HISTOIRE DE POUDLARD - United colors of Hogwarts -
Chapitre un: Chariots d'étoiles
« Chacun d'entre nous prend la route qui lui est destinée. Pour certains elle est droite, pour d'autres elle est tortueuse. »
Ayr - Région Est d'Écosse
Le vent apportait avec lui ses rêves et promesses de givre et de glace. Une sensation désagréable parcourut l'échine de la jeune fille. Quelque chose flottait dans l'air, quelque chose de sec malgré le froid humide. Rowena inspira lentement en fermant les yeux. Elle sentait le vent modifier son cours. Apporterait-il avec lui sa délivrance?
L'odeur forte et salée de la mer lui parvenait à grandes volutes. Elle traça d'un doigt dans l'air l'épaisse buée qui émanait de son souffle.
L'hiver en Écosse ne pardonnait pas.
Ramenant sa mante un peu plus prés de son corps de sorte que seul la blancheur neigeuse de son visage était visible, Rowena jeta un regard en arrière. Son père, armateur et banquier des plus rusé du pays, parlait avec un commerçant qui se plaignait de la mauvaise pêche de ses derniers temps. Il pouvait rester là des heures sans se soucier du gel. Sa mère se tenait, dans une pose distinguée, prés de lui. D'un geste plus agacé qu'il n'y paraissait, Rowena décrivit un cercle à travers le givre avec la pointe de son pied. Une petite fleur rouge s'étira, délivrée de la chape de glace qui l'étouffait desesperement. A la vue de cette singulière fleur guerrière, un sourire désenchanté s'étira sur le jolie visage de Rowena qui s'accroupit pour délicatement prendre dans ses mains le végétal.
« Tu ne finiras pas ici. » promit-elle dans un murmure.
« Rowena. »
La jeune femme se demanda ce qu'il adviendrait si elle ne se retournait pas à l'adjonction de son père. Si elle n'obéissait pas aux ordres de son Clan. Si elle décidait de ne s'occuper que de cette petite fleur.
« Rowena! »
La voix se fit plus pressante et Rowena se retourna finalement, lâchant la petite fleur rouge qui retomba fatalement sur le sol et anéantissant toute trace de promesse faite quelques secondes auparavant. De toute façon, elle n'aurait jamais du naître dans ce froid.
« J'arrive père. »
Le chemin du retour fut silencieux. Rowena ne prêtait pas attention à la conversation ennuyeuse de ses parents. Elle frotta ses mains et murmura quelques mots tandis qu'une douce rougeur lui montait aux joues. La démarche moins raide, son esprit put enfin se concentrer sur autre chose que sur son corps gelé. Elle ne vit pas la luxueuse calèche foncer à toute allure et c'est sa mère qui la retint par la manche. Rowena eut une grimace mais ce n'était pas à cause de la frayeur.
Sa mère la foudroyait du regard, les lèvres serrés et stupidement, Rowena regretta amèrement sa ressemblance avec elle. La jeune femme fuya les yeux inquisiteurs de sa génitrice pour chercher un quelconque réconfort ailleurs.
« Sois plus prudente Rowena. » fit le père totalement inconscient de l'échange silencieux entre les deux femmes.
Voilà qui classait son père dans la sphère des obstacles à sa félicité pensa t-elle en laissant un pli cynique déformer ses lèvres roses. Il ne pouvait pas se douter que si sa mère la fixait d'un regard débordant de remontrance c'était tout simplement parce qu'elle avait osé utiliser la magie. Toute les deux étaient sorcières mais la mère de Rowena tenait à brider tout pouvoirs ou sortilèges de ce genre. Elle en avait décidé ainsi et Rowena n'avait jamais vraiment su pourquoi.
« Arrêtes ça tout de suite. » murmura t'elle en attrapant sans aucune douceur la main de sa fille.
La chaleur s'éteignit et le froid reprit ses droits le long du corps de la jeune fille. Elle avait obéit comme elle le faisait toujours. Elle avait obéit aussi lorsque son père l'avait marié à un vieux et riche commerçant d'Edwinesburh. Elle avait obéit lorsqu'on lui avait imposé le noir du deuil quand l'époux, qu'elle avait du croiser deux fois, fut enterré. Elle avait obéit lorsqu'on lui avait demandé de remettre tout ses biens de veuve à la famille Campbell, clan appartenant à une lignée de Pictes, et à son père.
Sa vie n'était jamais qu'obéissance. Et elle en devinait chaque rouage à l'avance. Il était inutile de lutter contre son Destin aussi inintéressant qu'il soit.
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Helga interrogea du regard sa fidèle servante. Elle n'avait eu le temps que d'apercevoir trois silhouettes sombres sur la route.
