La page est enfin tournée

Auteur : Garouf (ou Grouwf selon certains enquiquineurs )

Disclaimer : Tout est évidemment à J.K. Rowling qui hurlerait sûrement si elle voyait ce que je fais de ses chefs d'oeuvre. Mais si ça peut la rassurer, je ne gagne rien à écrire cette fic, si ce n'est me faire plaisir et vous faire plaisir vous aussi, évidemment.

Rating : Je rêve de faire un R et même un NC-17 mais je pense que je me contenterai d'un PG-13 pour cette histoire. Si jamais j'écris des passages moins soft, je vous préviendrai au préalable et au pire, n'hésitez pas à me le faire savoir ! Je suis ouverte à tout commentaire.

Résumé : (slash SS/HP) Il a fallu trois ans pour que notre célèbre héros se reconstruise après la grande victoire et se décide à revenir parmis les siens. Il ose enfin, pensant qu'il est prêt, que ses démons ne le hanteront plus, que la page est définitivement tournée.. Mais le sera-t-elle vraiment un jour ?

Note de l'auteur : Cinquième chapitre en ligne ! J'espère que je ne vous ai pas fait attendre trop longtemps, j'ai eu du mal à être satisfaite par cette partie. J'ai pas arrêté de la retoucher mais cette fois-ci, on va dire que c'est la bonne ! Je voulais juste dire que j'avais trouvé très amusant l'effet que la giffle de Molly à la fin du chapitre précédent a eu sur vous. Connaissant déjà la suite et donc le pourquoi de la giffle, j'ai bien rigolé à vos hypothèses. Enfin bref... Voilà c'est tout, je ne m'étend pas plus parce que je n'ai rien d'intéressant à vous raconter et que tout le monde s'en fout :P Bonne lecture mais avant, place aux RAR.

RAR :

Onarluca : Merci d'être toujours présente à chaque chapitre et de continuer à m'encourager, ça me fait vraiment plaisir. J'espère que cette partie te plaira également !

May-Luna : Mouahahahaha ! Moi sadique ? Naaaaaan ! Mais c'est là tout le plaisir des auteurs que de couper les parties aux moments les plus critiques, et pis ça garde un peu de suspense comme ça :) En tout cas, merci beaucoup pour tout ce que tu dis dans ta review. Je suis d'ailleurs tout à fait d'accord avec toi, j'aime moi aussi quand il y a beaucoup de détails. Sinon, je trouve que ça perd de son intensité surtout dans les émotions mais c'est mon avis personnel. Il y a des fics très bien avec beaucoup moins de détails que dans les miennes, après ça dépend du style de l'auteur. Enfin bref, encore merci pour ta review et tu peux arrêter de bouder paske voici enfin la suite tant attendue ! En espérant que tu aimeras bien sûr...

sumerlupin : - tend un paquet de mouchoirs- Mais faut pas pleureeeeer ! Tu vas voir, tout finira bien (ou presque) et pis ce chapitre est beaucoup moins sombre :) Mais tu as tout à fait raison pour Molly, moi mon gosse fugue pendant trois ans sans me donner de nouvelles, je lui file une baffe aussi, mdr. En plus, je la voyais trop réagir comme ça vu son caractère. Donc voici la suite en priant pour que tu me laisses quelques mouchoirs paske je suis en rade.

Alexiel.v : Un peu parlé de moi, c'est un euphémisme ! Lol ! Même pour Amour hebdomadaire, j'ai eu des reviews de membres d'O&F grâce à toi du coup :) Je vais finir par te verser une rente pour la pub, mdr. Quant à savoir si il y a Snape, tu vas voir ça tout de suite. (oui, il fait partie de son passé si ça peut te rassurer) Voili voilou. Bisous et pis merci pour ta review et pis j'espère que tu vas continuer à me faire de la pub (ça me fait bien marrer à chaque fois) et pis fasse que ce chapitre apporte joie et sérénité dans ton coeur.

Darky Obscure : Me voilà rassurée, quel enthousiasme ! Mais tu as raison, le dernier chapitre était vraiment super important pour l'histoire. Quand je disais qu'il ne se passait pas grand chose, c'est juste que certains voulaient un peu d'action mais moi je suis plus versée psychologie :P En tout cas, ravie de voir qu'il t'a plu autant et que ça a répondu à pas mal de tes questions. (surtout que c'était quand même le but de cette partie, de dévoiler tout ce qui s'était passé ou presque) Donc tu peux arrêter de sauter partout et de chanter paske tu as encore un peu de lecture, mdr. Bisous et encore merci pour ton enthousiasme !

Edge, Manehou : Merci à tous les deux pour vos reviews et pour me lire, j'espère que la suite vous plaira !

Mifibou : Toujours pas sauté une ligne ? J'espère que ce sera encore le cas ici, j'essaie justement de rendre mes textes les plus fluides possibles pour éviter des envies de ce genre de la part de mes lecteurs, lol. En tout cas, je te rassure, dans cette partie l'histoire ne recule pas ! Elle avance petit à petit, suivant son bonhomme de chemin ou plutôt le plan initial que j'en avais fais. (bien qu'elle s'égare un peu de temps en temps mais rien de bien méchant) Enfin bref, je te soutiens dans ta résistance et j'espère te voir tenir encore le coup pour le prochain chapitre, gros bisous !

Ash of Mine : Hihihi, je te réponds pas maintenant au sujet de la giffle, tu le sauras en lisant ce chapitre. Sinon, je vais gâcher le peu de suspense qu'il existe dans cette fic, lol. Pour Ron, ptdrrrrr ! Mais j'ai pas prévu d'attrocitéeuuuuuh ! Je suis pas comme ça mouah :P Nan, mais tu verras bien, c'est là aussi un des derniers petits élements de suspense qui me restent... Mais c'est vrai que c'était un gars bien le Ronny-chou mais j'avais besoin de sa mort pour faire souffrir encore plus le pauvre Harry et pour qu'il s'éloigne des Weasley. Et pis aussi pour un autre truc mais motus et bouche cousue. Au fait, rien à voir mais si tu pouvais prévenir sur MS que j'ai des problèmes techniques (là je poste de chez un copain) et donc que je viendrai pas pendant un certain temps, ça m'arrangerait bien. Sur ce, bisous à toi, merci de me lire et pis je précise juste que les manifs ne servent à rien puisque l'auteur est une sadique à la base :) Donc plus t'es pressée, plus tu attendras, lol.

c : Vi, je vois ça, ravie de voir que tu es encore là :) ça fait plaisir de savoir qu'on fait pas fuir ses lecteurs, mdr. Par contre, j'aurai du repousser encore la rencontre Ryry/Sev si ça marche si bien que ça pour les retenir ! J'y penserai par la suite : annoncer le face à face tant attendu et le repousser au dernier moment. C'est noté ! Et pour le : je me demandais juste si c'était pas trop dur de rebondir sur un pilier tournant, je n'ai qu'une chose à répondre : EXPDRRRRRR !!! Je m'attendais vraiment pas à ça et le copain chez qui j'ai lu ta review m'a regardé bizarrement quand je me suis mise à rire toute seule devant l'écran. C'est malin, je vais passer pour une folle maintenant... Quoiqu'il en soit, merci de ta présence et j'espère que la suite te plaira ! Biz

