- Comment tu espères nous faire sortir d'ici ? La magie ne fonctionne pas !, fit Harry, calme, debout dans sa cellule.
- Je sais. J'ai prévu un petit quelque chose pour ça, répondit-elle en fouillant dans la poche de sa veste. « Ah. C'est là. Comment ça marche, ce truc… »
Elle en sortit un kit de crochetage de serrure moldue. Un large sourire s'étendit sur les visages de Harry et Newton.
- Mais tu as trouvé ça où ?, demanda Newton. « Je ne savais pas que tu avais ce genre de connaissances… Attends, laisse-moi faire », lui dit-il, en la voyant qui peinait à crocheter sa serrure.
- Chez mon père. Il a tout un tas de bricoles moldues. Je lui ai demandé s'il n'avait pas quelque chose qui ouvre les portes. J'ai cru que c'était un instrument de torture, mais apparemment, ça marche. Eh, Bodstrom, je ne savais pas que tu avais ce genre de compétences…, s'amusa-t-elle, alors qu'il faisait tourner le verrou de la serrure de sa cellule.
Harry affichait un air étonné, lui aussi. Newton lui jeta un regard éloquent.
- Disons que j'ai eu des loisirs, quand j'étais plus jeune.
- Sacrés loisirs, en effet. Ceci dit, quand j'étais gamin, ça m'aurait été utile. Merci », fit-il, lorsque les barreaux de la porte tournèrent sur leurs gonds./p
- Bon, maintenant, il faut sortir d'ici. Et trouver vos baguettes. Comment on fait ?, lança Ginny, en glissant une carte de visite de Lancaster entre les doigts du type endormi.
- Parce que tu n'a pas d'idée ?
- Je ne savais pas à quoi m'attendre !, rétorqua-t-elle, en examinant la grille enchantée qui leur barrait le chemin. « Déjà, je vous ai fait sortir. De rien, les gars ».

- Ok, ok, merci, Ginny, firent-ils tous deux.
Newton soupesa la grille. « Trop lourd », jugea-t-il. Harry testait l'un des murs en tapant du poing dessus. « Eh, ici...ça sonne plus creux ». Newton et Ginny s'approchèrent. « Mais enfoncer ça à l'épaule, même à trois, ça ne passera pas », constata Newton, en passant la main sur la pierre.
- Tu as autre chose dans ton attirail moldu ? Ce serait le bon moment, fit Harry.
- Attends voir... j'ai encore quelques trucs que mon père m'a filé... Tiens, ça.
Elle leur tendit deux grenades. L'une des deux était dégoupillée.
- Ah, tiens, il y a un machin qui m'est resté dans la main... regardez..., fit-elle, en faisait tourner un petit anneau de métal autour de son doigt.
- Nom de dieu ! À couvert !
D'un même geste, Harry et Newton jetèrent les grenades contre le mur en poussant Ginny.
Eh... Douce...
Au guichet central des geôles, l'agent de sécurité ressentit une légère secousse. « Foutus dragons », soupira-t-il.
Il leur fallut quelques secondes avant de se remettre debout. Harry, Newton et Ginny avaient les oreilles qui sifflaient et de la poussière sur le visage. Grimaçants, ils repoussèrent les gravats, et se précipitèrent dans l'ouverture, chancelants. Leurs silhouettes étaient aussi grises que la muraille qu'ils traversaient.
- Oh.
- Oui. Oh.
- On va essayer de ne pas faire de bruit. Pas de bruit.
- Qu'est ce qu'il disait, déjà, Charlie ? Ah oui. « Pas si con, un dragon ».
- Ta gueule, Ginny.
Un dragon endormi leur faisait face. L'animal, énorme, prenait la moitié du cachot à lui seul, même s'il s'était recroquevillé dans son sommeil. Fascinés, ils n'avaient d'abord pas fait attention au reste de la pièce.
- Des Abraxans ! De vrais Abraxans ! Je croyais qu'il n'y en avait plus en Angleterre, fit Ginny, les yeux grands ouverts.
Les grands chevaux ailés se tenaient les uns contre les autres, près du mur opposé au dragon.
- Si, il y a toujours des courses illégales.
- Et tu sais ça comment, Bodstrom ? Tes loisirs ?, lança Harry, qui s'approchait prudemment des créatures magiques.
- J'ai un bookmaker pour les matchs de foot. Il peut trouver des cotes sur à peu près tout.
- Ça veut dire que ça peut se dresser ?
- Pas vraiment. Ça fait partie du charme des courses. Apparemment on ne sait jamais si les pilotes arrivent au bout./p
- Allez, on tente...
Pas à pas, Harry avait réduit l'écart, Newton et Ginny sur ses talons. Il s'arrêta, sans rompre le contact visuel avec l'une des créatures. « C'est notre porte de sortie. Si on peut en monter un, ce serait parfait. Ils sont costauds. Allez, comme moi. Doucement. On incline la tête, sans cesser de les regarder. Tendez la main. Il faut qu'il vienne à nous ». Ginny et Newton l'observaient. L'Abraxan s'était approché, jusqu'à renifler sa paume ouverte. Précautionneusement, Harry posa la main sur l'encolure. « Vous voulez autant que nous partir d'ici. Être libre, hein... », fit-il, en passant ses doigts sur les cicatrices encore fraîches sur la robe grise. « Je ne sais pas ce qu'on t'a fait avant, mais tu as l'air d'avoir souffert, bonhomme. Allez, on y va. On va prendre l'air ».
D'un mouvement ample, il se hissa sur le cheval ailé, qui battit des sabots quelques secondes. Ginny sourit. Il avait toujours eu un don avec les créatures magiques. Surtout celles qui étaient maltraitées, mal considérées. « Allez, montez », fit Harry, en tendant le bras. Ginny et Newton réussirent à grimper, sans froisser les plumes de l'animal.
- Et maintenant ?
- Maintenant, on monte, fit Harry, en pointant du doigt le minuscule dôme de lumière, tout en haut.
L'Abraxan comprit la tape amicale, et s'élança dans les airs. Ils atteignirent rapidement le cercle de verre. Newton avait le teint cireux. Il enroula son écharpe autour de son bras, et cogna contre la vitre. Au troisième coup, un carreau céda.
- Plus vite, Bodstrom, plus vite... Le vol stationnaire c'est pas terrible, en Abraxan, je ne vais pas pouvoir le maintenir longtemps !
- Je fais ce que je peux, Potter !
Le blond tentait visiblement de contenir des haut-le-cœur. Des morceaux de verre étaient tombés au sol, chatouillant le dragon dans son sommeil. Celui-ci ouvrit complètement les yeux lorsqu'une bourrasque d'air frais s'engouffra dans le cachot. Ginny s'était mis à cogner elle aussi, avec furie, pour agrandir le passage. Ça restait étroit. Le dragon remua ses écailles en tournant la tête vers eux, curieux, et attiré par les bruits de la ville. Il battit des ailes, une fois, deux fois.
- Maintenant !, hurla Ginny.

La gerbe de flammes leur roussit l'arrière des vêtements et le poil du cheval ailé alors qu'ils s'envolaient dans le ciel gris de Londres. Quelques secondes plus tard, ils avaient dix balais volants, un troupeau d'Abraxans et un dragon aux trousses.