Décidément, ce n'était pas ma journée. Rien ne tournait comme je l'avais prévu... Moi et mes supers plans... Matt devait bien se foutre de ma gueule.
Je cherchais un moyen de m'en sortir, genre un prétexte bidon pour m'enfuir ou retrouver une vieille connaissance. Je fouillais l'Express des yeux, mer.... Personne. Enfin personne de ma connaissance, parce que sinon le bar était bondé.
Miss Catastrophe et miss Sangsue étant reparties à l'attaque, je profitai de la diversion pour m'éclipser quelques instants.
Au comptoir, je soufflais un peu et croisai le regard amusé d'une fille. Elle devait avoir assisté au massacre de ma réputation. Dommage, elle était plutôt mimi, j'aurais peut-être eu envie de la connaître un peu plus bibliquement, mais bon, là, c'était mort. Je lui fis un sourire navré, et elle se mordit la lèvre, pour ne pas rire.
Je devais vraiment être ridicule, alors autant y retourner. L'alcool en main, je rejoignis Matt et les deux horreurs. Cette soirée allait me calmer pour un temps, enfin juste le temps adéquat pour en trouver une correcte à son intention.
La soirée est encore jeune alors essayons d'en tirer le maximum sans encombre. Jen semble tout à coup n'avoir d'yeux que pour Matt. Mais comment fait-il pour attirer les filles à ce point ? Il ne drague même pas... Même, il a beau essayer de le cacher, mais je le connais... je dirais qu'il est plutôt mal à l'aise face à cette entreprenante.
Je pose le pichet entre Jen et Matt tout en regagnant mon siège créant ainsi une diversion. Jen paraît surprise... mais c'est qu'elle m'aurait vraiment complètement oublié celle là ! Elle en a du toupet !
Matt de son côté semble plutôt apprécier de ne plus être le centre de l'attention. Ah mon pauvre, si tu savais à quel point c'est agréable d'être entouré de charmante compagnie. Il n'y a plus qu'à faire ton choix ensuite et la fin de la soirée devient mémorable... du moins jusqu'à la suivante... Mais non, môssieur fait son difficile; il veut une fille qu'il peut revoir le matin et les jours d'après. Une avec qui il peut discuter, mais on a pas toujours besoin de parler tout le temps voyons. Il est trop romantique et ça lui fait rater de belles occasions. C'est quand la dernière fois qu'il a pu s'envoyer en l'air, hein ? Là je suis curieux, mais un jour je vais bien lui tirer les vers du nez, il ne perd rien pour attendre celui là.
Ahhh, mais c'est quand même que je m'en donne du mal pour lui. Une fille d'un soir, je lui trouve ça les yeux fermés, mais a-t-il la moindre idée du mal que je me donne pour en trouver une qui ressemble un peu à ce qu'il cherche ? Ce genre de fille ne courre pas les bars tous les soirs, c'est là le hic. Je dois aller en ville, trouvez une perle rare et la convaincre de sortir avec des inconnus. Ça ne se fait pas du jour au lendemain, ça prend de la patience, du tact et du doigté tout ça, quoique je ne déteste pas le défi...
C'est gentil d'avoir occupé les filles en mon absence Matt, mais là c'est un peu injuste pour toi de les garder toute les deux et de ne m'en laisser aucune. Tiens je suis bon prince, je vais te reprendre Jen. J'espère maintenant que tu regrettes de l'avoir invité. Ça t'apprendra à jouer au plus malin avec moi. En fait, c'est pas vraiment pour toi que je le fait, mais pour Kathy. Il faut lui laisser sa chance à la petite. Prends-en bien soin, c'est une fille sympa.
Matt
Je passe ma commande au comptoir. Tout compte fait la soirée n'est pas si mal. Jen est retournée coller Kyle, Jinx est capable de faire une conversation sur autre chose que les cheveux et les ongles et il n'y a pas eut d'autres incidents fâcheux. Elle est bien cette fille, même si après conversation l'on voit qu'on n'a pas grand chose en commun. C'est seulement une bonne connaissance et Kyle croira ce qu'il voudra, mais ça en restera là. Je n'ai donc pas du tout été surpris ni rien quand elle s'est mis à dire qu'elle s'ennuyait un peu de son ex petit ami. Les choses étaient embrouillées entre eux et ils n'ont pas vraiment tiré le tout au clair alors quand Kyle lui a proposé de sortir se changer les idées, elle s'est dit que ça lui ferait probablement du bien. Je suis quand même content qu'elle soit venue, ça me change des soirées catastrophes, là au moins j'en tire une amie. La chance aurait-elle tournée ?
