Disclaimer: Les personnages sont à JKR, l'idée de base de cette fic appartient à Ivrian, catalogue des défis, n° 19. Je l'ai cependant très librement adapté. Kiara Wealsey est à moi, c'est mon bébé !

Paring : Fleur/Charlie, Kiara/Dean, Harry/Drago.

Rating: R

Cette histoire est entièrement hétéro. Le couple H/D est simplement évoqué. Pas de slash à l'horizon.

Petite note de l'auteure : Mille pardons pour cet ENORME retard ! Même si j'avais annoncé une mise en ligne selon mes dispositions, je dois dire que là, j'en ai presque honte ! J'avoue qu'en plus du peu de temps que j'ai à consacrer à cette fic, je suis longtemps resté bloquée sur comment amener la suite. J'espère que vous aimerez…

Bisous et bonne année 2005 !

Frite 12 : Tu n'y croyais plus mais elle est là ! Bisous.

SNAPESEXSYMBOLE : J'espère que tu aimeras celui-ci. Bises.

Alisa Adams : Comme quoi, tout arrive, la suite est juste plus bas. Bisous.

Bee Orchid : Autant t'habituer, j'essaie toujours d'arrêter mon chapitre comme ça ! LOL. Bises.

Minerve : Selon moi, Fleur n'est que quart vélane, donc son attraction artificielle est amoindrie et elle est totalement inefficace sur une personne déjà amoureuse. Bisous.

Vif d'Or : C'est le cœur du problème, Charlie ne sait pas si la séduction de Fleur est factice ou vraie, alors dans le doute, il rejette tout en bloc ! Bises.

Shetane : Merci de ta patience mais je n'abandonne jamais une fic, parole de Falyla ! Voici la suite ! Bisous.

Petites sorci : La suites, enfin ! Bises.

Dod: Merci pour ta gentille review. Je promets d'essayer de mettre la suite plus rapidement. Bisous.

Amandaaa: Merci de me suivre. C'est gentil. La suite est juste en dessous. Bises.

Ness : Merci ! Oui, oui, je ne laisse pas tomber, pas de souci. Bisous.

Hermione du 69 : Tant mieux si le défi de Ivrian t'a plu. Voici la suite. Bises.

Chapitre 6

Charlie consulta sa montre, l'heure du repas était largement passée mais, dans l'immédiat, manger n'était pas en tête de sa liste de priorités. Il jeta un bref coup d'œil à Fleur qui regagnait le laboratoire – l'indifférence de la jeune fille ne le surprenait pas du tout – et il prit le chemin escarpé qui menait au nid de Perséphone.

Arrivé sur le replat, il cala ses poings sur ses hanches et soupira. Puis il s'approcha prudemment de la femelle dragon, baguette pointée devant lui, pour constater, mi-figue mi-raisin, que le sortilège Morpheusfaisait encore pleinement son effet.

« Coup de bol ! » pensa-t-il avec la plus parfaite mauvaise foi.

C'était plus fort que lui, sa rancune contre la jeune Française annihilait son bon sens coutumier. Il ne se reconnaissait plus !

Il pivota en entendant plusieurs cailloux dégringoler du sentier. Fleur avait pris le temps de revêtir une chaude veste en peau de mouton et l'avait suivi.

- Alors ? fit-elle en s'approchant.

Bien que le ton de Fleur ne contienne aucune moquerie ni vantardise, Charlie se hérissa aussitôt.

- Alors, quoi ? demanda-t-il avec brusquerie.

La jeune fille pinça les lèvres et exhala lentement pour s'exhorter au calme. Pas question d'entamer une nouvelle dispute ! Même si visiblement le bouillant rouquin ne demandait que ça !

- Comment va Perséphone ? s'enquit-elle doucement.

Charlie se renfrogna et marmonna brièvement :

- Elle dort.

Fleur réprima un sourire satisfait comme elle put et se contenta de hocher la tête.

- Tant mieux.

Elle fixa un long moment l'énorme masse noire aux écailles luisantes qui était couchée sur le flanc à quelques pas. Le poitrail de la femelle se soulevait et retombait avec un impressionnant grondement. Fleur leva les yeux vers Charlie et haussa un sourcil interrogateur.

