Shanee
par Chayenne
J'arrivais enfin dans le bon secteur. Ce n'était vraiment pas facile de se repérer dans cette ville. Il y avait les anciens noms de rues, et par dessus les nouveaux, ainsi que les numéros de secteur pré et post massacres.
Donc pour trouver son chemin, ce n'était pas simple. Et puis je me voyais pas vraiment aller voir un soldat pour lui dire : " Pardon monsieur, la maison de mon pote qui doit me donner des infos contre vous, c'est par où ? " Non, trêve de plaisanterie, il valait mieux que je les évite ceux-là.
En tout cas, j'étais dans la bonne rue et d'après mes repérages, je n'étais plus qu'à deux pâtés de maisons. Enfin si on pouvait toujours appeler ces amas de tôles et de bâches, des maisons.
Je tournais au coin de la rue et je m'arrêtai, afin de vérifier mes indications. La planque de Bobby était censée être devant moi. Mais là, à part des restes d'une barque calcinée, il y avait que dalle. J'étais perplexe et vérifiai par trois fois que je me trouvais bien au 501 Riverside Avenue.
Une gamine haute comme trois pommes me regarda avec méfiance. Je lui fis mon plus haut sourire et elle ne tarda pas à m'imiter. Je plaisais toujours aux gosses.
" Tu attends quelqu'un ? me demanda-t-elle. "
" Pas vraiment, je voudrais savoir, si tu sais où est parti l'homme qui vivait en face ? "
" En face? Mais ça fait des années que personne ne vit en face. Ca a brûlé la semaine dernière, mais c'était déjà abandonné... "
Je remerciai la gamine et fis demi-tour. Il valait mieux que je ne traîne pas dans le coin. Bobby avait dû s'enfuir à temps, ou du moins je l'espérais, je ne voulais surtout pas croire que le feu ait pu le trouver endormi. Car le peu que je savais sur lui me faisait penser qu'il était ici incognito.
Je m'éloignai assez rapidement du lieu du sinistre, tout en réfléchissant à ce que cette nouvelle impliquait pour moi, mes projets et mon séjour ici. Je comptais sur Bobby pour ne pas m'éterniser, mais mes plans tombaient à l'eau.
Je devais donc me trouver une planque. J'avais bien une idée où chercher, mais je n'étais pas sûre de trouver facilement mon chemin.
J'en étais là dans mes réflexions quand j'entendis qu'on me hélait. Zut, des soldats, et je n'avais pas leurs fichues cartes de circulation. Je n'avais pas trop le choix. Soit je leur faisais mon regard de pauvre gamine complètement à l'ouest, soit je prenais la fuite avec le risque de me faire canarder.
Je devais être timbrée, parce que je choisis la seconde option et me mis à courir à toute vitesse. Ca ne manqua pas, les salves retentirent aussitôt dans mon dos. Je courais vite, mais comme on n'est jamais trop prudent, il valait mieux pour moi que je trouve un moyen de semer ces crétins.
Avisant un bus de ramassage vide en train de remonter la rue, j'eu une idée, folle pour ne pas changer. Mais c'était mieux que rester là en cible vivante.
Lorsque le bus fut à ma hauteur, je me laissai rouler dessous et là, je m'agrippai à la carlingue. Bon d'accord, je pourrai plus me servir de mes mains pendant quelque temps, mais c'était toujours mieux que de finir en passoire à pâtes. Et puis qui sait, mon chauffeur me déposerait peut-être à proximité des tours...
Vince
par Rocky
Après cette journée éreintante et de dure labeur, je me dirigeai en direction d'un vieux bar dénommé Véline.
Le soleil resplendissait encore pour quelques heures avant de laisser la nuit paraître, je passai à coté d'un vieil homme, complètement démuni, le pauvre n'avait pour seule habitation qu'une caisse en carton, il portait une chemise déchirée son pantalon était lui aussi en piteux état.
C'était sûrement dû à des bagarres. D'un geste, j'ouvris ma valise et lui tendit un pain que j'avais acheté plutôt dans la journée.