Vif d'or : En fait, je vais reformuler ce que je t'avais dit l'autre fois... Tous mes chapitres sont super durs à écrire ! C'est dingue, celui là a presque été pire que le précédent alors qu'il y avait beaucoup moins de tensions et que c'était moins sombre. Ca vient peut-être de moi finalement, lol. Je m'identifie tellement aux personnages quand j'écris que j'en ressors crevée. Enfin bref, tout ça pour dire que voici la lumière au bout du tunnel tant attendue :) j'y ai mis du temps et je suis toujours pas complètement satisfaite parce que je n'ai pas réussi à faire apparaître toutes les émotions que je voulais mais on va dire que ça peut aller. En tout cas, encore merci pour tes encouragements et tes compliments, ça me fait toujours autant plaisir. Bisous

Oxaline : Ralala, les photos... Comment j'ai passé du temps sur ce passage là :) Surtout qu'il fallait que je fasse le décompte des morts sans tomber dans la simple énumération et pis je voulais que ça monte crescendo dans la tension. Je suis donc ravie que ça t'ait plu ! Pour les problèmes avec l'alcool, c'est un peu plus compliqué que ça mais il faudra attendre un peu pour que ce soit expliqué. Quant à la réunion de famille, vive les retrouvailles, lol ! Mais bon, tu vas voir ça tout de suite alors je te laisse lire. Biz et merci pour ta review

Blackhaired Kitty : Lol, alors tu aurais dû marquer Black-and-blue-Haired Kitty dans ce cas ;P Comment ça, je raconte n'importe quoi ? Même pas vrai d'abord ! Hum... Bon je reprend... Merci pour ta review et j'espère que ce chapitre te plaira tout autant et qu'il détonnera encore une fois ! Pour ta maman, propose lui d'autres teintes et prouve lui que le bleu serait peut-être le moins extravagant ? Ca marcherait peut-être qui sait :) Biz

(je suis pas sûre d'avoir répondu à tout le monde mais je crois qu'il y a eu un petit bug dans mes reviews et que j'en ai perdu... Si c'est le cas, veuillez me pardonner et faites le moi savoir, je me flagellerai et trouverai un moyen de rattraper ça)

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Chapitre 5 : Des retrouvailles inattendues

Ca faisait à peine une demi-heure qu'il était arrivé et il n'avait déjà plus qu'une seule envie : fuir le plus loin possible de cette bande de gamins décérébrés. Où que son regard se posait, il tombait inmanquablement sur un de ces idiots d'anciens élèves et il s'agissait évidemment de ceux qu'il avait tant espéré ne jamais avoir à recroiser. S'il avait déjà espéré en revoir certains, bien sûr... Préserver ce qui lui restait de santé mentale était en effet un de ses derniers objectifs, si ce n'est le dernier. Mais encore une fois, les forces supérieures prouvaient combien elles aimaient jouer avec ses nerfs.

Dumbledore serait-il devenu une force supérieure ? Jolie promotion.

En le voyant froncer les sourcils d'un air mauvais et afficher un rictus sarcastique, les quelques téméraires qui avaient osé s'approcher du bar et donc de lui – sans aller jusqu'à lui adresser la parole pour autant, ils espéraient sûrement vivre encore quelques années – s'écartèrent discrètement. Il n'en avait cependant que faire, non seulement effrayer les gens l'amusait au plus haut point mais surtout, il était bien trop occupé à maudire intérieurement son supérieur pour l'avoir trainé à cette immonde réunion.

« Severus, cher ami ! Ne restez pas dans votre coin, voyons ! «

Quand on parle du loup. Depuis pas mal d'années déjà, cet homme s'était mis en tête de sortir ledit Severus de sa solitude. Mais ce que le vieux sénile ne semblait pas assimiler, malgré les commentaires particulièrement agacés voire virulents du Maitre de Potion, c'était qu'il aimait être seul ! Etait-ce si difficile à comprendre et à accepter ? Qu'y avait-il de mal à préférer boire un bon verre de scotch en savourant la tranquillité de ses cachots plutôt que de se mêler à ces gens inintéressants qui lui donnaient des envies de meurtre.

Un mot de plus Albus et je vous promets de préparer personnellement votre prochain repas. Le dernier que vous dégusterez.

Bien qu'il ait seulement formulé ces menaces dans son esprit, le vieux fou lui adressa un sourire crispé et retourna aussitôt à sa conversation apparemment fort passionnante avec les jumeaux Weasley. Il n'avait même pas cherché à insister. Le professeur haussa un sourcil perplexe devant cette attitude inattendue, habitué qu'il était à subir l'entêtement de Dumbledore jusqu'à épuisement. Plus le temps passait et plus Severus se demandait s'il lisait dans ses pensées. Avec un regard suspicieux à l'égard du vieillard, il s'empressa de renforcer les barrières de son esprit pour éviter toute intrusion indésirée. Comme disent les moldus, mieux vaut prévenir que guérir !

S'entêtant à rester dans son coin, Severus se servit un deuxième verre puisque c'était là tout ce qu'il y avait d'intéressant dans ces écoeurantes retrouvailles. Peu d'invités vinrent d'ailleurs le déranger, il affichait inconsciemment ses airs de mauvais jours ce qui faisait disparaître toute envie de lui adresser la parole. Seuls d'anciens membres de l'Ordre du Phénix, les quelques survivants qu'il restait, tentèrent une approche mais ne cherchèrent pas à aller plus loin que de simples salutations. On ne provoquait pas Severus Snape quand il était de cette humeur là. Et on ferait même mieux de l'éviter quand il était de cette humeur là.

« Diiiiiis !!! Monsieur bizarre, tu me sers un verre de jus d'orange s'il te plait ? «

Par Merlin, mais quand aurait-il enfin la paix !? Un soupir de profonde lassitude s'échappa de ses lèvres diaphanes quand il daigna poser ses prunelles glacées sur la 'chose' qui l'avait sorti de ses pensées et qui tirait sans honte sur les pans de sa robe ébène. La 'chose' en question lui adressait un sourire dont il manquait quelques dents mais qu'il aurait presque pu qualifier de mignon si cet adjectif avait fait partie de son vocabulaire. Des doigts tout potelés s'étaient aggripés à lui sans sembler vouloir le lâcher et il s'empêcha alors de grimacer ou d'étrangler l'agresseur.

Merlin, qu'il détestait les mômes !

Le gosse en question était une enfant d'environ quatre ans et il songea sérieusement à la faire disparaître en réalisant qu'elle serait une de ses élèves d'ici quelques années. Si seulement il avait la possibilité de stériliser ses congénères, sa vie de professeur serait nettement plus agréable... Une classe vide n'était-elle pas le rêve de tout enseignant qui se respecte ? En tout cas, c'était un des siens.

