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Notes : Voilà un chapitre sur un mois seulement, car il est déjà bien assez long comme ça ^^. La fin est un peu abrupte car j'ai tronqué ce qui devait être un chapitre en deux... Mais j'espère que ça ira quand même. Reviews ^___^!!!

Remerciements : Aux reviewers (toujours) et à ma Phonzine qui m'a encouragée à placer le truc de la baignoire...

Mes reviewers chéris : N'hésitez pas à mettre votre adresse quand vous écrivez en , j'aime vous répondre par e-mail!
Luthien : Ne demande pas avec qui Sev est sorti pour savoir qu'il était bi, il y a des choses qu'il vaut mieux ne pas savoir ^___!!! Mais quand il était adolescent, il détestait couple James/Lily car il était persuadé que James lui avait fait des avances... était-ce le cas? Encore un mystère irrésolu...
Lol, j'arrête ;D
Mystina : Encore merci pour ton coup de pub ^^!!!
Lna Rosemberg : Ton adresse e-mail ne marche pas :( ... T'inquiète, si je fais le journal de Draco, tout ce qui lui arrivera avec Pansy c probablement que ce pékinois en robe flashe sur lui, mais il n'en voudra pas ^^... Par contre je pense pas qu'il y aura d'allusions draco/harry, s'il y en a dans un des journaux ce ne sera pas dans celui-là (je ne peux pas imaginer Draco se rabaissant à s'enticher du balafré le 1er ^^...).
Blood-Countess : Hein qu'il est chou ^^?!!! Je suis bien d'accord! Il me rend gaga! Gouzi-gouzi-gouzi... Aïeuh! *Arca examine sa morsure de Sev pour voir s'il lui a refilé la rage* Bon, d'accord, caractère un peu fort, peut-être... ^____^
Naoned : désolée, seulement la moitié du chapitre finalement, mais suite et fin dans une semaine...
Gaeriel-Jedusor : Ben, je vais aller jusqu'au chapitre 7 ^^. Je peux pas faire la suite, c juste le 1er tome... En tout cas, je suis contente que tu trouves ce couple mimi, pcq finalement, je l'aime bien, moi mon histoire à l'eau de rose ^-^... Mais tu as raison : aucun journal ne pourra être aussi intéressant que celui-là. C mon drame, d'ailleurs. Bouhouhouh! Je n'arriverai jamais à écrire le journal suivant!
MissJames : Ouah, merci, j'aime qu'on voit l'humanité derrière les sarcasmes de Severus ^-^!! Mais va un peu lui dire qu'il est soupe au lait (seulement si tu as envie d'en finir avec la vie)!
J'aurais jamais cru que quelqu'un puisse un jour s'identifier à ce Severus - tu veux l'adresse d'un bon psy? lol - mais je vois que evrissin'gue ize possibole (tout est possible, traduction pour les anglophobes lol) alors peut-être bien que tout compte fait, il est aussi possible que je parvienne à écrire le journal suivant (je sais ça n'a aucun rapport mais j'essaie de me rassurer ^^).

Disclaimer : Morgane : copie non-conforme mais presque de Jezebel; tout le reste : JK Rowling. Voilà, je n'ai rien, je ne suis rien. *sob*
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Sixième partie : Mai


1er mai
Au déjeuner, Sinistra discutait avec McGonagall : « Vous pensez vraiment qu'il est toujours nécessaire d'interdire aux garçons l'accès aux dortoirs des filles? Nous sommes à une époque où nous accordons beaucoup plus de confiance aux jeunes, non?»
La vieille pie a répliqué : « Détrompez-vous! Je crois que c'est une époque encore plus sensible qu'autrefois. Au moins, avant, les professeurs montraient l'exemple...»
Et elle m'a regardé avec un sourire pincé. J'ai fait mine de ne rien avoir entendu... Sinistra, elle, n'a pas fait semblant de pouffer de rire.
C'est ça, gloussez comme des dindes! Jalouses, voilà ce qu'elles sont!

