Le Maître-Chanteur

(for english readers : the title can be can be translated as "master singer" or "blackmailer")

Chapitre 1

Boya était en nage. Son cœur battait dans sa poitrine comme celui d'un petit oiseau blessé qui tente de s'enfuir face à un prédateur.

Dès qu'on lui avait annoncé la teneur de la chasse, il avait sentit que quelque chose puait. Il n'état pas le seul.

Le démon n'était pas dangereux. Ou plutôt, il n'aurait pas dû l'être. Ce n'était qu'un simple démon de pierre comme il en avait éliminé des dizaines. Il n'aurait jamais dû peiner devant lui.

Mais s'il était aussi simple à détruire, pourquoi envoyer une dizaine de maîtres ? Dès le briefing, ils avaient tous été mal à l'aise. Suffisamment pour protester, exiger davantage d'information et aller jusqu'à ce faire punir pour leur outrecuidance.

Qu'est ce qui était compliqué ? On leur demandait de tuer un misérable démon de pierre. Il n'y avait pas de quoi s'en relever la nuit n'est ce pas ?

Mais ils faisaient confiance à leur instinct. Et leur instinct leur avait dit que quelque chose n'allait pas. Ils étaient dix, ils étaient tous sous le même Shifu qui n'était même pas présent, ils devaient partir aussi vite que possible et avaient du renâcler plus fort pour pouvoir aller se préparer correctement. Quoi ? C'était JUSTE un démon de pierre. Ils n'avaient pas besoin d'autant d'armes et de talismans.
Finalement, ils avaient été forcé d'aller sur le terrain.
Et sur le terrain…

Ils avaient trouvés assez facilement leur proie. Trop facilement. Ils avaient commencés a lui courir après. Le démon s'était échappé mais sans jamais parvenir à réellement les prendre de vitesse. Ils l'avaient suivit d'abord avec suspicion puis avec une irritation croissante. Ils s'étaient ruer dans les égouts à sa suite.
Et ça avait été leur erreur.

Leur dernière erreur.

Boya avala sa salive. Le douleur de sa jambe brisée était atroce mais il continuait à courir pour tenter de survivre.

Le démon n'était pas censé être dangereux hein… Mais le démon n'aurait jamais dû non plus être un appât ni être accompagné d'une douzaine d'autres. Boya n'avait jamais été mis face à un tel danger. Aucun d'eux n'avaient jamais été mis dans une situation comme celle-là. Jamais ils n'avaient rencontrés des démons collaborant entre eux. Mais jamais JingYun ne s'était vraiment penché sur la société démoniaque. Jamais JingYun n'avait voulu voir autre chose chez les démons que des monstres solitaires qui tuaient des gens.

Boya n'avait jamais réfléchit à la chose. Il n'avait jamais été poussé à réfléchir à ce qu'étaient les démons. Il n'était qu'un chasseur, un exécutant. Il ne s'était jamais penché sur autre chose que sa mission. Et si son Shifu tentait de l'intéresser de plus en plus à la politique interne de la secte, lui n'avait aucune envie d'y mettre le nez. La politique puait. La politique de l'Empire était écœurante, celle de la secte encore plus. Il était peut-être l'héritier désigné de son maître mais il n'en avait aucune envie.

Lorsque le démon de pierre les avait entrainé de plus en plus profondément dans les égouts, ils avaient commencés à hésiter.

Lorsqu'ils avaient sentit la présence de trois autres démons le prendre à revers, il était déjà trop tard. Ils avaient tourné les talons pour fuir mais ils savaient qu'ils étaient en danger.

Les démons connaissaient mieux les égouts qu'eux. Ils étaient chez eux. Eux...

Le premier d'entre eux à s'effondrer avait eut la gorge transpercée par une lance de chitine. La gerbe de sang avait couvert le visage de Boya et d'un de ses frères. Ils n'avaient pas tenté de récupérer le corps de leur frère ni même de vérifier s'il était bien mort. Avec la nuque transpercée et une telle perte de sang, s'il n'était pas mort sur le coup, ça ne prendrait pas longtemps de toute façon.
Puis ils avaient cessé de réfléchir pour juste fuir droit devant eux.

Les cris de ses frères l'avaient fouetté vers la sortie des égouts. Il voulait juste survivre. S'il avait eut le temps de réfléchir, s'il avait eut de meilleures connaissances sur les démons et pas seulement la méthode de les tuer, il aurait réalisé que c'était les pouvoirs d'un démon qui les poussaient à la terreur.

Peut-être.

Boya avait vraiment cru qu'ils y arriveraient. Vraiment.