- Je peux ? demanda-t-elle en désignant l'animal de la tête.

Il oublia momentanément sa mauvaise humeur et acquiesça, finalement assez curieux de voir comment elle allait se comporter. Elle s'avança en sortant sa baguette, s'approcha doucement puis s'arrêta juste vers le museau. Elle le contourna prudemment en écarquillant les yeux. La tête de la créature lui arrivait pratiquement à l'épaule. Elle posa une main hésitante sur la corne qui ornait son front, celle-ci devait mesurer près de un mètre mais pouvait être considérée comme relativement petite si on la comparait avec les deux autres placées à l'arrière du crâne de la bête. Fleur repassa devant la gueule légèrement entrouverte du dragon. Un petit nuage de fumée soufrée sortait des naseaux à chaque inspiration. Fleur recula un peu en tenant le dessus de sa main sous son nez. L'odeur acide la faisait larmoyer mais elle restait sur ses gardes, très attentive au moindre détail qui aurait pu indiquer que la bête se réveillait. Soudain, Perséphone eut un sursaut dans son sommeil et cracha une gerbe de flammes. Fleur bondit prestement en arrière en poussant un cri d'effroi. Emportée par son élan, elle retomba sur les fesses. Elle se releva en riant un peu nerveusement tout en époussetant l'arrière de son jean.

- Par toutes les fées de Brocéliande ! s'exclama-t-elle en français.

- Est-ce que ça va ? s'enquit Charlie, après avoir vérifié que le dragon dormait toujours.

Fleur parut surprise qu'il s'en inquiète.

- Oui, je vais bien, merci. Mais elle m'a fichu une de ces peurs ! avoua-t-elle en grimaçant.

Elle se mordit aussitôt la langue, regrettant son aveu spontané. Charlie n'allait certainement pas manquer cette occasion – qu'elle lui offrait elle-même sur un plateau d'argent – de se moquer d'elle ouvertement. Mais, contre toute attente, Charlie n'en fit rien.

- La peur est synonyme de prudence et travailler avec des dragons est dangereux. Ne l'oublie jamais.

Le ton du sorcier n'était ni pompeux, ni condescendant. Il parlait juste avec l'assurance de celui qui a de l'expérience.

- Je ne l'oublierai pas, lui assura-t-elle avec sérieux.

Le rouquin semblait sur le point de rajouter quelque chose mais hésitait visiblement. Fleur attendit qu'il se décide.

- A propos…fit-il finalement.

- Oui ?

Il s'éclaircit la gorge.

- Très bons réflexes, Delacour.

Stupéfaite par ce compliment sincère, elle en resta une fraction de seconde sans voix puis un sourire ravi naquit sur son visage, transcendant son incroyable beauté.

- Merci, dit-elle sans affectation, les yeux pétillants.

Charlie sentit une douce chaleur l'envahir comme il plongeait son regard dans celui de la jeune femme. Les deux lacs vert-de-gris semblaient l'attirer inexorablement et il ne souhaitait qu'une chose : s'y noyer. Il avança d'un pas vers elle, puis un autre encore quand un caillou roula sous sa chaussure, provoquant un bruit de raclement qui le sortit instantanément de sa transe. Il cligna un peu des paupières. Quand il réalisa qu'il était sur le point de l'embrasser, il lui jeta une œillade assassine.

Le mouvement de recul de Charlie fut comme une douche froide pour Fleur. Son cœur battait à tout rompre, dans l'attente fébrile de sentir ses lèvres sur les siennes.

Douce Morgane ! Elle avait envie de ce baiser autant que lui ! Ça n'allait pas ! Ça n'allait pas, mais alors, pas du tout !

Elle referma vivement sa bouche entrouverte qui révélait l'invite explicite et la transforma promptement en sourire narquois.

Ce rictus moqueur le fit bondir.

- Je t'ai déjà dit de cesser ce petit jeu avec moi, Delacour ! Ton attraction vélane n'a aucun impact sur moi !

Fleur eut une moue poliment sceptique lui acheva de le rendre furieux.

- Tu perds ton temps avec moi ! Je ne tomberai jamais dans tes filets !