« Tenez brave homme, c'est pour vous »
« Je vous remercie Monsieur »
« Pas de Monsieur, appelle-moi Vince, et Toi »
« Oui, Monsieur Vince, moi je m'appelle Chris, vous êtes nouveau dans le quartier »
« Je suis le nouveau Capitaine de Police, d'ailleurs, voici un billet, faites-en bon usage, j'aurais bien continué à parler avec vous, mais je dois y aller »
« Vous allez où ? »
« Faire mon sport favori, Glander »
Après cet intermède, je me dirigeai avec un pas plus rapide en direction du Véline, je devais rencontrer mon contact, Gérard, un rebelle.
Il était super baraqué, les femmes craquaient rapidement pour lui, mais toutes avaient été vachement déçues quand il s'était avéré homosexuel.
Arrivé à l'entrée du bar, j'usai de mon statut de policier pour éviter la queue, le videur faisait bien dans les 160kilos et son regard nievreux disparut lorsqu'il vit mon badge.
« S'il vous plaît Monsieur »
« Merci » repondis-je.
Ce dernier était bondé de monde, on pouvait y voir des jeunes de 14 ans jusqu'aux plus anciens de mon âge.
C'était encore un des seul bar à avoir une popularité, certainement due à son patron, un transsexuel.
Toujours habillé en femme, il délirait souvent en agissant comme s'il vivait dans un film pré-Impulsion: Moulin Rouge.
Je me dirigeai vers le bar quand je sentis que l'on me pinçait le cul.
Je me retournai, stupéfait, et vit Gégé, normal, portant robe et perruque
J'eut du mal à contenir mon rire, surtout lorsqu'il m'embrassa en m'appellant "Grand fou".
Ce type était une caricature ambulante, mais il avait du cachet et déplaçait du monde.
Tous dans le bar étaient écroulés de rire.
Il m'entraîna à l'écart et nous pûmes commencer à discuter, en langage codé évidemment. On ne devait surtout pas se faire repérer ou sinon... couic!
« Salut Gégé, alors quoi de neuf aujourd'hui »
Shanee
par Chayenne
Finalement, je ne m'étais pas brûlée le futal et les mains pour rien. Le bus étant passé à proximité de la zone de non-droit, j'avais écourté là mon voyage. Et cachée derrière une très ancienne palissade de chantier, recouverte d'affiches en tout genre, j'observais patiemment le spectacle de désolation qui se tenait devant moi.
Un mur de fortune, fait de planches, grilles et briques, avait été édifié entre ce quartier interdit et le reste de la ville. Et le nez dessus, je comprenais mieux pourquoi la zone des tours était devenue un no man's land. J'avais eu l'occasion de voir des photos de cet ancien quartier chic, du temps de sa splendeur, et là, on se serait cru en Irak à l'époque où l'un de nos présidents jouait à la guéguerre avec le reste de la planète. Honnêtement, je ne m'étais pas attendue à un tel paysage.
Des monticules de débris, signes de tours effondrées, clairsemaient le coin, se faufilant entre les derniers immeubles et s'étalant sur les anciennes grandes artères du quartier. Ca devait être chouette pour s'y déplacer, il n'y avait quasiment plus de rues à proprement parler, mais des chemins de misère, avec la menace de les voir comblés à chaque passage. Quant aux dernières grandes tours, quelques unes semblaient survivre au centre, groupées ensemble, petit îlot symbole de l'ex-puissance humaine. Mais dans l'ensemble, elles se tenaient isolées, séparées par les gravats et les ruines, comme des enfants polissons qu'on met au coin.
Des rares lumières commencèrent à apparaître de mon côté, - en face, j'y comptais pas trop - et je me décidai à quitter ma cachette pour rejoindre mon nouveau terrain de jeu. Telle une ombre, je me glissai jusqu'au mur et avançai lentement, afin d'y dénicher une faille à travers laquelle je pourrai me glisser. Bon, c'était peut-être fait de bric et de broc, mais ceux qui avaient édifié ce mur, avaient été consciencieux.
