Les jours s'étaient écoulés sans autre nouvelle surprise dans le complexe. Le prototype Quatre grandissait à une vitesse surprenante, ne faisant que renforcer les convictions du Lieutenant-Colonel face à ses principes. Son premier courrier fut envoyer le 4 Juin, et il n'eu visiblement aucun problème à passer. Une chance qu'aucun des SS présents ici ne maîtrise le français. Un langage étranger ne faisait que rajouter une sécurité en plus des codes métaphoriques qu'il avait décidé d'utiliser.

Le Capitaine Yui commençait quant à lui un peu à tourner en rond. Chargé de gérer la base ainsi que d'assurer tout le confort au scientifique, il n'en était pas moins également chargé de récupérer le maximum d'informations possible, aussi bien sur le Projet Source en lui-même que sur tout ce qui pourrait être potentiellement intéressant pour l'Empire. Et si jusqu'à présent le système qu'il avait mis en place fonctionnait à merveille, il semblait commencer à rencontrer ses premiers obstacles. En effet tous les officiers du Reich installé dans la base n'avaient pas montré d'une grande résistance face aux invitations implicites des servantes et ils avaient rapidement finit par les conduire directement dans leur lit, permettant ainsi d'avoir quelques confidences sur l'oreiller. Mais depuis ces 5 jours que les nouveaux allemands étaient arrivés, il n'avait toujours pas réussit à faire flancher le jeune. Le Commandant lui n'avait semble-t-il pas eu autant de manière et s'était empressé de calmer ses besoins des le premier soir. Le Lieutenant-Colonel de la Wehrmacht lui semblait bien plus prude, ou alors bel et bien aveugle pour ne pas remarquer le décolleté de la servante qui venait lui apporter sa boisson.

Heero se focalisait de plus en plus sur ce jeune officier. La plupart du temps silencieux, il ne faisait que suivre son Commandant dans ses inspections mais ne prenait jamais part à l'enthousiasme que les autres officiers SS affichaient. Une rivalité de corps militaire peut-être, mais cela l'intriguait tout de même.

Plusieurs fois le Capitaine nippon avait engagé la conversation avec lui pour savoir un peu quel genre d'homme il était. Le jeune officier ne parlait librement que des jardins de la propriété familiale ou de sa sœur. Toutes les discussions que le japonais avait entamé et portant plus ou moins sur une fiancée probable, ou les femmes en général avait été soit écourtée par un rendez-vous avec son commandant, soit brouillée et perdu dans des concepts de pudeur et de religion que tout le monde connaît sans jamais vraiment l'appliquer.

Il restait aussi une dernière option qui pourrait être intéressante… Il la mettrait en application demain.

Trowa Barton ne passait son temps qu'en trois endroits du complexe souterrain. Le plus clair de son temps il était au mess des officiers, lisant un livre tout en buvant un verre, près du poste de radio, ou bien à écouter les discussions des autres en y prenant part très rarement. Il passait aussi pas mal de temps dans ses appartements, rédigeant des rapports banals en allemands pour sa hiérarchie ou écrivant en français à sa sœur des messages de tendresse dans lesquels se noyaient des informations importantes concernant la base, ses activités et sa localisation. Enfin il passait aussi quelques temps dans la salle d'incubation du second niveau, observant le jeune homme se développer sous ses yeux.

Le lendemain matin, sur le coup de dix heures à peu près le Capitaine Heero Yui, assit au mess en compagnie de plusieurs officiers dont le Lieutenant-Colonel Barton fit dériver une discussion sans intérêt vers les activités de loisirs. Rivalité et patriotisme oblige, les deux groupes d'hommes ne purent s'empêcher de commenter en leur faveur tel ou tel pratique sportive. La discussion dériva naturellement d'elle-même vers les sports de combats.

"Je soutient que la boxe n'est pas qu'un simple combat sans technique !" Clamait le Commandant Hoess, répliquant aux affirmations du Capitaine Yui qui s'en donnait à cœur joie de le provoquer ainsi.

"Rien ne nous empêche de vérifier par nous même. Nous avons ici une salle d'entraînement rattachée à l'armurerie, nous pouvons parfaitement organiser un combat. Je suis moi-même pratiquant en arts martiaux, que diriez vous d'un duel ?

Mon travail ne m'a pas laissé le loisir de pratiquer régulièrement hélas, j'ai perdu la main sûrement, déclara Hoess en guise de fuite. Par contre vous, Lieutenant-Colonel Barton, vous pourriez parfaitement.

"Pourquoi pas..." Finit par lâcher Trowa, après un soupir résigné. Nul doute que ce foutu Hoess n'asspirait qu'à une chose, le voir se prendre des coups et finir au tapis et la faute en serait au relâchement de la Wehrmacht, ou bien il vaincrait et cela serait du à l'apport fait par la SS dans l'éducation des jeunes.

Il maudit une dernière fois l'orgueil de son supérieur avant de quitter le groupe, il avait une lettre à finir.

Rendez vous avait été donné à onze heures dans la salle d'entraînement. Une partie des officiers s'y massait dans un coin, assis sur des chaises rapportées ou bien debout. Les deux duellistes étaient quant à eux dans les vestiaires pour se changer.