5 mai
La vie est faaaaaaaaaaaaaaabuleuse!
La nuit dernière, Potter, Longbottom et Granger - soit les trois élèves qui m'insupportent le plus parmi les première année - ont été surpris à rôder dans les couloirs du château! Minerva a ôté cinquante points à leur maison! Chacun! C'est presque trop beau pour être vrai! Et ils ont écopé en plus d'une retenue!
Malheureusement, le jeune Malfoy a subi la même punition - ce qui, selon moi, est totalement injustifié; ce garçon ne faisait que son devoir en tentant de contrecarrer le crime de ses trois camarades. Bah, on n'a rien sans rien. Pour 150 points soustraits à Gryffindor en une seule nuit, je pardonne à Minerva cette petite injustice...
J'ai toujours apprécié l'intégrité de Minerva McGonagall! C'est une femme remarquable, je l'ai toujours dit!

6 mai
Hahahahahahaha! Il fallait voir la tête des Gryffindors lorsqu'ils se sont aperçu que le tiers de leurs points avait disparu! J'ai failli me fêler une côte en essayant de réfréner mon fou rire!
J'ai offert un bouquet de chrysanthèmes à Minerva, pour la remercier de son petit coup de pouce à la victoire désormais certaine de Slytherin à la Coupe des Quatre Maisons. Elle l'a mal pris... Cette femme est si irritable!

8 mai
Comme toujours, quand ma vie se redresse d'un côté, elle pique du nez de l'autre.
Morgane recommence à m'inquiéter. On a passé l'après-midi ensemble, et on parlait de notre avenir... Le mariage qu'on ne ferait jamais, parce que comme on dit, si l'amour est aveugle, le mariage ouvre grandement les yeux... La maison qu'on ne partagerait jamais, pour ne pas devenir un meuble l'un pour l'autre... Tous ces enfants qu'on n'aurait jamais, et il n'est même pas besoin d'expliquer pourquoi...
Et puis Morgane a soupiré : « Ça me rend presque triste de rêver comme ça.»
Je ne lui ai pas demandé ce qu'elle voulait dire par là. Je le regrette maintenant. Je crois que j'ai eu peur de sa réponse...
Je ne veux plus y penser.

10 mai
Bon, qu'est-ce qu'il y a, j'ai un défaut d'élocution, ou quoi? Pourquoi est-ce que, quand je dis : « Hachez les trompettes-de-la-mort en lamelle et réduisez le foie de corbeau en cube», Longbottom me fait des lamelles de foie et des cubes de champignon?
Et dire qu'un jour, ça tentera d'obtenir sa BUSE en potion.
Hu hu hu. J'aurais presque de la peine pour lui.
Presque.