Elle croisa les bras et le dévisagea tranquillement.

- Ne démens pas si fort, Weasley, on pourrait croire que tu n'en penses pas un mot, répliqua-t-elle avec un sourire calme qui le fit littéralement bouillir.

Elle fit semblant de ne pas remarquer qu'il serrait convulsivement ses poings comme s'il réprimait une forte envie de l'étrangler. Elle pivota légèrement et désigna la femelle dragon d'un élégant geste de la main.

- Bien, je suppose que maintenant il faut remettre Perséphone dans son nid, non ? demanda-t-elle posément, donnant ainsi une parfaite image de maîtrise de soi.

Charlie lui lança son regard le plus meurtrier. Il se sentait comme un adolescent en proie à ses premières bouffées d'hormones. Violentes et incontrôlables.

Finalement, voulant se préserver du ridicule qui le menaçait, il grommela un oui entre les dents et prit une profonde inspiration pour dissiper son irritation. Fleur avait raison et la suite des opérations était délicate et exigeait de la concentration.

- Et d'après toi, comment peut-on la déplacer, Delacour ? lui demanda-t-il froidement, comme s'il s'agissait d'un épineux sujet d'examen.

Fleur haussa un sourcil puis vit qu'il était parfaitement sérieux. Elle se mordilla la lèvre inférieure un bref instant puis se jeta à l'eau :

- Ce qui me vient spontanément à l'esprit est le Mobilicorpus mais je ne suis pas certaine qu'avec un animal de cette taille, ce soit suffisant.

Le sorcier roux hocha pourtant la tête et confirma :

- C'est suffisant. Si on est deux…

Fleur regarda encore une fois vers Perséphone.

- Et ses œufs ? On ne risque pas de les écraser en la posant dessus ?

Charlie fronça les sourcils et la dévisagea avec suspicion.

- Tu plaisantes, n'est-ce pas ?

Fleur secoua la tête sans comprendre.

- Tu n'as jamais vu de nids de dragons de près ? Evidemment que non sinon tu n'aurais pas dit ça…

Une lueur alluma soudain ses prunelles bleu outre-mer.

- Viens par là, Delacour, je vais te monter pourquoi une femelle n'écrase pas ses œufs.

La sorcière française lui emboîta le pas sans discuter. Ils marchèrent une bonne vingtaine de mètres jusqu'à une espèce de monticule très aplati. Comme ils se rapprochaient du but, Fleur perçut clairement l'odeur écoeurante qui flottait dans l'air. Charlie surveillait sa réaction du coin de l'œil. Elle plissa son nez mais ne fit aucun commentaire.

- Tu vois le replat ? Il dissimule un trou.

- Un trou ?

- Mais oui, comme tu l'as dit, un animal de cette taille pourrait facilement écraser ses œufs alors la femelle creuse un trou et y dépose ses œufs. Comme ça, elle peut s'installer dessus sans risque.

Les yeux de Fleur s'agrandirent de stupéfaction.

- C'est ingénieux. Mais qu'est-ce que c'est que cette odeur ?

Charlie prit un air parfaitement candide. L'opération « dégoût des dragons » allait commencer ! Il doutait sérieusement qu'une fille à papa choyée et sophistiquée comme elle résiste bien longtemps au traitement qu'il prévoyait de lui infliger.

- Oh ça, c'est le compost.

- Le compost ? répéta Fleur, incrédule, pas certaine d'avoir bien saisi le mot.

- Oui, oui, du compost. Des végétaux en décomposition. Approche-toi, tu vas comprendre.

Fleur s'avança prudemment au bord du trou. Comme les effluves nauséabonds assaillaient ses narines, elle s'efforça de respirer discrètement par la bouche et elle se pencha pour voir. La cavité faisait presque deux mètres de circonférence mais ne semblait pas extrêmement profonde. Cependant, il était difficile d'en juger parce d'un amas de plantes en tous genres à demi broyés et très enchevêtrés le remplissait au trois-quarts. Les deux œufs de Perséphone étaient posés sur le dessus, légèrement enfoncés.

La jeune femme resta perplexe une bonne minute.

- Mais qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle enfin en désignant les volutes de fumée et les bouffées peu ragoûtantes qui semblaient émaner du nid.

