Bonjour !

Cette fic a été écrite en l'honneur de la JC week 2022 qui commence officiellement demain. Il s'agissait d'écrire un texte pour chaque jour de la semaine avec deux prompts donnés. Pour ma part, j'ai décidé de faire une seule histoire au lieu de drabbles séparés. Il s'agit d'un UA post-saison 8 où Jaime est resté à Winterfell.

Bonne lecture !


À toi pour toujours

Prologue

oOo

Le matin où il reçut la lettre, Jaime crut d'abord qu'il rêvait, et ce même avant d'avoir déchiffré les premiers mots.

Cette écriture, il la connaissait par cœur, autrefois, et s'il avait un temps pensé qu'elle finirait par s'effacer de sa mémoire, il réalisait à présent à quel point il s'était trompé.

Cette écriture, c'était celle de Cersei.

L'ennui, c'est que Cersei était morte.

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La lecture de la lettre le plongea dans un étrange mélange d'incompréhension, et, malgré lui, malgré les temps, malgré les blessures et les trahisons, malgré la douleur et malgré la colère, d'espoir.

Jaime ne parla à personne de ce message qui semblait avoir été envoyé des Sept Enfers dans le seul but de le tourmenter. Il vaqua à ses occupations habituelles, les mêmes depuis presque dix ans, à savoir s'entraîner avec Brienne dans la cour de Winterfell, jouer avec les enfants adoptifs de Sansa et Yara ou encore s'asseoir à la table du conseil restreint pour assister et participer aux discussions quotidiennes.

Tous manquèrent l'air égaré figé sur ses traits. Tous sauf Brienne, évidemment.

Le soir tombé, elle lui demanda de but en blanc ce qui n'allait pas. Parce que tout éclairage, aussi infime soit-il, aurait été comme un cadeau du ciel pour lui, il lui tendit la lettre d'une main tremblante. Brienne se racla la gorge et en commença la lecture à voix haute.

Jaime,

Peut-être croiras-tu que cette lettre n'est pas de ma main. Je ne pourrai guère t'en blâmer. Combien d'années ont passé depuis que nous nous sommes vus pour la dernière fois ? Neuf ? Dix ? J'ai perdu le compte il y a longtemps.

Même si je ne le mérite probablement pas, j'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi. Tu vas recevoir sept autres lettres, chacune étant associée à un lieu particulier pour nous – un lieu où nous nous sommes aimés. Je t'en prie, rends-toi dans chacun de ces lieux pour y ouvrir la lettre associée.

J'ai besoin de toi, peut-être comme je n'ai jamais eu besoin de toi auparavant.

À toi pour toujours,

Cersei

Quand Brienne essuya ses larmes du bout des doigts, Jaime s'aperçut qu'il pleurait.

« C'est impossible, » répéta t-il encore et encore, comme pour s'en convaincre. « Cersei est morte pendant la prise du Donjon Rouge. »

« Son corps n'a jamais été retrouvé, » fit doucement remarquer Brienne.

Elle glissa sa main dans la sienne et la serra fort.

« Il n'y a qu'une seule manière de découvrir le fin mot de l'histoire. »

« Tu penses que je devrais y aller ? »

Brienne ferma les yeux quelques instants, semblant méditer ses paroles, puis reprit :

« Je pense... je pense que je n'aurais pas dû te demander de rester il y a toutes ces années. »

La gorge de Jaime se noua tandis que leur histoire défila devant ses yeux en quelques secondes. Leur premier baiser et leur première fois après la Longue Nuit. La façon dont elle l'avait supplié de rester à ses côtés avant l'assaut final contre Cersei, celle dont il avait cédé en se haïssant déjà à moitié. Les pleurs qu'elle avait passé des nuits à essuyer quand Daenerys avait déclaré Cersei morte. L'étincelle calculatrice dans les yeux de la nouvelle reine quand elle lui avait demandé de lui prouver sa loyauté. Le jour pluvieux où il avait épousé Brienne.

