Shadow
L'Amérique du Nord. Continent reconnu jadis comme une terre industrialisée. Il y faisait bon vivre, l'économie allait bon train. Le découvertes dans le monde de la technologie se multipliaient à un rythme effréné, apportant chaque jour quelque chose de nouveau. C'était le bon temps. Tout semblait aller pour le mieux, nous nous sentions forts et indestructibles.
Des hommes se battaient devant une boulangerie pour une baguette de pain. Une femme se faisait agresser par deux clochards. Deux petits gangs s'affrontaient en pleine rue. La police investissait un immeuble et raflait tous ceux qui s'y trouvaient. Les prisons étaient bondées et des gens enlevés en pleine rue. C'est dans cette atmosphère qu'ils sont apparus, les créations de l'armée reprirent leur liberté et des soldats génétiquement modifiés essayèrent de survivre parmi nous. La population n'était pas semble-t-il prête à les accepter et la peur grandit... la bêtise aussi. Terminal City était encerclée par la police et l'armée. Des imbéciles traquaient une jeune Freak et la massacraient sous l'œil des caméras. Le drapeau flottait sur les toits de la ville interdite, narguant les forces de l'ordre et l'opinion publique. Un flash du Veilleur donnait la parole à Max. Les choses finirent par se tasser d'elles-mêmes et les transgéniques récupérèrent leur liberté, chèrement acquise. Ils n'étaient que tolérés, mais le temps passant, ils s'intégrèrent tranquillement dans notre monde. Et quand en 2025, la guerre fut déclarée et que des groupes terroristes bien armés, dont nous ne nous étions pas assez méfiés, passèrent à l'action ; ce furent eux qui les premiers défendirent le peuple. Mais étaient-ils trop peu ? ou bien trop faibles ? Toujours est-il que cet été là, notre armée fut anéantie de l'intérieur, notre population décimée aux trois-quarts et nos espoirs réduits à néant. Pendant ce temps, les Familiers préparaient, quant à eux, le plus grand coup du siècle. L'Avènement devait les rendre plus forts et les débarrasser des faibles. Résultat, un jour ils propagèrent dans toutes les villes du continent une bactérie dont les toxines s'avérèrent mortelles pour la population humaine. Le problème fut qu'ils avaient mal calculé apparemment. Ironie du sort de qui voulant jouer à Dieu, le pathogène ne s'attaqua non seulement à la masse, mais également aux leurs. Les deux catastrophes combinées, la population américaine passa rapidement de millions d'individus à quelques centaines à travers le pays: les rescapés, des enfants que le gouvernement avait fait mettre à l'abri en les isolant dans les montagnes lors de la première guerre. D'autres réussirent à n'être que très malades et survécurent, un défaut génétique donnant les armes nécessaires à leur corps pour survivre. Incapables de s'adapter à l'environnement, les micro-organismes des Familiers s'éteignirent presque aussi rapidement qu'ils étaient apparus. Au bout d'une semaine, il n'en restait plus aucune trace... mais le mal était déjà fait.
Les quelques survivants se regroupèrent et alertèrent le reste de la planète. L'opinion mondiale se mobilisa et l'ONU envoya soins et troupes pour sécuriser le pays et prendre soin des rescapés. Il ne restait plus beaucoup d'adultes, la moyenne d'âge de la population venait de tomber à 7 ans. Des soldats de tous les pays du monde arpentaient les villes, emportant les milliers de corps que l'on incinérait sur place pour faire le ménage. Des centaines d'enfants étaient recueillis sous des grandes tentes militaires où des organisations sanitaires prenaient soin d'eux. De partout, de grands bûchers s'élevaient vers le ciel brûlant les cadavres, afin d'éviter que ne se propagent des épidémies comme le choléra. Les centres urbains se transformèrent rapidement en villes fantômes que seuls les anciens animaux domestiques, revenus à l'état sauvage, arpentaient en quête de nourriture. Les États-Unis, autrefois pays riche et prospère, tombèrent sous la tutelle des autres nations. Les dirigeants vinrent tout réorganiser. La population, n'étant pas en âge de comprendre ce qui se passait, suivait les ordres à la lettre. Tellement bien que la direction au pouvoir y vit une véritable petite mine d'or. On conditionna le peuple à travailler dans des champs agricoles et des usines de production. Chacun devait faire sa part du boulot. Les temps étaient durs, seuls les plus forts arrivaient à survivre. Le peuple gobait tout ce qu'on leur disait sans se poser de questions. De toute façon, avaient-ils vraiment le choix ? De vrais moutons à la merci des loups qui n'hésitaient plus à les exploiter. A leur tour, les États-Unis étaient à la merci des esclavagistes modernes. Afin de se faire une petite fortune à bon prix, il fallait de plus en plus de paire de bras pour accroître la production. Quand la majorité des enfants atteignirent un âge raisonnable. Des programmes de motivation furent implanté afin d'encourager la natalité. On offrait des primes pour la naissance de chaque enfants. C'est ainsi que nous vîmes apparaître un baby boom dès 2045 et la moyenne des enfants par famille passa rapidement à 5. Aujourd'hui, la population est conditionnée pour travailler, le pays est exploité par les puissances mondiales et autres grands de ce monde, sous couvert d'aide humanitaire de l'ONU qui ne se donne pas la peine d'enquêter sur les rapports qu'elle reçoit. Personne en dehors du pays n'a idée de ce que vivent les Américains.