- C'est le compost, répéta Charlie d'une voix faussement patiente comme s'il pensait qu'elle était un peu lente à la détente.

Fleur lui jeta un regard agacé, lui démontrant qu'elle n'était pas dupe.

- Je le vois bien. Ce que je veux savoir c'est pourquoi des œufs de dragon sont posés sur un tas de végétaux presque complètement pourris ?

- Pas pourri, corrigea-t-il. En état de décomposition lente et naturelle.

- D'accord, admit-elle en soupirant, si tu veux. Alors ? A quoi ça sert ?

- Et bien, quelques temps avant la saison de la reproduction, les femelles dragons creusent un trou et y déposent des débris végétaux en masse assez compacte. Le tout va fermenter lentement et progressivement chauffer.

- Chauffer ?

- Mais oui, chauffer. Et atteindre une température idéale. Les œufs ont besoin de chaleur constante et le compost fournit idéalement cet environnement puisque la mère ne peut les couver entièrement.

- Oh… En fait, j'aurai plutôt pensé que les femelles…heu…

- Quoi ? la coupa Charlie, moqueur. Tu croyais qu'elles leur soufflaient une petite gerbe de flammes de temps en temps, histoire de les réchauffer ?

- Heu… Non, bien sûr ! démentit-elle promptement en rougissant d'embarras. Mais je n'aurai jamais cru que les dragons avaient des solutions aussi…

Elle chercha désespérément un terme qui ne trahissait pas sa réticence absolue à manipuler des oeufs baignant dans cette masse brunâtre.

- … malodorantes, conclut-elle un peu piteusement.

Charlie haussa un sourcil narquois et se rapprocha d'elle en pointant son index.

- Tu sais, Delacour, si tu ne voulais pas salir tes jolies petites mains si bien manucurées, il fallait choisir les licornes.

La jeune Française fut piquée au vif et redressa fièrement le menton.

- Je suis parfaitement capable de faire ce travail !

Le rouquin ne répliqua pas mais se contenta d'afficher un air hautement dubitatif qui semblait être encore plus insultant.

- Je te le prouverai, Charlie Weasley !

Il soutint tranquillement ses yeux brillants de fureur.

- Nous verrons…

- C'est ça ! Et tu verras que je peux…

Fleur ne termina jamais sa tirade enflammée. Elle fut interrompue par un sourd grondement qui retentit dans leur dos, les faisant sursauter. Charlie se retourna si vivement que son avant-bras heurta durement la jeune femme à la taille. Ses yeux s'écarquillèrent sous l'impact et elle se sentit basculer. Elle ouvrit la bouche, trop stupéfaite pour articuler un cri. Charlie ne mit pas plus d'une seconde pour comprendre que Perséphone avait seulement grogné dans son sommeil et qu'il n'y avait aucun danger immédiat. C'est alors qu'il entendit un « tchouf » un peu spongieux derrière lui. Il pivota sur lui-même et en resta muet de saisissement. Puis, il fut prit d'un tremblement incoercible qui se transforma en énorme éclat de rire. Les bras en croix, Fleur était étalée dans le compost qui s'était juste un peu affaissé sous son poids et ne bougeait plus. Malgré son hilarité, Charlie remercia Merlin qu'elle ne soit pas tombée sur les œufs.

- Est-ce que tu comptes rire toute la journée ou tenter quelque chose pour me sortir de là ? siffla la sorcière rageusement.

La mauvaise humeur manifeste de la jeune femme redoubla sa crise de fou rire. Il en avait le souffle coupé et se sentait devenir aussi rouge que ses cheveux.

- Charlie Weasley ! Tu n'es qu'un salaud ! Je suis sûre que tu l'as fait exprès !

Cette accusation injustifiée le calma instantanément. Il reprit doucement son souffle et essuya ses yeux larmoyants.

- C'était un accident et tu le sais aussi bien que moi, dit-il enfin, son sérieux revenu.

Fleur pinça les lèvres sans rien dire mais ses yeux flamboyaient. Charlie se permit un nouveau sourire en coin. Il ménagea une petite pause puis ajouta malicieusement :

- Cependant, je regrette infiniment de ne pas y avoir pensé en premier.

