Auteur : Nicole Pavlovna

E-mail : deneb_0@hotmail.com

Disclaimer: rien de tout ça n'est à moi, bien sûr, ça se saurait, excepté les nouveaux lieutenants, le général Lee, l'intrigue et puis Danaway, of course.

Classement : PG-13

Note de l'auteur : Je sais que Peter Calamy est mort, mais... il est trop beau pour mourir. Et pis c'est moi l'auteur de cette fic, alors c'est moi qui décide, zut ! (Et pis ce coup ci, je veille bien dessus, l'a pas intérêt à se faire abîmer.)

Chapitre II

Rencontre Houleuse

« Tu as parlé à la nouvelle aspirante ? » demanda William à Peter Calamy.
Peter avait dix-huit ans, soit cinq ans de plus que Will. Il le dépassait d'une bonne trentaine de centimètres et pouvait s'enorgueillir d'avoir des yeux bleu pâle plus magnifiques encore que les siens. Ses cheveux, épais et bruns, contrastaient avec la blondeur de son cadet. Tous deux possédaient la pâleur habituelle des anglais, ainsi que ce maintien aristocrate confinant à la fragilité qui rappelait leur rang de Lord. Ils n'avaient encore ni l'un ni l'autre vu Danaway de leurs propres yeux, et désormais, les nouveaux aspirants étaient retournés à terre régler quelques détails de dernière minute avant leur départ. Ils avaient du mal à se faire à l'idée qu'une femme les accompagnerait dans le périple à venir. Ils avaient été élevés dans le concept que les hommes devaient se battre et les femmes rester à la maison. Cette exception à la règle chatouillait leur curiosité.
« Non. J'étais à terre quand elle est arrivée. Dommage, d'ailleurs. Il paraît qu'elle est plutôt jolie...
-A ce qu'on m'a dit, elle a quand même pas l'air commode. »
Peter haussa les épaules.
« Bah... Quelle importance ? Elle ne va pas me mordre tout de même ! »
Ils sortirent sur le pont afin de surveiller les matelots qui, dans l'effervescence du départ, pouvaient commettre des erreurs aberrantes. Les responsabilités de Peter s'étaient accrues depuis qu'il avait été nommé 3e lieutenant, toutes les erreurs commise pendant son quart lui retomberaient donc directement sur le dos. Il valait donc mieux veiller au grain. Il parcourut des yeux la foule des marins, repérant les nouvelles têtes. Il entendit alors une voix derrière lui.
« Euh... Bonjour. Je suis James Walters. »
Peter serra la main que lui tendait James, très vite imité par William. Son visage, constellé de taches de son et illuminé par ses grands yeux verts pâles, laissait paraître la nervosité du jeune homme.
« Peter Calamy, et voici William Blakeney.
-Enchanté.
-Vous faites parti des nouveaux officiers ? interrogea Will.
-Euh.... Oui.
-Vous êtes venu en même temps que la jeune fille, alors ?
-En effet.
-Et comment est-elle ? »
Peter regarda Will d'un air désapprobateur. Ce n'était pas vraiment la meilleure manière d'aborder un nouveau venu, surtout lorsque l'on est un officier. Cependant, il avait lui aussi envie d'en savoir plus. C'est pourquoi il se tut.
« Et bien... Je ne pensais pas qu'une femme de cet âge et de cette qualité put être aussi... Euh, comment dire ? Aussi agressive.
-C'est à ce point ? »
Le rouquin prit un air apeuré. Peter se mit à penser que la première bataille de ce garçon serait dure pour lui. James n'avait pas un trempe de soldat.
« C'est un vrai serpent, cette fille ! Elle vous saute dessus sans que vous ne vous rendiez compte de rien. Personnellement, elle me met très mal à l'aise. Les filles que je connaissais avant portent toutes des robes, sont délicates, réservées... Alors là, je suis complètement dérouté.
« Ca peut se comprendre. »
Les garçons bavardèrent encore un moment, puis s'occupèrent des derniers détails à régler avant de partir. Un épais brouillard tomba sur la ville dès cinq heures, rendant la visibilité quasi-nulle. Pour un peu, il aurait été impossible de voir ses propres mains. Peter, toujours sur le pont, vit alors une silhouette se profiler à travers l'épais voile blanc. Craignant la venue d'un passager clandestin, il se dirigea d'un pas rapide vers l'ombre indistincte, bien décidé à renvoyer l'importun de là où il venait sans autre forme de procès. Quand il fut à la hauteur de l'inconnu, il le saisit par le bras d'une main ferme, peut-être même un peu trop pour la silhouette qui se mit alors à jurer d'une voix aiguë dans une langue inconnue du garçon, qui sans saisir un seul des mots prononcés, devinait qu'on le traitait de tous les noms.
« Je peux savoir qui vous êtes, pour monter sur ce navire sans autorisation ? »
La silhouette se mit alors à parler dans une langue plus intelligible.
« Je suis aspirante sur ce navire, triple buse ! Depuis quand a-ton besoin d'une autorisation pour monter sur le navire qui abrite votre équipage ? »
Peter lâcha sa prise. Il bénit la brume qui empêchait qui que se soit de voir le rouge qui lui monta subitement aux joues. Il avait compris que l'inconnu, l'inconnue en fait, n'était autre que Danaway.
« Veuillez m'excuser mademoiselle mais avec ce brouillard...
-Ce n'est pas une excuse. Et puis d'abord qui êtes vous ?
-Lieutenant Peter Calamy.
-D'accord. Maintenant quand quelqu'un m'agrippera sauvagement alors que je regagne le navire, je saurais qui c'est ! »
Peter eut soudain très chaud malgré le froid ambiant. Comment avait- il pu faire une chose si stupide ? L'embarras l'empêcha d'aligner trois mots cohérents, ce fut donc la jeune fille qui parla à sa place.
« La moindre des choses serait de me présenter des excuses. Je croyais que tous les officiers sur ce bateau étaient des Lords. Il faut croire qu'une fois de plus, on m'a raconté n'importe quoi.
-Je...
-Maintenant, si j'ai votre autorisation, j'aimerais faire le tour du navire, si ça ne vous ennuie pas. »
Elle fit volte-face, laissant derrière elle un Peter muet de stupéfaction devant tant de hargne. Il ne comprenait vraiment pas le comportement de la jeune fille. Il haussa les épaules, frustré, et rejoignit son hamac.