En avisant la chevelure en broussaille et teintée de feu de la gamine, Severus devina qu'il s'agissait de la fille de Granger accouplée à un des innombrables Weasley, feu Ronald à n'en pas douter quand on voyait le sourire niais de la 'chose'. Et puisque Miss-Je-Sais-Tout était présentement son hôtesse, se débarasser de sa 'chose' serait sûrement malvenu. Tentant alors de faire fuir ce truc qui osait lui sourire loin de lui, l'ex-mangemort lui adressa un regard noir à faire frémir Voldemort lui même s'il était encore en vie. Mais apparemment, ça n'eut pas l'effet recherché puisque la 'chose' osa rire et s'accrocha encore d'avantage à lui, allant même jusqu'à enrouler ses petits bras autour de sa jambe.

Du calme Sev...... Tes bonnes résolutions de la journée : Tu ne trébucheras point devant tout le monde, tu ne hurleras point ta frustration et tu ignoreras cette 'chose'.

« Ce que t'es drôle toi, Monsieur bizarre ! »

Choqué autant par la réplique que par l'attitude de la 'chose', l'homme blémit et l'observa avec incrédulité, oubliant totalement ses dernières résolutions. Comment une simple gamine osait-elle lui sortir un truc pareil ?! Même les pires mangemorts avaient craint son courroux et cette 'chose' riait sous ses regards malveillants. Nombreux étaient ceux qui avaient regretté de s'être moqués de lui... Mais le pire était sûrement l'insulte qu'elle venait de lui sortir ! Il n'avait absolument rien de drôle ! Il revendiquait même le statut d'être sans aucun humour ! S'il existait plaisanteries dans son esprit, elles ne faisaient généralement rire que lui et il en était particulièrement fier. Outré et pressé d'éloigner la 'chose' irrespectueuse très loin de lui, Severus abandonna le combat et remplit un verre de jus d'orange pour son agresseur.

D'un geste brusque, il tendit le gobelet à l'enfant qui l'observait de ses grands yeux chocolat. Un sourire radieux lui fut offert en guise de récompense et le professeur se sentit fondre. Se souvenant cependant qu'il avait une certaine réputation à maintenir, il retrouva aussitôt son masque impassible et son regard impénétrable. La 'chose' avala alors quelques gorgées avant de lui retendre son verre avec toute l'innocence que possèdent les jeunes enfants. Sceptique mais imperturbable, Severus se retrouva donc avec un verre à moitié plein de jus d'orange et se demandait ce qu'il était censé en faire.

Le remplir ? Mais elle n'a presque rien bu...

Il finit par poser le verre sur la table de victuailles et puisque la 'chose' n'en sembla pas mécontente, il se dit que c'était sûrement ce qu'elle avait attendu de lui. Soulagé mais toujours un peu irrité, Severus décida alors de se servir un verre de l'alcool le plus fort qu'il trouverait mais ne put malheureusement pas faire le moindre pas. Un poids mort retenait en effet une de ses jambes et quand il rebaissa les yeux, il remarqua que la 'chose' avait apparemment décidé d'élire domicile au sein même de son espace personnel, à savoir : s'accrocher à son mollet tel un indésirable boulet.

« Par Merlin ! Mais tu vas me lâcher, oui ? «

« C'est quoi ton nom ? «

Alors là... Rester plus indifférent devant son agacement que cette gamine était absolument irréalisable. Comment Granger, la sagesse incarnée, avait-elle pu engendrer un tel cauchemar sur pattes ? Comme en réponse à sa question, une explosion se fit entendre non loin de lui à cet instant précis, bientôt suivie des rires des jumeaux adultes mais toujours aussi turbulents. Après mûre réflexion et à la vue de cet affligeant spectacle, Severus conclut donc en toute logique que l'attitude de la gamine était peut-être due à l'influence néfaste des gènes Weasley...

« Severus Snape »

Il était flagrant que le sorcier faisait preuve d'une très mauvaise volonté en marmonnant son nom à la 'chose'. Mais l'ignorer ne lui serait sûrement d'aucune aide et elle semblait se ficher totalement du ton de sa voix puisqu'elle commença à lui faire la conversation.

« Moi, c'est Ambre Weasley ! Ma maman elle s'appelle Hermione, mon papa il s'appelle Ron mais en fait c'est Ronald mais comme il est mort, ben moi je le connais pas. Et ma marraine c'est tata Gin et pis mon parrain c'est Harry ! Et ça c'est ma maison et même que (...) «

Il fallut tout le self-control de Severus pour qu'il s'empêche de tiquer sur le nom du parrain de la dénommée Ambre, la 'chose' ayant finalement un nom. Depuis la soirée au ministère, il n'avait cessé de voir ses pensées troublées par le jeune homme. Il se repassait en boucle le déroulement de leur rencontre, il se remémorrait le moindre détail concernant le sorcier, cherchant à relier tous les éléments entre eux. Les seules conclusions concrètes qu'il avait pu formuler à son propos étaient que la guerre l'avait profondément brisé, que les dernières années ne l'avaient pas tout à fait guéri mais qu'il était particulièrement doué à faire semblant du contraire. Il soupçonnait aussi un problème avec l'alcool mais n'avait aucune certitude pour l'instant.

Et n'oublie pas l'étrange comportement qu'il avait avec toi ! Sans compter tes propres réactions.

En fait, c'était sûrement ça qui le perturbait le plus. Pourquoi le gosse avait-il été si aimable et confiant avec lui ? Pourquoi était-ce vers lui que Potter n'avait cessé de se tourner quand il était paniqué ou submergé ? Severus n'avait jamais été pour lui un symbole de soutien bien qu'il avait souvent sauvé la vie de cet ingrat. Pourtant, Potter n'avait-il pas eu raison de chercher de l'aide auprès de lui puisqu'il avait fini par le secourir et le débarrasser des journalistes ? Pourquoi avait-il fait ça d'ailleurs... Venir en aide au fils de son ancien ennemi avait toujours été une véritable torture pour lui mais cette fois-ci, il l'avait fait de son propre gré... Et ça avait quelque chose de très perturbant.

« Monsieur bizarre, tu veux bien me porter ? Hein ? Dis ! Tu me portes ? «

Cette maudite gamine l'avait encore détourné de ses réflexions. Inspirant profondément pour ne pas finir à Azkaban pour le meurtre de la fille de deux héros de guerre et surtout de la filleule du Sauveur du monde Sorcier, Severus hésita environ une demi-seconde avant d'accéder à sa requête. Après tout, il pourrait enfin retrouver la liberté de ses jambes et aller se servir un verre. Et bien qu'il gardait un regard glacial et des traits totalement impassibles, il devait avouer qu'il s'agissait d'une enfant adorable tant elle était innocente et insouciante. C'était très rafraichissant mais il ne l'avouerait jamais, pas même sous les pires tortures.