La jeune femme grogna, outrée et agita les jambes avec force, ce qui eut pour effet de la faire s'enfoncer un peu plus dans l'enchevêtrement de végétaux. Elle émit un petit couinement étranglé et cessa immédiatement tout mouvement.

- Charlie ? appela-t-elle en chuchotant.

S'il remarqua qu'elle avait employé son prénom, il n'en montra rien.

- Oui ?

Elle lui lança un regard implorant.

- Sors-moi de là, s'il te plait. Je ne peux m'appuyer nulle part sans glisser davantage.

Le sorcier roux fit mine de réfléchir en se tapotant l'index sur la bouche.

- Je ne sais pas… Faut voir…

- WEASLEY !

Cette fois, une note de panique dominait clairement sa voix.

- La chaleur de cette saleté puante commence à transpercer mes vêtements !

Le sourire de Charlie s'effaça aussitôt et il pointa sa baguette vers elle.

- Ne bouge pas, d'accord ?

- Parce que tu crois que j'ai envie de danser, imbécile ? répliqua-t-elle, hargneuse.

Il fronça les sourcils.

- Tu sais que t'es une vraie mégère, Delacour ?

- Tu sais que t'es un vrai crétin, Weasley ?

La situation était franchement ridicule. Il sourit ouvertement et elle l'imita.

- Bien, maintenant que nos statuts sont clairement définis, est-ce que tu es prête ?

- Oui.

- Mobilicorpus

D'un mouvement précis du poignet, il la fit s'élever dans les airs et la dirigea vers la terre ferme puis il la déposa doucement sur le sol. De sa main libre, il l'aida à se relever.

- Merci.

Elle passa la main dans ses cheveux pour les débarrasser des plantes qui y étaient accrochées mais la retira dès que ses doigts rencontrèrent la matière vaguement gluante qui les imprégnait.

- Eurk ! Et j'en ai partout ?

Charlie voulut se monter plus optimiste.

- Et bien… Pas vraiment partout. Le devant est très présentable. C'est seulement le dos qui…

- Merci, Weasley, ça ira comme ça, fit-elle pour couper court à ses vaines tentatives de réconfort.

Elle secoua la tête, défaite.

- Allez, si on terminait le boulot ?

Charlie acquiesça et la suivit tandis qu'elle s'avançait vers la femelle dragon endormie en marmonnant en français pour elle-même :

- Il y a vraiment des jours où on se dit qu'on ferait mieux de rester couché. D'abord le Portoloin ensuite l'attaque de Perséphone et maintenant ça… Ce n'est définitivement pas ma journée.

Portoloin ? Pourquoi parlait-elle du Portoloin ?

Charlie pouvait difficilement lui poser la question directement puisqu'il prétendait de la comprendre sa langue maternelle mais il se promit d'éclaircir ce point d'une manière ou d'une autre.

Une fois qu'ils furent devant le dragon, Charlie lui expliqua précisément ce qu'elle devait faire. Elle opina du chef et se prépara. Ils se placèrent à quelques pas et levèrent leurs baguettes magiques d'un même mouvement fluide.

- Au décompte de trois. Un… Deux…TROIS !

- Mobilicorpuscrièrent-t-ils ensemble.

Il sembla à Fleur que jamais une créature de cette taille ne se soulèverait à leur commandement et pourtant, l'énorme masse s'éleva du sol et lévita un bref instant avant que Charlie ne lui indique de la diriger vers le trou. Après quelques minutes d'efforts, la femelle reposait sur son nid.

Fleur la fixa un bon moment sans rien dire puis se tourna vers Charlie.

- Weasley ?

- Mmm ?

- Rappelle-moi pourquoi on n'a pas laissé Perséphone se réveiller et se diriger vers ses œufs, toute seule.

- Pour deux raisons. La première est que ses œufs sont sans protection si elle n'est pas au-dessus. L'autre raison concerne l'œuf écrasé. Je veux récupérer ce qui reste à des fins d'analyse. Ce que je ne pourrai pas faire si on la laissait se réveiller sans surveillance. Son instinct la pousserait à enterrer immédiatement les restes du fœtus et il serait alors presque impossible de les retrouver.

