Hands on hands, facing each others. No more storm, there's no devil here.

Merci à :tout ceux qui m'ont permis de devenir celle que je suis aujourd'hui.

Don't you know, Mary is gone : J'ai mis si longtemps à écrire à nouveau, si longtemps à me replonger dans cette histoire en particulier. Note finale pour des explications, je ne vous retiens pas plus longtemps.

Bonne lecture !


Wizard's Hunt

Chapitre treize

Peur


Deux verres d'eau en main, je me dirige vers le salon d'un pas mal assuré. Malfoy, installé dans le fauteuil près de la cheminée, observe mon intérieur d'un air critique. Je pose un verre sur la table d'un geste plus brusque que je ne l'aurai voulu.

Son regard se pose sur moi, interrogatif. Je me racle la gorge mal à l'aise alors que je m'assois sur le canapé face à lui. Je bois doucement mon eau, ne sachant quoi dire. Après tout, il est venu pour avoir cette conversation, c'est à lui de commencer.

Il soupire bruyamment, passant une main dans ses cheveux. J'entrevois un instant sa fatigue derrière la façade éternellement parfaite.

« Pourquoi tu es parti hier ? »

Je hausse les épaules. C'était simplement trop d'informations pour moi, trop tout court. J'avais besoin de temps, de calme pour réfléchir. Je me contente de répondre que je me suis senti submergé. Il penche la tête d'un air curieux, m'étudiant du regard comme si j'étais un animal particulièrement étrange.

« De quoi as-tu peur, Potter ? »

La question me prends de court. Il a visiblement décidé de ne pas y aller par quatre chemins. Je détourne le regard, buvant pour gagner du temps. Je sens son regard posé sur moi, suivant chacun de mes mouvements, Je ne peux plus fuir.

« Je ne sais pas. »

Ma voix s'éteint, ne pouvant soutenir ce mensonge éhonté. Ce n'est pas que je ne sais pas, bien au contraire. C'est que je ne saurais par où commencer. J'ai peur de tellement de choses depuis ce soir où sur une impulsion je me suis invité à sa table.

Le reste s'est enchaîné sans que je n'y prenne garde. J'ai juste laissé les événements m'échapper, ne sachant quoi faire de tout ce que je ressentais. Un verre, deux verres et au troisième, plus rien n'a d'importance, n'est ce pas ?

Je ne voulais pas me retourner, réfléchir aux conséquences de mes actes, de cet embryon d'histoire entre nous. J'ai peur de toutes les choses que je n'ai osé affronter. Peur de ne pas savoir où aller, de connaître déjà la fin de l'histoire. De ce que je vois dans ses yeux et encore plus dans les miens.

J'ai peur de ses mains parce que j'ignore ce que j'aime le mieux. Qu'elles me frappent ou m'embrasent. De ses lèvres murmurant mon prénom dans le noir. De l'intimité de ces deux syllabes s'étirant dans le silence de la nuit.

Si je me retourne, sera-t-il encore là ou s'évaporera-t-il comme un énième souvenir ? J'ai peur de ce qui a été mais encore plus de ce qui pourrait être. Plus que tout je suis terrifié à l'idée que tout ceci n'existe que dans mon esprit.

Que cet enchevêtrement d'émotions ne soit que mien, que pour lui tout ceci ne soit qu'un jeu, une simple distraction dont il s'est déjà lassé. Que tout ce que j'entrevois entre nous n'existe que dans mon regard, que la réalité soit bien plus froide et brutale.

Un verre, deux verres et au troisième plus rien n'a d'importance, après tout. Pourquoi tout ceci en aurait la moindre pour lui ? Pourquoi ne puis-je simplement m'éloigner et dire que ce n'était qu'une simple parenthèse ?

Parce qu'il est là, attendant patiemment que j'ouvre la boîte de Pandore, que je continue cette danse insensée où ne cessons d'avancer et reculer, s'échappant tout autant que nous nous poursuivons. Le froissement de son costume chic à mes côtés mais je n'ose me retourner.

J'ai peur de ce que je verrais dans ces lacs argentés, peur de m'y perdre à jamais. De cette fascination qu'il n'a jamais cessé d'exercer sur moi. J'aperçois du coin de l'œil sa main posée sur sa cuisse. Ses longs doigts pâles tapotant sans bruit un rythme connu de lui seul.

