Confidences et rapprochements

Bonjour! Voici un chapitre après de longs mois d'absence, non vous ne rêvez pas. Ce chapitre sera riche en avancées, en découvertes, et nouvelles relations.
J'ai mis du temps à l'écrire, car je ne savais pas comment bien décrire un moment de rapprochement sans s'éloigner du caractère de mes personnages et sombrer dans la guimauve.
Tout est fictif, même si sur le flash Back je m'inspire un peu de ce qu'on trouve dans les séries policières américaines.
Sur ce, bonne lecture, n'hésitez pas à me donner votre avis, il est le bienvenu.


Le ciel était d'un gris sombre, chargé de gros nuages, à présent, la pluie s'intensifiait et tombait à grosses gouttes. Un temps qui était décourageant pour rester dehors, mais c'était le cadet des soucis de Calliope. En ce moment, elle n'avait envie de voir personne, de se laisser enfin aller aux larmes qu'elle refoulait depuis un bon bout de temps.

Assise sur un banc, genoux serrés, elle tremblait. Pas de froid, mais à cause de ces foutues questions indiscrètes. D'être obligée de dévoiler des souvenirs déplaisants, qui avaient conduit à cette sombre tournure des évènements.
« Qu'il soit possible d'organiser une petite rencontre » Quelle mauvaise plaisanterie !
Son oncle et sa tante avaient eu beau multiplier les demandes auprès du département de la justice magique et de la prison, rien ne leur avait été accordé. Aucune possibilité pour le moment de visite, d'échanges de lettres, ou de se voir même en présence de geôliers.
Quand pourraient ils enfin réussir à se revoir, ne serait ce qu'une heure ? Juste se voir, se parler, échanger quelques photos, des faits… Comme des êtres humains normaux, une famille qui était soudée et qui souffrait de cette situation.
Dire qu'il leur était impossible de discuter par le réseau de cheminée même en se connectant outre atlantique !
Cette désagréable perspective la fit tout de suite pleurer, comme une foule de bonnes raisons accumulées.
La tête basse, une main sur ses yeux, elle ne s'aperçût pas tout de suite que Snape n'était qu'à dix mètres d'elle et l'avait suivie. Elle continua de pleurer quelque minutes avant de se tourner vers lui et de lui décocher un regard de suspicion.
- Qu'est ce que tu es venu faire ici ? Sa voix était étranglée.
- Savoir ce qui t'a mis dans un tel état. Indifférent à la pluie et au froid, n'ayant pas obtenu de réponse après un long silence, il reprit.
Ce n'était qu'une question banale, c'est vraiment stupide de pleurnicher pour si peu.

- Pour si peu? C'est bien ce que tu viens de dire? Parce que tu ne me vois comme petite idiote pleurnichant pour tout et rien?
Le regard noir qu'elle lui jeta s'anima d'une étincelle indignation profonde.
Sais tu au juste de quoi tu parles?! Tu ignore ce que c'est de vivre à plus de mille miles de son propre pays, d'être obligée de partir, laissant derrière soi une partie de sa famille!

Tu as des parents, un endroit que tu aimes, un quotidien agréable… Et un jour la vie change du tout au tout, devenant un vrai cauchemar.
Le comble, c'est que tu crois que tu en sortiras que ça finira par prendre fin… Mais ce n'est pas le cas!
Depuis cinq mois, ma petite soeur et moi, on vit seulement avec mon oncle et ma tante, sans avoir pu voir nos parents, ni échanger des lettres.

Ne pas se parler, ni se raconter ce qui se passe, passer de bons moments ensemble, ce n'est plus que le passé.
Sauf que ça laisse un vide immense dans le cœur, ça fait aussi comme si tu étais avec un bras ou une jambe en moins. Tu en souffres, tu as envie que ça s'arrête, alors des fois tu repenses aux bons souvenirs, mais c'est très douloureux! Comme de se dire que des choses se font de façon si différentes de ce qu'on avait envisagé…
Mais ça, je doute que tu connaisses ce ressenti, elle essuya son visage d'un revers de main avant de poursuivre sur sa tirade.
Toi, tu n'as pas ce genre de problèmes, oh bien sur que non, avec un père une mère qui t'aiment se soucient de toi et que tu peux voir pendant les vacances, discuter de tes amis et de tes progrès à l'école!