Mary, les yeux perdus dans le brouillard, s'efforçait de garder sa vigilance. Si elle ne pouvait voir, son ouïe, incroyablement développée, lui permettait de connaître chaque mouvement sur la Surprise. Elle ne voulait pas se laisser surprendre une seconde fois. Les hommes de ce navire semblaient tellement machos... Evidemment, s'ils n'avaient côtoyé que des chochottes anglaises, avec leurs jupons et leurs airs effarouchés, pas étonnant qu'ils aient développé une opinion si pitoyable du sexe féminin. Elle se surprit à repenser au lieutenant qui l'avait interpellé. Comment s'appelait-il, déjà ? Calamy ? Elle n'avait pas vraiment pu le voir à cause de la brume. Cependant, elle devinait qu'il ne devait pas être beaucoup plus vieux qu'elle. Il avait une voix plutôt agréable... Quel était l'adjectif qui aurait convenu parfaitement ? Suave, oui, c'était cela. En pensant ces mots, elle se secoua. Fantasmer sur un garçon de son équipage était tout sauf une bonne idée. Cela risquait de la distraire. Et elle ne devait pas être jetée sur le quai à la prochaine escale. Surtout pas.

« Alors ? »
Will se jeta sur le hamac de Peter, manquant de le renverser.
« Hé ho ! Du calme ! Et puis quoi, alors ?
-Tu as parlé à Danaway ?
-Euh..... »
A ce seul souvenir, le jeune homme sentit de nouveau le rouge lui monter aux joues.
« Oui. Mais je ne l'ai pas bien vu, à cause du brouillard.
-Elle est aussi féroce qu'on le dit ?
-J'en ai bien peur. »
Peter sauta dans ses bottes et enfila sa veste. Il prit à peine le temps d'avaler ce que le cuisinier du bord appelait « le petit déjeuner » et se retrouva sur le pont, son jeune ami sur ses talons. Le matin était toujours le plus beau moment, sur un bateau. Il se précipita vers la proue, afin de contempler l'immense étendue d'eau bleue sur laquelle il allait passer la majeure partie de sa vie. Il vit alors, accoudée au bastingage, Danaway, pensive. Il toussa pour lui faire remarquer sa présence et se mit à parler très vite pour qu'elle ne le devance pas.
« Je tenais à m'excuser pour ma conduite d'hier soir... Je ne vous avais pas vraiment vue avec toute cette brume et j'avais cru... Enfin... Je suis désolé. »
La jeune fille s'était retournée. Cela le troublait, d'ailleurs, il n'avait pas l'habitude de parler aux filles. C'est vrai qu'elle était jolie. Elle le dévisagea, puis prit l'expression de dureté que le capitaine avait déjà pu admirer.
« Passons. Cela n'a pas d'importance. »

'Le physique de Calamy est aussi agréable que sa voix', pensa Mary. Elle trouvait qu'il avait de très beaux yeux. C'est comme si, à force de regarder l'océan, il avait réussi à emprisonner en eux quelques gouttes d'eau d'un bleu irréel.
« Bonjour ! »
Elle eut un vif mouvement de tête vers l'intrus. Dans la famille yeux bleus, je demande blondinet. Bonne pioche.
« Vous êtes ? » dit-elle d'un ton sec, le détaillant de la tête aux pieds. Le jeune garçon déglutit en sentant son regard fixé sur la manche vide épinglée à sa chemise.
« William Blakeney. A votre service.
-Ravie. »
Et elle reprit sa position initiale, contre le bastingage. Les deux garçons se regardèrent. Allait-ils vraiment devoir la supporter tout ce temps ?

C'est tout pour aujourd'hui ! Merci à Idril et Marine, mes deux super gentilles revieuweuse !