« On ne les a pas trop effrayé j'espère. »
« Ces écossais! Ils ne savent pas reconnaître les routes des forêts. Sauvages. On aurait du lui rouler dessus à la petite. »
« Andrés. » réprimanda Helga en fronçant les sourcils, sa moue ronde formant un pli enfantin des plus ravissants.
« Je n'y peux rien Comtesse. C'est vraiment un pays de sauvages. J'aimerais savoir pourquoi votre famille vous envoie ici. »
« Je dois faire en sorte que le clan Campbell accepte de nous revendre à prix convenable certains terrains. Et je fais ça non pas sur ordre de ma famille Andrés mais pour le bien de la couronne royale. Nous devons nous prémunir contre les Vikings et les Danois. Le roi Alfred a besoin d'unité. » rappela Helga dans un sourire enfantin qui allait totalement à l'encontre du sérieux de ses paroles.
La vieille servante ne pipa mot. Helga de Lenton, fille du Comte du Cheshire et Suzerain de la Cité de Poufsouffle, était connu dans tout les duchés de Bretagne pour sa diplomatie aiguisée et sympathique. La douceur d'Helga se reflétait jusque dans son aspect. Tout était blondeur rosée chez elle: ces tresses soyeuses s'entremêlaient en une coiffure savante et son teint de gentiane lui donnaient un aspect angélique qui charmait instantanément.
« Je me demande encore comment ces fieffés barbares vont nous accueillir Dame Helga. » marmonna encore Andrés « Ce n'est pas convenable pour une jeune fille et on dit les écossais sans manière et rustre. »
Helga eut un sourire enjôleur qui fonctionna automatiquement. Elle ne craignait rien: non seulement elle connaissait l'art de la Magie mais coulait dans son sang le pouvoir de celui des Vélanes.
« Nous aurons une garde personnelle Andrés. Un contingent envoyé par le Duché de Cornouailles de la région Galloise qui, lui-même, à quelques intérêts directs dans cette transactions. »
« Pourquoi ne sont-ils pas avec nous maintenant alors? Nous arriverons à Ayr avant cette garde. Quelle utilité? »
« Une protection supplémentaire qui ne doit pas être perçu comme une menace par nos hôtes. » répliqua malicieusement Helga.
Andrés allait répondre, une expression vénéneuse au bord des lèvres mais la jeune femme, pour signifier que la conversation s'achevait là, tourna gracieusement ses yeux bleus ciel couleur de Printemps vers la lande écossaise.
Quelque chose de puissant la menait à ces terres et ce n'était pas seulement le bien-être de la couronne nationale, elle le sentait.
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Le contingent envoyé par le Duc de Cornouailles ne comptaient que quelques hommes mais ils étaient redoutés. Des guerriers aguerris aux noms qui faisaient résonner les cuivres et trembler les forteresses, marchant sous les bannières combinés de la Chrétienté romaine et de l'Ancienne religion d'Avalon et ce, grâce à l'égide d'un seul homme.
Des rumeurs, des histoires circulaient de par les terres de Bretagne jusqu'aux contrées vikings. On disait le jeune chef de ces guerriers adepte de magie et grand sorcier.
Il n'avait pas plu lors de leur route vers le Nord mais le froid gagnait en puissance. Les nuages gris se reflétèrent dans les sombres pupilles de Godric.
« Certaines choses sont en mouvement. » fit-il de sa voix chaude.
« En l'occurrence ton cheval Godric! » éclata d'un rire tonitruant un demi-géant qui répondait au nom d'Accolon.
Godric secoua son visage franc où son sourire siégeait perpétuellement.
« C'est encore loin Capitaine? » demanda l'un des troupiers.
« Avec un peu de chances nous croiserons des Saxons. Un peu d'exercice n'a jamais fait de mal. » commenta Accolon.
« Capitaine? »
La chevelure léonine aux reflets pourpre flamboya un bref instant avant que le ciel ne reprenne son cours nuageux et Godric acquiesça lentement, poussant le très jeune chevalier à peine pubère à poser sa question.
« Est-ce vrai messire Gryffondor? Êtes-vous vraiment originaire d'Avalon? »
Le bruit des sabots frappant à tempo égal le sol et des hommes parlant, marchant, riant sembla combler le silence qui précéda la réponse de Godric.
« Glastonsbury. » finit-il par dire. « Je suis originaire de Gastonsbury. Les brumes d'Avalon ne se sont plus déchirés depuis plusieurs décennies maintenant. Depuis que Morgane a ramené le corps d'Arthur au Sanctuaire. » continua Godric, une pointe de regret dans la voix.