En entendant cette pique, Snape se raidit, à deux doigts de lui jeter à son tour une critique aussi cinglante. Mais une pensée traversa en même temps son esprit, frappante comme une évidence: Même si ils s'appréciaient, tenaient l'un à l'autre et se respectaient, ils ignoraient beaucoup de choses sur leurs familles, et leurs difficultés respectives.

Ni l'un ni l'autre n'avaient jamais pris le temps d'en parler de façon approfondie, contrairement aux moments qu'il avait partagé avec Lily quand ils s'étaient rencontrés.

- C'est ce que tu crois ! Toi aussi, tu parles sans savoir ! Mais on a quand même une part de responsabilité dans cette ignorance mutuelle, ajouta il avec amertume.

En la voyant se tourner vers les grands poteaux, secouée de tremblements, Severus comprit qu'effectivement si elle avait choisi de s'isoler, laissant en plan son cousin, c'est qu'il y avait vraiment quelque chose de sérieux là dessous. Quelque chose de lourd à porter, dans le même genre que ce qu'il rencontrait chez lui.
Il resta à la regarder s'approchant d'elle, cherchant quelque chose à lui dire. Merlin, qu'aurait fait Lily dans ces conditions ?
- Peut être préfères tu rester seule, et qu'on se voit plus tard ? Finit il par demander le plus calmement.
- Non, puisqu'à présent tu es là, autant faire avec, sur ce elle renifla, tandis que ses cheveux et sa cape ruisselaient d'eau.
En son for intérieur, Severus éprouva un petit soulagement il était venu pour la soutenir, pas pour commencer à entamer une dispute entre eux.
Il finit par s'asseoir sur le banc à ses cotés, sans savoir quoi dire ou faire : elle semblait réellement désemparée, découragée, très différente de la Calliope qu'il connaissait.
- Ça aurait été mieux que je ne vienne pas à ce foutu Afternoon tea, Slughorn ne m'aurait pas posé toutes ces maudites questions !

- Inutile de se lamenter, ce qui est fait est fait, intervînt calmement Severus. Tu as le droit de ne rien vouloir me dire si c'est ton choix , mais si tu as envie de parler.
D'un geste de la main, il la laissa se tortiller les mains, mal à l'aise et les yeux rivés sur le banc.
- Encore heureux, nota elle d'une voix tremblante.
Elle semblait surmonter la douleur causée par la question du maître des potions, et respira lentement et profondément à plusieurs reprises.
- Si tu tiens tant que ça à connaître la sacrée bonne raison pour laquelle je suis dans cet état, je ne te demanderai qu'une seule chose.
Sa voix était devenue autoritaire, et elle s'était redressée, paraissant reprendre des forces.
- Ne parle à personne de ce que je te parlerai, tu m'entends ? A personne ! Répéta elle plus fortement et menaçante.

- Évidemment, assura il avec agacement.

La pluie qui lui dégoulinait dans le cou et trempait ses vêtements était le cadet de ses soucis à ce moment. Partagé entre colère et compréhension à l'égard de la bleu et bronze, il devinait aussi qu'elle se méfiait encore de lui. Peut être même ne se confiait elle jamais aux filles qui l'accompagnaient de temps à autres, ce qui était fort probable vu son caractère distant, quelque peu solitaire.
En même temps, il en aurait fait de même sans la moindre hésitation.
- Tu me donnes ta parole, insista elle ses poings serrés, exigeant sa réponse.

- Je ne parlerai à quiconque de ce que tu me révéleras, tu as ma parole.
Alors, qu'est ce qui t'a plongé dans cet état ? Est ce lié à tes parents ?

- Plutôt au travail de mon père, débuta la petite américaine avec lenteur. Comme si elle réussirait à mieux trouver ses mots, elle regarda le ciel et les gradins vides.

Connais tu un peu les fonctionnements de la police magique ?
Devant le signe de tête du vert et argent, elle choisit de donner des indications.

- Aux états unis, le département d'archives magiques n'a pas qu'un rôle de stockage de comptes rendus ou de dossiers. Toutes les saisies effectuées sont entreposées dans des bâtiments sécurisés, avec des sortilèges adaptés.
Il peut s'agir de n'importe quoi : peau de dragons, potions appartenant à la magie noire, objets ensorcelés, balais argents ou bijoux.
Seuls des briseurs de sorts compétents et triés sur le volet peuvent se rendre dans ces lieux.
Il est possible de travailler à mi temps, entre la déposition des pièces et la poursuite des enquêtes, précisa elle.