Alors que je me demandais si je n'allais pas tenter le saut en hauteur, tout en ne sachant pas sur quoi je risquais de retomber, j'aperçut un arbre qui s'était glissé dans un recoin du mur. Comme partout, la nature faisait fi des prétentions de l'homme à modeler le paysage et reprenait ses droits. L'arbre que j'avais devant moi devait avoir une vingtaine d'année et il paraissait être assez solide pour supporter mon escalade. N'hésitant pas une seconde de plus, je m'y hissai et passai sans encombre de l'autre côté.
Silencieusement, je traversai la zone dégagée, m'attendant presque à voir le halo d'un mirador, mais heureusement il n'en était rien. Peu étaient les inconscients à se glisser dans ce domaine des ruines et des morts étouffées. Donc l'Ordre ne devait pas perdre son temps et son argent avec deux ou trois marginaux, ou gosses en mal de sensations fortes.
J'avais déjà arpenté trois "rues", ou plutôt, trois chaînes de tas de ruines - je m'attendais presque à voir un corps dépasser sous les débris - quand j'entendis du bruit. Je me jetai à terre, m'aplatissant derrière un reste de cloison de contreplaqué, et écoutai. J'espérais que la tour voisine qui penchait dangereusement comme celle de Pise, ne choisirait pas ce moment pour s'effondrer.
"Hé, tu n'as rien entendu ? demanda un soldat à son binôme."
C'était bien ma veine, il fallait que je tombe sur une ronde de nuit.
"Non, rien d'inhabituel. Sûrement un rat qui a trouvé quelque chose à bouffer..."
"Mouais, je hais ces bestiasses."
Les deux gardes reprirent leur marche et s'éloignèrent. Moi, je n'osais pas encore bouger, et puis je crois que je n'aimais pas trop cette idée de rats. C'était stupide, vu qu'ils étaient devenus les véritables maîtres du pays et qu'on en voyait partout, mais moi, je n'aimais pas leurs sales yeux.
J'étais enfin décidée à bouger quand je sentis un souffle humide dans mon cou. Parvenant à me maîtriser, je me retournai très lentement, prête à dépecer vif ce sale rongeur, quand je sursautai. Devant moi se tenait un chien qui me regardait en courbant la tête, comme étonné. Là, je n'étais pas mieux, finalement les rats avaient peut-être du bon, car les chiens étaient pour la plupart revenus sauvages et je ne souhaitais pas lui servir de repas. Me forçant à ne pas bouger, je le fixai dans les yeux, la seule chose que je savais à faire. Il soutint mon regard, puis parut se désintéresser de moi et s'éloigna. J'en profitai pour me remettre debout, sur mes jambes en coton et continuai tant bien que mal ma route.
L'avancée était pénible - j'ignorais alors qu'il existait des passages plus praticables - mais je continuais et finalement, j'avais bien visité le quartier. J'avais l'impression d'être suivi, mais, alors que j'étais une experte pour démasquer mes poursuivants d'ordinaire, là, j'étais inefficace. On me suivait et on le faisait extrêmement bien.
J'entendis des voix et me rejetai dans l'ombre d'un mur. A quelques pas de moi, une jeune fille et un jeune garçon, armés, fumaient une clope. Des rebelles... je ne devais pas être très loin de leur planque et ça me décida pour choisir un autre quartier. Je ne tenais pas trop à voir ces types. A ma façon, j'en étais une aussi, mais je ne les portais pas dans mon coeur. Ils faisaient un peu trop "armée" à mes yeux.
Silencieusement, j'attendis qu'ils s'éloignent à leur tour, quand je sentis une langue râpeuse me lécher la main. Le chien était à mes côtés et il me regardait toujours en courbant la tête. Il ne paraissait pas très méchant, mais bon, il valait mieux être prudente. Avisant un tube en plastique, je le lançais loin et je le vis partir comme une flèche derrière. J'en profitai pour ficher le camp à mon tour.
J'avais, semblait-il, visité la zone dans son ensemble et je me trouvais devant la seule tour qui ne me rebutait pas. Il restait bien le centre qui ressemblait encore à quelque chose, mais ça semblait être le quartier des rebelles. Donc je n'avais pas trop le choix. Cette tour était au centre d'une montagne de débris, ses voisines s'étaient effondrées, mais, ce faisant, lui servaient de renforcement. Elle était comme ensablée dans les ruines et ses trois premiers étages avaient disparu sous le tas.