Puis des espèces de lianes s'étaient enroulées autour de leurs jambes. Ils étaient tombés sans grâce sur le sol puis avait été lentement tirés en arrière vers l'intérieur des égouts.

Boya avait entendu des hurlements de pure terreur. Il avait fallut quelques secondes à ce qui restait de son esprit rationnel pour qu'il comprenne que les hurlements provenaient tout autant de la gorge de ses quelques frères encore en vie que de la sienne à mesure que le seuil des égouts, si proche, s'éloignait à mesure que les démons les ramenaient à l'intérieur.

S'ils n'avaient pas été submergés par la terreur, les cinq survivants auraient pensés a sortir l'une des nombreuses armes blanches qu'ils avaient sur eux pour se libérer. Ou se la planter dans la gorge.
Les morts étaient ceux qui avaient eu la partie facile.

Puis le groupe de démon s'était refermé sur eux.

On les avait troussés comme des poulets pour les porter le long des égouts jusqu'à… jusqu'à Boya ne savait pas ce que c'était. Mais ils étaient des dizaines, peut-être même des centaines de démons a se presser autour de ce qu'il allait appeler une arene. On les avait jeté sur le sol avec leurs armes puis des murmures avaient courut dans cette langue que Boya avait toujours voulu apprendre mais que personne n'était en mesure de lui permettre. Pourquoi JingYun voudrait que ses hommes connaissent la langue des démons ? C'eut été ridicule. La seule chose qu'un chasseur avait besoin de savoir était comment tuer un démon. Le reste était sans importance.

Boya avait échangé un coup d'œil avec ses hommes, ses frères, ses amis. Ils étaient venu à dix, ils n'étaient plus que cinq. Les corps de leurs frères allaient pourrir dans les égouts sans que personne ne les retrouve jamais. Sans que quiconque parmi les anciens ne s'en soucie non plus. Ils n'étaient que de la chair à canon remplaçable à merci et le savaient tous. Les anciens, les rares parmi eux qui avaient réussit à rembourser totalement la dette de leur arrivée au temple, de leur formation et de leur entretient courant, n'avaient que faire des inférieurs qui étaient incapable de retrouver leur liberté. Les gens du commun pensaient peut-être que les cultivateurs de JingYun étaient des hommes libres, mais sous les cheveux longs qui protegeaient leur nuque, ils avaient tous le petit tatouage de leur esclavage. Lorsque l'un d'eux arrivait à rembourser sa dette, le tatouage était brulé au fer rouge. Alors seulement ils étaient libres. Boya serra les mâchoires lorsqu'il réalisa quelque chose à mesure que la terreur projetée par le démon qui les avait poussé à la faute refluait. Des dix maîtres présents, ils étaient tous à quelques rognures de cuivre de leur libération. Et s'il était, de loin, le plus jeune, ils auraient tous reçut leur marque au fer avant la fin de l'année. Hors, ils étaient tous les élèves du même maître. Politiquement, l'arrivée d'autant d'ancien dans le sérail des décideurs de la secte aurait durablement déstabilisé la balance politique interne.

"- Ils ont envoyés délibérément à la boucherie." Siffla l'un de ses frères qui avait réalisé la même chose.

Boya hocha la tête. De là à ce que les anciens aient conclus un accord avec un démon ou un autre pour les débarrasser d'eux, il n'y avait qu'un pas que Boya franchissait mentalement sans la moindre difficulté.

Ils avaient été envoyé là pour mourir parce qu'ils n'avaient plus aucune valeur pour leur secte. Finir de payer leur dette était être automatiquement relevé des chasses. C'était devenir un professeur. C'était pouvoir éduquer la nouvelle génération dans autre chose qu'une servilité totale.

Les anciens ne pouvaient pas se le permettre. Leur retrait du terrain serait un coup important sur les finances du temple, mais leur retrait du terrain serait un danger encore plus grand pour la structure de leur petit royaume d'enfants soldats esclaves de leur bon vouloir. Alors ils étaient sacrifiés sur l'autel de la dérision et du cynisme.

Ceux qui étaient déjà morts étaient ceux qui avaient eu de la chance.

Des démons sautèrent dans l'arène. Ils attendirent qu'ils prennent leurs armes.

Les cinq maîtres n'avaient pas besoin de parler la langue pour comprendre. Ils allaient servir de distraction à leurs "hôtes" jusqu'à ce que mort s'en suivent. Ils n'avaient qu'un seul choix qui leur restait : se laisser tomber sur leurs armes immédiatement ou entrainer autant de démons que possible dans la mort avec eux.
Ils serrèrent leurs mains autour de leurs armes.