Heero laissa son regard vagabonder sur le corps de son adversaire alors que celui-ci se défaisait de son uniforme. Finalement devoir s'occuper lui-même de ce problème ne serait pas désagréable. Depuis qu'il était ici il n'avait rien pu accomplir par sa propre personne, et ses dernières missions auprès de hauts gradés de l'Etat Major nippon ne l'avait conduit que dans les mains ridées de vielles hommes qui auraient pu être ses grands pères. Le Lieutenant-Colonel n'était pas pour lui déplaire. Des épaules larges et un dos musclé surmontant un fessier que le short court qu'il portait galbait parfaitement. Heero secoua la tête pour ramener ses pensées au présent et finit de se changer.

Le contraste était assez flagrant entre les deux hommes. Le plus grand des deux, Trowa portait un simple short court et un débardeur, tenue de base pour l'entraînement militaire d'été. Ces quelques vêtements mettait en valeur sa taille importante en valorisant ses longues jambes. Des chaussures légères ainsi que des gants de fortunes réalisés avec des bandes de tissu complétaient sa tenue. Face à lui Heero, plus petit, portait un kimono blanc retenu par une ceinture noire. L'épaisseur de l'étoffe et sa coupe ample donnait plus de carrure au nippon.

"Alors, comment procédons nous ? Un combat unique ? Un temps donné ?

Que diriez vous de 5 mises à terre ou sortie de tapis ? Cela nous laisserait largement le temps de bien jauger les valeurs de l'autre et permettrait de nous départager au final."

Hochant de la tête pour donner son accord, Trowa se positionna en face de son adversaire sur le tatami. Alors que le nippon s'inclinait pour le saluer celui-ci avança la main en guise de salut. Un peu décontenancé face à cette mésentente, Trowa ramena vivement sa main a lui et pencha le buste en avant, s'inclinant dans la même posture que le japonais.

Les deux hommes se mirent donc en position de combat, chacun présentant a l'autre sa garde, Heero restant dans l'ensemble assez immobile tandis que le français réalisait des petits sauts afin de se tenir échauffé et toujours près à réagir. Le nippon fut le premier a mener son attaque, perdant visiblement quelque peu patiente face au manque de mordant de son adversaire, faisant un pas en avant, il tenta un coup de pied direct a hauteur du poitrail, le coup n'ayant pas pour but de passer la garde de son adversaire mais bien de tester ses réactions et sa garde. Trowa ramena alors a lui ses deux avant-bras, parant le coup en encaissant le choc. Heero revint donc sur son ancienne position afin de pivoter à demi sur son pied gauche afin de porter un coup latéral de son pied droit. Le français profita de cet occasion et parant rapidement le coup venant, il s'avança sur son adversaire puis lui assener un bon crochet du droit sur le flanc. Surpris par la rapidité de l'attaque de son adversaire, Heero eu tout juste le temps de se contorsionner légèrement pour encaisser plus facilement le choc, puis il se recula vivement, un sourire espiègle sur les lèvres, le combat promettait d'être des plus intéressant.

Les échanges commencèrent à se faire plus précis, plus vifs et plus répétés. Trowa prenait maintenant lui aussi des initiatives et passait dans des attaques offensives. La vitesse de ses poings mettait en difficulté Heero qui s'exposait souvent en attaquant tout en ayant un mal fou a percer la garde du boxeur. Il eu dont la mauvaise expérience de se voir déstabilisé suffisamment pour offrir une occasion rêvé au français qui ne la manqua pas, enchaînant ainsi plusieurs coup direct et finissant son œuvre sur un uppercut qui envoya le nippon au sol.

Maudissant son manque de réaction, Heero se releva et vint se replacer en face de son adversaire. Sur le côté du tapis les Officiers des deux camps observaient tant pour leur propre gloire que pour le combat en lui-même. Se moquant éperdument d'eux, le nippon salua a nouveau et reprit immédiatement ses assauts. N'arrivant pas à passer la garde de son adversaire lors de ses coups données avec ses jambes, ne pouvant trop s'attaquer à son adversaire avec ses poings sans risquer de réduire trop la distance avec Trowa et ainsi s'exposer à ses poing, il avait du mal à entrapercevoir une possible tactique. Sa différence de Taille avec Trowa le limitait dans ses attaques, le français avait une allonge bien plus grande que la sienne.

S'écartant de son adversaire pour reprendre un peu son souffle et calmer ses pensées, Heero observa son adversaire. Hormis le fait qu'il le trouvait de plus en plus agréable à regarder, il s'aperçu du manque défensif de celui-ci au niveau de ses jambes. Il lança donc son attaque et fut agréablement fier de voir la surprise se lire dans les yeux de son adversaire, profitant de la perte de l'équilibre de Trowa il se lança sur celui-ci dans une attaque direct à l'aide de ses poings, attaque qui porta et envoya son adversaire à la bordure du tapis. Reprenant tout juste son équilibre Trowa revint immédiatement sur son adversaire, fondant sur lui rapidement afin de parvenir au contact et de se lancer dans une série de coup à l'abdomen et au flanc. Encore une fois pris de court par la rapidité de la contre attaque du boxeur Heero se retrouva sans autre parade que celle de reculer prestement, se retrouvant sans même sans rendre compte hors du terrain de combat.

