Auteur : Nicole Pavlovna
E-mail : deneb_0@hotmail.com
Disclaimer : rien de tout ça n'est à moi, et non, sauf les nouveaux lieutenants, le général Lee, l'intrigue et Danaway. Et la chanson est à moi aussi.
Classement : PG-13
Note de l'auteur : Peter Calamy est VIVANT ! C'est bien clair ?
Chapitre IV
Premier Affrontement
Stephen Maturin examinait avec attention le petit insecte recueilli quelques jours auparavant sur une île des Caraïbes. Ces îles avaient l'air aussi intéressante que les Galápagos de plus, les hommes avaient beaucoup apprécié cette pause. Seule Danaway n'avait pas franchement eu l'air d'aimer cette escale imposée. Elle n'avait pas fait grand chose de toute la semaine et avait gardé son air pincé en permanence. Elle ne s'était détendue que lorsqu'on lui avait annoncé le départ du navire pour le cap Horn. Quelle étrange personne ! N'importe quelle jeune fille aurait été ravie d'accoster sur une île aussi belle. N'importe quel marin aussi, d'ailleurs. Mais non. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir dans la tête ? Stephen l'avait entendu chuchoter quelque chose à propos d'un Triangle des Bermudes, il n'avait d'ailleurs pas tout saisi. En tant que médecin du bord, il devrait un jour lui demander ce qui semblait tant l'inquiéter.
« Nous étions trois jeunes matelots, hé, ho, hé du bateau !
« Nous étions trois jeunes matelots qui nous en allions sur les flots. »
A défaut de pouvoir lancer des piques aux marins, Mary fredonnait, sans jamais quitter l'horizon du regard. Elle avait dénoué ses cheveux qui flottaient dans la douce brise de ce bel après-midi.
« Nous rêvions d'un joli magot, hé, ho, hé du bateau !
« Nous rêvions d'un joli magot, d'un trésor caché sous les eaux. »
Il lui sembla distinguer à nouveau quelque chose au loin, dans la brume. Elle plissa les yeux pour essayer de mieux distinguer la forme.
« Nous embarquâmes sur un rafiot, hé, ho, hé du bateau !
« Nous embarquâmes sur un rafiot, tout vermoulu qui prenait l'eau. »
Cela ressemblait..... A une frégate, non ?
« Mais très vite le plus idiot, hé, ho, hé du bateau ! »
Si, s'en était une. Elle se saisit de la première longue vue disponible pour vérifier son pavillon.
« Mais très vite le plus le plus idiot... »
Bleu, blanc, rouge. Un corsaire français. Elle interrompit brusquement son chant et lança un cri d'alarme.
« Branle-bas de combat ! Corsaire français en vue ! »
Ce fut l'effervescence. Tout le bateau se mit en branle. Chacun rejoignit son poste. Les canons furent en place après quelques minutes. Aubrey était monté sur le pont dès que le cri de la jeune fille avait retenti.
« Qu'avez-vous vu, miss ?
-Une frégate. A six degrés à bâbord. »
Comme de coutume, son ton était calme et sec. Mais pour la première fois, le capitaine discerna une émotion sur le visage impassible de la jeune fille. Ce n'était pas de la peur, ni même de l'excitation, les sentiments qu'avaient en général les jeunes recrues avant leur première bataille. Non, elle semblait préoccupée. Ce n'était pas normal. Mais il se soucierait des états d'âmes de Danaway plus tard. Il saisit la longue vue qu'elle lui tendait. Effectivement, le navire était aux couleurs françaises, et c'était un navire de guerre.
« Préparez les armes, ordonna-t-il, et chargez les canons. Prête pour votre première bataille, Danaway ? »
Mary, qui, entre-temps, s'était rattachée les cheveux, lui lança un regard entre l'incrédulité et la condescendance.
« Première ? »
Jack la dévisagea avec stupéfaction. Ainsi, la damoiselle n'était pas une débutante ? Première nouvelle !
« Vous avez déjà combattu ?
-Bien sûr ! Que croyiez-vous ? Que je n'étais qu'une simple fillette, là uniquement pour faire joli ? On ne m'aurait jamais laissé monter sur une frégate, avec tout ce que cela implique -les combats et le reste- si l'on n'avait pas été certain que je serai à la hauteur ! Mon admission a été d'autant plus difficile à faire accepter du fait que je suis une femme. Je suis là parce que l'on à rien trouver à redire à mon dossier ! »
Sur ce, elle prit la direction de la cale pour aller s'armer avec le reste de l'équipage, laissant derrière elle un Aubrey complètement abasourdi par cette tirade passionnée.
