Chapitre XVII Fruit de l'amour, fruit de la vie

Legolas ----------------------

Son corps gisait inanimé dans mes bras. Je me balançais machinalement d'avant en arrière, plongé dans un état second. Altaïr se releva et inspirant profondément, il dit

« Elle voulait que chacun de vous sache qu'elle emporterait à jamais avec elle l'amitié et l'amour que vous lui avez porté. » sa voix était étranglée, trahissant l'émotion qui le prenait à la gorge. « Elle voulait... que vous sachiez qu'elle partait en paix car son vœux le plus cher était que tout ceux qui comptait pour elle puisse voir à nouveau le jour se lever... que chacun de vous ait... un avenir. »

Il posa un instant avant de reprendre, les larmes commençant à couler.

« Et elle m'a chargé de vous dire à quel point elle vous a aimé... à quel point elle t'a aimé... »

Ces derniers mots m'étaient destinés. Mes camarades s'approchèrent de moi. Gimli avait posé sa main sur mon épaule.

« Pourquoi ne l'en avez-vous pas empêché ? Vous saviez qu'elle y perdrait la vie n'est ce pas ? » ma voix était glaciale

« Oui nous le savions, » répondit-il accablé de chagrin « ...mais c'était son choix. Elle savait ce qu'elle risquait en l'invoquant... »

« Mais quoi... » demanda Gimli.

« Kira... » commença Altaïr « ...était la dernière prêtresse de Babel, unique descendante de sa lignée. »

Un silence de consternation plana sur le groupe. Tout le monde connaissait la légende de la tour de Babel et son infinie puissance. Les écrits les plus ancestraux la décrivaient comme l'arme la plus puissante que cette terre ait jamais portée. Encore plus terrible que la magie des elfes et aussi dangereuse que l'anneau de pouvoir. Mais jamais personne n'aurait pu se douter que Kira en était l'unique gardienne.

« Elle seule avait le pouvoir de la prier. Mais le prix à payer est énorme. La tour puise sa force dans l'énergie vitale de celle qui l'appelle et la consume... « une vie... pour dispenser la mort ». »

Aragorn s'agenouilla et saisit douloureusement la main de Kira pour l'étreindre. La perte de Kira saignait le cœur de tous ceux qui l'avait connu et aimé. Au sein de la communauté, elle était devenue l'amie, la sœur... l'amante. Kira avait su trouver sa place en chacun de nous. Mon chagrin me détruisait à petit feu. Je savais que chaque minute qui passait me précipitait un peu plus vers le fond d'un abîme d'où je savais ne pouvoir sortir. Je m'enfonçais irrémédiablement quand soudain, je sentis Aragorn se raidir. Mais je n'en avais cure, plus rien au monde ne m'importait plus à présent... Et soudain, d'une voix frêle, presque inaudible, Aragorn souffla

« E... Elle... Elle est vivante... »

Je ne compris pas immédiatement les mots qui venaient de sortir de la bouche du rôdeur. Je relevai lentement la tête pour voir Aragorn saisir plus fermement le poignet de Kira pour y déceler une pulsation.

« Elle est en vie ! » cria t il de nouveau

Tout le monde se raidit. Je portai brusquement deux doigts à son cou pour y déceler le moindre battement de pounds. Si cela avait été un faux espoir, mon cœur n'y résisterait pas. J'attendis quelques interminables secondes et enfin, je sentis son pounds. Très faible mais il était là. Mon cœur explosa de joie. Kira, ma Kira était en vie !

Altaïr se leva d'un bond et s'approcha de Kira pour la prendre soigneusement dans ses bras. Aussitôt l'avait il soulevé qu'il s'élança dans les airs en direction de la cité blanche, là où le quartier des soigneurs se trouvait.

Je m'élançai à pieds pour l'y rejoindre, tous les membres de la communauté sur mes talons. Aragorn portait dans ses bras Merry qui lui aussi, nécessitait des soins au plus vite. Je courais à travers les ruelles, les escaliers de Minas Tirith, ne m'arrêtant sous aucun prétexte. Des blessés, des morts peuplaient la cité mais je ne m'en préoccupais pas. Cela pouvait sembler égoïste, voir insensible mais à la seconde, personne d'autre que Kira ne m'importait.