11 mai
Je crois que je suis dans un état second. Comme si j'avais regardé ma mort dans le blanc des yeux. Sauf que la mort ne peut pas avoir de blanc ni d'yeux étant donné que ce n'est qu'un squelette aux orbites vides, mais... merde, stupide cerveau cartésien, boucle-la trente secondes et arrête de foutre en l'air mon monologue!
Hum.
Morgane est en train de dormir, à côté, dans le lit. C'est la première fois qu'elle passe la nuit ici... Elle s'est endormie, hier soir, et je n'avais pas envie de la réveiller. Je sais qu'elle est insomniaque, et elle a bien droit à un peu de repos, pour une fois.
Elle a trouvé ce journal sur mon bureau hier. J'ai beaucoup hésité, mais je l'ai finalement laissée le feuilleter, avec quelques réticences néanmoins. Ça l'a fait rire, souvent... Elle a lu avec beaucoup d'attention le récit de notre premier rendez-vous. Puis elle a poussé un soupir et je l'ai vue chasser une larme d'un geste vif, avant de refermer le journal.
Je me suis approché d'elle : « Qu'y a-t-il dans ce ramassis d'ineptie qui puisse bouleverser le plus redoutable professeur de duel de Beauxbâtons?»
Elle a laissé échapper un petit rire.
« J'étais le seul professeur de duel de Beauxbâtons!»
Je me suis assis auprès d'elle sur le lit et je lui ai caressé les cheveux. Ses yeux étaient si tristes... Cela me faisait mal de la voir comme cela.
« Tu n'as pas répondu à ma question», j'ai dit doucement.
Elle a haussé les épaules : « Ce n'est pas le journal, c'est... c'est toi... Tu ne réalises pas!»
Elle avait prononcé ces derniers mots sur un ton presque désespéré. J'ai levé un sourcil intrigué.
Elle a repris en soupirant : « Avais-tu écouté un seul mot de ce que je t'avais raconté, ce soir-là, au restaurant?»
« Bien sûr! ai-je répondu en riant. Je buvais la moindre de tes paroles!»
« Te souviens-tu de ce que j'ai dit sur la véritable raison de ma venue en Angleterre?»
« Oui...» j'ai répondu d'un air hésitant. Où voulait-elle en venir? « Tu as laissé de côté l'enseignement pour venir étudier pendant dix mois les techniques des Aurors, dans le but de devenir experte en combat magique.»
« Mais tu te rappelles aussi que je ne me consacre pas qu'à la Grande-Bretagne; je t'ai expliqué que j'avais passé l'année dernière à Durmstrang pour les mêmes raisons.»
« C'est vrai... ai-je reconnu en plissant les yeux, sans comprendre. Morgane, qu'essaies-tu de me dire, exactement?»
Elle s'est blottie contre ma poitrine et a dit d'une petite voix que je ne lui connaissais pas : « Je ne peux pas m'arrêter là, Severus; cela n'a jamais été mon intention! J'ai déjà évoqué ce stage, tu sais, avec les sorciers Samouraï...» Elle a marqué une pose, puis, dans un souffle : « Je vais rentrer chez moi cet été et dès la rentrée prochaine, je me rends au Japon.»
Je suis resté silencieux. Ses mots n'avaient soudain plus aucun sens pour moi.
« Tu comprends ce que je te dis? Severus! s'est-elle exclamé d'une voix cassée. Ces deux mois sont les derniers que nous passons ensemble avant longtemps... Peut-être pour toujours.»
Un abîme terrifiant s'est ouvert tout à coup sous mes pieds. Je n'aurais pas été plus horrifié si on m'avait annoncé qu'autrefois le Choixpeau s'était trompé et que j'aurais dû être à Gryffindor.
Je n'avais pas réalisé jusqu'ici à quel point je l'aimais, mon petit hamster.
Comme je ne disais toujours rien, elle s'est écartée, s'est levée et m'a tourné le dos.
« Je savais bien que nous aurions dû parler de tout cela bien avant! Seulement je n'aurais jamais cru que... je n'aurais jamais imaginé...»
Ses poings se sont serrés comme elle baissait la tête, avant de cacher son visage dans ses mains. Ses épaules ont eu un soubresaut.
« Je me sens si bête! Je ne pleure jamais, d'habitude.»
Émergeant de mon hébétude, je l'ai attrapée par la taille pour la forcer à venir sur mes genoux, et puis je l'ai bercée dans mes bras comme un petit enfant. Il y a eu un long silence, au bout duquel elle a murmuré : « Severus... Je...» mais je lui ai posé un doigt sur les lèvres et je l'ai embrassée tendrement sur le front.
« "Je" aussi.»

12 mai
Qu'est-ce que je vais devenir, moi, sans Morgane? J'ai oublié ce que cela faisait de vivre sans elle.
Je ne sais plus quoi penser. Je sais que je n'ai pas le droit de lui demander de rester. Je ne peux pas lui demander de foutre sa vie en l'air pour moi, je tiens trop à elle pour cela. Et puis... je ne sais pas si elle tient suffisamment à moi pour accepter. Et je crois que je n'ai pas vraiment envie de le savoir. Moi, tout ce que je veux, c'est passer le plus de temps possible avec elle tant que je le peux encore... Le temps passe si vite.
Tiens, ça me rappelle qu'il y a des soldes exceptionnelles à Planète Potion, il serait temps que j'y fasse un tour avant que tout ne soit vendu.

13 mai
C'est le moment de ressortir le bon vieux Carpe Diem, de "cueillir chaque jour", de profiter de l'instant présent. Avec Morgane.
Nom d'une cuisse d'émeu au curry, le chagrin me rend philosophe.

14 mai
Voilà que le vieux cinglé et la vieille pie se font du soucis pour moi. S'ils savaient comme je me passerais bien de leur compassion et de leur têtes de "tu-veux-qu'on-en-parle?"... Je ne sais pas quand ces deux-là ont décidé de se prendre pour mon père et ma mère, mais je ne leur ai rien demandé. Tout cela juste parce que je n'ai rien avalé à part du café, ces derniers jours... Je n'ai pas faim, c'est tout! Je leur ai dit que je faisais un régime, mais ils n'ont pas eu l'air convaincu. Il faut dire que je ne suis pas exactement le genre de personne à qui la diète s'impose d'urgence.
Quirrell m'a sorti que l'anorexie c'était un truc de jeune fille, et que si je m'étais fait larguer ce serait plus à cause de mon grand nez que d'une quelconque surcharge pondérale. C'est démentiel, je n'ai jamais vu un bègue se la ramener autant! D'ailleurs, il bégaie rarement lorsqu'il s'agit de lancer une vacherie - donc lorsqu'il s'adresse à moi en général. Pour un peu, on pourrait croire qu'il fait semblant...
Je lui aurais bien collé mon poing dans sa face de veracrasse, mais je n'avais pas le coeur à cela et, franchement, il n'en vaut pas la peine.