Will était nerveux, comme toujours. Avant chaque bataille, il ressentait une douleur fantôme, une sorte de picotement très désagréable à l'endroit où s'était autrefois trouvé son bras droit. Peter, lui, semblait plutôt neutre. Quant à James, il était si effrayé que ses lèvres se tordaient fréquemment en un tic nerveux. Thomas, son alter ego, avait l'air confiant et pas vraiment mécontent de ce qui, pour lui, n'était en fait qu'un petit changement à sa routine habituelle. Il se moquait d'ailleurs gentiment de James à ce sujet.
« Bah alors, Walters, tu as peur ? Tu n'es pas une fille, pourtant ?
-Je peux savoir quel est le rapport entre le fait d'avoir peur et celui d'être une fille ? » lança une voix glaciale.
Thomas leva ses yeux outremer au ciel -ou plutôt, dans le cas présent, au plafond. Toujours là quand il ne fallait pas, celle-là.
« Aucun, et, bien sûr, je suppose que vous n'êtes pas effrayée, miss ? »
Il s'était retourné pour lui parler. Bizarrement, si les jeunes officiers s'étaient tous très vite tutoyés, il n'en était rien dès que Danaway surgissait. Cela ne leur serait même pas venu à l'esprit de lui dire 'tu', et encore moins de l'appeler par son prénom, comme le faisait Will et Peter entre eux.
« Bien sûr que si, je le suis, mais ce que vous oubliez de préciser, c'est que vous l'êtes aussi. »
Le jeune homme ricana.
« Ou peut-être que non, reprit Mary, mais dans ce cas vous faites un terrible erreur. »
Elle se tourna vers Blakeney.
« Et je ne pense pas qu'aucun des... « Vétérans » du 'Surprise' ne me contredirait. »
Le blondinet sentit soudain un frisson glacé lui parcourir la nuque. Il n'avait plus aucun doute. Elle lisait dans les âmes.
Une grande partie des officiers se tenaient derrière les canons, prêts à donner aux marins l'ordre de mettre -littéralement- le feu aux poudres. La tension se lisait sur tous les visages, y compris sur celui de Thomas. Après le petit briefing du capitaine, il aurait difficilement pu en être autrement. Il les avait remontés à bloc, tous étaient à la limite de l'explosion, pouvant à le seconde même partir à l'abordage du navire sans se poser la moindre question. Le navire en question, le 'Renard', se rapprochait par l'arrière, mètre après mètre. Ce n'était vraiment, vraiment pas bon signe. Les traits des matelots se contractaient, certains avaient des tics nerveux, d'autres encore, tout comme Mary, regardaient droit devant eux, le regard dur, attentifs aux moindre mouvement du 'Renard' et de son équipage. Et soudain, le signal.
« Feu ! » hurlèrent les officiers d'une même voix.
Les détonations retentirent, arrachant les oreilles des matelots. Dans une sorte de ralenti, ils virent les canons reculer sous le choc et renvoyer une myriade d'étincelles. La contre-attaque ne se fit pas attendre. Une autre série de détonation provenant de l'autre frégate retentit très vite, et les boulets de canons se mirent à défoncer la coque. Peter allait donner aux marins de tirer à nouveau quand une voix suraiguë lui cria soudain :
« Attention ! »
Au même instant, il sentit une main l'agripper par le col et le coucher sur le plancher. Il vit alors un boulet noir passer juste à l'endroit où il se trouvait quelques instants auparavant. Légèrement choqué, il mit quelques secondes à réaliser qu'il aurait pu être mort à cet instant précis. Il se releva sur ses coudes et s'aperçut que c'était Mary, une petite plaie sanglante au-dessus du sourcil, qui venait de le sauver. Ce fut elle qui donna l'ordre de tirer, vu qu'il était incapable de prononcer le moindre mot. Elle le prit par le bras pour l'emmener sur le pont, afin de ne pas manquer l'abordage. C'est ce moment que choisirent les français pour sauter sur le pont.