En l'écoutant, Snape comprit immédiatement ce que ça impliquait : n'importe qui de peu scrupuleux pourrait venir se servir dans les saisies, pour son propre compte ou monter des affaires illégales.

- Alors que s'est il passé ?

- Si seulement j'avais la bonne version et pas celle qu'on m'a donné, soupira elle en se mettant à pleurer à nouveau.
Tout ce que je peux dire, poursuivit elle en essuyant avec sa manche trempée son visage, c'est que mon père et son coéquipier étaient sur des affaires où des non majs avaient été retrouvés morts. Ça paraissait anodin, jusqu'à ce que des guérisseurs non maj découvrent des poisons inconnus.
Et en même temps… un scandale a éclaté au département des archives magiques. A ces mots, son visage avait pâli et ses lèvres tremblaient.

Le lendemain d'un dépôt de compte rendu, mon père a été… accusé d'avoir dérobé des sommes importantes : deux milles dragots plusieurs fois en quatre mois !
D'être un type corrompu, qui refilait de l'argent sale, méprisable à crever, ne méritant pas sa place au sein de la police magique, acheva elle ses derniers mots à peine audibles.

C'était faux, ajouta elle avec flamme devant la mine surprise de Snape.
Comment aurait on pu le savoir, moi ma petite sœur ou ma mère ?! Ça ne serait pas passé inaperçu, des manœuvres de ce genre !
En plus, mon père a toujours été honnête ! Toujours, insista elle. Il nous disait que c'était mal de voler ou d'acheter quelque chose avec de l'argent qui n'est pas à nous. Qu'il faut dire la vérité quoi qu'il arrive.

Pourquoi aurait il été faire une chose pareille ? En plus, il… n'était pas plus que cela intéressé par l'argent.
Indifférents à la pluie qui les martelait, le visage surpris de Snape et celui tordu par l'incrédulité et la détresse de la jeune américaine, la petite fête de Slughorn semblait appartenir à un passé sans importance.
Des accusations avaient été lancées, mais ce n'était sans doute que la partie émergente de l'iceberg.

- Mais il y a eu autre chose, de bien plus grave et injuste ? Ce n'était pas un reproche, mais une constatation.
La petite bleue et bronze hocha la tête sèchement ouvrant et desserrant ses poings.
- Ça l'est assez selon toi que dans les jours qui suivent ce scandale, on s'amuse à intercepter tes hiboux et tes poubelles ? Que ce soit affiché dans « Diary's Illinois » en seconde page, avec des interviews de collègues ?
Mais bien sûr, ça ne suffit pas pour punir le ou les coupables, cria elle avec colère.
Le lundi suivant dès le matin, nous recevions un hibou du Macusa de Chicago, l'heure d'après des aurors ont débarqué, nous ordonnant de les suivre, baguettes pointées sur nous !
Comme si nous étions des criminelles, que c'était nous qui avions abattu ces non majs, alors qu'on ne savait absolument rien de cette affaire !

Nous nous sommes retrouvées toutes les trois à devoir partir de chez nous, sans pouvoir contester la décision judiciaire permettant de fouiller les lieux.
Qu'est ce qu'ils croyaient ?! Qu'on avait caché des pièces dans les murs ou des liasses dans les matelas ?!
Le visage de Snape prit une teinte un peu plus rouge trahissant son indignation. Sa mère ne lui avait jamais parlé de pareilles affaires au sein de la justice magique, bien qu'elle se soucie comme de sa première éprouvette des décisions judiciaires.

Au moins quelque chose était flagrant à ses yeux : l'injustice ne ciblait pas des personnes en particulier. Qu'on soit enfant ou adulte, on y était confrontés, sans exception.
En revanche, il n'aurait jamais cru que la justice magique d'un état puisse manquer à ce point de tolérance envers les enfants.
Curieux d'en savoir plus, il eût le tact de ne pas l'interrompre tant qu'elle n'aurait pas achevé son récit.
De fait, Calliope, souffla bruyamment avant de reprendre :

- Nous nous sommes ensuite retrouvés dans un bureau à attendre ce qu'on veuille bien faire de nous. Finalement, à onze heures, ma mère s'est vu confisquer sa baguette magique ainsi que son permis.
Comme si ce n'était pas suffisant, ils nous ont collés dans des endroits séparés, à croire qu'ils avaient peur qu'elle nous apprenne de savant mensonges, évidemment.
Sans se soucier de ce qu'on éprouvait, si on avait faim ou soif, besoin de dormir !
Et ensuite ça a été trois jours avec des interrogatoires, avant qu'ils convoquent aussi mon oncle, ma tante et mon cousin, pour faire bon poids !