16 mai
Le premier choc passé, la vie a repris son cours normal. Comme disait Grand-Pa : « La vie, c'est comme une boîte de dragées surprises : on ne sait jamais sur quoi on va tomber.»
Ça vaut pas Carpe Diem sur le plan poétique, mais c'est tout aussi vrai.

17 mai
J'ai de nouveau dû emmener Longbottom à l'infirmerie, aujourd'hui. Il s'était entaillé le doigt. Cela n'aurait pas été gravé bien entendu, s'il n'avait stupidement sucé sa plaie alors qu'il avait les mains pleines de venin d'hippocampe à crète bleue! Des nageoires lui ont poussé de chaque côté du cou.
J'ai été plutôt mal accueilli par Pomfrey : « Professeur Snape! Cela faisait longtemps que vous ne m'aviez pas amené un nouveau patient! Mais, sans vouloir vous offenser, je ne me languissais pas vraiment après votre retour en ces lieux.» (Eh! mais c'est moi, le sarcastique de service!)
Qu'elle rigole! Je parierais que cela ne fait pas deux jours que Longbottom l'a consultée pour la dernière fois! Si l'on avait donné une noise à ce garçon à chaque fois qu'une de ses bêtises l'a amené à l'infirmerie, il aurait déjà rassemblé de quoi se payer une greffe de cerveau, ce qui en passant ne serait pas superflu...

18 mai
Lorsque je suis entré dans la chambre de Morgane, elle était debout devant sa glace. Elle était immobile, mais son reflet se tripotait les cheveux d'un air critique.
Le mien fait cela aussi, souvent, mais je me demande toujours pourquoi.
« Tu crois que je devrais changer de couleur de cheveux?» elle a demandé sans se retourner.
« Eh bien, maintenant que tu me le dis, j'ai répondu d'un air dubitatif, c'est vrai que cette teinte me rappelle indéniablement celle du turban de Quirrell.»
« Eh!»
Elle s'est retournée en fronçant les sourcils, mais elle avait ce petit sourire en coin qu'elle arbore toujours quand elle reconnaît une de mes plaisanteries.
Merlin, que j'adore ce sourire.
« Tu sais bien que j'adore tes cheveux couleur de jus de betterave», j'ai dit en me postant près d'elle pour ranger une mèche de ses cheveux derrière son oreille.
C'est affolant comment une simple petite mèche de cheveux peut déclencher une telle bouffée de tendresse. Mon coeur s'est mis à battre si fort tout d'un coup que c'en était douloureux. Parfois, je me dis que toutes ces années, mon coeur s'était asséché et rabougri, comme une vieille pomme de terre oubliée au fond d'un placard, et que depuis que Morgane est là, il est brusquement devenu trop grand pour ma poitrine.
Hum...
Voilà que je deviendrais presque romantique.

20 mai
Pffffff.
Morgane est de sortie cette semaine, et ne revient pas avant ce week-end. M'ennuie.
Je n'arrive pas à imaginer que dans à peine plus d'un mois, je devrais de nouveau subir cela en permanence. Ce n'est pas possible, je ne vais pas supporter une telle solitude!
Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie. Je m'ennuie.
*sigh*
Je pourrais peut-être en faire une chanson, comme ça j'aurais au moins quelque chose à chantonner pour m'ennuyer un peu moins dans mon ennui.

21 mai
Tiens! Si je cassais un peu les pieds de Quirrell, ça fait longtemps!

22 mai
J'ai foutu la pétoche du siècle à Quirrell, avec d'habiles allusions à son éventuelle malhonnêteté. C'est presque trop facile avec lui : il ne marche pas, il fonce en balai. En fait, non seulement cela ne m'a pas distrait, mais cela m'a ennuyé encore plus de Morgane.
Pas de doute, j'ai le blues.