Les deux adolescents tirèrent dans un ensemble presque parfait. Ces pistolets ne contenaient malheureusement qu'une seule charge, ils durent donc se rabattre immédiatement sur leurs épées. Mary éliminait ses adversaires avec une rapidité et une facilité presque déconcertante. Ses gestes étaient extrêmement vifs et précis, ses réflexes quasi-instantanés et par-dessus tout, la force et l'habileté de ses coups forçaient l'admiration. Peter s'en rendit compte, et cela le surprit d'ailleurs tant qu'il se déconcentra un instant, ce qui fut suffisant pour que son adversaire prenne l'avantage. Peter était en très mauvaise posture. L'homme qu'il avait en face de lui était meilleur que lui. Il avait beau parer les coups, le Français gagnait. Mais soudain, les yeux de l'homme devinrent vitreux et il s'écroula. Et Danaway était derrière.
« Ca fait déjà deux fois ! Il faudrait peut-être commencer à penser à me rendre la pareille ! » s'écria-t-elle.
Incrédule, Peter hocha la tête avant de repartir de plus belle en plein cœur du combat.
Les Français perdirent très vite leur avantage. Ils étaient moins nombreux que les Anglais, et visiblement moins entraînés. Ou alors, ce n'était pas leur jour de chance, allez savoir... En tout cas, ils étaient dans une posture délicate. Le seul moyen pour eux de sauver les marins qui leur restaient était de fuir. Il y eut donc un mouvement général de replis vers la frégate française. L'équipage du 'Surprise' poussa un cri de victoire strident. Anglais : un, Français : zéro. L'équipage était affaiblit. Il serait donc plus facile de les vaincre une prochaine fois.
Les morts n'étaient pas si nombreux mais on comptait les blessés par dizaines. La plupart avaient été atteints par un boulet de canon ou par un débris provoqué par leur chute, comme l'avait été Will l'année précédente. A part sa coupure superficielle, Mary ne souffrait d'aucune blessure. Peter et Will non plus. Thomas, quant à lui, s'était cassé la jambe. Mais James n'avait pas survécu. Tous les jeunes officiers en furent très affectés, la jeune femme incluse.
Dans la soirée, Danaway avait prit à nouveau le quart. Son abondante chevelure était à nouveau dénouée, tombant en cascade sur ses épaules. Pour une fois, elle était si absorbée dans sa rêverie qu'elle n'entendit pas Peter arriver.
« Euh... Danaway ?
-Oui ? répondit-elle sans se retourner.
-C'était pour vous remercier.
-Ce n'est pas la peine. »
Malgré tout ce que la jeune fille avait fait pour lui, le jeune homme se sentit perdre patience.
« Arrêtez, voulez-vous ? Je suis venu vous remercier, ne me traitez pas comme un agresseur ! Tout le monde sur ce navire ne vous veux pas du mal, vous savez ? »
Elle daigna enfin tourner la tête. Peter, qui avait pourtant l'intention de continuer de dire ses quatre vérités à Mary, fut coupé dans son élan par le regard qu'elle avait. Il y avait tant de tristesse dans ces yeux... Ils étaient remplis de cet air mélancolique qu'ont les gens dont la volonté et le courage ont été anéantit. Rien de semblable à quoi que Peter ait pu voir. Il avait presque l'impression qu'elle allait s'effondrer en larme –ce qui aurait été une vision tout à fait surprenante. Et pourtant, il fut tenté de croire que cela n'avait pas été causé par la bataille de l'après-midi.
« Oh, je vous demande pardon, murmura-t-il, ne désirant pas la laisser dans un tel état. J'ignorais que vous étiez...
-C'est sans importance. Et je suis désolée. » murmura-t-elle d'une voix inhabituellement douce et calme.
Mary Danaway venait de lui dire qu'elle était désolée ? Cela dépassait l'entendement.
« S'il y a quelque chose qui ne va pas...
-Merci, c'est très gentil de votre part. Mais pour l'instant, j'aimerais rester un peu seule. »
Peter fit oui de la tête. Il reprit la direction de son hamac. Mais avant de descendre les escaliers qui menaient à l'intérieur, il se retourna. Mary avait la tête cachée entre ses bras. Et elle pleurait.
Et bien, je me suis surpassée, je crois ! C'est le plus long chapitre que j'ai jamais écrit. Et maintenant, R&R, please !
Réponses aux reviews : Idril Elanessë : Hello ! J'espère que ce nouveau chapitre va te plaire ! Je t'adore ! Gros bisous
Phœdora : Salut Cissa ! Tu vois, il la trouve plus sympathique, maintenant ! (lol) Bye bye, ma succube
Tarahiriel : Une revieweuse, une vraie, pas achetée d'avance ! * saute au plafond et manque de s'assommer* Merci ! Merci ! Merci de me lire, d'être là et de reviewer (t'arrête pas, d'ailleurs) ! Je t'embrasse ! @+
E-mail : deneb_0@hotmail.com
Disclaimer : rien de tout ça n'est à moi, et non, sauf les nouveaux lieutenants, le général Lee, l'intrigue et Danaway. Et la chanson est à moi aussi.