Le silence s'étire, épais et poisseux. Il scelle mes lèvres tout aussi sûrement que ses baisers ont su le faire la nuit dernière. Il déglutit et ça sonne comme un blasphème alors que les souvenirs défilent. J'ai peur de tout. Elle est là, la terrible vérité.

J'ai peur d'assumer mes opinions alors que je me cache derrière Olivar pour le faire. Peur de décevoir mes amis alors je prétends être un autre. Un qui se couche sagement à dix heures après un restaurant raisonnable et aime les brunchs bruyant et surpeuplé du dimanche.

Mais plus que tout, j'ai peur de qui je suis réellement. Alors je bois et évite à tout prix mon propre regard. Ce n'est pas aux autres que je mens, c'est uniquement à moi. C'est pour moi que j'ai érigé tout ces murs entre mes différentes identité.

Harry l'ami fidèle et raisonnable, Olivar le fêtard désabusé et Potter le joyeux ami des Serpentards. Et entre tous ces masques j'en ai perdu l'originel. A-t-il existé un jour ? Question que je n'ose me poser qu'au plus noir de la nuit quand tout semble de toute manière déjà effrayant.

Au milieu des ombres, la vérité n'apparaît plus si terrifiante. Et qu'importe si je tremble, nul ne peut le voir. Mais la nuit est encore loin et le courage m'a toujours manqué pour ce genre de choses. Celles qui demandent plus de réflexion que d'action. Plus d'intimité que de bravoure.

Rien n'est plus paralysant à mes yeux que d'admettre son intérêt, que quelque chose importe. Alors je me tais encore quand ses long doigts s'entrelacent aux miens avec délicatesse. Je le laisse faire, tremblant légèrement alors que de son autre main, il me force à lui faire face.

« Ce n'est pas grave. »

Il a un sourire triste et le regard lointain. Une vague secousse et le revoilà, aussi imperturbable que jamais, comme si cet instant n'avait jamais existé. Ses doigts relâchent les miens et un instant la terreur m'étreint jusqu'aux os. A cet instant, je sais, avec une acuité douloureuse.

« Que tu fuis. J'ai peur que tu fuis... »

Parce que c'est ce que les autres ont toujours fait. On me fuyait à chaque fois que je m'ouvrais un peu trop. J'étais ce gosse bizarre qui prétendait vivre dans un placard à balais, qui sursautait au moindre bruit, qui avait peur de tout.

Alors j'ai tout enfoui et ai cessé d'essayer. J'ai couvert les pleurs par les rires, parlé de tout et surtout de rien. J'ai gardé mes blessures pour moi, taisant tout ce qui m'importait réellement. Agis et avancé parce qu'il le fallait bien. On ne peut jamais qu'avancer, n'est ce pas ?

Pourtant je sens les mots s'agiter dans ma gorge, magma indistinct de souvenirs et d'émotions trop longtemps ignorés. Près de toi, les maux cherchent à s'échapper de ma gorge, lacérant mes cordes vocales. Il suffirait d'un instant d'inattention pour qu'ils s'enfuient enfin.

Et tu me regardes interloqué, ta main ayant repêché la mienne avant même que celle-ci ne s'abaisse, vaincue. Tes doigts serrent les miens, réponse muette à mes murmurres. Tu secoues la tête et ris, incrédule.

« Pourquoi fuirais-je ? »

Et soudain le voilà, aussi surprenant qu'une éclipse imprévue : ton sourire. Immense, radieux, le genre de sourire impossible à feindre qui transforme toute la physionomie. Tu as l'air soulagé, comme si un poids immense venait de quitter tes épaules.

« Si je voulais fuir, pourquoi serais-je venu ? »

Je hausse les épaules, incapable de contrer cette réplique d'une logique redoutable. Mes muscles se relâchent alors que mon rire se joint au tien. Mes peurs semblent stupides, enfantines, tout à coup. Je n'ai pas toutes les réponses mais ça n'a plus d'importance.

Parce que tu es là, n'est ce pas ? Tu es venu et ce fait en dit suffisamment. Nous ne sommes plus les adolescents que nous étions, nous sommes adultes désormais. Nous n'avons plus à prétendre que cette attraction n'existe pas, plus maintenant.