23 mai
Me suis enfilé une bouteille de Firewhisky, pour oublier. Connerie! Ça marche même pas!
Par contre, ça me donne de l'inspiration. Attends, j'vais écrire un blues...
"Je regarde tomber la pluie
Et je m'ennuie...
J' regarde courir les souris
Et je m'ennuie...
J' regarde ta place vide dans l' lit
Et je m'ennuie...
Oooh, j'ai le blues de toi
Quand tu es loin de moi!
"

24 mai/b
Morgane revient demain! Morgane revient demain! Morgane revient demain!

25 mai
Au Chaudron Baveur, j'ai trouvé Morgane en train d'écrire à son bureau. Elle ne m'avait pas entendu entrer, alors je me suis glissé derrière elle et j'ai dit d'un ton un peu moqueur, pour ne pas trop montrer à quel point j'étais heureux de la revoir : « Alors, on m'écrit des poèmes?»
Elle a sursauté, a fait volte-face et s'est exclamé avec un petit rire : « Severus Snape, vil serpent sournois!»
« Merci du compliment», ai-je rétorqué avec une petite révérence.
Je me suis penché pour essayer de voir ce qu'elle écrivait par-dessus son épaule, mais elle a plié le parchemin en quatre d'un geste vif, et l'a fourré dans la poche de sa robe.
« Qu'est-ce que c'est? j'ai demandé avec une curiosité à peine dissimulée. On aurait bien dit un poème!»
« Pas du tout! a-t-elle rougi. C'est juste une... juste une chanson.»
« Une chanson? me suis-je étonné, tout en repensant à l'horreur que j'ai griffonnée à une heure particulièrement perdue de ma solitude forcée de cette dernière semaine. Tu écris des chansons, maintenant?»
« Oui... enfin, non! Une inspiration subite, dirons-nous», ajouta-t-elle avec un sourire en coin.
Je lui ai retourné mon sourire le plus charmeur (je me suis entraîné à cela, dernièrement - d'accord, sur ce plan je ne suis pas aussi bon que cette vermine de Sirius Black, mais je m'améliore).
« Je peux voir?»
« Non!» s'est-elle écrié.
« Bon, très bien» j'ai fait en baissant la tête d'un air soumis, et l'instant d'après j'ai sorti ma baguette : « Accio parchemin!»
Le morceau de parchemin m'est venu aussitôt dans la main, mais Morgane a eu le réflexe de se jeter sur moi pour le récupérer et nous sommes tous les deux tombés par terre... La chute a été brutale. La longue étreinte qui s'ensuivit fut en revanche des plus agréables; il n'empêche que maintenant, j'ai le dos en compote.
Nom d'une purée de rainette mexicaine! Je n'ai plus l'âge de ce genre de choses! J'ai l'impression qu'un troll des cavernes s'est assis sur ma colonne vertébrale.

26 mai
D'après Pomfrey, j'ai un lumbago. Oh, je lui fait confiance, même si en vérité cela ne change pas grand-chose à mon état. Elle m'a dit qu'il faudrait un jour ou deux à la potion qu'elle m'a donné pour agir complètement. Hum... Je me demande si elle ne fait pas exprès de ne rien me donner de plus efficace. Mais peut-être que je deviens paranoïaque avec l'âge.
Elle a dit que j'étais un peu "rouillé" et que je devrais faire plus d'exercice. Je lui ai rétorqué que j'en faisais, mais ce qui m'intrigue, c'est qu'elle ait répondu : « Oh, je n'en doute pas, professeur, mais je pensais plutôt à un sport d'extérieur, voyez-vous» avant d'étouffer un gloussement.
Quoi, encore? Je déteste avoir cette impression que le sens réel de ce qu'on me dit m'échappe totalement.