« Vous êtes particulièrement agaçante jeune Weasley... «

« Et toi t'es tout bizarre Servus ! «

« Severus «

« Servus... Mais t'es gentil alors je t'aime bien. «

Et sur ces belles paroles, la 'chose' commit le pire acte qu'elle aurait pu lui infliger alors qu'il venait de la prendre dans ses bras. Elle fit un gros bisou sonore sur la joue pâle de l'ex-mangemort avant d'éclater d'un rire frais et cristallin, leur attirant aussitôt de nombreux regards : en fait la totalité des regards. La plupart des spectateurs parrurent incrédules devant cette étrange scène et Severus était tout aussi halluciné. L'idée qu'une gamine lui fasse un câlin et semble l'apprécier était totalement irréaliste. Il avait l'impression d'évoluer dans une toute autre dimension mais quand son regard sombre tomba sur le pouce levé de Dumbledore en signe de victoire, il fut obligé de se rendre à l'évidence : il venait définitivement de perdre toute crédibilité en moins de cinq secondes. Sûrement une vengeance signée Ron Weasley par l'intermédiaire de sa fille... C'était assez serpentardesque tout ça.

Il voyait déjà les titres dans les prochains journaux : Severus Snape, ancien mangemort, espion de l'Ordre du Phénix, héros de guerre, 2nd Ordre de Merlin et actuel directeur des serpentards a été pris en flagrant délit de câlins avec une fillette de 4 ans qui déclarait bien l'aimer et allait même jusqu'à l'embrasser sur la joue. Comment se persuader ne pas être maudit après ça ?

Pour la forme et ce qui lui restait de dignité, le professeur adressa un sourire en coin à Ambre qui le lui rendit au quadruple. Puis, il lança un regard venimeux aux inopportuns qui continuaient à le regarder fixement et qui s'empressèrent de détourner les yeux. S'il ne parvenait pas à effrayer cette gamine, il pouvait au moins inspirer la crainte à cette bande de larves sans cervelle. Satisfait du résultat, Severus ne leur accorda pas plus d'attention et se servit un verre comme il le put avec son bras libre. Il entama ensuite une conversation particulièrement inintéressante avec la fillette – en fait, il se contentait d'hocher vaguement la tête sous le babillage incessant de celle-ci tout en sirotant son verre – jusqu'à ce qu'elle fasse de grands gestes à quelqu'un derrière lui.

« Parrain ! Lui c'est Servus et c'est mon nouveau copain ! «

Le nouveau copain en question faillit s'étrangler dans son verre à cette adorable déclaration et se dit qu'il avait définitivement touché le fond. Pourquoi fallait-il qu'elle annonce ça quand plus personne ne parlait, hein ? Et pourquoi diable était-ce à Potter qu'elle disait un truc pareil ? Et où allait-elle pêcher qu'ils pouvaient être qualifiés de copains ? Est-ce que lui servir un verre de jus d'orange et la prendre dans ses bras faisaient de l...

« Tu en as de la chance ma puce «, répondit bientôt une voix amusée dans son dos, le coupant dans ses questions existentielles. Puis bien plus bas, Severus fut persuadé d'avoir entendu : « et un sacré courage ma pauvre »

La mâchoire crispée et le regard meurtrier, le professeur se tourna lentement vers Potter mais fut accueilli par ce fameux sourire qui lui avait tant fait d'effet la dernière fois. Non, en fait c'était encore pire, il y avait quelque chose de plus dans ce sourire. Quelque chose avait changé en Potter, c'était pratiquement imperceptible mais le jeune sorcier semblait littéralement rayonner. Toutes les répliques cinglantes qui lui étaient venues à l'esprit s'envolèrent devant ces yeux francs, heureux et terriblement déstabilisants. Personne ne lui souriait jamais comme ça... Décidément, il aurait mieux fait de rester couché car il n'était pas sûr de survivre à ça... Heureusement qu'il conservait son masque impassible en toute occasion et qu'il était particulièrement bien rôdé même en situation critique car il aurait tout aussi bien pu se jeter de la tour d'astronomie dans le cas contraire.

Sans trop savoir comment, Severus se retrouva soudain libéré de son précieux fardeau – qui avait en fait sauté sur Dumbledore pour lui quémander un bonbon au citron – et se tenait tout seul face à un Potter d'humeur joyeuse et apparemment décidé à l'enquiquiner.

« Alors Snape ! Vous nous aviez caché vos affinités avec les enfants. Un désir paternel refoulé peut-être ? Ou votre amour inconsidéré pour les Weasley... «

« Très drôle Potter «

« En effet, toutes ces effusions étaient très amusantes. Mais si vous désespériez tant de ne pas avoir d'amis, il suffisait de le demander. Une âme généreuse se serait peut-être sacrifiée... «

« Je vous rassure Potter, je ne suis pas désespéré à ce point. Mais soyez assuré que j'apprécie vos tendres intentions à mon égard. Et pour votre gouverne, cette gamine est horriblement collante, impossible de m'en débarasser. «

Un sourire amusé mais d'une grande douceur se dessina alors sur les lèvres pleines du jeune homme et Severus manqua un battement de coeur. Bon sang mais qu'est-ce qui lui prenait à la fin ? Pourquoi était-il si déstabilisé dès que Potter souriait ou posait les yeux sur lui ? Ce n'était pas comme si c'était la première fois pourtant ! Il l'avait déjà vu de nombreuses fois rire avec ses amis. Il l'avait quand même cotoyé pratiquement six ans, ce n'était pas rien... Et pourquoi est-ce qu'il lui souriait comme ça de toute façon ? Non seulement le professeur n'était pas habitué à ce qu'on se montre aussi... Heu... amical envers lui mais en plus, venant de ce nouveau Potter, c'était extrêmement bizarre, totalement déroutant. Pas désagréable pour autant mais Severus ne pouvait s'empêcher de se montrer méfiant.

« Il n'empêche que vous étiez vraiment mignons tous les deux. Oui, adorables... «

La mâchoire de l'ex mangemort manqua de se fracasser par terre tandis qu'il en oubliait son verre pour fixer son ancien élève, les yeux écarquillés. Cette fois, plus aucun doute : Il avait vraiment atterri dans la quatrième dimension. Jamais Potter ne lui aurait dit un truc pareil en le regardant droit dans les yeux avec une expression aussi sincère. Aucune lueur d'ironie ou de moquerie dans son regard de jade, il le connaissait assez pour savoir quand il mentait. Le sorcier fut alors tenté de se pincer pour vérifier qu'il ne dormait pas mais se retint juste à temps. Il s'était déjà suffisament ridiculisé comme ça, limitons les dégâts. Tentant cependant de reprendre une attitude un peu plus digne, il parvint à bafouiller un truc qui devait signifier à peu de choses près :

« Merlin, c'est bien la première fois qu'on utilise le mot mignon ou adorable me concernant. «

Histoire de se remettre les idées en place et pour ignorer le sourire amusé du jeune homme qui avait parfaitement entendu cette réplique, il avala le contenu de son verre d'une traite et ajouta dans un grognement :

« Vous êtes fou à lier Potter. «

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Devant lui se tenait la redoutable Molly Weasley dont le regard océan brillait d'une fureur intense et difficilement contenue. Machinalement, Harry avait posé une main tremblante sur sa joue douloureuse, comme pour vérifier que ce qui venait de se passer était bien réel. Pourtant, il n'avait aucun doute, il avait seulement du mal à réaliser où il se trouvait, comment et avec qui. Son esprit refusait en effet qu'une telle situation – des plus dramatiques il faut l'avouer – se produise et tentait désespérément de s'échapper pour lui laisser imaginer que ce n'était rien de plus qu'un affreux cauchemar.

