HISTOIRE DE POUDLARD - United colors of Hogwarts -

Chapitre deux: Civilisations

« Laisse parler ton cœur, interroge les visages, n'écoute pas les langues… » Eco

Nuit de Janvier- Ayr

« Rowena. » la Voix appela-t'elle. « Ce n'est pas encore le moment Rowena. Il n'est pas encore Temps. »

Deux fentes grises accidentées frémirent. Le noir complet l'enveloppait.

« Le Temps? » murmura-t'elle avec difficulté « Qu'est-ce que le Temps vient faire… »

« Plus de Temps. » la Voix croassante continua « Pas de Temps. Le Seigneur du Temps n'est pas là.»

« Fais nous confiance. Suis nous. »

Le froid des dalles contrastaient avec la chaleur de la couverture et la finesse de la longue chemise blanche ne parvint pas à cacher le frémissement de la jeune fille. Les paupières closes, les cheveux bruns aux boucles décoiffés et les bras pendant fébrilement le long du corps, Rowena quitta se chambre d'un pas inquiètant.

Peu à peu l'état glacial fit place à une chaleur étrange et douce et Rowena stoppa ses pas dans sa démarche somnanbulique. Le tissu de sa chemise de nuit ne flottait plus et commençait à craqueler comme seul le tissu pouvait le faire sous l'effet de la chaleur. Rowena leva lentement sa main qu'elle passa tout aussi lentement sur son cou et qu'elle laissa tomber de manière morne.

Sa main était humide.

« Non. Vois cela et tu te perdras. Aie confiance. Suis nous. »

Le pied de Rowena amorça le mouvement avant de se figer dans l'air. Il fallait se réveiller.

« Il n'est pas encore Temps. Suis notre Voix. »

Une odeur désagréable parvint jusqu'à ses narines et elle se mit à tousser douloureusement.

« Ne te retourne pas. »

Un craquement sinistre se fit entendre et des crépitements pavaient l'espace. La chemise collait à présent totalement au corps de Rowena et ses cheveux trempés pendaient misérablement autour de son visage fiévreux.

« Ici? » demanda Rowena tandis qu'elle sentait confusément le froid l'envahir de nouveau et sans qu'aucun son ne franchisse ses lèvres.

« Parfait. A présent attends que leTemps accepte. Attends. »

Rowena ouvrit lentement les yeux mais tout ce qu'elle distinguait était composé de flou intense. Seule une silhouette volatile au pelage noir charbon retint son attention.

« Qui êtes-vous? »

« De profundis, ad vivum… »

L'éclat bronze et saphir s'envola et Rowena s'effondra sur le sol, endormie de nouveau, inattentive aux cris tout autour.

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Helga soupira inaudiblement en voyant le bas de sa robe recouvert de boue fraîche. Une boule d'anxiété à l'estomac, elle jeta un regard circulaire nerveux. Peu de personne et vu le froid glacial qui soufflait dans la cour quasi déserte, elle ne pouvait pas s'en montrer surprise. Une curieuse odeur jonchait l'atmosphère et son regard se releva vers les hauts murs noirs du château Campbell.

Helga se souvenait des chansons des troubadours à propos des sombres forteresses d'Écosse mais elle était loin d'imaginer que c'était là chose vrai. La lune éclairait la vaste demeure comme en plein jour.

« C'est mauvais signe » entendit-elle murmurer Andrés auprès d'elle.

Sans quitter le château des yeux, Helga tendit une main crispée et moite vers celui qu'elle pensait être Bruce Campbell. Se reprendre. Ne plus être nerveuse. Respirer lentement. Expirer sans bruit.

« Messire Campbell je présume? » fit-elle en tournant enfin son regard bleuté vers la montagne qui l'escortait parmi la boue jusqu'à l'intérieur du château.

Celui-ci lui jeta un regard goguenard et ne lui répondit pas. Un long frisson parcourut la blonde jeune femme. Ce château avait une aura mauvaise. Helga se demanda pour la première fois si elle avait bien fait que de se porter volontaire pour cette mission.

"N'importe où plutôt que chez moi "pensa t'elle.

Des sons, de la musique lui parvinrent de manière étouffée. Des leurres. Helga n'avait qu'une envie et c'était faire marche arrière. Un murmure que le vent transportait glissa autour d'elle. Le Château respirait. Le Château se plaignait.

« Messire Campbell? » parvint-elle à dire avec un semblant de grâce épuisé.

La montagne se tourna vers elle et marmonna des paroles incompréhensibles. Le visage d'Helga prit une teinte craie, ses lèvres roses s'entrouvrirent de stupeur. Comment avait-elle pu oublier ceci?

Les Écossais parlaient Scot ou Gaélique. Pas anglais.

Helga chassa d'un geste inutile de la main, son embarras croissant et tenta une phrase latine. La Montagne eut un sourire amusé et reprit sa marche. La jeune femme prise de court jeta un regard en arrière vers Andrés qui pinça les lèvres, signe flagrant de mécontentement.

