Bonjour !
Voici donc l'épilogue de cette petite histoire, j'espère que ça vous a plu ! Et un grand merci à Angelica, Almayen, Marina et FTTH.87 pour vos reviews !
À toi pour toujours
Épilogue
oOo
Jaime déboula à l'intérieur de l'auberge sous le regard médusé du propriétaire, Tyrion sur les talons, et ne prit même pas la peine de lui adresser la parole, ne serait-ce que pour demander son chemin.
Il savait très bien dans quelle chambre était Cersei, et n'eut aucun mal à la retrouver, comme si trente minutes étaient passées depuis la dernière fois qu'il y était entré au lieu de plusieurs décennies.
Il ouvrit la porte de la chambre en question et se figea sur le seuil.
La pièce était éclairée de plusieurs bougies. Deux silhouettes étaient allongées sur le lit et semblaient dormir paisiblement, mais l'une d'entre elles se redressa.
Un sourire fendit les lèvres de Cersei.
« Jaime. »
Bouleversé, Jaime battit des paupières et, comme s'il sortait d'une transe, se précipita au chevet de sa sœur, s'agenouillant sur le sol et prenant sa main dans la sienne. Tyrion se posta dans un coin de la chambre, soucieux de leur laisser de l'intimité.
« Je savais que tu viendrais, » murmura Cersei d'une voix faible.
Elle avait changé, c'était indéniable, ce qui horrifia Jaime : elle était si maigre qu'il était certain qu'il pourrait voir ses côtes si jamais elle retirait sa chemise de nuit.
Cersei jeta un œil à Tyrion et hocha la tête d'un air approbateur.
« Merci. »
Tyrion se mordit la lèvre.
« Je t'en prie. »
Jaime fut pris en dépourvu par cet échange.
« Qu'est-ce que ça veut dire ? »
« Je... j'ai envoyé une lettre à Tyrion, pour lui expliquer ce que j'avais l'intention de faire, et pour lui demander de t'accompagner et de te soutenir. »
« Mais... » commença t-il à protester, se tournant vers Tyrion, l'air blessé.
« Jaime. Ne lui en veux pas... je lui ai indiqué de ne rien te dire, pour ne pas t'influencer. Je... »
Une violente quinte de tout l'obligea à s'interrompre. Jaime posa deux doigts sur son front – elle était brûlante. Le soupçon de colère qu'il avait ressenti s'évanouit aussitôt.
Pour la première fois, son regard dériva vers la fillette blonde qui était allongée à côté de Cersei et dormait profondément.
« Est-ce que... » commença t-il.
« Oui. C'est ta fille. Leliana. »
« C'est... c'est joli. »
Sa gorge était tellement nouée par l'émotion qu'il pouvait à peine parler, alors il serra sa main un peu plus fort.
« Je te croyais morte. »
« Je sais. »
« Pourquoi est-ce que tu n'as jamais donné de signe de vie ? »
Cersei poussa un long soupir.
« Je t'ai attendu, au début, dans les semaines ayant suivi la chute du Donjon. J'ai vendu mes bijoux, teint mes cheveux, et je me suis réfugiée dans une auberge... mais tu n'es jamais venu. Et, quand la nouvelle de ton mariage a fait le tour de la ville, j'ai véritablement compris que tu ne viendrais jamais. »
La honte le submergea une nouvelle fois. S'il n'était pas déjà à genoux sur le sol, il se serait certainement effondré. Il remarqua cependant sur la table de chevet la présence du collier qu'il lui avait offert lorsqu'il l'avait demandée en mariage. Ce bijou là, elle ne l'avait pas vendu. Une pierre lui tomba dans l'estomac.
« L'argent est venu à manquer, bien sûr... alors... alors il a fallu que je trouve un moyen de nous garder en vie, moi et le bébé dans mon ventre. »
Nouvelle quinte de toux. Jaime ne lui demanda pas ce qu'elle avait dû faire : il avait compris, il avait compris à l'instant où Tyrion lui avait lu la dernière lettre.
La jalousie lui semblait tellement futile, à présent.
« Ces... ces hommes. Etaient-ils corrects avec toi ? »
Elle lui caressa la joue du pouce.
« Certains l'étaient. D'autres pas. »
« Je suis désolé. Je suis tellement désolé, je... »
Elle posa un doigt sur sa bouche pour l'interrompre.
« Je sais... mais écoute-moi. Je... je t'ai écrit toutes ces lettres pour que tu te souviennes à quel point tu m'aimais... pour que tu viennes. »
Il attendit qu'elle poursuive, le cœur cognant dans sa poitrine.
« Je... je suis fatiguée, Jaime. Je tombe sans arrêt malade, et mes forces m'abandonnent un peu plus chaque jour. Je ne peux plus faire ce que je faisais... non pas que quiconque veuille encore de moi. Je n'ai presque plus d'argent... je ne pourrai bientôt plus garder Leliana en vie. »
D'un signe de tête, Cersei fit signe à Tyrion d'approcher. Il s'exécuta immédiatement.
« Je veux... je veux que vous l'emmeniez avec vous. Je l'ai prévenue que vous alliez venir la chercher... elle est au courant, même si je ne crois pas qu'elle sache ce que cela signifie exactement. Je veux... je veux qu'elle soit élevée par son père et son oncle. »
Jaime et Tyrion échangèrent un regard.
« Mais... et toi ? » demanda Jaime.
Cersei sourit tristement.
« Toutes ces années, je me suis battue pour Leliana... parce qu'elle était tout ce qui me restait. Mais sans elle, je n'aurai plus rien. Je... je n'ai plus la force de vivre... »
Elle toussa de nouveau, comme pour ponctuer ses paroles. Pour la démentir, Jaime se pencha et cueillit ses lèvres d'un tendre baiser, qu'elle lui rendit malgré sa surprise.
« Tu m'as moi. Je... je n'avais pas besoin de me souvenir que je t'aimais, parce que je ne l'ai jamais oublié. »
Sa jumelle semblait prise au dépourvu.
« Mais... et Brienne ? »
« J'aime Brienne, et je l'aimerai toujours... mais je l'aime comme une amie. Pas comme je t'aime toi. »
Il l'embrassa dans le creux du poignet et murmura :
« Je suis à toi pour toujours. »
Les larmes aux yeux, Cersei se retrouva à court de mots. Tyrion lui prit alors l'autre main et la serra.
« Viens avec nous, Cersei. Nous nous installerons au Roc. Nous pourrons enfin être une vraie famille, tous les trois, et nous élèverons Leliana ensemble. »
Jaime déposa mille baisers sur son front, ses joues et ses paupières.
« S'il te plaît, mon amour. Viens avec nous. »
Cersei pleurait, à présent, et Jaime essuya ses larmes avec toute la tendresse du monde.
Elle acquiesça.
.
Le lendemain matin, Jaime souleva Cersei et c'est avec elle dans les bras qu'il quitta l'auberge. Juste derrière eux, Tyrion donnait la main à Leliana, qui, les yeux écarquillés par la stupeur et la curiosité, se demandait probablement d'où sortaient ce père et cet oncle tombés du ciel.
Jaime savait qu'à l'avenir, il ne ressentirait plus autant de nostalgie lorsqu'il repenserait à tous les souvenirs qu'avaient éveillé en lui les lettres de Cersei.
Des souvenirs heureux, ils allaient en créer de nouveau, et cette fois, il ne laisserait plus rien les séparer.
Il s'en faisait la promesse.