« Comment as-tu pu nous faire ça, Harry. Me faire ça ! «

La voix hystérique de la femme postée devant lui termina de le convaincre qu'il s'agissait bien – malheureusement – de la réalité. La rencontre tant crainte avait finalement eu lieu... Et maintenant qu'il osait enfin plonger dans les yeux de celle qui autrefois lui avait fait découvrir ce qu'était l'amour d'une mère, le jeune homme sentit une vague de détresse déferler en lui. Elle était vraiment en colère et même plus que ça. Comme il l'avait compris en parlant avec le père de Ron l'autre soir, elle ne lui avait pas pardonné et le détestait ni plus ni moins. Après tout, pourquoi en aurait-il été autrement ? Sa famille n'avait-elle pas souffert par son unique faute ? N'était-il pas coupable de la mort de Ron et Percy, ainsi que de l'handicap d'Arthur ? Pourquoi l'aimerait-elle encore après ça... Quel naïf il avait été d'avoir encore eu une lueur d'espoir.

Toujours plongé dans le regard de Molly, Harry ne remarqua pas qu'Hermione s'était éclipsée pour les laisser se retrouver. Il était maintenant seul face à la sorcière qu'il craignait sûrement le plus au monde. Il détourna alors les yeux, ne pouvant plus supporter la colère qu'il lisait dans ceux autrefois si aimants, et se dit qu'il lui devait au moins des excuses, même si ça ne suffirait pas. Il réalisa aussi qu'il n'avait même pas le droit de se tenir face à elle, qu'il n'avait plus le droit de lui parler et encore moins de revenir dans son monde, dans sa vie. Il y avait presque cru ces derniers jours mais non, ça avait été une énorme erreur.

« Je suis sincèrement désolé. Je sais que je n'aurais jamais dû revenir. Je vais donc repartir, juste le temps de faire mes adieux à Ambre et Hermio... «

Une seconde giffle le coupa net dans ses tentatives d'excuses. Il ferma aussitôt les yeux et crispa sa mâchoire pour s'empêcher de flancher. Plus que la douleur physique, c'était celle psychologique qui lui faisait le plus de mal mais il était décidé à ne pas pleurer comme à son habitude. Surtout devant cette femme, ç'aurait été tout bonnement impardonnable. Mais alors qu'il allait lui tourner le dos pour repartir sans un mot, le son d'un sanglot lui fit instantanément rouvrir les yeux. Les yeux de Molly étaient inondés de larmes et reflétaient une telle douleur qu'il en eut le souffle couplé.

« Plus jamais, Harry. «

Oui, il le savait. Plus jamais il ne reviendrait. Plus jamais il ne tenterait de se faire pardonner. Plus jamais il ne cesserait de culpabiliser. Plus jamais il n'espérerait trouver la paix. Plus jamais il ne s'attacherait à quelqu'un.

Le jeune homme continuait à dresser intérieurement la liste de tout ce qu'il se refuserait désormais dans l'intention d'être le plus malheureux possible. C'était sa seule rédemption après tout et encore, en méritait-il seulement une ? Son regard poison toujours fixé sur les larmes de la mère de son ancien meilleur ami, il ne réalisa même pas qu'elle s'était approchée. Jusqu'à ce que deux mains douces n'emprisonnent son visage et qu'un regard larmoyant mais dur ne s'accroche à ses prunelles vertes. Ne comprenant pas trop ce qui se passait, il n'eut aucune réaction.

« Ne fais plus jamais ça Harry ! «

Quoi ? Qu'est-ce qu'elle voulait dire par là ? Il voyait bien qu'elle essayait de lui faire passer un message, qu'elle tentait de le convaincre de quelque chose. Mais son cerveau refusait d'enregistrer les informations qu'il percevait et il était toujours bloqué dans le mode : Tu dois souffrir un max alors tire toi loin des gens que tu aimes car ils risqueraient de soulager ta douleur alors que tu n'en as pas le droit. Il parvint donc à se convaincre qu'elle partageait son avis et qu'elle ne voulait plus jamais le revoir. Harry, têtu voire totalement buté ? Naaaaaaan. A peine...

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Elle aurait parlé à un sourd que ça aurait peut-être eu plus d'effet. C'est d'ailleurs ce qu'elle comprit enfin en lisant la résignation grandissante qui se dessinait dans les yeux d'Harry, yeux qui semblaient se vider de toute vie à mesure qu'elle laissait la frustration de ses dernières années déferler sur lui. Saisissant alors qu'il avait mal interprêté ce qu'elle tentait de lui faire réaliser, Molly sentit toute sa colère fondre en un instant. Sa fureur née de la peur laissa place à toute la tendresse et l'affection qu'elle avait pour l'homme qu'elle considérerait toujours comme un petit garçon, comme un de ses enfants.

Car il n'y avait aucun ressentiment en elle pour tout ce qui concernait la mort de ses deux fils ou les blessures de son mari. Harry n'en était pas responsable, tout était de la faute de Voldemort et de ses mangemorts. D'ailleurs le jeune homme avait lui même connu tant de pertes, il s'était plus que sacrifié pour les protéger, elle était au contraire très fière de lui et à jamais reconnaissante. Elle ne l'aimait en fait que d'avantage. Mais en voyant qu'il pensait qu'elle le détestait pour ça, en comprenant qu'il se sentait coupable et que c'était une des raisons de sa fugue, ses larmes redoublèrent d'intensité.

Bon sang Harry mon chéri, comment peux-tu penser une chose pareille ? Pourquoi ne l'ai-je pas compris avant ? J'aurais du te parler.

Et la seule pensée concrête qu'avait la femme à cet instant précis fut qu'il n'était peut-être pas trop tard. Elle ne l'avait pas rassuré sur ses sentiments au moment où il en aurait eu le plus besoin mais il n'était pas trop tard. Surtout qu'il en avait apparemment plus que besoin maintenant alors il n'était définitivement pas trop tard.

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Perdu dans la culpabilité et la douleur, Harry n'avait trouvé pour seul moyen que de s'échapper de la réalité. Il avait littéralement déconnecté, son regard prenant une lueur absente et lointaine. Il saisissait à peine le monde qui l'entourait mais c'était encore trop à son goût. Il ne sentit donc que très vaguement une main caresser sa joue avec une tendresse toute maternelle. Il ne réalisa pratiquement pas qu'un corps chaud et réconfortant l'attirait vers lui. Deux bras l'entourèrent pour le presser dans une étreinte rassurante mais il était trop loin de tout ça. Pourtant une voix douce parvint à surmonter ses barrières et il ne put s'enfuir d'avantage.