Les villes sont en ruines, le peuple survit péniblement, mais il n'a pas appris à se plaindre donc obéit. De toute façon, il a trop peur de l'armée, de la police, de la garde nationale ou de son voisin. Les gens qui osent réfléchir sur leur sort sont rapidement remis à leur place. On ne critique pas, il faut être reconnaissant de ce que nos « sauveurs » font pour nous, car nous ne serions plus si ce n'était de leur intervention. Il faut remercier et chérir les membres de l'Ordre. Les plus malins trouvant leurs conditions inacceptables ont cependant réussi à s'organiser en groupe et mettre en péril les beaux plans de l'Ordre actuel. La rébellion gronde, et de plus en plus de monde ouvrent les yeux. L'armée a pour mission d'exterminer la menace des traîtres ! Tout n'est qu'une question de jeu de pouvoir et de lavage de cerveau.
Traqués par l'Ordre, les rebelles sont contraints de se cacher, mais, s'ils préfèrent rester dans l'ombre, ça ne les empêche pas de tenter de secouer la population et surtout d'inquiéter les puissants. Il doivent cependant être sur leurs gardes et se méfier de tout, car des traîtres se sont glissés dans les rangs et nombreux sont les habitants qui préfèrent dénoncer les rebelles plutôt que d'encourir le risque d'être vu avec eux.
- Matt !
Voilà plus de 45 ans qu'on est obligé de jouer au chat et à la souris, continua le vieillard en colère en fixant son interlocuteur droit dans les yeux avant d'ajouter nostalgique : Seattle n'est plus ce qu'elle a été, en fait la seule chose qui n'a pas changé dans cette ville, c'est la météo. Il pleut toujours autant. - Matt ! ... soupir ... MATT ! la voix du préposé radio retentit, tirant le jeune homme de sa rêverie.- Matt tu dors ou quoi !
- Ça va, ça va, j'étais juste perdu dans mes idées, répondit-il. "Bon ! Des nouvelles de l'équipe ? demanda-t-il en se redressant sur sa chaise et réinstallant son écouteur qui était tombé."
Shanee
par Chayenne
Une secousse brutale me déstabilisa et j'ouvris les yeux à temps pour avoir le réflexe de ne pas aller embrasser les caisses. Décidément, il en fallait de la résistance, voire de l'inconscience pour tenter de dormir dans cet endroit inconfortable au possible.
Le train ralentissait et bientôt j'entendis des voix. Une autre secousse m'informa que mon moyen de transport s'était immobilisé.
Silencieusement, je me redressai et décollai un morceau de tôle rouillée du wagon afin d'observer les alentours. Des soldats armés jusqu'aux dents tournaient autour du train de marchandises ; à quelques dizaines de mètres de là où nous nous étions arrêtés, je pouvais distinguer sans peine les limites grillagées et surveillées de la ville.
J'espérais que les gardes ne feraient pas trop de zèle pour inspecter mon wagon, car peu étaient les suicidaires, barjos ou autres désespérés à vouloir entrer dans Seattle ; c'étaient plutôt dans l'autre sens que ça se précipitait. On croit toujours que tout est plus beau ailleurs, l'herbe plus verte, le ciel plus bleu, les salaires meilleurs et les logements moins insalubres. Et pourtant, il vaut mieux resté là où on a grandi, car ailleurs ce n'est pas mieux, et plus on y est un étranger.
J'espérais que Bobby aurait les renseignements que je lui avais demandés et qu'ainsi je ne m'éterniserais pas en ces lieux.
Mais la vie avait d'autres projets pour moi.