Il n'y avait qu'une banquette inconfortable dans le couloir, et des employés en robe rouge sombre passaient affairés sans leur accorder un regard ou leur demander si ils avaient besoin de quelque chose.
La plus petite des fillettes avait emporté avec elle un hippogriffe en peluche, qu'elle serrait inquiète en pleurant de temps en temps.
La seconde qui devait avoir dix ans et demi n'arrivait pas à rester sagement assise aux cotés de sa mère et de temps à autres marchait à grands pas pour chasser vainement son inquiétude.
Jusqu'à ce que quelqu'un lui demande de se rasseoir. Au moins, quelqu'un avait fini par lui laisser une feuille avec un crayon de papier, mais elle n'avait aucune envie de dessiner ou d'écrire. Tout ce qu'elle désirait, c'était rentrer chez eux, qu'ils les relâchent tous.
A chaque fois que sa mère demandait à parler à un membre du personnel, on lui rétorquait que ce n'était pas à elle de demander cela mais c'était le contraire.
La politesse, l'énervement étaient totalement inutiles.
De temps en temps toutes les trois se serraient afin de se soutenir et se donner un petit peu de courage, de réconfort.
Finalement épuisées, les deux sœurs s'étaient endormies vers 20heures avant d'avoir un réveil brusque : une porte avait claqué diffusant une violente lumière.
Si ce n'était pas suffisant, un homme leur demanda avec un ton faussement gentil de les suivre, pour qu'elles puissent être un peu mieux.
Toutes deux répliquèrent qu'elles refusaient d'aller quelque part sans leur maman, ou savoir comment allait leur père.
Le policier avait ignoré leurs questions en disant que leur papa était un criminel et qu'il avait fait des choses très graves, qu'on avait pas le droit de le voir.
Calliope n'était pas dupe : à son ton méprisant, il estimait que la potion de mort était tout ce que méritaient ces ordures.
« Vous n'avez pas le droit de nous garder ainsi prisonnières ! Nous ne sommes que des enfants ! » finit elle par protester

« Mais on aurait pu vous parler d'aller faire un voyage quelque part. Ou alors d'un gros lot gagné à la tombola, bien sûr vous êtes des enfants, mais vous êtes leurs filles. Ils auraient pu vous en parler indirectement »
« Je vous déteste ! » Calliope se retenait de donner à ce sale type un coup de pied dans les tibias, alors qu'Erato demandait en pleurant à avoir à manger et voir au moins sa maman après l'interrogatoire.
Peine perdue. Il les avait mené dans une partie souterraine des locaux, où s'étendaient des cellules, aux lourdes portes de métal. Le policier les avertit qu'elles avaient des sorts hurlants, autrement dit si on cherchait à sortir ou à actionner la porte un bruit strident retentirait.
Une chance qu'ils n'aient pas ajouté des maléfices paralysants !
Après avoir marché un moment dans les couloirs, il les confia à un autre garde. Celui ci bien que surpris de devoir prendre en charge de si jeunes enfants, leur demanda cependant de les suivre.
Ils descendirent d'un niveau, et le geôlier d'un coup de baguette, ouvrit la porte d'une cellule.
L'intérieur était plus que sinistre : une petite fenêtre ensorcelée offrait la vue d'une nuit étoilée. Deux minces matelas et des oreillers paraissant inconfortables étaient collés aux murs, dans un coin il y avait un lavabo, un minuscule savon et une serviette à main.
A nouveau, l'homme agita sa baguette faisant apparaître des couvertures, et un plateau avec des bagels au fromage frais et saumon, des pommes et des gobelets en acier d'eau.
Tout était gris, beaucoup trop gris aseptisé et sinistre.
Le seul conseil qu'il leur donna avant de les quitter était de bien dormir. Quelle bonne blague !

