Petit mot de l'auteure : écrit pour l'anniversaire de Claude Monnet : il fallait écrire en s'inspirant d'une de ses œuvres, j'ai donc prit Le champ de coquelicots.
fin du tome 2
Personnage : Gale
La prairie par-delà la clôture était un endroit magnifique.
Elle avait le goût de la liberté, des rires partagés avec Katniss, des parties de chasse et des moments hors du temps, loin de l'ombre des Pacifiquateurs.
Mais ce qui plaisait le plus à Gale dans la prairie, c'était surtout ses couleurs éclatantes. L'herbe y était verte, d'un vert scintillant impossible à retrouver dans l'atmosphère grise du Douze. À cette houle de jade, des rubis s'y glissaient l'été. C'était bien pour cela que malgré la chaleur suffocante de cette saison, il s'agissait de sa période préférée de l'année. Les coquelicots en fleur offraient à Gale un tableau vivant qu'il aimait explorer.
Quand il lui prenait de dire ce genre de choses, Katniss rigolait, se moquant gentiment de lui.
« On se la joue poète, Gale ? »
Gale souriait, haussait des épaules et marmonnait qu'elle n'avait pas tord, ils n'allaient pas se nourrir de fleurs des champs. Il la rejoignait alors vers les sous-bois mais intérieurement, il priait pour les coquelicots ne fanent jamais.
…
Les coquelicots étaient en fleur lorsqu'il l'enfer s'abattit sur eux.
Jamais le pré n'avait été aussi remplit : des hommes, des femmes qui tenaient leurs enfants terrorisés, autant de citoyens qui n'avaient jamais osé franchir la barrière de peur d'être arrêtés. Et aujourd'hui, tout ce petit monde éparse piétinait sans pitié son paradis.
Avant, Gale aurait pu être atterré de voir ses rubis de pétales s'envoler au vent sous le poids des badauds.
Mais aujourd'hui, il en était heureux : chaque fleur arrachée était le signe qu'une nouvelle personne du douze était en train de fuir.
Et quand le ciel devint aussi sombre que le Chaos originel, Gale sut qu'il avait bien fait d'ouvrir les portes de son refuge : ceux qui ne s'y étaient pas aventurés étaient sur le point d'être abattu.
Il conduisit alors ceux de son district en direction de la fôret, pour s'y engager toujours plus profondément. Mais avant de gagner les bois, il se retourna pour regarder une dernière fois son Paradis.
Du pré de son enfance ne restaient que quelques tâches rouges, comme en écho au sang qui était versé quelques centaines de mètre plus loin. L'herbe avait été si piétinée que la houle verte était venue à mourir à ses pieds.
Ce fut à cet instant que Gale finit par accepter ce qu'il avait toujours tâché de nier : le Capitole allait enlaidir ce monde jusqu'à ses recoins les plus secrets.
Ce fut à cet instant également que Gale se jura que tant qu'il serait en vie, il l'empêcherait de le faire.