Stuart
par Chayenne
De mon bureau, perché sur une ancienne chaire d'Église, plantée au milieu de notre Quartier Général, je pouvais tout à loisir observer mes abeilles s'activer. Et plus que jamais, notre planque m'apparaissait telle une ruche, dont j'étais la "reine". Aucune image n'aurait mieux correspondu à cette effervescence consciencieuse de petits "soldats", entièrement dévoués à notre cause.En souriant de contentement, je les regardais vaquer à leurs tâches précises. Tous savaient ce qu'ils avaient à faire et ils le faisaient bien, dans l'ensemble. C'était un groupe hétéroclite, mais qui, avec le temps, fonctionnait plutôt bien.
Oh, c'est sûr, nous avions encore quelques petits problèmes, surtout avec certaines têtes brûlées ou avec des nouveaux membres. Les premiers avaient tendance à ne pas penser aux répercussions de leurs actes, les seconds, à tout mélanger, pensant qu'en rejoignant nos rangs, ils allaient pouvoir bafouer tout ce qu'ils avaient appris. Certes nous leur avions ouvert les yeux sur le conditionnement dont ils faisaient les frais, mais même si l'enseignement de l'Ordre était aberrant dans son ensemble, nous devions reconnaître que tout n'était pas entièrement ineptie et lavage de cerveau.
Sur les côtés, les anciens bars des guichetiers nous servaient de bureaux et au centre, à côté de ma chaire que nous avions récupérée dans une église abandonnée, avaient été installés nos trois générateurs. Le coffre blindé de la banque avait une utilité toute trouvée, il nous servait de réserve pour les explosifs. Ainsi si la banque s'effondrait à son tour, le quartier ne serait pas automatiquement rasé de la carte. Surtout que nous avions investi les immeubles alentours et que, bon, si nous savions que nous risquions de mourir étouffés, nous n'avions pas envie de forcer le destin.
Un brouhaha inhabituel me sortit de ma rêverie et je vis qu'une équipe rentrait, essoufflée et inquiète. L'un des rebelles se précipita pour faire un rapport à l'un de mes lieutenants, le jeune Matt Ryan, qui semblait lui aussi perdu dans son monde. Intrigué, je tendis l'oreille.
Matt
par Kina
À peine eut-il remis l'écouteur à son oreille, Matt réalisa que ça commençait à brasser sur les ondes. Il se leva pour aller voir comment s'en tiraient les autres.Le responsable radio commençait à lui résumer que des deux équipes en mission d'approvisionnement, l'une se trouvait en situation délicate tandis que l'on n'avait plus aucune nouvelle de la seconde. Puis deux autres techniciens se joignirent à lui exposant chacun un problème différent et finalement un nouvel arrivant, visiblement de retour de mission à en juger par ses habits, son visage sale et son souffle court, vint au rapport. Chacun faisant état de sa situation sans se préoccuper des autres créant ainsi un brouhaha où il était impossible de suivre qui que ce soit.
- Oh oh ohhhhhhhhhhhhhhhhh! Ça va oui ? Vous vous entendez ? et bien pas moi, donc LA FERME! gueula-t-il.
Ses quatre interlocuteurs le fixait se demandant ce qui n'allait pas. Alors il prit la parole :
- Votre vie est en danger ?
N'obtenant pas de réponse, il enchaîna:
- Soit, ça peut attendre un peu.
Sur ce, il se rua vers sa console, réveilla ses écrans et se mis à l'œuvre pour localiser l'équipe selon les indications qu'on pouvait lui fournir. Il sorti un plan de la ville et réussit à repérer une zone d'un kilomètre. C'est encore un périmètre trop grand à couvrir considérant qu'il y a des ruines bloquant le chemin un peu partout et que les routes n'existent pratiquement plus. Ils en auraient pour des heures.- Centrale à équipe 1, commença-t-il.
- Équipe 1, à l'écoute.
- Je vous ai partiellement localisé. J'aurais de besoin de quelques repères supplémentaires. Voyez-vous quelque chose ?
- Négatif, centrale. Le bâtiment est tombé sur l'immeuble voisin et nous à coincé entre les deux. Les éboulis nous bloquent le passage des deux côtés. Impossible de voir à l'extérieur c'est à peine si la lumière arrive à passer ici dedans. Nous tentons une voie de sortie, mais nous sommes peu nombreux et l'endroit peu s'effondrer complètement à tout moment.
- Bien reçu, équipe un, un groupe se prépare à vous rejoindre. Tenez-moi au courant de votre situation. À vous.
- Équipe 1, bien reçu.
Le plus urgent en bonne voie. Matt se retourna vers ses quatre clowns et attendit que l'un deux lui présente son problème.L'un des techniciens vit l'occasion, consulta son copain du regard et tenta : - On a un problème avec le générateur de l'infirmerie et pour ça on aurait de besoin de filage. Matt regarda les jeunes un moment, incrédule, et ne put s'empêcher de casser :
- Mais est-ce que j'ai l'air d'un technicien moi ! Demandez à votre responsable.