Le barman me tend le pichet et le martini double olive que j'ai commandé puis je reprend le chemin de la table. S'il y a bien une chose que j'ai comprise, c'est que Jinx se porte toujours mieux lorsqu'elle peut resté assise bien tranquille. Oh oui, son surnom a pris tout son sens lorsqu'elle m'a raconté ses différents déboires en expliquant que l'accident de sa chute un peu plus tôt en soirée lui est chose courante.
De retour à ma place, je dépose les breuvages sur la table et entreprend de me verser un verre quand tout à coup je crois voir quelque chose et j'entend un plouch provenant de celui-ci. Jinx l'a également vu, car elle se penche au dessus afin de voir de quoi il s'agit. Apercevant l'intrus en question flottant dans la mousse, je le retire pour révéler au grand jour... une cerise ! La question est de savoir d'où elle vient exactement, car personne alentour ne semble réagir. Apparemment je dois faire une drôle de tête, car Jinx se prend d'une de ces crise de fou rire.
Malheureusement, elle tient son verre à la main et rit tellement qu'elle devient distraite et en oubli son existence. Son bras tend dangereusement vers la droite et avant que je ne puisse faire quoique ce soit, il est trop tard. Le martini au complet ainsi que ses deux olives viennent tout juste de se déverser à nul autre endroit que le décolleté plongeant de sa voisine. Les olives bien encrées juste au bon endroit et ayant amené le verre, je sais que son contenu était bien froid..
Jen évidemment se met à paniquer et lève frénétiquement les mains en l'air. Un pauvre type qui se promenait avec un pichet de bière ne l'a pas vu et se prend une claque en pleine tronche. Le pichet qu'il portait ainsi que son contenu, tombe en bonne partie sur Kyle qui se prend une de ces bonnes douche bien glacé en dehors de la centrale. Bref il a de quoi être ravi.
Jinx a tenter de l'aviser de prendre garde en levant les bras, mais il était déjà trop tard. Un serveur qui passait près de moi fut attiré par les cris hystériques de Jen et se retourna violemment. Jinx ferma les yeux et baissa rapidement les bras, mais je ne vis que trop tard qu'elle avait en même temps accroché le plateau du serveur à mes côtés. Ce qui devait arrivé arriva. Je n'ai pu évité la douche à mon tour. Tout le contenu du plateau qui était plein se renversa sur moi sur mon épaule et dans mon cou.
Par réflexe, j'eut le temps de me lever et me secouer avant que le tout ne m'arrive sur les pantalons, mais le haut était bien trempé et à l'odeur, je pouvais facilement dire ce que la table voisine avait commandé... . de l'ananas, de la noix de coco, un soupçon de rhum. Chouette, je n'avais jamais pris de douche au piña colada avant. Ça n'a pas que l'avantage d'être froid par contre, c'est collant comme pas possible.
Jen choisit de s'éclipser aux toilettes tandis qu'un Kyle dégoulinant (oui il en a eut dans les cheveux lui) me regardait ahuri et que Jinx, la seule épargnée, voulait se cacher répétant qu'elle était désolée avant de prendre la poudre d'escampette. J'avoue qu'on devait faire un beau tableau trempé comme ça. Le clou de la soirée, il n'y a pas à dire ! Surtout que le bar ferme dans une vingtaine de minutes. La situation était d'un ridicule. Pour ne pas attirer l'attention en tout cas cette fois c'était réussit.
Déjà que le chemin du retour allait être long, il fallait au moins essayer de faire un petit brin de toilette avant de partir. Nous prirent donc la direction des toilettes, où à notre plus grand bonheur, nous avons pu constater qu'il n'y avait plus d'eau. Ne désespérant pas, je revient au bar emprunter un demi-pichet d'eau que j'avais vu sur le comptoir. Après vérification que c'était bien de l'eau, je l'apportai avec moi où Kyle essayait de se sécher les cheveux avec du papier à main. Évidemment il était impossible de faire des miracles avec les moyens du bord et je ne sais pas si ce sont les nerfs ou encore la fatigue, mais en nous regardant l'air, il nous fut impossible d'éviter la crise de fou rire. Ah oui, vraiment la soirée ne pouvait pas mieux se terminer.