J'escaladai les gravats et parvins à une porte-fenêtre. Je dégageai les derniers morceaux de vitres et je m'y glissai. Jetant un dernier coup d'oeil à la ville, j'allai y pénétrer quand je vis le chien assis sur son arrière-train, le tube posé à ses pieds, qui me regardait avec une lueur de jeu dans le regard.
"Tu es encore là? allez, file, je n'ai rien pour toi. Allez..."
Il ne bougea pas. Tant pis pour lui, moi, je n'allais pas m'embarrasser d'un clébard.
Je pénétrai dans l'immeuble et fouillai dans mon sac à la recherche d'une lampe torche, car c'était la nuit noire là-dedans, toutes les fenêtres semblaient avoir été comblées. parvenant à l'escalier principal, je commençai mon ascension avec prudence. Mais l'immeuble paraissait solide.
Après trois étages visités, je poussai la porte d'un appartement et m'arrêtai. Bingo! je venais de trouver ma piaule. C'était bien le quartier bourgeois ici, la déco en attestait. Rapidement, je fis le tour de ma nouvelle demeure et m'extasiai devant la chambre, la salle de bain et la cuisine. En plus les placards étaient bourrés de fringues. Ce n'était pas spécialement mon genre, mais c'était déjà super.
Ravie, je me mis à une fenêtre et dégageai les rideaux. j'avais éteins ma lampe, mais les lueurs de la ville ainsi que celles du ciel illuminaient la pièce. Je jetais un coup d'oeil en contre-bas et vis que le chien n'était plus là. C'était mieux comme ça, même si je sentais un petit pincement au coeur. Lui aussi m'avait abandonnée.
Je déposai mon sac dans ma nouvelle chambre, sortis des draps d'un placard, refis le lit et m'éloignai vers cette salle de bain. Je n'avais pas tout visité, c'était trop grand, mais j'étais émerveillée par cette pièce, même si je n'en voyais pas l'utilité. Je me demandais d'ailleurs où je trouverai de l'eau dans ce quartier, quand je perçus un petit bruit. Attentive, je me rendis soudain compte que de l'eau suintait du robinet de la baignoire.
J'avais peut-être encore plus le cul bordé de nouilles, et je mis toute ma force à faire tourner un robinet. Je m'étais explosé la main -décidément ce n'était pas leur journée- mais un curieux grondement ce fit entendre et une eau boueuse jaillit soudain en trombe, m'éclaboussant au passage. Bon, les canalisations étaient trop vieilles et n'avaient pas trop supporté mon idée. J'étais bien, moi.
Je courus jusqu'à la cuisine où j'espérais bien trouver des outils. Ils étaient rangés sous l'évier, comme quoi, tout le monde avait les mêmes idées. De retour dans la salle de bain, je farfouillais dans la boîte et commençai à resserrer le robinet, tandis que l'eau s'éclaircissait au fur et à mesure.
"Bon une pince, me dis-je à haute voix."
Entendant du bruit, je me retournai et vis le chien, la tête farfouillant dans la caisse, puis tenant l'outil demandé dans la gueule. Je ris.
"Bon, ok, tu as le droit de rester, mais je te préviens, c'est moi la chef ici. Et tu ne dors pas dans la chambre."
Il me regardait toujours de la même manière, une lueur d'intelligence brillant dans les yeux. On allait bien s'entendre.
Matt
par Kina
Je farfouillais les cartes de la ville de Seattle à la recherche de voies d'accès pouvant ramener Kyle vers le quartier général.