Il n'y avait pas de détenus dans les cellules voisines, ou alors ils restaient silencieux, maigre consolation.
Le lendemain, on leur avait servi sur le coup de huit heures des pancakes caoutchouteux avec un petit pot de confiture de fraise et un chocolat tiède à peine sucré.
Une sorcière vînt les chercher, pour avoir leur versions des faits.
Elle leur précisa bien évidemment qu'on les interrogerait séparément. A cet instant, les enfants pleurèrent silencieusement devant cette abjecte perspective.
Les trois premiers jours furent rythmés entre allers et retours dans les bureaux, cellule, interrogatoires avec des photos, des copies des preuves.
Afin qu'elles ne cachent rien, pour faire « avancer l'enquête » l'usage du véritasérum à dose adaptée avait été accepté.
Les deux petites améliorations furent de pouvoir prendre quelques cookies et un chocolat dans une pièce avec leur mère. Ça avait été embrassades, larmes, questions variées, indignations contre ce genre de traitements.
Mais il leur était impossible de savoir avec précision si ils réussiraient à sortir tous ensemble de cet enfer.


-Fort heureusement, quand le reste de la famille a été convoqué, mon oncle a quand même dit ce qu'il pensait de ce genre de procédés injustes et arriérés. Elle soupira et la commissure de ses lèvres se retroussa en un léger sourire à l'évocation de ce souvenir.
Il a hurlé haut et fort que de pareils procédures étaient parfaitement inenvisageables à l'égard d'enfants, et que le service était constitué d'imbéciles sans sentiments pour oser faire ça.
- A il dit autre chose, demanda Severus curieux et écœuré par ce qu'il venait d'entendre. Se pourrait il que la justice magique de son propre pays parvienne aux mêmes fins, si des meurtres de muggles venaient à avoir lieu ?
Aurait il pu lui aussi se retrouver à Azkaban sans voir personne ?

- Qu'il porterait plainte contre mauvais traitements abusifs en haut lieu, et qu'il ne la retirerait pas quoi qu'il se passe.
Ma tante l'a soutenu, même si elle est non maj, elle leur a jeté le dossier à la figure en jetant du bureau toute la paperasse . Dommage que je n'ai pas pu le voir, cela dit ça ne leur a pas servi à grand-chose.
Ils se sont retrouvés dans le même bateau, avec aussi un mandat de perquisition, alors qu'ils n'avaient rien à voir là dedans !
Ils nous ont tous mis dans le même panier, insista elle en se rapprochant de lui, des larmes perlant au coin de ses yeux.
Avec lenteur, elle tendit sa main dans sa direction. Était ce vraiment le moment adéquat ? Déjà que le contact physique était franchement quelque chose qui lui posait problème et de longue date.
Entre l'absence d'étreintes affectueuses, de bisous, de caresses de la part de sa mère et les éventuelles gifles qu'il pouvait recevoir de son père, un contact s'apparentait presque à une agression.
Même avec Lily c'était presque insurmontable, il leur avait déjà fallu tant de temps pour réussir à trouver une distance acceptable, parvenir à se faire confiance…
Dans le meilleur des cas, il tolérait qu'elle le prenne par la main ou le tire par la manche pour lui montrer quelque chose.
Et voilà qu'il se retrouvait avec cette fille qui était juste à côté de lui et avait agrippé sa cape !
Si la situation n'était pas aussi triste, il l'aurait sans le moindre doute repoussé sèchement en lui demandant de ne pas la toucher, mais là…

Elle était dans une telle détresse, presque prête à toucher le fond si personne ne lui accordait un tant soi peu de réconfort. Tout ce qu'elle cherchait, c'était un simple contact, une présence fiable et rassurante.
Elle s'était tue, repensant probablement à cette sombre période, que jamais elle n'aurait eu à traverser selon le petit serpent.