Quand nous sommes sortis, il ne restait plus personne dans la place. Le propriétaire nous attendait pour fermer boutique.
Une fois dehors, nous prîmes le chemin de la frontière la plus proche. Voyant qu'il n'y avait aucun garde dans les environs, je partis à la course, pris mon élan et sautai sur un conteneur à ordure, puis sur le toit d'un camion avant de m'élancer de l'autre côté de la clôture et atterrir sur le plancher des vaches 3 mètres plus bas. C'est là que je me retournai pour apercevoir Kyle, toujours de l'autre côté, qui me regardait d'un air désespéré.
- Tu sais quoi ? Tu es malade. Tu penses vraiment que je vais te suivre comme ça ? Non mais, je vais me péter la tronche moi si j'essaye de sauter. Oublis ça, je fais le tour !
- Rhaaaa, mais tu peux au moins escalader, personne ne te demande de sauter. C'est le chemin le plus court...
- Non, non ! Rentre si tu veux, moi je passe ailleurs.
- Pour que tu te perdes comme la dernière fois ? Ah non merci, j'en ai marre d'aller te chercher. Fis-je du tac au tac.
Je devais cependant faire gaffe ne de pas être vu, car si près de la ville et du mauvais côté des clôture, je ne donnais pas cher de notre peau si on venait qu'à nous surprendre. C'est donc 15 minutes de marche plus tard à l'abri des gardes que Kyle réussit à trouver une brèche à son goût dans la frontière. Je l'aidais à traverser quand en passant à côté de moi il ne pu s'empêcher de commenter.
- Tu sais, ça te va plutôt bien l'ananas, tu devrais essayer d'en mettre plus souvent !
- Et toi tu pu la bière à plein nez. répliquai-je en le repoussant un peu plus loin.
Une fois la frontière derrière nous et n'en pouvant plus, je retirai ma chemise qui me collait à la peau. J'ai fait un effort en ville, mais là moi je vais craquer si je l'endure encore plus longtemps. Apparemment Kyle avait apprécié l'idée, car il ne lui fallut pas longtemps pour m'imiter. C'est donc chemise en main que nous avons parcouru le reste du trajet nous ramenant à la centrale ne songeant qu'à une seule chose : la douche, la vraie !
- Tu crois qu'on peut encore croiser quelqu'un à la centrale à cette heure là ? commença Kyle en arrivant à l'entrée du souterrain menant à la salle des commandes
- Il n'y a aucune opération au programme, je ne vois pas pourquoi quelqu'un resterait debout pour le plaisir.
- Il peut y avoir des insomniaques...
- Alors tu t'amuseras à leur expliquer où on est encore allé traîner par ta faute. Fis-je tout sourire. C'est fou ce que j'aime lui remettre ses échecs sur le nez, c'est plus fort que moi.
- MA faute ! Si tu n'avais pas invité Jen a resté on en serait pas là.
- Ah non ? Corrige-moi si je me trompe, mais c'est plutôt toi qui a invité miss catastrophe au départ !
- Mais comment je pouvais savoir moi. Et puis tu t'entendais bien avec elle non ?
- Jinx, ça ne te dit rien. Tout est dans le nom figure-toi. Le taquinais-je.
« C'est fou ce qu'on a des conversations sans fin. »
Cassy
Après une bonne nuit de sommeil, je me retournai sur le matelas me servant de lit afin d'apercevoir Faline en train de dormir,... mais elle n'était pas là. Elle avait toujours une tendance à se lever plus tôt que moi, mais aujourd'hui nous avions prévu de prendre notre petit dej' ensemble.
Prise soudainement d'un mauvais pressentiment, je m'extirpai du lit et enfilai rapidement mes baskets. Je saisis ma veste en cuir noir et sortis rapidement de la chambre que je partageais avec Faline, et partis immédiatement à sa recherche.
Cela faisait une bonne demi-heure que je parcourais le bâtiment à la recherche de ma meilleure et unique amie, tout en évitant soigneusement de tomber sur Matt afin d'empêcher toute possible engueulade entre nous (même si celle-ci est inévitable), lorsque je me décidai à sortir pour voir si elle était dehors.
La première chose que je vis fut Ret, ce prétentieux, mettant une raclée à une fille que je reconnu immédiatement : Faline.
Je ne m'étais même pas rendu compte que j'avais hurlé son nom tellement la panique me tordait les tripes.