« Non Harry, je ne te laisserais plus jamais repartir. On t'aime tant mon chéri, tu ne peux pas savoir combien je me suis inquiétée alors que tu ne donnais aucune nouvelle. Trois ans... Trois ans pendant lequels j'imaginais que tu étais peut-être mort, que tu avais peut-être besoin d'aide, ou que tu agonisais loin de ceux qui t'aimaient. Alors ne me refais plus jamais une telle frayeur Harry James Potter ou je t'assure que je te retrouverai et que je t'infligerai la pire punition de ta vie. «

Etait-ce encore un effet de son imagination ? Etait-ce bien réel ? Cette voix était-elle sincère ? Devait-il y croire sous peine de souffrir à nouveau en comprenant que ce n'était que mensonge ? Molly l'aimait-elle autant, le considérait-elle vraiment encore comme son fils, était-elle seulement inquiète pour lui et était-ce la raison de sa colère ? Colère toute justifiée si on regardait les choses sous cet angle... Il savait qu'elle n'était pas cruelle et si elle lui disait tout ça, c'était donc qu'elle le pensait.

Comme pour confirmer cette dernière hypothèse, l'étreinte se desserra légèrement et le regard de la femme plongea à nouveau dans ses yeux douloureux. Un sourire chaleureux eut alors raison des derniers remparts du jeune homme qui sentit pour la première fois depuis des années une larme rouler sur sa joue.

Ses prunelles reprenaient vie à mesure que Molly lui murmurait des mots innespérés mais dont il avait tant besoin. Le cocon de douceur se referma à nouveau autour de lui et Harry plongea son visage dans le cou de sa mère de substition. Comment avait-il pu être si aveugle... Comment avait-il pu la faire souffrir elle aussi en s'éloignant d'elle et surtout en ne lui donnant aucune nouvelle. Mais elle ne lui en voulait plus, elle ne cessait de le lui murmurer, de lui dire qu'elle l'aimait et qu'il n'avait pas à se sentir coupable. Et surtout elle ne cessait de lui répéter qu'il pouvait se laisser aller.

Comment résister ?

C'est ainsi que la première larme ne fut plus qu'un souvenir à mesure qu'un véritable déluge osait enfin naître au creux de ses longs cils. De ses paupières closes, deux trainées humides s'échappèrent pour innonder le col de la sorcière. Et à mesure qu'il se laissait bercer, la souffrance de ces années de cauchemar semblait s'atténuer. Elle était remplacée peu à peu par l'espoir, par le bonheur de retrouver sa famille, par l'impression d'avoir retrouvé le chemin de chez lui alors qu'il l'avait définitivement cru perdu.

Harry pleurait. Harry se sentait renaître.

Et maintenant, il passait les portes de la veranda qui donnaient sur le jardin de sa meilleure amie pour retrouver tous ces gens tout droit sortis de son passé et venus spécialement pour lui. A son bras, une Molly Weasley rayonnante qui refusait de le lâcher de peur qu'il ne trouve le moyen de disparaître à nouveau. Ils avaient pleuré et parlé de longues minutes jusqu'à trouver la force de rejoindre les autres. Les larmes s'étaient taries et les blessures avaient été pansées mais elles n'étaient pas encore tout à fait cicatrisées. Il fallait laisser le temps faire son oeuvre jusqu'à ce que toute cette douleur ne soit plus qu'un lointain souvenir.

La demi-heure qui suivit se passa comme dans un rêve. Harry avait un peu de mal à suivre l'agitation autour de lui mais souriait béatement, se sentant stupidement heureux. Depuis combien de temps n'avait-il pas ressenti une telle paix ? Bien trop longtemps sûrement.

Molly avait enfin consenti à le lâcher en comprenant qu'il voulait parler à Hermione. En fait, aucun mot ne fut prononcés entre eux, simplement un sourire échangé et une étreinte fraternelle. Ils n'avaient pas besoin de mots pour exprimer ce qu'ils ressentaient, ils se comprenaient simplement en plongeant leurs yeux dans ceux de l'autre. En effet, l'intensité du regard que le jeune homme adressa à son amie après s'être dégagé fut bien plus révélatrice que tous les mercis du monde. Et la sorcière le laissa donc rejoindre ses invités sans rien dire, rassurée de savoir que son idée avait été encore plus bénéfique qu'elle ne l'avait espéré.

Un instant plus tard, il passait de bras en bras, profondément ému de revoir tous ces gens. Lui qui s'était cru seul pendant si longtemps s'était bien fourvoyé finalement. Il réalisait enfin la chance qu'il avait d'avoir tant d'amis. Des amis sincères qui s'étaient inquiétés pour lui et qui ne l'avaient pas oublié. Des amis qui ne voyaient pas en lui la simple cicatrice, le symbole de la fin de la guerre, un héros. Non ils voyaient bien plus que ça, il n'était pas Harry Potter pour eux mais simplement Harry. Et Merlin seul savait à quel point ça comptait pour lui.

C'est ainsi qu'il fut littéralement assailli par les jumeaux Weasley qui parvinrent à lui donner un fou rire en moins de deux secondes trente, qu'il reçut une tape affectueuse sur la tête de la part de Bill et Charlie qui avaient fait le déplacement et pris une journée de repos spécialement pour lui, que Ginny l'étouffa en le serrant contre elle avant de lui présenter son fiancé Blaise Zabini un ancien serpentard dont il se souvenait vaguement, que Dean lui présenta sa femme en rougissant telle une écrevisse, que Seamus lui présenta son petit ami qui n'était autre qu'Ernie MacMillan, que Parvati et Lavande lui firent la bise en gloussant ce qui lui fit rouler des yeux, qu'Olivier Dubois, Lee Jordan, Angelina Johnson et Alicia Spinnet lui firent de grandes accolades.

Et tout ça en l'espace de deux ou trois minutes, ce qui expliquait peut-être l'air un peu hagard du pauvre Harry qui avait bien du mal à respirer. Il avait peine à croire que tout ce beau monde s'était déplacé pour lui mais l'affection qu'ils lui témoignaient tous, il avait bien l'intention de la savourer et d'en profiter. Alors qu'il s'écartait légèrement du groupe composé de pratiquement tous ses amis de Poudlard encore vivants, il fut accueilli par l'immense sourire d'une vieille femme qu'il ne pensait plus jamais revoir. Incroyable... Hermione avait fait un travail vraiment remarquable. Il avait devant lui Arabella Figgs. Près d'elle se tenaient également Sturgis Podmore, Kingsley et Mondungus Fletcher. Sans voix, le jeune homme ne parvint qu'à répondre au sourire de son ancienne baby-sitter.