Nous n'avons pas besoin de tout savoir parce que d'autres nous scrutent, prêt à nous juger. Nous pouvons simplement l'explorer à notre rythme, sans chercher immédiatement à le comprendre. Ce peut être léger et facile comme nos rires mêlés.

Je le réalise soudain alors que tes lèvres capturent les miennes. Aussi simplement que ça. Et je réponds à ton baiser. Aussi simplement que ça. Luna avait raison, après tout. Au pire, qu'est ce que je risque ?

C'est peut être ça le truc, il est peut être temps que je prenne un réel risque. Que j'envoie tout ce que je croyais savoir sur moi se faire foutre et que j'essaye quelque chose de différent. Peut être qu'il est temps que je sache enfin qui je suis réellement.

Temps que je lâche prise et m'autorise à simplement vivre sans m'inquiéter de ce qui adviendra. Que j'arrête de fuir et que j'affronte ma peur des autres. Cela paraît soudain facile, là, près de toi alors que nos corps s'effondrent sur mon lit et que nos vêtements s'éparpillent sur le sol.

Je ne sais même pas comment cela a pu arriver et je m'en fiche. C'est arrivé, c'est tout. Et nos corps se mêlent. Et le souffle me manque alors que ton regard soutient le mien, pénétrant en moi jusqu'à mon âme. Je jurerais à cet instant que tu sais. Tout. Tout ce que je cache et tout ce que j'ignore encore.

Qu'un seul coup d'œil t'a suffit pour tout connaître de mon être. Etrange pensée que je chasse d'un coup de rein brutal. Je ferme les yeux et laisse mon corps prendre le contrôle. M'oubliant dans le plaisir, dans tes dents mordants ma chair avec tendresse, dans tes mains n'ayant jamais quitté les miennes. Me maintenant près de toi, dans le moment présent.

Nos corps se détachent alors que la nuit étends son ombre sur la ville. Comme cette nuit quelques semaines plus tôt chez lui, ma tête reposant sur son torse, l'une de ses mains étreignant toujours la mienne. Les mots s'échappent dans le silence, j'admets ces failles qui me terrifient le jour.

Il écoute patiemment, sans jugement, alors que j'expose les parts les plus vulnérables de mon être. Son pouce caressant le mien avec douceur, apaisant tellement de cicatrices invisibles par ce simple geste. Et c'est ainsi que nous nous endormons. Aussi simplement que cela.

A suivre ...


Posté le 15 Novembre 2022 à environ 18h56.

J'ai passé le mois de Septembre avec cette impression persistante que quelque chose de grave allait arrivé, une alarme résonnant au fond de moi alors que tout allait pour le mieux. Et mon instinct ne m'a pas trompé. Octobre fut un cauchemar que j'ai cherché à fuir par tout les moyens. Je me suis perdue dans l'alcool, la drogue, le sexe, la fête, me vautrant joyeusement dans mes anciens démons pour ne pas affronter ma nouvelle réalité. Jusqu'à ce que je ne puisse plus fuir et que je réalise que je n'avais pas d'autres choix que le faire.

J'ai passé des heures sur mon canapé, brisée, laissant mon appartement et ma vie à l'abandon. Désertant les autres, mes mondes imaginaires, me prenant juste de plein fouet ma propre douleur. Et puis un pas à la fois, j'ai récupéré les morceaux, j'ai plongé au plus profond de moi puisant dans chaque part brisé de notre être pour trouver la force de remonter dans le monde réel. Et me voilà aujourd'hui, écrivant à nouveau pour la première fois en deux mois.

J'ai changé, j'en ai conscience, il y a un avant et un après ce mois d'octobre. Les cartes ont été rebattues et celle qui nous guide aujourd'hui n'est plus Mary. C'est moi et j'ignore qui je suis. J'ignore énormément de choses mais j'existe, je suis là, je suis réelle et j'écris. C'est tout ce qui importe.

Alors merci de me lire, en espérant que ça ne vous a pas déçu après cette longue attente.

A la prochaine, les chatons !

Mary (is gone)

"Life is a solitary road that I'm not scared to take. I don't need his hand on mine."