"- Messieurs, ce fut un honneur." Lâcha calmement Boya avant de saluer ses frères de son arme.

Ses quatre frères l'imitèrent. Puis ils foncèrent au contact. Ils mourraient les armes à la main.

Mais ils ne mourraient pas pour leur plaisir. Ils mourraient en tentant de s'enfuir. Il foncèrent dans le tas avec toute la violence qu'ils pouvaient faire courir dans leurs méridiens. Peu importait qu'ils frolent la déviation. Ils devaient fuir ou mourir.

Même leurs opposant furent surpris. Il s'étaient attendus à bien s'amuser, à assister à une mise à mort charmante et cocasse mais voila que ces batards d'assassins résistaient encore.

Ils les avaient cru enfermé dans l'arene mais ils avaient réussit à briser le blocus en quelques secondes.

Une fois le moment de flottement passé, la chasse fut lancée. Ce n'était finalement pas plus mal et bien plus amusant.
Les cris de joie des démons dans leur dos firent accélérer encore les cinq survivants. Le plus lent s'abattit avec un cri, les jambes fauchées par des dagues de glaces dans les genoux.

"- PARTEZ !"' Rugit-il à ses frères, bien déterminé à retenir leurs ennemis le plus longtemps possible et leur gagner quelques précieuses secondes. Mais surtout, surtout, qu'ils ne perdent pas leur vie à sauver la sienne.

Boya et ses trois frères ne lui jetèrent même pas un regard même s'ils avaient le cœur au bord des lèvres et les larmes aux yeux. S'ils survivaient, ce serait peut-être grâce aux quelques secondes que leur frère leur aurait gagné.

Un cri étouffé sur la gauche de Boya, un qi qui s'éteins, des bruits de curée et de chair déchirée.

Ils n'étaient plus que deux.

Un hurlement de pure terreur, un gargouillis sanglant, et Boya était le seul survivant.

La masse de démons dans son dos feula de joie sauvage. Le corps massacré de son dernier frère allait peut-être être son salut.

Boya voyait la sortie une fois encore. Encore quelques mètres… Quelques secondes…

Une poignée de démon sauta des ceintres pour lui couper la route et tout espoir.

Boya sentit son cœur lui tomber dans l'estomac. Il tira son épée et sa dague sans ralentir pour couper tout ce qui restait entre lui et la survie. Il survivrait pour ses frères. Ils étaient morts pour lui laisser une chance. Il était hors de question qu'il ne permette pas a leur souvenir de survivre avec lui. Il se serait sacrifier sans réfléchir pour eux comme ils s'étaient sacrifiés pour lui. Il était le récipendiaire de leur mort. Il ne pourrait pas trouver le repos s'il mourrait lui aussi.

Boya tranchait dans le vif sans plus réfléchir. La terreur qui les avait poussé vers la mort comme des animaux à l'abattoir ne le touchait plus. Seule restait la concentration ultime d'une condamné à mort qui refuse de s'éteindre sans massacrer son assassin. Il allait mourir mais il ne mourrait pas seul. Même s'il devait délibérément consumer son node doré pour le faire exploser et emmener ses ennemis avec lui, il le ferait.
S'il ne pouvait survivre pour ses frères decedés, il vengerait leur mort à tous d'une façon ou d'une autre.

Les cadavres s'entassaient autour de lui.

Même s'ils haissaient le chasseur, les démons respectaient sa force et son instinct de survie. Boya aurait été un si magnifique démon ! Il avait cette rage chevillée au cœur. Il avait cette violence et cet instinct qui faisaient les meilleurs d'entre eux. Mais il n'était pas assez désespéré. Il ne souffrait pas assez pour que son ame chute lorsqu'il mourrait.

Un sourire cruel passa sur les lèvres de celui qui semblait être le chef de la chasse sauvage contre les maîtres de Jingyun.
Boya ne souffrait pas assez. Il ne connaissait pas assez la haine réelle au point de rendre fou.
Pour l'instant.

Le démon fit un signe à plusieurs de ses subordonnées.

Un cri de douleur atroce échappa à Boya lorsque des crochets de fer s'enfoncèrent dans son bras d'arme pour déchirer ses muscles. Sa main s'ouvrit avec un spasme alors que de l'electricité passait dans les crochets jusque dans ses muscles. L'épée de Boya dégoulinait de sang et pas uniquement celui des démons. Elle tomba sur le sol couvert de sang avec un bruit mat. Boya avait déjà tué des dizaines de démons inférieurs mais il en venait toujours plus. Il ne pouvait rien faire contre la masse sans cervelle qui menaçait de l'engloutir. Ces démons là n'étaient guère plus que des animaux. Ils ne réfléchissaient pas. Il tuaient pour manger et mangeaient pour tuer. Tomber sous leur masse était se faire dévorer vivant jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien, pas même qelques os eparpillés sur le sol.