Nous atteignîmes l'aile du palais où Kira avait été transporté. Son cousin l'avait couché dans une chambre à part du palais et avait couru chercher un soigneur. Celui-ci avait fermé la porte derrière lui et plus un son ne se fit entendre pendant un long moment. Je faisais les 100 pas devant cette porte désespérément close tandis qu'adossé au mur, Altaïr et Tyral restaient muets, à l'image de tous mes compagnons. L'anxiété pouvait se lire dans les yeux de chacun.

« Ou est elle ? » demanda soudain une voix grave provenant de derrière

Un homme d'un âge mûre et dont les yeux étaient habités d'une évidente sagesse se tenait là.

« Messaïr ! » s'écrièrent soudain Altaïr et Tyral.

Ils s'agenouillèrent aussitôt, présentant leurs respects à cet homme. Ils se relevèrent et désignèrent d'un signe de tête la chambre où se trouvait Kira. Ce Messaïr hocha de la tête et s'avança doucement vers la porte. Dés qu'il l'eu refermé derrière lui, je me tournai vers les 2 atlantes.

« Qui est ce ? » demandais je

« C'est Messaïr, notre maître et celui de Kira. Il est le doyen de notre race.»

Je n'en demandai pas plus. Le silence régna de nouveau sur l'assemblée. Il se passa une demi-heure avant que la porte ne se ré-ouvre de nouveau. Le soigneur sortit le premier puis Messaïr. Le premier se retira et le vieil atlante parla.

« Kira est endormie à présent, son corps à besoin de récupérer. »

« Comment va-t-elle ? » demanda Gimli

« Sa vie n'est plus en danger. » le souffle que retenait jusque là la communauté se libéra.

« Comment est ce possible maître ? » demanda calmement Altaïr, « l'invocation aurait du lui coûter la vie. Aucune prêtresse ayant déclenché Babel n'a jamais survécu... »

« Cela lui a coûté la vie, fils. » répondit il

« Mais alors... Comment ? » Messaïr inspira

« La vie de la prêtresse a bien été prise par la tour... » un silence planait, chacun écoutant avec extrême attention. « Mais dans le corps de Kira demeurait une autre vie. Et c'est elle qui l'a sauvé. »

« Une autre... ?! » s'exclama Tyral.

« Kira est enceinte. » annonça le vieux maître.

Tous crièrent de stupéfaction. Moi, ma voix m'avait abandonné. Enceinte... ?!

« Chez les atlantes, l'amour est... fusionnel. » reprit Messaïr, « Comprenez que la tour ne prend qu'une vie, une seule : celle de sa prêtresse. Or, lorsque la vie naît au sein d'une femme atlante, son métabolisme s'unit avec celui de l'être qui grandit en elle. Les vies de la mère et de l'enfant se lient, se nourrissent. La vie de l'un devient la vie de l'autre... La vie de l'un devient la garante de l'autre. Et c'est pourquoi quand Babel s'est emparé de la vie de la prêtresse, celle de son enfant a pris le relais... C'est parce que son enfant a partagé sa vie avec elle que Kira est ici aujourd'hui. »

J'assimilais par à-coup ce que je venais d'entendre... Kira était en vie... Kira portait mon enfant... Dans l'enfer de cette guerre, l'espoir perçait les ténèbres. J'allai la rejoindre, j'allai rejoindre la future mère de mon enfant, quand une main se posa sur mon épaule. Je me retournai pour voir Aragorn me sourire.

« Félicitation mon ami. »

« Oui, félicitation Legolas. » lança à son tour Gimli.

C'est à ce moment que je pris pleinement conscience de ce qui arrivait. J'allais devenir... papa. J'entrai doucement dans la chambre et m'assit au bord du lit. Les traits de Kira étaient sereins. Je lui caressai les cheveux en fixant son doux visage. Les dieux nous avaient accordés une seconde chance. Un avenir rayonnant s'offrait à nous à présent. Un avenir fait de paix, de joie et... d'une famille.

fin de chapitre