- Euh, mais c'est que... on ne sait pas qui sait... répondit l'autre d'une petite voix.
- Qu'est-ce que vous attendez ? Trouvez-le ! Je ne suis pas votre mère.
Les jeunes que la situation rendaient inconfortable filèrent sans demander leur reste pendant que Matt regardaient les deux derniers d'un air disant c'est mieux d'être pertinent. Le préposé radio se risqua :- On a un problème avec le brouilleur et le programme demande un mot de passe pour changer de fréquence.
- Justaucorps, fit Matt nonchalamment.
Le gars le fixa en se demandant s'il était sérieux alors Matt ajouta en haussant les épaules.
- Hé, ce n'est pas mon idée hein !
Il ne restait plus que le soldat, qui semblait d'ailleurs avoir profité de sa courte pause pour se reprendre en main.
- Équipe 2 au rapport.
- Ahhh je me disais aussi. On ne vous entendait plus depuis longtemps.
Le soldat décrocha alors la radio de sa ceinture et la tendit à Matt afin qu'il puisse l'observer. Une balle était logée en plein centre, écrasant par le fait même toutes composantes électroniques.- On a pris une douche de plomb en cours de route. C'est con à dire, mais je suis bien content de pouvoir encore m'asseoir.
- Vous n'aviez pas deux radios ?
- C'est exact, mais le groupe a dû se séparer en ville pour échapper à un contingent militaire. Nous avons retrouvé tout le monde sauf Kyle.
- D'accord, je m'en occupe. Merci.
Kyle
par Chayenne
J'étais mal barré, mais à un point, quelque chose de bien. D'habitude, il m'arrivait toujours des petits ennuis, mais là, j'avais fait fort. J'étais en mode boulet, ce n'était pas possible autrement.
J'avais perdu l'équipe, m'étais fait une entorse ou un truc comme ça, et j'avais ces sales clébards de l'Ordre aux fesses. Ca ne sentait pas bon, mais alors pas du tout. En plus, je devais être en dehors de la zone de réception, car je n'arrivais pas à faire marcher ma radio. Quelque chose devait interférer entre moi et le QG.
J'entendais les soldats pas très loin derrière moi, eux ne m'avaient pas vu, mais leurs cabots, que je soupçonnais d'être nourris aux rebelles, me coursaient toujours et les guidaient. J'avais intérêt à m'en débarrasser au plus vite, car là, il était hors de question que je prenne la direction du QG.
Et cette fichue radio qui ne voulait toujours pas fonctionner, y en a un qui allait m'entendre, c'était l'enfoiré qui nous avait assuré de son parfait état de marche. Si je m'en sortais, et je comptais bien m'en sortir, il aurait intérêt à courir vite. En attendant, pester n'arrangeait pas mon problème, et je ne savais toujours pas pourquoi cette radio ne captait plus la base.
J'avais bien une idée, mais bon, sa réalisation n'était pas évidente. Il fallait que j'arrive à trouver un sommet assez haut pour capter de nouveau les ondes du QG. Et mis à part le Space Needle, il n'y avait pas foule de lieux adéquats. Et ces rats qui me collaient toujours aux basques.
Je n'avais pas le choix, je devais soit les semer, soit trouver un moyen de contacter la base. Et le Space Needle n'était pas franchement la porte à côté.
Je tournai dans une ruelle, et zut, une impasse. Là, c'était clair, mon sens de l'orientation s'était mis en grève et j'étais bel et bien paumé. Avisant une échelle de secours, je m'y hissai tant bien que mal et grimpai sur le toit, déconcertant les chiens pour quelques secondes au moins.
Là, je n'avais pas trop d'options, il fallait que je me débrouille pour passer de toit en toit, et ça n'allait pas être simple. Il y avait bien une planche de bois assez longue, qui aurait été parfaite pour passer d'immeuble en immeuble, mais bon, il y avait aussi un petit ennui à ce plan... Mon vertige !
Entendant les bruits des soldats plus bas, je me décidai et ajustai la planche afin d'en faire une passerelle. Par contre, je n'étais pas rassuré et je m'y avançais à quatre pattes. J'étais ridicule mais, comme on dit, ça ne tue pas. Et plus vite que je ne l'aurais cru, j'étais de l'autre côté.
Trimbalant ma planche avec moi, je passai ainsi une dizaine de toits, et j'étais soulagé, mes poursuivants auraient un peu de mal à me retrouver maintenant. Soudain, je perçus un crépitement dans ma radio.
Jésus, Marie, Joseph ! elle se décidait enfin à remarcher.
" Équipe 1 à centrale ! grésilla une voix."
À suivre !
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