On la conduisit vers ce qu'elle devinait être ses appartements. Les tentures pourpres et les dorures lourdes des meubles ne parvinrent pas à chasser cette impression étouffante qu'elle avait sur le cœur. Helga usa de son sourire envers la Montagne qui quitta la pièce en braillant des termes gaéliques.

« On est dans la mélasse jusqu'au cou Dame Helga . » fit la voix rêche d'Andrés en commençant à disposer au mieux des affaires de sa maîtresse.

« Nous aurons sans doute plus de chance au dîner. »

Mais de dîner il ne semblait pas qu'il y en aurait, tout du moins pas en compagnie de son hôte, car à l'instant même où Helga prononçait ses mots, deux servantes du château entrèrent avec un service complet et des plats. Elles parlèrent avec force respect et Helga comprit qu'il s'agissait là du repas du soir.

« Je ne verrais pas Messire Campbell aujourd'hui? » demanda t'elle étonnée.

Elle savait qu'il était tard et que le châtelain avait peut-être voulu lui épargner la fatigue de l'arrivée mais elle trouvait tout de même son attitude des plus déplacée.

La plus jeune des servantes, gironde et alerte, fit quelques pas rapides vers la fenêtre. Elle fit bouger la lourde poignée dorée et laissa l'air glacée souffler dans la chambre.

Elle fit signe à Helga qui s'avança en fronçant les sourcils.

Au loin, un feu gigantesque se découpait violemment sur la nuit opaque où seul la lumière aveuglante de la lune servait de phare.

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« Capitaine Gryffondor, le malade vient de se réveiller. »

Les ombres dansantes des flammes jouaient sur le visage sérieux et puissant de Godric.

« Il a parlé? « demanda t'il en tournant un regard bleu vers le jeune Mildred.

« Il baragouine du gaélique qui semble tout droit venir de l'île d'émeraude Capitaine. »

Le respect que montrait le garçon à son égard fit sourire Godric de manière imperceptible. Il acquiesça et entreprit d'aller voir l'homme en question.

« Encore un magicien alors! On devrait le brûler de suite capitaine. » proposa perfidement Falster.

L'homme se tu sous le regard inquisiteur de son supérieur mais Godric savait qu'il faudrait plus que son autorité pour faire taire ce genre de rumeurs. Les gens d'Irlande avaient mauvaise réputation ici: non seulement ils faisaient commerce avec les fées et autres créatures fantastiques mais de plus on disait que la magie avaient libre cours sur ces terres.

A vrai dire il avait été à deux doigts de le laisser tuer. Ce n'était pas la première victime que les Saxons feraient en terre Écossaise. Mais son courage avait ressurgi une fois de plus. Ou plutôt dans ce cas précis la témérité. Le jeune homme aux cheveux noirs aurait du mourir si le Temps en avait voulu ainsi. Se mettre en danger ne faisait pas partie des plans. Il fallait arriver avec un bataillon complet à Ayr. Décimé, sa garde ne servait plus à rien.

Ils avaient eu de la chance et uniquement de la chance, Godric le savait bien. Face aux hordes saxonnes, ses hommes se battaient vaillamment du moment que le nombre était équitable. Godric se demanda pourquoi il n'y avait eu qu'un maigre contingent saxon.

"Des éclaireurs" pensa t'il angoissé."Espérons que le Château Campbell est résistant."

Accolon et d'autres soldats jouaient à une partie de dés endiablés et le camp semblait aussi bruyant que d'habitude ce qui était bon signe. Malgré les blessures de certains, la plupart s'était rapidement remis de leurs petite escarmouche de la journée. L'odeur du sang ne flottait presque plus d'ailleurs.

Godric s'avança méthodiquement vers la tente où se trouvaient le blessé. Il avait donné des ordres pour le tenir à l'écart: on en savait encore trop peu sur lui et ses vêtements de facture noble laissaient envisager qu'il s'agissait peut-être là d'un otage aux mains des saxons.

Godric jeta un regard suspicieux vers le sol. La lumière lunaire lui permit de voir un mince mouvement ondulatoire dans l'herbe. Il avait eu une curieuse sensation quand il avait plongé son épée dans celle du barbare. Il avait eu une curieuse sensation quand il avait aidé l'étranger à rejoindre le camp. Et là encore, il avait une curieuse sensation en sachant qu'il allait lui parler.

Finalement il se décida à soulever la tenture.

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Salazar se concentra sur le pichet d'eau fraîche non loin de lui.

« Wingardium Leviosa » articula t'il lentement.

Le pichet de terre cuite se souleva avec légèreté.

« Accio. » continua-t-il sans prendre garde à l'étonnement qu'il provoquait.

La douleur le fit transpirer et il prit de nouveau une profonde inspiration afin de maintenir le sortilège. Mais il échoua. Et le pichet tourna avant de s'effondrer sur le sol.