" Ret ! Connard ! Tu ne l'as pas assez amoché comme ça Ducon ! Allez tire-toi tout de suite " criai-je à l'intention du métis assis sur la seule personne que je considérais comme ma famille et la ruant de coups.
Voyant qu'il ne m'obéissait pas et étant dans une colère noire, je lui donnai un violent crochet du droit qui l'envoya valser près de 5m plus loin. Je me laissai tomber à genoux aux côtés de mon amie.
" Faline, tu m'entends ? Ma puce réponds-moi ... demandais-je doucement. "
Je la pris dans mes bras tout en lui caressant tendrement les cheveux, les larmes inondaient mes joues blêmes. Je ne voulais pas la perdre, pas un autre membre de ma famille, j'avais déjà tellement perdu.
" Cassy ... c'est toi ? me demanda-t-elle dans un murmure
- Oui, et je vais te sortir de là, ça va aller ... répondis-je pour la rassurer, à moins que ça ne soit pour me rassurer ; je l'ignorais.
- Je vais mourir ...
- Qu'est ce que tu racontes ? Tu ne vas pas mourir ..."
Je refusais de l'entendre dire, sûrement car sa voix reflétait l'angoisse qui devait percer dans la mienne.
Des gens arrivèrent enfin et une foule se massa autour de nous. Un mec me demanda de lâcher Faline, ce que je fis a regret, afin qu'il puisse l'emmener à l'infirmerie. J'entendis le même homme lui dire qu'elle s'en sortirait avant de la voir sombrer dans l'inconscient.
La sachant à présent entre les mains de la science et me savant inutile, je me décidai de remettre les pendules à l'heure de ce maudit Ret. Je me faufilai hors de la foule, le cherchant des yeux quand je le vis s'éloigner en quatrième vitesse en direction d'une fille. Lorsqu'il arriva à sa hauteur, il reçut un uppercut et s'effondra au sol, ce qui me permit de le rattraper. J'aurais volontiers remercié cette personne, mais elle était déjà loin.
Haussant les épaules, je relevai Ret sans ménagement pour lui envoyer immédiatement un coup de genoux dans le ventre qui le fit s'affaisser à nouveau. Heureusement, c'était un métis, ça lui conférait une certaine résistance.
Lorsqu'il se releva enfin, il voulut se jeter sur moi afin de me ceinturer, j'anticipai son geste en me décalant sur la droite. Je l'arrêtai dans sa course de mon bras, il voulut me le casser mais, lui saisissant le poignet gauche, je le fis passer par-dessus mon épaule. Il se retrouva de nouveau à terre. Je lui lançai un regard haineux, et à ce moment là, si j'avais eu une mitrailleuse à la place des yeux, un cadavre se serait trouvé à mes pieds.
" Si tu oses encore une fois lever la main sur elle, je te jure que je t'achève et peu importe les conséquences ! lui jetai-je froidement avant de me détourner. "
Je me dirigeai alors vers l'infirmerie, je ne pouvais pas la laisser là-bas toute seule. Et puis qui sait, j'allais peut-être me rendre utile comme... je ne sais pas moi, donneuse de sang. Après tout, j'étais donneuse universelle, tout comme mes parents. De toute façon, je devais être présente au moment où elle se réveillera.
Je jetai un rapide coup d'œil à ma montre : 10h30. Dieu que le temps passe vite ! Maintenant venait le temps de l'attente, et celui-là passe beaucoup, mais alors, beaucoup plus lentement.
La nuit était tombée depuis longtemps quand Faline se réveilla. Elle avait eu de salles blessures et récupérait.
Après avoir discuté quelques minutes et lui avoir raconté la manière dont j'avais remis Ret à sa place, je lui conseillai de se reposer jusqu'au lendemain. Enfin rassurée, je sortis de l'infirmerie à la recherche d'une bonne tasse de café.
Au détour du couloir menant à ce qui faisait office de cafétéria, j'entendis des voix étrangement familières : Matt et Kyle se chamaillaient, pour changer... Je jetai un œil dans leur direction, je ne distinguais pas grand chose, mais le peu que j'aperçut éveilla ma curiosité. Étant à proximité de la salle de contrôle, je ne pus résister à la tentation de vérifier quelque chose...
