

La rousse acquiesça sans un mot. Il était vrai que la pièce était plutôt froide et les instruments médicaux n'aidaient pas l'ambiance non plus. Beca s'empara du jogging de Chloe et lui enfila. La jeune femme se laissait faire comme un automate. Beca lui mit son pull puis son manteau pour la réchauffer et lui déposa un baiser sur le front.

- On peut sortir maintenant.

Chloe prit ses béquilles et suivit Beca hors de la pièce. Elle entendit Beca discuter avec l'assistante médicale à l'accueil pour récupérer ses documents et ses résultats. Elle suivit la brune dans les couloirs jusqu'au service de chirurgie cardio vasculaire et l'entendit donner les documents à l'assistante médicale du service. Elles s'assirent toutes les deux côte à côte sans un mot, la main de Beca toujours dans la sienne. Elle sentait son regard, l'attention que la brune lui portait et elle sentait même l'inquiétude qui émanait de son corps.

- Tout va bien, Becs, ne t'en fais pas, lança Chloe d'un coup sans regarder son amie.

Beca ouvrit de grands yeux ; Chloe ouvrait enfin la bouche. Beca réfléchit à la meilleure manière de répondre. Tout n'allait pas bien, elle le savait mais elle savait aussi que Chloe essayait de garder la face. Après tout, il lui fallait aussi du temps pour procéder à ce qui venait de se passer. Beca resserra son étreinte sur la main de sa copine et tourna tout son corps vers elle en s'approchant pour parler moins fort.

- Je sais que tout ne va pas bien, Chlo. Mais j'attendrai que tu sois prête à en discuter. Je resterai prêt de toi à chaque étape. Je ne te laisserai plus.

Chloe sourit et déposa un baiser sur la joue de Beca. Toutes deux rougirent.

- Tu as bien changé, Mitchell. Tu assumes d'être une vraie guimauve.

- Que pour toi, Beale. Que pour toi.

- Chloe Beale ?, les interrompit le chirurgien.

- C'est moi, répondit Chloe en se levant. Mon amie peut entrer ?

- Oui, bien sûr.

Les deux femmes entrèrent dans le bureau et s'installèrent sur les deux chaises. Le médecin étala les radiographies du thorax et de la jambe de Chloe sur son écran et examina rapidement.

- Alors, Mademoiselle Beale, il semblerait que vos poumons soient en bonne voie de guérison. Votre jambe également. On voit bien les plaques qui ont été posées et qui maintiennent vos os. C'est du bon boulot. Vous êtes plâtrée depuis deux semaines, c'est ça ?

- Oui, c'est bien ça.

Le médecin revint à son bureau et se saisit de son dictaphone pour enregistrer son diagnostic. Il se tourna finalement vers les deux jeunes femmes.

- Je pense qu'on va pouvoir vous enlever ce plâtre et passer à l'attelle complète. Vous pourrez commencer la rééducation, mais doucement !

- Oui, docteur.

- Je vais demander avis rapidement à mon confrère.

Le chirurgien spécialisé en cardio-thoracique se saisit de son téléphone et tapa différents numéros avant d'attendre qu'on lui réponde. Après quelques plaisanteries et phrases échangées, il raccrocha.

- Bon, et bien, le docteur Atkins est d'accord pour enlever votre plâtre. Vous pourrez passer aux urgences pour qu'ils vous l'enlèvent avant de partir.

- Merci, Docteur.

- Concernant vos reins, comment vous sentez-vous ?

Cloe sentit le regard de Beca sur elle immédiatement. Toutes les deux se souvenaient bien comme ce sujet était risqué.

- Je prends mes médicaments donc tout va bien.

Elle ne voulait pas en dire plus que nécessaire. Ses amis s'inquiétaient suffisamment pour elle et l'anxiété de Beca se ressentait, même à deux mètres d'elle. Elle ne voulait continuer à peser sur tout le monde comme c'était le cas depuis deux semaines.

- Parfait. Je sais que le traitement est assez onéreux. Vous avez un soutien financier pour pouvoir palier ce problème ?

- Oui, ne vous faites pas pour ça.

Le médecin qui ressentait la froideur de Chloe dans ses paroles ne força pas plus et laissa les deux jeunes femmes sortirent du bureau pour prendre d'autres patients.

- Bon, direction les urgences pour t'enlever ce truc et à toi la liberté, Beale !, lança Beca.

Chloe sourit mais n'ajouta rien et se contenta de suivre la brune à travers les couloirs, ses pensées déjà sur la facture qui l'attendrait à la sortie des urgences.


Maria Olivarez était en retard pour récupérer la petite Lucy au foyer d'accueil et l'amener en visite chez sa mère. C'était une première. Maria Olivarez n'était jamais en retard. Mais les bouchons et d'autres dossiers avaient gagné la course contre la montre que devenait son métier depuis quelques mois.