« Mais qu'est-ce qu'il pensait aussi que d'aller se promener dans un coin aussi perdu. En plein jour, et avec, au minimum, trois secteurs à traverser sans aucun papier pour se rendre à la frontière la plus proche de la zone interdite. Comment il a fait pour s'y rendre d'abord ? C'est qu'il n'apprendra jamais celui-là ! »
« Bon ! Les questions, ce sera pour plus tard, là je dois trouver un moyen de le ramener. Arf, il en pleut pas des possibilités, c'est l'un des secteurs avec le système de contrôle des plus serré. Kyyyyyyle, mais qu'est- ce que tu fiches là bon sang ! As-tu la moindre idée de comment tu as pu traverser la 1st Avenue à l'aller ? »
J'avais beau regarder les cartes devant moi. Toutes les issus étaient bloquées ou impraticable pour une personne, seule en plein jour et sans ressources.
« Le plus simple serait vraiment de lui donner des ailes, mais bon il ne semble pas d'accord. Plan B, quand la terre et les airs sont hors de question, que reste-t-il... le sous-sol. Donc les tunnels de métro et les égouts. Où est-ce que j'ai caché le répertoire des cartes des réseaux souterrains moi. Voilà ce qui arrive quand on fait du ménage. On range le tout dans des endroits si logiques qu'on s'y perd.»
« Ahhh je l'ai ! Ben oui, le répertoire du réseau d'aqueduc, tout à fait logique, j'étais dans la lune ou quoi ! Kyle, tu as vraiment une bonne étoile pour veiller sur toi. »
Après avoir consulté les accès en sous-sol, je trouvai finalement un trajet potentiellement praticable. Potentiellement considérant que les cartes sont vieilles de près de 50 ans et les réseaux abandonnés depuis des années, mais avec un peu de bol...
« C'est qu'il va déchanter le pauvre quand même. Lui qui ne supporte pas d'être à l'étroit, là il va être servi. Je ne pus contenir un petit rire en imaginant la tête qu'il fera en l'apprenant. Ahhh j'aimerais trop pouvoir assister à ça... mais je n'ai pas d'autre choix, alors autant lui annoncer la bonne nouvelle ! »
- Il y a peut-être un autre moyen... donc tu vas contourner la 1st Avenue, jusqu'à tomber sur une vieille entrée de métro. Et c'est là, que ça va se compliquer...
Kyle
par Kina
Là j'essayais de reprendre mes esprits.
« Une grande inspiration... ok maintenant je souffle doucement. Voilà, j'ai l'esprit en paix, mais pourquoi j'ai le cœur qui s'affole. J'ai mal compris moi. Dites-moi que j'ai halluciné s'il-vous-plaît ! »
- Matt, t'es pas sérieux là !
- Ohhh que si ! Tu diras bonjour aux petites bestioles de ma part d'accord !
« Mince, je l'entend même sourire sur les ondes. C'est PAS drôle bon ! Les bestioles, qu'est-ce que j'en ai a foutre moi des bestioles. Un bon coup de pied et il n'y paraît plus. Il a beau essayer de me détendre en changeant de sujet. Ça ne marche pas ! »
- Mais bien sûr . Tu veux que je leur fasse la bise de ta part tant qu'à y être...
- Ahh bien si tu en as envies, ce n'est pas moi qui va te priver de ce plaisir hein !
- ...
Sur ce, j'entamai ma descente vers le plancher des vaches. Une fois sur la terre ferme, je commençait à me glisser le long des bâtiments afin de m'approcher le plus près possible de la grande artère principale du secteur.
Je me mêlai à un groupe de travailleur longeant le trottoir et tâchai de passer inaperçu. Les pauvres étaient tellement vidés par leur journée de travail que c'est à peine s'il me regardèrent, choisissant de m'ignorer complètement tellement la fatigue les rendait légume. N'empêche que grâce à eux, je pus parcourir une bonne centaine de mètres au nez et à la barbe d'un patrouilleur qui n'y vit que du feu. C'est fou le mal que j'ai eut à me retenir de ne pas lui rire à la figure, mais bon je devais me faire le plus petit possible.
Puis, le groupe prit le prochain tournant, me forçant à les abandonner et me cacher dans les kiosques du marché situé à l'intersection.
Je n'étais plus très loin de la frontière du prochain secteur quand un militaire vint me voir. Par chance, j'avais coupé et caché la radio avant de me jeter dans la gueule du loup. Il ne m'aurait plus manqué qu'elle ne se mette en marche devant tout le monde. Bonjour la discrétion !