Aucun d'eux ne prononcèrent un mot mais le regard qu'ils s'échangèrent parlait pour eux. Les derniers survivants de l'Ordre du Phénix étaient tous réunis en ce jour, dans le jardin d'Hermione Granger. Il avait en effet entraperçu Snape près du bar et Dumbledore, McGonagal et Flitwick discutaient non loin d'eux. Quant à Arthur Weasley, il lui avait adressé un sourire rassuré en le voyant apparaître au bras de sa femme. Il ne manquait donc plus qu'une personne pour que ce soit complet mais Harry doutait fortement qu'il se soit déplacé. Quoique... Il était très doué pour surprendre les gens alors peut-être... Quoiqu'il en soit, Harry serra chaleureusement la main des trois hommes et embrassa affectueusement la vieille femme. Il n'échangèrent que peu de mots par la suite mais l'émotion était bien présente.

« Bonjour Harry ! Un bonbon au citron ? «

Bien sûr, il n'y avait que Dumbledore pour débarquer à un moment pareil et parvenir à détendre l'atmosphère en un tour de main. Harry le connaissait suffisamment bien pour deviner qu'il n'était pas apparru par simple coïncidence mais qu'il avait senti qu'il était temps pour lui de les rejoindre. Son insouciance feinte ne fonctionnait plus avec lui depuis un bon moment déjà. Ce qui n'empêcha pas le jeune homme d'afficher un sourire désabusé et amusé à cette proposition tout en déclinant poliment l'offre du vieil homme.

Il ignora donc son désespérant mentor qui distribuait joyeusement ses friandises et entama la conversation avec son ancien professeur d'enchantements dont la présence ici lui semblait quelque peu irréaliste. Mais appréciée. Flitwick s'était dévoilé être un pro des sortilèges d'illusions qui leur avaient été très utiles pendant la guerre. Les Mangemorts étaient souvent tombés dans le panneau et Harry souriait encore en se souvenant de quelques mirages assez cocasses.

Le rire si reconnaissable de sa filleule détourna soudain l'attention du jeune homme qui crut un instant être la victime d'une des hallucinations en question en la voyant dans les bras de Severus Snape. Celui-ci lui tournait le dos mais il aurait pu reconnaître sa silhouette entre mille. C'était tout bonnement incroyable. Ambre venait d'embrasser sur la joue le terrible professeur de potions, directeur des serpentards ! Celui-ci sembla d'ailleurs pris un peu au dépourvu mais le sourire qu'il adressa à la fillette avait l'air tout à fait sincère. Harry se sentit fondre devant le tableau du méchant mangemort câlinant une enfant de quatre ans. Ils étaient trop mignons !

Snape s'était tourné pour foudroyer ses spectateurs du regard mais ne l'avait apparemment pas remarqué. Il put donc continuer à les observer, ne réalisant même pas qu'il avait complètement délaissé la conversation autour de lui. Jamais Harry n'avait vu son ancien enseignant aussi... humain. Il n'aurait même jamais cru qu'il appréciait les enfants, l'idée seule était quasiment un antagonisme de Severus Snape. Pourtant, maintenant qu'il les voyait tous les deux en pleine conversation, il trouvait que ça lui allait bien. Il avait l'air un peu maladroit avec la fillette lovée dans ses bras mais ça dévoilait un aspect de sa personnalité tout à fait charmant. Oui, le serpentard avait soudain un petit quelque chose d'attirant aux yeux du jeune homme.

« Parrain ! Lui c'est Servus et c'est mon nouveau copain ! «

Ambre l'avait finalement repéré. En entendant le prénom légèrement modifié par les soins de sa filleule, Harry se mordit violemment les lèvres pour s'empêcher de partir en fou rire. Surtout que même de dos, il remarqua parfaitement la réaction du copain en question à cette charmante déclaration. C'était à mourir de rire ! Sur ce coup là en tout cas, Snape n'allait pas s'en sortir aussi facilement, l'ancien gryffondor comptait bien enfoncer le clou et ne se fit d'ailleurs pas attendre.

« Tu en as de la chance ma puce «

Snape se contracta dès qu'il entendit sa voix et le jeune homme devina qu'il l'avait parfaitement identifiée. Amusé, il était néanmoins sérieux dans ce qu'il venait de dire. Etre ami avec lui n'était pas offert à tout le monde et Harry s'étonna lui même en pensant qu'il aurait bien aimé le devenir. C'était un personnage tellement intéressant que ce Severus Snape... Si inaccessible, différent, énigmatique, distant, doté d'un charme froid et ténébreux. Un vrai mystère et l'ancien gryffondor était bien connu pour sa curiosité et ses tendances à toujours vouloir tout résoudre. Il décida d'ailleurs que l'homme ou la femme qui parviendrait à cet exploit hériterait de son respect éternel. Par contre, il fallait avouer que ce type avait aussi un caractère particulier, c'est pourquoi il ajouta pour lui même dans un murmure :

« Et un sacré courage ma pauvre »

Oui il en fallait sûrement une bonne dose pour accepter de supporter les piques et sarcasmes du professeur à longueur de journée. A moins qu'il ne soit pas ainsi dans l'intimité mais Harry en doutait fortement. En fait, il en serait presque déçu. Ca faisait partie de la personnalité de Snape, son mauvais caractère, sa mauvaise foi, son impartialité, sa froideur... Tout ça était pour lui indissociable de cet homme et c'était sûrement ce qui lui plaisait le plus chez lui. En effet, ça l'amusait par dessus tout de lui chercher des noises et d'essayer de se mesurer à lui. Un loisir comme un autre après tout, chacun son truc. Pour certains c'était les potions, pour lui c'était enquiquiner l'homme qui enseignait lesdites potions.

Celui-ci se décida d'ailleurs à se tourner vers lui et son visage exprimait une légère irritation, au plus grand plaisir d'Harry. Il lui adressa aussitôt un immense sourire. Après sa réconciliation avec Molly Weasley et les retrouvailles avec tous ses proches, il se sentait si bien que son sourire ne pouvait être qualifié que de radieux. En plus, il l'avait déjà remarqué à la soirée du ministère mais sans trop qu'il sache pourquoi, il appréciait la présence de Snape. Et pas seulement pour leurs joutes verbales, simplement se tenir face à lui lui faisait se sentir bien. Ca lui plaisait, c'était agréable... N'étant par contre pas vraiment du genre à se prendre la tête sur le pourquoi du comment contrairement à son professeur, il ne chercha pas spécialement à en comprendre la raison.

Comme si elle avait compris que son parrain avait envie d'être seul avec son nouveau copain, Ambre se laissa glisser à terre et les laissa en tête à tête pour rejoindre son pépé Dumby. Le jeune homme ne lui prêta que peu d'attention, trop occupé à observer son nouvel interlocuteur. Il ne remarqua pourtant pas le trouble de Snape et entama donc la conversation, ou plutôt l'échange de gentils sarcasmes sur le ton le plus badin qu'il possédait.

« Alors Snape ! Vous nous aviez caché vos affinités avec les enfants. Un désir paternel refoulé peut-être ? Ou votre amour inconsidéré pour les Weasley... «

« Très drôle Potter «

« En effet, toutes ces effusions étaient très amusantes. Mais si vous désespériez tant de ne pas avoir d'amis, il suffisait de le demander. Une âme généreuse se serait peut-être sacrifiée... «

Par exemple, je me porterais bien volontaire si vous acceptiez d'abaisser votre garde rien qu'une petite heure, ne put s'empêcher d'ajouter mentalement Harry. Mais apparemment, son compagnon n'avait pas l'air prêt à cet effort puisqu'il poursuivit sur son ton impassible et froid habituel.