Classement : PG-13
Note de l'auteur : Peter Calamy est VIVANT ! C'est bien clair ?
Chapitre IV
Premier Affrontement
Stephen Maturin examinait avec attention le petit insecte recueilli quelques jours auparavant sur une île des Caraïbes. Ces îles avaient l'air aussi intéressante que les Galápagos de plus, les hommes avaient beaucoup apprécié cette pause. Seule Danaway n'avait pas franchement eu l'air d'aimer cette escale imposée. Elle n'avait pas fait grand chose de toute la semaine et avait gardé son air pincé en permanence. Elle ne s'était détendue que lorsqu'on lui avait annoncé le départ du navire pour le cap Horn. Quelle étrange personne ! N'importe quelle jeune fille aurait été ravie d'accoster sur une île aussi belle. N'importe quel marin aussi, d'ailleurs. Mais non. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien avoir dans la tête ? Stephen l'avait entendu chuchoter quelque chose à propos d'un Triangle des Bermudes, il n'avait d'ailleurs pas tout saisi. En tant que médecin du bord, il devrait un jour lui demander ce qui semblait tant l'inquiéter.
« Nous étions trois jeunes matelots, hé, ho, hé du bateau !
« Nous étions trois jeunes matelots qui nous en allions sur les flots. »
A défaut de pouvoir lancer des piques aux marins, Mary fredonnait, sans jamais quitter l'horizon du regard. Elle avait dénoué ses cheveux qui flottaient dans la douce brise de ce bel après-midi.
« Nous rêvions d'un joli magot, hé, ho, hé du bateau !
« Nous rêvions d'un joli magot, d'un trésor caché sous les eaux. »
Il lui sembla distinguer à nouveau quelque chose au loin, dans la brume. Elle plissa les yeux pour essayer de mieux distinguer la forme.
« Nous embarquâmes sur un rafiot, hé, ho, hé du bateau !
« Nous embarquâmes sur un rafiot, tout vermoulu qui prenait l'eau. »
Cela ressemblait..... A une frégate, non ?
« Mais très vite le plus idiot, hé, ho, hé du bateau ! »
Si, s'en était une. Elle se saisit de la première longue vue disponible pour vérifier son pavillon.
« Mais très vite le plus le plus idiot... »
Bleu, blanc, rouge. Un corsaire français. Elle interrompit brusquement son chant et lança un cri d'alarme.
« Branle-bas de combat ! Corsaire français en vue ! »
Ce fut l'effervescence. Tout le bateau se mit en branle. Chacun rejoignit son poste. Les canons furent en place après quelques minutes. Aubrey était monté sur le pont dès que le cri de la jeune fille avait retenti.
« Qu'avez-vous vu, miss ?
-Une frégate. A six degrés à bâbord. »
Comme de coutume, son ton était calme et sec. Mais pour la première fois, le capitaine discerna une émotion sur le visage impassible de la jeune fille. Ce n'était pas de la peur, ni même de l'excitation, les sentiments qu'avaient en général les jeunes recrues avant leur première bataille. Non, elle semblait préoccupée. Ce n'était pas normal. Mais il se soucierait des états d'âmes de Danaway plus tard. Il saisit la longue vue qu'elle lui tendait. Effectivement, le navire était aux couleurs françaises, et c'était un navire de guerre.
« Préparez les armes, ordonna-t-il, et chargez les canons. Prête pour votre première bataille, Danaway ? »
Mary, qui, entre-temps, s'était rattachée les cheveux, lui lança un regard entre l'incrédulité et la condescendance.
« Première ? »
Jack la dévisagea avec stupéfaction. Ainsi, la damoiselle n'était pas une débutante ? Première nouvelle !
« Vous avez déjà combattu ?
-Bien sûr ! Que croyiez-vous ? Que je n'étais qu'une simple fillette, là uniquement pour faire joli ? On ne m'aurait jamais laissé monter sur une frégate, avec tout ce que cela implique -les combats et le reste- si l'on n'avait pas été certain que je serai à la hauteur ! Mon admission a été d'autant plus difficile à faire accepter du fait que je suis une femme. Je suis là parce que l'on à rien trouver à redire à mon dossier ! »
Sur ce, elle prit la direction de la cale pour aller s'armer avec le reste de l'équipage, laissant derrière elle un Aubrey complètement abasourdi par cette tirade passionnée.