31 mai
Aha. Pincez-moi. J'ai dû rêver, ce genre de choses n'arrivent pas dans la réalité.
Comme je dis toujours, rien de tel qu'un bon bain chaud après un cours avec les Gryffindors de première année.
J'étais dans ma baignoire, en train de juger la longueur de mes ongles de pieds tout en me frottant vigoureusement le cuir chevelu avec du shampooing à la framboise et en fredonnant cette chanson qui me trotte dans la tête de puis un bout de temps - "We all live in a yellow submarine"... - quand j'ai entendu Morgane entrer dans la pièce à côté. J'ai aussitôt - et quasi-inconsciemment - changé de disque pour "All You Need Is Love". Mais à l'instant où je me saisissais de la pomme de douche, la porte de la salle de bain s'est ouverte en grand sur... Quirrell.
Mon chant s'est étranglé dans ma gorge. Une longue seconde s'est écoulée, durant laquelle lui et moi sommes restés foudroyés par la surprise.
Puis je me suis mis à balbutier : « Je... Vous... Que... QUIRRELL!!! j'ai finalement rugi, incapable de formuler quoi que ce soit de cohérent.
Mais l'autre n'a pas percuté, il est resté à me fixer, le menton toujours par terre. Ses yeux ronds comme des couvercles de poubelle sont montés à mes cheveux, ont sauté à la pomme de douche que je tenais toujours en l'air, puis sont redescendus, redescendus, redescendus...
« Mais qu'est-ce que vous...?!» j'ai commencé avec effroi, mais en suivant son regard, j'ai constaté avec soulagement - soulagement de courte durée - que la surface de l'eau - Vous, qui que Vous soyez, qui régissez l'univers, ses astres, et les réactions chimiques du gel douche Fleur de Citrouille, soyez béni - était rendue opaque par une fine couche de mousse orangée. En fait, ce qu'il regardait ne concernait aucune des parties de mon anatomies - merci encore - mais ce petit canard en plastique jaune qui se balançait gaiement au rythme des vaguelettes de l'eau du bain. (J'imagine qu'il n'aurait servi à rien de lui expliquer que je l'avais gagné dans une fête foraine avec Morgane il y a quelque temps et que je le conservais uniquement par pur et ridicule sentimentalisme?)
Ses yeux sont restés scotchés à l'objet, si bien que pour le sortir de son état de gargouille baveuse, je me suis finalement emparé dudit canard pour le lui lancer au visage. L'autre a aussitôt fait un bond en arrière et a claqué la porte.
J'étais dans une rage folle. Je suis immédiatement sorti de la baignoire, ai enfilé un peignoir et suis sorti de la salle de bain pour trouver Quirrell, complètement paniqué, la main sur la poignée de la porte de sortie.
« QU'EST-CE QUE VOUS FOUTEZ CHEZ MOI?» j'ai vociféré, hors de moi, ignorant délibérément le shampooing qui dégoulinait le long de mon nez.
« S... S... Severus! a bégayé le bègue. J... je... je voulais j... juste vous pa... parler...»
« VOUS VOUS ATTENDIEZ À QUOI EN ENTRANT DANS MA SALLE DE BAIN, À ME TROUVER À PRÉPARER UNE POTION DANS LA CUVETTE DES TOILETTES?!»
« Je n... ne p... p... pensais p... pas que c'était la... l... la salle d...»
« ON VOUS A JAMAIS APPRIS À FRAPPER AVANT D'ENTRER CHEZ LES GENS?!»
Là, Quirrell a respiré un grand coup, paraissant reprendre le dessus, et son bégaiement s'est miraculeusement calmé : « Et vous, vous connaissez pas l'utilisation d... d'un rideau de douche?!»
« Je...» L'abruti m'avait coupé dans mon élan. « J'attendais quelqu'un d'autre!» j'ai répondu en désespoir de cause.
« Quelqu'un d'autre? Dans votre bain?» il a fait, un tantinet ironique.
« Oui! Euh, non!» j'ai bredouillé pathétiquement en essayant de ne pas rougir comme une adolescente. Pourquoi ma répartie légendaire me lâche-t-elle toujours quand j'en ai le plus besoin?
À mon tour, j'ai pris une profonde inspiration afin de retrouver un semblant de calme.
« Que vous vouliez-vous me dire?»
« Juste... juste que le directeur v... vous attend dans son bureau d... dès qu'il vous sera possible.»
Il mentait, il y avait autre chose. Mais je n'ai pas insisté, parce que je voulais avant tout qu'il s'en aille au plus vite à présent, et puis parce que la petite flaque d'eau qui commençait à se former à mes pieds risquait de faire boursoufler le plancher.
« Dites-lui que je ne suis pas disponible et que je le verrai demain matin.»
Sur ces mots, il m'a jeté un dernier sourire narquois avant de quitter la pièce.
Bon, faisons le point.
Mon ennemi juré au sein du corps enseignant vient de me voir 1) dans ma baignoire, 2) nu, 3) en train de chanter, 4) brandissant une pomme de douche, 5) les cheveux couverts de mousse rosâtre, 6) avec un canard en plastique jaune.
Cela fait beaucoup d'un seul coup, pour mon image de marque, je trouve.

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