Arrivée devant l'entrée du foyer, l'assistante sociale remarqua plusieurs personnes occupées à discuter dans le hall autour de Lucy qui était emmitouflée dans sa poussette.

- Bonjour. Veuillez excuser mon retard, fit Maria en s'époussetant.

- Maria, enfin !, s'exclama la directrice du foyer, visiblement soulagée. Lucy faisait la rencontre de ses grands-parents.

- Ses grands-parents ?

L'assistante sociale se tourna vers les deux adultes sur sa gauche qu'elle avait ignoré jusque là. L'homme et la femme avaient probablement dans la soixantaine. Ils portaient tout deux des airs condescendants, les mentons levés et droits dans leurs manteaux foncés.

- Maria Olivarez, je m'occupe de Lucy. Vous êtes ?, demanda l'assistante sociale en tendant la main.

La femme hésita et son mari prit les devants en venant serrer la main de Maria.

- Nous sommes les parents de Julian. Nous sommes venus récupérer Lucy.

- Je vous demande pardon ?

- Cette mascarade a assez duré. Lucy rentre avec nous, fit la femme sèchement en s'approchant de la poussette.

Maria se plaça immédiatement devant Lucy qui commençait à s'affoler en entendant les voix s'élever.

- Premièrement, vous n'avez pas le droit d'être là. Vous ne pouvez pas rencontrer Lucy sans l'accord d'un juge.

La mère de Julian soupira d'agacement en plaçant une main sur sa gorge comme si elle était choquée.

- Deuxièmement, Lucy ne rentrera avec personne tant que l'affaire ne sera pas passée au tribunal. Maintenant, je vous prie de vous écarter. Sa maman l'attend.


Maria poussa Lucy vers la sortie sans se retourner. Elle se promit de passer un coup de téléphone à Santana Lopez pour la prévenir de cette visite. Elle devrait remplir un rapport d'incident, à présent. Comme si elle n'avait pas assez de boulot comme ça.

Beca faisait les cents pas devant la porte d'entrée. Maria aurait dû être là depuis au moins un quart d'heure. Si la visite était décalée , elle serait en retard ou même absente à son cours de management. Peu importait, elle verrait Lucy. C'était tout ce qui comptait.

- Beca, tu me donnes le tournis. Arrête de gesticuler comme ça, demanda Stacie d'un air blasé.

- Je sais pas ce que vous avez toutes à attendre à cet endroit-là à chaque fois. Il va y avoir des traînées sur le plancher, à force, ajouta Cynthia qui était affalée dans son fauteuil habituel dans le salon.

Beca vint s'asseoir sur le canapé, à côté de Chloe. Toutes les Bellas étaient réunis dans le salon pour rencontrer la fille de Beca. La musicienne, qui était déjà stressée à l'idée de dévoiler la dernière partie d'elle que ses amies ne connaissaient pas, commença à se ronger l'ongle du pouce, anxieuse de ne pas savoir où était sa fille.

- Becs, elle va arriver. Tout va bien, juste un contre-temps., fit Chloe en lui prenant les mains.

Beca releva un regard hésitant puis sourit légèrement, un peu apaisée. Les deux jeunes femmes jouaient à s'entremêler les doigts sans vraiment prendre en compte les regards de leurs amies.

- C'est marrant, depuis que vous êtes ensemble, je trouve plus ça mignon du tout., lança Stacie complètement lasse.

Les filles rirent quand Beca lui répondit un majeur bien haut dans les airs. La sonnette retentit à ce moment et la brune se leva d'un bond pour répondre. La porte s'ouvrit sur une Maria essoufflée et rouge, de froid ou d'avoir couru, la question resterait là.

- Maria ! Entrez, vous devez être frigorifiée.

Beca aida l'assistante sociale à monter les marches avec la poussette. L'hiver s'installait tout doucement en cette période de l'année sur Atlanta et les habitants avaient ressorti bonnet et écharpe pour se couvrir. Sans attendre, Beca extirpa la petite tête brune qui lui tendait les bras de sa poussette et la serra fort contre elle.

- Je suis désolée, Beca, je ne suis jamais en retard. J'ai été retardé par la circulation. Puis d'autres dossiers sont tombés, j'ai dû m'en occuper en urgences.

- Ne vous faites pas. Tant que je peux voir cette petite crevette, tout me va.

Lucy s'était réfugiée dans le cou de sa mère et ne bougeait plus. Beca les emmena directement dans le salon où toutes les filles les attendaient. Les Bellas se levèrent et entourèrent Beca et Lucy pour l'accueillir. L'enfant releva la tête avec de grands yeux devant tous ces visages inconnus.

- Lucy, ce sont tes tantes. Bellas, voici Lucy, ma fille.

Ashley fut la première à s'approcher pour caresser la joue de Lucy du revers de la main. La blonde adorait les enfants. Elle voulait d'ailleurs en faire son métier et étudiait pour être institutrice.

- Elle est adorable, Beca.