Se renfrognant à nouveau, il revint en place et alors qu'il saluait perçu les acclamations du Commandant Allemand pour son favori. Trowa jeta un regard las à son supérieur et se remis en position de combat. Le Duel repris donc, mais le français semblait bien moins combatif qu'au début, et pourtant il ne semblait pas fatigué de plus ample façon qu'Heero. Ainsi celui-ci parvint à le mettre à terre sans vraiment avoir à jouer des failles de la garde du français. Celui-ci se releva et le combat se poursuivit sans que Trowa ne semble vraiment y prendre part, agaçant en partie l'amour propre du nippon. Puisque son adversaire ne souhaitait pas combattre, autant qu'il en profite un peu. Il fit donc en sorte de pouvoir approcher suffisamment le boxeur pour exécuter une prise sur lui, le plaquant au sol sous son poids, l'emprisonnant fermement pour empêcher tout mouvement. Restant quelques instants surpris par une telle méthode de combat le français ne bougea plus une fois qu'il fut certains de ne pas pouvoir se dégager. Heero remarqua alors le regard admiratif du français tourné vers son torse nu, le kimono ayant finit par se défaire à force de mouvement. Il relâcha son emprise et tout deux se relevèrent, Heero aidant Trowa d'une main tendu avec le sourire, les sourcils froncés du français marquant son esprit pensif. Tout le long du dernier round l'européen passa le plus clair de son temps à observer son vis-à-vis des pieds à la tête sans trop s'engager dans le combat et fut donc rapidement de nouveau mis à terre par l'asiatique, ce qui ne le mécontentait pas vraiment.

Les officiers qui étaient venu assisté au duel quittèrent les lieux, certains maugréant face à l'inefficacité de leur subordonné. Les deux combattants eux gagnèrent les vestiaires et se déshabillèrent rapidement. Le regard de Trowa ne cessait d'éviter le corps du nippon, visiblement de peur de se faire remarquer. Ils gagnèrent les douches sans un mot. Les douches étaient individuelles, chacune séparée par un mur carrelé, mais cependant non fermée par une porte, laissant donc une face ouverte sur le couloir.

Trowa pris tout son temps pour se doucher, laissant son corps se délasser sous l'eau chaude, tachant de vider son esprit du trop plein de pensées qui l'encombraient. Il y avait tout d'abord cette rancœur à l'égard de son débile de Commandant, puis l'absurdité et l'aberration de cette base elle-même et le dégoût que lui inspirait les travaux qui y étaient menés, et enfin cet officier nippon qui commençait à accaparer son attention au détriment de sa concentration. Il fallait qu'il essaye de l'éviter quelques temps pour refroidir un peu ses ardeurs. Au jugé cela devait bien faire un quart d'heure qu'il profitait des jets d'eau chaude. Se jugeant assez propre et surtout assez calmé, il coupa le jet et se retourna pour attraper sa serviette. Ecarquillant les yeux il fixa le mur opposé du couloir ou s'appuyait négligemment l'Officier Yui, entièrement nu si on excluait la serviette autour de son coup et l'autre qu'il tenait à la main. Toujours avec ce petit sourire malin sur le visage, il se redressa et tendis la serviette à un Trowa presque figé. Ne laissant pas à celui-ci le temps de poser la moindre question sur ce qu'il faisait là, ni même le temps qu'il avait passé à l'observer.

"Vous n'avez pas vraiment combattu tout à l'heure, vous m'avez laissé gagné…

Je…"

Détachant son regard du corps du nippon et commençant vivement à s'essuyer Trowa orienta toute ses pensées vers sa tante Ortence, vieille pingre décharnée, le meilleur moyen qu'il n'a jamais trouvé pour calmer ses ardeurs. Se reprenant, il poursuivit :

"Vous avez raison. Je ne souhaitais simplement pas me prêter à un tel jeu. Je trouve pour tout vous dire qu'il s'agit là d'une attitude plus puérile qu'autre chose. Je n'ai accepté que par obligation, sachant que si je refusait mon commandant m'aurait tout simplement donné l'ordre de le faire.

Je vois…"

Heero tout en acquiescant ne se privait pas de détailler son vis-à-vis sous tout les angles sans la moindre gène ce qui mettait plus que mal à l'aise Trowa, à son plus grand plaisir. Il se sentait comme un chat jouant avec sa proie et il adorait ça.

"Que diriez vous de venir boire un verre ce soir après le dîner, dans mes appartements ? Je connais fort mal l'Europe et ses coutumes, hors avec mon travail je côtoie des allemands à longueur de journée, il me serait appréciable de vous voir m'expliquer plus en détail certains points culturels qui me font défaut."

Trowa qui venait de finir de se sécher sommairement mais fort rapidement noua sa serviette autour de ses hanches. Il acquiesça trop y prendre attention à la requête du nippon et pris le chemin des vestiaire, bientôt rattrapé par le directeur de ces lieux.