Bingo, je n'avais pas la berlue. Ils étaient bien torses nus. Mais je rêve, ils répètent pour les chippendales ou quoi ? Enfin, bon, Cassy fais pas ta prude, c'est pas tous les jours que tu peux te rincer l'œil. Même Kyle d'ailleurs est surprenant... Quant à Matt, sans commentaire, où est le bavoir ?
La caméra ne pouvait pas mieux les cadrer. J'étais aux premières loges, mais malheureusement, le spectacle s'acheva lorsqu'ils continuèrent leur chemin... Mais qui croirait ça ?
Prise d'une soudaine impulsion, j'éjectai la cassette du magnétoscope et la remplaçai par une vierge. Puis je sortis, emportant jalousement mon Précieux Trésor, toujours à la recherche de cette tasse de café.
Rain
Note: Bon, c'est un peu heavy ce bout-là..
'Appart' de Rain - Jour 3
0600 a.m.
Je me réveillais brusquement. J'avais encore fait ce maudit cauchemar. Blue a dû sentir mon agitation car elle est maintenant pelotonnée contre moi, son visage à quelques centimètres du mien. Je souris et replace une mèche lui masquant le visage. Je restais quelques moments là, à écouter sa respiration régulière et à me demander comment j'arriverais à me libérer sans la réveiller. Ce problème se résolut de lui-même lorsque je sentis qu'elle se réveillais. Je m'attendis à ce qu'elle eusse un mouvement de recul en ouvrant les yeux et en s'apercevant de notre proximité, mais elle fit tout le contraire.
Lorsqu'elle m'aperçut, elle planta son regard bleu azur dans le mien et sourit. À ce moment, une mèche de mes cheveux noirs me tomba devant les yeux et, avant que je puisses esquisser un geste pour la retirer, elle tendit la main et la replaça derrière mon oreille, effleurant au passage ma joue. Sa main, après avoir accompli son trajet, revint à ma joue et s'y attarda. Je fermais les yeux sous la douceur du contact, les rouvrais et, à mon tour, éprouvais la douceur de ses lèvres de mes doigts, qu'elle embrassa, puis je lui caressai la mâchoire lentement.
Je la regardais intensément, lisant une supplication silencieuse dans ses magnifiques yeux, puis j'effaçais la distance nous séparant. Ce fut ses lèvres qui effleurèrent les miennes en premier, soulignant une hésitation que je me mis en devoir d'éliminer en l'embrassant tendrement. Elle me répondit ardemment et je pus savourer pleinement le goût et la douceur de ses lèvres. Bientôt, tout ne fut plus que sensations. Je n'eus besoin que d'une pression infime sur ses lèvres avec ma langue pour qu'elle m'ouvre sa bouche, et nos langues se livrèrent un féroce combat à savoir qui vaincrait l'autre... Je sentis sa main s'introduire sous mon t-shirt, dans mon dos qu'elle explora, et j'en profitais pour faire de même, et mes lèvres quittèrent les siennes pour descendre dans son cou, et ensuite...
DRRIINNNGG!!
" Merde!" fis-je en me levant à contrecœur pour aller répondre.
Je savais que c'étais important; seulement quelques-uns de mes contacts avaient mon numéro de portable. Bien sûr, il était enregistré sous une fausse identité et menait à un dossier complètement inutile. Je joggais jusqu'à la table et débranchait mon portable du chargeur.
"Ouais?" fis-je en guise de salut.
"Rain? C'est Chris. J'ai des infos qui pourraient t'intéresser." dis une voix que je reconnus immédiatement.
"Si tôt?"
"Bah ouais, je sais que tu dors pas beaucoup non plus, alors..."
"Okay."
"Bon, pour la fille que tu recherches, Tasha, j'ai une piste"
"Super.. c'est... quoi?" réussis-je à articuler de peine et de misère car je sentis Blue derrière moi qui écartais mes cheveux et qui commençais à m'embrasser dans le cou tout en caressant mon ventre lentement.
"T'avais raison: elle travaille effectivement comme opérateur solo pour les rebelles."
"Tu sais comment je peux arriver... à... elle?"
Blue commençait maintenant à remonter.
"Bien, je peux t'arranger un rendez-vous."
"Su.. super."
"Dis, t'es sûre que ça va?"
"Imprec. Uniquement que je dois me gratter de toute urgence."
"Huh?"
"Tu me rappelles quand ce seras fait." dis-je très vite avant de raccrocher.
Je lançais promptement le portable sur mon lit et me retournais vers Blue.
