Disclaimer : Downton Abbey est l'oeuvre de Julian Fellowes.

Résumé : Petite collection de moments dits, évoqués, qui auraient pu se passer dans le canon de la série mais qui n'ont pas été montrés dans la série.

Note de l'auteur : Ceci est un recueil de moments ratés dans Downton Abbey, ratés dans le sens : ça aurait pu ou dû se passer mais on ne nous l'a pas montré, par exemple Edith qui remercie Thomas de l'avoir sauvée des flammes ! Si vous avez des idées, n'hésitez pas à m'en faire part !

Liste des dettes du Discord « Défis Galactiques » : copc d'écrire un texte où Cora et / ou Robert vont voir Thomas après sa tentative de suicide ? + Alphabet des personnages de Downton Abbey: Robert Crawley

Missing Moments

Robert et Cora rendent visite à Thomas après sa tentative de suicide

- Nous n'avons pas encore rendu visite à Barrow. Constata Robert un soir alors qu'il se couchait aux côtés de Cora

Son épouse le regarda, la tristesse se peignant sur ses traits, sa honte aussi.

- C'est vrai. Mary est déjà descendue avec George pour le voir. C'est mal de notre part, nous aurions dû aller le voir beaucoup plus tôt.

- Je suis d'accord. Nous y remédierons demain, nous irons prendre de ses nouvelles.

- Pauvre Barrow... Je n'arrive toujours pas à me faire à l'idée qu'il ait pu vouloir... Seigneur, je n'arrive même pas à le dire ! Et si jamais il avait réussi ? Nous n'avons pas su voir sa détresse, nous lui avons presque mis le rasoir dans les mains ! Il a besoin de savoir que Downton est sa maison aussi longtemps qu'il en aura besoin.

- Nous le ferons, ma chère. Nous avons mal agi mais nous rectifierons nos torts.

Le comte embrassa sa femme et ils se lovèrent l'un contre l'autre, espérant trouver doucement le sommeil.


Alors qu'il lisait un livre prêté par Anna, Thomas entendit quelques coups francs discrets portés à sa porte. Il leva la tête de son roman, une enquête de Sherlock Holmes, et lança :

- Entrez.

Quand il vit apparaître les maîtres de maison dans l'encadrement, il referma brusquement l'ouvrage, se redressa et voulut se lever aussitôt pour les accueillir comme il se devait.

- Non, restez au lit, Barrow ! Lui intima Robert

- Ne vous fatiguez pas. Ajouta Cora. Nous ne resterons pas longtemps, vous devez vous reposer.

- Permettez-moi au moins de vous apporter des chaises, Monsieur le Comte, Madame la Comtesse !

- Inutile. Sourit le noble. Nous pouvons bien rester debout quelques minutes !

En temps normal, le sous-majordome aurait ri de la situation, de son ironie : un domestique au lit, précautionneusement traité par ses employeurs. Mais la situation n'était pas normale. Plus rien de l'était depuis qu'il s'était ouvert les veines dans cette baignoire. En fait, il avait la sensation d'avoir réussi à se tuer en quelque sorte. La caresse de la Mort et son acceptation, sa phalange froide, avait eu pour effet de lui faire comprendre tous ses péchés, ses fautes, comme une acceptation des conséquences de ses choix alors que le soleil de son existence se couchait. L'homme qu'il avait pu être jadis lui faisait désormais profondément honte. Il ne renoncerait pas à ses mots d'esprit, à son cynisme sarcastique bien trop ancré en lui, à cette attitude qui le définissait. Cependant, il pouvait en retirer l'aigreur, la méchanceté. S'il s'était retrouvé seul, c'était en grande partie de sa faute. Oui, en laissant son sang couler dans l'eau chaude tel un médecin des temps anciens, il avait fait partir le mauvais de son âme pour rééquilibrer ses quatre humeurs. Le Thomas Barrow calculateur, cruel, qui se servait des autres comme de marchepieds était mort dans cette salle de bain en mettant au monde celui qu'il souhaitait devenir. On l'avait sauvé. C'était une deuxième chance et il voulait la saisir.

- Comment vous sentez-vous, Barrow ? S'enquit l'américaine

- Un peu mieux chaque jour, Madame la Comtesse.

- Même mentalement ?

- A tous les niveaux, Madame.

- Cela fait plaisir à entendre. Dit Robert. Nous avons été incorrect avec vous, Barrow. Nous aurions dû venir vous voir beaucoup plus tôt.

- Monsieur, vous avez tout un domaine à gérer. Il n'y a aucun mal à ce que je passe bien après.

- Au contraire. Quand un membre de votre maison, en haut comme en bas car il n'y a pas de différence à mes yeux, traverse une épreuve aussi douloureuse, il devient une priorité. Encore plus quand vous êtes en partie responsable de ce qui lui est arrivé.

Bouche bée, Thomas n'arrivait pas à comprendre. Les mots se perdaient dans sa gorge, mourant du moment où elles étaient conçues dans son cerveau.

- Il est vrai que nous pensons à des remaniements pour le domaine. Admit l'aristocrate. Mais vous méritiez mieux que ce que vous avez vécu. Vous avez travaillé chez nous pendant quinze ans. Par Saint George, vous avez risqué votre vie pour sauver ma fille des flammes ! Vous avez sauvé ma petite-fille d'une nourrice qui se montrait cruelle avec elle ! J'aurais dû vous en parler moi-même. Et vous rassurer dès le départ. Barrow, je veux que vous le sachiez : Downton Abbey sera toujours votre maison. Vous pouvez rester ici une semaine comme un an, peu m'importe, car il est hors de question de vous chasser comme un malpropre. Vous avez tout le temps nécessaire pour trouver un emploi ailleurs, un emploi qui vous correspond, pas un emploi qui ne vous servirait qu'à vous vêtir et à vous nourrir. D'autant plus que je sais que vous cherchez.

- Je dois vous avouer... Que l'idée de quitter Downton m'est difficile, Monsieur. C'est l'un des rares endroits où j'ai réussi à planter mes racines.

- Alors, je suis encore plus coupable que je ne le pensais.

- Je suis d'accord avec mon époux, Barrow. Downton Abbey est votre chez vous. Il le sera toujours. Vous ne serez jamais chassé comme un voleur pris sur le fait. Vous méritez mieux que cela.

Ils sentirent leurs corps se figer quand ils constatèrent les yeux brillants du jeune homme, des pupilles pleines de larmes qui menaçaient de rouler sur ses joues encore trop pâles, des larmes de joie, de soulagement. Oh oui, ils avaient été injustes et impitoyables sans le vouloir !

- Je suis heureuse que vous soyez toujours parmi nous, Barrow.

- Moi aussi, Madame.

- Nous allons vous laisser vous reposer. Déclara Robert. Mais je veux que vous sachiez que si jamais vous avez de nouvelles pensées noires, vous pouvez venir me trouver pour parler. Vous n'êtes pas seul, Barrow.

L'alité leur sourit enfin.

- Maintenant, j'en suis convaincu, Monsieur.

Le couple prit congé et se regarda une fois la porte fermée derrière eux. Ils lisaient dans leurs iris respectifs le soulagement, le sentiment d'avoir fait ce qui était juste mais surtout, cette promesse qui s'inscrivait dans leurs cœurs, gravés à l'encre au plus profond d'eux :

Plus jamais quelqu'un, en haut comme en bas, ne se sentirait esseulé au point de vouloir en finir en ces murs.

Non, jamais plus !

FIN