« On dit que seuls les grands guerriers ont droit d'accès… »
« Contes de sorcières que tout cela! Balivernes et vieilles galantes. Avalon n'a pas plus existé que l'Atlantide. Sors-toi ces idées grotesques de la tête. » bougonna Falster, l'un des meilleurs intendants de Godric.
L'intonation nerveuse du jeune garçon n'échappa guère à Godric qui laissa flotter un rire moqueur même si une oreille attentive aurait pu se rendre compte que le rire sonnait étrangement faux.
Combien de fois lui-même n'en avait-il pas rêvé de cette terre de légende? Le plus grand test qui soit: subir le jugement sacré des brumes d'Avalon.
Ses hommes le respectaient mais sa nature de sorcier était tacite et non discutée. Godric savait qu'elle devait rester au stade de rumeur et de mythe. Les gens, le peuple, ses soldats, avaient peur de la magie et en ces temps où la Chrétienté s'accompagnait parfois d'Obscurantisme, il valait mieux considérer l'unité du pays face aux invasions saxonnes comme la principale priorité.
« Alors il te faudra gagner la clé qui t'y mèneras jeune Mildred. »
L'enfant eut un sourire rayonnant envers son capitaine. Godric avait set effet là: nommer les gens, se souvenir de chacun d'entre eux, leur donner cette importance unique qui les enchaînait irrémédiablement à lui.
« Capitaine? » reprit Mildred. « Pourquoi n'avons-nous pas escorter la Dame de Poufsouffle directement? De toute évidence, nous arriverons dans les Hautes Terres du Nord après elle. »
Godric haussa les épaules tout en levant son visage vers le ciel de manière attentive.
« Je n'en ai pas la moindre idée mais gageons qu'il y a à cette décision une raison valable. »
D'un mouvement silencieux, Godric plissa son regard noir vers l'horizon et d'un geste sec, arrêta la course de son cheval. Le signal se propagea rapidement et la troupe arrêta son ascension à l'image de son leader.
La main sur le pommeau ouvragé, le geste sur, Godric déploya son épée sans aucun son que celui de la lame fendant l'air. Un simple regard à ses hommes de manière circulaire et tous comprirent.
« Ton souhait est exaucé Accolon. » murmura t'il de manière parfaitement audible tandis que des cris retentissaient déjà.
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Le sang ruisselait sur son visage mais c'est néanmoins ses côtes qui lui étaient le plus douloureuses. Un rire amer le secoua un bref instant devant l'ironie de la situation et c'est vers son plus douloureux souvenir que, ce qu'il pensait être son ultime pensée, se dirigea.
Son dernier souvenir d'Irlande.
« La pureté de ton sang. Voilà pourquoi ils l'ont fait! Ce que tu es nous sauveras peut-être d'une disparition totale. » fit calmement le vieillard s'appuyant lourdement sur sa canne. « Salazar regarde-moi. »
Le jeune homme ne bougea pas. Vêtu de velours vert sombre ourlé de zibeline, Salazar semblaient imprimer ses émotions à l'océan nerveux qu'il contemplait obstinément.
« Salazar. » tenta à présent une voix féminine aux accents rocailleux.
« De toutes les personnes…comment avez-vous pu grand-mère? »
Les rides profondes s'accentuèrent, accusant le reproche direct de sa descendance.
« Je donnerais mon âme pour l'Eire. »
« Ce n'est pas la vôtre que vous avez donné mais celle de mes… » Salazar hésita quelques secondes avant d'enchaîner « …parents. Et la mienne. »
Mallaigh baissa les yeux devant l'étincelle de mépris qu'elle détectait dans le regard émeraude de son petit-fils. Elle n'avait jamais su lui faire face, l'étrangeté de son allure sûrement. Un long corps maigre et noueux et un visage simiesque auquel le reflet d'une intelligence exceptionnelle tenaient lieu de beauté. Les cheveux noirs et raides, le nez long et pointu et une grande bouche aux lèvres trop minces ne pouvaient rien contre la fascination latente ni contre l'attrait énigmatique qu'exerçait Salazar sur autrui.
« Non. » murmura Salazar, perdu, en serrant les poings.
« Dois-je te rappeler ton devoir? » menaça le vieil homme « Vous devez consolider nos rites ou la religion romaine et leurs légendes chrétiennes nous feront entrer dans les masques de l'oubli perpétuel. La Magie doit rester puissante! »
« Tu n'aurais jamais du le savoir Salazar. » statufia Mallaigh.
« Mais maintenant je sais. »
« Tu as toujours été trop curieux et trop malin pour ton propre bien. »
Salazar tourna de nouveau son visage vers l'océan afin de se maîtriser. La colère était si intense que des volutes de magie prenaient parfois corps autour de lui.