Il l'avait aimée, ou du moins, il le pensait. Il avait essayé, en tout cas, mais il savait que ce n'était pas assez, que la moitié de cœur qu'il parvenait tant bien que mal à lui accorder n'était pas ce que Brienne recherchait. Elle en avait beaucoup souffert, même si elle avait essayé de lui dissimuler ses tourments. Le temps avait finalement peu à peu transformé leur soupçon de romance en tendre amitié, et si ce n'était pas ce qu'ils avaient voulu, ils avaient appris à s'en contenter et à l'apprécier.

« Je sais que tu n'as jamais cessé de l'aimer, » soupira Brienne. « Que tu n'aurais jamais pu m'aimer comme tu l'aimais, même si je ne voulais pas le voir à l'époque. »

« Brienne... »

Elle le fit taire d'un doigt posé sur sa bouche.

« Je t'aimerai toujours, Jaime... pas de la manière dont je t'ai aimé autrefois, mais je t'aimerai toujours. Et je veux que tu sois heureux. Alors... s'il y a la moindre chance que Cersei soit encore en vie... tu ne peux pas la laisser passer. »

Bouleversé, Jaime ne trouva pas les mots pour exprimer ce qu'il ressentait, ce mélange de honte et de gratitude indéfinissable qui germait dans son cœur, alors il se contenta de l'embrasser au coin des lèvres et de l'enlacer.

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Les sept lettres mentionnées par Cersei – si elle était vraiment Cersei, ce que Jaime espérait autant qu'il le redoutait – arrivèrent à Winterfell dans les jours qui suivirent. A peine la dernière fut-elle en sa possession qu'il se mit en route pour le Donjon Rouge, à la fois pour demander conseil à Tyrion, qui officiait en tant que Main de la reine, mais aussi parce que la salle du trône était l'endroit où il devait lire la première lettre.

Au cours de son long et solitaire voyage, la tentation de les ouvrir et de les lire les unes après les autres sur le champ fut grande. Il résista, pourtant. Cersei avait besoin de lui, avait-elle écrit. Et elle voulait qu'il les lise à des endroits bien précis.

Si elle était vivante, il ne pouvait pas la laisser tomber. Pas encore une fois.

Revoir le Donjon Rouge lui fit comme un pincement au cœur. Il n'était pas revenu ici depuis qu'il avait tourné le dos à Cersei, depuis qu'il était parti sans un regard en arrière. Ce jour-là, il ne pensait pas réellement qu'il ne la verrait plus jamais. Au fond, sa jumelle avait eu raison : il était le plus stupide des Lannister.

Il eut l'agréable surprise de voir Tyrion l'accueillir sur le Trône de Fer – Daenerys était en voyage dans les Terres de l'Orage, lui apprit-il.

« Je suis heureux de te voir, » murmura son petit frère en l'enlaçant fermement.

Jaime lui rendit son étreinte avec un soulagement non dissimulé. Il avait presque immédiatement décidé qu'il serait honnête avec lui quant à la raison de sa visite – il ne pensait pas avoir la force d'affronter ça tout seul. Plus maintenant.

Aussi, quand Tyrion lui demanda ce qui l'avait poussé à remettre les pieds à Port-Réal, Jaime lui tendit la toute première missive en guise de réponse, celle qui l'avait fait douter d'être éveillé.

« C'est... c'est bien son écriture, » dit Tyrion, les sourcils froncés.

« Qu'est-ce que tu en penses ? J'ai... j'ai envie de croire qu'elle est authentique, que Cersei est en vie... mais ça semble tellement impossible... »

Etait-ce son imagination qui lui jouait des tours, ou l'espoir dans ses propres yeux brillait aussi comme une flamme dans ceux de son petit frère ?

« Il n'y a qu'un seul moyen de le savoir. »

Jaime acquiesça, le cœur douloureux et, tremblant, déplia la première des sept lettres.