Will était nerveux, comme toujours. Avant chaque bataille, il ressentait une douleur fantôme, une sorte de picotement très désagréable à l'endroit où s'était autrefois trouvé son bras droit. Peter, lui, semblait plutôt neutre. Quant à James, il était si effrayé que ses lèvres se tordaient fréquemment en un tic nerveux. Thomas, son alter ego, avait l'air confiant et pas vraiment mécontent de ce qui, pour lui, n'était en fait qu'un petit changement à sa routine habituelle. Il se moquait d'ailleurs gentiment de James à ce sujet.
« Bah alors, Walters, tu as peur ? Tu n'es pas une fille, pourtant ?
-Je peux savoir quel est le rapport entre le fait d'avoir peur et celui d'être une fille ? » lança une voix glaciale.
Thomas leva ses yeux outremer au ciel -ou plutôt, dans le cas présent, au plafond. Toujours là quand il ne fallait pas, celle-là.
« Aucun, et, bien sûr, je suppose que vous n'êtes pas effrayée, miss ? »
Il s'était retourné pour lui parler. Bizarrement, si les jeunes officiers s'étaient tous très vite tutoyés, il n'en était rien dès que Danaway surgissait. Cela ne leur serait même pas venu à l'esprit de lui dire 'tu', et encore moins de l'appeler par son prénom, comme le faisait Will et Peter entre eux.
« Bien sûr que si, je le suis, mais ce que vous oubliez de préciser, c'est que vous l'êtes aussi. »
Le jeune homme ricana.
« Ou peut-être que non, reprit Mary, mais dans ce cas vous faites un terrible erreur. »
Elle se tourna vers Blakeney.
« Et je ne pense pas qu'aucun des... « Vétérans » du 'Surprise' ne me contredirait. »
Le blondinet sentit soudain un frisson glacé lui parcourir la nuque. Il n'avait plus aucun doute. Elle lisait dans les âmes.
Une grande partie des officiers se tenaient derrière les canons, prêts à donner aux marins l'ordre de mettre -littéralement- le feu aux poudres. La tension se lisait sur tous les visages, y compris sur celui de Thomas. Après le petit briefing du capitaine, il aurait difficilement pu en être autrement. Il les avait remontés à bloc, tous étaient à la limite de l'explosion, pouvant à le seconde même partir à l'abordage du navire sans se poser la moindre question. Le navire en question, le 'Renard', se rapprochait par l'arrière, mètre après mètre. Ce n'était vraiment, vraiment pas bon signe. Les traits des matelots se contractaient, certains avaient des tics nerveux, d'autres encore, tout comme Mary, regardaient droit devant eux, le regard dur, attentifs aux moindre mouvement du 'Renard' et de son équipage. Et soudain, le signal.
« Feu ! » hurlèrent les officiers d'une même voix.
Les détonations retentirent, arrachant les oreilles des matelots. Dans une sorte de ralenti, ils virent les canons reculer sous le choc et renvoyer une myriade d'étincelles. La contre-attaque ne se fit pas attendre. Une autre série de détonation provenant de l'autre frégate retentit très vite, et les boulets de canons se mirent à défoncer la coque. Peter allait donner aux marins de tirer à nouveau quand une voix suraiguë lui cria soudain :
« Attention ! »
Au même instant, il sentit une main l'agripper par le col et le coucher sur le plancher. Il vit alors un boulet noir passer juste à l'endroit où il se trouvait quelques instants auparavant. Légèrement choqué, il mit quelques secondes à réaliser qu'il aurait pu être mort à cet instant précis. Il se releva sur ses coudes et s'aperçut que c'était Mary, une petite plaie sanglante au-dessus du sourcil, qui venait de le sauver. Ce fut elle qui donna l'ordre de tirer, vu qu'il était incapable de prononcer le moindre mot. Elle le prit par le bras pour l'emmener sur le pont, afin de ne pas manquer l'abordage. C'est ce moment que choisirent les français pour sauter sur le pont.