Avec mon pack sac, je ressemblais assez aux autres « moutons » du coin. Je pris mon air le plus las possible et me retournai vers lui jouant le bon petit serviteur de l'Ordre que je suis tousse toussse .
- Oui monsieur ?
- Qu'est-ce tu as là ? fit-il en indiquant la pochette sur le côté de mon sac.
- Une bouteille d'eau monsieur, fis-je le plus innocemment du monde
- Eh bien, je ne vois rien moi, fit-il en me l'arrachant tout bonnement.
J'eut peut-être un mauvais réflexe, car il me regarda soudain l'air suspicieux quelques secondes avant de me demander :
- Tes papiers !
« Oh oh, problème... »
- Mais bien sûr. Ils sont dans mon sac, fis-je docile tout en faisant mine de le retirer de mes épaules.
- Plus vite que ça, on va pas y passer la journée ! ajouta-t-il exaspéré.
- Je pris un vieux carnet de notes dans la doublure intérieure de mon sac à dos et lui tendit tout en me tenant prêt à déguerpir au plus vite. Bien sûr ça attirerait l'attention, mais c'était déjà mieux que d'essayer de l'abattre, car dans ce cas, bonjour la cavalerie.
Au moment où il allait l'ouvrir, un tumulte grandissant parvint à nos oreilles. Un véhicule transportant deux bonbonnes de gaz propane venait ne perdre le contrôle et avait virer sur le côté. La valve d'une des bouteilles avait été arrachée au moment de l'impact et une étincelle avait dû s'en suivre, car la bonbonne explosa dans les airs, parcourant une bonne dizaine de mètre avant d'atterrir sur le trottoir non loin de nous, une fissure la traversant de haut en bas.
Je profitai de cette heureuse, quoique curieuse diversion pour m'éclipser jusqu'à l'intersection suivante, l'endroit devenant rapidement le centre de l'attention. Par chance, je tombais maintenant nez à nez avec un accès au réseau des métro.
Évidemment l'entrée de l'escalier était condamné, mais les barricades de fortunes n'étaient par chance pas très solide. Je serais même prêt à parier qu'on les déplaçait souvent. Bah, sans doute des gamins qui n'ont rien de mieux à faire de leur journée que de s'aventurer là où il ne faut pas.
Une fois de l'autre côté, j'allumai ma lampe de poche et descendit au bas de l'escalier, je sortis de nouveau la radio afin d'obtenir les prochaines consignes, car une fois dans les tunnels, toutes communications me seront désormais très difficiles alors autant avoir au moins une liaison claire.
- Toujours là ma poule ? débutais-je.
- Il t'en faut du temps ! J'ai faillit attendre tu sais.
- Fallait te joindre à la fête voyons, t'as manqué tout le spectacle... Ahhhh merde !
- Quoi ?
- Le salaud de garde a gardé ma bouteille d'eau ! Merde !
- oO ... ok... tu es où là ?
- Attend, euh... voie orange, borne 82. En tout cas si j'en crois la colonne à côté de moi.
- Je regarde... J'ai trouvé ! Ben dis donc, t'es à l'autre bout de la ville toi.
J'entendais Matt taper sur son clavier de temps à autre. Je voyais qu'il cherchait activement sans rien trouver à son goût, car je l'entendais pousser quelques soupirs de frustration. De mon côté, j'évitais autant que possible de regarder les murs autour de moi.
- Écoute Kyle, le plus sûr, ce serait que tu passes dans le tunnel en direction de la borne 83 en montant. À la prochaine station, il y a un autre tunnel qui débute sur ta gauche. Tu le prend pour encore une station et à la deuxième borne, tu prends le tunnel de l'entretient de la ventilation et tu reviens normalement à la surface. Si ça se complique, tu essayes de m'appeler compris.
- Se compliquer ! Tu sais que venant de toi ça ne me dis rien qui vaille... répliquai-je sceptique.
C'est donc avec prudence que je m'engageai dans les entrailles de Seattle.