La brune lui sourit puis se fut au tour de Stacie de s'approcher. La jeune femme déposa un baiser sur la tête de Lucy. L'enfant scrutait le moindre de ses gestes.

- Bonjour, Lucy. Tu ressembles comme deux gouttes d'eau à ta mère quand elle se lève le matin.

- Elle s'était endormie dans la voiture, commenta Maria qui observait la scène à l'écart.

La petite brune tourna la tête vers sa mère comme pour lui demander comment elle devait réagir puis son visage se froissa et ses premiers pleurs se firent entendre.

- Oh, bravo, Legs, tu l'as contrarié !, râla Amy.

- Quoi, mais j'ai rien fait !

Beca entraîna l'enfant sur le canapé pour la calmer en chuchotant et en la berçant. Chloe, qui était restée en retrait sur le canapé jusque-là, s'approcha pour déposer sa main sur le dos du bébé.

- Ca fait beaucoup de monde, elle n'a pas l'habitude, fit Chloe.

Lucy, qui remarqua la nouvelle personne proche d'elle, se calma nettement, trop concentrée qu'elle était sur le visage de Chloe.

- Coucou, belle demoiselle, sourit Chloe en remarquant les yeux de Lucy sur elle. Ne t'en fais pas, elles sont bizarres mais on s'y fait.

Lucy s'écarta un peu de sa mère et se pencha sur Chloe, ses petites mains tendues, pour qu'elle la prenne dans ses bras. Beca lui tendit l'enfant, étonnée mais heureuse de voir que Lucy n'était plus si triste. Lucy restait debout sur Chloe, les mains sur ses joues. La rousse lui sourit de nouveau puis déposa un baiser sur le bout de son nez.

- Tu vas être une parfaite mini Beca, petite Lulu.

Chloe s'adressait à Lucy comme si elles étaient seules dans la pièce et cela faisait fondre tous les cœurs aux alentours, surtout celui de Beca. Quand Lucy se pencha pour câliner Chloe, Beca en eût les larmes aux yeux. Devant elle se trouvaient ses deux plus grosses faiblesses mais aussi ses deux forces. Les eux personnes qui pouvaient la détruire et pour qui elle gravirait des sommets. Elle le ferait même deux fois s'il le fallait, sans hésiter.

Maria trouva le moment approprié pour extirper Beca du groupe un instant.

- Beca, j'aurai une chose à vous dire en privé, si c'est possible, avant de vous laisser profiter avec vos amies.

- Oui, on peut aller dans la cuisine.

Beca guida l'assistante sociale jusqu'à l'ilôt central où elle servit deux verres d'eau et s'assit les bras croisés.

- Je vous écoute.

- Ca ne va pas vous plaire mais je suis de votre côté et je pense que vous devriez être informée.

La musicienne décroisa les bras, un peu étonnée du ton inquiet de Maria.

- Voilà, tout à l'heure, quand je suis allée chercher Lucy au foyer, les parents de Julian étaient là. Ils discutaient avec la directrice. Ils m'ont informé vouloir repartir avec Lucy mais je ne les ai pas laissé faire, évidemment.

Le corps de Beca réagit pour elle. Sa mâchoire se crispa. Ses muscles se tendirent. Ses ongles entrèrent dans sa peau. Mais rien ne sortit de sa bouche alors Maria continua.

- Je vais rédiger un rapport d'incident pour avertir le juge. Et j'appellerai Maître Lopez ce soir, après avoir déposé Lucy.

- On ne peut rien faire de plus ?, demanda Beca entre ses dents.

- Non, j'en ai bien peur. Ils n'ont enfreint aucune loi, véritablement. Juste une question de déontologie. Mais je ferai en sorte de les restreindre encore plus, Beca, c'est promis. Ils n'auront pas Lucy. Et quand le juge saura qu'ils ne jouent pas le jeu des visites, ils auront encore moins d'avantages sur vous.

Beca hocha la tête mais ne répondit rien. Elle était tellement en colère. Les émotions la submergeaient sans qu'elle ne sache vraiment les démêler.

- Vous aviez autre chose à me dire ?

- Non, nous pouvons les rejoindre.

Elles quittèrent la cuisine avec un plateau rempli de verres d'eau, de biscuits et d'un pot de compote pour Lucy.

- Vous avez beaucoup manqué à Lucy.

Beca se pencha pour prendre sa fille et l'embrasser partout sur le visage, la faisant rire aux éclats.

- Elle me manque aussi. Tout le temps, répondit la brune un sourire collé aux lèvres.


N.A: J'ai mis deux bons mois à écrire ce chapitre, la vie quotidienne n'a pas aidé. J'ai surtout eu des diffultés à retrouver le fil de l'histoire une fois la relation de Chloe et Beca dévoilée. J'espère néanmoins que ça vous plaira.

En attendant, merci de lire, de suivre, de commenter. Merci à ceux qui ont favorisé l'histoire. C'est toujours réconfortant de savoir qu'on est lu par quelqu'un quelque part.