« Wingardium Leviosa. »

Le pichet d'eau se maintint.

« Accio. »

Salazar releva son regard vert électrique sur la puissante silhouette du Capitaine qui le regardait horrifié. Ainsi donc celui qui l'avait sauvé était également un sorcier.

Le silence envahit la tente étrangement entouré du bruit du campement aux alentours.

« Es-tu fou? » demanda enfin Godric en esquissant un geste coléreux.

« Je ne pensais pas que vous accordiez autant d'importance à ce pichet de terre capitaine. » répondit sarcastiquement Salazar en se laissant tomber sur la paille, épuisé par l'effort fourni.

Une veine d'agacement gonfla sur la tempe, prêt de la chevelure rousse de Godric.

« Si tout autre que moi était entré à cet instant précis, savez-vous ce qu'il se serait passé? » demanda t'il sombrement.

Salazar arqua le sourcil, conscient soudain du tremblement qui traversait Godric. Il était difficile pourtant d'imaginer un homme aussi solide que ce capitaine avoir peur de quoi que ce soit.

Des images flous revinrent dans son esprit.

« Tu m'as sauvé la vie. » fit-il lentement.

Godric secoua son visage dans une attitude qui montrait clairement qu'il trouvait la chose normale puis s'accroupit auprès de l'irlandais.

« Inutile donc de vouloir la gaspiller de manière inconsciente. » fit Godric en fronçant les sourcils et en aidant Salazar à boire.

« Je suis Godric Gryffondor. Lieutenant du Duc de Cornouailles. » se présenta enfin le capitaine.

« Salazar Serpentard. » répondit sombrement le jeune homme.

Il haïssait son nom. Il haïssait tout ce qui pouvait lui rappeler son origine.

« Je sais qu'en Irlande, la magie est considérée comme normale mais pas ici. Nous avons des prêtres, une religion. C'est la bannière du continent. »

« Puisqu'elle ne tolère pas les sorciers pourquoi les sorciers la toléreraient-elles? » fit d'une voix hautaine Salazar.

« C'est une religion. On ne tue pas une croyance. »

Salazar plissa ses yeux et Godric ne sut dire s'il s'agissait là d'une conséquence de la douleur ou plutôt d'une dépréciation de ce qu'il avait dit.

« J'ai une dette envers toi Gryffondor. Je m'en remets à ton jugement jusqu'à ce que ma dette soit effacée. Ma magie restera cachée. »

Salazar sentit Godric se relaxer et un sourire naquit sur ses minces lèvres. Voilà un homme qui se souciait plus de son bien-être que lui-même. Godric se mit à rire de soulagement.

« Nous partons vers le Château des Campbell. Veux-tu nous suivre Salazar? »

Salazar acquiesça, sensible à cette main tendue. Pour lui, ici ou ailleurs n'avait plus aucune importance et Godric avait une aura sympathique. Il était aussi lumineux que lui-même était sombre, aussi éclatant que lui était nébuleux, aussi solaire que lui était lunaire.

La bougie était neuve lorsque Godric était entré. Ils parlèrent comme s'ils avaient été amis de naissance. Était-ce la nuit qui était propice aux aveux? Était-ce le Temps qui semblait couler et les entourer parfaitement? Était-ce l'impression d'avoir rencontré une âme compréhensive enfin?

Godric voulait savoir pourquoi Salazar avait quitté son pays. Ce dernier sembla gêner et expliqua ses raisons à mots couverts. Il fut soulagé de ne pas voir du dégoût dans les yeux marrons-loyal de Godric. Quand à ce dernier il raconta son enfance à Glastonsbury, enfant solitaire dans un séminaire les yeux tournés vers Avalon.

Lorsque Godric ressortit de la tente, la bougie était depuis longtemps consumée mais l'amitié n'avait guère besoin de lumière artificielle. Elle se suffisait bien à elle-même.

Et c'est avec l'âme non pas plus légère mais avec ce sentiment d'être plus complet, que Godric et Salazar prirent la route finale vers le Château Campbell.


Disclaimer: Je sais c'est pas génial. J'ai fait ce que j'ai pu. Le prochain sera meilleur promis ;). Je voulais remercier les reviewers pour le soutien. Ca compte beaucoup. Hésitez pas à me proposer des idées différentes. C'est toujours bienvenue. J'espère quand même que ça vous plaira.

Je voulais quand même faire une petite dédicace à mon bon Croup -. D'abord parce que son avis compte un max pour moi puis aussi parce qu'il a aussi deux supers fics sur FF et qu'un peu de pub surtout quand c'est pour de bons produits, c'est jamais superflu. Donc surtout allez visiter ces deux fics là: Harry Potter et le Mystère de l'équilibre ; Avec l'aube se lève l'espoir .

En plus il écrit plus vite que moi donc vous y gagnerez lol.