- Un peu morbide comme analyse, non ? fit-elle remarquer avec une grimace éloquente.

- Certes, admit Charlie, mais indispensable si on veut comprendre pourquoi il était en train de dépérir. Il s'est passé la même chose à la première couvée et je veux savoir pourquoi.

Il jeta un coup d'œil à sa montre tandis qu'ils retournaient à l'endroit où la femelle était tombée.

- On va en rester là pour aujourd'hui. On aurait encore le temps de visiter toute l'installation mais j'ai vraiment faim et je suppose que tu mérites une bonne douche. Mais avant ça, il faut aller récolter l'œuf brisé. Tu as tes gants en écailles de dragon avec toi ? La coquille est coupante comme un rasoir sans protection.

Fleur secoua négativement la tête.

- Non, désolée, ils sont restés au labo.

- Je crois que tu ne l'es pas tant que ça, souligna-t-il sans paraître fâché pour autant. Bien, ça te dispense de la macabre récolte alors. Tu peux y aller.

La jeune femme le remercia et commença à descendre le sentier tandis que Charlie utilisait sa baguette pour faire apparaître une sorte de gros caisson puis s'attelait à sa sinistre tâche.

§§§§§

Fleur se glissa sous le jet d'eau brûlant… pour la troisième fois de la journée. Elle se sentait complètement vidée. Epuisée physiquement mais aussi émotionnellement. Il lui était impossible de croire qu'elle n'était arrivée que le matin même. Tant de choses s'étaient produites.

Et l'attaque de la femelle dragon n'était pas ce qui l'avait le plus bouleversée !

Il ne lui avait fallu que quelques heures pour s'avouer que la vengeance d'une humiliation passée n'était pas la seule raison qui l'avait fait venir en Roumanie. Elle avait supplié son père pour qu'il lui permette de faire son stage à la fondation Draconis. François Delacour, homme d'affaires redoutable et redouté dans le monde sorcier de la finance, était pourtant incapable de refuser la moindre requête émanant de ses deux filles. Si Gabrielle, la cadette, était posée et raisonnable, Fleur, elle, en abusait sans vergogne.

Mais maintenant qu'elle était sur place, elle se rendait compte que ses sentiments pour le sorcier aux cheveux de feu étaient loin d'être simples.

Merlin qu'il était agaçant ! Mais si diablement séduisant !

Elle soupira profondément. Il était manifeste qu'il ne voulait pas plus d'elle aujourd'hui que huit ans auparavant. Oh bien sûr, si elle se servait de son attraction de vélane, comme elle l'avait projeté au départ, il finirait par succomber. Peut-être. Mais le dédain qu'il ressentait déjà pour elle n'en serait que décuplé si jamais il se laissait tenter. Si Charlie l'avait laissé parfaitement indifférente, elle n'aurait eu que faire de son mépris et aurait affiché, dès le lendemain de cette nouvelle conquête, une expression triomphante. Mais hélas, force était de constater que le beau rouquin lui plaisait plus que de raison et qu'elle courait droit à la catastrophe. Elle n'osait même pas imaginer le profit qu'il en tirerait s'il devinait son réel penchant.

Elle secoua la tête, atterrée. C'était proprement terrifiant ! Rien que d'y penser et connaissant maintenant, bien plus qu'elle ne l'aurait souhaité, la répartie caustique et les commentaires saignants de Charlie, elle avait du souci à se faire !

Si elle voulait se préserver de toute humiliation supplémentaire, jamais il ne devait apprendre qu'il lui faisait vraiment battre le cœur.

Sur cette bonne résolution, elle empoigna la bouteille de shampoing et se lava soigneusement les cheveux, tout en évitant de regarder de trop près ce qui en glissait.

Après quelques minutes, elle ressortit de la douche, se sécha et s'habilla rapidement. Son estomac émit alors un grondement fort peu féminin. Elle consulta sa montre et vit que l'après-midi touchait à sa fin et qu'elle n'avait rien avalé depuis le matin.

Il était temps de rejoindre Charlie qui était probablement déjà dans la cuisine.

A suivre…

J'espère que ça vous a plu. J'attends vos remarques.

Bisous

Falyla