« Je vous rassure Potter, je ne suis pas désespéré à ce point. Mais soyez assuré que j'apprécie vos tendres intentions à mon égard. Et pour votre gouverne, cette gamine est horriblement collante, impossible de m'en débarasser. «

L'image de sa filleule embrassant Snape sur la joue réapparut dans son esprit et il ne put combattre le sourire qui s'imposait sur ses lèvres. Mi-amusé mi-attendri par ce souvenir, il hésita alors à dire ce qu'il avait sur le coeur. Il avait un peu peur de la réaction de l'homme et ne voulait pas qu'il se renferme ou qu'il ne s'énerve réellement. Pourtant les mots vinrent d'eux même, trahissant sa pensée sans pour autant qu'il s'en sente gêné puisqu'il était sincère. En effet, la timidité ne faisait plus vraiment partie de ses traits de caractère.

« Il n'empêche que vous étiez vraiment mignons tous les deux. Oui, adorables... «

Aucun autre mot ne pouvait mieux qualifier ce qu'il avait ressenti que 'adorable'. Ou alors trognons, attendrissants, à croquer, attirant, séduisant, beau, sexy... Houlaaaa ! Ses pensées s'égaraient quelque peu vers une destination qui ne lui plaisait pas plus que ça. Soucieux de vérifier si son inconscient avait eu raison d'utiliser ces derniers adjectifs concernant Snape, Harry s'empressa de profiter du choc de celui-ci pour le détailler discrètement.

Les cheveux ébènes étaient plus courts que pendant sa scolarité mais atteignaient tout de même pratiquement ses épaules. Par contre, ils n'étaient pas aussi gras que dans son souvenir. Ils brillaient, certes, mais ils semblaient plutôt soyeux et fins. Il fallut d'ailleurs une grande volonté au jeune homme pour ne pas glisser ses doigts dans ces mèches si tentantes afin d'en évaluer la douceur. Les traits du professeur étaient bien dessinés bien que moins fins que les siens. En fait, le visage était plus dur, plus froid mais c'est justement ce qui faisait tout son charme. Quant à la peau elle était très pâle et sans la moindre imperfection, à tel point qu'on aurait facilement pu la comparer à de la porcelaine. Les lèvres étaient fines mais délicatement ourlées, d'une couleur très particulière, presque diaphane.

Quant à la silhouette de Snape, il l'avait toujours trouvée agréable à regarder. Ca ne voulait pas dire qu'il avait fantasmé sur son professeur de potions pendant ses études, absolument pas. C'est juste qu'il était déjà gay à cette époque et qu'il ne pouvait nier que l'homme était le seul enseignant de Poudlard qui lui avait plu physiquement parlant. En fait, il s'était toujours demandé ce que pouvaient bien cacher ses éternelles robes noires. Car ce qu'il pouvait déjà deviner sous les pans de tissu était plutôt encourageant. Des épaules larges, apparemment aucune once de graisse, des mains divines et une taille appréciable puisque Snape était un peu plus grand que lui. Il lui était par contre impossible de savoir s'il était musclé ou non mais se plaisait soudain à penser qu'il n'était peut-être pas aussi maigre qu'on pourrait le croire.

En fait, le tout était assez tentant mais c'étaient surtout ces yeux si envoûtants qui lui faisaient le plus d'effet. Ce regard impénétrable qui semblait pouvoir lire en vous comme dans un livre ouvert. Ces prunelles si sombres, encre dans laquelle il lui était si difficile de ne pas plonger. Oui ces iris où brillait une lueur étrange et hypnotisante qui apparaissait seulement quand elles croisaient les siennes.

Tout ça pour dire qu'à la fin de son inspection – qui n'avait pas duré plus de quelques secondes et qui n'avait pas été remarquée par Severus puisqu'il était trop occupé à tenter de retrouver ses esprits après qu'on l'ait qualifié de charmants adjectifs – Harry n'avait qu'une envie, c'était d'embrasser cet homme ou au moins se blottir contre lui. Il était sûr qu'il se sentirait divinement en sécurité si celui-ci l'entourait de ses bras puissants et protecteurs. Bien sûr, ça ne risquait pas d'arriver et le caractère snapien à lui seul lui faisait reconsidérer la question, mais c'est toujours beau de rêver. D'ailleurs, il se rappelait soudain des regards intéressés posés sur son professeur qu'il avait entraperçus à la soirée du ministère. Il n'était donc pas le seul à le trouver attirant. Et allez savoir pourquoi, il se tendit légèrement à cette idée.

Bonne nouvelle Harry, tu fantasmes officiellement sur Snape !

Etant du genre à accepter la fatalité depuis le temps que le destin semblait jouer avec lui, Harry décida de prendre ça avec philosophie et de laisser faire les choses. Il se doutait bien que son ancien professeur ne serait sûrement pas partant pour une partie de jambes en l'air s'il le lui proposait mais ce n'était de toute façon pas dans ses intentions. Les relations superficielles n'étaient définitivement pas sa tasse de thé. De plus, encore fallait-il que Snape soit homosexuel lui aussi et ça, c'était très peu probable. Le jeune homme décida donc de mettre ses hormones de côté et de poursuivre comme si de rien n'était.

« Merlin, c'est bien la première fois qu'on utilise le mot mignon ou adorable me concernant. «

Un sourire amusé se dessina sur ses lèvres en entendant ce marmonement de la part de Snape qui commençait apparemment à se remettre de ses émotions. S'il savait toutes les pensées inconvenantes qui étaient venues à l'esprit de son ancien élève quelques dixièmes de seconde auparavant, il aurait sûrement fait une crise cardiaque. Cette idée ne fit d'ailleurs qu'accentuer le sourire d'Harry alors que le serpentard finissait son verre cul-sec.

« Vous êtes fou à lier Potter. «

Cette fois-ci, le jeune homme ne put s'empêcher de partir en fou rire. Le haussement de sourcils interloqué de son compagnon n'arrangea d'ailleurs pas du tout les choses mais il se força néanmoins à se calmer, sachant que Snape risquait de se sentir attaqué ou pire : de se vexer. Après une profonde inspiration et une vaine tentative d'effacer le sourire qui ornait ses lèvres, il replongea donc dans le regard charbon pour annoncer avec une nonchalance feinte :

« Vous n'avez pas idée, professeur. «

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Hihihi, moi sadique ? Naaaaan. Vous aurez la suite de cette fantastique fiesta et donc de cette passionnante conversation au prochain chapitre. Et si vous êtes pressés de savoir qui est le mystérieux élément manquant dans les survivants de l'ordre, il vous faudra également attendre le prochain chapitre. Mouahahaha ! Lol, ok je me calme. Merci d'avoir lu et à bientôt !