Boya trébucha sur le cadavre d'une de ses victimes. L'une des premières. Il était réellement à quelques mètres de la sortie malgré tout.

Dans son dos, il entendait les claquements de mâchoire, les rires et le son du métal sur le métal des armes des démons qui s'approchaient. C'était une chasse et Boya était la proie. Il l'avait accepté.

Le chasseur avala une grande goulée d'air. Il avait peur. Réellement peur. S'ils lui mettaient encore la main dessus, cette fois, il n'y aurait pas de combat en arène pour leur distraction. Il était la distraction et elle était en train de se finir. S'ils lui mettaient à nouveau la main dessus, ils le tueraient. C'était de bonne guerre finalement. Mais il savait qu'ils ne le tueraient pas proprement. Pas avec tous les démons qu'il avait tué depuis des années. Pour que les démons dans son dos aient décidé de se liguer contre lui pour les attraper, Boya était sûr qu'un démon bien plus dangereux était arrivé en ville. Sinon, comment des démons aussi disparates auraient acceptés de travailler tout ensembles ? Les démons ne travaillaient pas en groupe. Pas sans un démon bien plus puissant capable de leur faire courber l'échine pas la crainte. Mais pour remonter cette information à JingYun, il devait survivre jusque là. Si tant est que JingYun ne soit pas déjà au courant et qu'ils n'aient pas embauchés ce maître démon pour les massacrer. Boya était malheureusement sur que ce n'était pas une coïncidence. La politique de la secte était trop brutale pour ça.

Il parvint enfin à l'entrée des égouts malgré les chaines et les crochets toujours enfichés dans ses muscles. Une fois dehors, au moins, il pourrait se battre correctement. Une douleur fulgurante le fit hurler. Quelque chose venait de s'enfoncer encore cruellement dans son mollet et le tirait en arrière. Pas encore ! Pas une fois de plus ! Il refusait de se faire à nouveau privé de son espoir de s'en sortir

Boya récupéré maladroitement son épée comme put pour couper la corde reliée au crochet qui s'était enfoncé dans sa jambe. Le chasseur ne réfléchissait plus. C'était purement son instinct de survie qui le fit se relever et courir une fois encore jusqu'à l'entrée des égouts. Il sentait presque l'haleine des démons sur sa nuque.

Il déboula presque aux pieds de la statue de QingLong. Il était dehors. Était-il sauvé pour autant ? Bien sûr que non. Il faisait nuit. Personne ne l'aiderait.

Boya trébucha dans le bief vide, il se redressa et continua à boiter. Il n'y avait personne derrière lui. Avait-il réussit à s'en sortir ?

L'espoir lui serra le ventre pendant un instant. Puis le crocher enfoncé dans sa jambe et ceux dans ses bras le tirèrent brutalement en arrière une fois de plus. Il avait coupé les cordes pourtant. Alors comment ? il se concentra un instant pour tenter de comprendre ce qui se passait. Les cordes de chanvres étaient coupées, mais pas celles de qi.

Boya en pleurait presque de douleur et de peur, ses espoirs de survie détruit une fois de plus, cette fois sans solution. Il ne pouvait retirer les crochets dans ses chairs. On le tirait lentement, si lentement vers les égouts. Il parvint à couper avec son qi plusieurs de cordes mais d'autres crochets s'enfoncèrent dans ses membres.

Il hurla encore.

Lorsque la masse des démons se referma pour lui, il ne put qu'espérer qu'il mourrait vite cette fois.

Il aurait aimé perdre conscience. Il aurait aimé mourir vite. Mais même cet espoir là était un espoir vain.

"- Tu nous auras fait courir, chasseur. Mais tu nous a bien distrait aussi." Siffla une voix à son oreille.

Boya sentit qu'on l'immobilisait sur le sol puis que quelqu'un immobilisait même sa tête.

"- Voyons voir comment tu chantes, jeune assassin. Voyons voir si tu as davantage de courage de vivre qu'à massacrer les innocents."

Boya cracha au visage du démon qui le tenait pas les cheveux. Puis la douleur fut si forte qu'il ne put que hurler jusqu'à ce que ses cordes vocales ne puissent plus hurler.