Les deux adolescents tirèrent dans un ensemble presque parfait. Ces pistolets ne contenaient malheureusement qu'une seule charge, ils durent donc se rabattre immédiatement sur leurs épées. Mary éliminait ses adversaires avec une rapidité et une facilité presque déconcertante. Ses gestes étaient extrêmement vifs et précis, ses réflexes quasi-instantanés et par-dessus tout, la force et l'habileté de ses coups forçaient l'admiration. Peter s'en rendit compte, et cela le surprit d'ailleurs tant qu'il se déconcentra un instant, ce qui fut suffisant pour que son adversaire prenne l'avantage. Peter était en très mauvaise posture. L'homme qu'il avait en face de lui était meilleur que lui. Il avait beau parer les coups, le Français gagnait. Mais soudain, les yeux de l'homme devinrent vitreux et il s'écroula. Et Danaway était derrière.
« Ca fait déjà deux fois ! Il faudrait peut-être commencer à penser à me rendre la pareille ! » s'écria-t-elle.
Incrédule, Peter hocha la tête avant de repartir de plus belle en plein cœur du combat.
Les Français perdirent très vite leur avantage. Ils étaient moins nombreux que les Anglais, et visiblement moins entraînés. Ou alors, ce n'était pas leur jour de chance, allez savoir... En tout cas, ils étaient dans une posture délicate. Le seul moyen pour eux de sauver les marins qui leur restaient était de fuir. Il y eut donc un mouvement général de replis vers la frégate française. L'équipage du 'Surprise' poussa un cri de victoire strident. Anglais : un, Français : zéro. L'équipage était affaiblit. Il serait donc plus facile de les vaincre une prochaine fois.
Les morts n'étaient pas si nombreux mais on comptait les blessés par dizaines. La plupart avaient été atteints par un boulet de canon ou par un débris provoqué par leur chute, comme l'avait été Will l'année précédente. A part sa coupure superficielle, Mary ne souffrait d'aucune blessure. Peter et Will non plus. Thomas, quant à lui, s'était cassé la jambe. Mais James n'avait pas survécu. Tous les jeunes officiers en furent très affectés, la jeune femme incluse.
Dans la soirée, Danaway avait prit à nouveau le quart. Son abondante chevelure était à nouveau dénouée, tombant en cascade sur ses épaules. Pour une fois, elle était si absorbée dans sa rêverie qu'elle n'entendit pas Peter arriver.
« Euh... Danaway ?
-Oui ? répondit-elle sans se retourner.
-C'était pour vous remercier.
-Ce n'est pas la peine. »
Malgré tout ce que la jeune fille avait fait pour lui, le jeune homme se sentit perdre patience.
« Arrêtez, voulez-vous ? Je suis venu vous remercier, ne me traitez pas comme un agresseur ! Tout le monde sur ce navire ne vous veux pas du mal, vous savez ? »
Elle daigna enfin tourner la tête. Peter, qui avait pourtant l'intention de continuer de dire ses quatre vérités à Mary, fut coupé dans son élan par le regard qu'elle avait. Il y avait tant de tristesse dans ces yeux... Ils étaient remplis de cet air mélancolique qu'ont les gens dont la volonté et le courage ont été anéantit. Rien de semblable à quoi que Peter ait pu voir. Il avait presque l'impression qu'elle allait s'effondrer en larme –ce qui aurait été une vision tout à fait surprenante. Et pourtant, il fut tenté de croire que cela n'avait pas été causé par la bataille de l'après-midi.
« Oh, je vous demande pardon, murmura-t-il, ne désirant pas la laisser dans un tel état. J'ignorais que vous étiez...
-C'est sans importance. Et je suis désolée. » murmura-t-elle d'une voix inhabituellement douce et calme.
Mary Danaway venait de lui dire qu'elle était désolée ? Cela dépassait l'entendement.
« S'il y a quelque chose qui ne va pas...
-Merci, c'est très gentil de votre part. Mais pour l'instant, j'aimerais rester un peu seule. »
Peter fit oui de la tête. Il reprit la direction de son hamac. Mais avant de descendre les escaliers qui menaient à l'intérieur, il se retourna. Mary avait la tête cachée entre ses bras. Et elle pleurait.
Et bien, je me suis surpassée, je crois ! C'est le plus long chapitre que j'ai jamais écrit. Et maintenant, R&R, please !
Réponses aux reviews : Idril Elanessë : Hello ! J'espère que ce nouveau chapitre va te plaire ! Je t'adore ! Gros bisous
Phœdora : Salut Cissa ! Tu vois, il la trouve plus sympathique, maintenant ! (lol) Bye bye, ma succube
Tarahiriel : Une revieweuse, une vraie, pas achetée d'avance ! * saute au plafond et manque de s'assommer* Merci ! Merci ! Merci de me lire, d'être là et de reviewer (t'arrête pas, d'ailleurs) ! Je t'embrasse ! @+