"Oh toi, tu ne perds rien pour attendre."
Puis je la poussais sur le lit...
Faline
Ce post comporte du sang et du sexe ( un peu ) âmes sensibles s'abstenir.
Quand j'ouvris les yeux, je vis que j'étais dans une salle blanche, étroite, ayant toute les caractéristiques d'une chambre d'hôpital.
Je ne compris pas immédiatement où j'étais et ce que je faisais là.
Après quelques secondes de confusion et d'incompréhension, des images de la veille me revinrent et je pus exactement reconstituer ce qui s'était passé il y a quelques temps.
Cassy était venu me rendre visite ; elle m'avait vengé auprès de Ret et lui avait donné la raclée qu'il méritait. Elle m'avait ensuite conseillé voir ordonné de me reposer.
Je ne sais pas combien de temps j'ai dormi ensuite... une éternité me semblait-il. Je n'avais aucune idée de l'heure qu'il pouvait être, mais grâce à la lumière qui filtrait dans la chambre, j'en déduisit que c'était le matin, environ 6 heures, peut-être 7.
Je n'avais qu'une envie, sortir de là, aller aérer mon esprit et courir pour réveiller mes muscles.
J'entreprit de me rehausser et de poser mes pieds sur le carrelage quand une douleur aigu mêlée à une sorte de déchirement se fit sentir sur mon ventre. Je gémis de douleur et soulevai ma chemise de nuit.
Je soulevai délicatement le bandage quand je vis que je saignais ; je venais de réouvrir ma plaie. Et merde ! On m'avait pourtant dit de rester couchée et de ne pas effectuer des gestes brusques le temps que je cicatrise. Mais j'étais vraiment trop bornée et exécutait seulement les ordres qui me paraissaient justes. Cette fois, je m'en voulais d'avoir enfreins les règles. Je grimaçai à la vue de mes mains couvertes de sang et du bandage qui s'imbibait peu à peu de ce liquide rouge poisseux.
Je pris plusieurs compresses posées sur une table basse près de mon lit, et essayai de confectionner un bandage pour ma blessure. Certes, ce n'était pas fait par un médecin, mais mon bandage tenait bien et empêchait le sang de couler ce qui me suffisait pour le moment.
Je me levai précautionneusement jusqu'au lavabo pour me laver les mains en prenant soin de ne pas faire d'avantage saigner mon ventre. Une fois mes mains propres, je m'aspergeai le visage d'eau afin d'être parfaitement réveillée. Je levai la tête et croisai mon reflet dans le miroir en face de moi. Je ne m'en étais pas rendue compte, mais j'étais blessée de partout. J'avais plusieurs ecchymoses sur le visage ainsi que de nombreuses égratignures sur le front et les joues. Un hématome recouvrait une petite partie de mon cou qui me faisait souffrir quand mes doigts osaient le toucher.
Mon corps était à l'image de mon visage, parsemé de nombreuses ecchymoses et blessures, certaines plus profonde au niveau de des jambes et du ventre. Mon corps meurtri reflétait toute la cruauté et la violence que Ret avait exercé sur moi. Je conçois que je l'avais énervé voire humilié, mais je n'avais moi, en aucune façon, idée de le blesser gravement et je croyais tout de même que je ne méritais pas ça. À me regarder, on aurait dit qu'on m'avait torturé ce qui n'était pas tout à fait faux étant donné que Ret n'avait qu'une envie, me voir souffrir, agoniser, mourir lentement. Il aurait pu me tuer rapidement et assouvir sa rancune ; mais ce jeune homme était doté d'un esprit sadique et sa vengeance lui correspondait.
J'étais partagée entre la haine, la rancune ; je voulais faire subir à Ret ce que j'avais ressenti, cette douleur infâme, cette incapacité de faire quoique ce soit et ce désir d'en finir, de crever pour faire cesser la douleur, mais tout cela, puissance 10 pour qu'il n'en ressorte jamais vivant. Mais d'un autre côté, je n'étais pas dotée de cette cruauté, je n'en serais pas capable. Je voulais que Ret me laisse tranquille, qu'il soit déjà loin, vivant, bléssé ou mort peu importe, mais très loin de moi que je ne le recroise plus. Je crois que j'avais peur de lui, de sa cruauté malsaine.