Si il avait ses difficultés avec ses parents qui se détestaient et ne voulaient pas divorcer, les châtiments corporels, les conflits c'était d'un chaudron aussi immonde et vil ce genre de traitements.
Bien sûr, même avec le reste d'une famille qui vous aimait ça devait être plus facile, mais ça devait laisser des blessures difficilement cicatrisables.
Avec lenteur, elle releva la tête plongeant son regard bleu dans le sien, avec une faible lueur de colère.
- Comme tu dois t'en douter, ils ont aussi refusé de relâcher ma mère. Parce qu'elle est apothicaire et que des trafics avec des sorciers fichés au bureau des Aurors ont eu lieu là bas. Il manquait aussi des ingrédients rares.
Malgré le véritasérum, les faits établis, il n'y a rien eu à faire, rien !
Ces dorcas voulaient « faire un exemple ! »Prouver que quiconque enfreint la loi en risquant de violer le secret du monde magique sera impitoyablement châtié !
Ils s'en contrefoutent on ne peut plus de l'innocence de ceux qu'ils arrêtent ! Tout ce qu'ils veulent, c'est donner l'impression que la situation est sous contrôle !
Elle renifla, et approcha sa tête, respirant lentement et profondément, sans se douter du malaise croissant de son confident.
Celui ci au prix d'un grand effort réussit à ne pas bouger ou se dégager, et trop intrigué par ces faits posa enfin une question qui lui brûlait les lèvres.
- Et personne ne s'est bougé dans la famille de ta mère ?

Calliope eût un petit rire amer, ses épaules tremblant lègérement avant de répondre :

- Comment veux tu que quand on habite au Tamaulipas, près d'une petite ville comme Abasolo, ils soient informés ?
Pas loin de la sierra, sans qu'on leur envoie un hibou car c'est une affaire nationale qui ne regarde pas le Mexique.
Ses larmes tombèrent à nouveau sur son visage, elle semblait trembler de froid, entre le temps et leurs vêtements trempés comme si ils venaient de tomber dans le lac.
Mais ni l'un ni l'autre ne paraissait incommodé par les caprices du temps.
- On nous a conseillé de quitter le pays. Deneb nous a dit de n'aller ni au Canada ni au Mexique, le Macusa a des aurors infiltrés là bas aussi selon lui.
C'était impossible de rester, avec un cas comme celui là, ils auraient transmis le signalement dans n'importe quel état : Indiana, Floride, Nevada… Ils nous auraient reçus froidement, sans plus d'égard que des veracrasses ou des chiens galeux !

Il ne semblait pas faire bon vivre dans ce pays, malgré les quelques avantages dont avait entendu parler Snape. Si les gouvernements et les services de justice de police magique étaient de la sorte excessif, autant marcher le plus droit possible et ne pas se faire remarquer.
Calliope lâcha une dernière phrase, à mi voix.
- Alors… Est ce que selon toi, avec cette « question banale » il n'y a pas une bonne, voire excellente raison de s'effondrer ? De ne pas avoir envie de casser tout ce qui te tombe sous la main, de hurler et réussir à continuer à vivre ?
Et crois tu vraiment que je te mentirais, ajouta elle avec hargne.
- Plus maintenant. On ne se connaît que très peu, mais tu es aussi franche qu'une Hufflepuff, directe. Je suis bien placé pour le savoir, et il y a d'autres moyens de se faire remarquer…
Il pensa avec dégoût à James et ses comparses en disant cela. Ces abrutis seraient bien foutus de trouver un prétexte pour lui rendre la vie plus dure dans pas longtemps…

- Merci de m'avoir écouté sans m'interrompre, dit elle d'une voix tremblante.
D'être aussi resté à mes côtés, je t'en suis vraiment reconnaissante, insista elle en serrant sa cape.
- Ne me remercie pas, marmonna il avec embarras.
Après tout, après ce que tu as fait et ce que j'ai entendu, tu en avais besoin, rétorqua il comme si il s'agissait d'une évidence aussi flagrante que deux et deux font quatre.
Il se sentait aussi flatté d'avoir autant d'importance aux yeux de quelqu'un d'autre que Lily ou son directeur de maison. Jamais a part le jour du départ à Hogwarts, elle ne lui avait parlé ouvertement de ses difficultés avec sa sœur, avait eu autant besoin de sa présence.
Pas comme cette jeune américaine ! Elle s'était contentée de vider son sac, de sa présence et d'un tout petit peu de proximité sans se montrer invasive comme d'autres filles avec leurs embrassades entre copines.
Il devrait quand même dissiper un point : lui, n'avait pas la famille qu'elle s'imaginait. Si elle connaissait son quotidien, ça l'indignerait autant sans doute.
- Il n'empêche que grâce à toi, je me sens un tout petit peu mieux et…

Son discours fût interrompu par un ululement et des étincelles vert lancées dans le ciel.
Manifestement on les cherchait, autant repartir au château, il devait être presque l'heure de dîner.
D'autant qu'ils avaient besoin de se sécher et d'enfiler des vêtements secs le plus vite possible.