« Comment avez-vous pu arranger une telle abomination. »
« Tu es le fruit d'une puissante union, descendant d'une lignée de sorciers séculaires Salazar. L'un de nos derniers espoirs. Les chaînons s'affaiblissent de génération en génération. »
Mallaigh tenta une approche et osa caresser maternellement la chevelure ébène de son petit-fils.
« Nous avons du faire ce qui était pour maintenir ce lien. »
Les mots coulèrent amers, dans l'oreille de Salazar.
« Cawérdgh »
Le sortilège repoussa avec force la femme âgée de manière efficace.
« Non! » fit-il en faisant pleinement face à ses deux mentors, une résolution inébranlable dans le vert étincelant de ses yeux.
« Tu es le descendant direct des Salazar, Maître des Serpents et Dieu de… »
« Je suis un bâtard conçu dans la couche incestueuse d'un frère et de sa sœur. » coupa violemment le jeune homme.
« Tu as le sang pur et c'était l'unique manière de l'obtenir. »
Un sourire de désespoir se plastifia sur le visage défait de Salazar et il se mit à rire de manière hystérique, hoquetant, ses maigres épaules se secouant frénétiquement.
« Le sang pur…oui…. » cracha t'il la mine sombre.
« Et toi aussi tu devras continuer… »
« Certainement pas! »
Les deux mentors reculèrent instinctivement devant la haine palpable de Salazar.
« Je ne servirais pas vos pauvres scrupules pas plus que vos nobles desseins. Je ne me sacrifierais pas comme l'ont fait mes…parents à votre cause perdu! Je quitte l'Irlande! »
« Tu ne peux pas. » s'effondra Mallaigh. « Pas après ce que nous avons tous endurer pour l'Eire. Tu n'as pas le droit. »
« Si je ne l'ai pas, je le prends. Je ne serais pas l'un de vos pions. »
« Tu as juré allégeance à la Terre des Fées! Tu ne peux lui tourner le dos! »
« Mes vœux s'adressaient à elle et non à vous. Je vous renie! »
« Tu obéiras! »
« Jamais! »
Une toux sèche pris de court Salazar et un filet rubis coula par-dessus sa lèvre. Son vieil instructeur avait tenté de le retenir par la force mais l'élève avait depuis longtemps surpassé le maître et Salazar avait fini par quitter sa terre, son pays pour rejoindre l'Écosse. Il ne savait pas encore ce qu'il y ferait mais tout plutôt que chez lui où le poids d'une culpabilité qui n'était pas la sienne l'étouffait.
Comme toujours lorsqu'il était nerveux, Salazar se mit une nouvelle fois à rire. Débarquer à Stanraer pour aussitôt tomber sur des hordes saxonnes étaient véritablement un manque de chance affligeant. Il aurait pu utiliser ses pouvoirs mais finalement le voulait-il vraiment? Loin des siens il n'avait plus grand espoir.
Qu'importe se dit-il en fermant les yeux et en attendant que la lame saxonne de l'envahisseur achève son ouvrage.
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Petites explications pour une meilleure compréhension.
Le Royaume-Uni durant le haut moyen-âge n'est pas encore unifié c'est pour cette raison que mis à part l'Écosse et l'Irlande je ne parle jamais d'Angleterre ou du Pays de Galles en terme direct. Ces deux derniers sont regroupés sous le nom de Bretagne (Britain en anglais et non pas notre petite et adorable région de Bretagne ).
Quatre peuples étaient présents en fait sur le « continent »: au Nord les Pictes (euh vous vous souvenez de Guenièvre dans King Arthur? Tout plein de peintures bleues? C'est ça les Pictes -et pas des shtroumpfs…tssss facile celle là -.); au Nord-Ouest (donc du coté d'Edinburgh) les Scots (ou écossais on va pas se casser la tête non plus :D); au centre et au sud-est les Britons (de Britain…vous suivez?) et au Sud-Est les Angles (ancêtre des Gallois c'est pour ça que je dis gallois directement sinon on s'en sort pas mais bon).
L'Irlande bénéficie de plusieurs appellation mais à la base son nom est Eire. On l'appelle aussi Terre des Fées, l'île d'émeraude etc… Ne vous sentez pas perdu par les noms divers que lui donnera sans doute Salazar.Edwinesburh est l'ancien nom de la ville d'Edinburgh, capitale actuelle de l'Écosse.
J'essaye de coller le plus possible à une certaine réalité historique mais en gardant un côté romancé. J'espère que ça marche. Si vous avez des questions sur certaines choses n'hésitez pas.
Merci à Any que je n'apprécie vraiment pas et merci à Atalanta . Je prends notes de tes propositions et veillerais à te contenter.