Les images de son acharnement sur moi me revinrent et j'eus une soudaine envie de vomir. Pourtant je ne vomis rien, je me retins. Je ne pouvais plus rester là : cette atmosphère pesante mêlée à l'odeur âcre du sang et des médicaments me donnaient la nausée. Je me dirigeai vers la porte, une main posée sur ma blessure. Je l'ouvris doucement et sortis dans le couloir. Je fus saisi par la fraîcheur de l'endroit -c'est vrai que j'étais en chemise de nuit et pieds nus, j'avais tendance à l'oublier- mais c'était mieux que de rester dans ma chambre. Malgré les multitudes de blessures qui couvraient mon corps, j'arrivais à marcher, même à trottiner bien que toutes mes plaies se réveillèrent et me firent mal.
J'avais absolument besoin d'oxygène. Je m'arrêtais alors près d'une fenêtre, l'ouvris tant bien que mal et respirai un grand coup. Je fermai la fenêtre dans l'intention de continuer mon chemin vers l'extérieur du bâtiment quand une voix masculine, mais douce résonna :
" Mademoiselle, tout va bien ?"
Je me retournai, méfiante quand je vis un mec, châtain, yeux clairs d'environ mon âge, qui me faisait face me dévisageant d'un regard interrogateur.
J'aurais pu m'enfuir, mais je doutais que mon corps apprécie. J'étais déjà assez faible comme ça. De plus, ce jeune homme était d'une beauté comme on en rencontre rarement. J'avais la vague impression de l'avoir vu quelque part, mais je n'arrivais pas à trouver où ni comment. Il y avait quelque chose de familier en lui, je ne saurais par contre dire si c'était dans son physique ou bien sa voix.
"- Faline, c'est ça ?
- Oui, dis-je d'un air méfiant, comment le savez-vous ?
- Eh bien, disons que votre amie a la voix qui porte. Elle n'a cessé de vous appeler pendant que vous étiez dans les pommes, dit-il d'un sourire triste."
Il marqua une pause, puis il ajouta :
"Venez, ne restez pas là, vous allez attraper froid. Et puis, dans votre état, je ne sais pas si c'est très sage de quitter sa chambre..."
Je voulu lui dire que ma chambre me dégoûtait à en avoir la nausée, mais je me résignai, pour une fois, à être coopérative. Je pris donc le chemin menant à ma chambre et une fois dans celle-ci, il me demanda de rejoindre mon lit, ce que je fis à contrecœur. L'atmosphère de renfermé devait certainement le gênée lui aussi, car il ouvrit la fenêtre et peu à peu, la fraîcheur du matin remplaça l'odeur infecte qui régnait.
Il s'approcha près de moi, souleva ma couverture et ma chemise et examina la plaie.
"- Elle s'est réouverte ?
- Oui, répondis-je simplement"
Je m'attendais à ce qu'il me sermonne, mais il n'ouvrit pas la bouche et continua d'observer mon bandage.
Ses doigts fins frôlaient mon corps pareille à une caresse. Je frissonai.
Depuis combien de temps un homme ne m'avait-il pas touché ?
Cela faisait au moins un an que je n'avais pas fait l'amour et je crois que j'étais comme en manque. En manque d'un homme, en manque d'un amour moral et physique.
Ses doigts parcouraient toujours mon ventre et s'approchaient dangereusement de ma poitrine. Le désir exprimée par une chaleur enivrante traversa tout mon corps. Je doutais sincèrement qu'il fut réciproque dans l'état où j'étais, mais impossible de me contrôler.
Je me redressai sur mon lit. Le jeune homme, surprit, releva la tête et j'en profitai pour saisir son visage entre mes mains et presser mes lèvres contre les siennes. Je cru qu'il allait me repousser. Mais apparemment, je n'étais pas si dégoûtante que ça, car même si au départ il fut surpris, rapidement il m'embrassa lui aussi fougueusement. Ses lèvres douces caressèrent ma bouche et nos langues se cherchèrent, se frôlèrent. Ses mains glissèrent sous ma chemise remontant lentement vers le haut de mon dos. Je l'entraînai à s'allonger sur moi. Mes blessures se firent ressentir mais je les oubliai rapidement.
Soudain, on frappa à la porte. D'un geste brusque, il se releva, essuya sa bouche avec rapidité. Je le regardai avec frayeur, ne sachant pas comment réagir devant la personne qui allait entrer.
La poignée se tourna et la porte s'ouvrit.
À suivre...