Par chance, les marches n'étaient pas glissantes, mais de larges flaques de boues s'étaient formées.
Au moment où ils les contournèrent, seuls juste encore quelques minutes, Snape se jeta à l'eau.
- Juste une dernière chose : Tu te trompes à mon sujet. Mes parents sont loin d'être aimants et attentifs. Parfois, je me demande si je ne suis pas à leurs yeux un fardeau qui les force à rester ensemble, même si ils se disputent souvent.
Calliope fronça les sourcils devant cette confidence inattendue, mais s'en contenta et ne demanda pas plus de renseignements. Il choisirait de lui même de lui en dire plus seulement quand il se sentirait prêt pour cela.


Alors que la pluie commençait à tomber avec moins de violence, des nuages sombres à l'horizon marquaient le crépuscule naissant.
A l'entrée du stade, Walker marcha vers eux essoufflé à grandes enjambées, Rumeur sur son épaule qui ululait de fatigue. Visiblement il avait du faire toutes les cachettes possibles pour voir si sa cousine allait bien.
Tenant un large parapluie bleu, il souffla de soulagement en les apercevant à trois mètres de lui.
Sans réfléchir, il jeta son parapluie et étreignit Calliope sans un mot, cette dernière le serra à son tour dans les bras. Elle devinait son inquiétude, sa fatigue, et le nombre de personnes qu'il avait du interroger pour elle. Son étreinte dut lui faire comprendre que ça allait un peu mieux, même si elle était encore secouée par ce qui s'était passée.
Puis ils se dégagèrent. Walker posa alors ses yeux sur Snape, laissant un petit moment de tension, propice à une altercation. Mais le bleu et bronze se contenta d'ouvrir son sac et de leur tendre deux petites tablettes de chocolat aux noisettes.
Surpris, Snape prit la friandise, sans un remerciement.
- Tu as du rester avec elle, je présume ?
- Ça te pose un problème ?
- Bien sûr que non, au contraire, je t'en suis franchement reconnaissant. Tu as bien été le seul à se soucier un tant soi peu d'elle après l'indélicatesse de Slughorn. Des types comme toi sont rares.
- Tu avoueras aussi que je peux sans doute être disons… décourageante pour ce qui est de m'approcher, modéra sa cousine.
Mais je suis d'accord sur ce fait : rares sont les types aussi attentifs.
Walker étendit son bras et serra sa cousine contre elle. Très vite, ils se remirent en marche sans trop parler, sous le parapluie assez grand pour trois.
Sur le chemin du retour, avec brusquerie, Walker alla droit au but.

- Elle a du te parler du pourquoi nous sommes ici et non à Ilvermorny.
- En effet, approuva sèchement Severus. Et bien que ce soit dur à croire, je la crois, et ça restera entre nous.
- Content de te l'entendre dire. Ce qui s'est passé est bel et bien la réalité, et il est inutile de s'étendre plus sur le sujet ce soir. Mais c'est quelque chose de strictement confidentiel, qui ne doit être révélé à quiconque.
A quiconque, c'est assez clair ? Inutile qu'on nous remarque encore plus, au contraire de Black ou Potter, d'autres aspirent à être juste des écoliers comme les autres avec leurs loisirs.
- Je sais où est la différence entre des discussions anodines, et celles qui sont privées chargées d'importance. Mais je te demanderai la même chose, précisa Severus d'un ton catégorique, ses yeux noirs étincelant de détermination.
L'échange s'arrêta là, le trio continua sa petite route vers le château, avec pour but de passer d'abord à l'infirmerie, quitte à supporter les remontrances de Madame Pomfresh devant leur incroyable imprudence.
Mais il y avait quelque chose de changé entre eux, un rapprochement se faisant lentement mais progressivement.
D'un côté, la jeune américaine avait réussi à trouver quelqu'un à qui ouvrir son cœur, et un ami fiable. Snape lui se rendait compte qu'il n'était peut être pas le plus populaire de sa classe mais était quand même capable de réussir à avoir des amitiés, du soutien de la part d'autres élèves, à des moment inespérés. Enfin, la rencontre entre lui et Walker avait brisé un peu plus la glace entre eux, laissant place pour l'instant à un respect et de la tolérance mutuelle, mais peut être cela pourrait il déboucher sur des rapports plus cordiaux…

A suivre